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 [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla

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Cornelia Madden
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MessageSujet: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyJeu 29 Déc - 18:40


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Mentalité zéro lendemain. C’était sa grande phrase d’introduction à toutes ses soirées. Putain, t’as gagné ! C’est sûr que quand tu ne te rappelles pas vraiment la dernière heure passée, tu ne penses pas franchement à demain... « Je crois que je vais vomir… » Neelie tituba jusqu’au mur le plus proche et y prit appui. Les fesses contre la brique humide, les jambes fléchies et les mains posées sur les cuisses afin de supporter le poids de son buste, elle avala une nouvelle goulée d’air bruyamment. La nausée était tenace. Un connard avait mis du GHB dans son verre ; elle pourrait parier dessus. Manque de chance – pour ce connard -, elle n’avait pas assez bu d’alcool pour que le produit fasse pleinement effet. Elle se tapait juste la gerbe… et était un peu paumée. Le regard hagard, Madden observa les alentours. Où était-elle ? Elle n’avait pas marché tant que ça. L’appart’ de Chloe n’était pas si loin..., non ? Plissant les yeux, la jeune femme fixa le chemin d’où elle venait, à droite. A moins que ce ne fut de gauche. « Rhaa, bordel » Bon, il fallait qu’elle parvienne y à voir plus clair dans ses pensées où c’était franchement le chaos. Tout tournoyait si vite, façon chasse d’eau qui… Un spasme l’arracha à son image mentale. Et elle s’allégea pour la quatrième fois du reste du contenu de son estomac, à savoir pas grand-chose, genre six chips et deux bières.

Un frisson lui parcourut l’échine tandis qu’elle se redressait, fébrile et tremblante. Sans trop savoir pourquoi, Neelie jeta de regards inquiets autour d’elle. Elle n’était plus en état d’avoir honte, car elle était trop dans le mal pour écouter les revendications de son orgueil. Peut-être cherchait-elle quelqu’un - du secours - du regard. Mais en même temps, l’idée qu’un inconnu s’intéresse à elle activait sa petite pompe à angoisse, son amygdale. A moins que ce ne fut le thalamus ? Qu’est-ce qu’il avait dit déjà l’autre tête de nerd pendant la soirée ? La discussion ne l’avait pas vraiment intéressée, et Madden avait donc consacré sa pleine attention au joint qu’elle roulait. Or, son oreille ayant la fâcheuse habitude de trainer, elle avait quand même saisi quelques mots. Chloe et Edward parlaient biologie et corps humain, allez savoir pourquoi. Ah, si, parce que Neelie les avait branchés sur le rôle fondamental des hormones genre dans tout. D’où l’usage des drogues pour activer voire sur-activer les réseaux responsables du bonheur, de l’euphorie ou de la quiétude. Sauf qu’Edward avait vraiment lu des bouquins là-dessus lui. Et il s’était emballé, voyant enfin l’occasion de pouvoir niquer grâce à sa connaissance. Ouais, non.
Un nouveau spasme secoua le corps de la jeune femme, mais cette fois-ci, rien à voir avec une quelconque nausée. Sa drogue ? Est-ce qu’elle avait tout avec elle ? Parce qu’elle se rappelait avoir manqué un morceau de soirée. Enfin, disons que quand elle était revenue à elle, elle était allongée dans la chambre de Chloe - avec cette dernière à son chevet lui demandant ce qu'elle avait pris pour être aussi naze -, alors que, genre la seconde d’avant, elle était vautrée sur le canapé, en train de jauger les traces de coke laissées sur la table basse. C’était à partir de là que les idées paranos lui étaient venues d’ailleurs. Neelie avait alors saisi son sac banane – comme elle le faisait à nouveau – et regardé à l’intérieur s’il y avait tout. En pleine impression de déjà vu, elle sonda donc le contenu de sa banane et ne trouva pas le pochon de C. Une évidence la frappa : elle l’avait avalé. Enfin, de sûr, elle avait eu cette pensée, car avait été à un moment convaincue qu’on l’avait droguée pour lui voler sa came. En tout cas, là, elle ne le voyait plus dans son sac ce putain de pochon. Son regard glissa alors sur la flaque de vomi qui, pour sa quatrième édition, n’était plus que de la flotte et de la bile. Et pas de pochon. Merde. Si elle l’avait avalé puis paumé en le vomissant, c’était vraiment, mais vraiment la loose. « Putain, tout ça n’est pas réel. Ça ne m’est pas vraiment arrivé. » Pourtant, la nausée l’enchaînait bel et bien à son corps et de fait l’instant présent. Bon, et maintenant, je fais quoi ?



Dernière édition par Cornelia Madden le Dim 21 Avr - 13:24, édité 2 fois
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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyJeu 29 Déc - 22:07

Début de shift pour ma part. Enfin c’est vers là que je me dirige. Un peu en trainant des pieds, je dois bien l’avouer. Pas que j’ai mieux à faire de mes soirées hein. Sinon pourquoi est-ce que je m’infligerais autant de gardes de nuit à la chaîne ? C’est juste que se taper une insomnie chez moi ou ici, le choix est vite fait. Ici au moins, y’a moyen que je sois un minimum utile. Ne serait-ce que pour entendre des drogues geindre que leur TS n’a pas fonctionné. Peut-être que j’aurai de la chance ce soir et que je tomberai sur un bad trip. Mais pas de ceux qui gerbent partout en spray version exorciste hein. Non merci, j’en ai déjà eu trois sur les quarante-huit dernières heures. Non quelqu’un qui me raconte sa vie de princesse dans son monde de licornes-papillon ou de dragons-gargouille. Ou de dragons tout court. Ou de gargouilles tout court. Même si le trip des gargouilles qui chantent le bossu de Notre-Dame, bof quoi … j’ai déjà Ada pour me refaire les classiques de Disney à la louche. Si pas à la pelle.

Je sens une moue se dessiner sur mon visage tandis que le refrain d’une énième chanson de monsieur Walt essaie de se frayer un chemin jusqu’à mes neurones. Pas que le concept en soi me dérange (y’a pire mélodie pour entamer la soirée), mais plutôt le souvenir qui s’y accroche. Dommage que Love bosse ce soir. J’aurais bien opté pour l’école buissonnière aujourd’hui. Même si, strictement parlant, je suis en mode bénévole des grandes occasions. Donc que je me pointe ou pas aux urgences, je ne suis pas pour autant attendue. Enfin si, il est clair que je le suis – mais pas nécessairement en tant que psy. Plutôt dans mon rôle de soutien moral pour le reste du personnel soignant bien sur les rotules. Alors ça adoucit un peu la frustration quand même. Si je ne sers à rien pour le moindre patient ce soir, au moins j’aurais été là pour mes collègues. Qui n’en ont peut-être rien à kitsch de toute cette parade d’altruisme gratuit. Car ça ne l’est clairement pas. De l’altruisme je parle. Je n’ai pas envie d’être seule dans mon appart. Enfin si, justement, j’en ai envie (même si envie n’est peut-être pas exactement le bon mot). Mais ce n’est pas bon pour moi. Haha, quelle bonne blague. Si je ne faisais que ce qui est bon pour moi, je ne serais certainement pas en train de me balader ici et encore moins à cette heure-ci. Alors pourquoi je le fais ? Allez savoir.

Tandis que je m’approche doucement de l’hôpital (je suis à l’avance je sais, même en traînant ma carcasse j’arrive encore à me laisser avoir par mon obsession pour la ponctualité, mais passons), mon attention est attirée par un bruit (une voix plutôt) dans une ruelle adjacente à celle où je me trouve actuellement. J’hésite un instant. Droit devant, la croix clignotante des urgences. Et à ma gauche, une allée un peu sombre d’où proviennent des râles pas franchement ragoûtants (mais bon, est-ce qu’il faut pour autant s’en étonner ?). J’hésite. Enfin, c’est façon de parler vu que mon corps a d’ores et déjà décidé pour moi. Sinon, pourquoi ce serait-il arrêté en si bonne voie ? Parce qu’il n’avait pas plus envie d’aller bosser que ma psyché peut-être ? Qui sait. À l’occasion, je lui demanderai tiens.

Je soupire. Il est clair que niveau négociation c’est perdu d’avance. Puis faire ça ici ou directement au dispensaire, quelle est vraiment la différence ? L’un comme l’autre, je ne suis pas payée pour. Et comme tout le monde sait qu’on ne devient pas toubib pour le fric (du moins pas toubib du peuple, ce que je ne suis pas, gardons cela quand même à l’esprit), allons-y !

Je tourne à quarante-cinq degrés vers la gauche et reprend ma route, me laissant guider par les bruits de gerbouille (à force on apprend à la reconnaître). Et tout à coup une voix qui vient s’exprimer. On ne sait pas trop à qui, ni vraiment pourquoi, ou encore si c’était voulu que ça déblatère à la vue ou l’ouïe de tous. De toute évidence, c’est trop tard maintenant. Et peut-être bien que je devrais juste faire demi-tour et faire comme si de rien n’était. Et peut-être, probablement même, elle n’a juste pas envie d’avoir quelqu’un sur le dos pour lui tenir les cheveux (même si ça peut être très utile parfois). Et peut-être, et même plus que probablement même, y’en a plein d’autres comme ça, mais comme je viens si justement de le pointer du doigt : c’est trop tard maintenant. Et ça vaut autant pour elle que pour moi. Et donc …

- « Désolée de vous décevoir, mais il semblerait que si. »

Il est vrai que j’aurais pu aller pour le cliché du bon : Bonsoir, ça va ?, mais il va sans dire que nous connaissons toutes les deux déjà la réponse à cette question plus que rhétorique. Alors autant éviter d’entrée de jeu qu’elle me crache le peu qui doit encore rester dans son organisme à la face. Ou sur les chaussures.
Je ne m’approche d’ailleurs pas de trop près non plus et relève mes deux avant-bras en signe de trêve. Si j’avais voulu lui choper son portefeuille (ou autre) elle doit bien se douter que ce n’est pas ainsi que j’aurais procédé. Bien que … suffit d’avoir le paranomètre enclenché pour se faire les pires films. Croyez-en une pro dans le domaine.

- « Vous voulez que je vous accompagne jusqu’à l’hôpital ? »

C’est peut-être le chemin qu’elle cherchait justement. Moi aussi je me suis déjà perdue. Et je n’ai pas eu besoin d’être sous la moindre influence quelconque pour ça.

- « Ça tombe bien, c’est sur ma route. »

Coïncidence quand tu nous tiens.
Je me rends compte que ça sonne vraiment très bateau ce que je viens de lui lâcher.
Mais bon, le mal étant fait.

- « On peut aussi juste se contenter de sortir de la ruelle. »

Non parce que si je la laisse ici, seule, dans un état pareil … eh bien c’est d’office que je la récupère encore cette nuit pendant ma garde. Et probablement pas dans un aussi bon état.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyDim 8 Jan - 21:06


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Elle ne ferait rien depuis ce mur, il fallait donc qu’elle parvienne à s’en détacher. Or Madden se sentait incapable du moindre mouvement. Les muscles de ses jambes tétanisaient, fatigués de la soutenir. Neelie se servit donc de ses bras pour donner une impulsion sur ses cuisses et se redresser. Son dos heurta – plus qu’il ne se posa contre – le mur. Un vertige la saisit, faisant tournoyer l’univers.
Fermant les yeux, elle sursauta lorsqu’une voix s’éleva non loin d’elle. Sa vision peina à trouver la silhouette qui s’était avancée dans sa direction. A en croire la tonalité de la voix, c’était une femme. Ses yeux ne parvenaient pas suffisamment à faire la focale pour lui donner une image assez précise de ce à quoi elle ressemblait. De toute façon, elle n’arrivait pas à demeurer assez attentive pour maintenir un fil de pensée. Neelie avait peut-être bien vu que c’était une femme, mais n’en avait pas garder le moindre souvenir. Et autant, cela faisait deux ou trois fois qu’elle entamait la même boucle de réflexion-observation-oubli. Bref, sa mémoire immédiate était trop flinguée pour qu’elle puisse s’y fier. De fait, il ne lui restait que l’instant présent, dont elle ne garderait que de maigres et distordus souvenirs quand elle parviendrait à en conserver une réminiscence. Super, c’était très engageant tout ça…

La voix de l’inconnue envahit à nouveau l’espace sonore du bout de ruelle qu’elles partageaient. Elle lui proposa de l’accompagner jusqu’à l’hôpital. En plus, heureux hasard, c’était sur sa route donc elle n’aurait pas de détour à faire. Bientôt les étoiles seraient alignées et l’axe qui régit le sens de l’existence se révèlerait, accordant à l’humanité la transcendance… Ouais, même dans cet état Neelie arrivait à faire du mauvais esprit. Rien ne pourrait lui enlever ça. « Non, non… même pas morte. » De la même manière, sa tendance à l’excessivité jamais ne faiblirait, peu importaient les circonstances. Secouant la tête de gauche à droite – au cas où sa réponse n'aurait pas été assez claire -, Madden considéra toutefois la dernière proposition faite par l’inconnue. Sortir de la ruelle pouvait être un bon plan en effet. Une première étape dans l’audacieux projet de rentrer chez elle. La jeune femme ne savait pas combien de temps elle demeurerait ainsi affligée, mais elle savait que ça passerait plus vite quand elle aurait retrouvé son lit. La notion de temps lui échappait, se dérobait à toute appréciation. « Il est quelle heure ? » La réponse aurait-elle une influence sur leur destination ? Pas vraiment. Mais Neelie avait besoin de trouver des repères spatio-temporels pour s’inscrire dans la réalité. Elle n’était pas très loin de l’hôpital à en croire l’inconnue. Donc dans le centre-ville. Elle était à quelques blocks de l’appartement qu’elle partageait avec son frère. Sauf que maintenant, elle vivait seule au fin fond du Watts. Peut-être qu’elle pouvait appeler Vincent ? Lui demander de passer la chercher. Ouais, c’était plutôt une bonne idée !
La jeune métisse plongea à nouveau les mains dans son sac banane à la recherche de son portable. « Personne ne vous a suivi, hein ? … Personne ne nous regarde ? » Ces mots lui avaient échappé, et elle n’avait pas non plus contrôlé l’inflexion angoissée qui les avait animés. Puis sa capacité très limitée d’attention s’attarda sur un autre détail. « Ah bordel, comment ce sac peut être aussi grand ? … Oh, ma coke ! » Neelie sortit le pochon et le brandit, triomphante. On ne lui avait pas volé, et elle ne l’avait pas avalé ni vomi. Ce qui lui laissait penser que tout était plus ou moins sous contrôle. Un rictus satisfait sur les lèvres, elle fourra à nouveau les mains dans son sac, en quête de son téléphone portable, après avoir eu quelques secondes de latence à se demander ce qu’elle faisait et pourquoi elle fouillait dans son sac. « Ah ah, désolée, c’est un peu compliqué. On m’a droguée je crois. Y’a vraiment de sales connards… Ça vous est déjà arrivé ? » enchaîna-t-elle, sur le ton de la discussion, la voix toutefois empâtée par l’effet des substances qui ramollissait son esprit. Madden sentait poindre en elle une petite logorrhée. Parler et tenter de se concentrer sur autre chose que son estomac noué et l’univers qui tournait l’aidait à oublier la nausée. Elle ne pouvait pas faire tout cela en même temps, et l’option « tchatche » lui semblait plus sympathique que celle de dégueuler ses tripes. « Ça fait longtemps que vous êtes là ? »


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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyMar 24 Jan - 20:06

Bien sûr qu’elle n’est pas intéressée par mon offre.
What else.
Elle ne m’aboie pour autant pas dessus. Ne me montre même pas les crocs. À en voir sa réaction (et ses actions au pluriel) elle semble vaciller entre le ici et le ailleurs. Entre notre réalité et sa réalité. C’est un comportement qu’on croise souvent par ici. Et par ici j’entends : les petites ruelles sombres super mal éclairées, la proximité des urgences, Downfall tout court …
Je ne me laisse pas impressionner pour autant. On aurait pu croire que ce sont mes quatorze mois de ce côté du mur qui m’ont endurci, mais fait est d’admettre que cela ne m’a jamais rebuté le moins du monde. J’ai toujours eu le chiche de me trouver au mauvais endroit au bon moment (ou inversement, ça fonctionne aussi très bien – tout dépend encore une fois du point de vue).

