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 [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana

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Aaron D. Phillmore
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MessageSujet: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyMar 7 Mar - 19:11


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


Il s’était laissé arrêter. Assis à une table fixée au sol dans un box des parloirs avocats, Aaron appuya son dos contre le dossier de la chaise en plastique. Il était retenu au titre de la garde à vue à la prison militaire d’Inglewood depuis maintenant deux jours. L’endroit avait été jugé à être le seul assez sécurisé à Downfall pour pouvoir l’accueillir en attendant qu’il passe devant la juridiction. Deux options l’attendaient : soit il passait en comparution immédiate, aux motifs des chefs d’inculpation présumés qui avaient autorisé son arrestation ; soit il aurait un procès, fixé à une date ultérieure. Cela se déciderait en fonction des preuves directes que la justice avait contre lui. Autrement dit, quasiment rien. Il y avait veillé. Livia aussi.

Quelques dizaines d’heures plus tôt, il était à Florence, dans son bureau à la Zone 33, consultant le livre des comptes où figuraient les derniers chiffres, ceux de septembre 2022. Leur monopole sur l’import de marchandises licites, et leur fonction de plaque tournante de marchandises illicites allongeaient leur chiffre d’affaires de plusieurs zéros. Jamais le cartel n’avait brassé autant d’argent, et embrassé une telle puissance et influence. Pourtant, ce que les Prayers of Insanity tenaient pour une forteresse imprenable se révéla être un simple château de cartes. Mais que la DPD ravale tout excès d’orgueil ; ce qu’elle avait obtenu, c’était ce qu’Aaron avait bien voulu leur donner. Même si la Zone 33 avait dû réagir dans l’urgence, elle avait su se préparer au mieux à cette descente titrée dans les journées comme « le démantèlement du cartel downfallien ». Les documents les plus importants et sensibles avaient été détruits ou mis en sécurité. La DPD n’avait pu saisir que plusieurs kilos de drogues et de l’argent. Rien d’irremplaçable.
Phillmore se rappelait encore distinctement l’instant où ses doigts s’étaient figés, incapables de lancer l’appel à sa Seconde. Pourtant, il savait que cette fois-ci, en cas d’arrestation, il ne serait pas libérable sous caution. Le tribunal avait commis cette erreur une fois, il ne la commettrait pas une seconde, d’autant que le narcotrafiquant avait, dans son immense gratitude, fait assassiner l’homme qui avait consenti à sa libération. Woodrow n’était pas un allié sur qui il pouvait compter. En lui ayant offert la liberté, l’homme de Loi avait voulu enchaîner le leader du cartel à une dette qui aurait été le terreau d’une forme de loyauté par chantage. Or, Aaron avait refusé de jouer selon les règles proposées par le Procureur. Alors, les mandats s’étaient multipliés, et la Justice avait concentré tous ses efforts pour qu’il réponde de ses actes. C’était pourquoi joindre Livia aurait été la bonne chose à faire. Mais il s’était abstenu de la consulter. Parce qu’il savait qu’elle n’aurait jamais consenti à ce que lui voulait très égoïstement : que tout cela s’arrête.
Alors il s’était laissé arrêter. La BSEI et le SWAT avaient pénétré dans son bureau, arme au poing. Ils lui avaient ordonné de se mettre à genoux. Et si Aaron s’était attendu à ce que ployer soit plus pénible, il avait finalement ressenti une sorte de soulagement à enfin s’incliner.
Seule la Zone 33 était concernée par les mandats. Il avait donc invité les siens à fuir, en emportant avec eux ce qu’ils pouvaient. Il ne voulait pas que des heurts éclatent, et que seules les personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt encore présentes sur les lieux soient interpellées dans le calme.
Un fourgon blindé l’attendait dans la cour. Escorté par six policiers, il était monté dans le véhicule et avait vu disparaître son empire au moment où la porte avait été fermée. Des pensées ambivalentes avaient alors irrigué sa psyché : s’il savait à quoi il venait de renoncer - et n’en éprouvait pas particulièrement de regret - en revanche, il ignorait ce qui l’attendait à présent, et cette plongée dans l’inconnu avait quelque chose de grisant. Pour la première fois depuis longtemps, Aaron perdait le contrôle de sa vie, et pouvait ainsi l’éprouver, s’y situer comme concerné.

Le corps enveloppé d’un tenue grise de détenu, Aaron se passa une main sur le visage, froissant son expression ternie par la fatigue. Il attendait que son conseil arrive, car ils avaient beaucoup de choses à se dire. Phillmore savait qu’il lui devrait tout d’abord formuler des excuses pour ce qu’il avait fait.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyLun 20 Mar - 22:28

Un léger soupir quitta les lèvres de la mexicaine, embuant brièvement la vitre de la voiture dans laquelle se trouvait Livia. De l’autre côté du trottoir, la prison militaire d’Inglewood, masse de briques inhospitalière, où ses services étaient requis. Dire qu’elle pensait ne jamais avoir à y mettre les pieds n’était pas mensonger. Non pas que la jeune femme avait fini par se croire invincible, persuadée qu’ils étaient intouchables dans leur quartier protégé, qu’ils avaient réfléchi à tout, contré à l’avance la moindre possibilité qui pourrait les conduire derrière les barreaux. Ce n’était pas le cas, évidemment. Le cartel des Prayers of Insanity était composé d’hommes et de femmes, et de ce fait, pas infaillible. Pourtant, de nombreuses précautions avaient été prises pour éviter ce genre de situation. Force était de constater qu’il y avait eu un couac quelque part.

Peut-être serait-il plus judicieux désormais de parler de feu les Prayers of Insanity. Deux jours plus tôt, les forces de police étaient venues frapper aux portes de Florence, s’infiltrant dans le quartier, procédant à des arrestations, réquisitionnant leurs marchandises, leurs armes, leur drogue. Ce jour-là, il avait fallu agir vite, parer au plus pressé au beau milieu de l’urgence. Aidée de celui qui était un de ses plus proches collaborateurs, la mexicaine avait pris la décision de faire disparaître certaines preuves compromettantes, préférant les voir partir en fumée que prendre le risque qu’elles puissent être utilisées contre n’importe lequel d’entre eux. Exhortée par McCreary, Aldana n’avait eu d’autre choix que de quitter la zone à son tour, laissant derrière elle des années de travail, emportant avec elle l’incertitude de ce qui arrivait aux siens, l’inquiétude de ce que seraient leurs lendemains.

Le cartel était tombé, et si la chute était encore trop récente pour en comprendre l’origine, et en envisager toutes les retombées, l’évènement laissait déjà un goût de cendres dans la bouche de la brune. De ce qu’il advenait d’une partie de leurs effectifs, Livia n’en savait rien. Elle avait tenté d’en savoir plus, d’appeler les uns, d’essayer de joindre les autres, mais les événements étaient trop frais, et elle-même n’avait pas eu le temps de se poser un seul instant, pour faire le point sur la situation. Les informations lui parvenaient par bribes, et il n’était pour l’heure pas possible d’en vérifier la véracité, ni même de tenter d’en faire un premier tri. Il faudrait sans doute plus que quelques jours pour que toutes les lumières soient faites sur la fin du cartel, et qu’un premier état des lieux de ce qui avait perdu, ou sauvé, puisse être dressé.

Prenait-elle un risque pour sa personne en se rendant à Inglewood ? Il y avait-il le moindre soupçon, pire, la moindre preuve contre l’avocate, le moindre risque qu’elle puisse rejoindre dès ce soir son Boss derrière les barreaux ? Livia n’en savait rien, pour tout dire. Elle avait été prudente, même plus que cela, mais est-ce que ça avait été suffisant ? Elle était persuadée qu’ils l’avaient été également pour Aaron, pourtant le narcotrafiquant se trouvait pour l’heure dans une petite cellule, sans doute sous très bonne garde, à attendre avec incertitude quel sort allait lui être réservé. L’hispanique n’était pas de nature anxieuse, pourtant, elle ne pouvait nier que la vue du bâtiment face à elle n’était pas une vision des plus apaisantes. Et la juriste ne connaissait que trop bien les enjeux de cette entrevue qu’elle retardait depuis quelques minutes déjà.

Ses prunelles déjà crispées par la concentration, Livia Aldana adressa un bref signe de tête à McCreary, alors qu’elle ouvrait la portière côté passager, et prenait possession du trottoir, la tête haute. Son sac à bout de bras, l’avocate se présenta au poste de contrôle, ne bronchant pas lorsque les mains inquisitrices palpèrent son corps pour s’assurer que l’hispanique ne dissimulait pas d’arme ou la moindre substance illicite qui pourrait adoucir le séjour du prisonnier qu’elle venait visiter, ou lui permettre de s’évader, au moins par la psychée. Docile, bras écartés, impeccable dans son tailleur immaculé, Livia se pliait à l’étape nécessaire et indispensable pour passer à la suite, et finalement, on ne tarda pas à l’escorter à travers les couloirs, sous étroite surveillance.

Devant la salle dédiée aux parloirs, l’entrée lui fut tout d’abord refusée par un gardien, qui prit quelques instants pour lui dicter quelques consignes que la brune comptait bien respecter. Chacune des minutes qu’elle passerait auprès de Phillmore serait précieuse, tant ils avaient à prévoir et organiser, elle ne comptait pas prendre le risque de les gaspiller en manquant au règlement d’une manière ou d’une autre. Enfin, la porte s’ouvrit, et Livia n’eut pas besoin qu’on la conduise à la chaise qui serait sienne le temps de cette entrevue pour prendre place. Elle attendit que la porte se soit fermée dans son dos pour jeter un regard observateur à Aaron, et prendre enfin la parole : “-Je m’attendais à te voir dans un triste état.” commença-t-elle en guise de formule de politesse, avant de reprendre : “-As-tu bien été traité ?” Car la jeune femme n’était pas assez stupide pour simplement se fier à ce qui était visible d’un simple coup d’oeil.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyMar 4 Avr - 19:40


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


Redressant légèrement la tête, Aaron jeta un regard en direction de la porte. Des voix étouffées par les murs parvenaient à résonner jusqu’à lui. Ses yeux cherchèrent à s’accrocher à une horloge, et glissèrent le long de son bras droit sans y trouver la montre qu’il y portait habituellement. A la place, une peau légèrement plus blanche, privée du soleil des derniers étés. Ainsi que les traces encore rouges des menottes qui lui avaient été passées. La vue de ces stigmates activa un réflexe qu’il ne réprima pas, et il se massa le poignet, bien que la pression de son pouce éveillât une sensation de douleur. Son avant-bras droit bleui par endroit sortait de la tenue grise qu’on lui avait demandé de passer lorsqu’il était arrivé à la prison militaire d’Inglewood. Il avait alors ôté non sans une grimace d’inconfort sa chemise maculée de son sang, révélant un dos contusionné. L’infirmière de la prison lui avait dit - tout en glissant ses doigts le long de l’hématome - que la matraque avait laissé une belle empreinte sur sa peau. Puis elle lui avait appliqué une sorte de gel, sans aucun ménagement, forçant le narcotrafiquant à étouffer les gémissements contrariés qui tentaient de lui échapper. Dans sa mansuétude, elle lui avait donné deux mouchoirs afin d’essuyer le sang qui avait coulé de son nez et qui s’était mêlé à sa barbe.

Après qu’il eut été présenté à un Procureur depuis le commissariat, Phillmore avait été passé à tabac dans l’une des salles d’interrogatoire. Les flics n’avaient pas voulu exprimer tout cet excès de zèle depuis les geôles, craignant que le trafiquant de drogues ne trouve trop de soutien auprès des autres personnes en garde à vue. Puis, au regard de la « sensibilité » de sa situation, Aaron avait été rapidement transféré à la prison militaire d’Inglewood. La DPD était tout à fait consciente que le cartel avait l’effectif, les moyens et la rage pour retourner le commissariat afin de libérer le baron de la drogue downfallien. D’ailleurs, au moment d’être extrait de la place forte de la DPD, il avait vu trois blindés de l’armée jouer les chiens de garde en plus des policiers en tenue anti-émeute. Aaron n’avait pas su retenir un rictus satisfait, car enorgueilli par cet énième témoignage de son influence.

