[TERMINE] New Town, Same Game ⇝ Valentin

New Town, Same Game

ft. Malcom Snyder

- J'ai pas gerbé depuis quatre heures, c'est mon nouveau record.

Un soupir à l'autre bout du fil.

- Qu'est-ce que tu veux Valentin ?

- Euh ... Ben te dire qu'on est en route pour le trou du cul du monde, que j'ai le mal de mer et que j'aurais bien voulu rentrer en France, te voir et voir Loïc. L'autre jour, on s'est fait un facet...

- Chéri, tu es mort chez nous. Tu as une tombe à côté de grand-père. Je dois te rappeler ce qui c'est passé ? Je dois te rappeler que tu as failli passer l'arme à gauche encore récemment ? Tu ne réalises pas la chance que tu as ?

- Si mais ...

- Non, non, Valentin, tu ne me coupes pas. Tu voulais faire partir du French, tu en es, tu acceptes ce qu'on te dit de faire, où on te dit d'aller. Tu obéis et tu arrêtes d'en faire qu'à ta tête, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

- ... Oui.

- Si tu te foires encore, je n'aurai pas d'autres endroits où assurer ta sécurité. En parlant de sécurité, j'ai envoyé un homme à moi qui veillera à ce que tu ne te fasses pas tuer. Encore une fois.

- ça va, j'ai pas be...

- Il s'appelle Malcom, tu le reconnaîtras à sa carrure. Blond, moustachu, peu bavard mais terriblement efficace. Je lui fais une confiance aveugle.

- C'est pas trop mon style, tu sais ?

- Valentin...

- Je plaisante, j'te laisse, j'ai de nouveau la nausée !

Valentin raccrocha, poussant un soupir, cherchant à prendre de grandes inspirations. Si la nausée avait été une excuse pour couper court à cette conversation qu'il avait démarrée en espérant faire changer d'avis sa mère, comme il avait essayé de faire changer d'avis Gabriel, la conclusion était la même. Sa destination serait Downfall, la ville de tous les péchés, un quartier expérimental tout récemment libéré du joug américain. Et surtout, la nausée était revenue malgré le cachet pris plus tôt. Sa mère avait raison, son identité était morte en France et il ne pourrait travailler pour sa mère et continuer d'être son fils là-bas. L'idée d'aller dans ce quartier ne l'enchantait guère, mais il en avait marre de se cacher. Cela faisait des mois qu'il n'était pas sorti de son penthouse à New-York avec une vue panoramique sur la ville. Les kinés venaient directement le voir et il faisait ses exercices pour reprendre des forces après des mois dans un lit d'hôpital. La rééducation avait été longue et il ne marchait plus qu'avec une canne quand les trajets étaient trop long et qu'il sentait que sa jambe avait trop travaillé. La vie difficile d'un chanceux qui avait survit à plusieurs balles à bout portant. Le cul bordé de nouilles. Et lorsqu'il avait décidé d'une petite escapade dans les rues bondées de la ville qui ne dormait jamais, il avait croisé un des hommes qui avait cherché à le tuer. Downfall était donc une des solutions les plus sûrs où le French Syndicate avait posé ses valises.

Il se leva de la petite cabine dans laquelle il était depuis quelques heures après avoir lu un livre qu'il avait emmené avec lui, ne parvenant qu'à lire quelques lignes. La nausée était bel et bien là. Il avait besoin de prendre l'air, regarder au loin comme lorsqu'il était en voiture. Il avait le mal des transports même si avec les années, celui des voitures avait fini par se tasser s'il ne faisait pas trop le con. Marchant en boitant, canne en main, il s'aida des rampes pour grimper les escaliers, prenant de grandes inspirations pour ne pas vomir sur ses chaussures. Une fois sur le pont, il alla à tribord après qu'un des matelots aient ouvert une porte qui lui faisait barrage. S'appuyant sur la rambarde, il inspira longuement, regardant l'océan à perte de vue. Les vagues se cassaient sur le paquebot mais il avait l'impression de ressentir les mouvements. Il y resta un temps, incapable de savoir combien quand une voix féminine l'aborda. Tournant la tête, il put voir un couple de blonds côte à côte. La jeune femme était charmante surtout en comparaison du grand moustachu qui avait des airs de molosse. Fronçant les sourcils, il les observa un instant avant que ses yeux ne reviennent sur la jeune femme, répondant en français.

