Cherry Bomb (La Loi du Talion) [Lovelyn x Shaade]

J’en suis à ma troisième lingette démaquillante, mais rien à faire, tel le tonneau des Danaïdes, mes paupières continuent de déverser un flot de paillettes qui ne semblent jamais se tarir. J’ai beau dire qu’il n’y a jamais trop de paillettes, il faut bien reconnaître que parfois, less is more. Quiconque a déjà renversé un pot de glitter dans son appart sait de quoi je parle.

Je suis un peu crevée ce soir. Ce n’est pas souvent. En principe après être passée sur scène, je suis revigorée, avec encore plus d’énergie que jamais. Mais je crois que l’ambiance générale commence à m’atteindre un peu. Le nouveau meurtre est dans l’esprit de toutes les filles. Ce n’est pas nouveau, de vivre dans la peur, la méfiance. Mais jusqu’à présent j’avais réussi à balayer ça sans trop de peine. N’allez pas croire que je m’en fou, loin de là. Mais je refusais que ces événements macabres me changent. Je refusais de changer mes horaires ou mes trajets de retour. Même quand Satine a tenté du chantage affectif pour que j’arrête de venir bosser au Carnival, soit disant trop dangereux. Autant crever. Autant laisser gagner les chiens direct, et leur donner les pleins pouvoirs.

C’est peut-être de l’inconscience, mais dans la vie, j’ai toujours eu cette espèce de confiance écrasante que tout va bien tourner pour moi, toujours. Alors je n’ai jamais pensé une seule fois que je pourrais devenir la prochaine victime. Main character energy, il parait. Mais en ce moment c’est quand même difficile d’affronter les regards moroses ou vengeurs. Ma bestie est même venue ce soir au Carnival, elle qui a juré de plus y remettre les pieds. Juste pour me “tenir compagnie” -comprenez, me raccompagner pour pas que je rentre seule. Elle m’a rejoint dans les coulisses, et on a commencé à débriefer gaiement les numéros de la soirée. Ca faisait un moment qu’elle ne m’avait pas vue sur scène. On a échangé nos meilleurs potins. Ce n’est pas comme quand elle bossait ici elle aussi, bien sûr. Elle ne connaît pas les petites dernières, ou les habitués. Mais quand même, on reprend vite nos habitudes quand on est toutes les deux.

L’heure de fermeture est proche, alors il ne reste plus grand monde dans la loge. J’ai toujours aimé traîner, et ce soir ça insupporte la petite brune. Ca se voit que derrière la bonne humeur, elle n’a qu’une hâte : sortir d’ici. De l’autre côté de la pièce, Viv’ rigole doucement à certaines de nos conneries. Elle n’ose pas vraiment prendre part à la conversation, mais on sent qu’elle suit avec attention tout en rangeant ses affaires.

Comme je le disais, j’en suis à ma troisième lingette démaquillante lorsque Satine décide de me planter là pour aller aux toilettes, avec la menace de me tirer hors du lieu par la peau du cul si je ne suis pas prête à partir quand elle revient. J’aimerais bien la voir essayer, qu’on rigole. Je continue donc mon rituel sans me presser, mais avec un petit sourire.
Je finis par abandonner le démaquillage : on a retiré autant de brillant qu’humainement possible, il faut se faire à l’idée que ce qui reste sera là pour toujours désormais. Je plie soigneusement mon costume avant de le ranger dans le casier à côté de ma station. Je suis entrain d’enfiler mon pantalon lorsqu’une furie rentre dans la salle. Pendant une seconde je me dis que Sa’tits est remontée comme un ptit coucou et que mon heure est venue. Mais en me tournant à demi, je me rends compte que la nouvelle venue est une autre brune : Lovelyn Bishop. On se croise beaucoup mais on se connait peu. Et elle n’est pas vraiment une habituée des loges. Mais vu son regard déterminé, elle n’a pas l’air là par hasard pourtant. Je finis de boutonner mon jean tout en levant un sourcil interrogateur dans sa direction.

“Salut Love ! T’as besoin d’un truc ?”

Après tout, je suis connue comme la bricoleuse de service ici. C’est souvent les showgirls qui viennent me trouver pour leurs problèmes de costume, mais après tout, y a pas de frontière à l’entraide.

Elle avait l’impression d’être hors de son corps de regarder de là haut, quelque part, comme si elle flottait dans l’air, son corps se faire utiliser par cet homme, qui avait payer pour cela.   Elle avait toujours cette sensation quand elle travaillait, parce qu’elle avait appris a éteindre son cerveau, ses émotion, elle avait appris a comme dissocier son esprit de son corps mais aujourd’hui c’était différent.  C’était son premier client de la soirée,  un homme a la propreté et l’état passable, dans une ruelle sale et sombre, bien loin de ses habitude, mais c’était une passe rapide, une passe dont elle avait presque le besoin vital, simplement car elle avait besoin de cet argent. Elle n’avait pas prit de liquide et Ada avait épuisé son stock de poudre, elle était donc partie de l’appartement ce soir sans drogue quelconque dans l’organisme et sans un sous en poche. Alors elle avait eu besoin de cette passe qui l’écœurée encore plus que toutes celles qu’elle ferait ce soir ou avait l’habitude de faire.  Elle se salissait juste encore un peu plus, pour une simple dose. Le pire c’est qu’il lui offrait tout juste assez pour s’offrir une petite dose. Heureusement elle avait déjà une idée sur où trouver ce qu’elle désirait pour pas trop cher, elle espérait.

