[TERMINE] Toujours avoir un plan B

Putain de bordel de merde ! Ça fait même pas encore deux heures que t'as quitté la zone 33 en catastrophe vu le carnage que c'était là-bas mais t'as l'impression que ça fait deux jours tellement le bousin dans lequel t'étais allait à trois à l'heure. Un putain de miracle que les flics t'aient pas choppé quand t'es sortie de la zone ou de Florence ! Mais bon, vu la manière dont ils fonçaient tous vers la zone 33, tu te doutes qu'ils avaient d'autres objectifs dans cette descente que d'arrêter une petite frappe dans ton genre… Aaaah, s'ils savaient qu'à ce moment-là, la petite frappe en question se tirait avec pas mal de matos et de pognon dans son bahut avec un moteur de tracteur… Mais bon, pour le moment, le seul truc qui t'importe vraiment, c'est en finir avec cette connerie de dispatching entre trois autres planques du gang dans le quartier du Watts pour pouvoir rejoindre Kenny dans votre planque à vous. Celle que vous connaissez que tous les deux et dans laquelle vous vous êtes donné rendez-vous quand ce bordel à commencer. Et t'espère vraiment le trouver là-bas… Parce que ouais, si t'es la première à te pointer là-bas, vu le temps que tu prends pour y aller à cause de ces conneries, c'est qu'y a de fortes chances qu'il se soit fait avoir par les poulets.

Mais c'est bon, t'as enfin pu abandonner ton fourgon à la con dans la dernière planque où on t'a demandé d'aller. Bon, t'as toujours pas un bolide, loin de là, mais au moins, t'as pu prendre une bagnole classique, plus légère et donc plus rapide pour dégager de là. T'as essayé de chopper quelques infos auprès des gars présents dans les planques, savoir s'ils avaient des nouvelles, ce qu'ils savaient, tout ça tout ça mais ils en savaient autant que toi. A savoir pas beaucoup du coup à part que ça a l'air d'être une sacrée belle merde cette descente surprise sur le QG des Prayers. Ta caisse d'emprunt, tu finis pourtant par l'abandonner pas loin de votre planque à ton jumeau et toi. Tu t'assures quand même assez rapidement de pas être suivie mais ça a pas l'air d'être le cas, et tu continues ton chemin. Et quelques instants plus tard, t'arrives enfin à ton point de rendez-vous avec ton frère. Frère dont t'aperçois déjà la silhouette un peu plus loin et te tournant le dos - logique vu que t'es passée par l'entrée de derrière pour être sûre d'être tranquille - et qui te fais déjà relâcher un soupir que t'avais même pas conscience d'avoir retenu avant de voir Kenny.

- Bro' !

L'appelle-tu déjà pour te signaler alors que t'accélères déjà le pas pour vraiment le rejoindre. Et dès que t'arrives vers lui, sans même chercher à lui laisser le choix ou quoi que ce soit, tu le prends direct dans tes bras. Ouais tu sais, c'est ton frère - pire même, ton jumeau - et tout ce qui est complicité et tout, ça vous connait bien. Mais ça reste quand même rare depuis que vous êtes plus des gosses que tu le prennes dans tes bras comme ça pour lui faire un câlin ou quoi. Et là, bordel, t'en as vraiment besoin parce que l'air de rien, t'as vraiment eu peur. Pour lui, pour toi, t'en sais trop rien mais ouais, t'as quand même bien flippé et tu sais parfaitement que ça sert à rien de mentir à ce sujet à ton frangin. Surtout à lui d'ailleurs.

- P'tain, ça rassure d'fou d't'voir là.

Que t'avoues même à mi-voix à Kenny avant de te décider à le lâcher. Et à reculer d'un pas aussi au passage. Bon, maintenant que t'es rassurée concernant ton frangin et que vous êtes tous les deux ici, preuve que vous vous êtes pas fait chopper par les flics, tu te dis que c'est le moment de croiser un peu vos infos. Ou du moins, le peu d'infos que vous avez sans doute l'un et l'autre concernant ce qu'il vient de se passer dans la zone 33. Et de faire le point aussi sur qui a été embarqué par les flics ou pas.

- Bordel d'merde, c'était quoi c'bordel ? T'sais si les gars s'en sont sorti ?

