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 Naval Warfare [Aaron x Kyoran]

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Kyoran Gweria
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MessageSujet: Naval Warfare [Aaron x Kyoran]    Naval Warfare [Aaron x Kyoran]  EmptyJeu 6 Avr - 10:51

Encore un énième formulaire à remplir. Kyoran repoussa la paperasse avec un soupir exaspéré. Elle n’avait jamais aimé l’administratif. Mais alors l’administratif downfalien, c’était encore un autre niveau. Pas étonnant avec des institutions sous-dotées, gangrénées par les intérêts mafieux, les conflits. La ville manquait de tout, et visiblement, d’organisation aussi. Chaque procédure était fastidieuse, un document sur deux se perdait en cours de route ou n’aboutissait jamais à l’effet escompté. Et encore, c’était sans parler des démarches qui nécessitaient l’assentiment des pontes de Los Angeles.Dans ce cas là, mieux valait avoir plusieurs mois devant soit avant d’espérer une réponse.

Kyoran était arrivée depuis six mois mois et elle avait l’impression d’être enlisée. Rien n’avançait comme elle l’aurait voulu. Bon, elle avait les murs. Des bureaux dans le centre, un entrepôt sur le port de Fallenwalk. Mais c’était une coquille vide. Quelques semaines après son arrivée, elle avait réussi à recruter une assistante de direction, un logisticien, quelques manutentionnaires. Un squelette de staff. Elle s’était attendue à pouvoir faire rentrer un premier stock dans son entrepôt peu de temps après, avant d’accélérer le démarchage auprès des professionnels et établissements de santé. Mais c’était sans compter la démission spontanée de la moitié de sa maigre équipe. Cette désertion simultanée et sans raison apparente avait été la première cause d’alerte. Ce mauvais pressentiment fut vite confirmé : durant une nouvelle vague d’entretiens pour tenter de rétablir son équipage, tout se passait bien jusqu’à ce qu’elle mentionne l'entrepôt situé sur le port et l'approvisionnement par voie maritime. Étrangement, à ces indications, les visages changeaient, les réponses comme les regards se faisaient plus fuyants. Et sans surprise, lorsqu’elle proposait le poste, au mieux on déclinait la proposition avec malaise, en bredouillant des excuses confuses, au pire on filtrait ses coups de téléphone et on évitait soigneusement de lui répondre.

Commencèrent des recherches pour comprendre cet évitement systématique, et la réponse ne tarda pas à tomber. Les Prayers of Insanity avaient la main mise sur Fallenwalk. Elle avait certes eu vent de l’organisation et de son assise et influence dans le borough. Elle ne pensait cependant pas qu’ils avaient un contrôle aussi cadenassé sur le port, entrée stratégique de la ville. Voilà qui n’annonçait rien de bon. Elle s’étonnait d’avoir pu acheter un entrepôt là-bas sans rencontrer d’opposition. Mais c’était peut-être volontaire. Maintenant qu’elle avait cette attache, il allait falloir composer. Kyoran espérait que leur contrôle n’était pas total.

Un discret son de cloche l’alerta de l’arrivée d’un mail. Elle crut un instant à une opportune diversion, mais elle fut bien vite ramenée à cette même préoccupation. La société de gardiennage qui avait été embauchée pour veiller sur un entrepôt vide l’avertissait que des dégradations avaient eu lieu la nuit dernière et on l’invitait à se rendre sur place pour prendre connaissance des dégâts. Pas plus d’informations sur la nature des dommages subis et aucune explication sur comment ces détériorations avaient pu être commises malgré leur surveillance. Des comptes allaient devoir être rendus…

Son premier puis son second coup de téléphone restèrent sans réponse. Kyoran ouvrit son agenda, s’assura de n’avoir aucun rendez-vous imminent. Après un dernier regard, sans regret, vers les piles de papier, elle prit les clefs de sa voiture, son sac, et la direction de la sortie.
Le trajet jusqu’au port et à l’entrepôt était court. La matinée commençait à s’allonger mollement, il n’y avait pas grand monde sur les quais du secteur. Il était trop tôt ou trop tard pour le gros de l’activité. Après avoir déverrouillé une lourde grille et saisi un code pour éviter le déclenchement de la moindre alarme, elle se gara à côté du long bâtiment.