Je la laisse à sa réflexion … ou a peu importe ce qui se trame là-haut dans sa caboche déglinguée en fait (sans vouloir péjorative ou autre). Je ne me retire pas pour autant. Pas encore du moins. Si encore elle m’avait dit (ou plutôt hurlé) de dégager. Ou qu’elle m’avait balancé le premier truc qui lui passait sous la main. Ce qui n’est pas le cas. C’est donc, forcément, que ma présence a été prise en compte dans la balance du pour et du contre. De là à dire le pour et le contre de quoi, ma foi ce n’est pas à moi d’en décider. Je propose, elle dispose. Ça peut être dangereux, j’en conviens, but hey – on ne vit qu’une fois (par contre c’est plus difficile qu’on ne croit d’essayer de mourir – mais on y reviendra).

Quelle heure il est ? Très bonne question, merci de l’avoir posée. Bien trop tard pour vous et bien trop tôt pour moi. Mais ce n’est clairement pas avec ces indications àlakon qu’on va faire avancer le schmilblick. D’ailleurs, est-ce que ma réponse apportera seulement quoi que ce soit à cette conversation un peu stérile ? Non parce que je pourrais tant lui donner l’heure exacte (à la virgule près) qu’un chiffre totalement pioché à hasard (qu’il me faudra décortiquer par la suite car il en va de soi que j’aurais besoin de comprendre, pour moi-même, pourquoi celui-là et pas un autre, mais ce n’est pas son problème à elle, on est d’accord) ; que ça ne changerait strictement rien à la face du monde. Ni le sien, ni le mien (outre la future prise de tête avec mon subconscient).

Elle ne me laisse néanmoins pas le temps de répondre (on ne saura donc jamais vers quelle option aurait été ma préférence, ou mon inconscience – allez savoir) qu’elle se met à trifouiller son sac en quête de quelque chose qui doit être super méga important de ouf à l’instant où on se parle (enfin on est peut-être un grand mot). Entre deux fouilles archéologiques, elle me bazarde quelques questions auxquelles je ne m’attendais pas vraiment, mais qui ne me surprennent pas outre mesure. Si j’ai été suivie ? J’espère sincèrement que non, mais je ne pourrais pas l’affirmer avec certitude. Je ne pourrai d’ailleurs jamais le faire. Est-ce que quelqu’un nous regarde ? Désolée de vous l’annoncer jeune fille, mais on est à Downfall. Bien sûr que quelqu’un nous regarde. De là à affirmer que c’est dans le but de vous chauler le truc que vous cherchez, c’est une autre histoire.

Petite réflexion sur la grandeur d’un sac. Oh tiens, je la connais cette théorie du complot. Mais là encore je n’ai pas le temps de m’exprimer (honnêtement pour lui dire quoi ? Que Mary Poppins et Emma Watson n’ont pas vendu que du flan avec leurs accessoires extensibles à souhait ?) qu’elle exprime un Euréka. Ah, c’est ça qu’on cherchait ? Enfin, qu’elle cherchait plutôt ? Pourtant au vue des symptômes qu’elle présente, ça n’a pas l’air d’être cette substance qu’elle se trimballe actuellement dans les veines. Ou pas que. Oui, à ce niveau-là aussi j’en connais bien plus que je ne devrais. Même si, il est vrai, j’aurais pu aisément faire un TFE sur les addictions et autres joyeusetés du genre. Mais c’était tellement … cheap.

Nouvelle petite salve de questions. C’est qu’elle en a des trucs à raconter la demoiselle. Ça l’aide peut-être à se concentrer sur le moment présent pour ne pas sombrer dans quelque chose de moins sympathique (pour ne pas dire autre chose). Tant que ça fonctionne hein. Pour autant que c’était bien le but recherché. Je n’ai toujours pas bougé d’un pouce. Sauf que j’ai commencé à ramener mes avant-bras vers le bas car à force la sensation n’était pas des plus plaisantes.
Ah voilà que tombe (enfin) le dernier point d’interrogation. Celui qui sous-entend que j’ai droit à un peu de temps à l’antenne. Pas que cela me dérange de rester silencieuse dans un coin, mais à quoi bon être là sinon ? Surtout vu le fait qu’elle n’a pas envie de me suivre vers l’endroit proposé. Ce que je peux comprendre, mais pourquoi accepter que je reste alors ? Oui oui je sais, les possibilités sont diverses et multiples blah blah blah.

- « Quelques minutes je dirais. »

Douze tout au plus.
Mais après tout, qui pour compter ?

- « Il y a des connards partout. »

C’est sorti tout seul. Même si c’est la vérité ce n’était peut-être pas la chose la plus avisée à dire. Mais qui donc pour me jeter la première pierre ? Priez de viser juste, merci bien beaucoup.

- « Ça m’est arrivé oui. »

Pas dans les mêmes conditions. Et je n’ai pas fini dans une ruelle. Peut-être bien que j’aurais préféré. Mais comme les sales connards demandent rarement l’avis de leur victime, hein.

- « Cela m’étonnerait qu’il vous ait suivi par contre. »

J’aurais vu quelqu’un. Ou plutôt : quelqu’un m’aurait vu. Et je n’ai pas particulièrement le profil pour faire fuir les détraqueurs. À moins que c’était un petit débutant qui vient de prendre la poudre d’escampette. Attention, ça risque de flatter mon absence d’ego.

- « Néanmoins, on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise. »

Ça tombe maintenant il a deux bonnasses (car avec un –c ça fait moins vendeur) pour le prix d’une. Auquel cas il a vraiment mal calculé son coup. Et des deux, je n’ai pas encore déterminé laquelle est la plus dangereuse. Pas certaine que ce soit elle qui remporte la médaille par contre. Sans vouloir me jeter les fleurs. Les épines me suffisent largement.

- « Sans nécessairement se diriger vers les urgences, on pourrait au moins quitter l’obscurité. »

Même si je conçois que ça peut être sympa et que ça risque de piquer fort quand la lumière artificielle va trouver ses rétines. Est-ce qu’elle n’aurait par hasard par une paire de lunettes de soleil dans son sac sans fond ? Moi ça fait longtemps que j’ai échangé les miennes contre un scalpel et du fil à suturer. Pour une fois que j’ai mon attirail de parfait petit chirurgien sous la main, je n’ai même pas l’occasion de le sortir. Du moins, pour l’instant. Ne crions guère victoire trop rapidement. Surtout pas à Downfall.

- « Et trouver de quoi vous hydrater. »

Parce que ce n’est pas en se contentant de dégueuler à tout va que la situation va finir par tourner à votre avantage.
Truth hurts.
Sorry. But not sorry.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyDim 5 Fév - 20:56


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Le délitement de ses pensées amenait Neelie à redécouvrir très régulièrement la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle ne pouvait plus dénombrer le nombre de fois où elle s’était demandé tout à coup ce qu’elle foutait là, dans cette ruelle crade du centre-ville, ou encore qui était cette femme. C’était elle seulement présentée ? Plissant légèrement les yeux, façon western, Madden toisa l’inconnue avec qui s’était engagée une discussion, sans qu’elle ne puisse se rappeler qui avait initié le premier contact. La nana semblait vouloir lui venir en aide, notamment en l’extirpant des ténèbres de ce bout de rue. Pourtant, la métisse s’y sentait étrangement plus à l’aise que lorsqu’elle avait dû descendre la longue et grande avenue pas loin de chez Chloe. Dans cette ruelle - devenue son univers de poche -, elle pouvait cerner les contours et limites de son environnement dans son champ de vision, et ainsi en guetter les accès. Ainsi, après cette courte et maigre réflexion, Neelie se ravisa : sortir de la ruelle n’était pas un si bon plan.

Maintenant, il lui fallait essayer de paramétrer l’expérience qu’elle vivait. Connaître l’heure lui sembla être un point de départ satisfaisant, sans qu’elle ne sût pourquoi. Madden adressa donc une première question à l’inconnue. Et les interrogations s’enchainèrent. Incapable de penser correctement dans sa tête, Madden décida d’exprimer chaque réflexion, remarque et question qui la traversaient. L’autre, là, pourrait lui servir de mémoire supplétive. Et Neelie arriverait peut-être enfin à quelque chose, genre se retrouver dans l’immense bordel qu’était sa psyché.
Après avoir demandé l’heure - et oublié de l’avoir fait -, la New-Yorkaise eut une petite parano, et interrogea l’inconnue sur la présence d’une tierce personne. Elle sentait le poids d’un regard sur elles. On leur voulait du mal… Fallait qu’elle appelle Vincent pour qu’il vienne la chercher. Les chercher. Les mains qu’elle venait de fourrer dans son sac échouèrent cependant à trouver son téléphone portable. Le lui avait-on aussi volé ? Tout comme ce pochon de coke qui… ah, qui était juste là, à savoir là où il devait être… Une vague de soulagement fit macérer ses pensées, et elle put alors se détendre un peu, et se libérer de l’étau de l’angoisse et de la paranoïa.
Se rappelant la présence de l’autre nana, Neelie s’excusa d'autant galérer avec son sac – avec lequel elle se battait sans trop savoir pourquoi - et lui confessa qu’elle avait été droguée. Aussitôt sa colère flamba à l’encontre de ces connards qui se permettaient de faire de telle chose. L’anxiété reprit alors le pas et elle voulut savoir si son interlocutrice avait déjà connu de telles mésaventures. Puis ses pensées firent une boucle, revenant à la problématique du temps, cette fois-ci dans le besoin de quantifier depuis combien de temps elles discutaient. Madden se mit alors à fixer, saisie d’un doute, la femme qui était venue la trouver. Cette dernière n’avait pas bougé, comme si elle était figée, en mode arrêt sur image… A nouveau ce regard de western, tentant de distinguer le réel d’une potentielle hallu. Et énième soulagement quand la silhouette se remit à parler. Bon, ce qu’elle disait n’avait pas beaucoup de sens, mais Neelie prit ses paroles pour une ultime vérité à laquelle elle pourrait néanmoins se raccrocher. « Il y a des connards partout » résonna de façon insistante dans son esprit, ce qui lui donna des envies d’insurrection, d’autant que l’autre nana avait aussi été victime de ce genre de merdes. Prête à mener la révolution dont le monde avait bien besoin, la New-Yorkaise cessa de fouiller dans son sac et s’avança d’un pas titubant. L’inconnue continuait à s’exprimer d’un ton calme et maitrisé, ce qui avait pour effet de contenir l’agitation de Neelie. D’autant, qu’a priori, personne ne les avait suivies, ni ne les observait. Mais la possibilité que cela arrive fut abordée, et y fut alors associée la perspective souhaitable de sortir de l’ombre. Et de s’hydrater. L’idée de boire fit gronder d’opposition l’estomac de la jeune femme qui eut une grimace écœurée. Considérant les options proposées – du moins, ce qu’elle parvenait à s’en rappeler -, Madden jugea bon de lui faire part de son avis sur la sujet : « Mais au moins, dans l’obscurité, on ne nous voit pas… » La métisse consentit néanmoins à faire deux nouveaux pas en direction de l’issue de la ruelle. L’autre semblait vraiment y tenir, et était certainement meilleure juge qu’elle.

« Le monde va mal… Je ne comprends pas comment on peut même seulement penser à droguer quelqu’un pour… pour lui faire des trucs. Pourquoi ? » Neeie voulait comprendre ce qui pouvait justifier ce qu’on lui avait fait. Parce que c’était particulièrement angoissant de savoir qu’une personne vous avait sciemment choisi pour atteindre votre corps au détriment de tout consentement. Et maintenant qu’elle était là, a priori loin de l’ordure qui lui avait voulu du mal, ça signifiait que cette merde était sûrement repartie en chasse. « Il faut prévenir les gens ! Il va peut-être recommencer ! »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptySam 1 Avr - 20:27

Forcément, elle n’est pas chaude à l’idée de quitter la ruelle. Plus précisément, l’obscurité qui y règne. En soi elle n’a pas tort : on ne nous voit pas (enfin, ça dépend de qui aussi – car les prédateurs de cette trempe, croyez-moi, ils ont les yeux qui s’adaptent très vite à leur terrain de chasse de prédilection). Mais l’inverse va de pair : on ne les voit pas non plus.
Je n’ai pas pour autant envie de rentrer dans le débat et garde donc cette (ces même) pensée pour moi. Je la suis (à distance respectueuse, on ne sait jamais) tandis qu’elle consent pourtant à se rapprocher un peu de la rue principale. Pas suffisamment que pour être visible depuis la chaussée en question, mais juste assez que pour avoir quelques reflets d’un réverbère qui viennent éclairer le sol. Sale. Humide. Sans pour autant pouvoir déterminer avec exactitude l’origine même de ces fluides écoulés. J’ai plusieurs théories qui me viennent et au moins autant de suppositions. Pour autant qu’on ne se mette pas à les fixer, ça devrait aller. Même si j’ai, à mon tour, fait un pas de côté afin d’éviter une flaque un peu plus suspicieuse que les autres encore (oui, oui, c’est possible).