Elle entra dans le Carnival rapidement, elle passerait dans son appartement de travail pour prendre une douche une fois qu’elle aurait eu ce qu’elle voulait, ce dont elle avait besoin. Tant pis si elle portait encore un peu l’odeur immonde de cet homme sur elle, ou si elle avait encore son collant déchirer. Quoi cela faisait vulgaire ? A la bonne heure, ce n’était pas comme si elle était une femme pleine de classe, ou une fucking princesse.  Elle n’avait que faire de la décence. Elle rejoint la femme dont elle avait besoin assez rapidement et l’aborda. Après un échange rapide, Love eu une envie de meurtre. Elle venait de se heurter a un non.  Soit disant Kenza n’avait plus de marchandise sur elle, soit disant elle avait déjà refiler sa dernière dose a un mec. Salope, c’est le début de soirée et t’as d’jà tout filer ? Tu parle de la solidarité entre pute…Sale chienne. Qu’elle se retenait de lui cracher a la gueule, en plus du « grosse conne » qu’elle lui avait déjà lâcher et avait passer son chemin. Elle s’installa a une table, posa les coude sur la table et prit sa tête dans ses mains. « Réfléchi Love, réfléchi putain ! » En se disant cela tout bas, elle entendit dans un coin de sa tête la voix de sa mère lui dire d’un ton plein de mépris et jugement « ca changera de d’habitude ». Elle s’efforcer de ne pas entendre la petite voix, elle s’efforcer de se concentrer. Et elle fini par avoir un flash. Elle mit même un coup avec la paume de la main sur la table en bondissant de sa chaise.

Rapidement elle rejoint les coulisses de cet endroit qu’elle connaissait par cœur. Il lui arriver de les fréquenter quand elle dansait sur scène pour rendre service a Kate qui avait un problème d’employée. Parfois elle jouait aussi les serveuse ou barmaid…Il n’y avait rien qu’elle ne ferait pas pour Kate de toute façon, elle était toujours prête a lui rendre service.  Donc une fois dans les coulisses, elle chercha rapidement du regard la personne qu’elle venait trouver. Et elle ne fut pas vraiment difficile a remarquer de part sa carrure.  Elle s’en approcha d’un pas bien décider alors que la grande blonde était en train de se rhabiller.   La danseuse de cabaret l’aborda. Love se planta devant elle, le regard dardé sur elle, peut être un peu froid. Elles ne se connaissait pas vraiment, de vue et de nom tout au plus. Love savait que c’était une des meilleures danseuse de Kate, que cette femme avait du talent et qu’elle vivait avec des hommes transgenre et des gay, mais Love n’était pas du genre a juger ses sœurs, elle se fichait bien d’avec qui Shaade vivait, surtout en ce moment.  Elle sortie de son décolleté  quelque billet et les tendit a la blonde. « T’en as ? » Oui elle était directe, elle ne tournait jamais autour du pot la sirène, elle était connue pour cela en plus.  Elle savait parfaitement que Shaade savait de quoi elle voulait parler. Elle était prête a parié que la blonde en avait en plus. Alors maintenant il fallait qu’elle le donne a Love.   La putain ne tiendrait jamais sans sa dose. Et elle était loin d’imaginer que la soirée aller être encore plus dure et longue que prévue.

“T’en as?”

Je regarde les quelques billets froissés entre ces doigts nerveux, puis la mine sérieuse derrière. Mon sourcil interrogateur s’arque encore un peu plus.

“Tu veux de la monnaie?”

Je joue l’idiote. Il ne faut pas avoir un bac +5 pour comprendre ce que la brune me demande. Je ne la connais pas beaucoup, mais assez pour avoir eu vent de ses penchants. Et même si ce n’était pas le cas, il suffit de l’observer un peu. Les traits sont tirés, le regard comme parano, sans parler des tics de tout un corps qui réclame. Elle a l’allure qu’ont tous les dépendants en manque. C’est fou comme ils se ressemblent tous. Ce que j’ignore, c’est quel est son poison de choix. Ce ne sont pas les manières de s’intoxiquer qui manquent.

Viv’ a du sentir le vent tourner, car elle choisit ce moment pour s’éclipser. Elle ne veut sans doute pas être mêlée à des histoires et je la comprends : moi non plus.
Je suis un peu vexée. Certes, je sais m’amuser, j’aime expérimenter, tout essayer. Mais je ne suis pas une junkie, et encore moins une dealeuse. Quand on me demande gentiment, je partage mes sucreries avec plaisir. Plus on est de fous, plus on rit, pas vrai ? Mais c’est toujours de manière conviviale, lors de soirée, comme d’autres partageraient un saucisson au moment de l’apéro. Vendre de la came et alimenter l’auto-destruction de quelqu’un pour quelques billets ? Non merci.

J’ignore superbement son argent tendu, réajuste mon soutien gorge avant de prendre le pull sur le tabouret et l’enfiler d’un mouvement. Quelqu’un qui me connaîtrait bien me demanderait de l’approvisionner, je le prendrais déjà avec réserve, mais que cette nana que je ne connais que de nom m’aborde comme ça, pour ça… Pour quoi ça me fait passer ? Même pas un bonjour, même pas faire semblant d’y mettre les formes… Elle doit vraiment être dans le mal. Ma vexation se transforme petit à petit en pitié. La dépendance, que ce soit à une substance ou à une personne, c’est vraiment une sale histoire.

