[TERMINE] We must stay strong ◊ Blackened Beauy

Charlie Cooper (PNJ) Invité

We must stay strong
L
a nuit n’était pas encore tombée sur l’ancien quartier expérimental quand Charlie arriva au Carnival of Sins. Elle voulait préparer la salle, arranger les chaises et préparer le petit buffet improvisé. Il fallait bien accueillir celles qui viendraient à cette réunion qui n’en était pas réellement une. Il était plutôt question de faire un petit point, de discuter toutes ensemble de ce qui allait et de ce qui n’allait pas, évidemment.

Les chaises avaient été placées pour former un cercle. Il n’était pas question de se placer sur un piédestal et regarder ses soeurs de haut. Non, il était question d’égalité. Les membres de l’association étaient toutes importantes à leur niveau. Un sourire satisfait apparut sur les lèvres de la métisse alors que les premières Blackened arrivaient.

Rapidement, elles furent toutes présentes et était venu le moment pour elle de prendre la parole. Elle se leva gracieusement, demeurant à sa place, pouvant ainsi voir tout le monde sans avoir à se déplacer.

« Mes chères Beauties, » commença-t-elle. « Merci à toutes d’être venues aussi nombreuses. Si j’ai souhaité que l’on se voit aujourd’hui, c’est tout d’abord pour vous remercier de tout ce que vous faites pour faire vivre notre quartier. »

Elle fit une légère pause dans ce début de discours qui sonnait bien trop politique à ses oreilles. Elle ne voulait pas ressembler à tous ces hommes qui promettaient monts et merveilles alors qu’ils savaient pertinemment que rien ne se passerait par la suite. Elle espérait sincèrement qu’elles n’auraient pas le même ressenti puisque ses paroles étaient des plus sincères. Un sourire bienveillant s’était ancré sur ses lèvres et ses prunelles sombres observaient les visages présents face à elle. Elle distinguait sur leurs traits comment étaient accueillies ses paroles.

« Je suis honorée de la confiance que vous avez mise en moi et continuerais de faire de mon mieux pour m’en montrer digne, » le sourire s’élargit davantage. « Je tenais également ce soir à vous dire que le dispensaire fonctionnait à merveille même si certaines d’entre nous hésitent encore, par peur certainement. On ne peut pas vous en vouloir. Mais sachez que ce lieu a été créé pour vous, pour procurer une certaine tranquillité d’esprit, soigner vos corps meurtris, alors n’hésitez plus. »

La métisse se rassit finalement à sa place et le sourire disparut peu à peu, ne laissant qu’un fin rictus sur ses lèvres. La discussion finirait par prendre un tournant beaucoup négatif. Ce qui se tramait au-delà de leurs murs semblaient lointain mais finirait par les atteindre tout autant. Elle croisa une jambe sur l’autre.

« Nous devons aborder des sujets plus sensibles mais j’aimerais d’abord entendre ce que vous avez à dire. »

Le regard n’était pas moins bienveillant alors qu’elle se saisissait du carnet qu’elle avait emmené pour prendre des notes. L’association était emplie de femmes aux bonnes idées, au volonté de fer et aux paroles acerbes. Une combinaison qu’elle avait apprécié dès qu’elle avait mis les pieds à Downfall. Alors maintenant, c’était à leur tour de s’exprimer.

We must stay strong

Le Carnival of Sins, depuis combien de temps je n’y avais pas remis les pieds ? Depuis que Grace et moi, c’était devenue assez polaire entre nous en fait, je le sais bien et cela ne sert à rien de faire semblant de chercher une réponse que je connais déjà. Depuis ce jour-là, j’ai toujours soigneusement évité le bar, ne voulant pas rajouter inutilement de l’huile sur le feu entre nous. Enfin, sur le peu de relation qu’il restait entre elle et moi à vrai dire mais bon… Mais quand Charlie Cooper convoque toutes les Blackened dans ce cabaret qui nous sert de QG, je vois mal l’excuse que je pourrais trouver pour ne pas venir. Surtout maintenant que Holly m’a cédé sa place de responsable de la sécurité des filles. Du coup, je m’autorise un dernier soupir, comme pour trouver un courage que je n’ai pourtant pas tant de mal à trouver en temps normal pour bien des choses, puis finis par entrer enfin dans l’établissement alors que déjà pas mal d’autres Blackened sont installées.