Pas besoin que tu lui précise de qui tu parles quand tu dis "les gars", tu te doutes déjà qu'il a compris que tu parles de votre petite bande de potes avec qui vous allez souvent boire un verre ou passer la soirée ensemble à faire les cons. Tu sors même déjà ton téléphone de ta poche pour voir si t'as eu des messages de certains d'entre eux, ou même une putain de répondre de la part d'Olivia mais… Rien. Toujours rien, et ça commence à t'agacer autant qu'à t'inquiéter… Mais bon, au moins, ton frère est là et pas avec des menottes aux poignets donc c'est déjà clairement le plus important à tes yeux.

Oh ça, c'est sûr, t'es bien d'accord avec ton frangin et tu vas pas le contredire. Ces connards de flics avaient clairement pas fait semblant cette fois et ça avait été méga chaud. Pour lui, pour toi, pour vos potes, pour les Prayers… Putain d'enculés ! Ils avaient bien réussi leur coup s'ils voulaient mettre un bordel monstre dans votre QG ces enfoirés de poulets. Et niveau arrestation, ils semblent bien s'être fait plaisir aussi ces trouducs. D'ailleurs, tu ne tardes pas à demander à ton jumeau s'il savait ce qu'il était arrivé aux autres membres de votre petite bande et il te répond presque dans la foulée.  

- Et merde…

Que tu ne peux t'empêcher de soupirer quand tu entends sa réponse. En même temps, vu le carnage que ça a été là-bas, c'est quasi sûr que vous n'avez pas pu tous filer entre les doigts des flics. Et dans la panique, t'as pas vraiment regardé de ton côté où étaient ces têtes de nœuds alors tu peux clairement pas en vouloir à ton frère de pas en savoir bien plus que toi pour le coup. Tout ce que t'espère, c'est que vous allez avoir des infos des uns et des autres au fil des heures qui vont suivre, d'une manière ou d'une autre, pour savoir qui a réussi à se faire la malle et qui s'est fait serrer. A cette pensée, tu jettes d'ailleurs rapidement un nouveau coup d'œil à l'écran de ton téléphone, voir si quelqu'un t'as répondu ou pas… Juste avant de te dire que bordel, va falloir que tu te débarrasse de ce phone si tu veux être tranquille.

Dans le même temps, ton frangin s'est déjà roulé un joint, sans doute pour se détendre vu que tu vois bien qu'il est aussi tendu qu'un string de fillette sur le cul d'une vache. Mais son briquet refusant de marcher, il se met à péter une durite, le balançant à travers la pièce en jurant avant de se relever pour aller chopper un coussin et hurler dedans. Tu dis rien de ça, habituée depuis que vous êtes gamins à le voir décharger de cette manière quand il a trop accumulé. Parfois, tu lui envie même cette capacité à le faire si facilement, te disant que tu devrais faire comme lui… Mais nan, à la place, tu gardes tout pour toi jusqu'au moment où une vanne s'ouvre et que tu décharges tout sur le connard que t'es en train de passer à tabac avec les autres et qui prend clairement tout pour tous les autres qui t'ont cassé les couilles avant lui. Ca ou un coup de speed quand t'es au volant et que du coup, t'as deux fils qui se touchent là-haut et que tu te mets à tenter un truc à la limite du suicidaire… Ouais, la méthode de ton frangin parait un poil plus saine que la tienne. En tout cas, maintenant qu'il va mieux et que tu commences à t'installer en face de lui, il finit par te demander si t'as du feu.

- A ton avis ?

Que tu lui réponds de manière limite cynique tout en sortant déjà ton briquet de la poche de ton jeans avant de lui tendre. Genre toi qui fume comme une putain de locomotive à vapeur, t'as pas un briquet à prêter ? A ton frère en plus ? Tsss, mais il te prend pour qui ce petit con ? Quoi qu'il en soit, après un échange de regard et de sourire complice avec lui, t'en profite aussi pour te sortir une clope. Quitte à fumer, autant le faire en famille nan ? Même si pour toi, ça reste et ça restera à 100% du tabac, mais ça aussi il le sait bien. Mais t'as même pas le temps de récupérer ton briquet pour allumer la cigarette que tu viens de coincer entre tes lèvres que Kenny est déjà en train de te demander ce que vous allez faire maintenant. Bon, en vrai, il enchaine assez vite sur la suite pour faire clairement un état des lieux de la situation qui est bien pourrie, tu lui accordes bien ça. T'allumes quand même ta clope un peu avant qu'il ne finisse son petit speech et t'expire tout juste ta première bouffée de tabac quand il termine.