Comme si j’avais oublié sa présence, je trifouille dans mon casier, puis dans la poche intérieure de ma veste. J’en sors un petit boîtier, vite ouvert, duquel j’extrais un joint et un briquet. Le blunt coincé dans le bec, je l’allume d’un geste assuré mais tranquille. Je m’attarde, j’inspire une profonde taf, puis expire de satisfaction tout en me disant que ça va hérisser Catine de voir que j’ai pris le temps de m’en rouler un. Voilà qui devrait détendre tout le monde.
Comme un calumet de la paix, je me retourne vers Love avant de lui tendre le pétard allumé. Je vois ça comme un signe de bonne volonté. “Je n’ai sans doute pas ce que tu cherches, mais tu vois bien que je suis partageuse quand même.”, ce genre d’idée.

Je n’ai pas le temps de me rendre compte si mon offre pacifique va être acceptée. Des bruits de courses dans le couloir attirent mon attention, et c’est une Viv’ en panique qui débarque, claque la porte derrière elle et commence à s’agiter en débitant des phrases que je n’arrive pas tout de suite à comprendre. Mais à défaut de comprendre ses mots, je comprends son corps. Et il crie “DANGER!”. En deux enjambées, je suis à côté d’elle, et sans savoir pourquoi, je l’aide à déplacer une commode pour barricader la porte. Je comprends “hommes”, je comprends “armes”. Un combo qui ne fait jamais bon ménage. Le premier meuble ne suffit pas à calmer Viviane, alors quand elle commence à s’acharner sur le gros banc qui longe un mur, je m'exécute comme si je savais pourquoi on faisait ça. Entre ces hoquets essoufflés, je comprends “Gallagher” et “otages”. L’image devient tout de suite un peu plus claire.

Je continue à alimenter la barricade, mais au fur et à mesure que notre défense s'épaissit, je pense à Satine. Toujours dehors. Aux chiottes, ou ailleurs ? Peut-être récupérée en cours de route par un de ces mecs armés. Merde. J’envisage une seconde de défaire notre travail pour aller à sa recherche. Mais j’ai plus de chance de me casser les dents sur un ennemi que sur elle. Et puis après, quoi ? Je suis pas exactement Rambo. Pour l’instant, s’abriter est le mieux à faire, et espérer que ma bestie en fasse autant. Il sera toujours tant de changer d’avis, une fois que Viv’ aura retrouvé un peu de calme et nous aura livré plus de détails sur l’invasion en cours.

Les billets entre ses doigts, la putain fixait la danseuse exotique face a elle. Son regard était devenue un peu noir.  Non mais a quoi jouait elle ? Es ce qu’elle était vraiment en train de prendre Lovelyn pour une idiote ? Si c’était le cas, ca n’allait pas le faire, car Love avait horreur qu’on la prenne pour une idiote. Elle avait parfaitement conscience de ne pas être très intelligente, elle n’avait jamais mis les pieds dans une école, elle n’avait pas eu la même éducation que les autres, elle n’avait pas grandit dans le même monde tout en étant sur la même terre que les autres, mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait la prendre pour une conne.  Elle ne connaissait pas vraiment Shaade, elle ne savait pas ce que la grande blonde avait vécu, comment elle avait était éduquer ect, mais elle ne la prendrait jamais pour une conne.  Il n’y avait que les hommes qu’elle prenait pour des cons…Mais dans le fond ne l’était il pas tous un peu ? Mais là n’était pas le débat.

Elle voulait répliquer, elle avait un peu envie de l’insulter parce qu’elle était a cran, elle commençait a se sentir vraiment mal, elle avait un besoin vicéral de sentir le poison dans ses veines, dans son organisme. Elle avait besoin de sentir les substance nocif venir griller ses quelques neurones,  plonger sa conscience dans un étrange brouillard où elle se sentait toujours bien. Elle avait besoin  de se sentir ailleurs, hors de son corps, dans ce monde qui n’était que fictif mais où elle se sentait si bien.  Et elle avait eu vent que la danseuse pourrait l’aider pour cela. Elle ne répliqua pas, elle ne l’insulta  pas non plus -elle apprenait au contacte d’une certaine femme a contrôler ses colères mais c’est un autre sujet- a la place elle posa ses grand yeux clair sur le joint que lui tendait la femme.   Ca n’était absolument pas ce qu’elle voulait mais après peu de réflexion, la putain se dit qu’elle était preneuse. Ce serait déjà cela, même si l’effet serait minime sur elle. Elle le prit et bloqua le joint entre ses lèvres pour en prendre une grande taffe.

Elle sursauta presque en entendant une des employée revenir presque en courant. Elle ne l’avait pas calculer depuis le début en fait, mais elle compris assez vite qu’elle était partie de la salle a son arriver pour en revenir maintenant en courant et totalement paniquer. La brune tira a nouveau sur le joint et le regarda en se demandant s’il n’était pas plus fort qu’elle ne l’avait imaginer, es ce qu’elle était en train de délirée complètement ou es ce que les deux femmes étaient en train de barricader la porte ? Elle secoua la tête, comme pour reprendre ses esprits et fut surprise de voir que oui, les deux femmes étaient bel et bien en train de mettre tous ce qu’elle pouvait devant la porte pour la bloquer.

