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 [TERMINE] A connard, connard et demi

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Sinéad Alder
Sinéad Alder
JUSTICE
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MessageSujet: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptySam 14 Oct - 11:38

A connard, connard et demi
Janvier 2023


Tu n'as réagi que sur le tard par rapport à bien d'autres concernant ce qu'il s'était passé il y a quelques semaines à peine à Van Nuys. Mais vu l'heure à laquelle cette prise d'otage qui a précipité la chute de Gallagher, enfin, a eu lieu, et sachant que tu n'étais pas de permanence à ce moment-là, est-ce vraiment surprenant ? Même si certains en doute, tu n'es pas un robot et tu as besoin de dormir parfois ! Alors oui, tu ne l'avais appris qu'au réveil en découvrant la douzaine d'appel en absence que tu avais reçu entre 2h du matin et l'alarme de ton réveil, mais autant dire que depuis cet instant-là, tu avais l'impression d'être constamment sur le pont, encore un peu plus surchargée de travail, mais encore un peu plus décidée à ne rien lâcher malgré tout ! Après tout, ce connard de Gallagher avait enfin fait une erreur. Une énorme erreur même ! Et cela avait largement suffit pour que Holloway puisse enfin lui tomber dessus, à lui et à toute sa bande - ou presque, étant donné que Firth était toujours en cavale malgré le mandat d'arrêt contre lui - pour le mettre derrière les verrous. Alors oui, maintenant, c'était à toi de t'assurer qu'il allait y rester, et pour un long, très long moment, et tu n'avais pas l'intention de te planter à ce niveau. Bien au contraire, tu ne sais que trop bien que c'est ta meilleure chance pour prouver totalement ta valeur et montrer que tu mérites largement la place toujours vacante de Procureur Général de la ville.

Tu es cependant confronté à un gros problème. Outre le manque de temps et la corruption omniprésente à Downfall, tu manques surtout de personne prête à témoigner contre ce chien et sa meute. Ce n'est pas faute d'avoir essayé de remuer ciel et terre et de chercher à faire comprendre Ô combien de fois que sans ça, tu ne pourras pas faire plonger Gallagher aussi longtemps que tu le voudrais. Tu pensais trouver des alliées naturelles, fiables et aussi déterminées que toi chez les Blackened Beauties ! Après tout, depuis le temps que ce salopard leur mène la vie dure, tu pensais sincèrement que voir qu'une femme comme toi était bien décidée à les soutenir pour le mettre à l'ombre jusqu'à la fin de sa vie les convaincrait de t'aider. Mais que nenni… Entre leurs méfiances envers les forces de l'ordre, même si tu es bien plus du côté de la justice que des forces de l'ordre à proprement parler, et l'incarcération de leur cheffe de la sécurité - de ce que tu as compris en tout cas -, les Sirènes de Downfall ne semblaient absolument pas motivées ou même juste prêtes à te parler. Et là encore, ce n'est pas faute d'avoir essayé de les approcher. Mais rien à faire… Fort heureusement, Holloway avait accepté de t'aider encore une fois, soucieux lui aussi de s'assurer que Gallagher resterait derrière les barreaux à n'en pas douter. Il t'avait simplement dit qu'il allait essayer d'interférer en ta faveur auprès des quelques Blackened avec qui il avait réussi à avoir de bons contacts, de leur faire comprendre l'importance de ton travail dans cette affaire qui n'était pas encore finie quoi qu'elles puissent en penser. Et ce n'était que quelques jours après ça qu'il t'avait rappelé pour te dire que l'une d'entre elles était d'accord pour te rencontrer. De quoi t'arracher un soupir de soulagement. Ce n'était pas encore l'idéal, c'est vrai, mais tu essayais de te dire qu'une personne, c'était toujours mieux que rien. Et que surtout, si tu arrivais à lui faire comprendre tout l'enjeu derrière son témoignage et le fait que plus tu en aurais, plus tu pourrais t'assurer que Gallagher paye, elle trouverait sans doute mieux les mots que toi pour convaincre les autres Blackened et habitantes de Van Nuys de venir témoigner elles aussi.

Un rendez-vous avait donc rapidement été convenu entre elle et toi, toujours avec Holloway en intermédiaire. Et bien sûr, à ce rendez-vous, tu y arrivais en retard alors même qu'il se déroulait à ton bureau. Mais une foutue audience de dernière minute était venue complètement bousculer ton emploi du temps et tu étais désormais en train de remonter des salles d'audiences au rez-de-chaussée du palais de justice, au troisième étage pour rejoindre ton bureau, aussi vite que possible sans pour autant te mettre à courir non plus. Et les bras chargés de dossier, comme toujours mais Anja et Rachel étaient toujours les premières à plaisanter sur le fait que tu semblais incapable de te déplacer sans en avoir au moins un avec toi. Avec donc une bonne dizaine de minutes de retard, tu finis par arriver dans le couloir menant à ton bureau et par lâcher un soupir de soulagement en remarquant la jeune femme blonde en train d'attendre pas loin de ta porte. Toi qui avais si peur que, face à ton retard, elle ne soit déjà partie et ne perde pas de temps pour dire aux autres que finalement, toi aussi tu n'en avais rien à faire d'elles et de ce qu'elles avaient pu vivre à cause de Gallagher.

- Mademoiselle De Souza ?

Ne tardes-tu pas à l'interpeller alors qu'il te reste encore une petite dizaine de mètres à faire pour la rejoindre. Mais c'est presque comme si tu avais peur qu'elle ne puisse encore décider de partir face à ton retard. Parcourant rapidement les derniers mètres entre elle et toi, tu es déjà en train de t'arranger pour caler comme tu peux tes dossiers contre toi et d'un seul bras pour te libérer la main droite, que tu tends immédiatement vers elle quand tu arrives à son niveau.

- Sinéad Alder, assistante du procureur.

Une présentation succincte mais qui te semble suffisante malgré tout pour lui assurer que si, tu es bien là malgré tout. D'ailleurs, tu sais parfaitement reconnaître quand des excuses sont nécessaires - cela fait un peu partie de ton travail après tout - et tu ne tardes pas à enchainer.

- Désolée du retard, et merci d'être venue. Rares sont vos sœurs de Van Nuys qui ont accepté de me rencontrer.

Tout en lui disant ça, et en décidant aussi de garder pour toi combien tu aurais aimé faire bien plus pour être sûre d'etre à l'heure et que tu n'aurais sans doute pas supporter l'idée de rater votre rendez-vous, tu ouvres la porte de ton bureau avant de récupérer les clés et de l'inviter d'un geste de la main à y entrer. Avec un nouveau soupir un brin fatigué, tu fais rapidement le tour de ton bureau et y dépose sur une pile déjà suffisamment haute comme ça les dossiers que tu avais à la main. Si tu invites d'un nouveau geste de la jeune femme à s'installer dans un des deux fauteuils face à ton bureau, tu ne t'assois pas pour autant de ton côté. Non, à la place, tu te diriges directement vers un de tes placards, fermé à clé lui aussi. Le temps de l'ouvrir et d'en sortir l'épais dossier portant le nom de Gallagher, tu reviens ensuite derrière ton bureau en le laissant tomber dessus. Un nouveau léger soupir fatigué de ta part, mais quand même bien déterminé malgré tout, et tu finis enfin par l'ouvrir tout en relevant déjà ton regard vers la blonde te faisant face.

- Avant de commencer, si vous avez la moindre question, même pendant notre entretien, n'hésitez pas à la poser.

Précises-tu assez rapidement au cas où elle en ait déjà. Après tout, tu sais que même si pour toi, tout cela semble une évidence, le monde juridique ne l'est pas forcément pour la plupart du commun des mortels. Et tu n'as pas non plus envie de la braquer en lui disant quelque chose qui pourrait laisser sous-entendre que tu la prends pour une idiote qui ne comprend rien à rien alors que ce n'est pas le cas. Tu veux simplement qu'elle se sente suffisamment en confiance pour savoir que tu es prête à répondre à ses questions et que tu as l'intention d'être la plus transparente possible à propos de ce dossier. Ce n'est que comme ça, selon toi, que vous pourrez réussir à avancer ensemble dans toute cette histoire pour s'assurer que Gallagher reste en taule le plus longtemps possible.


___________

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Dernière édition par Sinéad Alder le Mar 7 Mai - 19:25, édité 1 fois
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Solveig De Souza
Solveig De Souza
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MessageSujet: Re: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptyVen 27 Oct - 19:59

Dormir. Voilà à quoi je pense quand je pose ma tête sur le bureau du cabinet que j’occupe au Naughty, trop peu souvent à mon goût. Qui verrait que derrière la porte close, je suis en réalité en train de me taper une sieste, et pas en pleine consultation, en train de faire un inventaire, réviser un cours, ou faire n’importe quoi d’autre. En réalité, je pourrais faire tout ça. Je devrais faire tout ça. Mais la fatigue me donne juste envie de fermer les yeux, et de plus les rouvrir avant ma prochaine patiente. Est-ce que j’ai conscience de tirer un peu sur la corde, de tester méchamment sa résistance ? Ouais, possible. Probable aussi que j’ai songé plus d’une fois à arrêter mon activité ici, auprès des frangines, mais que je sois pour l’instant incapable de sauter le pas, sans même trop savoir pourquoi. Ou plutôt, sans trop accepter le pourquoi j’hésite autant. Je sais que cette petite pièce, ces quatre murs qui appartiennent qu’à moi, c’est parfois le sens contact qu’ont certaines Blackened avec un corps médical, parce que l’hôpital coûte cher, que c’est plus facile de faire confiance à une autre soeur, ou je sais pas quelle autre raison. Et je peux pas nier éprouver plus qu’un soupçon de culpabilité à l’idée de leur retirer ça.