- L'enfer, c'est rien à côté. Vous savez quand on arrive ?

Nul doute qu'ils n'étaient qu'au début du voyage même s'il avait l'impression que cela fait des jours qu'ils étaient partis. Son regard revint sur l'homme silencieux. Au vu de la description

- C'est toi Malcom ? La description qu'elle m'a faite est assez fidèle. Parait que t'es un bon. Faudra qu'on cause pour qu'on s'arrange. Okay ? ... Valentin.

Et il tendit la main à chacun d'eux, la tendant d'abord à la blondinette bavarde.

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New Town, Same Game

ft. Malcom Snyder

Le duo de blond s'était approché du fils Arsenault. C'était la jeune femme qui menait la danse de la conversation, le grand moustachu semblait décidé à ne pas parler. Valentin laissa son regard se porter sur l'horizon, inspira profondément pour chercher à enlever ce poids sur la poitrine, cette chose qui prenait à la gorge. Il avait vomi plus d'une fois, il n'avait rien dans l'estomac mais celui-ci continuait de lui faire vivre ce qui était pire que l'enfer. Dramaking ? Certainement. Il oubliait les mois passés comme si ce n'était qu'une page tournée de sa vie dont les conséquences étaient qu'il ne parvenait à peine à remarcher correctement aujourd'hui. Il n'avait plus la même forme, la même endurance. Ce n'était plus un combattant du haut de ses trente-quatre ans, même s'il n'en avait jamais été réellement un.

La jeune femme dont l'âge devait tourner sûrement autour de la trentaine, n'était pas certaine du temps que le trajet allait mettre. Valentin, lui, pensait qu'ils en auraient pour des jours. Il suffisait de remonter quelques lignes pour confirmer son état de pensée. Zieutant cet espace infini qu'était l'horizon que les bateaux ne pourraient jamais atteindre, le regard du français revint sur Malcom. Vu la description que sa mère avait faite de l'homme qui assurerait sa sécurité, il n'avait que peu de doute quand il posa la question. Valentin tendit sa main aux deux individus, serrant la poigne douce de la jolie blonde, sentant que celle du grand blond serait plus ferme. Et sans surprise, ils purent échanger une poignée de main franche comme si cela allait jouer sur le respect que l'autre allait avoir sur soi. La jeune femme dont le nom n'avait pas été donné murmura quelques paroles à Malcom, cherchant à le pousser à faire un pas vers le fils Arsenault, sans succès. Se pensant être de trop, elle se proposa d'aller chercher un "truc" pour le mal de mer. L'apostrophant alors qu'elle s'en allait, il lui dit :

- J'ai déjà pris un cachet, mais j'ai plus le nom ! Passe dans ma cabine, la quatrième sur la gauche, j'ai la plaquette sur le bureau !

Est-ce qu'il venait de donner accès à sa cabine à une parfaite inconnue ? Totalement. Il n'avait rien à cacher et se doutait qu'elle faisait partie du French simplement parce qu'elle accompagnait Malcom. Et la complicité qu'il y avait dans son regard concernant ce grand moustachu, suffisait à baisser sa garde. Puis, c'était une belle femme, alors il laisserait la suite se faire. Inutile de lui jeter la pierre, il se donnait les opportunités là où il pouvait les trouver. Ainsi, la blondinette partit, ils ne se retrouvaient plus qu'à deux. Valentin le toisa un instant avant de soupirer en s'accrochant à la barrière, poussant un juron.