« Euh… On m’explique là ? » Quelle demanda comme si elle venait de débarquer. Elle n’avait pas piger la moindre parole de ce qu’avait dit paniquer la femme en entrant dans la pièce avant d’en bloquer l’entrée. « Gallagher !  C’est Gallagher ! Il vient s’en prendre a nous ! Il nous a prit en otage ! » Elle semblait au bord de la crise de nerf. Et sans savoir pourquoi Love explosa de rire. Un rire nerveux ? Un rire jaune ? Un rire haineux ? Elle ne savait pas vraiment elle non plus, mais elle n’arrivait pas a s’empêcher de rire.  Gallagher ! Voila un homme qu’elle détestée au plus haut point. Il aurait put avoir la tête de la liste, mais celle-ci était déjà occuper par l’oncle de Kate, la propriétaire des lieux et aussi et surtout la meilleure amie de Love, la Blackened qu’elle voyait le plus comme sa sœur. Gallagher comme l’oncle de Kate, elle les détester sans doute bien assez pour avoir des envies de leurs coller une balle dans la tête.  Elle se laissa tomber le long du mur en riant. Et une fois qu’elle fut le cul par terre, les mains sur son visage, elle fini par se calmer au bout de quelque minutes. Elle avait un peu froid, elle tremblait un peu. Elle releva les yeux sur les deux femmes dans la pièce avec elle après avoir repris un semblant de sérieux. « C’est une blague ? »  Sa respiration se mise a s’accéléré un peu. La crise de panique était imminente.

Malgré la barricade de fortune, Viv’ ne semble pas prête à se calmer. Ses yeux anxieux cherchent à droite et à gauche de quoi continuer à alimenter notre défense. Comme si un kilomètre de meubles allaient arrêter des hommes armés et déterminés de toute façon… Pendant une seconde, je la vois fixer mon casier, et je sais qu’elle se demande si on arriverait à décrocher le rangement solidement vissé au mur.
Derrière moi, j’entends Love se mettre à rigoler. Décidément, elle est d’une grande aide. D’un pas, j’arrive à sa hauteur, cueille le joint pour aller le planter entre les lèvres de ma collègue. Elle semble en avoir besoin. En attendant qu’elle inspire une taff, je prends ses mains entre les miennes, que je presse un peu.

“Ça va aller Viv’. Ils sont là bas, on est ici. On est à l’abri.”

Intérieurement, j’ajoute un “pour l'instant". Entendre parler de Gallagher n’est jamais une bonne nouvelle. Mais savoir qu’il a réussi à s’introduire sur notre territoire, armé et avec ses hommes, et à nous attaquer au cœur de notre QG… Tout m’inquiète dans cette déclaration.

“Et puis Em et les filles vont en faire du petit bois de toute façon, tu vas voir.
- Tu crois ?
- J’en suis sûre.”

C’est une demi-vérité. S’il y a bien une des nôtres capable d’en démordre avec cet enfoiré, c’est Em. Mais pour qu’ils soient déjà ici… Qu’est-ce qui a bien pû se passer ?
Les yeux de Viviane sont au bord du débordement, mais je vois qu’elle fait tout son possible pour ne pas laisser le barrage céder. Je suis fière d’elle, et l’encourage d’un sourire. Elle tête sur le joint avec de petits hoquets réprimés, mais l’herbe semble doucement faire son œuvre. Bon, je ne sais pas si c’est une bonne idée d’être toutes défoncées lors d’une prise d’otage, mais hey, on fait ce qu’on peut…

Je commence à relâcher les mains de Viv’ et l’assoit comme une enfant sur mon tabouret, au moment où Love lâche un “C’est une blague ?”. J’avais presque oublié sa présence pendant un instant, mais lorsque je me tourne dans sa direction, je me rends compte que je n’ai pas une crise à gérer, mais deux. Je ne sais pas ce qui, de la panique ou du manque, lui cause des tremblements pareils. Mais ça ne va visiblement pas fort. Je commence déjà à regretter de lui avoir retiré le bédot. Elle en a peut-être plus besoin que Viv, et mon stock n’est pas infini. Sur ma station, je prends ma bouteille d’eau à moitié entamée et la tend vers la jeune femme au pied du mur, avant de m’assoir à côté d’elle.

“Une blague de mauvais goût, si ça en est une.”

Mon regard passe sur mes deux co-otages. J’ai l’air d’être la personne avec l’esprit le plus clair, ça n’est pas si souvent que ça arrive. J’ai aussi l’air d’être celle qui devrait prendre soin des autres, être responsable, garder la tête froide. Ca non plus ce n’est pas habituel. Je n’ai jamais eu l’instinct maternel.

“L’une de vous à une arme ? Si besoin.”

Je regrette instantanément ma question. Dans le genre faire monter le niveau de panique générale… Mais autant savoir si on a de quoi se défendre. Et puis… autant savoir si la junkie risque de péter un cable et essayer de nous trouer la peau. On sait jamais.
Mon regard se perd vers le casier de Clara. Je sais qu’à cause de mauvaises expériences avec des clients, elle garde toujours un gun ici. Et à force de bosser ensemble, je connais les combinaisons de tout le monde. Si besoin.