À première vue, elle ne voyait rien d’alarmant, c’était sans doute bon signe non ? Pas de porte défoncée, pas de toit effondré, même pas un tag. Ou alors, ça voulait dire que les dégradations étaient plus insidieuses. Ce qui l’inquiétait davantage, c’était de ne voir personne se présenter à elle pour lui expliquer la situation. Avaient-ils trop honte de ne pas avoir assuré leur mission pour seulement lui faire face ? La brune sortit à nouveau le trousseau et fourragea jusqu’à trouver la clef correspondant à la petite porte de service qui débouchait sur le petit espace “bureau”, si l’on pouvait appeler cela comme ça. Cependant, elle suspendit son geste, son attention captée par un bruit derrière elle.

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MessageSujet: Re: Naval Warfare [Aaron x Kyoran]    Naval Warfare [Aaron x Kyoran]  EmptyDim 23 Avr - 14:14


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- Septembre 2021, 10:40 am -


Le regard guettant le reflet de l’océan régulièrement entrecoupé par les murs des infrastructures du port, Aaron se laissa aller à un soupir silencieux. Ezechiel était au volant et observait, comme à son habitude, un mutisme que le leader des Prayers of Insanity savait apprécier. Ce dernier aurait aimé que le trajet soit plus long, tant le calme de l’habitacle de la voiture lui était salvateur. Depuis que le Procureur Woodrow avait fait du cartel l’ennemi n°1 de la DPD, Florence et la Zone 33 s’étaient embrasées. Le ton ne cessait de monter entre les deux camps où la vindicte était devenue l’intention première des affrontements, l’un ne pouvant gagner que s’il anéantissait l’autre. En mars dernier, la DPD et sa brigade spécialisée étaient parvenues à avancer leurs pions jusqu’au cœur de Fallewalk. Une première percée dans le territoire du cartel qui s’était conclue par l’arrestation de plusieurs gradés. Il avait alors porté un coup à la justice, et s’offrit une percée à son tour dans les rangs ennemis. Quelques jours auparavant, ses hommes avaient assassiné le Procureur Woodrow, en en faisant la cible d’un guet-apens organisé au sein même du quartier d’Inglewood. Œil pour œil, dent pout dent. La Loi du talion était le seul invariable de l’existence permise ici-bas. Si bien qu’il ne pouvait y avoir qu’une escalade dans la violence, toute tempérance étant perçue comme de la lâcheté, et de fait, l’opportunité de pouvoir dominer l’autre. Or, bien qu’habitué à jouer à la guerre, Aaron éprouvait une forme de lassitude à voir tant d’hommes, de temps et d’argent sacrifiés dans cette lutte d’usure.

La voiture ralentit au moment de prendre un virage sur la droite puis s’immobilisa, suffisamment en retrait pour que le véhicule ne soit pas visible depuis l’entrée. Kyoran Gweria devait être en train d’ouvrir la grille et de désactiver l’alarme. Ezechiel attendit qu’elle rentre sur le site de son entrepôt pour avancer leur voiture à leur tour. A une vitesse aussi réduite, le véhicule était quasiment silencieux, si ce n’était le bruit des gravats sous la gomme des pneus. Or, un vent marin frappait le port et sifflait entre les hangars de Fallenwalk, couvrant ainsi leur entrée.