Quand la dernière Blackened Beauty passe la porte du cabinet, on reste enfermées presque vingt minutes, le temps que je soigne ses brûlures, et lui refasse des bandages propres, en lui disant de pas attendre la prochaine ouverture ici pour les changer. J’aime pas trop faire ça, mais je lui dis de passer à l’hôpital, et de me demander, ou de demander Riley, et on jettera un œil avant que ça s'infecte. Est-ce que pour la convaincre de venir je grossis le truc, parle de vers, de peau noire et d’autres trucs peu ragoutant de cet acabit ? Absolument. Bien sûr que je sais que c’est pas cool. Mais je sais aussi que sans ça, elle va laisser traîner les choses, et se souviendra qu’elle doit faire une visite de contrôle quand il sera trop tard. “-N’oublie pas de m’appeler tout de suite si tu as de la fièvre, si tu te sens nauséeuse, ou faible.” Et même si elle me certifie que oui, elle le fera, je suis pas certaine d’y croire vraiment. C’est compliqué d’admettre que parfois, même avec toute la bonne volonté, on peut pas aider les gens s’ils ont pas décidé d’y mettre du leur.

Un coup d'œil à ma montre, et je me dis que j’ai tout juste le temps de prendre un café avant d’aller à mon rendez-vous de cette aprem. Je sais pas pourquoi cette perspective me rend nerveuse, comme à chaque fois que j’y pense. Pour chasser cette sensation oppressante, je souffle longuement tout l’air que contiennent mes poumons, secouant légèrement mes doigts comme si ce léger mal-être allait s’échapper par le bout de mes phalanges. C’est juste…une espèce de discussion. Voilà, il faut que je me dise ça. Cette nana de la justice et moi, on va discuter. De Gallagher, des meurtres et agressions des frangines, de son arrestation, mais ce sera juste une discussion. Rien de bien méchant. Je sais pas qui j’essaie de duper avec mes conneries, mais je finis par ranger mon bureau au carré, comme toujours, avant de refermer la porte à clé, sur laquelle je scotche la prochaine date d’ouverture.

Accoudée au comptoir du Naughty, je commande un café à une des frangines, envisageant sérieusement pendant quelques instants d’y glisser quelques gouttes d’un remontant capable de me filer un peu du courage dont j’ai l’impression de manquer aujourd’hui. Au lieu de ça, je discute avec la Blackened face à moi, ces quelques minutes qu’il me faut pour boire la boisson chaude, et prendre la décision de quitter le bar pour aller à mon rendez-vous. La voiture m’attend à quelques mètres de là, et après un bref regard dans le rétroviseur, davantage pour y tester ma détermination que pour vérifier le maquillage que je porte de toutes façons pas, je me décide à me mettre en route. C’est complètement con que je me mette cette espèce de pression, qui va juste me faire perdre mes moyens.

Mettant la musique beaucoup trop fort dans l’espoir de noyer mes pensées, je finis par quitter Van Nuys, pour rejoindre le Civic Center, où doit se tenir notre rdv. La circulation est fluide, mais je sais pas trop si j’en tire une certaine satisfaction, ou si au contraire j’aurai préféré rester coincée dans de quelconques embouteillages. Manque de pot, on dirait bien que je vais être à l'heure. Je résiste pas à l’appel de la nicotine, et pendant que je grille une de ces cochonneries, je prends le temps de zieuter avec attention cet endroit où, on va pas se mentir, je viens pas souvent. Ce serait peut-être bien que je fasse autre chose que le quartier rouge et l’hôpital, de temps en temps. Quoiqu’il en soit, quand la tige empoisonnée arrive à sa fin, je me retrouve à l’intérieur du bâtiment, obligée de demander mon chemin puisque complètement perdue. Et c’est comme ça que je me retrouve dans un couloir passablement fréquenté, où je m’assois sur une chaise, fixant la porte sur lequel se trouve un écriteau indiquant qu’il s’agit du bureau de Sinead Alder. Ce qui tombe plutôt pas mal, puisque c’est avec elle que j’ai rdv.

Sauf que…elle se pointe pas. Je passe par différentes phases, à me questionner sur ma compréhension de la date et de l’heure, à vérifier dans mon téléphone mon calendrier pour être sûre de pas m’être plantée de jour, à checker l’heure. J’ai du mal à lutter contre cette petite voix qui me susurre que c’est peut-être elle qui a zappé notre rendez-vous pour la simple bonne raison qu’elle en a rien à battre. La colère, bien trop prompte à démarrer, a toujours été une mauvaise alliée, je m’en rends compte une fois encore, alors que je me passe la main sur le front. C’est Luke qui m’a poussée à parler avec elle, et c’est une raison suffisante pour garder mon cul vissé sur cette chaise, et essayer de calmer la petite voix pas loin de se déchaîner dans ma tête. Si je me sentais pas aussi tendue, j’aurai peut-être pu m’autoriser un petit sourire en constatant que Bambi est toujours aussi virulente quand elle le souhaite.

Je relève le nez de mes doigts que je suis en train d’examiner quand j’entends mon patronyme prononcé par une voix féminine, et que mon regard tombe sur une petite nana, à quelques mètres de moi. Par réflexe je me lève, tout comme je serre cette main qu’elle me tend par automatisme. Hé bah…elle est vachement rousse, dis donc. Je sais pas pourquoi c’est la première pensée qui me traverse l’esprit, alors qu’elle se présente, puis me présente des excuses tout en bataillant avec sa porte. Malgré ses bras chargés, il me vient même pas à l’idée de lui proposer mon aide. “-Pas de souci. Et bien…rares sont mes sœurs à penser que quelqu’un en a réellement quelque chose à faire de ce qui s’est passé à Van Nuys.” que je rétorque, pourtant sans aucune animosité dans la voix. Elle doit bien le savoir, j’imagine sans mal qu’elle a dû se heurter à des tas de refus. D’où ma présence.

J’entre dans le bureau quand elle me fait signe d’y aller, et prends place sur le fauteuil face au sien, profitant qu’elle soit occupée à s’installer pour inspecter visuellement les lieux. C’est…fonctionnel. Le mot pope dans mon esprit, et c’est vrai que ça colle parfaitement. Y’a genre zéro fioriture, c’est presque…académique. Je manque de peu de sursauter quand l’assistante du procureur Alder fait tomber son dossier sur le bureau, si gros que le meuble proteste un poil. Je sens son regard peser sur moi, même si le mien reste scotché au dossier qui porte le nom du fumier qui s’en est pris aux frangines. Comment il peut être aussi épais, alors que les actes de Gallagher ont éclaté au grand jour y’a pas si longtemps ?

Si j’ai la moindre question ? Je reste à la sonder du regard un instant, avant de finir par m’installer un peu plus confortablement, et arrêter de ressembler à une planche de bois posée sur un fauteuil tellement je suis rigide. “-Qu’est ce que je vais bien pouvoir vous dire, que vous avez pas déjà dans votre dossier, là, et qui va permettre à ce connard de Gallagher de rester derrière les barreaux pour…disons…toujours ?” que je demande, me rendant compte que je viens de dire un truc pas hyper classe, mais qui résume parfaitement ma pensée, et celle des autres frangines. Nan, et puis sérieux…il contient quoi, ce foutu dossier ?!

___________


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Sinéad Alder
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MessageSujet: Re: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptyDim 29 Oct - 11:32

A connard, connard et demi
Janvier 2023


Tu viens à peine de t'excuser pour ton retard et la remercier d'être restée, évoquant la difficulté de rencontrer une Blackened prête à coopérer avec toi que celle qui se trouve face à toi te lance déjà une réplique qui aurait pu être des plus cinglantes si elle y avait mis le ton. Mais tu dois reconnaitre que malheureusement, cette réponse est plus que méritée vu le travail de tes prédécesseurs sur ce dossier. Et si tu ne réponds rien, acceptant largement le reproche même si la voix de la blonde n'a pas la moindre animosité, tu ne peux pourtant t'empêcher de pousser un long soupir qui vaut sans doute toutes les réponses.

Une fois dans ton bureau avec la dénommée De Souza, tu l'invites rapidement à s'installer alors que tu continues de t'agiter de ton côté pour ranger tes dossiers, en déplacer d'autre… Et surtout, pour sortir l'énorme pavé que tu as constitué sur Gallagher. Si tu notes assez facilement sa surprise devant l'épaisseur du dossier que tu as contre ce flic véreux et faisant plus que honte à toute la profession, tu gardes pourtant le moindre commentaire à ce sujet pour toi. Une part de toi te souffle que ce ne serait pas une bonne idée et qu'au contraire, cela ne pourrait que rajouter de l'huile sur un feu déjà particulièrement difficile à ne serait-ce que maîtriser avant même de parler de l'éteindre. Oui parce que comment tu comptes t'y prendre pour justifier avoir un dossier aussi lourd, dans tous les sens du terme, contre cet homme mais avoir dû attendre la mort de 14 femmes et une prise d'otages pour enfin pouvoir le faire arrêter ? Tu as déjà bien du mal à te l'expliquer à toi-même sans avoir envie de partir dans un grand rire purement sarcastique, d'incendier tout le système judiciaire de cette ville et cracher ses autres vérités à bien des gens. Alors réussir à le faire calmement et de façon neutre à une femme qui fait partie de celles qu'on a tout simplement abandonné à leur sort… Impossible.