- Oh putain !

Le français eut un haut-le-cœur, finissant par vomir cette bile qui s'était accumulée dans son estomac, brûlant au passage son œsophage. Les traits tirés, le teint verdâtre, il attendit un instant dans ce silence que Malcom ne semblait pas décidé à briser, observant l'océan, n'admirant plus la beauté du paysage.

- T'es muet ? Finit-il par demander.

Mais il ne l'était pas.

- Mal, j'peux t'appeler Mal ? (mais il se moquait de la réponse.) Tu sais pourquoi ma mère a voulu que tu me suives ? J'me suis fait baiser à New-York, c'était une erreur stratégique. J'ai failli mourir, mais parais que je suis comme de la vermine, increvable.

Une vermine, c'étaient les mots qu'avait prononcés un de ses amis venu lui rendre visite. Il laissait l'occasion à Malcom de parler mais en dehors de quelques gestes et mouvements, aucun son ne sortit de sa bouche. Esquissant un sourire, il s'appuya contre la rambarde, tournant le dos à l'océan.

- J'ai pas besoin d'un baby-sitter. C'est une nouvelle ville, personne ne me connaît ici et j'vais me mettre au vert quelque temps, le temps de me remettre sur les rails Donc, t'auras quartier libre et ça restera entre toi et moi. Ma mère n'en saura rien et je lui dirai, si elle demande, mais j'en doute, que tu me colles au cul même aux chiottes. C'est quoi le deal avec ma mère, d'ailleurs ?

S'il avait l'intention aujourd'hui de se mettre réellement au vert, il changera rapidement d'avis par la suite.

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New Town, Same Game

ft. Malcom Snyder

La jeune femme finit par les laisser, écoutant les indications données par le français, disparaissant quelques mètres plus loin, laissant les deux hommes seuls sur le pont. Valentin tenta de regarder le grand moustachu mais la nausée reprit de plus belle, au point de lui faire vomir le peu de bile qui était dans son estomac. Vomissant par-dessus bord, il ne chercha pas à regarder à nouveau ce garde du corps, fixant un point au loin, cherchant à retrouver un peu de calme alors que son cœur battait rapidement. Et face à ce silence que Malcom lui imposait, le français demanda de but en blanc s'il était muet. Il eut un léger mouvement, très léger, mais qui n'échappa au brun, observateur, quand il s'intéressait un minimum aux autres. Un haussement d'épaule donc ? Oui et non serait sa réponse ou bien la question n'avait pas de sens. Alors Valentin reprit, voulant resserrer le lien avec lui, l'appelant "Mal' comme on l'avait pour la plupart "Val", voulant savoir par ce biais-là, une fois le lien posé, les raisons de pourquoi sa mère avait voulu qu'il le suive. Pourtant, le fils Arsenault lui fit un rappel, lui expliquant la vermine qu'il était, souriant à cette pensée alors qu'il tournait le dos à l'océan, espérant par l'occasion, calmer ce mal qui tordait son estomac.

Il poursuivit donc en assurant au garde du corps qu'il n'aurait aucune raison de le suivre partout, qu'il comptait se reposer. Il lança un rapide regard vers lui, remarquant que derrière ce visage impassible, il y avait un doute. Doute qu'il préféra ignorer, car dans l'esprit du brun, il était certain de vouloir prendre le temps. Alors il préféra savoir ce qui s'était dit avec sa mère. Même si la conversation était à sens unique et que l'on pouvait appeler presque ça, un monologue. Avec le maigre espoir qu'un son sorte de sa voix. Mais Malcom était bien décidé à garder le silence. Il sortit un téléphone de sa poche, pianota dessus avant qu'il ne lui tende l'appareil pour que Valentin puisse y lire trois mots. "Surveillance et Protection".