- On f'ra c'qu'on fait toujours : s'adapter.

Que tu commences à lui répondre d'une voix assez calme et presque même super sûre de toi en gardant ton regard braqué dans le sien. Merde, depuis quand t'es capable de ce genre de truc ? Normalement, c'est plus son truc à lui de paraître méga sûr de lui au point de pouvoir faire croire ce qu'il veut à qui il veut. Mais bon, là, tu sens bien que c'est un peu à toi de tenter de jouer à la "grande" sœur rassurante. Du coup, ton regard toujours dans celui de ton frangin, tu te penches légèrement pour appuyer tes coudes sur tes cuisses tout en reprenant déjà la parole pour lui apporter un peu plus de réponses que ça.

- L'garage est clean normalement. On devrait pas pouvoir m'casser les couilles à propos d'ça et l'peu qu'j'ai qui pourrait m'foutre dans la merde, j'compte bien l'cramer dès qu'j'irais. Donc dans la soirée j'pense, tant qu'ils sont toujours tous occupés à Florence.

Parce que bon, pas besoin d'avoir fait des études jusqu'au bac pour savoir qu'ils allaient en avoir pour un moment en vrai sur la zone 33. Ouais, ils vont tous pris par surprise ces connards avec leur opération coup de poing mais le temps qu'ils fassent une descente de tous les locaux, qu'ils trient ce qu'ils veulent embarquer comme preuve ou pas, ils sont clairement là-bas jusqu'au petit matin au moins. Et vu les effectifs que cela doit mobiliser, ça te semble parfaitement jouable d'aller au garage dans la soirée pour faire un petit feu de joie avec ce qui pourrait te foutre dans la merde. Ouais, bon, tu sais, tu ne réponds pas complètement à ton frangin, là, mais au moins, tu sais que vous avez au moins un plan B sûr d'assurer si jamais ça devient beaucoup trop chaud pour vos culs. Après tout, légalement parlant, ton frangin est considéré comme un employé du garage lui aussi. Après, qu'il vienne y bosser que quand il en a envie et se fait chier, ça c'est une autre histoire qui regarde pas ces connards de flics… Pas vrai ? Merde, pour le coup, tu commences à avoir un doute… Ok, faudra que tu vois avec Livia, c'est elle la tronche dans ce genre de délire… Enfin… Si elle s'est pas faite coffrer en même temps que les autres. Mais bref, tu verras ça plus tard, pour le moment, tu réponds à ton frangin sur ce que vous allez faire concernant les autres empaffés qui vont croire que c'est open bar pour vous piquez du business.

- Et si ça s'bat pour rester en place, bah on s'battra. Et si ça s'casse la gueule et qu'd'autres en profitent, bah… On verra comment on peut s'en tirer.

Lances-tu en haussant des épaules et en te laissant aller dans ton fauteuil pour caler ton dos contre le dossier. La loyauté aux Prayers ? Oh, t'en as, faut pas croire. Mais c'est compliqué à ton sens de rester loyale à quelque chose de mort alors… Ouais, si ça se casse la gueule et que vous apprenez que les Prayers se sont fait laminés, t'auras aucun problème pour changer de camp si nécessaire. Ta priorité, ça reste ta putain de survie. La tienne et celle de ton frangin. Et vu vos talents respectifs, ouais, si ça se pète bien la gueule en beauté et que d'autres trouducs cherchent à reprendre les territoires des Prayers, tu te fais pas trop de souci sur le fait de trouver des gens prêts à vous faire bosser, anciens Prayers ou pas. Et si c'est pas le cas bah… Ouais, y a toujours le plan du garage. Bordel de merde, qu'est-ce que t'as bien fait de l'acheter y a plusieurs années celui-là !

- Mais bon, faut d'jà qu'on sache l'importance des dégâts qu'ces connards ont fait.