Kyoran Gweria. Héritière d’un empire pharmaceutique de la côte Est, accusée d’avoir tué son père afin de prendre la tête de l’entreprise paternelle. Sept ans de cavale pour finalement réapparaître et laver son nom. Mais elle ne put laver son orgueil, Owen Odd Gabriel, ancien associé du père Gweria, responsable de son meurtre et de la déchéance de la fille, s’étant soustrait à la barre de la justice et au couperet de la vengeance. L’histoire aurait pu s’arrêter là, et Kyoran ne jamais avoir à faire au cartel des Prayers of Insanity. Cependant, pour des raisons encore obscures – ou du moins pas confirmées -, Gweria avait décidé de s’implanter à Downfall, achetant un entrepôt et un quai à Max Hayes, l’un des prête-noms d’Aaron Phillmore. Ce dernier avait consenti à ce que la transaction ait lieu, y voyant l’opportunité de profiter du va-et-vient des marchandises de la Gweria Enterprise pour soutenir le business du cartel, en trompant la vigilance des douaniers qu’ils n’avaient pas encore réussi à corrompre. L’arrivée de l’entreprise avait également été soutenue par une action de communication publique par la ville de Los Angeles : cet investissement en terre downfallien avait été salué comme une preuve de charité des Américains envers l’enclave, avec une offre d’accès à du matériel pharmaceutique et pharmacologique non importé – et taxé - par le cartel. Mais pourquoi Kyoran avait-elle tenu à elle-même ouvrir cette succursale ? Comme à son habitude, Livia s'était renseignée sur ce "partenaire". Aaron aimait savoir à qui il avait à faire, et quelles informations utiliser s'il devait se montrer plus "insistant" dans ses exigences. L'implantation de la succursale était-elle en lien avec ce Gabriel qui s'était dérobé à toute forme de punition ? Après tout, Downfall était connue pour accueillir les criminels en cavale. Kyoran tenait-elle pour autant à le traquer elle-même, alors qu'elle pouvait juste mettre un contrat sur sa tête ? Et faire ainsi d'une pierre, deux coups. Or, dans ce cas, les intentions de la cheffe d’entreprise étaient bien moins louables qu’annoncées. Mais tout cela n'était que des spéculations dont la confirmation importait peu pour le cartel. Pour le moment du moins.
Cela faisait donc six mois que Kyoran Gweria avait posé un pied sur le sol downfallien, peinant à s’y établir solidement. L’emprise des Prayers of Insanity sur Fallenwalk était telle que l’indépendance portée – car imaginée – par Gweria était vue comme pure folie. Personne ne voulait se risquer à faire du business en dehors de celui du cartel ; cartel qui, jusque-là, l’avait laissée faire, afin de l’observer. Or, il était à présent temps d’informer la cheffe d’entreprise du contrat tacite qu’elle avait souscrit en achetant ces quais.

Une fois la voiture arrêtée derrière celle de la propriétaire des lieux, Aaron et Ezechiel sortirent de l’habitacle et s’approchèrent de Kyoran. Ils n’étaient que tous les trois, le Capo chargé de Fallenwalk ayant demandé à l’équipe de gardiennage embauchée par Gweria de prendre un jour de congé. Leur arrivée fut finalement perçue par la brune qui s’immobilisa et se raidit devant la porte de service du bâtiment. Prenant un ton de voix tout à fait cordial, voire commercial, Aaron introduisit sa présence : « Bonjour Madame Gweria. J’aimerais vous parler. Avez-vous quelques minutes ? »

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MessageSujet: Re: Naval Warfare [Aaron x Kyoran]    Naval Warfare [Aaron x Kyoran]  EmptyLun 12 Juin - 14:21