- Okay, ça reste vague quand même, lança-t-il alors que le blond retournait son téléphone pour écrire quelques mots, apprenant que sa mission ne s'arrêtait pas seulement à lui. Bah, tiens, encore heureux parce que tu risques vite de tourner en rond. Je ne crois pas que le French soit encore bien installé là-bas, mais t'auras de quoi faire. Surtout, s'ils veulent gagner le coeur de ces Amish avec de la coke.

Amish, oui, oui. Il imaginait la vie derrière le Mur comme ceux qui avaient deux trains de retard, n'ayant accès à rien. Ils seraient les nouveaux colons d'une ville devenue indépendante. Est-ce que Valentin ne connaissait rien à l'histoire, ni aux Amish ? Parfaitement. Et ils ne se comptaient pas dedans, pas dans le French Syndicate, pas tout de suite. Il voulait montrer à ce grand moustachu qu'il voulait vraiment se reposer et ne pas entrer dans les affaires des Frenchs alors qu'il avait fait ça toute sa vie, voulant être des leurs, quitte à mentir et se passer pour un sous-fifre.

- Ça fait combien de temps que t'as intégrer le groupe ? Oh et d'ailleurs, t'en penses quoi de cette ville ? C'était un des meilleurs points d'entrée pour commencer un commerce aux Etats Unis. Mais ils avaient ces "Prayers", comme si c'était des Saints et on n'aurait pu se développer plus rapidement si on était parti de là. Bon, New-York n'a pas été un mauvais départ non plus ...

Il ne parlait presque pour lui-même, ayant compris que le garde du corps n'allait pas être des plus bavards. Une réflexion économique où le résultat avait son importance.

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ft. Malcom Snyder

Valentin allait finir par l'appeler le Muet, comme dans la Folie des Grandeurs avec Louis de Funès. Qu'est-ce qu'il avait ri quand il était gosse, à gorge déployée, rien que pour la scène de réveil avec de l'or. S'il demandait à Malcom de se mettre plus bas que lui parce qu'il avait dix bons centimètres de plus que lui, le français avait peur de se prendre un coup de poing. Un demi-sourire à cette pensée qui lui donna du baume au cœur. Non, ce n'était pas l'idée de se faire frapper, mais bien le souvenir de ces moments en France avec son frère.

- J'imagine qu'ils sont en retard sur tout, soupira-t-il en jetant un coup d'œil vers la porte où était partie la jeune femme. Déjà qu'ici il faut payer le triple pour avoir un bon repas, qu'est-ce que ça doit être dans cette ville ? Tu sais pas à quel point ça me manque de manger dans un bon restaurant, comme à Montmartre. J'ai bouffé dans de très bon resto à New-York, t'as des chefs qui sont excellents maiiis je dois être un peu chauvin dans le fond.

Aucun doute que Valentin n'aura aucun mal avec le silencieux Malcom. Il pourrait se faire la conversation tout seul comme il pourrait parler à un mur. C'était sa manière à lui de le tester, de mettre sa patience à rude épreuve. Même si, le brun n'avait mis que la première vitesse, la nausée le rendait un peu fébrile à se lancer dans ce petit jeu. Alors il s'intéressa à nouveau à son garde du corps, lui posant des questions. Il eut un simplement haussement d'épaule, ce qui suffisait au trentenaire.

- Ouais, tu t'en fous. Tu vas où on te dit d'aller, tu ne cherches pas à faire la fine bouche. Tu sais que ce ne sera pas la dernière alors t'as peu d'attache. En même temps quand t'as ce boulot, l'attache, veut mieux éviter d'en avoir. D'ailleurs, ton amie. Amie, amie ou amie et plus y affinité, hein ?

La tête du français était celle d'un gamin de dix ans avec ses index qui se touchaient. Malcom ne lui avait pas collé son poing dans la gueule après qu'il lui ai donné l'information de sa cabine, Val pouvait se douter qu'il n'y avait pas grand-chose même s'ils semblaient être comme cul et chemise vu les regards que la jeune femme lui lançait. Autant s'amuser un peu, non ? Valentin finit par regarder dans la direction où le regard de ce gros patou était posé. Il avait repéré une proie ? Bon toutou ! Le français fronça les sourcils à la vue des bateaux à l'horizon.