Livia apparut dans l’encadrement de la porte, l’ombre d’un surveillant à sa droite. Elle s’avança d’un pas un peu raide jusqu’à la chaise vacante. Phillmore connaissait bien sa Seconde, et il pouvait deviner derrière cet air sérieux et intransigeant le froissement de l’anxiété. Il eut un sourire défensif, de ceux qui échappent par nervosité et de façade, de ceux qui disent « même pas mal ». L’avocate le toisa un instant et salua son état qu’elle s’était figuré plus abîmé. Néanmoins, elle ne s’arrêta pas à ce qu’il lui était donné de voir et lui demanda s’il avait « bien été traité ». Sans même s’en rendre compte, Aaron retira son bras droit marbré de la table et le posa contre lui, assez bas pour que la table le dissimule à la vue de la jeune femme. Et quand il réalisa son geste, une impression de déjà-vu heurta l’instant présent, le faisant plonger dans des souvenirs d’enfance, et plus précisément de classe d’école, quand il faisait en sorte de garder ses bras sous son bureau afin que l’enseignante ne repère pas les traces du dernier week-end à la maison de son père.
S’éclaircissant la gorge d’un toussement sec, Aaron tenta de reprendre contenance et répondit d’un ton qu’il voulait détaché : « Comme je le méritais j’imagine. » Livia en comprendrait les insinuations, il n’en doutait pas. Il espérait juste qu’elle n’approfondirait pas le sujet. « Et toi, comment vas-tu ? » Les dernières heures n’avaient pas été tendres pour l’hispanique qui avait néanmoins réussi à camoufler la tension et la fatigue qui raidissaient les traits de son visage. « Drôles de journées, n’est-ce pas ? » Aaron ne savait pas pourquoi il s’était fendu d’un tel commentaire, si ce n’était pour tenter de dédramatiser l’instant. Après tout, ça aurait pu être pire. Il n’y avait pas mort d’hommes…

Plissant légèrement les lèvres, l’homme laissa son visage s’envahir d’une expression plus sérieuse et concernée. Il savait que le sarcasme ne siérait guère à l’avocate qui était venue travailler avec lui sur sa défense. « As-tu pu consulter le dossier d’instruction et les mandats ? Ils ont de quoi me juger en comparution immédiate ? » Vu l’ampleur de l’affaire et la pauvreté des preuves qu’il pensait avoir pu laisser derrière lui, il était peu probable que la juridiction choisisse de le juger à délai si rapproché. Néanmoins, certains savaient que sous le coup d’une telle arrestation – et excitation -, la justice pouvait se montrer bien plus sévère. Et ceux-là même voulaient le voir condamner dans une temporalité la plus courte possible. Or, l’ennui de ce genre de précipitation, c’étaient les vices de procédures et autres irrecevabilités. Bref, il y avait fort à parier qu’il irait en détention provisoire et passerait devant un juge et un jury d’ici quelques mois.


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Livia I. Aldana
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyLun 10 Avr - 21:43

Il n’y avait que peu d’éléments de distraction dans cette petite pièce froide, et vide de tout si ce n’était une petite table, et deux chaises. Cela n’était pas dérangeant en soi, évidemment, Livia n’avait pas prévu de faire un pique-nique, ou une visite de courtoisie. C’était le travail qui l’amenait ici par cette morne journée d’octobre, son travail de juriste, mais aussi de bras droit. Fut un temps, elle aurait aimé penser que c’était également par amitié, mais les relations entre Phillmore et la mexicaine avaient pâti de la mort de Pedro, quand bien même la brune lui vouait toujours une loyauté indéfectible, qui ne souffrait, et ne souffrirait jamais, d’aucune hésitation. Livia avait bien conscience qu’elle devait sa place actuelle au sein des Prayers of Insanity à son travail acharné, et sa persévérance, mais rien de tout cela n’aurait été possible sans la confiance qu’Aaron lui avait accordé, lorsqu’elle était principalement synonyme de méfiance auprès de leurs acolytes du cartel. Il avait vu en elle un potentiel qui échappait alors à l’avocate, et de leurs échanges et collaboration était né un respect mutuel. Du moins Livia le pensait-elle, jusqu’à très récemment encore.

Alors qu’elle prenait place sur cette chaise inconfortable qui serait sienne pour les heures à venir, la juriste n’eut pas à attendre longtemps pour se retrouver en tête à tête avec son Boss. D’un oeil inquisiteur, la jeune femme sonda le visage de Phillmore, tâchant de décrypter sur les traits de ce dernier ce qu’il ne dirait probablement jamais avec de simples mots. Contrairement à ce qu’avait pu anticiper l’avocate du cartel, le visage d’Aaron n’était pas tuméfié à outrance, lèvre fendue, nez tordu, œil si gonflé qu’il lui semblait impossible de voir correctement. C’était une bonne chose, même si elle ne doutait pourtant pas du fait que ses tortionnaires auraient pu se montrer vicieux, et cibler ainsi des zones qui pourraient échapper au premier venu, soigneusement protégées par des vêtements. La réponse laconique d’Aaron à sa question arracha à Livia une moue contrariée, qui ne pouvait que deviner ce qui se cachait derrière les mots qui n’étaient pas prononcés. A la question que le patron du cartel downfallien lui adressa, la brune resta silencieuse quelques secondes, ses yeux sérieux plongés dans ceux du quarantenaire, alors qu’elle haussait finalement légèrement les épaules : “-Disons que je n’ai pas besoin de cacher mes bras sous la table pour te masquer les marques qui le zèbrent.” répliqua-t-elle sur le même ton, laissant entendre que le geste du grand patron ne lui avait pas échappé, et qu’elle en avait tiré ses propres déductions.

Tirant de son sac un bloc notes contenant des informations liées à la détention de Phillmore, Livia ne put retenir un haussement de sourcils qu’elle fut incapable de cacher à cette question qu’il lui adressait. Drôles de journées ? Que répondre à cela ? La mexicaine ne put qu’afficher une moue presque agacée comme pour pointer le fait que s’il s’agissait là d’un trait d’humour, elle le trouvait douteux, et n’avait guère la moindre envie de plaisanter sur le sujet. A défaut d’être drôles, ces journées étaient pleines d’incertitudes, et donnaient à Livia l’impression de naviguer à vue, sans pouvoir anticiper quoi que ce soit. Un fait qu’elle n’appréciait guère, elle qui aimait avoir le temps -et l’occasion- de réfléchir longuement pour planifier en ayant tenté d’anticiper tout ce qui pouvait louper. Aussi, ne goûtant guère au trait d’humour de son patron, l’hispanique ne retint pas un excès de caractère qui se traduisit par une remarque acerbe : “-Hilarants, oui. Si tu le permets, laissons les platitudes à leur place et concentrons nous sur la raison de ma présence.” proposa-t-elle, avec cette expression sur le visage qui laissait entendre que toute forme de sarcasme serait à prohiber pour la suite de leurs échanges.

Pourtant, le Boss semblait déjà se reprendre, et lorsqu’il prit une nouvelle fois la parole, c’était pour retrouver ce sérieux qui était d’ordinaire sa marque de fabrique, et qui convenait davantage à la brune à cet instant. Pinçant légèrement les lèvres, Livia secoua brièvement la tête, couchant son stylo sur le bloc-notes. “-Le mandat ne concernait que la zone 33, et te visait toi, en priorité. Certains capo ont également été arrêtés, mais la plupart ont réussi à fuir. La DPD a mis la main sur quelques caches d’armes, de drogues, et d’argent, mais le plus gros a été évacué avant qu’ils ne puissent envahir Florence et couper court à toute fuite.” répondit-elle, lui offrant un résumé plus que condensé de ce jour où le cartel avait basculé. “-Concernant ton procès, il n’est pour l’heure pas question d’une quelconque comparution immédiate. Les preuves te concernant ne sont pas assez nombreuses au regard des chefs d’accusation qu’on espère te mettre sur le dos.” ajouta-t-elle en observant attentivement Aaron, légèrement penchée en avant. “-Je ne doute cependant pas que la police soit encore en train de retourner ton bureau dans l’espoir de remédier à cela.”

Un soupir inaudible quitta les lèvres de l’hispanique, qui, se rendant compte s’être avancée vers Aaron, consentit à reculer , redressant les épaules. Ses doigts fins tapotèrent un instant sur le papier, alors que la jeune femme ne quittait pas du regard son patron, se livrant à une bataille silencieuse. Finalement, au bout de quelques secondes, et jugeant qu’il était préférable de ne pas s’encombrer l’esprit inutilement pour pouvoir se plonger pleinement dans la réflexion et l’élaboration d’une stratégie, la mexicaine ne tarda pas à reprendre la parole : “-Dois-je te poser la question, ou vas-tu m’expliquer de toi-même pourquoi tu ne m’as pas appelée ce jour-là ?” demanda-t-elle, joignant ses doigts dans une pyramide devant elle, la tête légèrement penchée, alors que ses prunelles sombres rivées sur le visage sérieux de son vis à vis tâchaient de deviner la réponse à cette question qui n’avait eu de cesse de revenir dans ses pensées ces derniers jours.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyDim 23 Avr - 16:11


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


Il ne pouvait nier que voir Livia paraître devant lui, avec un cordon autour du cou maintenant une carte d’autorisation d’entrée « Avocat », suscita un soulagement escompté. Au moins elle n’avait pas été entraînée dans sa chute. Les épaules du narcotrafiquant, raidies par la fatigue et une anxiété – qu’il se refusait encore à reconnaître -, se relâchèrent, dégageant son port de tête. Le visage légèrement incliné vers le bas, le menton se rapprochant de son torse, Aaron lui rendit un regard en contre-bas. Il acceptait cette asymétrie en faveur de son bras droit, car elle méritait qu’il la regarde ainsi, ayant chuté bien trop bas pour se permettre de la prendre à jamais de haut.
Il se fit alors la réflexion que cette dernière année avait été douloureuse pour leur amitié. Si bien qu’il ne savait dire ce qu’il en restait. Pourtant, il n’avait aucun doute en ce qui concernait la loyauté de l’hispanique, et au fond, le respect qu’elle continuait de lui accorder, malgré le prix d’une dissonance cognitive qui devait être bien mal aisée.
Aussi, la culpabilité froissa le visage du narcotrafiquant tandis qu’ils entamèrent la discussion. Aaron ne démentit pas avoir été traité comme il le devait au regard du tort qu’il avait causé aux instances sécuritaire et judiciaire de cette ville. Il dissimula son bras contusionné, n’ayant pas envie d’en parler. Or, son mouvement n’échappa pas à la juriste qui lui laissa cependant l’opportunité de garder cet élément de sa garde à vue sous silence. Elle se contenta d’y faire allusion, tout en se refusant à statuer sur son état de santé morale. Le trafiquant n’insista pas non plus, conscient qu’il n’avait pas le droit de maitriser l’entretien qu’ils auraient. Surtout si c’était pour sortir ce genre de connerie ; connerie à laquelle Livia grimaça – il fallait bien la connaître pour apercevoir cette micro-expression agacée qui venait d’animer ses lèvres – et lui demanda de cesser ce genre de « platitudes ».

Après avoir levé les mains en signe d’abdication, Aaron recouvrit son sérieux, reprenant le dessus sur l’agitation anxieuse qui tentait de désorganiser ses pensées. Il demanda à son avocate si elle avait pu consulter le dossier d’instruction le concernant, et si la juridiction avait assez d’éléments pour le juger en comparution immédiate. L’hispanique confirma ses suppositions : malgré l’envergure de l’action, et son arrestation, la DPD n’avait rien démantelé. Elle avait au mieux dispersé l’essaim. Il lui reviendrait donc de signer, lui, la fin du cartel.
Quand Livia mentionna son bureau et les perquisitions qui s’y acharnaient, Aaron répondit, la voix portée par un soupir : « Qu’elle y perde son temps » Puis, il ajouta, constatant simplement : « Après j’imagine que l’incendie a fini de brûler ce que nous n’avions pas eu le temps de faire disparaître ». La place forte du cartel était réellement tombée dans la nuit du 15 au 16 octobre, réduite en cendres sous la fureur des flammes. La rumeur de l’incendie de la Zone 33 était arrivée jusqu’aux geôles. Malgré la revendication immédiate faite par le groupuscule des Rats dirigés par Fergusson, Phillmore avait appris que c’était le cartel qui était accusé d’avoir mis le feu à son QG, dans le but d’effacer toute preuve de son existence,.