Je reporte ainsi mon attention sur mon autoproclamée interlocutrice, vu que non seulement elle ne m’a toujours pas repoussée, mais qu’en plus elle accepte d’engager quelque chose qui pourrait vaguement ressembler à une conversation. Avec les questions philosophiques qui s’y prêtent. Je sens un de mes sourcils se hausser. Pourquoi en arriver là ? Pourquoi en arriver là pour faire ça ? Les réponses sont diverses et multiples, même si in fine elles en reviennent toujours au même. Elle doit probablement connaître la réponse. De fait, qu’attend-elle de ma part ? Que je la conforte dans ses théories du complot ? Ou que je tente de noyer le poisson en faisant passer l’homme pour ce qu’il n’est pas ? Je pourrais lui mentir, aucun problème avec ça. Mais à quoi bon ?

Je ne sais d’ailleurs pas trop quoi lui répondre. Ni comment. La vérité ? La vérité cachée? La vérité enveloppée? Ou on zappe carrément cette idée et on va pour une jolie couche de pommade à appliquer avec douceur pour ne pas qu’elle se réveille en mode post-traumato ?
Elle ne me laisse pas vraiment le temps de me décider (ce qui m’arrange assez bien finalement), qu’elle prend sur elle de sauver le monde de toutes ces sales ordures (ce ne sont pas ces mots exacts, mais on n’en est pas loin) en partant ici, maintenant et tout de suite en croisade. Du moins c’est l’image qu’elle m’inspire tandis qu’elle s’excite en particulier sur/slash/contre le salopard en question qu’elle juge coupable de son état actuel. Pourtant quelque chose me dit qu’elle ignore elle-même de qui il s’agit. Ce qui ne va clairement pas faire notre affaire. Enfin la sienne. Moi je ne suis jamais qu’un dommage collatéral. As usual.

- « Bien sûr qu’il va recommencer. »

Vous remarquerez la nuance. Quand bien même il en était à sa séance d’essai qui a bien joliment foiré. Il va recommencer. Il va peaufiner. Il va se perfectionner. Il va s’en sortir comme si de rien n’était. C’est la triste vérité très chère. Vous n’y pouvez rien. Je n’y peux rien. Et il en tire tous les louanges. Amen.
Comme je me rends compte que c’est peut-être (hum) un peu (hum bis) trop défaitiste pour elle, je rajoute néanmoins :

- « Vous sentez-vous pour autant capable de l’identifier ? »

Non parce que dans l’état actuel des choses, outre gerber tripes et boyaux sur le premier venu (moi excepté, merci bien beaucoup, j’apprécie grandement l’effort fourni), je ne vous vois pas trop dans le rôle du détective improvisé. Autant je veux bien vous suivre dans votre délire (ne serait-ce que pour m’assurer que vous survivez en un morceau à ce bad trip qui ne semble pas sur le point de se terminer), faudrait-il encore garantir un minimum de succès à cette opération suicide. Même si je n’ai pas franchement mieux à faire ce soir (le bénévolat il a bon dos – mais là ça commence à peser vu que ce sont toujours les mêmes qui s’y collent).

- « Devant un flic? »

J’aurais pu utiliser le mot police, mais elle n’aurait peut-être pas su de qui je parlais. Ou cela aurait pu la faire éclater de rire. Ce que je peux parfaitement comprendre. Sauf que, là encore, je n’ai pas spécialement envie que le peu de contenu qu’elle se trimballe encore dans l’estomac me retombe dessus (dans le meilleur des cas). J’ai eu beau me ramasser des gerbades à la pelle, ce n’est pas pour autant une invitation à un open bar. Pour cela il me suffit vraiment juste d’aller endosser ma blouse blanche pour une garde aux urgences.

- « Vous venez d’où ? »

Et je me rends compte que la phrase peut porter à confusion. Tant sur mes intentions que quant à la réponse à fournir. Je m’empresse donc de rajouter :

- « Ce soir je veux dire. De quel bar ? Vous vous en rappelez ? »

Il faut bien commencer quelque part non?
Si elle veut empêcher un inconnu de commettre un crime, ma foi allons-y Robin !
Pas certaine qu’on fasse autre chose que chou blanc, mais le temps qu’on fouille et qu’on tourne en rond, au moins elle a le temps de reprendre ses esprits. Pour autant qu’elle en a à la base. C’est un risque que je suis prête à prendre. Après tout, c’est mon job … non ?

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyLun 17 Avr - 20:18


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Serrant les poings, Neelie tentait de retenir ses pensées. Mais cette équation symbolique demeura imaginaire. La plupart des drogues, surtout quand elles étaient prises en quantité, altéraient la mémoire immédiate. Madden y était habituée, et trouvait ça même assez drôle quand le contexte de la soirée s’y prêtait. Mais ne rien saisir de l’instant présent, faute d’une inscription suffisante dans le temps, avait quelque chose de franchement angoissant quand le contexte ne s’y prêtait pas. Et pour le coup, rien de tout cela la faisait vraiment marrer.
Au moins l’arrivée de cette inconnue avait eu le mérite d’être une accroche plutôt stable au réel du moment présent. De plus, la quadragénaire paraissait bien intentionnée. Elle lui adressait la parole d’une voix douce et contenante, sans être déstabilisée par les fulgurances et latences de la new-yorkaise. Si bien que Neelie commençait à ressentir une forme d’apaisement, son univers de poche étant sécurisé par les mots et attitudes de son interlocutrice. La jeune femme était presque prête à lui faire confiance et quitter ce bout de rue - qui lui était paradoxalement devenu familier tout en demeurant étranger. N’y avait-il jamais eu que deux poubelles à sa gauche ? Alors, pourquoi en dénombrait-elle trois à présent ?

Madden tenta de recentrer ses pensées. Des connards. Voilà de quoi elles parlaient. Et franchement, ça la révoltait de savoir que ces raclures - de fonds de chiottes de festival de la bière - osaient foutre du GHB dans les verres des gens pour pouvoir leur passer dessus. Et une de ces ordures furetait chez Chloe. Il fallait qu’elle fasse quelque chose - d’utile si possible - comme le dénicher et… lui broyer les couilles.
Ce fut donc engaillardie que la métisse fit deux nouveaux pas en direction de l’avenue sur laquelle la ruelle donnait. Or, les mots de son interlocutrice la figèrent dans son élan, faisant parcourir un frisson d’horreur dans son dos. Il allait recommencer. Cette femme en était également convaincue. Le cœur de la new-yorkaise se mit à battre avec anxiété, tandis qu’elle essayait de rassembler le peu de concentration qui lui restait pour se figurer le visage du pervers qu’elles allaient traquer. Une grimace d’effort froissa son visage quand elle ferma les yeux. Elle voulait visualiser les différentes personnes qu’elle avait croisé tout au long de la soirée, mais hélas, rien ne lui revenait. Elle n’était pas assez concentrée. A quoi il ressemblait déjà ce gars avec qui elle avait parlé de… Neelie se mit à fixer la quadragénaire avec deux yeux bien ronds quand cette dernière l’arracha à ses souvenirs pour lui demander si elle pourrait identifier le type devant les flics. Un soupir craché gonfla brièvement ses joues. « Même pas morte. J’leur parle pas. Ce sont aussi des violeurs » balança-t-elle sur le ton de l’évidence ultime et implacable. Neelie avait eu à faire plusieurs fois à la police, et elle avait trouvé chacune de leur rencontre très déplaisante. Bien qu’elle n’avait pas subi pour autant la moindre atteinte sexuelle, elle savait que ces types étaient généralement sourds à la question des violences sexuelles, ce qui en faisait des complices.
Les bras croisés sous la poitrine, une moue boudeuse sur ses lèvres déshydratées, Neelie fixa avec de la surprise dans le regard son interlocutrice lorsque celle-ci lui demanda d’où elle venait. Quoi ? Elle bossait pour la sécurité intérieure maintenant ? Et à l’hostilité grandissante qui raidit le corps de la new-yorkaise répondit un petit éclaircissement qui apaisa l’ambiance. La nana voulait savoir de quel bar elle avait ainsi été recrachée. Madden continua néanmoins de la toiser avec méfiance, les yeux plissés. Elle laissa couler quelques longues secondes avant de répondre d’une voix basse : « J’étais chez une pote. Pas très loin. Par là… » Sauf que le bras qu’elle avait desserré de sa poitrine ne sut pas s’il devait partir à droite ou à gauche, et resta donc figé à hauteur de son visage, une main molle pendant au bout. « Y’a un truc qui me revient. Y’avait un type chelou à la soirée, genre un nerd qui s’y connaissait en biologie et corps humain. C’est pas un truc de violeur ça ? On a parlé drogues et hormones. C’est forcément lui ! Ah ah, je pensais qu’il nous balançait sa science dans l’espoir de pouvoir niquer, mais en fait, son plan était autre ! » Son index s’agitait dans l’air, raidi par l’intensité de la déduction à laquelle elle s’était livrée. Neelie s’étonna elle-même d’avoir de si bons souvenirs du début de sa soirée et en eut un large sourire satisfait. « Faut que je prévienne Chloe ! »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyMar 20 Juin - 21:04

Ah ben voilà, le mal est fait. Autant il y avait un semblant de lien de confiance qui avait commencé à se tisser (même si très, très, fin et pas super méga solide du tout – il était quand même là) ; là je me ramasse un regard qui aurait pu se vouloir tuer si jamais sa propriétaire avait encore les neurones qui se connectaient entre elles. À moins qu’elle se soit mise en tête de mimer superman. Auquel cas j’ignore bien si elle essaie de scanner mon anatomie toute entière ou juste ma tête. Je lui conseille fortement la première option. Ma caboche est tellement pleine à craquer que ça pourrait bien lui refiler la migraine du siècle. Et vu son état, m’est avis qu’elle peut bien s’en passer. Mais bon, who am I ?

Je suis tentée d’imiter l’expression qu’elle me balance. Vous savez, le truc avec les yeux plissés. Ne serait-ce que pour voir ce que ça donne de plus à la scène. Mais outre le fait que cela rendrait l’actuelle plus que grotesque ; ça risque également d’alarmer mon interlocutrice et de lancer des hostilités absurdes qu’elle se sera imaginée toute seule comme une grande dans sa tête. Déjà que dans la mienne ce n’est certainement pas beau à voir ; mais dans la sienne ça doit également grouiller de choses et autres. Et je ne suis pas spécialement d’humeur pour une séance gratos. Pas ici du moins. Pas encore. Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve. En occurrence, la nuit.

Figurez-vous qu’elle finit par m’accorder le bénéfice du doute. Eh bien dites donc, qui l’eut cru. Assurément pas moi. Et quand bien même, je ne suis pas ici pour sauver la veuve et l’orphelin (peu importe ce que mes statistiques persos en disent !). Je ne vais pas non plus lui tendre le bâton avec lequel me frapper (là encore, les statistiques parlent en ma défaveur). Si elle n’avait pas voulu de moi, je n’en aurais pas été vexée. Pas le moins du monde même. Limite ça m’aurait même arrangé. Oui parce que là … j’ai encore réussi à me fourrer dans un pétrin qu’il m’aurait été tellement facile d’éviter. Je suis tentée de lever les yeux au ciel, juste histoire de vérifier qu’il n’y a pas une grosse flèche fluorescente qui clignote en lettres de feu au-dessus de ma tête. Karma. Poisse. Free entrance. Pick one.
Mais là encore je m’abstiens sagement. Je ne vais pas risquer d’éveiller sa paranoïa temporairement latente. Déjà qu’elle a manqué de me déshabiller de son regard de superslip. Je me contente donc de retenir un soupir tandis qu’elle lève vers moi un bras spaghetti. C’est qu’il n’y a plus grand tonus là-dedans. Et à force de refuser de s’hydrater ça ne va pas aller en s’améliorant. Ce n’est pas non plus comme si je pouvais lui proposer un truc à boire. Pas vu l’épisode qu’elle vient de subir. Pas sans lui prouver par A + B que le bouchon n’a jamais été ouvert avant et que personne n’a pu y verser la moindre substance, aussi transparente et inodorante soit-elle. Elle réussirait encore à me sortir une théorie du complot avec une seringue et un petit trou inexistant dans le bord du capuchon. Et nous revoilà lancées dans un débat interminable sans queue ni tête. Enfin, pour elle il y en aurait sûrement un. Voire carrément les deux. Mais encore une fois, je ne suis pas d’humeur. Je le suis rarement me direz-vous. Ce qui n’est pas entièrement faux.

Et si nous revenions à nos moutons ! Ou plutôt à notre canard boiteux. Oui parce que ce n’est pas cette petite mimine un peu molle qui va nous donner le moindre indice. J’ai vaguement l’impression de me retrouver dans la chasse au trésor la plus pourave de toute l’histoire de Downfall. Ce n’est pas peu dire.

Je sens mes sourcils se jouer de mon expression habituellement stoïque lorsqu’elle lâche une ribambelle de mots les uns à la suite des autres. Certes, c’est cohérent (autant que faire se peut) ; mais d’un cliché incommensurable. Aucune idée si c’est un véritable souvenir d’un passé récent ou plutôt un ramassis de ci et de là qui ne lui appartient peut-être même pas. Then again, c’est un peu la seule piste qu’on a. Et par on je ne parle pas nécessairement de elle et moi. Même si c’était le but à l’origine.

- « O-kay ... »

Je n’ai même pas essayé de le retenir. Je plaide coupable.
Mais j’arrive à me reprendre en main. Pas le choix. Je l’ai voulu, je l’assume !

- « Vous avez son numéro à cette Chloé ? On peut l’appeler ? »

Et pour lui dire quoi au juste très chère ?
Qu’un scientifique, ou du moins quelqu’un qui arrive à se faire passer pour, pourrait très bien être en train de violer une de ses clients en cet instant bien précis ? Pour autant que Chloé est la tenancière bien sûr. Rien n’est moins certain. Pas plus qu’il y a une Chloé dans l’histoire bien sûr. Mais ais-je seulement le choix du doute raisonnable ?
Vous pouvez me rappeler le qui, du pourquoi, du comment j’ai atterri dans cette situation s’il vous plait ?

- « Où peut-être qu’on peut aller la trouver ? »

Même si le guide touristique a perdu ses repères et son tonus musculaire. On finira bien par aboutir quelque part ou bout du compte … non ?
Et je maintiens ma théorie du sevrage par le temps. Si j’arrive à l’accompagner assez longtemps que pour que la drogue se dissipe (pas gagné vu qu’elle en trimballe elle-même dans son sac), au moins je pourrai la relâcher quelque part sans cas de conscience. Ou presque. Je suis vraiment un aimant à causes perdues. Love va adorer me tanner avec cette anecdote …

- « Mais d’abord il nous faut de l’eau ! »

Qui ne tente rien …

- « Pour purger l’organisme. »

Pas certain qu’elle comprend un traitre mot de ce que je lui bassine, mais bon – on n’est plus à ça près.