Et ça, tu sais bien que vous allez mettre un peu de temps pour avoir des réponses. Le temps justement que vous ayez des nouvelles d'un peu tout le monde, que ces enfoirés finissent de retourner la Zone 33 et ce genre de conneries… En tout cas, c'est clair que si jamais un rappel des troupes vient à être sonnée par quelqu'un, vu le bordel que c'était tout à l'heure, tu te doutes bien qu'il y aura nettement moins de monde qui seront là qu'il y en aurait eu ce matin.

Faut bien l'avouer, cette putain de descente de flics sur la zone 33, c'est vraiment un coup de massue. Toi qui pensais le cartel pratiquement intouchable bah là, la réalité vient plus ou moins de se rappeler à ton bon souvenir en te collant une sacrée droite dans la tronche. Mais bon, au moins, ton frangin est là, avec toi, et aucun de vous deux ne fait partie de ceux qui se sont fait embarquer par les poulets. Vous êtes en sécurité tous les deux dans cette planque. Du moins, tu l'espères, même si tu y crois vraiment. Et vous en profitez aussi pour essayer de commencer un peu à dresser le tableau d'à quel point c'est la merde. Mais sans avoir toutes les infos, faut bien avouer que c'est compliqué. Du coup, vous restez quand même focaliser sur votre intérêt à vous, votre situation à tous les deux. Parce qu'au final, y a que ça qui est vraiment important pour l'heure, non ? Votre survie à tous les deux.

Tu hoches un peu de la tête quand ton jumeau reprend la parole. Parce que t'es assez d'accord avec lui, t'as rien à rajouter de plus. C'est lui qui est le pro pour tout ce qui touche au deal ! Toi, ta spécialité, ça reste la conduite et le transport de la marchandise. Et ça, si y a pas ton frangin pour assurer après, ça sert à rien d'y penser. Mais clairement, tu penses pas que beaucoup d'entre vous, les convoyeurs, vous en êtes sortis de ce putain de coup de filet. Vu que ça commençait à rappeler un max de conducteurs pour vider autant que possibles les lieux, et que t'as réussi à te sortir de là limite de justesse alors que t'étais déjà sur place dès le début de cette merde donc une des premières à partir… Ouais, tu donnes pas cher du sort des autres convoyeurs arriver plus tard. Bordel, fait chier ! Tu sais bien que, comme Kenny te l'a dit, vous avez de quoi voir venir en vrai et de quoi rester discret un moment niveau thune. Mais merde, tu sais aussi que ça veut dire que tu vas plus pouvoir te permettre autant que folies qu'avant. Pour les trucs du quotidien en vrai, ça t'impacte pas plus que ça, t'as toujours continué à vivre comme si t'était une des pauvres du quartier, mais pour tout ce qui concerne les extras à côté et les petits plaisirs… Ça, c'est autre chose. Et tu sais bien que le garage va pas suffire à vous faire gagner autant de pognon que les Prayers mais bon, c'est déjà mieux de rien comme pour certains.

- J'crois qu'là-d'sus, j'te suis quand tu veux bro.

Réponds-tu avec un léger sourire en coin quand il s'agit de picoler pour tenter d'oublier. Tu sais bien que c'est faux, que t'oublieras pas, ou pas assez longtemps en tout cas, mais bon… Ça fait quand même du bien, au moins au moral. Mais bon, t'as même pas le temps de lui demander s'il a planqué une ou plusieurs bouteilles ici qu'il reprend déjà la parole pour te dire qu'il va reprendre du service avec la dépanneuse du garage.

- Comme à l'époque bro.

Que tu répètes presque à l'identique de lui, de nouveau un léger sourire aux lèvres, comme une façon de lui montrer que t'es plus qu'ok pour tout le plan qu'il vient de t'exposer. T'as beau être la proprio officielle du garage, c'est votre nom à tous les deux qu'il porte. Et tu sais parfaitement que sans ton frangin à la dépanneuse - et avec toutes les petites magouilles que vous avez pu faire tous les deux avec cette sacrée dépanneuse aux débuts du garage - il serait peut-être pas aussi actif qu'il l'est aujourd'hui. Alors ouais, t'as aucun souci à voir ton jumeau revenir bosser avec toi et la dépanneuse, au contraire même. Tu lui dois bien ça déjà et en plus, bordel de merde, c'est ton jumeau, ta moitié ! Quant au reste, ça rejoint clairement ce que tu lui as dit tout à l'heure : vous allez faire comme d'hab' tous les deux, vous adaptez pour survivre. Mais survivre à deux, toujours. Un Hargreaves en cache toujours un autre comme disent les gars, alors autant leur donner raison. Et même leur montrer qu'un Hargreaves arrive toujours à s'en sortir quand l'autre est avec lui. Vous êtes pire que des cafards et vous allez encore une fois le prouver, t'as pas trop de doutes là-dessus.  