Un silence s’imposa, agrandissant le fossé qui les séparait déjà. Aaron se rappela qu’avant que Livia n’entre, il s’était fait la réflexion qu’il lui devait des excuses. Enfin, des explications plutôt. Et c’était ce qu’elle lui réclama, reprenant la parole pour le confronter. La jeune femme le sondait, impatiente et tendue. « J’ai voulu le faire… » Mais il s’en était empêché. Lui-même ignorait l’entièreté des tenants et aboutissants de ce qui l’avait agi ce jour-là. Car au-delà de cet appel qu’il ne lui avait pas passé, il s’était laissé arrêter alors que sa fuite avait été organisée. « Je ne sais pas comment l’expliquer… » Que pouvait-il lui dire de cette mise à mort symbolique qui lui était apparue comme l’unique moyen de se retirer d’un monde dont il ne pouvait plus souffrir l’existence ? Pourquoi n’avait-il pas été capable d’abandonner le trône sans y être contraint ? Était-ce son orgueil qui avait exigé une telle mise en scène de sa chute ?
Un soupir secoua sa carcasse. Si lui avait abandonné, il voyait à la façon dont se tenait Aldana qu’elle n’était pas encore prête à renoncer. Et c’était bien pour cela qu’il l’avait nommée Seconde du clan. Car elle possédait cette force et cette hargne qu’il n’avait plus. Aaron ignorait ce qui poussait aujourd’hui la jeune femme à rester auprès du cartel. Est-ce qu’elle-même le savait ? Parce que s’il s’agissait seulement de maintenir l’impression, l’illusion, de ne pas avoir sacrifié tant de choses pour rien, Livia se rendrait vite compte que ce qui était perdu l’était à jamais, et que rien ne pourrait jamais satisfaire ce vide - si avide d’acharnements si vains. « Je ne voyais pas d’autres issues. C’était la seule façon pour que la Zone 33 ne devienne pas le théâtre d’un bain de sang. La police ne s’attendait pas à m’arrêter, pas vivant en tout cas. Et elle a perdu du temps à devoir le faire dans les règles. » Son extraction sous escorte de son bureau jusqu’au fourgon garé dans la cour avait nécessité de redéploiement de nombreux agents afin de garantir sa montée dans le blindé estampillé DPD. Cette rationalisation arrivait dans l’après-coup, mais lui parut assez satisfaisante, d’autant qu’il était convaincu que son obéissance avait évité un drame. « Je me suis vu comme une perte nécessaire… Je suis désolé si je t’ai inquiétée »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyVen 5 Mai - 22:56

Physiquement présente dans cette petite salle impersonnelle aux murs froids et nus, Livia s’efforçait de maintenir les apparences, tâchant de conserver un air détaché et professionnel qui tranchait pourtant avec le fourmillement incessant de ses neurones. Depuis la descente de la DPD, il semblait à la jeune femme qu’elle n’avait fait que cela. Réfléchir, et prendre des décisions. Travailler dans l’urgence n’était pas ce qu’elle préférait, la juriste aimant à envisager toutes les possibilités, et leurs conséquences potentielles, imaginant tout ce qui pouvait découler d’une décision, avant même qu’elle soit prise. Or, depuis l’arrestation d’Aaron Phillmore, l’invasion de la zone 33 par des uniformes, l’incendie qui avait ravagé leur lieu de travail, il n’y avait plus qu’une situation d’urgence qui s’éternisait un peu trop au goût de la mexicaine, qui faisait au mieux pour répondre présente sur tous les fronts. Lorsque les choses se seraient tassées, et qu’elle aurait enfin un peu de recul sur la situation, Livia se rendrait sûrement compte de ce qu’elle aurait pu faire différemment, des autres choix qui étaient à sa portée, des scénarios qu’elle n’envisageait pas alors, et qui lui apparaissait désormais clairement.

Fatiguée, l’hispanique savait pourtant que les jours à venir ne seraient pas de tout repos, et que plusieurs d’entre eux se passeraient avant qu’elle ne puisse réellement souffler. Qu’ils le puissent tous, d’ailleurs. Pour l’heure, il fallait continuer à se montrer réactif, prêt à toute éventualité, à agir une nouvelle fois dans l’urgence de la situation. Aussi, les nerfs à fleur de peau, la mexicaine réagit sans doute un peu trop vivement à cette remarque en l’air que venait de lâcher Aaron, qui semblait s’amuser de ces “drôles de journées”, des mots qui agacèrent bien plus Aldana qu’ils ne le méritaient. D’autant plus que l’hispanique se doutait bien, à l’expression sur le visage de son patron et ami, qu’il ne trouvait rien d’hilarant à la situation.

Aussi, après avoir demandé au Boss de garder son sérieux, afin de ne pas perdre la moindre minute de cette entrevue, précieuse à souhait, les deux Prayers of Insanity se lançaient déjà dans le vif du sujet. Pas de comparution immédiate, au grand dam de la police qui espérait faire plonger le leader pour des chefs d’accusation pour lesquels ils ne trouvaient pour l’heure aucune preuve. Ce n’était pourtant pas faute de chercher, quitte à devoir remuer la poussière, et la cendre -littéralement- pour cela. “-Il y a fort à parier…et à espérer que ce soit le cas, oui. Je ne les ai pourtant jamais vu aussi déterminés à trouver quelque chose qui n’est plus là.” répondit-elle, ne jugeant pas utile de préciser que ne pas réussir à incriminer le leader du cartel poussait la DPD à se montrer plus minutieuse que jamais, sans qu’elle ne sache vraiment si c’était le désespoir ou la frustration qui guidait leurs gestes. Livia resta silencieuse un bref instant, avant d’ajouter, autorisant ses lèvres à un bref tressautement : “-Je constate néanmoins que l'information parvient jusqu’à ta cellule.” dit-elle, sans réelle surprise pour autant. Ici, comme partout ailleurs, tout devait se monnayer…même l’information. Surtout l’information, d’ailleurs. Car le monde n’était pas sans ignorer que le savoir était le pouvoir.

Parmi toutes les questions que Livia avait pu se poser ces derniers jours, et elles étaient nombreuses, une revenait continuellement dans son esprit, la harcelant sans répit. Ce n’était pourtant pas la plus importante, elle en avait bien conscience, mais ne pas savoir de quoi il retournait réellement la rongeait bien plus qu’elle n’aurait pu le penser. N’y tenant plus, la mexicaine avait laissé les mots quitter ses lèvres, lui demandant enfin pourquoi il n’avait daigné répondre à aucun des appels qu’elle avait tenté de passer à Aaron, lorsque la nouvelle de la descente de la police était venue aux oreilles de la juriste. Les premiers mots prononcés par Phillmore ne la satisfirent pas, l’hispanique cachant mal son irritation. Elle garda les lèvres closes pourtant, prête à user de patience, peut-être pour lui laisser l’opportunité de se montrer moins avare en explications. Ou peut-être pas, puisqu’il lui disait déjà qu’il ne savait pas vraiment mettre de mots exacts pour lui exposer ce qui s’était passé. L’idée de se contenter de si peu n’était pas vraiment acceptable, pourtant la brune se rendit bien compte qu’elle n’avait d’autre choix que de faire avec.

Un bref soupir las manqua de peu de quitter ses lèvres, alors que Livia rendait les armes silencieusement. Ce silence constituait sans doute déjà une réponse en soi. A elle de parvenir à mettre dessus les mots qui manquaient. Récupérant le stylo, davantage pour s’occuper les doigts que par nécessité d’écrire quoi que ce soit, Livia tapota son bloc-notes de la pointe du bic. S’il voulait se cantonner à du professionnel, alors soit, ils ne parleraient que de sa détention, et des moyens à leur portée pour minimiser sa peine autant que faire se peut. Aussi, réendossant son rôle d’avocate au détriment de celui d’amie, Aldana s’apprêtait à faire part à Aaron de ses réflexions sur le sujet lorsque celui-ci reprit finalement la parole, la poussant à relever la tête vers lui. Elles avaient mis du temps à être formulées, mais les explications étaient enfin là, même si elles n’étaient pas celles qu’elle pensait entendre. “-Évidemment, que tu m’as inquiétée !” répliqua-t-elle, la voix tendue d’une brusquerie soudaine, mal maîtrisée, trahissant sans peine l’angoisse passée.

Pourtant peu coutumière de la pratique, Livia avait imaginé le pire lorsque son téléphone n’avait eu de cesse de sonner dans le vide, la renvoyant systématiquement à la boîte vocale d’Aaron. Pour elle, il n’y avait qu’un scénario pouvant expliquer qu’il ne donnait pas suite à ses appels. “-J’ai cru…” commença-t-elle, pour laisser finalement sa phrase en suspens, alors qu’elle secouait doucement la tête de droite à gauche. Elle ne jugea pas utile de lui dire que sans l’insistance de McCreary, qui avait veillé à ce qu’elle parvienne à quitter la zone sans se frotter à la DPD, Livia serait sans doute allée tout droit au bureau du Boss, et s’y serait sans doute fait passer les menottes à son tour. “-A nous deux, on aurait sans doute pu trouver quelque chose pour éviter que tu en arrives là.” dit-elle à mi-voix, pourtant incertaine des paroles qui quittaient ses lèvres. Aaron n’avait-il pas déjà tout envisagé, avant de prendre sa décision ?

Le stylo tourna plusieurs fois entre les doigts fins de la juriste, témoignage de ses réflexions, mais également de cette nervosité sous-jacente qui ne la quittait plus ces derniers jours. Auraient-ils vraiment pu trouver une autre solution ? La brune aimait à penser qu’ils formaient un duo efficace, que leurs façons de penser étaient complémentaires. Pour autant, existait-il vraiment autre chose à faire, s’ils espéraient éviter ce bain de sang qu’avait évoqué Aaron ? Car il était sûr que sans cet ordre, le cartel aurait défendu ce qui était sien de toute sa hargne, et avec toute sa puissance de feu. Et le sang aurait indéniablement coulé. À flots. Sa gorge se contracta douloureusement à la déglutition, alors que la mexicaine prenait le temps nécessaire pour reprendre la parole : “-Ça me coûte de le dire, mais…ce n’était pas un sacrifice vain. Il y aurait sans doute eu de nombreuses pertes, d’un côté comme de l’autre. Je regrette seulement que cette décision ait été si lourde de conséquences.” soupira-t-elle en ayant un regard autour d’elle, sans s’étendre davantage sur le sujet, bien qu’il y avait beaucoup plus à dire.

La jeune avocate baissa la tête quelques secondes sur son bloc-notes, se refusant à se laisser à la moindre sensiblerie, qui n’avait pas sa place entre ces murs. Ils n’avaient de toutes façons pas le temps pour les sentiments. S’éclaircissant la gorge, Livia ne tarda pas à relire les quelques mots couchés sur le papier, ce qui était tout à fait inutile, puisqu’elle savait déjà ce qui y était écrit. “-Nous ne parviendrons pas à te trouver d’accord cette fois-ci, ni même obtenir ta libération sous caution. Je crains d’avoir atteint mes limites en la matière.” reprit-elle d’un ton plus posé, accompagnant ses paroles d’une grimace explicite qui en disait aussi long que les mots employés. Pour autant, l’hispanique n’avait pas dit son dernier mot, et ne comptait pas baisser les bras, pas sans être allée au bout de ses capacités. Aussi, après une nouvelle pause, Livia ne tarda pas à reprendre : “-Je vais évidemment faire tout ce qui est possible pour minimiser ta peine, bien que les…précautions prises devraient nous y aider. Attends-toi malgré tout à devoir passer plusieurs mois en détention.” ajouta-t-elle en hochant légèrement la tête d’un air entendu. Nombre de preuves, documents et autres éléments pouvant incriminer Aaron avaient été détruits, ou suffisamment bien cachés pour que le baron de la drogue de Downfall ne passe pas le reste de sa vie en prison. “-Je m’assurerais pendant ce temps que tout soit fin prêt pour ton retour. ” termina-t-elle à demi-mot, comme une façon silencieuse de s’engager à poursuivre les années de dur labeur derrière eux pour mener le cartel des Prayers of Insanity au développement et à l’importance qu’était le sien.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptySam 13 Mai - 16:21


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


La DPD perdait temps et énergie dans le cadavre encore fumant de la Zone 33, animée par l’espoir de mettre la main sur quelques organes précieux et épargnés par les flammes de l’organisme du cartel. Aaron pêchait certainement d’assurance en pensant que ces charognards ne trouveraient rien, mais il faisait confiance à Fergusson et aux Rats qu’il dirigeait pour avoir réduit à néant l’existence matérielle des Prayers of Insanity.
Si la DPD et les Rats clamaient la mort du cartel, les choses n’étaient pourtant pas si simples, puisqu’il subsistait du cartel sa volonté, enfin, ses volontés. Même la police et la justice le savaient, les saisies ne signifiaient qu’une chose : qu’il y avait de la drogue en circulation. Et qu’il y en aurait d’autres. D’ailleurs, au plus elles saisissaient, au plus cela signifiait qu’il y avait de la drogue à saisir. La DPD et la justice qu’elle défendait n’était pas plus efficace, non, c’était simplement qu’il y avait plus d’opportunités car plus de quantités. Pour démanteler un cartel, il fallait s’en prendre à ce qui ne pouvait pas être remplacé. L’argent était remplaçable, les hommes de terrain aussi. Ce qui ne l’était pas, c’étaient les personnalités de l’organisation, ces esprits qui marquaient les autres et faisaient autorité, inspirant l’admiration comme la peur. Ces personnalités n’étaient certes qu’un support aux projections, mais elles croissaient en fonction de l’importance qu’on leur donnait. Et toute cette construction, proche de la création d’un mythe, était, elle, irremplaçable. Or, en se rendant, Aaron, le moins remplaçable de tous, avait signé la mort symbolique du cartel, mais il avait donné une chance à d’autres de vivre, une chance à ces hommes et ces femmes qui étaient remplaçables pour le cartel, mais pas pour les gens qui les aimaient. Phillmore souhaitait leur rendre leur vie, et pour cela, il libérerait leur volonté.