- « Vous me suivez vers le night shop ou vous m’attendez ici ? »

Dans le noir.
À portée des prédateurs nocturnes.
Je me retiens de justesse de lui balancer.
Mais vraiment de justesse hein.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyMer 5 Juil - 19:54


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Neelie se passa les deux mains dans les cheveux, cadrant son front avant de saisir la majorité de ses boucles pour les enserrer en un chignon excessivement négligé. Toutes ces conneries lui donnaient chaud. Et ce fut donc avec un sourire détendu qu’elle apprécia l’air rafraichir sa nuque. Elle eut alors l’étrange impression que ce geste de simple coiffure l’avait aidée à contenir les pensées qui s’échappaient de sa tête. Voulant tester son hypothèse, Madden lissa à nouveau ses tempes et remonta ses doigts vers le sommet de sa tête où trônait à présent un fouillis de mèches rebelles. Et, effectivement, ce geste l’apaisa. C’était un peu comme si elle remettait en ordre le chaos de ses pensées. Or, à l’image de son chignon décoiffé, un certain bordel, ou plutôt un bordel certain demeurait là-dedans.

Toute cette petite opération lui avait couté toute sa concentration. Elle en avait même oublié la présence de l’autre. De quoi parlaient-elles déjà ? Braquant un regard vide sur son interlocutrice, Neelie tenta de remonter le temps et de chopper un bout de souvenir.
« On parlait de quoi déjà ? » finit-elle par demander, saisie par une subite et violente flemme. Mais l’effort entamé se révéla finalement suffisant. « Ah oui, les flics, le pervers à lunettes et Chloe. Faut que je la prévienne ! » Une sensation de déjà-vu la paralysa. Elle s’était déjà fait cette réflexion. Mais elle poursuivit, spontanément : « Elle habite… quelque part… par… là ? » Son bras s’était levé, plus tonique que la fois précédente, il y avait moins d’une minute. Or, la destination à indiquer lui échappait toujours. Consciente de rejouer malgré elle une scène déjà vécue, la new-yorkaise rangea ses bras le long de son corps, un air dépité étirant les traits de son visage.
… Bon, elle n’avait rien à dire ou à proposer l’autre ? Parce qu’elle galérait à gérer la situation toute seule. « Ce serait peut-être mieux de l’appeler ? » questionna alors Madden, persuadée d’avoir la primeur de cette riche idée. Sauf qu’il lui fallait fouiller dans son sac pour trouver son téléphone. Et, sans dramatiser, son sac banane lui paraissait avoir des profondeurs abyssales. Mais quand faut y aller…

Elle s’apprêtait à y plonger la main, quand l’autre en face finit par dire quelque chose. Sans que ses lèvres ne bougent pour autant. La voix qui lui parvint résonnait d’une étrange façon. Neelie fronça les sourcils, moins inquiète qu’agacée de ne rien comprendre de ce qu’il se passait. Elle se rappela néanmoins avoir déjà connu ce genre de décalage entre ce qui se passait dans l’instant présent du réel et celui de l’avènement à et dans sa psyché. Putain, elle était sacrément arrachée pour n’entendre son interlocutrice qu’après l’activation laborieuse de sa boucle phonologique. Ou un truc du style. Un rire nerveux gagna la jeune femme, et s’acheva en un soupir blasé. « Sans déconner, c’est un truc de dingue. »
Bref, toujours était-il que l’autre voulait lui faire boire de l’eau, pour purger l’organisme. « Franchement, rien que l’idée me donne la gerbe. » Mais bon, d’expérience, elle savait que ça ne faisait pas de mal de diluer les substances dans son corps dans un peu d’eau, bien que l’eau ne passait pas dans le sang. Si ? Ravalant cette question - dont elle était réellement curieuse de connaître la réponse -, Neelie chercha le fameux night shop du regard. Elle n’en avait pas vraiment envie, mais l’idée - qui devint l’angoisse - que la femme ne la plante là, seule, la décida à s’approcher à nouveau de quelques pas et à acquiescer à sa proposition.

« On peut s’tutoyer, non ? Ce serait mieux. » Elles s’étaient enfin engagées sur le trottoir, quittant le bout de ruelle qui avait vu naître leur rencontre. « Et c’est quoi ton nom ? » Neelie ne tentait pas tant de jouer la carte de la sympathie que de se créer une sensation de familiarité qui saurait peut-être apaiser son anxiété. Car à présent découverte, elle avait l’impression que des regards la suivaient depuis chaque zone d’ombre, et que des mains attendaient patiemment de les toucher, de les attraper. « Moi c’est Neelie » ajouta-t-elle, la voix infiltrée de malaise.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyDim 3 Sep - 21:05

Soit elle va finir par comprendre que je ne vais pas la lâcher avec ma théorie (ou mon complot, as you wish) de la bouteille d’eau ; soit elle va finir par en avoir marre et se barrer. L’un comme l’autre, je serai gagnante dans l’histoire. Enfin, pour une option largement plus que pour l’autre. Les cas de conscience tout ça tout ça. Surtout qu’à bien la regarder (sans la fixer pour autant, attention ça risque de mordre ce genre de bestiau), elle ne capte même pas la moitié de ce que je viens de lui balancer. Entre ça et parler à un mur, le répondant reste sensiblement pareil. À cela près que le mur est doué d’un degré de politesse plus élevé. Je ne suis pas mauvaise non, je suis réaliste. L’humain est ainsi fait. Ce n’est pas de sa faute dirons-nous (sinon ça ferait encore plus mal).

Voilà qu’elle se met carrément à jouer avec ses cheveux. Ou avec son visage. Voire même avec les deux. Bon, tant pis pour l’idée qu’elle se barre sans demander mon reste. Je ne peux pas décemment laisser cette jeune fille errer seule dans la nuit. La non-assistance à personnes en danger, ça vous dit quelque chose ? Eh bien peut-être pas à Downfall, mais de l’autre côté du mur c’est punissable par la Loi. Pas qu’on en ait quoi que ce soit à branler de ce côté-ci, on est bien d’accord, mais allez raconter ça à ma caboche remplie bourrée des us et coutumes de l’autre côté !

J’inspire un coup (pas trop fort non plus, il ne faudrait pas qu’elle en tire des conclusions hâtives, soient-elles véridiques) et prends sur moi. Peut-être bien que j’aurais dû me contenter de continuer ma route en ligne droite vers l’hosto. Peut-être bien que je n’aurais pas dû me lever ce matin. Peut-être bien que je n’aurais pas dû éviter ce dernier coup. Mais je l’ai fait. Alors maintenant il faut assumer cocotte.

Même si je reste un instant bouche bée quand elle me demande le sujet de notre conversation actuelle. C’est que j’en perdrais moi-même le fil de l’histoire à me laisser contaminer par son attitude de WTF. À bien y regarder, ça semble assez sympa dans sa tête. En tout cas plus que dans la mienne. Et si je lui proposais de racheter quelques miettes de son dernier sachet ?
Ha ha, la bonne blague. La facilité n’a jamais vraiment été de mise pour moi. Puis avec la chance que je me paie, en plus de m’arnaquer (car ça, ça relève de l’évidence même) je vais réussir à me prendre les pieds dans un truc (qui peut être moi-même) et faire tomber la marchandise. À lire : l’étaler à terre et dans les airs. Autant en emporte le vent, vous connaissez ? Probablement pas. Laissez tomber.

Cette petite parenthèse qui se déroule (fort heureusement) seulement dans ma tête permet à mon interlocutrice de trouver par elle-même réponse à sa question. Sauf que la suite ne fait que confirmer ce que je soupçonnais/slash/savais déjà : je parlais à un mur.
Puis elle se met à rire. Un truc un peu nerveux, suivi d’une phrase qu’elle est la seule à comprendre. Comme quoi, on est au moins deux à vivre cette scène différemment dans notre tête. Aucune idée si c’est bon signe ou moins bon signe par contre. Mais est-ce vraiment important vu la partie adverse ?

Par contre quand elle finit par parler gerbade, quelque chose me dit que ma question/slash/proposition vient enfin de la percuter. Royal trois ans après la guerre. Si j’étais encore à LA, je serais tentée de regarder tout autour pour tenter de dénicher la caméra cachée. Sauf que non, this is Downfall. Dans toute sa sinistre et aberrante beauté. The joke’s on you Micka. Badum tss.

L’inconnue (qui le devient de moins en moins au fur et à mesure des minutes qui passent, oui parce qu’on s’éternise là …) se met à mimer le geste dont je me retiens. Elle aussi elle a l’impression d’une mauvaise blague ? Qui l’eut cru …
Sauf que ça ne doit pas vraiment être ça, car elle finit par s’approcher de quelque pas. Je ne peux empêcher un sourcil perplexe de se hausser. Je me demande bien ce qui a pu déclencher ce soudain revirement de situation. Ce n’est clairement pas sur cette option là que j’aurais misé. Ça tombe bien, je ne suis pas joueuse.
Oh tiens, des présentations. Ça non plus je ne m’y attendais pas. Mais bon, tant qu’à faire. On n’est plus vraiment à ça près. Et généralement ça aide. Généralement.

- « On peut oui. »

Mais je ne vais pas lui faire l’affront de lui tendre la main pour officialiser cela. Le risque de morsure, remember. Et pas vraiment envie de passer ma soirée avec un vaccin contre la rage dans les veines. Faut-il encore que les urgences en aient en stock …

- « Enchantée Neelie. »

Ce n’est pas beau de mentir, mais que pourrais-je bien lui sortir d’autre ? Des idées ? Des propositions ? Je suis toute ouïe savez-vous.

- « Moi c’est Micka. »

Et sur ce début d’acceptation d’invitation, je décide de battre le fer tant qu’il est chaud en m’éloignant d’un pas, puis d’un deuxième. Pas trop grands les pas, mais juste assez que pour l’obliger à se décider.

- « Tu viens. »

Non ce n’est pas une question. Ça ne l’est jamais vraiment à bien y regarder. Mais personne ne le fait. Et d’un mouvement du menton je lui désigne une enseigne lumineuse un peu plus loin, histoire de la rassurer (autant que faire se peut). Oui il y a bel et bien un night shop (ouvert qui plus est) dans cette rue miss Neelie. La parano dans l’équation c’est Bibi. Et si tu penses pouvoir me dérober mon titre, break a leg !

- « Tu n’es pas obligée de prendre de l’eau. Peut-être qu’on aura de la chance et qu’il y aura du chocolat. »

Ça fonctionne très bien … dans certains films.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyDim 10 Sep - 12:27


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Un chignon négligemment réalisé sur la tête, Neelie s’avança de quelques pas hésitants vers la quadragénaire. Le croisement entre la ruelle - où elle s’était repliée dans l’obscurité pour gerber - et l’avenue sur laquelle, l’autre-là, tenait tant à la traîner n’était plus qu’à deux ou trois mètres. Il coûta à la jeune femme un nouvel et réel effort de concentration pour se remémorer le pourquoi de cette soudaine mise en mouvement. Boire. Il fallait qu’elle boive. Et vu qu’elles allaient partager le trajet jusqu’au night shop ensemble, autant faire connaissance et sympathiser. La nana s’appelait Micka, sûrement le diminutif de Mickaël…a ? En tout cas, elle se disait enchantée de la rencontrer. Madden arqua un sourcil sceptique puis haussa les épaules, abandonnant rapidement l’idée de parvenir à distinguer le vrai du faux dans tout ce que pourrait lui dire la dénommée Micka. Neelie savait d’expérience qu’elle n’y parviendrait pas, et que tenter de détecter une éventuelle double pensée ne ferait qu’attiser les braises de sa paranoïa, qui brûlerait ensuite tout discernement. Alors autant prendre le parti de penser que Micka était sincère et donc incapable de la moindre duperie ou même hypocrisie.
Invitée à la suivre, la new-yorkaise commanda aux muscles de ses jambes de s’activer. Elle se sentait engourdie, comme anesthésiée, au point de ne plus vraiment ressentir son corps. C’était une expérience assez difficile à décrire, parce que profondément paradoxale : elle était comme écrasée et éthérée à la fois.

La voix de Micka sur sa droite lui fit tourner le visage dans sa direction. Un peu trop soudain, ce mouvement provoqua un vertige rotatoire de quelques secondes qui la contraignit à ralentir le pas, qu’elle avait de déjà très mou. Sa main gauche chercha l’appui d’un mur afin de se rééquilibrer. Etonnamment, malgré son état, elle était parvenue à saisir les mots de son accompagnatrice et surtout, à s’en rappeler. Tout ce qui monte finit par redescendre. C’était l’une des grandes lois des toxiques ; leurs effets n’étaient jamais permanents. Sauf en cas de bouffée délirante ou décompensation en psychose aigüe, et là, ça pouvait durer quelques jours voire semaines. Mais mieux ne valait pas y penser, hein.
« Du… du chocolat ? » répéta-t-elle, avec quelques secondes de décalage. « C’est vraiment une idée de mer… » Elle réalisa s’être tue trop tard. Pourtant, elle avait essayé de porter une main déterminée à sa bouche pour se réduire au silence. « Désolée… c’est qu’on ne m’a jamais proposé de boire ou de manger du chocolat en plein bad. » Et qu’elle aimait bien juger à l’emporte-pièce tout ce qu’on pouvait lui dire. Néanmoins, cette fois-ci, Neelie était sincèrement désolée d’avoir été aussi grossière. Micka voulait l’aider. Elle n’avait pas forcément les meilleures idées du monde, certes, mais elle essayait, et c’était déjà pas mal. Sans elle, Madden serait certainement encore en train de se taper seule une parano entre deux poubelles malodorantes ou à se faire racketter par des rats.