Son cœur avait accélérer a tout rompre, elle avait l’impression qu’il allait sortir de sa poitrine. Elle avait un peu chaud, trop chaud même, et son ventre se tordait. Mais ce n’était pas aussi agréable que les quelques fois où cela lui était arriver en contacte de certaine personne… D’une certaine personne en réalité. Sa respiration était tellement rapide qu’elle avait l’impression de suffoquée. Pourtant elle essayait de se calmer, elle essayait de garder les pieds sur terre, elle le devait. Ce n’était franchement pas le moment d’avoir une crise d’angoisse ? De panique ? De manque ? De quoi au juste avait elle une crise, en pleine prise d’otage des Blackened Beauty par leurs plus grand rival en plein dans leurs QG ? Peut importe, ce n’était pas du tout le moment. Elle releva les yeux sur la grande blonde qui lui tendait une bouteille d’eau. Elle hésita un instant a la prendre mais le fit et but une grande gorgée. Une gorgée d’eau qui lui fit plus de bien qu’elle ne l’aurais cru.  

Elle prit un instant pour reprendre son souffle a la question de la blonde. Une arme. Elle savait qu’il y en avait dans ce vestiaire, elle en avait une elle-même une sur elle. Elle posa la bouteille a coté d’elle et plongea la main dans l’intérieur de sa veste sans manche et en sortie son couteau a cran d’arrêt. Elle fit sortir la lame devant la blonde. « J’ai que ca… » Elle posa les yeux sur le casier de Clara et fit un mouvement de menton vers celui-ci. « Clara a un flingue normalement. »  Elle posa les yeux sur Viv qui la fixait. « Quoi ? J’suis une pute tu crois que j’ai pas b’soin d’me défendre ? J’en vois pas mal des connards qui veulent s’en prendre a moi. »  Elle avait respirait toujours un peu plus fort que la normal, elle avait toujours les mains tremblante et aussi chaud que froid mais elle prenait sur elle pour essayer de se calmer. Elle rangea son couteau et soupira doucement « Pourquoi Micka est jamais là quand j’ai besoin  d’elle … » Qu’elle marmonna pour elle-même, tant pis si Shaade entendait. Elle ferma les yeux et soupira doucement avant de les rouvrir et poser les yeux sur la grande blonde. « On fait quoi maintenant ? On attend ? Qu’es ce qu’on fait ? »  Elle ne savais pas du tout que faire, elle n’avait jamais était dans cette situation et aurait voulut ne jamais l’être d’ailleurs

Je reste plantée là un moment avec ma bouteille tendue, en attendant qu’elle se décide. Soucieuse mais un peu emmerdée surtout. Je vois bien qu’elle est à deux doigts de nous claquer dans les doigts là, tremblottante comme une vieille qui aurait parkinson. Difficile si elle nous menace d’une crise d’angoisse ou de manque, mais à vrai dire je ne sais pas si l’un serait préférable à l’autre. Elle finit par se décider à prendre la bouteille. Au moins, elle ne mourra pas de déshydratation.

Assise à ses côtés, je la vois dégainer son cran d’arrêt. Je suis pas surprise, c’est monnaie courante chez nous d’avoir de quoi se défendre en cas de besoin. Je fais une petite moue. Je ne sais pas si ça me rassure de savoir Love avec un couteau, alors qu’il n’y a que Viv et moi à portée. Mais hey.
Puis je la vois désigner le casier de Clara. Ses pensées ont fait le même cheminement que moi. Mais merde. J’aurais bien voulu garder ça comme joker au fond de ma manche, seulement en cas d’urgence. Mais bon, après tout, je ne suis pas obligée d’indiquer tout de suite que j’ai le code. Il sera toujours temps de révéler mon immense savoir si le besoin s’en fait sentir. Je me contente donc d’opiner du chef, d’un air grave, d’un air qui dit “pourvu qu’on n’en ait pas besoin”.

Love me demande ce qu’on fait. Genre okay, j’ai donc été officiellement chargée responsable de notre cellule de crise ? J’hausse les épaules d’un air vaguement indifférent.

“A moins que tu te sentes de jouer les rambos et de sortir là dehors, ouai, on attends. Perso j’ai pas très envie d’aller me faire trouer comme une passoire. Vous avez un téléphone vous ?”

J’aurais voulu pouvoir appeler Tit’s. M’assurer qu’elle soit à l’abri. D’un autre côté, faire résonner une sonnerie de téléphone si elle est en plein milieu des emmerdes, ça serait peut-être pas brillant. Mais on pourrait peut-être appeler quelqu’un à l’extérieur. Je sais pas trop qui, c’est pas comme si les flics sont efficaces quand on a besoin d’eux.

Je n’ai pas le temps de poursuivre, déjà, Viviane est entrain de se faire voler dans les plumes par une Love qui aboie comme un roquet. C’est ce qu’on appelle être sur la défensive… Mais étonnamment, ma collègue ne se démonte pas. La remarque l’électrise et la fait sortir de son état de panique, au moins pour un moment. Sa peau pourtant halée s’empourpre, et elle se raidit, comme pour essayer de grandir sa stature pas très impressionnante (alors je vous dis pas quand on est placée côte à côte).

“Hey c’est bon Love, jt’ai rien dit, c’est pas parce que t’es en manque que tu peux te passer les nerfs sur nous ! On n’a pas besoin de ça.”