C’était avec un maigre sourire qu’Aaron avait réagi à la remarque de l’avocate concernant le flux de l’information dans des endroits aussi isolés que des geôles. Puis un silence naquit de cet inconfort entre eux, chacun ignorant quel ton adopter à l’occasion de cette entrevue. Aucun n’était dupe ; ils savaient ce que signifiait leur présence ici et maintenant, dans une telle configuration. Ils s’agrippaient d’ailleurs à ce qu’ils connaissaient, à leur rôle de leader et de bras droit. Car ils ne voulaient pas de risquer à éprouver leur amitié, parce que celle-ci aurait été sûrement trop douloureuse à ressentir.

Finalement, Livia exigea des explications. Et une nouvelle fois encore, Aaron se montra peu loquace, enchaînant maladroitement quelques mots creux de sens pour invoquer un mutisme plus aisé. Comme s’il ne voulait – pouvait ? – pas faire cet effort d’éclaircissement, de crainte de ce que les mots pourraient susciter, tant ils seraient insatisfaisants. Pourtant, le silence comportait le risque de la mésinterprétation. Voulait-il réellement abandonner Livia à ce qu’elle pensait savoir de la situation, au sens qu’elle s’était construit pour comprendre quelque chose dont elle ignorait la réelle signification ? Ces deux alternatives n’avaient rien de satisfaisant. Mais peut-être était-ce parce que la situation elle-même de l’était pas. Même l’explication la plus exhaustive et honnête possible ne rendrait pas cet instant plus acceptable. Alors Aaron choisit d’obéir et de mettre en mots ce qui l’avait animé, puisque Livia voulait savoir. Elle aurait pu se contenter de ce silence si elle l’avait vraiment voulu, or, elle lui avait explicitement signifié qu’elle attendait de lui les raisons de cette posture qui les avait conduits toutes les deux à cet instant présent.
La première phrase que Phillmore prononça était d’une grande sincérité. Aldana n’aurait certainement pas la lecture entière de cette déclaration, puisqu’elle ignorait tout de l’impasse relationnelle entre le père et la fille. Aussi, elle l’entendrait sûrement sur un versant contextuel. L’information de cette opération à la Zone 33 avait échappé à la connaissance du cartel. Aussi, confronté au réel de cette descente, Aaron s’était vu proposer des choix limités : la fuite – mais pour cela, il aurait dû demander à ses hommes de sacrifier leur vie pour sauver la sienne -, la lutte – cette fois-ci, il aurait dû accepter de sacrifier sa vie en plus de celles des siens -, et l’arrestation. Il s’agissait là, dans ce dernier cas, du moindre sacrifice, ou du moins, d’un sacrifice auquel il pouvait consentir. Cela lui était apparu comme la seule solution pour qu’il n’y ait pas de morts. Une précaution nécessaire, car le narcotrafiquant avait réalisé depuis quelques temps déjà que tout cela n’en valait vraiment pas la peine.
Le détachement avec lequel Aaron traitait de sa situation arracha une réaction vive à la juriste. Elle s’était inquiétée, ayant craint le pire alors qu’il laissait ses appels sans réponse. Toujours sous le coup du déni, elle clama qu’à deux, qu’à eux deux, ils auraient pu trouver une autre alternative. Aaron se laissa aller à un léger sourire complice, et eut l’égard de ne pas briser les illusions de la jeune femme. Cette dernière consentit néanmoins à admettre que le sacrifice du narcotrafiquant n’avait pas été vain si l’on considérait l’objectif visé. Aucun carnage n’avait eu lieu, et ils pouvaient s’en satisfaire. Le sourire du détenu s’agrandit.

Livia mit de côté les affects qui l’avaient débordée et en revint à la partie judiciaire de leur rencontre. Elle écarta d’emblée la possibilité d’un accord ou d’une libération sous caution. Trop de précédents pour ne pas faire jurisprudence. Ainsi, quand la juriste avoua toucher ici à ses limites – ce qui devait fortement lui déplaire -, Aaron conserva un visage détendu, renvoyant à son conseil qu’il n’était pas dupe et savait déjà quel traitement l’attendait ; traitement auquel elle ne pourrait rien, du moins le temps de l’instruction. En revanche, elle pourrait exercer une influence sur la peine, et notamment le quantum d’emprisonnement. L’ensemble des informations qui concernait le cartel avait soit été détruit, soit mis sous bonne protection dans une nouvelle cache que lui-même ignorait. Le procès serait l’occasion pour Livia de démanteler l’enquête de la DPD. Mais l’ennui était qu’Aaron aurait à patienter en détention d’ici là. Levant les mains en guise d’apaisement et de reddition, il voulut rassurer la jeune femme : « Je m’y suis préparé. Ça devrait aller. J’ai cru comprendre que j’allais être transféré en dehors de Downfall, peut-être à la prison d'État de Pelican Bay, à l’autre bout de la Californie. J’imagine que la justice ne veut pas courir le risque d’une évasion… » Phillmore se demandait qui il serait là-bas. Le rayonnement du cartel des Prayers of Insanity était vaste et leur influence certaine. Néanmoins, il n’avait pas de contact privilégié dans cette aire géographique, ni de concurrents. Il ne savait pas à quel point son nom y était connu, ni de quelle façon.
D’un ton entendu, Livia lui promit qu’elle s’occuperait de « tout » pour son « retour ». Le visage du narcotrafiquant s’obscurcit légèrement. « Je… je ne veux plus de tout ça. Quand je reviendrai à Downfall, ce sera comme simple citoyen, enfin, simple citoyen avec une liberté conditionnelle. J’arrête Livia, c’est fini pour moi, je n’en ai plus les épaules » confessa-t-il, observant un point imaginaire légèrement à la droite de l’hispanique. « Dis aux nôtres que je ne veux pas être vengé. Qu’ils ne perdent pas leur vie dans une vendetta sans aucun sens. » Il libérait ainsi officiellement les volontés, pour qu’elles ne soient plus assujetties à la sienne. « Ce temps-là est fini, et je m’en sors pas si mal au final : je suis encore en vie. Je peux m’en satisfaire. » Puis, coulant à son tour un regard entendu, Phillmore ajouta : « Mais je n’oublierai pas notre amitié. Tu pourras compter sur moi. » Il avait décidé de s’éloigner du business du narcotrafic, ne se sentant capable à présent que d’y occuper l’éventuel rôle de transporteur, si Livia le souhaitait. Autrement, il ferait juste parvenir légalement à Downfall des marchandises, et cela lui convenait.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyMer 16 Aoû - 21:10

A cet instant, relayée davantage au rôle d’avocate du cartel qu’à celui de numéro deux, Livia compulsait les quelques notes prises sur le carnet sous ses yeux. De ses années de pratique, la jeune femme pouvait tirer des conclusions qui étaient loin de lui plaire. Cette fois-ci, impossible de permettre à Aaron d’échapper à la case prison, la DPD n’accepterait pas une nouvelle fois qu’une caution soit versée en échange de la libération du chef de gang, pas après ce qui s’était passé précédemment. Peut-être n'auraient-ils pas dû griller si rapidement -et ouvertement- cette carte sortie de prison qui lui avait été offerte, mais maintenant que Woodrow pourrissait six pieds sous terre, il était un peu tard pour ce genre de considération.

Le constat ne souffrait aucun appel : cette fois-ci, il serait impossible de trouver une solution pour permettre à Phillmore d’échapper aux quelques mois -si Livia travaillait d’arrache pied à sa défense- qui se profilaient à l’horizon à passer derrière les barreaux. Et elle avait bon espoir d’y parvenir. Bien que, plutôt que de parler d’un quelconque espoir, il fallait plutôt y voir le fruit de leurs précautions, de toute la prudence dont ils avaient fait preuve ces dernières années pour que rien d’incriminant ne puisse relier Aaron aux tâches qui lui incombaient réellement au sommet de la hiérarchie Prayer. Aucun ordre écrit, évidemment, aucun transfert d’argent portant son nom, aucun moyen de remonter jusqu’à lui. Ils y avaient veillé scrupuleusement. Ils ne pourraient pourtant laver le leader de leur cartel de tous les soupçons qui pesaient sur lui, pas cette fois. Un échec qui pesait lourd sur les épaules de l’hispanique.

Pour autant, il était aisé pour une personne rompue au difficile exercice de déchiffrer le masque de neutralité qu’arborait Aldana au quotidien de remarquer que la situation n’était pas pour plaire à cette dernière. Se retrouver ainsi dos au mur, incapable d’anticiper, tout en sachant qu’elle ne pourrait que réagir aux accusations au fur et à mesure de leur formulation n’était pas pour satisfaire la mexicaine. Loin de là. Elle qui aimait tout planifier, pour prévoir en conséquence, évoluait à présent sur un terrain qu’elle était loin d’apprécier. Malgré ce difficile constat, et comme à chaque fois que ses services de juriste étaient requis, elle ferait son maximum pour qu’Aaron s’en sorte le mieux possible, et que son temps passé en prison ne s’éternise pas, que ses conditions de détention soient optimales. Ce ne serait sans doute pas une mince affaire, on ne ferait pas grand cas des revendications d’un chef de cartel tout juste tombé, mais elle oeuvrerait pourtant dans ce sens autant que faire se peut.

Tâchant de mettre de côté cette impression de ne pas réussir à faire assez bien, Livia expira longuement par le nez, laissant derrière elle ses incertitudes pour se prononcer uniquement sur ce qui ne faisait aucun doute à ses yeux : qu’importe le sort qui serait réservé à Aaron, le temps qu’il aurait à croupir derrière les barreaux d’une prison, ici ou ailleurs, l’hispanique ferait tout ce qu’il faudrait pour que le business subsiste en l’absence de son chef, et que les Prayers of Insanity retrouvent ce monopole qui était le leur avant l’intervention de la DPD. Et la tâche, bien qu’ardue, était loin de la décourager. Malgré l’intervention des flics de Downfall, ils avaient réussi à sauver assez de marchandise, d’armes, et d’argent pour permettre au trafic de repartir sereinement. Lentement au début, mais Rome ne s’était pas faite en un jour, et le cartel renaîtrait de ses cendres, elle en était persuadée.

Aussi, et même si elle n’attendait aucun remerciement particulier puisqu’elle agissait simplement comme n’importe quel second l’aurait fait selon elle, Livia ne put retenir l’expression incrédule qui trouva ses traits face aux explications que lui livrait Aaron, en réaction à ses propos. Les mots prononcés, bien que parfaitement explicites, glissaient pourtant sur l’avocate, qui affichait clairement son incompréhension. Simple citoyen ? Les sourcils de la brune se froncèrent encore davantage, comme pour marquer encore plus l’évidence : tout cela lui échappait totalement, et même si elle comprenait les mots prononcés, ils ne faisaient pas sens.

Pourtant, quand Aaron vint au bout de ce discours qu’elle imaginait soigneusement préparé, et peut-être même d’ailleurs répété grâce à tout ce temps vide d’occupation qui était le sien en prison, Livia ne su pas comment réagir. Pas immédiatement, en tout cas. Les mots de son leader rebondissaient dans sa tête, chaque bond s’accompagnant d’une flopée de pensées qui partait dans tous les sens. Un silence de plusieurs secondes s’étira entre eux, que Livia finit par rompre d’un confus : “-Tu…attends, quoi ?” balbutia-t-elle, sourcils si froncés que son visage paraissait plus sévère que jamais. “-Je ne comprends pas.” avoua-t-elle finalement, même si c’était là l’évidence même, et qu’elle n’avait rien fait pour masquer son incompréhension.