- Tiens, tiens, tiens, y'a du monde ! Je me demande s'il y a une activité maritime, ça me manque de faire du bateau. Oui, je sais, c'est contradictoire avec le mal de mer, mais partir de Sormiou, se mettre dans une petit crique, pépère, encore plus si t'as des nanas qui font du topless. C'est quelque chose ...

Valentin s'arrêta en remarquant que les bateaux se dirigeaient vers eux. Son visage changea brusquement, passant de celui joyeux et infantile à l'homme froid qu'il était capable d'être calculateur. L'homme capable d'abattre un individu sur un coup de tête. Même le ton de sa voix avait légèrement changé, moins chantant.

- Des pirates, tu crois ? C'est vraiment le tiers-monde ici, s'agaça-t-il continuant à fixer les bateaux un temps avant de poser la main sur le bras de Malcom. Tu gardes un œil sur eux, je vais voir comment le capitaine s'arrange dans cette situation. Assure-toi d'avoir une arme si nécessaire.

Le mal de mer était encore là, mais il avait un objectif à présent. Il s'assura que le Muet avait compris et se dirigea vers la porte, passant par sa cabine pour récupérer son arme à feu et monter dans la timonerie où le capitaine serait probablement. Ce dernier lui annonça payer ce qu'il faudra pour passer, souvent des dollars, parfois même des marchandises. Il ne voulait aucun débordement, mais cela ne dépendrait pas d'eux, mais bien des individus qui arriveraient d'une minute à l'autre. Il hésita un instant à rester là, à observer à distance et arriver après mais il voulait montrer à ce grand dadais qu'il n'avait pas besoin de lui. Alors il descendit, sans trop se presser, sa jambe le ralentissant mais il arrivera à temps pour observer de près les pirates.

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ft. Malcom Snyder

Les pirates étaient montés sur le pont puis passèrent les portes pour retrouver le capitaine, inspecter les lieux, peut-être même les marchandises. Valentin n'était pas encore arrivé dans la timonerie et pourtant, il entendait des ordres être donnés et il y avait de l'activité. Arrivant à l'intérieur, il soupira en le voyant, s'attendant à voir les pirates d'une minute à l'autre. Le capitaine lui expliqua avoir eu l'occasion de les croiser, plus d'une fois, devant payer le prix à chaque fois. Il avait refusé la dernière fois et les pirates avaient blessé un membre de l'équipage, annonçant que la prochaine fois, il ira nourrir les poissons. Une menace qu'il prenait au sérieux. Alors le capitaine était prêt à payer le prix pour la sécurité de ses hommes. Il l'invitait même à retourner dans sa cabine et attendre qu'ils s'en aillent. Le français comprenait la situation, acquiesça et prit la direction des marches qu'il venait de grimper difficilement.

Une fois arrivé en bas, il entendit une voix vive qui appelait le capitaine par son prénom, marchant dans la direction de la timonerie. Et celui que Valentin pensait être le chef le remarqua à son tour et le héla, avançant d'un pas rapide dans sa direction. Il portait une arme à feu de petit calibre, lui aussi, comme tous les autres. Voyant la canne, il s'en moqua.

T'es nouveau toi ? Ils prennent des boiteux maintenant ?

- Exactement, et bientôt, il y aura des fauteuils roulants pour vous empêcher de progresser.

Le chef ricana face à cette blague de mauvais goût, se rapprochant de Valentin au point où le français pouvait sentir son haleine où l'alcool se mélangeait au tabac et au menthol.

T'es un p'tit marrant, toi. Toi, tu restes avec lui et tu lui expliques ? Tu me rejoins quand t'as fini.