L’enseigne lumineuse du nigh shop se rapprochait. Puis sa devanture éclairée surprit les pupilles dilatées de la jeune métisse. Un type, plutôt jeune, genre la vingtaine, était assis derrière le comptoir et écoutait une émission à la radio. Neelie se mit alors à fixer Micka intensément, attendant clairement que celle-ci prenne une quelconque initiative. « Pas du chocolat » s’entendit-elle presque gémir, toujours aussi écœurée à l’idée d’en ingurgiter.
Et tandis qu’elle s’apprêtait à emboiter le pas de son accompagnatrice et à entrer dans la petite alimentation de nuit, quelque chose se mit à vibrer contre sa hanche. Malgré la surprise, la torpeur dans laquelle se mouvait péniblement sa psyché, et par extension son corps, la figea bien cinq secondes. Elle tapota ensuite à travers le tissu de son short en jean ce qui, depuis sa poche, manifestait sa présence. Putain, son téléphone ! D’une main maladroite, elle attrapa l’appareil et chercha à décrypter le nom de l’appelant. « C’est.. c’est Chloe ! » se mit-elle à crier à l’attention de Micka, qui s’était éloignée. Puis elle décrocha. « Putain, tu t’es barrée où ? Ça va mieux ? T’es où ? Quelqu’un est avec toi ? » « Il faut faire attention, il y a un violeur chez toi ! » « Quoi ? » « J’ai été droguée mais je lui ai échappée. Il va sûrement sévir à nouveau. Fais évacuer l’appartement ! » « Putain Neelie, on t’a expliqué que tu as bu dans le verre de Jim. Il prend souvent du G… » Madden avait rejoint Micka au sein du night shop, passant sous le regard sidéré du gérant. D’un geste vif, elle mit le téléphone sous le nez de la quadra : « Explique lui toi ! »



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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyLun 9 Oct - 21:15

Je la regarde. Elle me regarde. Nous nous regardons … mais je suis la seule à voir quelque chose. Enfin, la seule à la voir elle plutôt. Je ne sais pas ce qu’elle s’est sifflée une heure plus tôt (oui parce que ça fait perpette-lez-bains qu’on se tape la causette là, je vais finir par arriver pil poil à l’heure pour ma garder si on continue sur cette lancée ; voire même carrément en retard, une première dans ma carrière – hop ça rime et ça rame, comme tartine et boterham … fichtre, faut vraiment que je prenne un truc à manger moi, je commence à délirer par manque de sucre … à moins que c’est le truc dans ses veines qui s’avère être contagieux … note à moi-même : ne surtout pas la toucher) ; je disais donc : je ne sais pas ce qu’elle s’est sifflée/injectée/avalée, mais voilà qu’on est reparties pour un tour. À moins que ce soit l’effet du manque ? Au moins aussi probable que probant. Je laisse un soupire s’échapper par mes narines tandis que j’observe le cirque. C’est le cas de le dire. Une vraie funambule en plein spectacle, à cette exception près qu’il manque la corde. Ce qui n’est pas plus mal, elle aurait pu se pendre avec. Ou moi.
Rho que je suis mauvaise !

Je ne peux empêcher un ersatz de sourire de se dessiner aux coins de ma bouche en me secouant légèrement la tête. À quand une rencontre parfaitement normale et sans effets secondaires à Downfall ? Mais ma chère docteur Andersonn, pour cela il faudrait déjà arrêter de traîner dans des endroits lugubres et mal éclairés. Pas faux. Mais est-ce que cela existe seulement à Downfall ? La question mérite réflexion, je vous l’accorde.

Bon, entre-temps la dénommée Neelie a réussi à prendre appuie sur un mur pour s’aider dans sa folle épopée. Parfait ! Vaut mieux lui que moi. Lui au moins ne le prendra pas mal de s’en ramasser plein les godasses. Ou du moins s’abstiendra-t-il de lui en faire la remarque. Et encore … qui sait ce qu’elle pourrait bien voir et entendre dans en plein délirium.

Elle me regarde. Enfin je crois que c’est ce qu’elle essaie de faire. Je sens mon corps se pencher un peu vers l’avant. Mes yeux se plisser. Comme pour me préparer mentalement à déchiffrer le charabia qu’elle va réussi à me sortir (non mais je m’attends vraiment au pire là). Ah ben non, c’est juste un aveu de mauvais goût. Dans tous les sens du terme. Je hausse les épaules. Je ne l’ai vraiment pas pris personnellement. Moi non plus je ne suis pas fan de chocolat. Mais probablement pas pour les mêmes raisons qu’elle. C’est comme le principe des fleurs. Ça fait joli sur la table, mais ça n’efface clairement pas le mal qui a été fait. Puis à trop forte dose c’est toxique pour Bob. Tant les fleurs que le chocolat. Donc je n’en ai jamais chez moi. Car Bob, sous ses airs angéliques, n’est rien d’autre qu’un estomac sur pattes près à escaler un meuble de cuisine pour aller se servir dans la zone interdite. Croquettes hypoallergéniques mon œil !
Mais je m’égare. Again.

Pas à pas (vraiment pas à pas) on se rapproche dudit night shop. C’est fou mais j’ai l’impression d’avoir parcouru au moins deux kilomètres entre le lieu où j’ai ramassé (façon de parler) cette jeune fille et ici. Pourtant, rien qu’en regardant par-dessus son épaule je distingue sans problème la poubelle avec laquelle elle a failli se disputer verbalement. La perception circonstancielle, tout ça, tout ça.

Et là voilà à me fixer à nouveau comme si j’avais un truc chelou qui me collait au visage. Communément on appelle cela un nez très chère. À moins que dans sa psychose sensorielle tout ait commencé à fondre et que je me tape un remake de Picasso. Ma foi, bientôt je serai riche ! (même si je le suis déjà quand on compare aux standards locaux, mais chut)
Tout ça … pour du chocolat.
Bah écoute, qu’est-ce que j’en sais moi de ce qui peut fonctionner sur une junkie. Moi je me shootais aux médocs qu’on trouve en pharmacie, pas un truc dilué dans un verre dans l’espoir de … bref, vous voyez l’image. Et je n’ai jamais prétendu, ni de près ni de loin, que le chocolat permettait de se remettre d’une gueule de bois. À la limite d’éloigner les détraqueurs. Encore faut-il savoir viser.

Tout à coup son jeans se met à vibrer. Tandis qu’elle essaie de déterminer le qui, du quoi, du pourquoi du comment et qu’elle en découvre le mode d’emploi ; mais je pénètre l’enseigne lumineuse en quête d’un truc à me mettre sous la dent.
Pas de chocolat, c’était la seule consigne.
Comme précité, ça ne me dérange pas. Un chewing-gum à la menthe fera parfaitement l’affaire. Ou une fraise. C’est bien ça une fraise. Ça fait longtemps. Meuf … on dirait une envie de femme enceinte …

Mais je n’ai pas le temps de commencer à décortiquer cette idée saugrenue qu’une main tremblante se pointe sous mon nez et manque d’y enfoncer un téléphone portable. Je le choppe tant bien que mal (avant qu’il ne se vautre lamentablement à terre surtout) et le colle à mon oreille, sous le regard attentif (et percutant) de sa propriétaire.

- « Oui allô. »

Ça manqué un peu d’originalité, je vous le concède.
À l’autre bout du combiné, une voix féminine ne prend même pas la peine de demander qui je suis. Uniquement si je suis bien accompagnée de la fameuse Neelie. Ne serait-ce donc pas sa première fois à notre petite délinquante des bacs à sable ?

- « Oui oui, elle est là avec moi. Oui elle est consciente. Non elle ne m’a rien volé. Oui elle est sage. »

J’ai l’impression de passer à l’interrogatoire. Tout en ayant un détecteur de mensonge juste sous le nez qui me regarde en plissant les yeux. Même pas certaine qu’elle comprend un traitre mot de ce que je balance à celle qui semble s’inquiéter pour elle. Ou s’en exaspérer. Ce soir, ça se vaut.

- « Nous sommes actuellement dans un night shop. »

Je me tourne vers le gérant (ou du moins celui qui se fait passer pour) et l’interroge du regard quant au nom de l’enseigne. Le truc c’est qu’il ne semble pas trop comprendre où je veux en venir. Ce qui n’est pas étonnant vu qu’il préfère continuer à écouter sa radio plutôt que de m’être d’une aide quelconque.

- « Oui celui sur la grande chaussée, à quatre cents mètres de l’hôpital. Oui, celui avec les néons qui pourraient rendre n’importe qui épileptique. »

N’importe qui sauf Neelie. C’est un miracle en soi.

- « Oui je peux vous attendre quinze minutes. »

Pour une fois que j’arriverai en retard au taf.
Autant leur faire croire que j’ai opté pour l’école buissonnière.
Au moins quelqu’un s’amusera de sa soirée.

- « Non pas de chocolat, elle m’a prévenue. »

C’est d’ailleurs la seule information à son sujet dont je ne doute aucunement.

- « Je vous la repasse. »

Et je lui tends le combiné.

- « Chloé a encore quelque chose à te dire. »

Perso j’hésite entre sois sage avec la madame et barre-toi de là en vitesse, elle ne m’inspire pas confiance.
Que de suspense dites donc !

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptySam 14 Oct - 15:53


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Tout ce qui monte finit par redescendre se répétait Madden, dans une tentative d’auto-réassurance, s’imposant cette pensée à chaque nouveau pas qu’elle faisait. A sa droite, la quadragénaire - présentée comme Micka - s’était résignée au silence. En même temps, chacune de ses propositions recevait une assez franche opposition de la part de Neelie. Se taisant à son tour, la jeune femme ne savait pas si elle devait se laisser convaincre par un sentiment de culpabilité, ou bien continuer comme elle le faisait habituellement, c’est-à-dire en n’accordant que peu d’importance à ce que l’autre pouvait bien penser ou ressentir. Franchement, était-elle en état de porter une telle charge émotionnelle, celle de l’ignomie de soi ? Non, pas vraiment. Et puis, il y avait peu de chance pour qu’elle recroise Micka, donc bon, il n’était peut-être pas fondamentalement utile de s’embarrasser de culpabilité. Surtout qu’à bien la regarder, l’autre-là, semblait avoir choisi l’option du silence pour ne pas lui balancer le fond de sa pensée à la gueule.

La lumière du néon du night shop éblouit la new-yorkaise qui se défendit et para cette agression lumineuse d’un relevé de bras. Putain, qu’est-ce qu’il était lourd… Puis son corps se mit à vibrer. Deux-trois latences plus tard, Neelie utilisa son second bras et la main qu’il y avait au bout pour saisir ce qui, depuis sa poche, faisait trembler son être. Oh, son téléphone ! Il n’était donc pas dans sa banane. Le prénom de Chloe s’affichait. Il fallait en informer Micka. Mais celle-ci venait de s’enfoncer dans la petite alimentation de nuit. Madden l’imita, brutalisée par la lumière du commerce. Elle prit l’appel et entendit la voix de Chloe lui reprocher de s’être barrée. Puis celle-ci fit mine de s’inquiéter. Pff, genre ça la touchait maintenant. La métisse règlerait ce détail plus tard, car un plus grand problème devait préoccuper son amie : la présence d’un violeur chez elle.
… Jim ? Non, Jim n’avait rien à voir là-dedans. Chloe ne comprenait vraiment rien. Mais, à sa décharge, peut-être qu’elle n’était pas très claire. Alors Neelie tendit le téléphone à Micka, retrouvée face au rayon des sucreries, et lui demanda d’expliquer à Chloe ce qu’il se passait chez elle.

Fixant la quadragénaire d’un regard intense, Madden tentait de recomposer à partir des seules réponses et réactions de Micka ce qu’elles se disaient avec Chloe. Pourquoi semblaient-elles parler d’elle ? Elle n’était pas le problème qui devait les intéresser ! Bon, apparemment, fallait qu’elle fasse les choses elle-même ! Cependant, au moment où la femme indiqua leur position, Neelie se figea, tentant de cartographier mentalement l’endroit dont les coordonnées venaient d’être données. Et alors Micka, télépathe, répondit à la question qu’elle se posait : à combien de temps de marche étaient-elles de chez Chloe ? Quinze minutes apparemment. « Vraiment ? » demanda-t-elle, surprise. La new-yorkaise avait l’impression que des heures la séparaient de chez son amie, et que pendant ces heures, elle avait parcouru des kilomètres. Ça voulait dire qu’elle avait dû tourner en rond… Pourtant, rien ne lui était paru familier. Sa mémoire immédiate était vraiment flinguée. Ou alors, cela pouvait signifier qu’elle n’errait dehors que depuis moins d’une demi-heure.
Quand Neelie revint à l’instant présent, l’écran de son téléphone lui faisait face. Micka le lui rendait. « Merci ». Et Madden ré-enfonça le portable dans la poche de son short. « Tu lui as dit ? » s’enquit-elle ensuite. Puis ses yeux passèrent de son interlocutrice aux rayons de l’épicerie, et s’arrêta sur un frigo contenant des boissons. « Je veux bien un ice tea. »

Elles passèrent en caisse, après que Neelie ait péniblement sorti un billet de 10 dollars de sa banane, insistant pour payer – sans vraiment savoir si Micka lui avait réellement proposé de lui offrir la canette d’ice tea. Puis la métisse sortit du night shop, fit deux mètres et décida de s’assoir sur la marche du trottoir. Elle attendit de voir Micka se rapprocher d’elle pour se lancer, sans trop savoir pourquoi, dans un long monologue à l’allure autobiographique : « Je peux te confier quelque chose ? Ce n’est pas si simple d’appartenir à ce monde, celui de la nuit, d’être l’une de ses créatures. Je croyais en avoir envie… Franchement, défoncée, t’es comme immortelle. Et t’as l’impression de tout comprendre au grand plan : c’est qu’il n’y en a pas. Mais tu peux faire avec, parce que t’es au-dessus du tout ça. C’est comme un putain de super-pouvoir. Sauf que ce super-pouvoir, bah faut le provoquer, à coup de coke, d’ecstasy ou de LSD. Et que ce pouvoir, faut pas le rencontrer trop tôt, parce que bon, la transformation est quand même violente. Une fois que tu sais, tu ne peux plus l’ignorer. C’est pour ça qu’il ne faut pas que les gamins y touchent. Et c’est pour ça que je méprise les gens qui vendent de la dope aux mômes. Sans déconner, ils ont le droit de prendre le temps de grandir et de s’apercevoir que tout n’est que chaos, non ? Je ne sais pas si tu me suis. Mais bon, dans le fond, t’es toujours transformé trop tôt : faut pouvoir l’encaisser, que le monde n’est aucun sens, aucune direction. Ça m’a un peu niquée pour le coup. » Neelie marqua un pause, épuisée d’avoir parlé aussi longtemps avec la pâteuse. Elle but une gorgée de soda et ajouta, toujours sans aucun filtre pour inhiber ses paroles : « Ah ah, j’ai l’impression de faire ma psychothérapie. C’est grave Docteur ? »



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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptySam 11 Nov - 20:51

Je ne sais franchement pas comment j’ai encore réussi à me retrouver dans une situation aussi abracadabrante. C’est un mot que j’ai limite envie de balancer à cette chère Neelie. Juste pour qu’elle se l’approprie et se prenne pour une princesse Disney. Ça expliquerait assurément son bad trip : elle a juste croqué dans le mauvais biscuit d’Alice … bon, j’en conviens, sortie de son contexte et collée dans un décor Downfall, cette phrase est vraiment salace. Mais est-ce que cela étonnera encore quelqu’un ?