Si j’adresse un bref salue de la tête à notre présidente à mon arrivée, je ne vais pourtant pas m’installer sur l’une des chaises disposées dans la salle comme les autres. Je n’ai jamais vraiment été à l’aise au milieu d’un groupe et il y a peu de chance que cela change soudainement ce soir. Non, à la place, je reste debout, un peu à l’écart du reste des Beauties. L’épaule adossée contre l’une des colonnes de l’établissement, j’ai trouvé ce genre de spot parfait qui me permet de voir pratiquement toutes mes sœurs Blackened – ce qui peut être un plus si jamais je décide de couper mon appareil auditif à un moment de la réunion – tout en restant un peu en retrait mais pourtant parfaitement visible. Elles méritent bien de savoir après tout que je continue de veiller d’une façon ou d’une autre sur elles, malgré ce qu’il a pu arriver il y a peu à l’une des nôtres.

Et finalement, après quelques instants encore à s’assurer que nous sommes toutes – ou presque – là, Charlie finit par lancer la réunion. De là où je suis, je n’ai aucun mal à lire sur ses lèvres durant tout son discours d’introduction de cette réunion, même si je n’en ai pas vraiment besoin vu que mon appareil est toujours allumé. Et c’est assez naturellement que je sens un léger sourire se dessiner au coin de mes lèvres quand je l’entends parler. Déjà que j’avais peu de doute sur ses compétences et son arrivée au poste de présidente des Blackened mais s’ils m’en restaient encore, ils auraient clairement été balayés ce soir. Son discours fini, elle nous invite alors à prendre la parole pour nous exprimer, laisser le sujet de conversation – ou de débat, au choix – entièrement libre. Si je garde encore le silence quelques instants, lançant des coups d’œil à la plupart des autres femmes présentes à cette réunion pour voir si l’une d’elles avaient quelques choses à dire, je finis par me dire qu’il semblerait qu’il faut que l’une de nous se lance en première pour que les autres suivent et osent dire ce qu’elles ont à dire. Le temps d’un très léger soupir qui m’est à peine audible à moi-même et je finis par me détacher de ce poteau en faisant quelques pas vers le cercle formé par les autres Beauties, levant légèrement la main en regardant Charlie, comme pour m’assurer que j’ai le droit de prendre la parole la première.

- Je vais encore me faire la rabat-joie de service mais… J’crois qu'on doit parler de ce qui est arrivée à Candice.

Commences-je par dire en baissant enfin la main mais en faisant encore quelques pas avant de m’arrêter. Juste de quoi m’assurer d’avoir l’attention de toutes les femmes présentes dans la pièce. Car il faut bien avouer que je suis le genre de femme qui déteste devoir me répéter. Mais peu importe, le débat n’est pas là ce soir ! Un dernier coup d’œil à l’ensemble de l’assemblée puis je tourne l'espace d'un instant le regard vers Charlie avant de reprendre la parole.

- Alors oui, j'aimerais qu'on prenne le temps de parler de ça toutes les deux un de ces jours Charlie. Et même si j'ai déjà des idées pour qu'on améliore encore les choses, j'aimerais aussi entendre vos avis à chacune.