Il s'adressa dans un deuxième temps à un de ces hommes qui hocha de la tête, tandis que les autres reprenaient la route, montrant les escaliers. Ils étaient deux à partir. Valentin et le pirate étaient dans le couloir, il ne semblait y avoir personne d'autres. Armé, il fit un pas avant de lui asséner un coup, faisant tomber le français au sol malgré la canne. Plusieurs coups le touchèrent et le pirate semblait vraiment vouloir lui faire mal alors que Valentin étouffait plusieurs cris de douleur. Une conversation était menée à quelques mètres de là, dans la timonerie.

Ce n'est pas assez.


C'est la somme que vous demandez.

Ah mais ça a changé depuis ton refus de la dernière fois. Les tarifs ont augmenté. Ça te passera l'envie de refuser. Allonge le blé ou on flingue un de tes gars.

Du côté du couloir, le pirate avait arrêté de donner des coups de pieds quand Valentin avait tendis la main, en signe d'apaisement. Il lui dit avoir compris la leçon, ne plus recommencer. Le pirate recula de quelques pas, laissant le brun s'aider de sa canne pour se relever piteusement, ratant un mouvement et se rattrapant au débardeur transpirant du pirate, s'excusant mollement. Une partie de la canne était tombée au sol. Tout se passa extrêmement vite. Valentin surina l'homme au niveau du torse, transperçant le diaphragme, l'estomac et les autres organes du coin. Impossible de dire combien de fois il le frappa mais l'homme n'eut pas le temps de répliquer. Il lâcha son arme et ne tint uniquement parce que Valentin le retenait de tomber. Du sang tachait à présent sa chemise et c'était d'un regard noir qu'il le laissa tomber sur le sol, ramassant difficilement le reste de sa canne, essuyant le sang sur le débardeur du mort avant de ranger la lame à sa place. Voyant qu'il n'y avait personne dans le couloir, Valentin remonta les marches à son rythme, entrant dans la timonerie, arme à feu en main. Le chef des pirates était en train de compter les billets, tout en continuant de bavasser. Il n'eut pas le temps de tourner la tête que le tir retentit. Son homme de main tomba à côté de lui, des morceaux de cervelle se répandant sur le sol. Les membres de l'équipage étaient figés sur place. Le français dirigea son arme vers le chef des pirates.

- Alors, est-ce que je suis toujours aussi marrant, sac à merde ?  

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ft. Malcom Snyder

L'arme pointait le chef des pirates, sans aucun tremblement de la main malgré la respiration rapide du français. Après avoir suriné l'homme quelques mètres plus bas, le bras était armé, fixe, l'arme menaçante suffisait à calmer les ardeurs des plus téméraires. Le regard du brun ne cillait pas, fixant le pirate qui avait arrêté de compter. La tension était palpable et l'équipe du bateau était figée par la peur, les observant comme s'il y allait avoir un duel.

Mais t'es qui, toi, putain ?! S'exclama le capitaine en levant les mains.

- Ton pire cauchemar.

Et il n'en rajouta pas plus, réfléchissant à s'il allait le laisser vivre ou non. Pour l'instant, maintenu en joue, il entendit rapidement du bruit à quelques mètres de lui. Valentin jeta un rapide coup d'œil, reculant pour se mettre à l'abri d'un potentiel tir, sentant bien que son corps était endolori par les coups et la raideur de sa jambe. Le coup d'œil lui permit de voir Malcom et son acolyte avancer dans sa direction. Et sans s'intéresser à leur état, s'ils étaient blessés ou non, il s'adressa à eux dans sa langue natale.

- On va en laisser un vivre, histoire de faire passer le message.

L'arme toujours braquée sur le pirate devenu silencieux, lui-aussi, ce fut Malcom qui calma les tensions en posant une main sur le bras du français, l'invitant à ne pas tirer. Hochant de la tête, il remit la sécurité sur l'arme qu'il rangea à sa ceinture.

- T'as raison, ça ne vaut pas le coup d'utiliser une arme contre lui.