- Tsss, t'dis ça juste parc'que j'traine avec la Princesse et Ollie. Mais j'te signale qu'elles étaient sans doute là-bas elles aussi. Ca s'trouve, elles s'sont faites embarquer avec les autres.

Tu ricanes presque ça quand il laisse entendre que t'auras des infos sur ce qu'il se passe là-haut avant lui. Ouais, tu sais bien qu'en vrai, le grand manitou dans la rue, celui qui sait tout ce qui s'y passe et tout le bordel, c'est lui. Pendant que toi, sans que tu saches trop comment tu t'es démerdée pour y arriver, t'arrives toujours à avoirs des infos d'en haut et la possibilité d'ouvrir ta gueule pour dire ce que t'as à dire à tes contacts dans les hautes sphères du cartel. Sans doute le fait d'avoir servi de taxi pendant plusieurs années à celle qui est devenue numéro 2, comme tu viens si bien de le laisser sous-entendre en parlant encore d'elle sous le surnom de "Princesse" que tu lui donnes depuis le premier jour. Sans parler d'Olivia aussi, qui a su trouver le moyen de se faire bien voir par les grands elle aussi et d'en devenir une de façon plus ou moins flous. Merde, voilà, en reparlant d'elles, tu recommences à t'inquiéter un peu de ce qu'elles ont pu devenir… Surtout que, comme tu viens de dire, t'as pas vraiment de preuves pour le moment qu'elles ont réussi à sortir de la zone sans menottes aux poignets. Un bref message de Livia qui date de bien trop longtemps maintenant pour être sûre qu'elle a pas été arrêté et toujours aucune foutue nouvelle d'Ollie. Con de sa mère, genre c'est le jour pour jouer les mortes !

- Mais ouais, t'inquiète, j'te tiens au jus si j'ai des news.

Que tu finis quand même par dire à ton frère, un peu plus sérieusement. Vous formez une équipe après tout, c'est quasiment impossible d'espérer bosser avec l'un sans avoir l'autre dans les pattes aussi. Et ouais, de vos différences, vous avez su en faire des forces depuis un moment. Comme t'as dit, lui, c'est le grand patron dans la rue, à toujours savoir ce qu'il s'y passe et savoir quoi faire pour se mettre les gars qui y trainent dans la poche. Toi, va savoir pourquoi ou comment, t'as réussi à charmer un peu les grandes huiles pour avoir les infos du haut et transmettre celles qui viennent d'en bas pour se faire vraiment entendre quand y a besoin. Un putain de travail d'équipe qui fait de vous une sacrée charnière l'air de rien - ouais, on va faire semblant 2 minutes que tu sais ce que veut dire ce mot - qui pourrait bien permettre de faire tourner plus faciles des affaires, que vous vouliez le reconnaitre ou non. Mais bon, ça va pas vous empêcher de vous retrouver avec un putain de boulot à faire pour espérer reprendre votre petit quotidien auquel vous vous étiez bien habitués l'air de rien…

Enfin, ça devrait aussi dépendre de l'état dans lequel vont se retrouver les Prayers après ce grand coup de lattes dans les burnes mais bon, ça, t'as pas encore les infos alors c'est compliqué de savoir. Une réflexion qui te fait pousser un long soupir alors que tu te décides enfin à allumer ta clope en même temps. Tu te laisses allez dans le fauteuil dans lequel t'es installée et bascule ta tête en arrière au moment d'expirer ta bouffée de fumée, restant comme ça encore quelques secondes, sans bouger, avant de reprendre la parole.

- T'crois qu'il va falloir qu'on déménage ? Genre pour s'mettre à l'abri ?

Vu que t'as pas la moindre idée de ce qu'ils peuvent avoir trouvé, ces connards de flics, tu sais pas trop si vous avez besoin de vous planquer ou pas tous les deux. Après tout, vous êtes que des petites mains parmi tant d'autres dans le cartel, malgré votre grande gueule et vos connexions. Alors qui sait si les flics ont bien vos noms sur leur liste de "à abattre" ou pas ?