J'avais prévenu après tout que j'allais sans doute casser l'ambiance avec mon intervention. Mais d'un autre côté, la sécurité des filles me tient bien trop à cœur pour que je mette pas le sujet sur le tapis. Même si ça peut aussi se retourner contre moi et me péter à la gueule mais bon, tant que les filles sont en sécurité…

Feat. Les Blackened Beauties

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We must stay strong

Les Blackened Beauties

Il y a une raison pour laquelle je n’ai jamais parlé aux autres Blackened de… de la fois où cet enfoiré de flic m’a attrapée (euphémisme, quand tu nous tiens). Elles me pousseraient au combat, elle me pousseraient à témoigner, à me lever, à faire entendre ma parole, à me tenir debout, droite et fière, invaincue, parce que je suis la victime et que ce n’est pas à la victime de se cacher, et que le seul qui devrait trembler de peur est celui qui a infligé les sévices. Parce que c’est ça, une sororité. Si tu t’en prends à l’une, t’as toutes les autres qui te tombent dessus.

Sauf que moi, j’ai peur. Et que je n’ai ni la force, ni l’envie de me tenir droite et fière. Je n’ai pas envie qu’on m’en parle, qu’on fourre son nez dans ma souffrance et qu’on essaie de m’aider à la gérer. Je n’ai pas envie que ça s’ébruite – c’est privé, bon sang ! J’ai… Juste envie qu’on me laisse tranquille. Vivre en paix, c’est trop demandé ?

Apparemment oui, puisque notre délicieuse Alicia a jugé bon de m’envoyer un flic pour m’interroger sur ce que je savais sur les meurtres et les agressions de nos sœurs. Enfin, je dis « m’envoyer », mais apparemment, je ne suis pas la seule à avoir dû subir la présence et les fouineries de cet individu. Ça existe, le mot « fouineries » ? Répondez pas, je m’en fous. Je sais pas même pas comment qualifier cette décision. Pour moi, c’est de la trahison, pure et simple, que de permettre à une de ces raclures d’enquêter – ah, ah, la blague ! – chez nous, mais ça n’a l’air de choquer personne.

Non, vraiment. Je me tiens à l’instant au milieu d’une nuée de mes sœurs, en plein cœur du Carnival of Sins, et personne n’a l’air d’avoir envie de sauter à la gorge d’Hetfield (ou au moins, de lui demander des explications, parce que nous, contrairement à certains, nous sommes civilisées). Je suis livide. Et je m’en veux, là, d’avoir envie de secouer Hetfield, et par ricochet, Charlie (parce qu’elle est forcément au courant). Ce sont deux femmes que je respecte et j’aime énormément. Normalement. Là, je suis livide.

Je suis livide, à cause de cette présence indésirable, mais aussi parce qu’on se tient nombreuses dans le Carnival of Sins, là où travaillaient une bonne partie des filles qui ont été tuées par nous-savons-qui, où je travaillais quand j’ai failli devenir un nom de plus sur cette liste, et… Ça me rends folle qu’on siège ici comme si de rien n’était, et que Charlie nous accueille avec un discours bienveillant et maternel. Normalement, j’aime ces mielleries. Mais là, ça me semble déplacé. Même le dispensaire ne me réjouit pas. Pour soigner un corps meurtris, faut déjà être en vie. Oups, les cadavres ne sont pas pris en charge !

J’ai les mains qui tremblent, cachées sous mes bras croisés, le cœur qui bat douloureusement, la mâchoire contractée, et la présence de Silk, à ma gauche, et de Shashaboo, contre laquelle je suis collée à ma droite, ne suffisent pas.

Emily intervient. Haleiluy… Halleluy… Hallelujah, enfin, le truc que disent les religieux, quoi. « Ouais, il faudrait peut-être qu’on parle de ce qui est arrivé à Candice. » Que je raille tout bas pour Silk et Shashaboo. La formulation m’agace. « Ce qui est arrivé », c’est si innocent, comme si elle avait attrapé un rhume, ou un autre truc bénin. Elle est morte, Candice. On l’a tué, merde.

Je n’arrive pas à relativiser, à me convaincre qu’Hetfield nous a envoyé ce flic parce qu’elle est convaincue qu’il veut faire notre bien, que Charlie s’exprime avec ce discours car nous avons besoin de cohésion, qu’Emily s’exprime avec des pincettes. Je suis horrible, ce soir, irritable, bouleversée, et j’ai peur.