Après Ada, voilà que je joue aux babysitteurs avec une totale inconnue. Encore une ligne à rajouter à mon CV. Encore un job complémentaire pour lequel je ne serai pas rémunéré. C’est qu’à un moment donné, ça commence à bien faire d’avoir bon dos. Je devrais sérieusement me contenter de lui rendre son téléphone et la laisser se démerder. Elle n’est plus dans une ruelle sombre. Elle n’est plus en train de remettre le peu de contenu de son estomac. Et j’ai pu prévenir quelqu’un (que ce soit son amie Chloé ou autrui qui se fait joyeusement passer pour tel) de l’endroit où et l’état dans lequel elle se trouve. My job is done here.

Sauf que voilà, si c’était si facile, tout le monde le f’rait (sur l’air de la chanson s’il vous plait bien). Déjà cette Chloé (ou supposée Chloé) m’a arraché le quart d’heure académique supplémentaire. Puis notre Neelie nationale, bien que je lui ai texto informé que l’interlocutrice à l’autre bout du téléphone avait encore quelque chose à rajouter, vient tout simplement de lui fermer le clapet (dans tous les sens du terme). Le téléphone en question retrouve son emplacement d’origine sans plus. Ah tiens, c’est sympa ça pour sa copine. Pour autant qu’il s’agisse d’une copine. Dont je pourrais douter vu l’accueil qu’elle vient de lui réserver. À moins que c’est ainsi qu’elle traite ses ami(e)s proches. Ce qui ne m’étonnerait même pas. Est-ce que je dois pour autant m’inquiéter de ce qui m’attend ? Est-ce que cela peut vraiment empirer ? Est-ce seulement une question ?

Elle me pose une question. Je pourrais deviner de quoi elle veut parler, mais avec elle rien n’est moins sûr. Et qu’est-ce que j’aurais donc dû lui dire très chère ? Que quelqu’un a versé un truc chelou dans ton verre ? Qu’une poubelle publique a essayé de t’agresser ? Que tu as accusé ta banane d’avoir avalé ton pochon sans pour autant avoir rassemblé les preuves nécessaires à un procès équitable ? Que tu m’as prévenu pour ton dégoût avéré pour le chocolat ? Le dernier je peux te le confirmer. Mais est-ce que tu me croiras pour autant ? Non parce que la parano passagère, ça passe – mais chez toi ça semble plutôt une amie proche. Bien plus encore que cette Chloé qui est censée te récupérer. Censée

De toute évidence, elle s’en fout royalement de ma réponse car voilà déjà qu’elle semble comme hypnotisée par les réfrigérateurs muraux. Là au moins le choix est clair, net et rapide. Elle énonce d’ailleurs ce fait comme s’il coulait de source. Mais bien sûr et la marmotte … eh bien on pourrait fichtrement bien se demander ce qu’elle fait avec du papier alu dans son terrier !

Je suis notre mystery shoppeuse jusqu’à la caisse où elle entame un bras de fer avec son sac à provision. Elle insiste pour payer. Tant mieux car ce n’était pas vraiment dans mes projets. Si en plus on me fait payer le babysitting gratos … on en revient toujours à l’histoire entre l’hôpital et la charité. Ici, en occurrence, je me tape les deux rôles. Mais là encore, on n’est plus à ça près.

Je la regarde s’éloigner, quelque peu fière de son achat, et reste un instant dans son sillage. Je finis par acheter une petite bouteille d’eau (cette boisson du diable) et la rejoindre à l’extérieur. Pourquoi ? Allez savoir, foutu pour foutu (et je parle tant de la rencontre, que de la soirée, que de ma vie en général).
Je prends également place sur le trottoir (quelque chose me dit que Chloé/or-not va mettre plus de quinze minutes à débarquer si elle sait qu’une bonne poire est de sortie ce soir) et me vois gratifiée d’un petit monologue bien sympathique. C’est fou comme je peux avoir cet effet sur les gens. Je ne vais pas aller jusqu’à dire que c’est lassant à force … mais c’est tout comme. Pourquoi vous pensez qu’à un moment donné je ne sortais plus de chez moi ? Ah mais non c’est vrai, faudrait-il encore penser pour cela. Et de préférence à autre chose que la taille de votre nombril vu de l’espace.

- « Tout dépend de la définition que tu accordes au mot grave. »

Je ne la regarde plus, me contenant de fixer le paysage qui s’offre à nous. Il n’y a pas à dire, Downfall regorge peut-être de criminels en tout genre à chaque coin de rue, c’est fichtrement plus calme et même carrément paisible que toutes les autres grandes villes que j’ai déjà eu le plaisir (pardonnez du peu) de côtoyer by night. Si vous voulez rire (et vous le voulez toujours, vous ne le savez juste pas), Downfall est la seule ville où j’arrive à me balader la nuit sans Pepper spray. Et non ce n’est pas parce qu’il est difficile de s’en procurer, ni parce qu’une des deux Bishop a encore réussi à fouiller dans mon sac.

- « Ou encore quelle partie de ces confessions intimes est visée par la question. »

Je sais, je sais, il y a beaucoup trop de mots dans cette phrase que pour qu’elle continue à me suivre ; mais primo elle vient de me balancer tout un monologue, limite en avalant les ponctuations – deuzio, même avec seulement trois mots dans ma phrase je l’aurais perdue.
Alors peut-être que c’est juste pour soulager ma propre conscience que je continue sur ma lancée. Ou pour combler un potentiel vide avant qu’elle ne surenchère.

- « Est-ce que c’est grave d’être défoncée : ça dépend si ça fonctionne suffisamment bien que pour n’avoir aucun regret le lendemain. »

Pour ma part, ce n’était pas le cas.
D’où le sevrage.
Mais on ne parle pas de moi là et tu t’en moques comme de ta première petite culotte. Par contre la première petite pilule, je suis certaine que tu t’en rappelles encore comme si c’était hier.

- « Est-ce que c’est grave de comprendre ce qui se trame derrière le grand plan : pas plus ni moins que toute autre arnaque commerciale qu’on aimerait nous faire gober. »

Au plus c’est grand, au plus c’est facile.

- « Est-ce que c’est grave de contaminer un gosse avec ces propres idéations : disons que de l’autre côté du mur ça pourrait être punissable par la loi, mais on est à Downfall donc … »

Quelles lois ?
Quels gosses ?
Qu’est-ce que, quoi, de quoi, de comment, de où tout court et où est-ce qu’on se le procure ?

À notre gauche (la sienne donc, vu que je suis assise à sa droite) des bruits de pas pressés résonnent. Je reporte mon attention en cette direction avant d’interroger ma voisine du regard.

- « Ton amie Chloé est du genre à courir pour toi ? »

Parce que ce n’est pas vraiment l’impression qu’elle me donnait au téléphone …

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyJeu 7 Déc - 18:41


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Quinze minutes. Il fallait a priori quinze minutes à Chloe pour venir la chercher. Mais que représentaient ces quinze minutes à vivre ? Parce que même si la trotteuse battait pour tous les mêmes neuf-cents secondes, personne ne les ressentait de la même manière. L’état psychique était l’un des principaux facteurs qui permettait d’appréhender la notion de temps. Ainsi, ces mêmes neuf-cents secondes pourraient paraître très longues à vivre pour certains – et certaine – et étonnamment rapides pour d’autres. La concernant, Neelie ne savait pas dans quel camp son état plus qu’altéré de conscience la placerait. Ce qu’il restait de son activité neuronale tendait à vouloir dilater le temps, à l’étirer, tout en supprimant à intervalle régulier sa mémoire de traitement, si bien que certains instants se télescopaient. Sur cette base plus qu’instable, il lui était difficile d’instaurer une règle qui lui permettrait de mieux se repérer quand au temps qui passait. La seule chose qu’elle tenait pour sûr était que fixer l’heure sur son écran de téléphone ne le ferait pas passer plus vite. Mieux valait ne plus y accorder autant d’importance. Comme tout ce qui monte redescend, le temps avance et ne recule jamais. Ces quinze minutes finiraient par passer. Madden fourra son téléphone dans la poche dont elle l’avait sorti, et demanda à Micka si elle avait bien fait sa part du taff, à savoir informer Chloe qu’un pervers rôdait chez elle. Mais la métisse n’en sut rien, une latence ayant fait buggué une nouvelle fois le cours du continuum spatio-temporel. Quand elle eut l’impression de revenir à elle-même, Neelie faisait face à l’épicier du night shop et sortait un billet de cinq dollars froissé de sa banane.

De nouveau dans la rue, une cannette fraiche d’ice tea dans la main, Neelie s’éloigna de l’enseigne lumineuse et s’assit sur le rebord du trottoir. Depuis quelques pensées, son esprit s’était égaré dans des considérations existentielles qui semblaient vouloir la conduire à comprendre comment elle en était arrivée là ce soir… ou dans la vie. Ce n’était plus bien clair, mais toujours était-il qu’elle se sentit dans le besoin urgent de se libérer d’une logorrhée autobiographique.
Quand Madden eut terminé, une vague de lassitude s’empara du peu d’élan qu’il lui restait. La tête baissée, elle esquissa un rictus amer en réalisant le ridicule de sa situation. Pourquoi était-il souvent plus simple de parler de choses si intimes à des inconnus ?
Non loin d’elle, la voix de Micka s’éleva à sa droite, soulevant une interrogation à laquelle Neelie ne s’était pas préparée. Bon, certes, elle ne s’était pas préparée à grand-chose, ayant peut-être parlé ni pour elle, ni à l’attention de son interlocutrice. Mais alors, pourquoi et pour qui déballer tout ça ? Le cœur de la jeune femme se serra brutalement. Elle tenta de se concentrer sur ce que lui disait la quadra’, avec trop de rhétoriques. C’était pourtant avec la meilleure volonté du monde que Neelie essayait de l’écouter. Or, elle galérait vraiment à saisir où l’autre voulait en venir. Il lui faudrait procéder par étapes et repartir de la première question. Le reste suivrait. Plus ou moins bien ; tant bien que mal. « Ce que je définis comme grave ? Je… Je ne sais pas. J’ai balancé ça comme ça… Mais oui, dans l’fond, c’est quand même assez grave d’en être rendue là, non ? Je veux dire : de se sentir aussi flinguée. Sans ça, cette impression, je n’en serai pas à me défoncer comme ça. Parce qu’on ne va pas se leurrer quinze ans non plus : à quoi bon ? Je ne suis pas si naïve… En tout cas, ce ne sont pas ces lendemains-là, ceux post-teufs que je regrette. Eux ne sont qu’une conséquence. Donc je dirai plutôt que ce qui est grave, c’est ce qui te fait tellement mal que t’en viens à vouloir oublier que tu peux souffrir. Au fond, ouais, t’as raison, le grand plan, on s’en tape. Mais quand ton petit plan à toi, il n’a aucun putain de sens, bah, c’est tentant de mettre les choses en perspective, non ? Genre y’aurait une raison à ce que certaines choses se produisent, et ça te fait exister autre part que dans ta douleur… Franchement, y’a des moments j’aimerai croire qu’il y a un Deep State derrière les galères de ma vie… Arf… Par contre, j’ai pas compris ton truc avec les gosses et les idéa… idéations ? » Neelie adressa un regard plus fatigué que perplexe à Micka, et lui offrit l’occasion de rebondir en se repliant dans un silence.

« M’enfin, je ne vais pas te saouler avec ce genre de conneries, t’as mieux à faire j’imagine… Merci de t’être arrêt- » Son interlocutrice lui coupa la parole, alertée par des bruits de pas foulant à une allure soutenue le bitume downfallien. Madden suivit le regard de son acolyte et se pencha sur la gauche, les yeux plissés afin d’affiner sa vision. Est-ce que Chloe était du genre à courir pour elle ? Aucune réponse ne s’imposa à la métisse. Oui, son amie en était capable, si elle était réellement inquiète. Mais en même temps, au téléphone, elle était apparue plutôt gavée de savoir que Neelie s’était échappée pour finir son bad dans la rue, dix blocs plus loin. « Bah, euh… je ne sais pas... Elle pourrait mais ça m’étonnerait. » Les pupilles bien trop dilatées et saturées de lumière, Madden ne parvenait pas à deviner parmi les trois silhouettes qui s’approchaient si l’une d’entre elles pouvait être Chloe. Machinalement, elle se redressa et recula d’un ou deux pas, déséquilibrée. Les yeux toujours plissés, elle tenta d’allonger sa myopie d’une main posée en visière au-dessus de son front. « Je ne pense pas. On dirait plutôt trois mecs… » Le premier était déjà sur elle, et l’évita au dernier moment, avant de poursuivre sa course. Surprise, Neelie fit un pas de côté et fut violemment percutée par une seconde silhouette. Projetée deux mètres plus loin, elle chuta au sol, et se cogna la tête, le réflexe de mettre ses mains ayant été momentanément supprimé. Puis, une voiture, jusque-là silencieuse, sortit du nulle part et dérapa sur le macadam pour s’arrêter à leur niveau, s’imposant de deux coups autoritaires de sirène de police et d’un gyrophare. Se redressant pour s’assoir, Madden se mit à gueuler à l’attention de l’homme qui l’avait bousculée : « Putain. Enfoiré de condé !! »



jet de dé:
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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyJeu 25 Jan - 21:08

Je ne sais pas vraiment si je suis en train de faire l’apogée de sa situation (ou vie, c’est un peu la même chose là, non ?) ou de la mienne. Est-ce seulement important ? Est-ce qu’elle écoute vraiment ? Est-ce qu’elle s’attendait seulement à ce que je réplique à son dialogue de sourds ? Ah non, ça c’est le mien. Elle s’est plutôt le monologue inconscient. Soit par le fait qu’elle n’a pas pigé que ses pensées avaient bel et bien quitté sa bouche (plutôt que de faire la teuf encore un peu plus longtemps dans sa caboche), soit par le fait qu’elle m’a occulté du paysage. Ce qu’elle fait un peu depuis le début de notre rencontre (autant coller un mot sur la chose). T’es là, t’es plus là. T’es là, t’es plus là. Pour finir par l’incontournable : p*tain mais t’es où?!. Et si on pouvait s’abstenir sagement de répondre la première réplique qui nous traverse l’esprit là. Merci bien beaucoup.

Je pourrais, il est vrai, prendre le temps d’une petite introspection. Il y en a qui prétendent que rien n’arrive par hasard. Que cette rencontre (donc) était écrite. Eh bien pardonnez-moi de remettre en doute les prouesses scénaristes de la main divine hein. Mais passons. Tout le chapitre Downfall relève de toute façon de la grosse blague. Alors un peu plus, un peu moins.