Quoi qu'il en soit, tu ne tardes pas à mettre cette amertume de côté, te doutant qu'elle doit être partagée même si la blonde assise en face de toi l'ignore sans doute. Il n'y a qu'à se remémore de son commentaire à son entrée dans ton bureau pour comprendre qu'elle te doit te mettre dans le même panier que tous les autres pourris de cette ville, celui qui dit que tu n'en as rien à faire des femmes de Van Nuys. Alors que c'est tout le contraire mais ça, tu dois encore trouver un moyen de le leur prouver, d'une manière ou d'une autre. Mais pour le moment, tout ce que tu peux faire, c'est lui dire que si elle a la moindre question, elle peut te la poser. Et cela n'est absolument pas tombée dans l'oreille d'une sourde vu qu'elle ne met qu'une seconde pour relever son regard dans le tien. Tu devines qu'elle doit être en train d'essayer de te jauger du regard, de se faire une idée sur toi, avant qu'elle ne s'installe autrement sur son fauteuil et qu'elle te demande ouvertement ce qu'elle pourrait bien te raconter que tu n'as pas déjà dans ton dossier. Si le ton n'est pas ouvertement hostile, tu sens pourtant que c'est un peu l'état d'esprit de la jeune femme, même si ce n'est pas une surprise pour toi, ne voyant là qu'un refus de plus, un nouvel échec, qui te fait pousser un soupir alors que tu détournes ton regard du sien pour le baisser sur le dossier entre vous. Tu finis pourtant par le relever pour le poser de nouveau dans celui de De Souza, et toujours en restant debout derrière ton bureau, une main sur l'énorme dossier portant le nom de Gallagher, tu finis par reprendre la parole.

- Ce n'est pas à moi que je vais vous demander de le dire, mais au jury. A ceux qui vont décider si oui ou non ce connard de Gallagher, comme vous dites si bien, finira sa vie en prison comme je l'espère moi aussi.

Commences-tu simplement par répondre, factuellement et d'un ton aussi neutre que possible. Même si tu prends aussi la peine de glisser un peu de personnel pour dire de manière plus qu'explicite que tu as la même envie qu'elle et que sans doute tous les habitants de Van Nuys concernant le sort de Gallagher. Et pour le langage et bien… On repassera mais d'un autre côté, tu te permets toi aussi d'employer le mot de connard oralement vu qu'elle l'a fait en première. Mais bon, quelque chose te dit aussi que cette réponse, aussi factuelle soit-elle, ne suffira sans doute pas à la jeune femme. Pas si tu espères la convaincre de coopérer en tout cas, et encore moins si tu veux qu'elle t'aide à convaincre d'autres de ses sœurs de venir te voir. Et ce constat t'arrache un nouveau soupir alors que tu te laisses enfin tomber sur ton fauteuil.

- Ecoutez, je pense savoir ce que se disent la plupart d'entre vous concernant la Justice. Et oui, c'est vrai. Elle vous a complètement laissé tomber au pire moment possible. A cause de la corruption, des ordres de Woodrow, des relations de Gallagher, de la misogynie ambiante et culturelle… Je pourrais vous fournir une liste d'excuse longue comme mon bras que cela n'y changera rien, je le sais très bien.

Et des excuses, des arguments, tous aussi creux les uns que les autres, voire même pathétiques pour certains d'entre eux, tu en as entendu des tas. Déjà avant d'arrivée à Donwfall mais il faut avouer quand même que depuis que tu es là, c'est un florilège qu'on te sert pour justifier de façon bien bancale un système qui l'est tout autant, bancal. Et surtout qui ne fonctionne absolument pas, quoi qu'on puisse te dire ou vouloir te faire croire. Pas étonnant du coup que tu passes autant de temps à t'acharner et que tes collègues aient une image peu reluisante de toi. Mais qu'importe si cela peut faire bouger les choses au final. Et tu comptes bien faire en sorte que cela commence par l'affaire Gallagher !

- Mais sans vos sœurs et vous, sans vos témoignages pour raconter de vous-même tout ce que j'ai là-dedans, je ne pourrais rien faire. Malgré l'épaisseur du dossier contre Gallagher, le nombre de chefs d'accusation que je veux présenter contre lui au procès et toute ma bonne volonté. Ce n'est pas moi qui réussirais à convaincre un jury de douze personnes. Pas seule en tout cas. Je ne peux le faire que si vous m'aidez à le faire.

Tu restes encore une fois assez factuelle, c'est vrai, mais tu as toujours été terre à terre alors il n'y a rien de bien étonnant à ça. Et puis il faut bien que tu les évoques aussi, ces faits ! Ceux qui t'empêche de pouvoir avancer autant que tu le voudrais et qui explique pourquoi tu as besoin de leur aide, aux Blackened, pour t'assurer de pouvoir bétonner encore un peu plus ce satané dossier contre Gallagher. Peut-être que tu t'y prends comme un pied et que justement, le fait de trop rester sur les faits va te desservir dans cette tentative de convaincre au moins une d'entre elles de t'aider. Une d'entre elles qui pourrait t'aider à en convaincre d'autres par la suite. Mais au moins, on ne pourra pas te reprocher de ne pas les avoir donnés, ces faits.

- Nous avons toutes un but commun dans cette histoire. Faire mettre Gallagher à l'ombre pour toujours et s'assurer que toute sa petite bande suive le même chemin. Je sais qu'aucun de mes prédécesseurs n'a vraiment voulu se donner la peine de se bouger pour ce qu'il se passait à Van Nuys. Et je ne vais pas vous mentir, il suffit de voir l'état de mon bureau ou mon retard à notre rendez-vous pour comprendre que je suis complètement débordée. Mais le voir derrière les barreaux pour le restant de sa vie reste actuellement ma priorité numéro un, soyez-en sûre.

Tu laisses presque échapper un petit rire nerveux quand tu évoques le fait d'être totalement dépassée par la montagne de travail que tu as. Mais en même temps, cela doit être tellement évident pour n'importe qui entrant dans ton bureau que tu as presque envie de rire à l'idée que quelqu'un puisse penser que tu ne fous rien de tes journées. Comme tu le dis si bien, tu es mariée à ton travail, mais tu n'as jamais dit si c'était un mariage volontaire ou forcé… Et par moment, c'est clairement la nécessité qui fait que tu es pratiquement enchaînée à ce bureau. Et bien sûr que tu as des ambitions et que la masse impressionnante de travail entre elles et toi ne te les font pas oublier. Bien sûr aussi que tu sais qu'en gérant au mieux cette affaire et en montrant que tu es une femme de loi, de principe et de poigne, cela ne pourra que t'aider dans ta course au siège de Procureur Général. Le nier serait d'une hypocrisie sans nom, du genre que tu détestes. Mais cela ne t'empêche pas d'avoir d'autres raisons de vouloir voir Gallagher et ses acolytes condamnés à perpétuité que ton ambition.

- Même si on en revient encore une fois à ce que je vous ai dit au début. Je ne peux pas y arriver seule malgré ça.

Enchaines-tu encore une fois en posant de nouveau ta main sur le dossier entre vous et qui pourrait largement être considérée comme une arme contendante vu son poids si tu venais à l'utiliser pour assommer quelqu'un avec.

- J'ai besoin de chacune d'entre vous prête à venir parler devant un jury pour ça. Pour qu'on ne puisse plus parler que de "quelques femmes isolées" mais de toute une communauté à qui il a fait du tort. Pour qu'on ne puisse plus vous ignorer plus longtemps. Et surtout que le jury ne puisse décemment pas juste fermer les yeux en se disant que ce n'est finalement pas grand-chose.

Tu as tellement l'impression de jeter une bouteille à la mer sans savoir si cela va marcher ou pas que cela te bouffe presque de l'intérieur. Toi qui a toujours détesté demander de l'aide à qui que ce soit, pour quoi que ce soit. Cette satanée de fierté mal placée qui t'as déjà joué bien des tours tout au long de ta vie et dont tu accuses sans hésitation ton père comme en étant l'origine. Mais là, tu n'as pas d'autres choix que la demande cette aide si tu veux avoir des chances d'arriver à tes fins. Et tu le sais bien, tu sais le reconnaitre et réussir à passer outre cette fierté pour le faire. Mais tu commences malgré tout à désespérer, ayant l'impression de le faire pour rien, de te battre dans le vent à cause du travail de sape merveilleusement bien mené par toutes les personnes ayant occupées ce bureau avant toi…


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Solveig De Souza
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MessageSujet: Re: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptyDim 14 Jan - 22:03

Est-ce que son long -trèèès long- soupir à ma réponse me pousse à me demander pourquoi je suis restée plantée dans le couloir à l’attendre, alors qu’elle était en retard ? Ouais, je dois bien admettre que c’est le cas. Si bien que je me retiens pas d’hausser un sourcil, essayant même pas de cacher ma mimique face à son soupir. C’est clairement pas le genre de réaction qui va me mettre à l’aise, ou me donner envie de lui accorder l’attention qu’elle réclame, ou même mon aide. En plus, j’étais même pas spécialement hostile dans mes paroles ou mon ton, je me contentais juste de pointer la raison pour laquelle mes sœurs de Van Nuys se sont pas précipitées en masse au bureau de cette brave rouquine suite à l’arrestation de Gallagher. Mais soit…qu’elle soupire, si ça la chante, je vais pas m’en émouvoir davantage.