Dans son emportement, le joint lui tombe des lèvres, elle le rattrape avec agacement et maladresse, perdant un instant un peu de sa superbe. Je la regarde faire, médusée non pas de ce petit loupé, mais de son coup d’éclat. Elle qui est toujours discrète, qui ne se fait pas remarquer (sauf sur scène), je ne m’attendais pas à ce qu’elle se défende si farouchement face à Lovelyn. Je retiens un petit sourire en coin. Je suis contente pour elle, mais cette prise d’otages n’est peut-être pas le moment idéal pour décider de prendre confiance en soi et s’affirmer.
Mon regard fait un aller-retour vers Love, m’attendant à la voir éclater à tout moment.

Elle savait qu’il y avait une arme dans le cassier d’une des danseuse, elle la connaissait pas vraiment, juste un peu. On ne pouvait pas dire qu’elles étaient amies, et puis en réalité Love avait très peu d’amie réellement, elles étaient de simple connaissance, sœur de sororité mais rien de plus. Alors elle connaissait l’existence de l’arme mais elle n’avait pas le code d’accès pour ouvrir le cassiers. Elle aurait put aisément ouvrir le coffre de Kate si elles avaient était dans le bureau de la gérante du Carnival, mais pas de cassier ici. Elle pensa a Kate d’un coup et se mise a s’inquiéter pour elle. Es ce qu’elle allait bien ? Es ce qu’elle avait put se cacher ?Elle espérait qu’elle soit a l’abris dans son bureau ou quelque part où elle ne pourrait pas se recevoir de balle  perdu ou de coup. Elle ne s’en remettrait clairement pas s’il arrivait quelque chose a sa petite sœur de cœur.  Surtout pas dans l’état dans lequel elle était actuellement. Elle avait un peu froid,  et en même temps elle avait super chaud, elle avait l’impression d’étouffer.  Elle posa son regard vert sur la grande blonde et hocha la tête sans en dire plus. Elle était bien de l’avis de Shaade, elle n’avait pas envie de se faire trouée la peau. Et puis on ne va pas se mentir Lovelyn n’avait rien d’une héroïne, surtout pas l’âme et encore moins le physique. Elle était courageuse, mais juste ce qu’il fallait et quand il le fallait. La plupart du temps elle était du genre a prendre la fuite, sauver sa peau.   Elle avait trop l’habitude d’avoir a le faire, son instinct de survie prenait rapidement le pas sur le courage qui pouvait parfois l’envahir. Elle avait trop l’habitude qu’on attente a sa vie. Merci Ada !

Elle fut un peu surprise que Viv’ se rebelle. Elle qui normalement avait tendance a s’écraser face aux autres, surtout face a quelqu’un comme Love qui, il fallait le souligné, avait un très fort caractère. Là, elle était diminuée par le manque, alors un peu sur la défensive et facilement scotché surement. Elle lui lança un regard furieux, très noir. On lisait la colère dans son regard. Un regard qu’elle tenait de sa mère même si elles ne partageait pas la même couleur d’iris. « Je suis pas en manque. Redescend d’un étage. T’as rien dit mais tu la pensée bien assez fort pour que même un sourd l’entende ! » Qu’elle grinça. Elle se leva tant bien que mal, ignorant superbement ce que la BB a qui elle venait de parlait pouvait bien lui répondre. Elle s’en fichait pas mal en fait de son avis a celle là. Elle n’était personne aux yeux de Love.  Elle avait abandonner la bouteille d’eau a coté de Shaade et se mit a  faire les cents pas. Elle commençait a être en sueur, pourtant elle n’avait pas fait d’effort, elle essayait de respirer calmement.  Bordel comme elle aurait voulut être enfermée avec Mickaëla, elle aurait surement sut comment gérée la crise. Elle savait toujours.  Régulièrement la brune passer ses mains dans ses cheveux ou sur son visage et elle marmonnait. Elle tourner en rond dans la pièce et commençait a se sentir un peu claustrophobe. Après la claustrophobie vint la paranoïa. « On est sur qu’ils pourront pas rentrer ? » Qu’elle demanda en allant vers la porte bloqué par des meubles. Elle secouait de temps en temps la tête, comme pour chasser une pensé désagréable ou quelque chose comme cela.

Pas de réponse à ma demande de téléphone. C’est pas encore ce coup-ci que je vais repartir avec des 06… Je hausse les épaules : j’imagine que les secours auront bien été appelés de toute façon, alors ça ne fera pas une grosse différence. J’aurais pu jouer au Snake pour faire passer le temps, remarque.
Toujours appuyée contre le mur, assise au sol, je regarde en contre-plongée mes deux compagnes se crêper le chignon. Je dois bien avouer que je me délecte un peu de la distraction, pendant un instant j’oublie notre situation. Je retiens un petit gloussement quand j’entends le “Bah voyons…” de Viv’, en réponse à Lovelyn qui déclare sans bégayer qu’elle n’est pas en manque. Culotté comme réplique, des deux côtés.

Mi-soulagée, mi-déçue, je vois les deux opposantes en rester là, la petite métisse fait mine d’aller s’affairer à sa station pendant que la brune tourne comme un lion en cage. La montée en pression suit son cours.

"On est sûr qu'ils ne pourront pas rentrer ?"

Je hausse à nouveau les épaules avec désinvolture en regardant notre barricade de fortune.

"Libre à toi d’ajouter un peu plus de bordel devant la porte si ça te rassure."