Valentin comprendra ce qu'il voudra et il lâcha du regard le pirate pour voir le mastodonte s'avancer vers sa future victime. Une main sur l'épaule, le pirate essaya de débattre, ne supportant probablement pas cette proximité. Une fois maintenu, Malcom rapprocha l'homme de lui. Il pouvait à nouveau sentir l'odeur désagréable du tabac, de l'alcool et du menthol. Grimaçant, méprisant, il lui attrapa la mâchoire pour l'obliger à ne pas le lâcher du regard.

- Faut faire attention au boiteux, trou du cul, ils ont plus d'une corde à leur arc.

Le souffle coupe, ses yeux s'écarquillèrent par surprise. Le pommeau de sa canne s'était à nouveau planté dans le thorax d'un homme aujourd'hui, traversant à nouveau l'estomac, le diaphragme et d'autres organes signant l'arrêt de mort du pirate. L'homme ne mourra pas de suite, s'étouffera et succombera de ses blessures si personne ne l'achevait. Essuyant l'arme déjà tachée, il l'essuya sur le haut trempé du prochain défunt avant de le ranger dans sa canne, reculant sans la moindre émotion à son égard.

- Est-ce qu'il en reste un en vie ? Qu'il fasse passer le message qu'aucune ordure ne s'amuse à toucher à ce paquebot et à un de ses membres. Ils auront affaire au Syndicat.

Il s'adressa aux deux French avant de s'en désintéresser pour se rapprocher du capitaine. Ce dernier était perdu entre la crainte et le soulagement et après un échange avec le français, il se détendit. Le French Syndicate avait tout intérêt à sympathiser avec lui. Un paquebot comme le sien pourrait avoir un réel intérêt pour eux et s'ils se prenaient de sympathie l'un pour l'autre, ce serait gagnant-gagnant. Il laissa le soin à Malcom de nettoyer, remarquant les corps des hommes inconscient ou mort sur son chemin pour prendre la direction de la cabine du capitaine, afin de boire un remontant, échanger avec lui sur cette situation et voir comment il pouvait tirer profit de ce sauvetage. Valentin n'était pas un héros, loin de là. Et après un verre, il rejoint Malcom et la miss dont il ignorait encore le prénom.

- J'ai vu les gars dans le couloir. C'est du propre votre travail. Ton travail. T'es du genre nettoyeur ?

Il s'adressa aux deux, ne sachant pas qu'elle était le rôle de la jolie blonde, si elle était la voix du muet ou si elle avait un rôle dans le French Syndicate. Observant le blond dont la situation ne semblait pas avoir heurté ses sentiments ni sa coupe de cheveux. Et pour finir. Ce qui était bien. C'était qu'il avait oublié ses nausées pendant ce laps de temps.

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New Town, Same Game

ft. Malcom Snyder

Valentin était un homme impulsif, de ceux qui frappaient en premier pour parler si l'individu en face était encore en vie. Et ses coups de sang n'étaient jamais très bons pour lui ni pour les autres. L'arme tranchante cachée dans sa canne avait eu l'occasion de rencontrer de nombreux torses ou gorges qui s'étaient montrés récalcitrants. Mais il arrivait que l'homme ait parfois quelques bonnes idées qui lui traversent l'esprit. Et lorsqu'il annonça qu'aucune personne ne toucherait aux hommes de ce navire, ses paroles ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd. Si le French Syndicate était un groupe de malfrat, un cartel de drogue originaire du pays de la baguette et des cuisses de grenouilles, ces hommes surent qu'ils gagneraient un allié de taille. Peut-être dangereux car l'illégalité était de mise, mais un allié tout de même. Après tout, le capitaine avait été payé grassement pour faire passer ce groupe de Français avec leurs marchandises.