A son invitation, je prends place sur la chaise face au bureau, alors que la juriste s’agite dans tous les sens, à tel point que çe me fait hausser le sourcil. Quoi, elle sait plus où elle a rangé la page d’accusation contre ce foutu flic ? Je délaisse la jeune femme pour inspecter la pièce, regarder les dossiers ici ou là, l’armoire, le bordel, et…ce gros truc qu’elle pose sur le bureau, et qui porte le nom du fumier qui nous a causé tant de torts. Okay, je dois bien admettre que je m’attendais pas à ce que quelqu’un possède autant d’infos sur Gallagher. Sans doute parce que jusqu’à y’a peu, il était même pas vraiment suspecté, ou le doute planait tellement que personne osait vraiment dire que c’était sa faute. Enfin, personne à part nous, les filles de Van Nuys. Pour ce que notre parole a compté, hein…

Je voudrais pouvoir dire que ça me réconforte un peu de savoir qu’il y a tant de choses à dire sur ce chien, tant de trucs qui vont pouvoir lui être mis sur le dos, tant d’éléments contre lui, qui permettront de s’assurer qu’il finira bien par pourrir là où est sa place : en cabane. Pourtant, c’est pas le cas. Enfin si, quand même, je suis rassurée de savoir qu’il y a de quoi peser sur lui, et en même temps…pourquoi, avec un dossier aussi épais, ce connard a quand même eu l’occasion de tuer 14 de mes frangines ? Comment accepter l’idée qu’il y avait déjà tant sur lui, et que pourtant, il était pas surveillé 24h/24, 7j/7, pour s’assurer qu’il nuirait à personne d’autre ? Alors ouais, l’idéal, ça aurait été de simplement l’arrêter, mais si c’était pas faisable, et qu’on le soupçonnait déjà, pourquoi pas juste le suivre, et…voilà ? Ça l'aurait peut-être dissuadé de poursuivre, ça aurait peut-être permis à certaines de mes sœurs d’avoir encore la vie sauve. Enfin putain, il devait bien y avoir quelque chose à faire !

Je sais pas quoi faire de ces sentiments que la vision du dossier déclenche en moi. La vérité ? C’est que tout ça me dépasse. Et le “ça” implique tellement de trucs, que ça me fout le tournis à chaque fois que j’essaie de mettre des mots dessus. Je sais que la colère est bien mauvaise conseillère, la pire de toutes, l’expérience me l’a appris, et pourtant c’est toujours elle qui fait bouillir le sang dans mes veines dès que je pense à tout ce qui s’est passé à Van Nuys ces dernières années, dans l’indifférence la plus totale. Quand je pense qu’il a fallu une prise d’otages en plein cœur du quartier rouge pour que des yeux s’ouvrent enfin, et que la prise de conscience se fasse. Une putain de prise d’otages, alors que ce dossier, ce foutu dossier, existe. Cette simple idée me donne envie d’hurler. Ou de gerber. Enfin…l’un empêche pas l’autre ceci dit.

Pourtant, j’arrive à rester stoïque sur ma chaise, et à tout garder à l’intérieur. Je suis devenue vachement douée à ce petit jeu, même si des fois, ça fait presque flipper. Et en même temps…grâce à Sam j’ai appris à communiquer plus facilement…quand j’ai envie d’y mettre du mien. Là, clairement, même si je suis venue ici avec les meilleures intentions, je sens mes convictions fondre comme neige au soleil. Alors je lui pose la question. Je veux savoir ce que je pourrais apporter d'autre comme informations qui se trouvent pas déjà entre ces pages. Qu’est-ce que la parole d’une ex-prostituée pourra apporter en plus à ces personnes qui ont choisi de détourner le regard pendant toutes ces années ?

Et vous savez comment elle choisit de commencer sa réponse…? Par un nouveau soupir, ouais. Un putain de soupir. Je me sens serrer de nouveau la mâchoire, alors que je suis à deux doigts de lui dire que si elle compte soupirer à chaque fois que j’ouvre la bouche, autant que je rentre chez moi et qu’on communique par mail ! Ah non, fausse alerte ! La rouquine sait parler finalement ! Je répète, la rouquine sait parler ! Pour dire des trucs qui me tapent sur les nerfs un peu plus, mais au moins, elle fait autre chose que soupirer, ce qui est pas si mal. Et à sa façon de parler du jury, je retiens pas un léger rire de nez, jaune, alors que je serre les lèvres pour pas dire le fond de ma pensée : d’illustres inconnus vont décider si Gallagher mérite ou non de passer le reste de sa vie derrière les barreaux. Mais putain, il suffit pas de se fier à ses actes pour savoir que oui, bordel de merde, c’est là qu’est sa place ?

Sauf que je le dis pas. A la place, je me contente de me renfrogner dans mon siège, en croisant les bras bien en évidence sur ma poitrine, parfaitement au courant du message que ça renvoie. Au lieu de m’agiter comme j’aurai eu tendance à le faire en temps normal, je la laisse parler. Et putain, quand elle se lance, il semblerait que plus personne l’arrête, cette petite nana. Elle parle, parle, parle, lâche quand même un énième soupir en passant, évidemment, et si ça me fait grincer des dents de temps en temps, je dis rien. Je dis pas que je le montre pas, hein, mais je le dis pas à voix haute non plus. Je me contente de laisser ma tronche parler pour moi, et hé, je sais qu’elle peut se montrer bavarde quand elle le veut, elle aussi.

Et quand finalement, elle semble arrivée au bout de son argumentaire, je me retrouve à la regarder longuement, en silence. Ça cogite dur dans mon cerveau, en réaction à tout ce qu’elle vient de dire, et tout ce à quoi j’ai pu assister. Y’a tellement de trucs que je voudrais dire, des trucs qui me révoltent, des trucs qui me fatiguent, des trucs qui me font peur aussi, mais le silence est si confortable. Pourtant, je sais aussi que c’est pas pour être silencieuse que je suis venue jusqu’ici, que j’ai affronté cette étonnante nervosité qui s’est emparée de moi, que j’ai évoqué le sujet avec Sam, Charlie, Mac, Alicia, et sans doute trop de personnes pour pas en avoir saoulé au moins une ou deux au passage.

Avec lenteur, je finis par décroiser les bras de ma poitrine pour les poser sur les accoudoirs et reposer mon regard sur Alder. Elle est intelligente, c’est une évidence. Il faut en avoir dans le crâne pour être là où elle se trouve à cet instant. Et pourtant, j’ai l’impression qu’il y a un truc qui lui échappe, malgré ce brillant cerveau qu’elle a, sans l’ombre d’un doute : “-Vous savez comme moi que si je suis ici, c’est pas simplement parce que j’étais curieuse de savoir à quoi ressemblait votre bureau.” que je commence, alors que mon regard papillonne sur la pièce autour de nous. “-C’est Luke qui vous a donné mon nom, non ? C’est pas pour rien. Je m’étais engagée à ses côtés quand Gallagher était qu’un suspect, à mon ridicule tout petit niveau de rien du tout, c’est pas pour faire marche arrière maintenant que l’occasion de foutre ce fumier derrière les barreaux est là, à portée de mains.” Enfin à presque portée de mains…parce que je sais que la route va être super longue, et que ça va être le genre de procès de merde qui va durer une plombe, malgré les nombreuses charges que la rouquine veut faire peser sur lui, comme elle l’a dit.

Je me presse brièvement le front, alors que je me redresse légèrement dans le fauteuil, et me penche même en avant. “-Y’a quand même un truc auquel je suis pas certaine de croire, vous voyez…” Et pas un léger truc, s’il en est un. “-Vous dites que vous avez besoin de mes sœurs et moi pour convaincre un jury de foutre Gallagher et sa meute derrière les barreaux pour toujours. Mais expliquez-moi comment on arrivera à les convaincre, si tout ça là, votre dossier, et vos petits papiers, y arrivent pas ?” que je dis en pointant de l’index l’épaisse liasse de documents sur le bureau de la juriste. “-Dites-moi combien d’entre eux vont accepter d’accorder de l’importance et du crédit à la parole de celles qu’ils se bornent à voir comme des travailleuses du sexe, du monde de la nuit, des danseuses, des serveuses ? Combien d’entre eux vont se dire, avant d’accepter de ne serait-ce que nous écouter, que ce qui est arrivé à Van Nuys découle de nos choix de vie, et comment on a décidé de la mener ?” Ouais putain, ce genre de remarques à gerber, je sais d’avance que y’en aura, et c’est pas ça qui joue en la faveur d’Alder pour qu’on se mobilise, avec les frangines.

Moi aussi, j’ai envie de soupirer. De soupirer toute cette frustration, cette colère, cette injustice qui oppresse mes poumons et me donne envie de hurler. Pourtant, je le fais pas. J’ai compris depuis trop longtemps que ça sert à rien. “-Je peux venir raconter à votre jury comment ça s’est passé dans nos rues. Comment mes sœurs se sont fait lyncher, massacrer, tuer dans l’indifférence générale. Je peux expliquer en long en large et en travers les blessures que j’ai soigné sur leurs corps meurtris, sur celui d’Holloway, je peux raconter le vide qu’elles ont laissé dans la vie de leurs familles, de leurs amis, de leur sororité, je peux parler de la peur qui s’est répandue, de la méfiance, de la crainte. Je peux leur dire comment ce qu’ils estiment être une poignée de femmes isolées était en fait toute une communauté, qui a souffert, physiquement et moralement.” Ouais, y’aurait des tas de trucs à dire. Des tas, et des tas, et ça fait mal au bide rien que d’y penser. A tel point que dans un geste inconscient, je ramène l’un de mes bras contre mon corps, comme pour me protéger.