Posant les mains à plat sur la table qui les séparait, comme pour chercher un ancrage dans une situation qui semblait lui échapper, Livia ne tarda pas à secouer légèrement la tête. “-Ce que tu viens de m’annoncer, c’est que tu reviendras à Downfall en tant que simple citoyen. Plus de cartel ? Plus de Prayers of Insanity ? C’est ça que tu es en train de me dire ?” résuma-t-elle, comme si elle espérait qu’Aaron la reprendrait, et lui ferait savoir qu’elle avait compris de travers. Tout cela lui semblait si absurde. Pour autant, et malgré la surprise -mauvaise- qui était de taille, Livia tâchait de donner le change, et de garder une mine sérieuse, un ton posé. “-Pourquoi ? Pourquoi maintenant ?” demanda-t-elle malgré tout, se demandant s’il s’était passé quelque chose dont elle n’avait pas eu connaissance. Peut-être avait-elle toujours imaginé, à tort visiblement, que lorsque l’un ou l’autre d’entre eux déciderait de raccrocher, ils prendraient le temps d’évoquer le sujet ensemble. Il la mettait pourtant aujourd’hui devant le fait accompli, et toutes les incertitudes qui en découlaient.

L’hispanique détacha son regard d’Aaron pour accorder toute son attention à la pièce, qui était pourtant dénuée de tout intérêt. S’il y avait bien une chose qu’elle n’avait pas anticipée, dans l’arrestation de son leader, c’était bien qu’il décide qu’il était temps pour lui d’accéder à une vie plus rangée, loin de toute criminalité. La nouvelle était un choc, il ne servait à rien de le nier. “Tu n’as pas dû prendre cette décision dans les cinq minutes qui viennent de s’écouler. J’imagine donc que tu as des projets pour cette…nouvelle vie.” dit-elle, comme une interrogation à peine voilée sur ce qu’il comptait faire après sa sortie de prison. Cela ne la regardait sans doute pas, il n’avait évidemment aucun compte à lui rendre. Mais n’était-ce pas ce dont parlaient deux amis ? Et, après tout, ne venait-il pas d’évoquer leur amitié ?

D’un geste de main plus fébrile qu’elle ne l’aurait voulu, Livia s’empara une nouvelle fois de son stylo, davantage pour s’occuper les doigts que par nécessité. Il était plus difficile que supposé de se rendre à l’évidence : le cartel subissait bien plus de bouleversements que tout ce qu’elle avait pu entrevoir. Il était ébranlé, jusque dans ses fondations. Et elle l’était également, par la force des choses. “-Les Prayers of Insanity ont besoin d’un leader.” souffla-t-elle à mi-voix, fixant un point sur la table, qui n’existait que dans son imagination. “-Sans personne à la tête du cartel, jamais nous ne parviendrons à surmonter cette épreuve, ni à nous unir et nous organiser une nouvelle fois.” ajouta-t-elle, comme une évidence, sans qu’il soit aisé de comprendre si elle s’adressait à Aaron, ou davantage à elle-même. Ses sourcils se froncèrent une nouvelle fois, alors que Livia prenait conscience de ce qu’impliquaient les mots de Phillmore. Et tandis que l’information se répandait en elle, elle soulevait une question primordiale, dont l’hispanique ne semblait pas posséder la réponse : serait-elle capable de remplir ce nouveau rôle qui se profilait à l’horizon ? Livia n’avait jamais douté d’elle, bien au contraire, et pourtant, elle ne s’était jamais sentie si peu confiante qu’en cet instant.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptySam 2 Sep - 16:35


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


Jouer les martyrs était bien confortable. Cela aurait même été presque satisfaisant s’il n’y avait pas eu cette impression amère d’abandonner ceux qu’il avait estimé du temps de cette existence à laquelle il souhaitait à présent, et très égoïstement, renoncer. Après moi, le déluge. Cette citation ne cessait de lui revenir en tête depuis qu’il s’était confronté, en avril, à la mort, puis à sa fille. Aaron avait réalisé une nouvelle fois, mais avec une amertume cette fois-ci insupportable, qu’il avait sacrifié, des années durant, sa fonction de père pour devenir le narcotrafiquant le plus puissant et influent de Downfall. Or, aujourd’hui, enfin, quelques dizaines d’heure plus tôt, il avait enfin fait le choix de renoncer à sa carrière prospère de baron de la drogue pour tenter de prendre avec sérieux un rôle de parent digne de la vie qu’il avait amenée en ce bas monde. En réalité, cette équation n’avait jamais compté la moindre égalité, car contenant trop de variables et trop d’inconnues aussi. Il lui avait fallu plus de vingt ans pour finalement comprendre qu’aucun équilibre était possible, qu’il ne pouvait pas être le père qu’il idéalisait d’être et le narcotrafiquant qu’il ambitionnait d’incarner. Aussi, pendant ces vingt-cinq dernières années, il avait été un bon gérant de cartel, mais un père déplorable. Or, sans cet épineux regret émaillant sa conscience, Aaron aurait-il aussi aisément consenti au sacrifice qu’il venait de faire ? Peut-être pas.

Sûrement pas. Ainsi choir de ce statut auquel il s’était aliéné afin de donner une direction à ses élans était possible uniquement parce qu’il savait pouvoir se détourner de la trajectoire prise sans sombrer dans un gouffre de sens. Le saut pour franchir cet écart entre ces deux voies – sa carrière et sa parentalité - qui avaient toujours couru en parallèle, sans jamais s’entrecroiser, ne serait pas simple à faire. Mais Aaron se sentait aujourd’hui prêt à prendre le risque, car déjà las du chemin qui lui restait à parcourir s’il ne changeait pas de trajectoire.
En l’espace d’une fraction de seconde, les mots qu’il avait dit à sa fille, six mois plus tôt, envahirent sa psyché : j’aurai aimé ne jamais avoir à être cet homme-là. Or, il ne pouvait aussi facilement se dédouaner des choix faits, au regard d’enjeux à court et moyen termes sciemment choisis, bien qu’aveugles à ceux qui se poseraient sur le long terme. Phillmore avait obtenu ce qu’il désirait : acquérir le statut d’un homme influent et respecté, ne serait-ce que par la peur qu’il inspirait. Mais, alors qu’il passait le cap de la quarantaine, il s’était mis à se demander si la fin justifiait les moyens. De ses premiers choix faits en âme et conscience, il avait dû en faire de nouveaux, subséquents et de plus en plus limités, car infiltrés des précédents. Le ratio bénéfice-risque avait fini par basculer du côté des regrets. Si Aaron pouvait reprendre sa vie à ce jour où il avait appris que Jessica était enceinte et qu’il avait décidé de paradoxalement fuir et prendre ses responsabilités en s’insérant encore un peu plus profondément dans le narcobanditisme, il doutait refaire les mêmes choix. Il ne regrettait pas d’avoir eu India, car elle n’avait jamais été un frein à sa vie de trafiquant, la preuve en était jusqu’à peu. En revanche, il regrettait d’avoir continué sa carrière délinquante, car elle avait été un frein à sa vie de père. Aaron ne voulait plus que ses décisions prises en tant que narcotrafiquant aient un impact sur la vie de sa fille. Or, elles étaient inextricables, car le narcotrafiquant possédait une emprise certaine sur le monde dans lequel India vivait et donc sur ses propres opportunités. La situation lui était apparue insoluble. Du moins tant qu’elle ne lui pardonnerait pas... Mais avait-elle à le faire ? Avait-il le droit d’attendre tant d’abnégation de la part de sa fille ? Alors, conscient que le mal avait déjà été fait, et non sans lâcheté, il lui avait demandé si elle désirait qu’il se retire du business. Et India lui avait alors donné une réponse à laquelle il ne s’était pas attendu.

Revenant dans l’instant présent, accrochant son regard à celui de son avocate, bras droit et amie, le narcotrafiquant perdit le sourire serein qu’il s’était permis d’aborder. Aaron vit, à la manière dont le visage de Livia s’anima, qu’elle n’avait jamais considéré cette alternative : qu’il devienne un simple citoyen. Les sourcils froncés, la jeune femme se mura dans un silence de repli, sa psyché comme séquestrée par des pensées trop confuses et dont le moindre sens ne pouvait s’extraire. La voix blanche, elle lui demanda de réexposer son propos, avant de lui signifier, avec une forme d’animosité, ne pas comprendre. Et Phillmore savait que son amie détestait être si déstabilisée par une situation, car cela voulait dire qu’elle devait renoncer au fantasme de toujours tout avoir sous contrôle.
Les traits du narcotrafiquant se creusèrent, tirés par la culpabilité. Egocentré, il n’avait pas vraiment pensé à l’effet qu’aurait son abdication sur ceux qui ne voulaient pas voir son règne s’arrêter. Sur ceux qui ne voulaient pas être libérés, car ils avaient choisi de le suivre. Il avait au contraire imaginé laisser une place sur laquelle certains oseraient lorgner sans égard pour lui. Pourtant, même sa fille l’avait averti des dangers que représentait son départ de la tête du cartel : l’échiquier downfallien s’en trouverait bouleversé, et de nouvelles guerres d’influence éclateraient, dont certaines au sein même de son clan.

Au-delà de la raison son abdication, la juriste ne comprenait pas pourquoi Aaron avait choisi cet instant là de sa carrière pour se désengager. Elle l’accusa presque d’avoir des projets auxquels il ne l’avait pas associée, ne serait-ce que par une simple discussion entre amis. S’il ne lui en avait rien dit, c’était parce qu’il n’avait pas la moindre idée de ce que pourrait être cette nouvelle vie. Il s’était seulement projeté sur l’aspect économique, conscient qu’amour et eau fraîche ne suffiraient pas à le maintenir en vie.
Par ses questions, Livia enjoignait néanmoins Aaron à prendre ses responsabilités de leader en partance. Il ne pouvait pas simplement fuir et laisser son empire vacillant s’écrouler sans se montrer concerné. Il avait participé plus qu’activement à ce qu’avait été le cartel des Prayers of Insanity, il devrait donc en répondre, et pas qu’à la justice. « Tu as raison, le cartel ne peut se passer d’un leader. Mais je ne peux plus incarner ce rôle Livia. Il y a six mois, j’ai failli mourir. Ce n’est pas la première fois. Et j’aurai d’ailleurs pu en appeler à une invulnérabilité orgueilleuse. Mais ce ne fut pas le cas. J’ai réalisé que tout cela n’en valait plus la peine ; que je n’y voyais plus le sens. Le pouvoir doit être un moyen, pas une fin… » Phillmore doutait que Livia puisse fondamentalement comprendre ce ressenti qu’il essayait, malhabilement, habiller de mots. Il savait qu’elle, elle était toujours aussi déterminée à continuer ce que lui était devenu si prompt à abandonner. « Je n’ai même pas de grands projets pour cette nouvelle vie. Je sais juste que je n’ai plus envie de faire ce que j’ai pendant trop longtemps fait. » Il ne la jugerait pas de vouloir poursuivre ce qui avait, pour lui, perdu tout sens. « Les Prayers of Insanity n’ont pas besoin de moi, de cet homme que je suis devenu. Ils ont besoin de résilience. De force. Je suis désolé de ne rien t’avoir dit. Jusqu’à peu, je ne savais pas si j’aurai été capable d’assumer un tel choix. Maintenant, tout cela relève de l’évidence. »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyDim 17 Sep - 22:01

La sentence était tombée, et semblait irrévocable, laissant Livia interdite, le visage figé par l’incompréhension, les pensées partant dans des directions diverses et opposées, allant jusqu’à la priver de sa capacité de réflexion. En franchissant le seuil de la prison militaire un peu plus tôt ce jour-là, la mexicaine n’imaginait pas une seule seconde que la conversation prendrait cette tournure. Oh bien sûr, elle avait des questions sur ce qui s’était passé, ce fameux jour. Sur le pourquoi de l’absence de réponse d’Aaron à ses coups de téléphone, sur les raisons qui l’avaient poussé à se laisser arrêter, sur ce dont l’avenir des Prayers of Insanity serait fait désormais. Des interrogations qui lui étaient venues à plusieurs moments au cours des jours qui venaient de s’écouler, et auxquelles elle n’avait pu trouver aucune réponse. Il fallait pourtant dire que du temps de réflexion, elle n’en avait pas eu tant que cela. Son rôle de bras droit, encore libre de ses mouvements, l’avait poussé à prendre les choses en main suite à l’intervention de la DPD, à rassembler ce qu’il restait de leurs hommes, à organiser la fuite de ceux qui étaient recherchés, mandats d’arrêt aux mains de la police, à prévoir un plan d’action pour, à défaut de repartir du bon pied, s’assurer qu’ils ne s’enfonceraient pas davantage dans la déchéance. Du travail, elle en avait eu. Plus qu’il n’en fallait pour une seule personne, et les heures de sommeil s’étaient fait rares. Il avait fallu pallier au plus urgent au milieu de tous ces impératifs auxquels elle était soumise, ordonner ses pensées pour ne laisser aucune distraction interférer dans ses prises de décisions. Et au milieu de tout ce chaos, il lui fallait aussi, en tant qu’avocate des Prayers of Insanity, préparer la défense d’Aaron. Ou plutôt, comme Livia n’avait pas tardé à le comprendre avec amertume, accepter l’idée qu’il n’y aurait cette fois-ci aucun miracle.