Lorsqu’elle fit volte-face, Kyoran découvrit deux inconnus en train de sortir d’un véhicule, aucun d’eux ne faisant partie de l’équipe de gardiennage qu’elle avait embauchée. Pour autant, ils ne s’étaient pas gênés pour entrer sur sa propriété avec une décontraction stupéfiante, profitant de son arrivée pour se faufiler à sa suite. Ce genre de manière de procéder n’annonçait rien de bon. Cette situation commençait décidément à puer le traquenard. La brune fixa son attention sur l’homme qui semblait mener la barque, marchant légèrement au front. Il était grand, barbu, avec un air de boxeur rangé des voitures. Trop bien habillé pour la majorité de Downfall.
Il transpirait de lui une confiance qui ne plaisait pas du tout à Gweria. Elle connaissait cet air, elle l’avait vu trop souvent. Il avançait comme en terrain conquis, sûr de lui. Ses manières avaient beau être charmantes, elles ne suffiraient pas pour désenclencher la méfiance de la femme d’affaires. Elle lui rendit cependant son salut. Du haut des quelques marches métalliques qui menaient à la petite porte, Kyoran les regardait approcher. Est-ce qu’elle avait quelques minutes ? Avec une approche pareille et ce ton affable, on aurait pu croire qu’ils souhaitaient lui parler de notre sauveur Jesus Christ.

Après cette introduction -qui n’en était pas une, puisqu’ils s’étaient bien gardé de se présenter; alors qu’ils savaient visiblement très bien à qui eux s’adressaient- la quarantenaire descendit le court escalier pour venir à leur rencontre.

“Et vous êtes ? En principe il est plus efficace de fixer un rendez-vous auprès de ma secrétaire plutôt que d’arriver non-annoncé, mais puisque vous êtes là, dites-moi tout.”

Son sourire mesuré adoucissait la légère acidité de sa remarque. Puisqu’il avait placé leurs échanges sur le terrain de la complaisance, elle allait en faire de même. Ces quelques minutes initiales avaient laissé à son cerveau le temps de préciser ses soupçons. Il n’y avait pas cinquante personnes susceptibles de venir la trouver au port de manière aussi cavalière. Encore moins qui pouvaient être responsable du guet-apens dont elle était victime. Convaincre l’entreprise de gardiennage de feindre une dégradation pour l’attirer sur place, puis de disparaître… Kyo craignait de deviner l’identité de son interlocuteur. Restait à savoir si elle avait affaire à la tête des Prayers of Insanity ou à un de ses bras.

Malgré ses déductions, elle tendit une main polie vers l’homme qui avait parlé, puis vers le second, avant d’ajouter.

“À tout hasard, vous n’avez pas entendu parler de vandalisme sur les quais ? C’est la raison de ma présence ici aujourd’hui.”

Elle se retint d’ajouter “Le coin grouille de nuisibles.” Elle avait beau ne pas porter dans son cœur le cartel (enfin, pas ce cartel en particulier, mais la mafia en générale) et surtout, ne rien vouloir avoir à faire avec eux, elle savait aussi très bien qu’il fallait choisir ses batailles, et encore plus important, choisir le bon moment pour les initier. En la prenant de cours ainsi, isolée sur leur territoire, il faisait inévitablement pencher la balance en sa faveur et Kyo n’allait pas lui céder un pouce d’avantage supplémentaire en braquant l’échange. Pour autant, elle n’allait pas jouer l’idiote et prétendre être dupe.

Pour l’instant, elle restait fermement ancrée dans sa posture, un mélange d’amabilité professionnelle et de fermeté, attendant une introduction dans les règles et qu’il annonce clairement le sujet qu’il souhaitait aborder.


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Aaron D. Phillmore
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MessageSujet: Re: Naval Warfare [Aaron x Kyoran]    Naval Warfare [Aaron x Kyoran]  EmptySam 17 Juin - 13:21


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- Septembre 2021, 10:40 am -


Perchée sur une volée de marche, la quadragénaire toisa les deux hommes qui avaient pris la liberté de fouler sa propriété. Elle la jaugea et jugea en l’espace de quelques secondes, d’un œil qu’Aaron évalua comme avisé. Gweria connaissait les codes et les hommes de cette sphère si particulière du business ; d’un business où les dents étaient souvent bien trop longues pour être masquées, surtout lorsqu’on souriait. Phillmore abandonna alors son sourire commercial pour un très bref rictus carnassier. Puis, il le recouvrit presque instantanément d’un air sérieux, aux inflexions soucieuses. Comme s’il s’inquiétait d’avoir pu froisser son interlocutrice, dont la posture raide traduisant une forme d’inflexibilité. Pourtant, à l’issue de cet entretien, Gweria aura à faire preuve d’un peu plus de souplesse. Il attendait d’elle qu’elle courbe l’échine. Néanmoins, il n’était pas contre une brève résistance, afin de donner un peu de consistance à cette rencontre qui, dans le cas contraire, se révèlerait bien ennuyante.