Je pourrais donc, ou plutôt : j’aurais pu. Mais c’est sans compter mon interlocutrice super loquace depuis quelques minutes. Je devrais d’ailleurs m’étonner qu’elle m’a laissé en placer une. Voire carrément plusieurs. Tellement même que j’ai bien cru la perdre. Then again, ce n’était peut-être pas nécessairement à elle que je m’adressais. Mais comme elle l’interprète de la sorte, je ne vais pas m’en plaindre. Ce n’est pas déplaisant de se faire écouter pour une fois. N’allons cependant pas trop vite en besogne, ce n’est pas parce qu’elle a entendu qu’elle a forcément écouté pour autant. Ce n’est pas faux. Je lui pardonne. C’est que je n’y ai pas été de main morte sur les mots. Et encore moins sur la quantité.

À son tour donc de répondre à tout ce que je viens de lui balancer. Chacune son tour j’ai envie de dire. Ou encore : tiens comme ça tu ressens ce que ça fait. Là encore, pas certain qu’elle ait capté tout cela. Ni même une fraction de quoique ce soit. Néanmoins, il convient d’applaudir son effort de concentration. Dans sa tête elle doit être en train de faire un rewind en mode qu’est-ce que j’ai dit quand et est-ce que ça colle avec ce que l’autre-là vient de me balancer ? Et oui, l’autre-là c’est bibi. J’ai eu beau lui dévoiler mon nom (ou mon pseudo, as you wish), ce n’est pas pour autant que l’info a percuté. Là encore, je ne m’en offusque aucunement. C’est déjà étonnant que j’ai réussi à la faire sortir de l’ombre sans me prendre la moindre gifle, griffe, insulte ou whatsoever. On pourrait presque parler d’une victoire écrasante. Mais comme il convient de ne pas vendre la peau de l’ours avant de lui avoir troué la cervelle. Ah non, ce n’est pas ça ?

Revenons à notre petite brebis qui fait de son mieux pour suivre la chronologie des faits (à comprendre : mon propre laïus). Et elle énonce des faits criards de vérité. C’est vrai que c’est grave d’en arriver à un point à vouloir oublier combien cette vie peut être chienne. Et encore, je pèse mes mots. Pauvre clébard. Pauvre Bob. Qui doit limite se retourner dans le divan car il a une oreille qui siffle. M’est avis qu’ils ont la belle vie pourtant. Même à traîner dans la rue. Même à devoir se farcir le contenu des poubelles. Bon pas non plus en étant attaché à un radiateur H24, mais là n’est pas la question. Et si un jour je croise l’horrible personnage qui a eu le malheur d’abandonner Bob dans un si piteux état … mais là encore. S’il ne l’avait pas fait, on ne se serait pas rencontrés. On n’aurait pas eu cet ersatz de coup de foudre. Et il ne serait pas en train de foutre des poils dans tout l’appartement en toute impunité.
Cette image m’arrache un semblant de sourire tandis que je retourne à la conversation. Pil ou bon moment. Celui des choses qui nous font exister. Comme quoi, elle a dû lire dans mon esprit. Mais inutile de cafter à ce sujet, elle risque fort bien de me croire si je lui balance ça sans la moindre forme de préliminaires.

Je vais pour lui répondre (à sa définition d’idéation) lorsqu’un bruit de pas un peu plus loin attire mon attention. Mon mouvement entraîne celui de ma voisine qui se penche vers l’avant en plissant les yeux comme si tout à coup elle allait se rendre compte que dans sa banane il y a également une paire de lunettes. Tout en m’informant que son amie avait la capacité de courir, mais ne les mettrait pas pour autant à profit pour elle (j’avais comme un doute merci) ; elle se redresse (tant bien que mal) et vacille quelques pas en arrière (on ne peut pas vraiment parler de marcher à ce stade de l’évolution). Je me laisse inspirer par le mouvement (chacune son tour) et me redresse à sa suite, dépoussière machinalement un peu mes vêtements avant de reporter mon attention vers le trio annoncé par l’indienne (c’est en tout cas ce que m’inspire sa position). Je n’ai cependant que le temps de me retourner que la première silhouette se faufile entre nous avant de filer plus loin. On arrive tant bien que mal à éviter l’altercation. Ce n’est pas le cas avec le deuxième énergumène. Autant moi je m’en sors plutôt bien (ce qui est un exploit en soi), autant princesse Tiger Lilly se le prend de plein fouet. Son corps encaisse le choc tout en l’envoyant à terre quelques mètres plus loin. Son agresseur (appelons un chat, un chat) se prend les pieds dans ses propres jambes, mais arrive pourtant – de manière très artistique – à ne PAS tomber et également à continuer sa route.

Je m’avance vers la femme à terre pour l’aider à se relever (réflexe quand tu nous tiens), mais m’assure quand même de ne pas me faire heurter à mon tour par le troisième coureur. Que je ne vois d’ailleurs nulle part. Alors soit c’est un filou, soit la miss ne sait pas compter. L’un comme l’autre se valent.

Quelques secondes plus tard (le temps de tendre ma main vers l’avant), le bolide policier débarque – tous phares et sirènes dehors. Il y a vraiment de quoi se taper une crise épileptique, d’où le fait que je reste dos tourné vers le véhicule. Déjà il a réussi à freiner avant de nous toucher. Sans conteste à rajouter aux exploits de la journée !

- « Tu ne t’es pas fait mal ? »

J’espère qu’elle comprend que c’est au sens chute que je parle. Pour le reste …

Je vais pour attraper son coude de ma main libre, quand tout à coup je sens une présence dans mon dos. Juste cette fraction de secondes avant l’impact. Celle où ton corps se crispe. Où ta respiration se calle. Ton instinct de survie se met en marche, mais trop tard …
Mon bras libre se retrouve plié dans un angle douloureux dans mon dos tandis qu’un corps étranger se colle au mien et oblige ce dernier à se retourner d’un mouvement sec. Je me ramasse avec violence la lumière artificielle des phares dans les yeux. Je manque de pleurer tellement ça déchire. Mais on (enfin, il) ne m’en laisse pas vraiment le choix que je me retrouve transformée en bouclier humain.
Près de mon oreille, il hurle un truc à l’attention de la flicaille. Truc donc je ne pige ni wish ni wesh tellement le bruit des sirènes me semble assourdissant. Puis, accessoirement, il y a la pointe d’une lame que je sens chatouiller (pour ne pas dire autre chose) ma carotide.

La chance hein …
On en parlait encore il y a quelques instants.
Quelle bonne blague.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyLun 5 Fév - 10:33


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Sans l’avoir voulu, Neelie s’était laissée aller à quelques confidences concernant l’existence qu’elle menait. Or, à peine déclarées, ses confessions s’effacèrent de sa psyché, perdant toute chance d’inscription, devenant nulles et non advenues. Cependant, les remarques et questions de Micka contraignirent la jeune femme à rechercher, dans l’obscurité tenace qui voilait sa conscience, les traces des sillons de pensées empruntés.
Finalement, à sa grande surprise, Madden trouva une multitude de mots pour formuler une réponse - qui ne répondait peut-être pas à la question, puisque celle-ci s’était dérobée à sa mémoire – plutôt étayée. Son interlocutrice demeura pourtant silencieuse, n’ayant certainement rien à ajouter. Un soupçon de lucidité heurta alors la new-yorkaise qui eut l’impression de saisir, pour la première fois depuis une ou deux heures, avec netteté les contours de la réalité. Les effets du produit perdaient en force et tendaient enfin à se dissiper. Posant un regard fatigué sur son interlocutrice, Neelie voulut la remercier de s’être arrêtée pour l’aider. Mais elle fut interrompue avant la fin de sa phrase par une Micka inquiète de l’arrivée au pas de course d’une ou plusieurs personnes. Était-ce Chloe ? Etirant sa silhouette engourdie, Madden tenta d’affiner sa vision pour mieux apprécier les formes qui se dirigeaient vers elles. Elle conclut à l’arrivée de trois hommes, dont le premier – à peine identifié - passa à quelques centimètres d’elle. La surprise bouscula l’équilibre précaire de la vingtenaire. Puis un violent impact percuta son corps.

Quand elle revint à elle – une poignée de secondes plus tard -, Neelie était par terre. La vision trouble, son environnement tournoyait. Portant une main à sa tête, au niveau de sa tempe, elle sentit son crâne pulser. Du sang commençait teindre son cuir chevelu et à couler le long de quelques mèches. Une lumière bleue l’aveugla, tandis qu’une sirène l’assourdit. La police ? Prenant appui sur son autre main, Madden parvint péniblement à s’assoir. Elle chercha du regard l’homme qui l’avait percutée, et se mit à l’insulter sans scrupule, car tout le monde détestait la police. On ne pourrait donc pas vraiment lui en tenir rigueur.
Puis la voix de Micka capta son attention. Tournant la tête – non sans accuser un bref vertige -, Neelie l’observa. Le choc et la sidération entravèrent toute possibilité de réaction. Et le temps qu’elle évalue son état pour lui fournir une réponse, la quadragénaire changea brutalement de position, tordant étrangement son corps. Une silhouette s’était accolée à la sienne. Ce qui était vraisemblablement un homme se mit alors à crier à l’attention des flics. Un écho métallique distordait sa voix. La voiture de police continuait à balancer de la lumière autour d’elle et trois nouveaux coups de sirène retentirent. Hébétée, Madden demeura un instant figée, incapable d’analyser la situation. Micka connaissait-elle ce type qui s’était collé à elle ? Pourquoi les flics étaient là ? Etaient-elles en état d’arrestation ?

Non sans difficulté, Neelie tenta de passer de la position assise à un appui sur ses genoux, afin de se relever. Eblouie, elle lâcha sa tempe endolorie pour protéger ses yeux de la lumière des gyrophares, et utilisa sa seconde main pour s’appuyer sur le mur et se lever. Un bref échange avait été entamé entre l’homme derrière Micka et les flics : tous exigeaient de l’autre qu’ils lâchent leur arme. L’attention étant concentrée sur cette scène, Madden eut l’impression qu’elle pouvait bénéficier d’une certaine liberté et latitude. Or, fuir ne l’effleura même pas. Elle voulait aider Micka. C’était la moindre des choses ! Fourrageant à nouveau dans sa banane en quête de la petite bombonne au poivre qu’elle avait toujours sur elle, Neelie attendit de sentir le contact frais de l’aluminium pour s’approcher le plus discrètement possible du type qui tenait Micka. Puis, d’un nouveau qu’elle voulut le plus vif possible, elle sortit de derrière son dos pour apparaître sur sa gauche et actionna le spray en visant son visage. « Lâche la connard ! »



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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyDim 18 Fév - 21:14

La chance, comme je le disais.
Et le hasard surtout.
Celui-là même qui m’a mené ici, à cet endroit bien précis, prise en tenaille entre un mec armé et un gyrophare épileptique. Car je suis bien obligée de baisser un peu la tête pour ne pas me prendre le tout en pleine poire. J’aurais volontiers détourné le regard, mais il y a – comme qui dirait – un petit problème. Pointu qui plus est. Car j’ai beau ne pas savoir ce que mon assaillant (celui-là même) tient dans sa main, fait est que ça pique. Alors autant je n’ai pas peur de me blesser (ce serait le pompon vu l’historique de mes deux dernières semaines à Downfall – et encore), autant je le sens gros comme une patate qui lui pourrait déraper. J’ai glissé chef. Ça sonne plutôt bien comme petite phrase bateau sur une épitaphe, vous ne trouvez pas ?

Je reste donc stoïque, enfin avec une légère inclinaison de la tête pour ne pas finir aveugle avant l’arrivée des secours. Oh mais suis-je bête ! Ce SONT les secours qui vont m’arracher la vue ! Et l’ouïe pas la même occasion. Quelqu’un pourrait penser à éteindre ces sirènes là non ? Car je suis certaine que mon bourreau improvisé à beau gueuler comme un putois, le son ne passe tout simplement pas ! Et j’ai bien envie de le lui dire, mais c’est risqué de me foutre un bout de métal dans la carotide. Autant la prévision peut paraître alléchante (je vous l’accorde), ne sachant pas où a trainé cette lame … et croyez bien que je connais les carences de l’hôpital en matière de matos. Le tétanos, je vous prie de croire que personne ne sait à quoi ça ressemble et au moins la moitié arriverait à me demander si ça se mange. Ma foi, je n’ai jamais goûté … mais faut-il encore en avoir de stock pour tenter l’expérience !

Je tente de me concentrer sur autre chose. De toute évidence, ma propre vie n’est plus entre mes mains. De là à dire si elle se trouve prestement entre celle du lâche qui m’a transformé en bouclier de chair ou entre celle de la cavalerie … même pas certain qu’eux-mêmes se soient déjà posé la question. Pas certain non plus qu’ils en ont quoi que ce soit à cirer. Je me sens comme un malheureux dommage collatéral. Enfin, je pourrais me sentir ainsi ; si je prenais la peine de m’apitoyer sur mon triste sort. Mais comme ce n’est pas dans mes habitudes (j’ai fait ça assez longtemps quand j’ai sauté le mur) et que je n’ai pas vraiment autre chose à faire : je me concentre donc sur cette autre chose qui s’avère être la femme que le hasard a mise sur mon chemin. À moins que c’est moi qui ait atterri sur le sien ? Alice quand tu nous tiens.

Du coin de l’œil (pour autant que ma position le permet) j’essaie de voir comment elle s’en sort. Je n’ai pas envie qu’elle se mette en danger pour moi. Ce que je la devine fichtrement bien capable de faire. Avec ou sans shit liquide dans les veines. L’un comme l’autre, elle aurait foncé droit dans la gueule du tigre. Certes pas pour les mêmes raisons, mais pourtant avec un résultat semblable. Vu son état précédent, elle est également capable de foncer du mauvais côté. Soit pour courser le mec qui l’a fait tomber (ce que je peux comprendre), soit par souci de synchronisation GPS (ce qui ne serait pas étonnant). Peu importe la direction de ses pensées, je préfère la savoir en sécurité. J’en viens presque à espérer qu’elle est re-rentrée dans la supérette pour aller s’acheter cette fichue bouteille d’eau avec laquelle je lui ai bassiné les oreilles plus que de raison. Même si j’ai fini par l’acheter par moi-même.

Et comme pour répondre à mon appel au secours (celui de savoir si elle va bien ou pas ; pas celui de mon espérance de vie dans les rues pourries de Downfall), un bruit surgit de notre (lui et moi donc) gauche. Monsieur s’avère avoir plus de réflexes que certaines autres personnes dont je ne citerai pas le nom. Ou un instinct de survie vachement plus développé. Peu importe. Est-il qu’il m’entraine dans son demi-tour et … bingo, c’est moi qui me ramasse le jet de poivre en plein dans les yeux.