Donnant des ordres à Malcom et à la jolie blonde à côté de lui, Valentin disparut de la timonerie pour retrouver sa cabine ainsi qu'un point d'eau pour nettoyer sa lame des résidus de sang. Un travail méticuleux lui prenant plusieurs minutes, minutes qu'il eut besoin pour réaliser que la nausée avait disparu le temps de l'action. Les médicaments avaient sûrement fini par agir ou bien comprenait-il que ce n'était pas physique comme mal chez lui. Il avait fait ce détour avant de rejoindre le capitaine, bien secoué par les événements, mais cherchant à avoir fière allure pour ne pas montrer de faiblesse. Ils échangèrent un moment, profitant d'un verre d'alcool pour faire descendre la pression avant que le français ne décide de s'éclipser pour rejoindre les deux autres du Syndicat. Il les retrouva assez facilement avec cette montagne silencieuse dans des couloirs exigus. Il complimenta le travail vu un peu plus tôt, à savoir qu'il n'y avait pas eu une trace de sang de son côté alors que chez le plus jeune des Arsenault, le sang avait coulé à deux reprises. La petite blonde confirma ses dires. Une fée du logis. Elle plaisanta même ce qui fit lever un sourcil à Malcom. Ce dernier avait également hoché de la tête à sa question, mais le silence face à cette jeune femme était rapidement oublié. Elle lui rappela l'homme qu'il avait demandé à garder en vie pour faire passer le message. Et après avoir vu le Muet à l'œuvre, soulevant les morts qu'il entassait sans montre de difficulté, Valentin fut mené au survivant par le géant. Ce dernier était attaché, à moitié somnolent. Le français attrapa une poignée de cheveux pour relever la tête et voir s'il serait capable d'entendre ses paroles mais il faudra peut-être un peu de temps avant qu'il soit parfaitement conscient.

Malcom poursuit son travail tandis que la blondinette expliqua à Valentin que son ami allait disparaître un temps pour se débarrasser des corps. Le trentenaire acquiesça en lâchant la tête du semi-inconscient, se redressant pour se mettre à hauteur de la jeune femme, entendant les explications.

- Oh ça, je n'en doute pas. C'est quoi ton petit prénom d'ailleurs ? Demanda-t-il profitant que le Muet était occupé pour s'intéresser à elle.

Mais c'était comme donné un coup de lame dans le vent, ça ne servait à rien. Elle pensa à un gilet de sauvetage pour l'homme qui passera le message. L'idée de le jeter à la mer était un pari risqué, mais il pourrait rejoindre les terres vues au loin ou peut-être pourrait-il espérer tomber sur un autre bateau pour être récupéré. Elle disparut et Valentin regarda Malcom partir à son tour pour s'occuper des corps. Ils attendirent quelques heures avant que l'homme ne reprenne conscience et le français donna ses consignes, fit passer le message en présence de la blonde. Son ton était froid et détaché. Il y eut un peu de rébellion, mais après quelques coups, il céda. Le gilet fut mis et il fut jeté malgré ses protestations, il fut jeté à l'eau. Les deux lui firent des signes de la main.

Le reste du trajet fut tranquille et quelques heures plus tard, le bateau arrivé à Fallenwalk, dans l'ex-quartier expérimental. Downfall. Une première entrée avec des bâtiments qui rappelaient que ces lieux étaient un autre monde. Valentin alla récupérer ses affaires, laissant le soin aux autres de décharger quand la voix de la blonde annonça que son garde du corps était revenu. Pile à l'heure. Le brun sourit à ses mots et descendit la passerelle pour poser les pieds sur la terre. Une entrée illégale non contrôlée par l'armée, car ils n'en avaient pas les droits. Par chance, ils n'avaient pas croisé ceux qui étaient sur la mer. Il eut un peu la tête qui tourna face à cette nouveauté. Tout semblait vieux, abîmé, défraîchi. Un retour en arrière ou l'impression d'être dans un de ses vieux films.

- Que ça a l'air pourri comme coin ! Soupira-t-il allumant une clope d'une main.

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