C’est marrant, la panique de Viv’ semble avoir disparu proportionnellement à celle de Love qui se manifeste de plus en plus vivement. Système des vases communicants.
Toujours est-il que je ne bouge pas d’un pouce. J’ai porté suffisamment de trucs lourds pour aujourd’hui. Manquerait plus que je me casse un ongle pour conclure cette nuit de merde. Je tends la jambe et du bout des orteils, je crochète mon tabouret pour le ramener vers moi, avec tout mon bordel dessus qui suit joyeusement le mouvement. Je sème en chemin ma veste et une chaussette sur deux, mais en moins d’un instant, ma besace de Mary Poppins est à portée de main. Je trifouille dedans jusqu’à trouver un petit pochon de velours. Je me mets en tailleur et réajuste ma position avant de sortir avec révérence les lames de tarot de leur écrin. Le plus naturellement du monde, je commence à battre les cartes avec intention, et le geste familier agit comme un stimming, je me laisse presque bercer par le clac clac des cartes qui s’entrechoquent et se mélangent, le balai ritournelle, presque hypnotique.

Je ne sais pas si c’est l’effet divination ou juste le joint qui fait doucement son œuvre, mais je sens mon dos s’enfoncer dans le mur, j’ai l’impression de me liquéfier mollement, les tensions se dissipent. J'abat une carte, puis une autre, puis une autre, hochant doucement la tête à chaque révélation, fronçant les sourcils à une autre. Je marque un temps d’arrêt pour essayer d’analyser le chariot qui décide de sortir, avant de le scotcher d’une autre carte en travers. Quand on ne comprends pas l’univers, toujours demander des précisions supplémentaires. Evidemment, la tour fait son apparition dans le tirage et je ricane aigrement avant d’adresser un “Captain Obvious” aux cartes. Ce jeu-là n’a jamais fait dans la subtilité.
Je rassemble les lames distribuées avant de reprendre le mélange consciencieux.

“L’une de vous veut que je lui tire les cartes ?”

Es ce qu’elle avait lancer un regard plein de condecensdance a Viv’ quand elle avait répondut encore ? Oui tout a fait. Et pour ce genre de regard, Lovelyn était vraiment forte.  Elle était bien belle a lancer ce genre de regard, comme si elle était quelqu’un d’important et pas juste une vulgaire putain. Mais que voulez vous, elle ne saurait s’en empêcher. Et puis elle s’était mise a faire les cent pas, pendant que Viv’ était partie faire dieu sait quoi a sa coiffeuse. Se remaquiller peut être ? Histoire d’être la plus belle si les raviseur venait a les trouver. Elle avait presque envie de lui lancer encore une pique, mais toutes les bonnes choses avaient une fin, même le lynchage.  Faire les cent pas n’était peut être pas la meilleure des choses, ca semblait raviver sa parano, qui en réalité ne l’avait jamais vraiment quitter. Et ne le ferais sans doute jamais. Elle posa les yeux sur la blonde quand celle-ci répondit et elle soupira « Bah voyons, comme si j’avait la force pour déplacer un meuble. » Qu’elle lâcha plus pour râler pour la forme qu’autre chose.  Cela dit, ca avait un fond de vérité, Lovelyn n’était franchement pas tailler pour la force, elle tenait plus du cure dents que de l’armoir a glace.

Elle était en train de psychoté, et surement donner le tourni aux deux autres en faisant les cent pas quand Shaade tira son tabouret -remplit de bordel- jusqu’à elle. Love y porta a peine attention en premier lieux. Elle était occuper a essayer de se dire de se concentrer sur quelque chose de joyeux. Penser a un bon souvenir. De l’enfance peut être ? Non, très mauvaise idée, elle avait eu une enfance a chier. Aussi a chier que sa vie actuelle en réalité. Ce n’était sans doute pas une bonne idée, elle peinerait a trouver un souvenir que rien ne viendrait gâcher. Soit parce qu’elle avait gacher le moment elle-même -comme elle en avait l’art et la manière- soit gacher par quelqu’un d’extérieur -Ada était l’autrice en général de ces moment gâcher.   Elle sortie de ses pensés a la question de la grande blonde.  Elle la regarda un instant sans rien dire, puis posa les yeux sur le jeu de tarot. « Oh bah merde alors, j’pensais pas que t’était genre Madame Irma ! » Dit elle en s’approchant malgrés tout.  « J’ai une tante qui tire les cartes aussi. » Dit elle en venant s’assoir face a  la blonde, laissant de l’espace entre elles pour les cartes.  En réalité Mumu n’était absolument pas sa tante, elles n’avaient pas une seule goute de sang en commun, mais elle s’était tellement occuper de  Love quand elle était enfant et qu’Ada était trop inapte a le faire elle-même, que pour Love c’était une tante, une mère de substitution. « Vas y, j’t’en pris, tire moi les cartes, fait toi plaisir ! » Qu’elle lui dit, mais en souriant cette fois. Shaade avait peut être réussi l’exploit de calmer Love et lui changer les idées. Oublier un instant le manque qui tiraillé son corps.

Le tarot, c’est toujours un coup de poker. En principe, les gens se divisent en deux catégories, les curieux/enthousiastes, qu’ils y croient ou qu’ils trouvent simplement cela divertissant. Et les réactionnaires qui crient à l’arnaque. Je perds toujours 50 points de QI aux yeux de ces derniers, c’est assez drôle de voir leur comportement changer. Je trouve ça assez satisfaisant, en réalité. C’est marrant de voir que de simples morceaux de papier illustrés ont le pouvoir de faire sortir de leur gonds ces personnages, par leur simple existence. Si ça en soi, ce n’est pas déjà de la magie, j’en mange mon chapeau (de sorcière).