Parler de tout ça réveille une certaine fatigue en moi que j’avais pas vu venir. Comme une lassitude de dingue qui me prend à la gorge, s’appuie de toutes ses forces sur mes épaules, et me laisse éreintée. Je sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression de me battre contre le vent, et l’idée de tout plaquer est plus que tentante. Je peux pourtant pas m’y résoudre. “-Mais je peux pas m’engager pour mes frangines. Vous avez mis le doigt dessus, elles ont pas confiance. Pas en vous, pas en la justice, encore moins en la police. Et ce serait hypocrite de les en blâmer. Tout Downfall regardait ailleurs pendant qu’on soignait nos blessures, ou qu’on enterrait nos sœurs, tout le monde, et surtout les personnes qui auraient pu arrêter ce bain de sang.” Il suffit de voir comment à virer la réunion qu’on a fait dans notre QG des mois en arrière, et les départs vénères de Satine et Love pour comprendre comme le sujet est sensible, comme il nous a divisées. “-Je pourrais leur parler de votre combat quand vous m’aurez convaincue qu’on fait pas tout ça pour rien, et que tout votre blabla, là, c’est pas juste des jolis mots sensés m’apaiser et me pousser à aller dans votre sens.” Et ouais…je me retiens in extremis de lui souhaiter bonne chance pour ça.

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Sinéad Alder
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MessageSujet: Re: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptySam 17 Fév - 16:23

A connard, connard et demi
Janvier 2023


Est-ce que tu en as marre de continuer à te battre dans le vent et à avoir l'impression de t'agiter pour rien par rapport à ce dossier ? Oh bien sûr que oui. Est-ce que les paroles de De Souza pour te répondre te donne envie de soupirer comme jamais pour laisser échapper toute cette lassitude et cette fatigue qui montent de nouveau en toi ? Encore une fois, bien sûr que oui. Le soupir de ta vie même sans doute. Mais tu te retiens quand même de le faire cette fois, sachant très bien à ce moment-là que cela ne servira à rien. Comme tu commences vraiment à te dire que tout ça ne sert à rien… Ou comment Gallagher s'assure déjà pratiquement de ne pas être déclaré coupable sans même que tu aies besoin de te présenter à ce foutu procès.

- Très bien.

Lâches-tu donc à mi-voix, plus pour toi que pour la jeune femme de l'autre côté de ton bureau, mais d'un ton qui prouve quand même bien ta fatigue. Si tu ne soupires pas, tu prends quand même quelques secondes pour te pincer l'arête du nez tout en fermant les yeux. Tu n'es pas bien loin de même te mordre la lèvre inférieure mais avant que tu ne puisses le faire, tu rouvres déjà les yeux pour poser ton regard dans celui de la jeune femme face à toi et tes mains sur ton bureau.

- Ce fumier, comme vous dites, sait parfaitement que vos sœurs et vous n'ont aucune confiance envers la DPD, la Justice et donc indirectement envers moi. Ce qui est normal vu les saloperies qu'il vous a fait subir durant toutes ces années dans l'indifférence totale parce qu'il savait exactement à qui graisser la patte pour qu'on étouffe l'affaire ou pour qu'on bâillonne ceux qui voulaient l'arrêter. Et ça joue parfaitement en sa faveur.

Commences-tu alors à expliquer, même si tu as presque l'impression de te répéter encore et encore à ce sujet, ne changeant qu'un mot ou deux par-ci par-là. Tu sais qu'il y a des choses qui te semblent évidentes à cause du temps que tu passes à ton travail au point de ne pratiquement pas avoir de vie à côté de ça. Et tu sais aussi que malgré ce que tu peux penser à cause de tout ce temps passé dans tes dossiers, entourée par d'autres magistrats et juges, tu en viens souvent à oublier que le milieu judiciaire et son fonctionnement sont parfois bien plus obscurs pour les autres qu'il ne devrait. Ou qu'ils ne veuillent bien le laisser croire vu la facilité avec laquelle les gens peuvent faire des procès aux autres dans ce pays. Mais tu n'as pas non plus envie de faire un faux pas en ayant l'air de prendre de haut les autres ou quelque chose dans ce genre en leur réexpliquant tout… Même si pour le coup, c'est plus ou moins ce que te demande de faire De Souza, non ? Espérons en tout cas, sinon, tu risques vraiment de griller la dernière cartouche que tu peux encore avoir pour espérer faire enfermer à vie cet enfoiré de Gallagher.

- Mon dossier contre lui pourrait être aussi grand que moi qu'il ne vaudrait quand même absolument rien si je suis seule pour le défendre. Il suffit de comparer la situation avec Bates. Ne me regardez pas comme ça, ce n'est pas moi qui aie son dossier. Conflit d'intérêt.

Oui, tu sens bien au regard de la blonde sur toi que citer le nom de Bates maintenant, alors qu'elle est toujours en prison, n'est peut-être pas la meilleure idée que tu aies eue. Même si pour le coup, tu sais aussi que cette affaire est idéale aussi pour illustrer ce que tu veux lui expliquer. Donc oui, tu as très vite ajoutée que ce n'était pas en toi qui était en charge de l'affaire contre Bates pour ne pas qu'elle puisse chercher à détourner le sujet de la conversation. Et parce que c'est vrai aussi, à cause du conflit d'intérêt que tu viens d'évoquer, étant donné que Bates est accusée de s'en être prise à un des hommes que tu veux mettre en prison à vie.

- Mais le dossier contre elle fait à peine une dizaine de pages. Et encore, je ne suis pas sûre qu'on atteigne ce chiffre. Mais Gallagher et toute sa bande sont quand même prêts à vouloir négocier un accord avec nous - moi en l'occurrence - pour que j'oublie joyeusement des parties de ce dossier, enchaines-tu assez rapidement et en posant les deux mains sur l'épais dossier devant toi, s'ils témoignent contre Bates. S'ils le font, même s'il n'y a que dix foutus pages dans son dossier, elle pourrait prendre entre 15 et 20 ans de prison. Alors qu'eux verraient leur peine réduite.

Une chose qui te dégoute bien, comme cela doit peut-être s'entendre un peu à ta voix. Et même si tu ne l'as pas dit clairement, il est évident pour toi que tu refuses totalement l'idée de passer ce genre de deal avec ces hommes. Pas après tout le mal qu'ils ont fait, pas aussi facilement, et surtout pas pour ce genre de marché là. Tu veux les mettre en prison jusqu'à la fin de leur vie, pas leur offrir un moyen de n'avoir qu'une tape sur les doigts et recommencer leur petite vie au détriment d'une femme qui s'est juste battue pour la sécurité des siennes. Même si là n'est pas vraiment le débat. Pas pour l'heure en tout cas.

- Ce que j'essaye de vous dire Mlle De Souza, c'est que peu importe l'épaisseur d'un dossier contre quelqu'un. Ce qui compte vraiment devant un jury, c'est le nombre de personnes prêtes à témoigner du fait que oui ou non, l'accusé est un enfoiré de première. Parce que plus il y a de personnes prêtes à dire la même chose, plus les gens partent du principe que c'est la vérité.

Bon, les preuves aident aussi à convaincre le jury, il faut bien l'avouer mais tu n'as que vu trop souvent des procès se jouer plus sur le nombre de témoins et leurs propos que sur l'appuie pur et simple des preuves. Alors si tu peux avoir les deux, surtout pour ce dossier-là qui est une vraie bombe à retardement sur bien des plans, autant dire que tu es prête à pas mal de choses pour te blinder et t'assurer d'avoir les deux. Le boulot de Holloway mais aussi celui fait avec l'avocate des Blackened t'ont donné des bases plus que solides pour les preuves. Il n'y a qu'à voir justement le dossier qui prône sur ton bureau et porte le nom du principal accusé dans toute cette histoire. Il ne te reste plus qu'à trouver un moyen de convaincre les habitantes de Van Nuys de bien vouloir t'assurer d'avoir aussi suffisamment de témoins. Et autant dire que depuis un moment, c'est cette partie-là qui te donne le plus de fil à retordre. Du fil à retordre et de sacrés maux de tête aussi.

- Prenez-le comme vous voulez mais… Vos sœurs et vous, vous êtes réellement ma meilleure arme dans ce procès. Meilleure que tout ce que peut contenir ce dossier. Parce qu'avec vous, je peux littéralement noyer Gallagher et sa bande sous un véritable flot de témoignages.

Et le jury également, mais ça, cela va de soi à tes yeux. D'autant plus que si tu arrives à faire l'un, tu arrives forcément à faire l'autre. Mais tu en reviens toujours au même point bloquant dans ce dossier, et qui finit vraiment autant par te fatiguer que te causer bien trop de migraines à ton goût. A moins que cela ne te vienne de ton envie de plus en plus grande de mettre des coups de tête dans le mur à propos de ça, ayant constamment l'impression d'avoir à te justifier pour tout alors que tu ne cherches qu'à les aider à ce que justice soit enfin faites pour ces femmes et ce qu'elles ont eu à endurer. Et dire que Holloway t’avait prévenu mais voulait quand même essayer de te faciliter les choses en parlant de toi à celles ayant accepté de bosser avec lui et que Hetfield devait prévenir les autres Blackened que tu aurais besoin d'elles… Tu n'oses même pas imaginer ce que cela aurait été s'ils t'avaient plus ou moins dit de te démerder. Mais chaque chose en son temps et une question à la fois. Même si tu ne reprends pas vraiment celle de la blonde face à toi dans l'ordre, il faut l'avouer.

- Combien des douze membres du jury seront prêts à vous écouter et à vous accorder l'importance que vous méritez ? Si je fais bien mon boulot lors de la composition du jury, au moins dix. Et croyez-moi ou non mais je ne suis pas connue pour bâcler mon job et je ne compte pas commencer à le faire sur ce dossier.

Surtout pas sur ce dossier même. Parce qu'en plus de ton envie de rendre la justice et de remettre de l'ordre dans cette ville, jusque dans la DPD s'il le faut, tu ne sais que trop bien combien ce genre de procès peut t'aider à obtenir la place qu'occupait Woodrow. Même si tu sais parfaitement que tu ne vas pas te faire que des amis dans la DPD mais aussi au sein même du tribunal avec cette histoire. Et gagner le soutien de Van Nuys en contrepartie est clairement impossible vu la manière dont tu galères à essayer de les approcher. Bref, autant dire que le ration risques/bénéfices te semble bien pourri mais reste cette petite voix dans ta tête qui ne cesse de réclamer la justice pour ces femmes et l'enfermement à vie pour ces connards.