- Et pareil pour Mamie Zine ? Et Maman ?

Que tu continues de demander à ton frangin sans même lui laisser le temps de répondre à ta première vague de question ? Mais bon, l'un va un peu avec l'autre, non ? Genre pour leur sécurité à elles, faut bien se l'avouer, mais aussi et surtout pour la vôtre. Parce que bordel, ce serait facile pour les poulets de les mettre sous surveillance s'ils savent où elles vivent et avoir plus qu'à attendre que vous vous pointiez chez une des deux pour vous cueillir.

- P'tain par contre, si j'dois m'débarrasser d'ma caisse, j'bute quelqu'un !

Ajoutes-tu rapidement en te redressant d'un seul coup pour bien faire comprendre que ça, c'est inenvisageable à tes yeux. Déménager, pas de souci, changer de nom le temps que ça se tasse, pourquoi pas. Eviter les lieux que tu fréquentais jusque-là pendant quelques temps, ok, tu peux le faire. Mais vendre ta bagnole ? Hors de question ! Tu préfères de loin buter quelqu'un et finir en taule que ça !... Ouais, tu sais, tu as parfois un étrange sens des priorités.

T'as pas tardé à imiter ton frère et à te mettre à fumer toi aussi. Même si dans ton cas, ça reste une cigarette parfaitement classique et 100% tabac là où Kenny a rajouté de l'herbe. Tu le sais, il le sait, tout le monde le sait alors pas besoin de faire genre "quoi ? Vraiment ?". Mais bref, on s'en fout. T'es en train de souffler une bouffée de fumée de ta clope quand tu l'entends te répondre que si c'est pas Ollie et Livia, ça en sera d'autres qui seront là-haut donc que t'auras quand même moyen de gratter des infos. Un truc qui te fait direct soupirer de manière clairement pas d'accord avec les paroles de ton frangin.

- Sauf qu'avec elles, j'ai mes entrées ! C'qui est pas l'cas avec tous les autres trouducs d'là-haut.

Que tu grognes presque en guise de réponse. Parce que ouais, ton jumeau peut bien penser ce qu'il veut, t'es pas non plus totalement en odeur de sainteté avec tous les gros bonnets du gang, certains peuvent même pas te voir en peinture, et l'air de rien, c'est pas facile de te faire accepter d'eux. Surtout vu d'où tu viens et ce qu'en pense ces connards pour la plupart. Non, clairement, faut que t'espères qu'Ollie et Livia vont bien parce qu'elles restent de loin tes meilleures chances d'avoir des infos de ce qu'il se passe dans les hautes sphères du gang. Si c'est quelqu'un d'autres, ça va être une tout autre histoire et suivant qui c'est, même pas sûre que t'aies envie de tenter de te faire ta place dans son entourage pour avoir les infos qui peuvent vous intéresser Kenny et toi.

Mais bon, pour le moment, t'as pas vraiment de pouvoir là-dessus alors tu préfères penser à autres choses. Des choses sur lesquelles tu peux avoir au moins un peu d'influence pour sauver ton cul et celui de ton frangin. Même si vu votre état de nerfs à l'un et l'autre, tu préfères quand même t'ouvrir à lui et balancer toutes les questions à la con qui te viennent à l'esprit. De toute façon, c'est ton frangin, ta moitié, alors t'as pas vraiment besoin de forcer plus que ça pour que ça sorte ! Si tu dis rien quand il te parle de vacances, tu peux pas t'empêcher de claquer légèrement ta langue contre tes dents, de manière à montrer que t'es pas vraiment des plus ravies. Enfin, si, t'es contente de pouvoir garder ton appart - quoi que ? - vu qu'au final, vous êtes que des petits noms parmi le gang Kenny et toi, mais quand même… paye tes vacances pourries ! Après, concernant votre mère et votre grand-mère de cœur, tu peux pas vraiment t'empêcher de rouler des yeux en entendant son sous-entendu. Bah, c'est toujours mieux faire que ça et de pas laisser échapper un "je t'emmerde !" même si tu sais que ça reste ton frangin et qu'il y a peu de chance qu'il le prenne vraiment mal. Surtout venant de toi et pour parler d'elles, même si tu sais très bien qu'il se montre plus distant que toi avec elle et que tu sais aussi pourquoi. Particulièrement pour votre mère d'ailleurs et c'est bien pour ça aussi que tu lui en veut pas et même que tu le comprends. A sa place, c'est sûr et certain que t'aurais agi pareil alors ça serait complètement con de lui en vouloir pour ça. Mais quand il en vient à te répondre à propos de ta caisse, tu te mets à hausser légèrement des épaules. Nan, t'as jamais utilisé ta bagnole pour des convois ou des trucs pas clairs pour le gang. Mais bordel, tout le monde sait très bien dans le quartier que ça reste ta caisse. C'est pas vraiment comme si tu t'en cachais, fière comme t'es d'avoir réussi à mettre la main sur ce petit bijou à tes yeux.