Descendant de son piédestal, la quarantenaire les rejoignit. Elle dilua le ton assez sec de sa remarque dans un sourire maitrisé, et lui demanda qui il était pour ainsi s’octroyer le droit d’outre-passer le filtre de sa secrétaire. Cependant, puisqu’il était là, devant elle, Gweria était prête à l’entendre. « Je pense que vous savez qui je suis. Enfin, qui je peux représenter. » Kyoran lui était apparue à travers les propos de Livia comme une femme sagace. Son bras droit l’avait d’ailleurs mis en garde, l’invitant à ne pas d’emblée l’intimider. Il devait lui prouver qu’il était aussi doté d’intelligence, et qu’il était pleinement conscient de ce qu’il se jouait et jouerait entre eux. Et à vrai dire, Aaron possédait des qualités certaines pour s’engager dans ce genre d’altercations à bas bruit. C’était un terrain qu’il maitrisait et affectionnait, plus que celui de la violence brute, dénudée de mots. D’expérience, la manipulation psychologique avait tout autant d’effet que la torture physique, mais l’une renforçait l’effet de l’autre quand l’usage d’une seule se révélait insuffisante à briser les volontés.
Le narcotrafiquant ne s’annonça pas comme l’homme qu’il était, se positionnant plutôt comme un subalterne néanmoins bien placé, suffisamment pour pouvoir avoir la charge de cet échange. Une place qu’il avait longtemps occupée, du temps où Edward Flynn dirigeait le cartel. Et si cette charge revenait aujourd’hui à Livia, Aaron aimait, assez régulièrement, paraître en ce genre d’instance qui relevait moins de la négociation que de l’avertissement.

Phillmore serra la main que Gweria lui tendit. Elle salua également Ezechiel qui laissa néanmoins la main de la femme vide de la sienne. Il se contenta de hocher la tête, indiquant ainsi qu’il ne s’engagerait pas plus loin dans cette interaction. Aaron s’apprêtait à le renvoyer à la voiture quand Kyoran, la voix toujours mesurée, lui demanda s’ils savaient que les quais étaient victimes de vandalisme ces dernières semaines. Elle ajouta qu’elle était venue jusqu’ici pour constater les dégâts et… et quoi. En avertir la police ? Ou débuter elle-même sa propre enquête ? Phillmore eut une moue faussement désolée, et après avoir demandé à son homme de main de disposer d’un geste, répondit : « C’est en effet regrettable. Mais je ne pense pas que cette section du port ne souffre de ce genre d’acte. Les équipes de sécurité et de gardiennage sont sérieuses. Elles font ce qu’on leur demande. » Plus explicite qu’implicite, Aaron coula un regard entendu à son interlocutrice, confirmant ainsi les hypothèses qu’elle avait du élaborer.

Le vent roulait en rafales, et heurtait avec force la taule des hangars. Les pans de la veste que portait le narcotrafiquant claquaient, donnant une illusion de mouvement à ce corps qu’il maintenait fermement droit. « Vous n’êtes pas assez dupe pour ne pas avoir saisi l’enjeu de ce rendez-vous organisé sans que je sois passé par votre secrétaire Madame Gweria. Je tiens cependant à préciser une chose avant que nous nous engagions plus loin : sachez qu’aucune menace ne pèse sur vous en cet instant. L’homme qui m’accompagne est uniquement là pour ma sécurité. Consentez-vous à respecter les clauses de cet échange ? Que nous ne soyons aujourd’hui pas une menace pour l’autre ? » Phillmore ne fit pas, cette fois-ci, l’effort d’un sourire forcé. L’expression de son visage était neutre, et reflétait avec justesse le calme avec lequel il paraissait face à elle.