- Ma stratégie pour ce procès est très simple et je vous l'ai déjà dit. Faire se succéder autant de vos sœurs que possible à la barre pour témoigner. Pour raconter en personne et avec vos propres mots tout ce que ce dossier contient, tout ce que vous venez de me dire. Faire réaliser au jury que c'est réellement toute une communauté qui a souffert des actions de ces salopards… Mais comment est-ce que je peux parler de communauté s'il n'y a personne dans les rangs des témoins derrière moi ?

Là encore tu as l'impression de te répéter sans doute pour la dixième fois rien que cette semaine mais… Mais la question te semble tellement légitime. Surtout quand tu vois que personne ne semble vouloir réellement la prendre au sérieux et continue de te demander de te justifier, de montrer patte blanche alors que tu ne cesses de le faire. Oh tiens, à défaut de trouver des alliées, peut-être as-tu enfin trouver la véritable origine de tes maux de têtes. Même si pour le moment, mieux vaut que tu restes concentrée sur ton sujet - et ta plaidoirie à ce niveau même - que sur ton mal de crane qui commence à se réveiller.

- Je ne vous demande pas de devenir les meilleures amies du monde ni même de m'intégrer dans votre association. Je vous demande simplement d'accepter l'idée que l'on puisse travailler ensemble. Pour s'assurer que Gallagher finisse sa vie dans une cellule.

C'est tout ce que tu veux au final, même si ça aussi, tu as l'impression de ne pas arrêter de le répéter à longueur de journée depuis que cet enfoiré a été arrêté. Lui et toute sa bande bien sûr, même si cela te parait évident. Mais pour ça aussi tu ne vas pas commencer à te répéter, pas vrai ? A force, tu vas vraiment finir par croire que tu n'es qu'un foutu disque rayé qui tourne en boucle et dont tout le monde se fout royalement. Et ironie de la chose, c'est que ce sont ces mêmes personnes qui refusent de t'écouter qui se plaignent de ne pas avoir été entendu à l'époque et de ne pas être écoutée aujourd'hui encore au sujet de Gallagher…

- Downfall a fermé les yeux sur ce qu'il se passait à Van Nuys, c'est vrai. Mais comment leur faire ouvrir les yeux sur tout ce qu'il s'est passé si vos sœurs et vous décidez de ne rien faire, de continuer à vous taire ?

Parce qu'au final, c'est ce qu'elles font non ? Tu leur offre enfin la possibilité de s'exprimer en toute légitimité et de réclamer la justice qui leur est dû et tout ce que tu as en retour, ce sont des portes fermées, pour rester courtoise. Tu sais bien que leur confiance en la DPD a été plus que mise à mal à cause de toutes ces années durant lesquels Gallagher a agi en toute impunité. Mais bon sang, est-ce que tu dois commencer à te dire que tu as une tête à bosser avec Gallagher pour aller massacrer en tout impunité des femmes pour qu'elles te traitent comme lui ? Non, vraiment, tu commences à être plus que lassée et même usée par la situation. Et tu le fais plus ou moins comprendre gestuellement en te laissant aller contre le dossier de ton fauteuil et en laissant retomber le stylo que tu avais en main - et dont tu n'as plus vraiment souvenir de l'avoir pris tant c'est devenu un réflexe chez toi - sur ton bureau.

- Et pour tout vous avouer, je commence vraiment à être fatiguée de devoir me battre contre tout le monde, même celles qui devraient être mes alliées dans ce procès.

Finis-tu par lâcher sans même te préoccuper de ce que cela pourrait faire d'être un peu trop honnête à ce niveau-là. De toute façon, quoi que tu fasses ou quoi que tu dises, le résultat est le même avec ces femmes : elles t'envoient bouler. Alors qu'est-ce que tu risques de plus à part une énième porte qui te claques au nez ? Devoir fournir d'ici plusieurs mois des explications sur la raison pour laquelle Gallagher se promène librement et tranquillement en ville ? Bah tiens, tu les recevoir avec joie à ce moment-là pour leur faire comprendre que c'est à cause de leur comportement que vous en serez arrivés à cette situation.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptyDim 5 Mai - 0:13

Du temps où mon corps était mon outil de travail principal, qu’il s’agisse de danser, ou d’accorder des faveurs de nature sexuelle contre rémunération, je me suis vite rendu compte qu’un visage, une posture, une mimique pouvaient exprimer parfois bien plus que les mots le feraient jamais. J’ai appris à écouter, parce que parfois certains clients payaient juste pour une oreille attentive, et j’ai appris à observer, parce que bien souvent ça m’a aidé dans mes objectifs, quand il s’agissait de deviner les pensées de l’autre, et de les utiliser à mon avantage, pour quelques billets de plus. La cause était pas vraiment noble, j’en conviens, mais à l’époque, c’était un peu le cadet de mes soucis. A l’hôpital, le langage verbal aussi se montre particulièrement instructif, quand on sait quoi regarder, et comment interpréter telle ou telle réaction. Ça aide parfois à trouver des réponses à des questions alors que le patient reste muet.

Tout ça pour dire que ouais…observer, c’est important. Et que pour la première fois depuis que je suis arrivée dans ce bureau, et que je me suis installée sur ce fauteuil, je prends le temps de regarder autre chose que les meubles, la tapisserie, ou le gros dossier devant moi. Je regarde la rouquine. Je la regarde vraiment. Sa posture. Sa raideur. Ses traits. Et c’est là que je la vois. Sa lassitude. Sa fatigue. Les mêmes que celles que je ressens, juste là, m’écrasant les épaules. Se pourrait-il qu’on soit en fait sur la même longueur d'onde ? Se pourrait-il qu’elle soit…sincère ? Qu’elle veuille vraiment défendre notre cause, envoyer Gallagher pourrir en taule, là où est sa place ? Se peut-il qu’elle soit à deux doigts de me dire d’aller me faire foutre, parce qu’elle a l’impression de brasser du vent, et de rencontrer que des obstacles sur son chemin vers la justice ? Tandis qu’elle se pince l’arête du nez, je me sens froncer les sourcils, la quittant pas du regard. Elle a vraiment l’air excédée, cette brave Alder, et je me perds dans ses réactions…et dans les miennes aussi.

Je cherche même pas à détourner le regard quand elle rouvre les yeux, à prétendre que j’étais en train de faire autre chose que l’observer avec beaucoup d’attention. Je voudrais rester impassible aux mots que prononce la rouquine, mais le fait est que mes doigts se crispent aux accoudoirs du fauteuil jusqu’à blanchir, alors que je me raidis à ses paroles. Bien sûr que Gallagher espère tirer parti de la situation. J’ai toujours pensé que s’il avait ciblé les Blackened Beauties comme victimes, c’était pas au hasard, et qu’il savait particulièrement bien à qui il s’en prenait. On a pas toujours très bonne réputation. A cause de la façon dont on choisit de gagner notre vie, quelle qu'elle soit. A cause de l'image, souvent sulfureuse, que certains continuent à avoir de nous, quand on réclame simplement de pouvoir mener notre existence comme on l’entend, sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit, d’être libres, de dépendre que de nous-même. En étant un flic qui s’en prend à nous, en toute impunité, en passant entre les mailles du filet à chacun de ses crimes, il s’est assuré que les Blackened Beauties finissent par détester tous ceux de son espèce, qu’elles leur refusent leur confiance, et ça a foutrement bien marché. Ce type a beau être un salaud de première, il est aussi sacrément futé, ce connard.

Je reste silencieuse, et Alder y voit sans doute une invitation à continuer sur sa lancée, m’informant que le dossier contre Gallagher pourrait être aussi haut qu’elle, que ça pourrait quand même pas être suffisant, et je me sens souffler fortement par le nez, réaction instinctive pour montrer ma désapprobation. Qu’elle parle d’Emily me pousse simplement à me fermer un peu plus et à serrer la mâchoire, ce qui est pas forcément de bonne augure. J’ai cette mauvaise habitude de sortir facilement crocs et griffes quand on s’en prend aux miens, et d’oublier de me montrer diplomatique. Déjà que je le suis pas des masses en temps normal… “-Vous vous rendez compte quand même que vos explications poussent pas à avoir confiance en la justice que vous prônez ? ” que je dis à mi-voix en secouant doucement la tête. C’est dégueulasse, qu’on puisse ne serait-ce que penser que toutes les pages qui contiennent ce dossier prouveront jamais la culpabilité de Gallagher à elles seules. Je comprends pas comment elle peut s’attendre à ce que ça donne envie de croire que ça servira de se battre.

Et voilà que la rouquine poursuit sur sa lancée avec Emily, et je me sens me raidir dans mon fauteuil, et passer par des tas d’émotions qui se succèdent sur ma tronche, et que j’arrive même pas à enrayer : la colère, l’incrédulité, l’écoeurement, l’injustice, toutes doivent aisément se lire sur mon visage, et je m’en fiche totalement. D’ailleurs, je tarde pas à ajouter, au cas où Alder soit passée à côté de ma fureur : “-C’est tout bonnement dégueulasse !!” que j’explose, le ton plus sec et la voix plus forte que ce que je pensais. Je voudrais me lever de mon fauteuil, et me mettre à faire les cent pas, pour essayer d’étouffer la rage qui fait bouillir mon sang dans mes veines. Au lieu de quoi, j’essaie de garder un visage neutre -en vain- alors qu’Alder poursuit sur sa lancée, m’expliquant avec encore plus de détails à quel point le système est mal foutu.