Avec le petit sourire plein de confiance de la nana qui sait ce qu’elle fait, je regarde Love s’immobiliser et bloquer sur les cartes, mi-surprise mi-captivée. Mon sourire devient un peu plus mordant. Comme ça tu sais pas que c’est mon genre de faire de la magie, par contre tu sais venir vers moi quand t’es à court de cam ? Marrant la mémoire sélective, comme quoi on ne retient que les informations qui nous intéressent.

Mais la sorcellerie est déjà à l’oeuvre, la voila qui s’installe docilement en face de moi, oubliés les preneurs d’otage et les coups de feu, voila qu’on pense à tata qui faisait des tirages, et avec le sourire s’il vous plait !

Me faire plaisir qu’elle me dit. Bah voyons, comme si ce show était pour mon bénéfice. Certes, ça m’occupe, ça passe le temps, ça fait penser à autre chose. Mais c’est surtout pour donner du grain à moudre aux deux cerveaux angoissés qui sont enfermés dans la pièce avec moi. Dans ma grande bonté, je prends à mon compte de faire diversion. Je lui rend malgré tout son sourire.

Viv est toujours à sa station, mais le corps légèrement tourné vers nous. L’air de ne pas y toucher, mais n’en perdant pas une miette pour autant. Elle se place en spectatrice, prudente, attendant de voir la démonstration avant de décider si elle se lance après. Mais tout en reflechissant déjà aux questions qu’elle aimerait poser. Pas folle la guêpe, elle laisse sa meilleure pote essuyer les plâtres.

Je continue à battre les lames, très sérieuse et concentrée maintenant, regardant Love avec attention également, ou plutôt intention, par moment.

Je continue le manège incessant des cartes entre mes doigts. J’aime le contact de leur tranche contre ma paume. Je souris tout doux en leur parlant intérieurement. On a parfois des dialogues entiers, elles et moi. Là, j’appelle à leur clémence. Le cynisme et l’honnêteté brutale, ça va bien quand on est que toutes les deux, mais quand il y a des invités il faut se tenir un peu plus. En plus le contexte est déjà un peu sensible, sans parler de l’interlocutrice, qui l’est encore d’avantage. Alors on va prendre des pincettes. 

Quand j’ai l’impression d’avoir suffisamment réussi à me recentrer et à canaliser les cartes, et quand je sens que Lovelyn est également prête, je pose le paquet entre nous.

Révérencieuse et patiente, je la laisse faire à son rythme. Après tout, on ne peut pas presser l’univers.

Elle était surprise que Shaade soit du genre a pratiquer le tirage de carte. Et en fait, ce n’était pas si déconnant en y regardant bien. Elle était du genre un peu étrange, elle n’était clairement pas comme le commun des mortelles. Elle avait toujours quelque chose qui n’était pas dans la norme. Mais bon, Love était Love alors forcément elle faisait la grande bouche, l’étonner. Mais elle avait cédé, parce que c’était quelque chose en lequel elle croyait, le tarot. Elle avait un peu était bercer par cela, même enfant, sa « tante » lui tirer les cartes de temps en temps.   Evidement, quand elle était enfant, sa tante enjolivait tout.  Et plus Love avait grandi, moins c’était devenue beau. Les tirages avec Love n’était jamais très beau. Parce qu’évidement la vie n’était pas belle pour elle. Au contraire, elle se prenait sans cesses des coups dans la gueule. Sauf qu’elle se relever toujours. Pas forcément plus forte, mais au moins elle était debout. Elle savait que maintenant elle devait poser une question sur elle, sur sa vie. Sur ce que l’avenir lui réserver. Sauf qu’elle n’arrivait pas a penser a elle. Parce que malgré le fait qu’elle soit une grande égoïste, il y avait une personne qui arrivait a prendre le dessus sur sa propre personne : Kate. Sa meilleure amie, sa petite sœur. Celle qui avait toujours était là pour elle et qui, elle l’espérait le serait toujours. Depuis qu’elles étaient gamines, c’était Kate et elle contre le reste du monde. Toujours.  Alors là, avec les preneurs d’otage dans le Carnival, l’établissement de sa meilleure amie, elle avait peur. Ca lui tordait les entrailles de s’imaginer que peut être que sa meilleure amie était dans la salle, face a une arme ou peut être déjà blessée. Elle craignait pour la vie de la jeune femme. Elle posa ses grands yeux verts sur la jeune femme en face d’elle et marqua une hésitation. Comment formuler cela ? Elle ne savait pas trop. Love était franchement pas une intellectuelle.   Elle réfléchi un instant. « Euh… Comment va évoluer mon amitié avec Kate ? » Qu’elle demanda en regardant la femme dans les yeux. Evidement Shaade savait qui était Kate, sa patronne, et c’était un secret pour personne qu’elle était proche de Love.  Ca expliquait en plus en grande partie pourquoi la putain prenait autant ses aises ici.  Elle était curieuse de voir ce que l’univers allait répondre a cela.  Et connaitre aussi le caractère du jeu de Shaade. On lui avait appris très jeune que chaque jeu de tarot avait son propre caractère, comme s’il avait une personnalité qui lui était propre. Et elle y croyait, évidement.