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Kyoran Gweria
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MessageSujet: Re: Naval Warfare [Aaron x Kyoran]    Naval Warfare [Aaron x Kyoran]  EmptyVen 1 Sep - 12:33

Kyoran apprécia de voir tomber le masque factice et édulcoré de son interlocuteur au profit d’un visage plus sérieux, quoi que plus inquiétant aussi. Si plus jeune elle avait adoré se perdre en badinages et jeux verbeux, elle découvrait qu’en vieillissant elle avait de moins en moins de patience pour les faux-semblants. Elle n’aimait pas qu’on lui fasse perdre son temps. Alors au moins, il ne lui faisait pas l’outrage de la prendre pour une idiote en continuant cette pantomime.
En revanche, elle ne manqua pas de noter que malgré ses jongleries verbales, il n’avait toujours pas daigné décliner son identité.

"Je pense que vous savez qui je suis. Enfin, qui je peux représenter.
J’ai ma petite idée oui. Cela n'empêche que j’aime savoir à qui je m’adresse, nominativement.”


Sa poignée de main resta légère mais assurée tout en assénant son verdict, signifiant que la discussion aurait du mal à aller plus loin tant qu’il n’aurait pas la correction de les mettre à égalité.
Elle observa le second homme, resté en retrait durant cette brève introduction, s’éloigner après un léger mouvement du menton. Elle le suivit du regard tandis qu’il retournait se poster vers leur véhicule. N’étant plus en immédiate infériorité numérique, elle se détendit très légèrement, même si elle n’était pas dupe : il n’était pas dans son intérêt de rentrer dans un affrontement ouvert avec l’homme en face d’elle, qu’il soit seul ou non. Elle savait également très bien qu’il n’avait pas accompagné son supérieur pour rien : on cherchait sans détour à établir un rapport de force écrasant. Si Kyoran n’était plus du genre à se laisser intimider aussi facilement depuis longtemps, elle ne prenait jamais à la légère les signaux et les mises en garde qu’on lui envoyait. Les égos boursouflés étaient souvent la première étape vers une chute brutale et sans détour.

Lorsque l’inconnu balaya l’idée d’une quelconque délinquance sur les quais, la brune arqua un sourcil dubitatif et peu crédule. Au moins il ne prétendait pas que leur rencontre était le fruit du hasard, il reconnaissait à demi mots avoir eu la main dans cette succession de circonstances, ayant l’amabilité de confirmer encore un peu plus les suspicions de Gweria. Oui, les équipes de sécurité et de gardiennage faisaient ce qu’on leur demandait. Si la demande venait des Prayers.
Il allait falloir revoir son process de recrutement, et ça ne s’annonçait pas une mince affaire pour trouver une équipe qui ne se laisserait pas menacer ou embobiner par le gang. Mais elle verrait ça plus tard. De toute façon, si cet entrepôt devenait inemployable, il n’y avait pas que les process de recrutement qui allait être un problème.

« Vous n’êtes pas assez dupe pour ne pas avoir saisi l’enjeu de ce rendez-vous organisé sans que je sois passé par votre secrétaire Madame Gweria. Je tiens cependant à préciser une chose avant que nous nous engagions plus loin : sachez qu’aucune menace ne pèse sur vous en cet instant. L’homme qui m’accompagne est uniquement là pour ma sécurité. Consentez-vous à respecter les clauses de cet échange ? Que nous ne soyons aujourd’hui pas une menace pour l’autre ? »

Kyoran sourit au terme “rendez-vous”, et encore davantage au terme “organisé” qui le suivit de près. L’audace de cet homme…