Je baisse pas les yeux une seule seconde, et je sais qu’elle peut voir dans mes prunelles claires tout ce que je parviens pas à verbaliser. Déjà parce que si je le fais, je vais avoir besoin de me laver la bouche au savon après ça, et aussi parce qu’elle a sûrement pas envie d’entendre tout ce que ses paroles provoquent en moi. Au lieu de quoi, je fais un truc que j’ai appris y’a pas si longtemps : pas exploser tout de suite. J'agrippe les accoudoirs avec force, et prends une longue inspiration, presque aussitôt suivie d’une seconde. Ce type est le pire connard du monde. Ce qui se fait de pire en matière de raclure. Qu’il pense encore qu’il peut gagner, et s’en sortir après tout ce qu’il a fait ? Gerbant ! Mais s’il pense ça…c’est qu’il sait que ça pourrait fonctionner dans son sens, et ça en dit déjà long sur la situation.

Et…je crois…oui ! C’est bien ça. Cette idée que Gallagher et ses chiens puissent réduire leur condamnation au détriment d’Emily, ça la fait chier. Ouais, ça passe pas du tout, même ! Et peut-être que ça me pousse à me redresser un peu plus dans mon fauteuil, et à l’écouter encore plus attentivement. Parce que ouais, malgré l’air blasé et fermé que j’ai depuis que je me suis posée, je lui accorde toute mon attention. J’ai beau pas être native du coin, je suis devenue une Blackened dès que Charlie m’a prise sous son aile, et je tiens vraiment à ma sororité, aux filles qui la compose, bien qu’évidemment, j’ai plus ou moins d’affinités avec certaines. Et bien sûr que je suis prête à beaucoup, peut-être même trop, pour que ce qui est arrivé ces dernières années se reproduise plus jamais, et que les coupables paient pour leurs crimes.

Je prends une énième longue inspiration quand Alder repart sur le fait qu’elle a besoin du témoignage des frangines, et je pince les lèvres un instant. Pendant longtemps après qu’elle ait arrêté son monologue, je me contente de la fixer en silence, comme pour m’assurer de ses intentions, qu’elle a pourtant étalé clairement, et faire le tri dans mes propres pensées. Et finalement, après de longs instants silencieux, je me sens hocher très lentement la tête : “-Vous savez manier les mots, je dois bien vous l’accorder.” que je lâche dans un soupir, sans aucune animosité, c’est un simple constat. J’imagine que c’est indispensable à ce métier qu’elle clame faire si bien. “-Ce serait ignoble que Gallagher s’en sorte en enfonçant Emily davantage. Enfin, ce serait ignoble qu’il s’en sorte tout court. Mais elle…elle a fait que nous défendre, quand personne d’autre avait l’air décidé à le faire. Le simple fait que ce soit envisageable qu’il réduise sa peine, leurs peines, alors qu’elle pourrait passer deux décennies derrière les barreaux me rend malade.” Physiquement, si j’en crois la façon dont mon bide se tord. “Je…je parlerai à mes sœurs. Encore. Je reprendrai vos paroles, j’essaierai d’y mettre autant de passion que vous, mais…je suis pas douée pour les longs discours. Je ferai de mon mieux pour essayer de les convaincre…mais c’est vraiment le max que je puisse faire, Madame Alder. Je peux pas les forcer à revivre un traumatisme dont la plupart d’entre nous essaie de guérir.” que j’ajoute, mon regard planté dans le sien. Parce que ce serait pas juste pour elles non plus, et que y’a pas besoin d’être l’une des nôtres pour le comprendre. Elle a déjà dû rencontrer des témoins qui refusent de raconter leur histoire parce qu’elle est trop brute, trop douloureuse, et que s’y confronter à nouveau est trop pénible pour ne serait-ce que l’envisager.

Comme s’il était aimanté, mon regard retourne se poser sur le gros dossier posé sur le bureau, et j’ai encore toutes les peines du monde à me dire que toutes ces feuilles auront pas beaucoup de poids devant un jury, si elles sont pas accompagnées du témoignage des femmes qui ont été violentées par ces enfoirés, ou qui ont perdu une proche par leur main. Pendant un bref instant, je me rends comme la situation est délicate, et incertaine. On peut pas forcer des femmes blessées, dans leur chair, dans leur tête, à parler, à revivre des blessures encore béantes, mais…si elles le font pas, on est pas à l’abri que ce connard parvienne à s’en sortir, et à recommencer. Ici, ailleurs, peu importe, l’échec sera le même. J’ai rien d’une oratrice, je le sais bien, et je sais pas ce que je pourrais dire de plus aux frangines que ce qui a pas déjà été dit…et putain, ce que c’est frustrant !

Sourcils froncés dans un pli songeur, je me redresse peu à peu du fauteuil au fond duquel je m’étais renfoncée quand l’esquisse d’une idée germe dans ma tête, alors que mon index se dresse entre Alder et moi : “-Et si…” que je commence, avant de m’arrêter subitement. Tout ça, là, la cour, le jury, les témoignages, et ces machins-là, c’est clairement en dehors de ma zone de confort, de ce que je connais, de ce que je sais faire. Et je pense qu’elle le sait aussi bien que moi. Je sais pas forcément très bien comment ça fonctionne, alors je sais même pas si l’idée qui me vient subitement pourrait marcher ou pas : “-Est-ce qu’il pourrait exister un moyen que mes sœurs témoignent, mais de manière anonyme ? Qu’elles aient la possibilité de parler de ce qu’elles ont vu, ou vécu, mais tout en respectant le souhait de celles qui veulent pas dévoiler leur identité ?” que je demande, les sourcils légèrement haussés. Parce que, même s’il y aura toujours des récalcitrantes, je me fais aucune illusion sur ça, je me dis que ça pourrait peut-être aider aussi. “-Une fois encore, je peux pas parler pour toutes les Blackened Beauties, et se posera toujours cette question de confiance, mais…peut-être qu’en leur assurant qu’elles risqueront pas de subir la moindre représaille si elles prennent la décision de témoigner, ça pourrait aider à en faire changer certaines d’avis…” que j’ajoute, réellement concernée par la réponse que pourrait me donner la rouquine. Ce serait pas une solution miracle, je crois pas qu’il en existe d’ailleurs, mais j’ai aussi le sentiment que ça tomberait pas dans l’oreille d’une sourde non plus. Et franchement…la situation me semble assez désespérée pour qu’on envisage toutes les solutions possibles.

___________


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Sinéad Alder
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MessageSujet: Re: [TERMINE] A connard, connard et demi   [TERMINE] A connard, connard et demi EmptyMar 7 Mai - 19:25

A connard, connard et demi
Janvier 2023


Pour le coup, tu vois bien que tu as touché une corde plus que sensible quand tu parles de Bates. Tu t'en doutais un peu que parler d'elle ferait réagir comme il se doit la blonde en face de toi, sans doute bien plus que le reste de tes propos en tout cas. Et force est de constater que tu as visé juste vu la réaction presque immédiate de De Souza à l'instant même où tu prononces le nom de famille de la Blackened qui s'est livrée à la DPD et se retrouve derrière les barreaux pour le moment. Bien sûr, tu as ta petite opinion concernant toute cette histoire et si tu ne peux pas réellement en parler ouvertement avec De Souza - après tout, ton bureau est quand même chargé de faire en sorte de la maintenir derrière les barreaux si les accusations contre elle sont fondées - tu n'en pense pourtant pas moi. Il suffit sans doute de voir ton visage quand elle se met à gueuler que la stratégie de Gallagher est dégueulasse, ainsi que ta manière de jouer légèrement avec le stylo que tu as dans les mains pour comprendre que tu es parfaitement d'accord avec elle.

Tu continues pourtant de dérouler ton discours, comme tu l'avais prévu. Et plus ou moins comme elle te l'a demandé d'ailleurs au début de tout ceci, quand elle t'a presque ouvertement demandé de la convaincre de te faire confiance. Evidemment, tu n'as pas tenue compte de sa remarque allant dans le sens contraire qu'elle a fait quelques instants plus tôt étant donné que tu savais parfaitement que tu aurais le droit à ce genre de commentaire à ce sujet. Mais après tout, tu savais très bien qu'en commençant ainsi ton plaidoyer, tu allais t'attirer ce genre de remarque. Tu sais comment mener ce genre de discours, c'est ton métier. Pour preuves d'ailleurs, quand tu la termine enfin, ta véritable tirade, et après quelques secondes de silence de la part de la blonde, elle finit par le dire elle-même que tu sais t'y prendre pour parler. Et là encore, tu n'affiches pas vraiment de réaction, si ce n'est un très léger sourire au coin de tes lèvres. Une manière assez personnelle de lui faire remarquer que c'est ton métier de savoir le faire. Sans parler qu'avec l'ambition que tu as concernant ta carrière, il vaut quand même mieux pour toi que tu sois douée dans ce domaine aussi.

Cette fois, c'est à De Souza de répondre, bien qu'elle monopolise bien moins longtemps la parole que toi. Mais de manière tout aussi efficace quand même pour te faire comprendre ce qu'elle pense de toute cette situation. Et te confirmant également quelques réactions de sa part que tu avais déjà plus ou moins deviner à son expression corporelle. Elle finit quand même par en revenir sur le fait qu'elle ne peut pas parler pour toutes ses sœurs Blackened, ce que tu sais déjà bien. Mais au moins, tu es presque rassurée sur le fait qu'elle leur parle de toi, qu'elle essaye de les convaincre d'accepter de travailler avec toi. Et qu’elle doute que beaucoup d’entre elles soient volontaires pour revivre les horreurs vécues à cause de Gallagher et sa bande de crevards.