Emily nous invite, tout comme Charlie, à nous exprimer. Je l’avais fermé jusqu’à maintenant, parce que je ne voulais pas attirer l’attention sur mon refus de collaborer avec l’autre raclure qui prétend enquêter sur les meurtres de nos sœurs. Mais la peur de devenir un autre nom sur la liste est plus forte.

« Je suis désolée de la façon dont je vais m’exprimer, mais je ne comprends pas de quoi on doit discuter, exactement. » Je sens la main de Silk qui se referme sur mon bras en guide d’avertissement silencieux. Je peux presque l’entendre : tu es sur les nerfs, calme-toi. J’essaie, Silk, j’essaie.

« Personnellement, j’aimerais bien savoir pourquoi il y a un flic qui se balade librement dans le quartier et s’amuse à nous interroger et à recueillir tout un tas d’infos sur les meurtres de nos sœurs. Vous croyez sérieusement à ses salades ? Sur le fait qu’il veuille nous apporter justice ? Pfff. Je pense qu’on est loin d’être débiles et qu’on sait toutes parfaitement « ce qui est arrivé à Candice ». À partir de là, qu’il y ait un flic chez nous, c’est une sacrée claque. Je ne me sens pas en sécurité avec lui dans les parages. J’ai peur, et je trouve sa présence injustifiable. Et ça, j’en suis pas désolée. »

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Même si c’est pas vraiment une réunion officielle, j’ai quand même apporté de quoi prendre des notes, et surtout de quoi enregistrer. Soyons honnête, les comptes-rendus c’est pas trop mon fort. Ecrire tout court, c’est déjà un peu galère. J’ai aucun souci à faire le relai entre les frangines, à transmettre les infos, ou à me taper la représentation de l’assos auprès de l’extérieur quand il le faut… Même si ça, c’est censé être le taf de la présidente. Hum. Ouais. Possible que je sois un peu remontée à ce sujet. Mais je sais prendre sur moi, je suis mature et posée. Et on a accessoirement plus urgent et plus important que mes états d’âme.

Je m’installe dans un coin – façon de parler dans cette salle – et salue d’un sourire les autres qui arrivent au fur et à mesure. Blabla bienvenue, blabla dispensaire, blabla. C’est mignon, c’est important, ça sent bon le sable chaud, mais franchement, y a plus important. Et pour le coup, pour une fois, c’est Emily qui lance le premier pavé. Et Satine en rajoute.

« On est d’accord, il n’est rien arrivé à Candice, elle a été tué. » Les mots c’est important. « Parce que des hommes se croient tout puissants et ont besoin de dominer par la violence… et parce qu’ils continuent de s’en tirer malgré tous nos efforts. » Je soupire. « Franchement, je suis la première à rire jaune et à vouloir les cogner quand ils balancent du notallmen à tout va. On sait. On le vit au quotidien. On a grandi avec. Ni la police, ni la justice ne sont de notre côté. Ils se contentent de maintenir un ordre établi qui nous est clairement pas favorable. »