Et c’était en qualité de juriste qu’elle s’était présentée ce jour, prête à expliquer à Phillmore le plan d’action qu’elle avait prévu pour assurer sa défense, les cartes qu’il lui faudrait jouer, les explications qu’il devrait donner, pour s’en tirer au mieux. Ils y avaient toujours veillé, scrupuleusement, à faire en sorte que si ce jour devait arriver, les charges contre lui soient minimes. Pour autant, c’était en tant que seconde, en tant qu’amie également, que la nouvelle annoncée par le leader des Prayers of Insanity la laissait incapable de la moindre réaction. L’espace d’une brève seconde, elle envisagea une blague que lui aurait fait le narcotrafiquant, avant de balayer d’un revers de main mental cette possibilité. Ce n’était ni le lieu, ni le moment, et encore moins le sujet propice pour la moindre plaisanterie. Et puis…il lui suffisait de se fier à la mine grave et sérieuse de son vis-à-vis pour comprendre qu’Aaron ne cherchait pas à lui arracher un sourire, mais simplement à la mettre en face de cette décision qu’il avait prise, de cette nouvelle réalité qui allait être la leur. S’arracher à toute une vie de criminalité…voilà bien une nouvelle à laquelle elle ne s’attendait pas, et qui la laissait…perplexe. L’hispanique n’avait jamais vu en son ami le moindre soupçon de lâcheté, et pourtant, ce fut presque aussitôt le mot qui fusa au milieu du fatras de ses pensées. N’était-ce pas la solution de facilité, que de se retirer des affaires au moment où le cartel était au plus bas, et venait de subir la pire déconvenue de ces dernières années ? Ne lâchait-il pas, au même titre qu’il abandonnait son statut de leader, les hommes et les femmes qui avaient agi sous ses ordres jusque-là ? Cette idée laissait un goût amer à l’hispanique, qui ne cacha pas son incompréhension, pourtant certaine qu’il devait exister une autre explication à cette nouvelle.

Livia se refusait à croire que c’était la chute des Prayers of Insanity, et l’immense travail qu’il faudrait fournir pour que le cartel s’en relève qui avait entraîné la retraite anticipée de Phillmore du narcotrafic. Ce n’était sans doute que le fruit d’un hasard, tout simplement, et cela devait s’expliquer par de nouveaux projets qui avaient trouvé la faveur d’Aaron. Mettant de côté ce soupçon de suspision qu’elle avait ressenti aux aveux de son patron, qui la mettait devant le fait accompli, la jeune femme consentit à mettre les mots sur l’évidence : sans leader à sa tête, il était inenvisageable que les Prayers of Insanity puissent se relever. Comment accepter de renoncer à ce qu’ils avaient mis des années à bâtir, à laisser à l’abandon ces hommes et ces femmes qui travaillaient pour que le cartel étende son influence, et s’enrichisse ? Si Aaron semblait en paix avec cette décision de tout abandonner, Livia ne pouvait assurément pas s’y résoudre. Toute sa vie avait tourné autour de ce cartel, elle avait quitté son Mexique natal et sa famille pour lui, était devenue avocate pour les mêmes raisons, avait tout sacrifié pour que les Prayers dominent le narcotrafic de Downfall. Et tout ça pour quoi ? Tout laisser tomber, et capituler au premier coup de vent trop violent ? Non…elle ne pouvait décemment pas s’y résoudre. Elle était une Prayer of Insanity avant toute chose, aussi réducteur cela pouvait-il être, et la simple idée de renoncer à tout ce qu’ils avaient bâti lui donnait le vertige, la laissait essoufflée.

Son regard quitta ce point invisible sur la table pour se relever vers le visage d’Aaron lorsque celui-ci prit une nouvelle fois la parole, alors qu’un frémissement agitait les sourcils de l’hispanique. Alors tout se résumait donc à cela ? A quel moment exactement s’était-il réveillé, et rendu compte que tout cela, comme il le disait, n’en valait plus la peine ? Qu’il n’en avait tout simplement plus envie ? Quand précisément avait eu lieu la bascule ? Elle ne datait pas de six mois, Livia en aurait mis sa main à couper, ce terrible jour où on avait attenté à la vie de Phillmore…encore. C’était impossible, n’est-ce pas ? La mexicaine aurait nécessairement perçu la lassitude de son ami, deviné ce qui couvait en coulisse, l’agitation qui devait régner dans ses pensées. Elle aurait senti le vent tourner, non ? Maintenant que le sujet était sur le tapis, elle ne pouvait s’empêcher de jeter un œil en arrière, de sonder les échanges qu’ils avaient eu, à la recherche de petits indices qui auraient pu la mettre sur la voie, en vain.

L’hispanique le laissa dérouler son argumentaire sans chercher à l’interrompre, adoptant l’attitude passive de celle qui écoutait, malgré l’attitude figée qui semblait lui coller à la peau. Lorsque le dernier mot fut prononcé, Livia se mura dans un nouveau silence, sans doute nécessaire à la digestion de toutes ces confessions. Crispée par ces aveux, il fallut de longues secondes pour que l’hispanique finisse par croiser les mains devant elle, alors que d’une grande inspiration, elle gonflait ses poumons. “-Bien. J’imagine que je n’ai pas besoin d’exprimer à quel point cette annonce est une surprise.” lâcha-t-elle finalement sobrement, se refusant à se laisser aller à lui dire qu’elle n’avait jamais imaginé, pas un seul instant, qu’il puisse un jour renoncer de son plein gré à ce rôle qui était le sien, et dont il s’acquittait aussi bien que possible. Et inutile de préciser qu’elle ne comptait pas verser dans la mièvrerie, et lui confier que les Prayers of Insanity ne seraient plus les mêmes sans Aaron à leur tête, qu’elle regretterait de ne plus pouvoir travailler à ses côtés, que leur collaboration, quoique parfois houleuse ces derniers temps, avait été un vrai plaisir, et lui avait beaucoup appris, qu’elle lui était reconnaissante pour la confiance qu’il lui avait témoigné, et son soutien sans faille, quand la plupart des leurs ne voyait en elle qu’une petite immigrée espionnant pour les Aldana. Il n’y avait pas la place pour ce genre de sentiments dans leur relation. “-Je me permets néanmoins de souligner à quel point ton timing est…malencontreux. Et ta décision de te retirer des affaires fera sans doute jaser au regard de notre situation actuelle.” dit-elle en relevant le coin d’une lèvre, dans une mimique pourtant bien loin de ressembler à un sourire. Aaron pourrait ainsi sortir de la case prison, que Livia ne parviendrait pas à lui éviter cette fois-ci, et débuter une nouvelle existence, où il ne serait plus qu’un citoyen lambda comme un autre…à quelques détails près. Elle s’inquiétait davantage de l’avenir de leurs subalternes, de cet empire qui était désormais à reconstruire, brique par brique.

Choisissant une nouvelle fois le silence pour refuge, la mexicaine sonda longuement le visage de son leader -ancien leader, songea-t-elle avec amertume-, plongeant dans son regard le temps de quelques secondes. “-Ne t’excuse pas. Je ne t’ai peut-être pas donné l’impression que nous pouvions aborder ensemble l’avenir des Prayers of Insanity. Ou plutôt, nos avenirs respectifs au sein du cartel. Je crains d’avoir laissé la mort de Pedro, pourtant inévitable, et mon ressentiment se dresser entre nous, et…c’est moi qui te présente mes excuses pour cela.” répondit-elle d’une voix posée. Même si du temps s’était écoulé depuis ce jour, les relations entre les deux Prayers en avaient pâti, durant un long moment, bien que la tension entre eux ce soit malgré tout adoucie depuis ce jour. Et finalement, les épaules de la jeune femme s’affaissèrent un peu, alors que se penchant par dessus la table, et au détriment des consignes clairement évoquées précédemment et qui interdisaient tout contact physique, elle posa sa main sur celle de son ami, la tapotant quelques instants en hochant la tête. Les mots se coincèrent dans sa gorge, incapables de sortir, de permettre à la jeune femme de lui souhaiter qu’il parvienne à trouver cet équilibre qui semblait lui avoir manqué quand il était à la tête du plus grand cartel de Downfall, de parvenir à découvrir quelque chose qui lui donnerait envie de nouveau, qui saurait chasser la lassitude qui semblait aujourd’hui alourdir ses épaules. Lorsqu’elle eut réussi le miracle de parvenir à étirer ses lèvres dans un léger, quoique sincère, sourire, Livia retira sa main, et reprit sa position sur la chaise, se raclant la gorge, alors qu’elle jetait un œil sur son carnet de notes. “-Bien…nous avons du travail si nous voulons qu’Aaron Phillmore, simple citoyen, puisse goûter à une vie loin de toute criminalité rapidement.” dit-elle avec un entrain qui sonnait presque juste, alors qu’elle s’emparait du stylo qui servirait à établir la défense de son ami, et à minimiser sa peine de prison. Du moins, l’espérait-elle.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptySam 7 Oct - 13:30


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


Il était également évident que Livia condamnait sa lâcheté. Ses traits s’étaient durcis, tandis qu’elle s’adonnait à de longs silences oppressés. La jeune femme semblait n’avoir jamais considéré cette option, et s’interdisait pour le moment de s’exprimer clairement sur ce que son avènement lui faisait ressentir, voulant certainement avoir plus d’éléments avant de se permettre de réagir. Or, la virulence de ses pensées était manifeste. Aaron savait que par son silence jusqu’à présent que les réflexions qui l’avaient pourtant animé, il venait de lui manquer de respect, autant en qualité de supérieur que d’ami. Ainsi, il respectait au moins les silences de la mexicaine, lui laissant la maitrise de cet échange qui, d’une nette asymétrie, paraissait la mettre en difficulté.
Reprenant la parole, Livia l’enjoignit à se préoccuper des responsabilités qui lui incombaient encore, en qualité de leader, bien que sur le départ. Ce n’était pas parce qu’il souhaitait abandonner ses obligations que les affaires qu’il avait gérées jusque-là allaient tout simplement s’évanouir, comme si rien n’était et n’avait jamais été. Il se devait lui-aussi de penser la suite, car toujours foncièrement impliqué dans ce qui allait se passer.

Aaron donna tout d’abord à son avocate un aperçu des motivations qui l’avait encouragé à se retirer de l’empire qu’il avait dirigé durant plusieurs années. Il invoqua sa récente rencontre avec le réel de la mort comme le facteur précipitant de sa prise de décision. Il en tut cependant les conséquences qui furent réellement le point de départ à son processus de renoncement : sa discussion avec India et la reprise de leur lien durant sa convalescence. Le Prayer ignorait les forces qui l’interdisait d’aborder le sujet clairement avec son amie. Peut-être était-ce parce qu’une année auparavant, il avait confronté sans ménagement Livia à la préparation de l’assassinat de son frère, et qu’elle avait consenti à ce sacrifice, là où lui, aujourd’hui, réalisait que la famille était devenue un intérêt pour lui plus importante que les affaires. De fait, Aaron ne se sentait plus légitime à exiger de ses subalternes une vie d’abnégation, alors qu’il se laissait aller à des caprices égoïstes, qu’il jugeait incompatibles avec ses fonctions.
En réaction, Aldana lui opposa un nouveau silence, par lequel elle semblait maintenir l’effort de contention de la véhémence des réflexions qui affluaient dans sa psyché. Avec une amertume maitrisée, elle lui signifia sa surprise ainsi que son mécontentement quant à la temporalité de ce choix. La réputation du cartel en serait impactée, discréditée. Livia s’accrochant à la perspective de maintenir l’organisation en vie, Aaron comprenait à quel point son choix affaiblissait les projections de la jeune femme. Néanmoins, il demeura silencieux, pressentant que d’autres pensées seraient bientôt habillées de paroles. Et il ne voulait pas en infléchir le cours : il souhaitait que l’hispanique s’exprime spontanément, et non pas seulement en réaction à ce qu’il pouvait lui dire. Elle avait le droit d’occuper cette place dans leur discussion, celle d’une égale, non totalement assujettie à son discours.