Un garde du corps alors. Est-ce que ça voulait dire qu’il n’était pas en mesure de se défendre seul ? Elle en doutait. Qu’ils la prenaient suffisamment au sérieux pour savoir ce dont elle pouvait être capable ? Bien.
Elle opina du chef à cet accord. Quelle était l’alternative de toute manière, sortir son gun tout de suite et commencer à shooter tout ce qui était sur sa propriété sans y avoir été invité ? Pas son style, de tirer d’abord et poser les questions plus tard. Elle avait beau acquiescer, elle n’aimait pas la promesse cachée derrière la clause de non-agression : on s’engageait à ne pas se nuire aujourd’hui tout en suggérant que ça serait le cas plus tard si les choses ne tournaient pas dans leur sens. Toujours ce rapport de force qui cherchait à se tisser pour l’entraver.

“Je ne cherche à être une menace pour personne. Je défends simplement mon intérêt et mon entreprise quand nécessaire. Comme vous le faites d’ailleurs vous-même, je n’en doute pas.”


Le vent mordant avait fini par s’insinuer sous son manteau pour grignoter le peu de chaleur disponible. Elle renfonça ses mains dans ses poches avant de se détourner de son interlocuteur. D’un pas leste, elle remonta la volée de marche et entreprit d’ouvrir la porte, reprenant là où elle s’était arrêtée, comme si elle n’avait jamais été interrompue.

“Un café ? Nous serons mieux à l’intérieur pour discuter.”

La proposition n’en était pas vraiment une, car elle n’avait pas attendu la réponse pour s’engouffrer dans le bâtiment. Réveillé à regret, un néon ronchonna avant de dispenser sa lumière chiche dans le petit cube qui servait de bureau administratif. Kyoran jeta un œil à travers la vitre qui donnait sur un côté de l'entrepôt, plongé dans la pénombre. Sans surprise elle ne vit pas trace de ses employés, ou anciens employés plutôt.
Elle contourna le bureau et enclencha la cafetière avant de prendre place. Son regard darda vers le petit chauffage d’appoint, mais il était trop tôt pour l’allumer. Alors elle se laissa réconforter par le petit ronron du café qui se préparait sans hâte.

“Vous avez réussi à avoir mon attention, alors de quoi souhaitiez-vous tant parler ?”

Elle se retint de justesse de rajouter un “Monsieur…?” pour la forme.

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MessageSujet: Re: Naval Warfare [Aaron x Kyoran]    Naval Warfare [Aaron x Kyoran]  EmptySam 9 Sep - 11:36


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- Septembre 2021, 10:40 am -


Aaron ne pouvait nier ressentir une forme d’enthousiasme, voire même d’excitation, à l’idée de se confronter à cette femme qui semblait pouvoir lui opposer assez de volonté et faire preuve de suffisamment de perspicacité pour rendre cette entrevue un minimum intéressante. Ne serait-ce qu’en lui offrant le plaisir d’échanges soutenus par une bonne dose d’éloquence. Le narcotrafiquant ignorait si Gweria naviguait avec autant d’aisance dans les milieux financier et politique que celui du banditisme, mais il lui accordait des compétences certaines pour avoir fréquenté les premiers. Des compétences transversales, si ce n’étaient communes, tant ces deux milieux ne constituaient, au final, qu’un même continuum sur lequel glissait le cursus de la moralité. Ainsi, l’inflexibilité pugnace avec laquelle elle se tenait, droite et raide, face à lui, lui plaisait.

La quadragénaire requérait son identité, certainement pour ainsi pouvoir évaluer le motif du dérangement qu’il occasionnait en n’ayant pas prévu le secrétariat de la PDG de sa présence. Aaron estimait que l’éventuelle contrariété de son interlocutrice n’était pas tant causée par le temps qu’il venait lui prendre que par la déstabilisante surprise qu’il incarnait. Ces quelques secondes d’échange suffirent à Gweria pour se faire une idée de qui il représentait. Elle lui redemanda cependant son nom, invoquant le besoin de connaître son statut pour probablement adapter sa posture et arranger ses pensées en fonction. Aaron laissa sa sollicitation morte, et se contenta de serrer la main qu’elle lui tendait.