- Ouais, d'jà prévu pour les plaques… Et pour la peinture, ça m'permettra d'tester l'bleu comme j'hésitais à l'faire.

Finis-tu pourtant par dire en haussant de nouveau les épaules concernant le fait de changer la peinture. En soit, ça sera pas un camouflage de l'extrême ou un truc de ce genre qui te permettra de la mettre de manière parfaitement sûre à l'abri, vu que tu es plus que bien placée pour savoir que ce modèle de bagnole court clairement pas les rues à Donwfall. Mais bon, ça reste déjà mieux que rien et en soit, vu qu'il y a très peu de chance que ces connards de flic aient le numéro de série de ta bagnole ou même pense à le vérifier, tant que tu changes les plaques et qu'ils ont pas de preuves formelles que tu l'as fait, ils peuvent rien faire contre toi par rapport à cette bagnole. Et vu que tu sais très bien comment faire disparaitre les anciennes plaques sans laisser de traces, c'est clairement pas un souci. Et heureusement parce que bordel, t'aurais pété une pile si Kenny t'avais répondu que ouais, par sécurité, il valait mieux se débarrasser de ta bagnole.

Il a pas tort ce con : ça sert à rien de trop réfléchir pour le moment. Vous avez pas toutes les infos et vous savez donc pas en vérité ce que vous risquez ou pas tous les deux. Pour le moment, vous vous êtes assurés de vous mettre à l'abri et tu comptes bien faire la même chose avec ton garage dans pas longtemps pour qu'on puisse pas venir t'emmerder avec ça et que tu puisses le garder. Qu'il vous reste quand même un petit quelque chose pour gagner votre vie si jamais c'est vraiment la fin du gang. Mais trop réfléchir à la suite, ouais, ça sert à rien tant que vous n'en savez pas plus. Alors tu t'enfonces un peu plus dans ton fauteuil, tirant une nouvelle taffe sur ta clope pendant que ton jumeau se lève pour aller chercher de quoi vous soulez la gueule. Et quand il finit par revenir avec une bouteille de whisky et qu'il vous sert plus que nécessaire pour un premier verre, tu fais pas le moindre commentaire là-dessus. Au contraire même, ton petit sourire veut clairement dire que t'approuve totalement son geste et que t'es bien décidée à le suivre pour te mettre la tête à l'envers avec cette bouteille ce soir.

- Ouais, tout pareil.

Te contentes-tu de lâcher en attrapant ton verre pour porter un toast avec lui à tout ce qu'il vient de dire. Ouais, là encore il prouve que le beau parleur entre vous deux, c'est lui. Logique en même temps pour un chanteur mais bref, on s'en branle pour ce soir. Juste le temps de claquer votre verre l'un contre l'autre et vous voilà déjà en train de faire en sorte de le vider d'une traite. Genre comme si c'était un concours entre vous, même si tu sais d'avance que nan, c'est pas ça, pas entre vous. Juste un moment où vous décidez de lâcher prise tous les deux et de vous éclater comme vous pouvez, au moins pour ce soir. Demain sera un autre jour… Un jour qui vous trouvera sans doute avec une bonne gueule de bois mais un jour où vous aurez aussi peut-être plus d'infos sur la suite…

Ouais, demain sera un autre jour mais pas pour autant votre dernier, là-dessus, t'as aucun doute. Il en faut plus que ça pour se débarrasser de jumeaux Hargreaves !