Le temps s’égraina de quelques secondes avant que Livia s’exprime à nouveau. Elle lui demandait de ne pas s’excuser. La surprise marqua l’expression du visage du narcotrafiquant qui, les sourcils légèrement froncés, se redressa, sortant de l’abattement dans lequel - il fallait bien le reconnaitre - il se complaisait peut-être un peu trop facilement. La jeune femme voulait porter une part de responsabilité dans ce qu’il se passait. Alors, elle s’excusa de s’être laissée envahir par l’émotion suscitée par l’assassinat de son frère, qu’elle rationalisait comme inévitable. Elle reconnut s’être retirée de leur relation d’amitié, et s’être ainsi possiblement fermée à un échange de la teneur de celui qu’ils avaient aujourd’hui. Puis, relâchant la tension qui gainait son corps, l’avocate s’avança vers Aaron et vint trouver le contact de sa main avec la sienne. Elle eut un sourire qui décontenança encore un peu plus le narcotrafiquant. Se redressant ensuite avec un nouvel aplomb, Livia aborda avec un ton plus serein leur nouvelle problématique, celle de lui offrir l’existence qu’il réclamait : la vie d’un simple citoyen.

Encore déconcerté par la tournure de leur discussion, Phillmore ne parvint pas à lui rendre son sourire et eut une grimace gênée. « Je n’ai rien à te reprocher Livia. Tu n’as pas à t’excuser de quoique ce soit. J’ai été lâche… » concéda-t-il d’une voix basse. Privé de sommeil depuis presque deux jours, Aaron réalisait que ses capacités de réflexion étaient diminuées, et que ses pensées s’en étaient radicalisées, tout en égoïsme, comme s’il ne s’était agi que de lui. « Quand je parle d’arrêter, je parle de renoncer à cette place. Mais je ne suis pas dupe, je resterai à jamais impliqué dans les affaires du cartel. Déjà, dans l’immédiat, je vais devoir en répondre. Mais pas uniquement devant la justice, devant tous ceux qui m’ont soutenu aussi. Et je te remercie de m’avoir rappelé que je n’avais pas le droit de me défiler en jouant les martyrs. » Soutenant le regard de son amie, il poursuivit, s’adressant cette fois-ci plutôt à sa Seconde : « Toutefois, il est évident que depuis la détention, je n’aurai pas pu répondre de mes responsabilités habituelles. Comme je n’ai pas pu le faire les deux derniers jours. » Aaron serait très prochainement extrait de la prison militaire d’Inglewood pour être présenté à la juridiction downfallienne. Le Procureur déciderait alors de le juger en comparution immédiate ou à une date ultérieure. Livia doutait que la première option soit retenue. Il importait au tribunal de poursuivre le narcotrafiquant pour un grand nombre de chefs d’inculpation pour lesquels les dossiers manquaient de fond. L’enquête entamée par la BSEI devait continuer. Et la justice avait besoin de gagner du temps, face à un accusé qui pourrait former un appel de son placement en détention provisoire au vu des charges insuffisamment fondées qui pesaient contre lui. Or, Aaron savait qu’il lui serait reproché d’avoir commandité l’assassinat de l’ancien Procureur, un acte assez indigne pour lui refuser le luxe d’une caution et lui offrir le loisir d’un séjour en détention provisoire. Il formulerait néanmoins par le biais de Livia un appel de cette incarcération, afin de mettre une pression sur l’instruction de ses dossiers. Dossiers qui, tant qu’ils ne seraient pas clôturés, soit par un non-lieu ou une relaxe, soit par une condamnation, l’empêcheraient d’être une autre personne. De fait, il se devait de considérer également les choses autrement, avec implication : « Je pense que ce timing peut nous servir à préparer cette succession, puisque la force des choses nous y contraint. Tu auras, en qualité d’avocate - entre-autre -, l’autorité pour me représenter dans des instances officielles et - entre-autres - officieuses. Et je n’ai aucun doute quant à ce que cette autorité de représentation en devienne une pour légitimer la tienne d’autorité. En tout cas, si tu me le demandes et si tu penses que mon autorité reste plus importante que la tienne, j’appuierais ta légitimité. »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyVen 8 Déc - 22:49

Bien que Livia se trouvait là dans un domaine dans lequel elle était loin d’exceller, puisqu’il touchait à celui des émotions, la mexicaine s’efforça de rester droite sur son siège, de ne pas quitter un seul instant du regard Aaron. L’assassinat de Pedro avait jeté un froid plus que considérable dans leur relation, aucun d’entre eux ne pouvait le nier.
Le temps passant, et les libertés que son aîné prenait vis à vis des Prayers of Insanity se faisant plus larges, tendant à le faire basculer dans les rangs de ceux qui nuisaient au business, Livia avait entrevu plus d’une fois que l’avenir de son frère était compromis, sa vie menacée. Elle qui était devenue plus Prayer que sa petite soeur qu’il avait rejeté se doutait que la collaboration entre Pedro et le cartel ne pouvait pas perdurer, pourtant, elle s’était aussi imaginé que lorsqu’Aaron finirait par aborder le sujet, parce qu’elle savait qu’il le ferait, les choses se passeraient différemment.

L’inconvénient, lorsque l’on pensait trop souvent à la même chose, c’est qu’on finissait par échafauder des plans, par s’imaginer des scénarios qui n’arrivaient pas, et qui étaient même parfois à l’opposé de ce qui allait réellement se passer. Livia, qui avait pourtant l’habitude de s’en tenir au factuel, avait emprunté malgré elle cette pente glissante, incapable de ne pas laisser l’affect s’immiscer dans cette situation délicate. Cela expliquait sans doute que davantage que la décision qui avait été prise, c’était surtout la façon dont cela avait été fait que l’hispanique n’avait pu digérer, n’ayant toujours pas compris -même avec le recul- pourquoi Phillmore avait agi comme il l’avait fait. Au-delà d’être son bras droit, son avocate, sa fidèle conseillère, n’était-elle pas également son amie ? Souvent lorsque la brune s’était laissée aller à repenser à cette conversation, la colère avait refait surface, perçant à travers ce voile épais d’incompréhension. Souvent également, elle s’était demandée si elle serait un jour capable de pardonner, de ne pas rester si froide, fermée en sa présence, de ne pas laisser la rancune gagner. Aujourd’hui seulement elle parvenait à y voir plus clair, se surprenant à regretter que la prise de conscience soit si tardive.

Pour l’hispanique il n’était pas faux de dire que la colère avait pris le dessus sur le reste, même si elle s’était toujours efforcée de ne pas la laisser s’interposer dans son travail quotidien, dans les tâches qui étaient les siennes au sein du cartel. Il semblait qu’elle soit devenue plus que douée dans l’art de compartimenter, qui lui avait été plus d’une fois été utile depuis son arrivée à Downfall. Pourtant, elle ne put s’empêcher de secouer légèrement la tête aux paroles d’Aaron, expirant brièvement par le nez : “-Je suis navrée de t’apprendre que mes longues années de droit n’étaient pas accompagnées de cours de psychologie.” souffla-t-elle, laissant l’esquisse d’un sourire affleurer à ses lèvres nues. “-J’ignore si tu as été lâche. Ou si tu l’es. Je ne sais pas davantage si tu as simplement aperçu une porte de sortie, que ce que tu as vu derrière t’as plu davantage que la réalité de ta vie actuelle, et que tu as décidé d’emprunter cette voie-là.” reprit-elle après un léger soupir, lissant le papier de son carnet de notes, alors même qu’il ne présentait pas la moindre pliure, une façon d’occuper ses doigts, de détourner quelques trop brèves secondes ses pensées du chemin qu’elles empruntaient.

Avait-il était lâche ? Livia l’ignorait. Elle n’avait malheureusement pas toutes les réponses aux questions de l’univers, pas davantage à celles de son ami. L’était-il, de partir maintenant, de claquer la porte quand tout semblait s'effondrer autour d’eux, quand il ne restait plus que des cendres encore fumantes des Prayers of Insanity ? Ce n’était pas à elle de le dire, bien qu’elle reconnaissait volontiers que le moment n’était pas des mieux choisi. Le cartel avait besoin de son chef pour se relever tant qu’il le pouvait encore, alors même que ledit chef se sentait prêt à démarrer un nouveau chapitre de sa vie. Pourtant, comme le disait si bien Phillmore, on restait un Prayer of Insanity toute sa vie…surtout lorsqu’on avait endossé une responsabilité aussi grande que celle qui avait été la sienne. La brune releva le regard vers son chef, alors qu’elle hochait légèrement la tête, comme une façon silencieuse d’entériner ses propos. Ici, il était pieds et poings liés, évidemment. Livia ne doutait d’ailleurs pas qu’il soit maintenu sous étroite surveillance, afin que la DPD puisse continuer à s’enorgueillir d’avoir réussi à coincer le leader des Prayers of Insanity. “-J’ai tenté de pallier au plus urgent, de faire…de mon mieux.” concéda-t-elle dans un léger froncement de sourcils, bien consciente que ce n’était malheureusement pas toujours suffisant, encore moins dans le monde qui était le leur.

Lorsqu’Aaron reprit la parole, l’hispanique haussa légèrement les sourcils, comme une façon silencieuse de marquer son écoute, alors que ses lèvres s’entrouvraient légèrement, au fur et à mesure des paroles prononcées. La fine silhouette de Livia se redressa imperceptiblement lorsque celle-ci inspira profondément, et détournait finalement le regard, observant quelques secondes ses doigts tendus posés sur le papier. En tant qu’amie d’Aaron, la mexicaine n’avait jamais pensé un jour se retrouver à la tête des Prayers of Insanity. Dans un monde comme celui dans lequel ils évoluaient, le second d’un cartel en devenait le chef le plus souvent en de sombres circonstances, souvent accompagnées de funérailles et de représailles. Bien que carriériste et ambitieuse, la brune s’était toujours satisfaite d’avoir gravi les échelons des Prayers jusqu’à en devenir le bras droit, un rôle qui témoignait de sa réussite, et qui maintenait Aaron en vie.

Mais maintenant que Phillmore souhaitait se retirer des affaires, de toutes nouvelles perspectives d’avenir s’ouvraient à Livia, dans lesquelles l’autorité passerait des mains d’Aaron, aux siennes. Le menton de l’hispanique se releva légèrement, alors qu’elle inspirait longuement, et affrontait une nouvelle fois le regard de son ami. Se forçant à être rationnelle, Aldana analysa les faits, qu’elle prit un par un, comme pour en dresser la liste et mieux apprécier la proposition qui venait de lui être faite. “-Malgré mes bons et loyaux services aux Prayers, j’ai encore quelques détracteurs qui n’apprécieront pas nécessairement de me voir te succéder.” souffla-t-elle, comme une évidence. Elle pensait notamment à Herrera, avec qui les relations avaient toujours été tendues, pour ne pas dire polaires. Et pourtant, ce constat ne fit pas vraiment frémir la jeune femme. La réussite pouvait rendre jaloux, envieux, et faire tourner des têtes. Mais ça ne lui faisait pas peur. “-Mais…je vais me charger seule de leur prouver qu’ils ont tort.” ajouta-t-elle au bout de quelques secondes, alors qu’elle penchait légèrement la tête, et remerciait Aaron pour sa proposition.