- Je sais bien… C'est toujours la partie la plus délicate, quel que soit le dossier.

Lui concèdes-tu d’une voix légèrement plus basse, presque comme sur le ton de la confidence alors même que tu te mets à jouer nerveusement avec ton stylo, sans réellement t’en rendre compte. Toutes proportions gardées, tu as eu à le faire toi aussi, ce travail de devoir revivre mentalement un épisode peu agréable de ta vie pour témoigner, même si ce n’était pas devant un jury. Même si ce n’était pas la même chose que ce que tu demandes à ces femmes. Sans parler de ces dernières années où tu as dû demander de le faire à d’autres personnes, dans plusieurs sortes d’affaires, et que tu as entendu parfois des horreurs que tu n’imaginais pas toujours possibles. D’abord en privé, dans ton bureau, en petit comité, souvent même en tête à tête pour aider à préparer au mieux la personne à son passage à la barre des témoins. A le torturer encore un peu plus parfois malheureusement aussi, tu dois bien le dire. Ce n’est absolument pas la partie que tu préfères de ton travail, toujours la partie que tu trouves la plus délicate, la plus sensible et dure à vivre comme tu l’as plus ou moins dit quelques instants plutôt. Mais malheureusement, une souffrance que tu te retrouves obligée de refaire vivre pour t’assurer que ceux qui en sont les auteurs soient punis en conséquence. Qu’ils n’infligent pas de nouveau cela à quelqu’un d’autre.

Tu remarques sans difficulté son regard qui tombe de nouveau sur le dossier bien épais que tu as concernant Gallagher. Et si elle ne dit rien à ce sujet, tu sens bien que, comme beaucoup de gens à sa place dans d’autres affaires, elle a du mal à comprendre que cela puisse ne pas suffire pour faire condamner l’accusé. Ou les accusés dans ton cas précis. Le système judiciaire est parfois mal fait, bien trop vague pour la plupart des gens, tu le sais bien. Mais tu sais aussi que ce n’est pas demain la veille que tu pourras changer ça malheureusement et que tu as fini par t’y adapter. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde, tu le sais parfaitement ça aussi. Et cela semble d’ailleurs être le cas de De Souza qui finit par te demander s’il y a possibilité de témoigner de manière anonyme. Si tu la laisses finir ses explications concernant cette demande, tu ne peux t’empêcher de soupirer très légèrement en te laissant aller contre le dossier de ton fauteuil.

- Malheureusement, un témoignage anonyme n'a aucune valeur juridique… Parce que cela pose des problèmes sur son origine et donc sa véracité. Je ne pourrais donc pas les utiliser pour le procès. Si ça peut vous paraître injuste dans ce cas, dites-vous que, dans l’autre sens, cela permet de protéger Bates. Imaginez ce que pourrait avoir comme effet contre elle un soi-disant témoignage anonyme sur combien de temps et comment elle a torturé Ullman, mais qui ne serait en réalité qu'un tissu de mensonge…

Expliques-tu à ton tour, de manière assez patiente et posée, trahissant sans doute un peu trop l’habitude que tu as d’entendre cette question. Pas forcément sous la même forme mais toujours avec le même fond. Si les flics ont le droit de vérifier un “tuyau anonyme” comme ils disent, et donc une information sur un possible danger ou problème quelconque, pour ce qui est d’un témoignage en bonne et due forme, c’est autre chose. Tu peux préserver l’identité d’un témoin jusqu’au jour du procès, jusqu’au moment où il vient à la barre, mais dès l’instant où tu dois le faire témoigner, tu es obligée de révéler son identité. Et de le nommer, comme tu viens de le dire à De Souza. Mais alors que ton regard n’avait pas quitté celui de la blonde en face de toi, voilà qu’une idée te vient soudainement.

- Je serais obligée de donner les noms de chacune de celles qui témoigneront… Par contre, je ne suis pas obligée de toutes les présenter devant le jury le jour J.

Dis-tu alors à voix haute, alors que tu es encore en train de réfléchir sur la faisabilité de ton idée. Tu t’accordes d’ailleurs quelques secondes de réflexion encore avant de te redresser dans ton fauteuil, tes avant-bras venant de nouveau s’appuyer sur ton bureau.

- Un enregistrement, vocal comme vidéo, peut être utilisé comme pièce à conviction pendant le procès… Je serais toujours obligée de les nommer mais elles n'auront pas besoin de venir dans la même salle qu'eux le jour J.

Expliques-tu enfin à De Souza, sachant très bien que tu ne présentes pas là une solution miracle par rapport à l’anonymat. Mais normal étant donné que tu lui as déjà dit qu’il n’en existait pas, que cela n’était pas possible de le conserver si on voulait que son témoignage soit pris en compte.

- Ca ne fait pas le même effet qu'un témoignage en direct mais ça peut être plus facile pour les plus touchées qui voudraient parler quand même.

Enchaînes-tu assez vite, sachant très bien que te faire insistante sur le fait de témoigner va peut-être te couter cher à la fin, mais voulant quand même expliquer que tu peux couper la poire en deux, si on peut dire, pour faciliter les choses à celles qui pourraient ne pas vouloir se retrouver face à leurs bourreaux au moment de prendre la parole. Car déjà que cela n’est pas facile dans la plupart des cas mais quand en plus ceux qui vous ont fait vivre ça sont dans la même pièce que vous, c’est encore pire. Et tu préfères garder pour toi aussi le fait qu’il est plus que probable que l’avocat de Gallagher et ses chiens cherchera aussi à l’interroger, chose qui est dans son plein droit, pour tenter de les décrédibiliser le plus possible aux yeux du jury… Une autre épreuve à vivre en plus des autres, mais qui pourrait être évitée à travers l’enregistrement que tu viens de proposer. Là, c’est toi que l’avocat tentera de décrédibiliser mais tu sais que tu pourras gérer sans souci cette partie-là, bien trop habituée à le vivre aussi et à avoir à te défendre de ce genre d’attaque. Même en dehors des salles de procès, mais ça, c’est une autre histoire.

- Et quel que soit la manière dont elles accepteront de parler, je serais là pour les préparer au mieux.

Tiens-tu à préciser rapidement et de manière on ne peut plus sérieuse. Car il est hors de question pour toi que tu ne demandes à ces femmes de revivre cet enfer sans les aider au maximum à se préparer ou à simplement les utiliser pour les jeter dans la fosse aux lions que peut être ce genre de procès sans les prévenir de ça. Et tu espères que De Souza le comprenne parfaitement et le fasse comprendre aussi à ses sœurs. Tu t’apprêtes même à bien le dire à haute voix, à verbaliser explicitement le fait que tu ne comptes pas les laisser seules face à Gallagher et ses chiens, quand de brefs coups frappés à la porte de ton bureau se font entendre.

Tu as tout juste le temps de tourner la tête vers le panneau que celui-ci s’ouvre pour laisser apparaître le buste de la secrétaire que vous avez en commun avec deux de tes collègues. Bon, tu te gardes de faire un commentaire sur le fait que tu ne l’as pas vraiment invité à entrer, même si tu n’en penses pas moins. De toute façon, elle ne te laisse pas vraiment le temps d’en placer une qu’elle te rappelle déjà l’heure et le fait que tu es attendue depuis dix minutes dans une salle d’audience pour un autre procès qui n’a rien à voir avec celui de Gallagher et de ses hommes. Tu laisses déjà échapper un juron en vérifiant l’heure sur la montre à ton poignet, non pas que tu ne fasses pas confiance à la secrétaire mais plus par habitude de le faire dans ce genre de situation. Et effectivement, tu as déjà dix bonnes minutes de retard. Bon sang, mais quand est-ce que toutes ces urgences s’arrêteront et que tu pourras te poser plus de 30 minutes sans en avoir une autre à gérer ? Tu en viens presque à te demander si l’invention de la journée de 36h ne serait pas plus simple. Mais quoi qu’il en soit, tu te tournes de nouveau vers De Souza, tout en commençant déjà à te remettre debout, repoussant ton fauteuil à l’aide de tes jambes.

- Je vais malheureusement devoir vous abandonner là. Une autre affaire dont je dois m'occuper.

Lui dis-tu, surtout par pure politesse étant donné qu’elle a assisté à l’échange entre ta secrétaire et toi. Mais tu préfères ça que partir comme une voleuse, même si tu as quand même l’impression que c’est ce que tu t’apprêtes à faire, alors que tu ranges déjà le dossier de Gallagher dans ton coffre-fort, derrière ton bureau. Le temps de faire le tour de ton bureau une fois cela fait, tu attrapes déjà un autre dossier qui était posé sur un coin du meuble avant de te tourner encore une fois vers De Souza.

- Mais vous savez où me trouver. Pour quoi que ce soit. Et je vous remercie aussi pour votre temps.

Et pour le temps qu’elle prendra aussi à parler de toi à ses sœurs, tu espères. En tout cas, cela ne t’empêche absolument pas de lui tendre la main, de manière parfaitement sincère et presque même pleine d’espoir. Le temps de la raccompagner dans le couloir et de fermer à clef la porte de ton bureau derrière vous, tu la salues une dernière fois, la remercie encore et t'excuse de nouveau avant de filer dans le couloir en direction des ascenseurs. Heureusement que tu arrives à vite passer d’une affaire à une autre parce que sinon, le procès auquel tu te rends - et en étant en retard en plus - se serait avéré des plus compliqués à gérer. Tu as bien envie de mettre ça sur le dos de l’expérience, mais tu sais que cela vient aussi et surtout du fait d’avoir autant de travail dans cette ville.

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