Le ton demeurait cordial entre eux. Pourtant, chacun pouvait percevoir que, déguisée derrière cette sympathie de convention, la tension croitre et aiguiser les esprits. La femme d’affaire invoqua le hasard pour interroger son interlocuteur sur l’état de la délinquance à Norwalk. Elle précisa paraître aujourd’hui sur le site de son entrepôt afin de constater par elle-même les actes de vandalisme ayant dégradé le lieu qu’elle possédait. Aaron s’empressa de dissiper ses suspicions sur la qualité de la surveillance de cette jonction du port pour en confirmer d’autres. Il souhaitait ainsi commencer à lui présenter comment les choses fonctionnaient ici, sur son territoire. D’ailleurs, à l’occasion de cette première rencontre, il lui proposa de souscrire à une clause : celle de non-agression. Gweria y consentit d’un mouvement de tête, avant de poser d’une voix calme qu’elle n’était pas d’un tempérament à chercher le conflit. Néanmoins, elle précisa qu’elle saurait défendre ses intérêts et son entreprise. Elle présupposa qu’ils pourraient se comprendre sur ce point. Phillmore égaya alors son visage d’un sourire entendu.

Le temps capricieux de cette matinée les amena à changer de case sur l’échiquier. La femme d’affaire lui offrait un café ainsi qu’un confort légèrement amélioré s’il la suivait dans le bâtiment. « Avec plaisir. » Aaron avait négligemment levé les mains au moment d’accueillir sa proposition. Or, l’œil averti d’Ezechiel - qui s’était replié dans la voiture, comme exigé - avait bien perçu et compris le message codé dans infraverbal de son patron.
Gweria ne l’avait pas attendu et était rentrée dans le bâtiment. Phillmore lui emboîta le pas, serein. Il découvrit un petit espace agencé sommairement. La lumière blafarde du néon éclaira un bureau derrière lequel la quadragénaire se glissa pour atteindre la cafetière. Une fois celle-ci allumée, elle s’assit dans son siège, et lui demanda d’en venir à la raison de sa présence. Aaron avait pris place sur une chaise. Il regarda distraitement le bureau de Gweria, pinçant les lèvres au cours d’une brève expression de jugement. Puis, gardant ses réflexions pour lui, il consentit à répondre à son interlocutrice, non sans avoir fait durer le silence entre eux une seconde de trop. Il était en position d’autorité, et il lui revenait donc de donner le rythme qu’il désirait à cette entrevue. « Je suis venu jusqu’à vous pour justement parler de votre intérêt et de votre entreprise. Vous vous êtes implantée à Downfall officiellement il y a de cela six mois. Cet entrepôt et le quai adjacent vous a coûté une petite fortune parait-il. Il est difficile d’acquérir une telle propriété ici ; le marché downfallien est assez fermé. » Parce que monopolisé par le cartel. Une information largement connue et partagée à Downfall, mais tue aux investissements extérieurs, dont l’argent se faisait alors prendre dans les filets du gang. Même Madame Cleveland se faisait discrète sur ce point, et ainsi complice, tant elle savait que la ville avait besoin de ces investissements pour sortir de la crise financière qui s’aggravait chaque année. « J’ai cru comprendre que vous rencontriez des difficultés dans le lancement de votre projet. Je pourrai peut-être vous aider concernant les actes de vandalisme dont vous souffrez. Nous possédons les deux entrepôts qui encadrent le vôtre, ainsi que leur quai. Peut-être que nos équipes de surveillance pourraient également assurer la protection de votre site et par conséquent de vos investissements. » Il s’agissait d’une proposition d’ingérence à peine dissimulée, mais Aaron voulait laisser le choix à Gweria de pouvoir encore se voiler la face quelques minutes. Car tous ses prochains choix ne seraient qu’illusions, les décisions ayant déjà été prises sans l’avoir concertée.


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Naval Warfare [Aaron x Kyoran]
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