Comme mue par un réflexe, ou la force de l’habitude, Livia s’empara du collier qui ne quittait jamais son cou, et qu’elle tripotait à l’envi lorsqu’elle était seule, comme une façon de canaliser ses pensées. La présence de Phillmore ne chassa pas ce tic, et après quelques secondes de ce manège, la brune reprit : “-Il semblera logique au sein de notre organisation que ton bras droit se charge des affaires maintenant que tu te retires.” ajouta-t-elle, alors que ses doigts lâchaient le collier, qui glissa de nouveau dans sa chemise. Non, vraiment, elle ne craignait pas que sa légitimité soit remise en cause au sein de son propre clan, si ce n’était par une poignée d’entre eux, qui n’auraient sans doute pas le courage de venir lui dire en face leurs doutes quant au fait que Livia devienne la leader des Prayers of Insanity. “-En revanche…je crois qu’il pourrait m’être profitable que tu glisses un mot ou deux à mon sujet à nos partenaires. Que mon nom ne soit pas totalement une découverte lorsque je me présenterai à eux.” reprit-elle, alors que ses sourcils se haussaient légèrement. L’idée d’être présentée par Aaron comme sa digne successeuse avait de quoi froisser l’égo de Livia, et pourtant, elle en comprenait la nécessité pour s’assurer de réussir son entrée en tant que nouvelle leader des Prayers of Insanity. “-Tu crois que tu parviendras à faire ça depuis cet endroit ?” demanda-t-elle pourtant au bout de quelques secondes, sourcils à peine haussés, s’imaginant déjà la complexité de l’opération, et les difficultés auxquelles il risquait de se heurter.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptySam 16 Déc - 13:49


Another sorrow, another breath


- 17 octobre 2022, 5:40 pm -


Rappelé sans ménagement par son avocate, le principe de réalité imposa au narcotrafiquant de réorganiser ses pensées et d’ainsi les contenir dans un raisonnement plus juste. Il ne pouvait pas nier la responsabilité de ce qu’il avait, pendant plus de vingt ans, géré. Tout regret était inutile, et toute culpabilité aussi futile. Ce qui était fait était fait. Faute de remède, les égards étaient vains. Seul l’avenir lui était encore confié, et c’était pour lui qu’il devait œuvrer. L’Histoire ne s’était pas arrêtée au Déluge, Elle s’était poursuivie. Et il en allait de même pour cet égo qu’il se pensait si près à sacrifier sur l’autel de la justice. Aaron était condamné à y survivre. Et qu’il cesse de se leurrer : il n’avait rien d’un martyr, car il ne souffrait pas pour une autre cause que la sienne. Alors, il lui fallait le reconnaître, le sceller dans une déclaration : il avait été lâche.
Pourtant, Livia ne semblait pas prête à porter cette accusation, et encore moins à entrer en voie de condamnation pour ce blâme. Au fond, tous les deux savaient qu’il était stérile de s’y attarder. Caractériser une faute n’en réduisait pas le dommage. Au mieux, cela offrait du sens. Mais l’atteinte demeurait.

Sortant du repli par lequel il avait tenté d’anéantir toute implication, Aaron se replaça dans les conjectures du cartel. S’il aspirait à un départ, il lui faudrait achever les responsabilités qui l’aliénaient encore aujourd’hui : il participait toujours au mythe de l’organisation qu’il avait menée. Cependant, de nouvelles entraves restreignaient son champ des possibles. Contenue entre quatre murs, sa présidence était muselée. Seule Livia pourrait porter sa parole.
Puis il s’agirait pour elle de parler en son propre nom. Si Aaron plaçait en l’hispanique une confiance totale dans ses compétences, il savait que son passage d’une place de représentation à celle d’une autorité légitime risquait d’être délicate. Surtout si elle-même doutait de sa capacité à pouvoir occuper un tel rôle. Ses détracteurs et ennemis se feraient un plaisir de se repaître du moindre de ses vacillements. Néanmoins également consciente qu’elle ne devait pas attiser l’appétit des prédateurs qui attendaient le premier filet de sang versé pour attaquer, la jeune femme reprit d’elle-même contenance, réalisant qu’il lui appartenait de poser les limites qu’elle ne voulait pas voir être franchies. « Je n'ai pas non plus fait l’unanimité, et tu ne la feras pas non plus. Mais tu n’es pas seule, et ne commets pas l’erreur de vouloir l’être » se permit d’ajouter Aaron, d’un ton plus sec qu’il ne l’aurait voulu.

Ses pensées éclosant en arborescence, Livia se contenait par de réguliers silences qui, de plus en plus brefs, indiquaient qu’un élan, un mouvement, chassait progressivement la sidération qui l’avait paralysée. Elle parvenait à se projeter dans cet avenir qui s’offrait soudainement à elle. Aaron espérait seulement que s’imposerait rapidement à l’esprit de la nouvelle leader du cartel downfallien la légitimité à la place de la logique. Cette légitimité méritait d’ailleurs, selon elle, un appui de son aîné, en ce qui concernait les partenaires. Un sourire fendit les lèvres du narcotrafiquant : « Livia, tu m’as accompagné - quand tu ne m’as pas représenté - au moins à une occasion auprès de nos plus grands partenaires. Ils savent qui tu es. » En effet, à partir du moment où il avait nommé Aldana au poste de Seconde, Aaron avait veillé à conduire toutes les dernières transactions et accords en présence de son bras droit. En la plaçant si près de lui, il l’avait mise en position de pouvoir et devoir gérer l’organisation sans lui. Livia avait donc été aussi introduite auprès de leurs partenaires extérieurs. L’occasion de le suppléer s’était juste présentée de manière précipitée. « Et en ce qui concernerait nos activités annexes, Hayes saura faire ce qu’il faut. » Max Hayes était l’un des prête-noms d’Aaron. Il possédait plusieurs quais et entrepôts à Fallenwalk, et gérait une entreprise d’import-export qui permettait le transport des marchandises et le blanchiment de l’argent du cartel via la zone portuaire. « Ton talent de discrétion n’a pas pour autant fait de toi quelqu’un d’invisible. Et puis, seules importent à nos partenaires les garanties. Le nom de celui qui les contractualise leur importe peu. » Phillmore avait été étonné de découvrir que l’absence et le remplacement d’Edward Flynn, lors des contacts qui avaient suivi son retrait du cartel, n’avaient provoqué aucune difficulté quand il lui avait dû prendre le relai. « L’argent est la seule valeur qui régit les affaires. »

Un surveillant pénitentiaire toqua à la porte du parloir, et les informa que le détenu devait réintégrer sa cellule. « On refait le point dans un mois ? » Aaron affirma un sourire sur son visage froissé par la fatigue. « Cela fait combien de temps que tu n’es pas sortie de Downfall ? » ajouta-t-il, sans réellement attendre de réponse. Il ne faisait aucun doute qu’il serait incarcéré dans une prison de haute sécurité en dehors du territoire, peut-être même de l’Etat de Californie. Ce serait donc l’occasion pour son avocate de quitter le sol downfallien le temps d’un parloir.
Saluant sobrement son amie, Aaron fit un signe de tête au surveillant qui rentra dans la pièce, suivi de deux autres agents. Ils demandèrent à Aldana de sortir en premier, avant d’exiger du détenu qu’il se mette en position. Etirant son mètre quatre-vingts, Phillmore se plaça face aux murs, les mains dans le dos, et les pieds rapprochés. Ils entravèrent le narcotrafiquant de deux paires de menottes, l’une à ses poignets, l’autre à ses chevilles. Puis ils l’escortèrent jusqu’à sa cellule.

Trente-six heures plus tard, Aaron Phillmore était présenté au tribunal, mis en examen pour plusieurs chefs d’inculpation, et envoyé à la prison d’Etat de Pelican Bay, un lieu de détention de haute sécurité situé à l’extrême nord-ouest de la Californie.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana   [TERMINE] Another sorrow, another breath - avec Livia Aldana EmptyMar 19 Déc - 23:16

Ne pas faire l’unanimité. Les lèvres de l’hispanique se pincèrent face à ce constat, alors que Livia se retenait de dire que c’était le cas depuis son arrivée sur le territoire Downfallien. Son cas avait toujours divisé. Certains voyaient en elle une punaise à écraser avant qu’elle ne fasse des dégâts au sein du cartel, alors que d’autres l’avait accueillie plus ou moins à bras ouverts. Il lui avait fallu faire ses preuves plus d’une fois pour que les avis à son sujet changent, évoluent, mais Aldana avait toujours à ce jour quelques détracteurs qui ne tarderaient pas à se donner la mission de la saboter dans ce tout nouveau rôle qui s’ouvrait à elle.

La remarque d’Aaron arracha à la brune un léger haussement de sourcils, à moins que ce ne fut ce ton employé pour le dire. Tout comme Phillmore l’avait fait des années plus tôt, en demandant à sa fidèle amie et conseillère d’être son bras droit, Livia savait presque instinctivement à qui elle confierait ce même rôle de conseils et de soutien. Ethan avait été dans son ombre depuis aussi longtemps qu’elle pouvait s’en souvenir, toujours près d’elle, à se retrousser les manches pour elle, et la mexicaine lui accordait une profonde confiance. Seule, elle ne l’était pas, pas vraiment.

Pourtant, bien qu’elle n’ait jamais vraiment été à cette place, la brune s’imaginait malgré tout que ce rôle de leader s’accompagnait d’une certaine solitude inévitable, presque nécessaire. Pour autant, Livia se contenta d’un simple hochement de tête à l’égard de celui qui restait pour l’heure son patron, avec lequel elle n’avait aucun désir de débattre sur ce sujet. Aaron ne s’était-il pas lui-même enfermé dans une certaine solitude plus d’une fois au cours des années qui venaient de s’écouler ? Ne l’avait-il pas fait le soir de son arrestation, malgré la légitimité de sa décision ? Au fond, ce n’était pourtant ni le lieu, ni le moment de débattre de cela, aussi, Livia s’évita toute réponse.

Pour ce qui était du reste, de ceux qui n’étaient pas des Prayers of Insanity, l’hispanique ne tarda pas à émettre l’hypothèse selon laquelle cela pourrait lui être profitable qu’Aaron la présente comme celle qui allait lui succédait, pour que la transmission de ce leadership se passe dans les meilleures conditions possibles, sans heurts, sans que les partenaires du cartel ne mettent un terme à leur collaboration en la voyant débarquer comme une fleur. Et ces collaborations, ils allaient en avoir besoin pour que les Prayers reprennent leur place sur l’échiquier Downfallien, si bien que la mexicaine espérait les préserver malgré la succession de pouvoir. Livia ne doutait pas que son nom ne serait pas totalement inconnu pour certains d’entre eux, pourtant, elle ne put s’empêcher de hausser une nouvelle fois les sourcils face à ce sourire qu’Aaron lui adressa, qui la déstabilisa légèrement. Elle resta silencieuse, presque figée, alors qu’il lui expliquait que sa légitimité était déjà acquise, même en dehors du cartel, car Phillmore y avait veillé depuis un moment déjà, quand elle même ne pensait qu’à s’acquitter de ses tâches de seconde, et de juriste.

Les lèvres de l’avocate s’entrouvrirent, pourtant, aucun son n’en sortit, alors qu’après avoir fixé son vis à vis quelques longues secondes, Livia finissait par détourner le regard. Sans qu’elle ne comprenne la manœuvre qui se déroulait pourtant là, sous ses yeux, Aaron l’avait confortée dans cette place qui était la sienne, visage connu, proche de la tête pensante, bras droit impliquée, présente lorsqu’il le fallait, que la situation l’exigeait. Par ses manigances, il lui avait sans doute préparé le terrain avant même que la possibilité que la brune puisse lui succéder n’effleure l’un ou l’autre des deux Prayers of Insanity. Il l’avait soutenu à sa façon, silencieusement, confortant sa position au sein du cartel. “-Merci.” Ce fut le premier mot qui franchit les lèvres de l’hispanique, qui consentit à relever son regard vers Aaron au bout de quelques secondes.

Cinq lettres qui étaient pourtant loin de contenir tout ce qui bouillonnait dans son esprit à cet instant précis. Elle aurait voulu lui adresser un sourire reconnaissant, mais ses lèvres s’étirèrent à peine, alors que Livia se tournait presque trop brusquement vers la source de ce bruit qui mettait un terme à leur entrevue, et à toute possibilité pour elle de s’épancher sur ce qu’elle ressentait. A son grand soulagement. Finalement, ce n’était pas Phillmore, le lâche, c’était elle, qui trouvait un certain confort dans le fait de ne pas avoir l’occasion de s’étendre davantage sur les paroles d’Aaron, qui dérangeaient la quiétude habituelle de ses pensées.  

Avec des gestes mesurés, Livia ramassa son carnet de notes, rangea ses quelques affaires, alors qu’à la question de son patron sur une rencontre dans un mois, elle répondait d’un léger hochement de tête, se figeant néanmoins à cette question qui n’en était pas vraiment une. “-Fais attention à toi, s’il te plait.” souffla-t-elle à mi-voix, en lui adressant le genre de regard sérieux auquel elle l’avait habitué depuis des années maintenant. Les ennuis -les coups- ne manqueraient pas de lui tomber dessus sans qu’il ne fasse rien pour les chercher. Être Aaron Phillmore suffisait pour cela. Alors autant éviter de les provoquer ouvertement. Les gardiens furent dans la petite pièce bien rapidement, et après un regard, et un nouveau signe de tête, Livia s’éloigna, quittant la prison dans laquelle elle était entrée bien trop peu de temps avant à son goût. Un mois…le délai était court, et elle savait qu’elle n’en gaspillerait pas la moindre journée. Elle n’en aurait de toutes façons pas l’occasion, pas avec tout ce qu’il allait lui falloir faire. En tant qu’ami. En tant qu’avocate. En tant que future leader du cartel.

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