- « ’TAIN »

J’arrive, je ne sais comment, à récupérer mon bras qui était calfeutré dans mon dos (probablement le combo de nos deux états de surprise) et appuie fermement mes deux paumes de mains contre mes yeux. Je me sens me pencher vers l’avant tandis que les larmes se mettent à couler à flot. J’ai cinquante mille noms d’oiseaux (et autres vertébrés en tout genre) qui me traverse la tête, mais je me mords les dents pour ne pas les exprimer (pour ne pas dire autre chose).
‘Tain qu’est-ce que ça fait mal ce truc ! Il devrait vraiment tester ça en live pendant les séances de self-défense, rien que pour dire de …

Ceci étant, sous l’effet de l’imprévu, le troisième individu a fini par me lâcher et j’ai pu m’éloigner de quelques pas. Aveugle comme une taupe (et dire que ce n’est même pas la faute des flics !), j’ai réussi à trouver appui contre un mur tandis que j’attends que ça passe. Fermer les paupières me fait mal. Je n’imagine même pas ce que ça va donner quand je vais les ouvrir.

Je devrais sûrement me préoccuper un peu de ce qui se trame dans mon dos. Est-ce que le mec a été intercepté ? Est-ce qu’il est toujours armé ? Pourquoi ça continue à crier des insultes à tout va ? Bref, y’a le choix niveau question et interrogation. Pourtant quand je sens une présence s’approcher de moi, et j’espère sincèrement que c’est celle que j’ai en tête, mes premiers mots sont :

- « Tu vois bien qu’il nous fallait de l’eau. »

Et sans attendre confirmation de l’identité secrète de mon interlocutrice (interlocuteur ?) je tends mon bras de côté (en direction de la présence devinée) et rajoute :

- « Passes-moi la bouteille s’il te plait. »

Je vais essayer de rincer ce qui peut l’être.
Pour autant que tu n’as pas jugé utile de la siffler pendant que je ne regardais pas.
Soit parce que tu as compris que ça allait finalement te servir, soit en pensant dur comme fer qu’il y avait autre chose dedans.
Aucun des deux ne m’arrange.
Et encore moins le fait que je ne suis peut-être pas en train de m’adresser à la bonne personne.

Mais je ne suis plus vraiment à ça près …
Si ?

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyVen 23 Fév - 14:20


Et tu feras des grandes choses

quand t'auras trouvé lesquelles


Les deux chevilles verrouillées afin d’ancrer ses pieds dans le sol, en quête de stabilité, Neelie actionna la petite bombonne de gaz au poivre, ordonnant à l’assaillant qui s’était emparé de Micka de la libérer. Le type lui accorda l’attention escomptée, mais eut le réflexe de faire pivoter son bouclier humain avec lui. Traitant la situation avec quelques latences, la new yorkaise ne réalisa que trop tard qu’elle venait d’aveugler la mauvaise personne. « Oh merde, non, désolée ! » couina-t-elle, sincèrement navrée. Neelie relâcha aussitôt la pression afin que le gaz cesse de sortir et recula d’un pas. Micka s’avança alors dans cet espace libéré, soudainement libre de ses mouvements. La métisse profita de la manœuvre pour lui saisir le bras et tenter de l’attirer loin de la nouvelle scène qui s’organisait, et à laquelle elles ne voulaient plus participer. Elles s’éloignèrent donc du mieux qu’elles le purent au regard de leur handicap respectif. Dans leur dos, des cris furent échangés, puis cessèrent tandis que le bruit mat d’un coup porté au corps se fit entendre avant de disparaitre sous les plaintes des sirènes.

Les deux femmes trouvèrent un mur salutaire, à une distance suffisante pour devenir non plus actrices mais seulement spectatrice de l’interpellation en cours. Enfin, seule Madden pouvait assister au spectacle, la quadra’ ayant été réduite temporairement à la cécité. Cette dernière, amère, lui balança qu’elle avait eu raison de prophétiser, un quart d’heure avant, la nécessité d’acheter de l’eau. Elle étira ensuite un bras qui, fendant l’air, cherchait la fameuse bouteille. « Euh, attends… » Neelie orienta son regard en direction du bout de trottoir qu’elles avaient occupé avant d’en être délogées. Ses yeux agressés par les lumières du gyrophare peinèrent à distinguer les deux boissons abandonnées dans le feu de l’action.
Rasant le mur, son dos rappant contre la brique, la métisse s’avança jusqu’aux fameuses denrées. Elle put observer les suites – et longueurs - de l’interpellation. L’homme qui avait utilisé Micka comme bouclier humain était à présent allongé sur le ventre, les mains menottées dans le dos, le pied d’un des flics prenant sa tête en étau avec le bitume. Le type était étonnamment calme. Inerte même... Un second flic se tenait à côté de son collègue, et radio à la main, semblait appeler des renforts. Le troisième policier était revenu sur ses pas, faisant signe qu’il avait perdu la trace de l’homme qu’il poursuivait. Habitée par la tenace impression de pouvoir regarder la scène en cours sans être vue, Madden sursauta quand le flic à la radio lui adressa la parole. Elle ne comprit rien à ce qu’il lui dit, et feint donc de l’ignorer, dans l’espoir crédule que sa présence en soit ainsi oubliée. Se décollant du mur, elle attrapa la bouteille d’eau et la canette d’ice tea laissées sur le trottoir et repartit en courant en direction de Micka.

Revenue vers la quadragénaire, Neelie fut surprise d’entendre le bruit de ses pas se poursuivre alors qu’elle s’était immobilisée. Elle réalisa que la sirène s’était arrêtée. Cependant, les gyrophares continuaient à balayer de leur lumière la rue. « Tiens » dit-elle à l’attention de Micka, affirmant sa présence à ses côtés, et tendant à l’aveuglée la bouteille d’eau demandée.
Une main solide agrippa alors l’épaule de la new-yorkaise et la contraignait à faire volte-face. Trop engourdie pour parvenir à réagir sous l’effet de la surprise, Madden fixa le flic qui s’était approchée d’elle. Il pointa du doigt sa tête, articulant des mots qu’elle n’entendait toujours pas. Un acouphène aigu saturait son audition depuis quelques secondes et s’amplifiait. « Quoi ? J’entends rien avec… » Neelie se tripota l’oreille, comme si elle cherchait à la réparer. « Je… J… »
Puis, plus rien.

Quand elle revint à la conscience, Madden était allongée dans un lit. La pièce était plongée dans le noir. Un étroit rayon de lumière rentrait par une porte entrouverte. Où était-elle ? Et où était… « Micka ? » cria-t-elle, se redressant vivement. Un vertige alourdit alors son corps, tandis que le sifflement strident d’un étourdissement la priva à nouveau de son ouïe. La vision trouble, Neelie aperçut cependant deux silhouettes s’avancer vers elle. « Calmez-vous. Vous êtes à l’hôpital. La police vous y a conduite. Vous avez pris un vilain coup à la tête. Arrêtez de bouger s’il vous plait ». « Micka ? » répéta d’une voix forte la métisse, qui, mue par le désir de partir à sa recherche, voulut se relever. Or des mains entravèrent son mouvement et la maintinrent dans le lit. « Votre amie a aussi été conduite à l’hôpital, elle va bien. Arrêtez de bouger, vous n’êtes pas en état de vous lever. » « Je veux la voir… » Le ton de sa voix ne parvint pas à conserver sa virulence. La sensation d’un malaise imminent l’enveloppa.



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MessageSujet: Re: [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla   [TERMINE] Et tu feras des grandes choses quand t'auras trouvé lesquelles :: Mickaëla EmptyMar 5 Mar - 20:59

J’essaie de me rappeler les cours de self-défense que j’ai pu prendre dans une autre vie. À moins que le pepper spray a été évoqué lors d’un cours d’anatomie de base ? Je ne m’en rappelle plus. Tout est vague. Tout est loin. Et, accessoirement, tout est flou. Très flou. Blurré même. Et ça pique. Et ça brûle. Et ça coule. Là je parle bien du jet de larmes qui m’inonde la moitié du visage. Alors si c’est censé être super efficace comme solution première, je vous prie de croire que je ne suis pas vraiment convaincue. À moins que cela soit pire encore si le corps ne réagissait pas de la sorte ? Vous comprendrez aisément que je ne suis pas vraiment impatiente de tester cette théorie.

Heureusement (oui oui, on peut le dire vu les circonstances) c’est bien la voix de ladite Neelie qui vient à ma rencontre. Mon ouïe n’ayant subi aucun dommage suite à l’attaque surprise (outre le fait qu’elle a été quelque peu bousillée par les sirènes), je reconnais sans mal son intonation. J’arrive même à déchiffrer les quelques mots qu’elle me balance. Et là voilà déjà qui me lâche et s’éloigne en quête du Saint Graal. Comme ça continue à gueuler et à beugler dans mon dos (vu que j’ai posé mon front contre le mur pour ne pas tomber plus bas) je me demande si je n’aurais pas mieux fait de la garder à proximité. Car il y avait bien trois hommes qui couraient en notre direction non ? Et si un des deux décidait de se repointer ? Et s’il était armé ? Oh et puis m*rde, et si je lui vomissais dessus pour changer un peu la donne hein ?!

Non mais ça suffit de me prendre pour punchingball attitré oui ?! Y’en a marre à la fin. Ce sont toujours les mêmes qui douillent. À croire que l’univers a pointé une grosse flèche lumineuse (et clignotante s’il vous plait bien) au-dessus de ma tête. Free entrance. Je vais vous en foutre moi de la free entrance !

Oui je suis fâchée. C’est le moins que l’on puisse dire. Et pas nécessairement sur la jeune femme qui est partie chercher des renforts (oui oui je parle bien de la bouteille d’eau là). Non plutôt sur l’absurdité de certaines situations et le ridicule du cliché qui, à ce qu’il paraît, ne tue pas (à moins que ce ne soit l’inverse, mais cela se tient malgré tout). Si j’avais su ce qui m’attendait ce soir … eh bien force et d’admettre que j’y aurais quand même été. Masochiste dans l’âme, vous ne pensez pas ? Alors peut-être qu’au final, je suis tout simplement fâchée contre moi-même. Contre ce que je suis. Contre ce que je suis devenue. Contre ce que j’ai toujours été. Et un peu aussi contre cette fichue fatalité qui me colle aux basques. À croire qu’à ma naissance on m’a attribué une marraine la fée un peu (euphémisme) gauche. À moins qu’elle ait tenté vainement du me préserver du mauvais sort jeté par la reine noire. Eh oui, Disney a également bercé une partie de mon enfance. Alors si en plus je venais à vous avouer qu’en grandissant j’ai commencé la psychanalyse des contes de fées …

Au moins cette pensée arriver à m’arracher un semblant de sourire-soupire. Le bonheur dans les petites choses. Et la théorie de la relativité aussi. Même si pas forcément dans son application scientifique. Qu’à cela ne tienne !
Pendant ce temps ma sauveuse temporaire vient de se ramener avec la solution à tous mes maux (geeeeeeeeeeeenre). Je lui tends à nouveau un bras à l’aveugle et mets quelques secondes à trouver le plastic frais qu’elle me tend. Je la remercie tout en commençant à débouchonner la bête.

Tandis que je commence à me verser de l’eau sur le visage en me penchant la tête de telle sorte à ne pas tout me ramasser dans le décolleté, j’entends une deuxième voix s’exprimer à proximité. Une voix d’homme. Forte. Un tantinet inquiet aussi. Mais ça c’est peut-être juste mon imagination. Deux secondes plus tard (à quelques bricoles près) j’entends un bruit mat à hauteur du sol. J’essaie tant bien que mal d’ouvrir mes yeux salement amochés. Je confirme : ça pique et ça brûle encore plus que dans leur position fermée. Je distingue les contours vagues d’une forme féminine affalée au sol. Le flic (que je finis par identifier en tant que tel) appelle son collègue en renfort. J’entends des bruits de pas trottiner en notre direction. Je recommence à me verser de l’eau dans les yeux, que j’ai dû refermer vu le pic de douleur. L’homme qui a hurlé se reporte vers moi en attendant ce fameux renfort et se veut rassurant. On va vous amener à l’hôpital, qu’il me dit. J’ai envie de rire, mais de rire.

~ . ~

L’hôpital donc. Où on m’a rincé les yeux avec une solution spécialement prévue à cet effet. Une des rares denrées qu’ils ont de stock à Downfall. Allez comprendre.
Malgré tout, j’ai écopé d’un magnifique pansement sur mon œil droit vu la violence de la décharge. Il faut dire que Neelie visait l’homme dans mon dos et non le bouclier humain qui se trouvait sensiblement plus proche du point d’impact. Résultat des courses, j’ai l’impression de ressembler à un pirate. À cette exception prêt que mon cache-œil n’est ni noir, ni orné d’une petite tête de squelette. Je pourrais toujours demander à Ada de dessiner quelque chose dessus. Si je ne risquais pas de me faire éborgner par la pointe du crayon qu’elle utiliserait.

Bref. L’autre œil ne s’en sort pas trop mal. Il est toujours rouge et un peu gonflé tout autour, mais j’arrive à voir. Et pas que des formes floues et tangentes.
Je m’apprête à me diriger vers l’accueil des urgences (Claudia n’est pas de service ce soir, mais je trouverai bien quelqu’un pour me faire le topo de ce qui m’attend), lorsqu’un infirmier manque de me bousculer en courant vers une chambre. Il se rue par la porte depuis laquelle il me semble percevoir des cris. Je décide de le suivre (ne me demandez pas pourquoi).

Je souris bien malgré moi en découvrant l’identité de la patiente qui est en train de malmener trois grands gaillards qui ont eu la folle idée de vouloir l’entraver. Probablement dans un but louable, mais fait est d’admettre que cela fait pire que mieux.
Je secoue légèrement la tête en m’avançant dans la pièce :

- « Vous feriez mieux de la lâcher, elle va finir par blesser l’un d’entre vous. »

Un coup de pied dans le bide. Une vilaine griffe au visage. Ou encore le bon vieux coup de boule en plein dans la mâchoire. Croyez-moi, un fauve en cage peut en faire des dégâts.

Le personnel soignant hésite un instant avant de se concerter du regard pour lâcher au même moment. Je les remercie et les congédie d’un petit mouvement de la tête en direction de la sortie. Ils ne se laissent pas prier vu le boucan qui résonne depuis un autre couloir.

De mon côté je m’avance vers la patiente et prend place au pied de son lit.

- « Bonjour Neelie, comment te sens-tu? »

Je sais, c’est une phrase bateau. Mais si tu as mieux, je suis preneuse.

- « Tu te rappelles ce qui s’est passé ? »

Outre le fait qu’on t’a supposément foutu une substance illicite dans le verre, que tu as tapé causette avec une poubelle publique et que ton amie Chloé sait courir, mais ne le fera pas pour autant pour toi ?
Ah oui, la copine Chloé … je présume que le pseudo-gérant de la petite boutique aura trouvé à lui expliquer que sa pote a été embarqué par un combi de flics.
Ou pas …

___________
~You were lying in the bathroom
We almost thought we lost you ~
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