Je fixe Satine et hausse les épaules. « Je l’ai rencontré, ce flic. Je lui ai ri au nez. Et il a continué de parler sans se départir une seule fois de sa gueule de croquemort. Il m’a montré des photos. Et vous savez quoi, c’était toutes les bonnes photos… On a toutes appris à se faire confiance, à suivre son instinct. Et avec lui, j’avais pas de sonnette d’alarme, ni de trucs qui m’ont fait trigger. » Passé un certain temps, on sait toutes reconnaître les signes, on a toutes eu ce frisson en observant des mecs, on a toutes remarqué ce petit détail qui a fait qu’on a refusé un client. « Je crois pas qu’il puisse nous apporter justice, pas tout seul. Mais qu’il y croit et qu’il le veuille vraiment ? Ouais. Ouais, j’y crois. Parce que putain, son balai va tellement loin qu’il doit lui gratouiller la gorge. C’est ptet con, mais c’est ce qui m’a convaincu. » Je me passe la langue sur les lèvres et secoue la tête. « Se faire justice nous-mêmes est une chose que l’on ne peut plus se permettre. Déjà parce qu’on a pas les mêmes moyens qu’en face. Et parce qu’on a un visage public maintenant. On s’en fout ? Non. Pas si on espère se faire entendre et avoir cette putain de légimi… légitimité qu’on réclame depuis toujours, pas si on espère obtenir des dotations qui aideront des familles, pas si on espère faire passer des lois en notre faveur. Alors il faut jouer le jeu et agir avec la justice… Avec la police. » Je regarde à nouveau Satine. « Mais aucune d’entre nous ne devrait avoir peur ici. On est dans notre quartier, c’est chez nous. Ce sont nos lois et nos sentences qui régissent Van Nuys. Alors on fera autrement. Je pense qu’il est important de continuer de bosser avec lui, pour de vrai, mais on organisera ça autrement… S’il ne se promène plus ici, ça vous irait ? »

Je laisse filer un silence, avant de reprendre. « Tant qu’à continuer de balancer de suite les sujets qui fâchent… La soirée de la Saint Valentin. Beaucoup ont perdu la vie ou se sont retrouvés avec des séquelles cette nuit-là, moi y compris oui. Parce que des gens ont volontairement drogués les boissons, ont bloqué les portes et ont allumé un incendie… Lors de notre soirée. On ne peut pas plus laisser passer cela que les meurtres de nos sœurs. J’aimerais justement voir avec ce flic pour qu’il enquête dessus. Et j’ai déjà demandé à Kenan de mettre son nez dedans. »

We must stay strongBlackened Beauties«Celui qui se sent surveillé devient cent fois plus paranoïaque et dangereux que celui qui l'est réellement.»
Tu crois que j'ai vraiment ma place dans ce genre de réunion? Souvent c'est dans l'ombre que je les écoute, je n'y participe jamais vraiment. Moi, la petite sœur, la "un peu trop enfant" pour parler des choses sérieuses.

Pourquoi tu n'aurais pas ta place ici? Comme tu l'as dit, tu y participes tout le temps, même si c'est "à la table des enfants" tu es toujours là quand les choses changent, quand les gens parlent. Tu es des leurs, même si tes interactions sont différentes, même si ta vision de la vie est plus terre à terre.

Un léger sourire à peine perceptible en regardant cette poupée qui me suis pratiquement partout, en l'entendant au fond de ma tête me dire les mots qui suffisent à me rassurer un peu. Je ne suis pas complètement déconnecté de la réalité, je sais que ce n'est pas vraiment toi, Lilly qui dit ces mots. Ils viennent de moi, comme n'importe qui se parlerait pour s'autorassurer. Mais sans toi je n'arrive pas à me dire ce genre de mots et si les autres pensent que je t'entend vraiment dans ma tête, je m'en fous pas mal, ça m'amuse même.
Mais là n'est pas le sujet, autour de moi les esprits s'échauffe déjà, je secoue la tête pour me reconnecter à ce qui se passe autour de moi. Je prends les paroles de Satine en cours de route. Pourquoi elle parle de salade? Un de mes sourcils se lève plus que l'autre alors que ma tête se penche légèrement sur le côté.

Candice, flic. Emily a lancé ce sujet. Celui qui a fait venir ce fameux flic pour poser un tas de questions.

Ça y est, mon cerveau remet la salade dans son contexte. Merci Lilly. La discussion commence fort, je grimace légèrement, je sens la colère autour de moi et je n'aime pas vraiment ce sentiment, il m'effraie. Pourtant la colère, je crois qu'une partie de moi la comprend, il y a de quoi se sentir mal avec tout ça. Mais c'est comme ça, les gens qui s'agitent, les muscles qui se crispent comme pour se préparer à un combat… Brrrrrr… Je sers la poupée, sur mes genoux, un peu plus fort contre moi.
J'ai entendu tout un tas de choses sur Candice et les autres avant elle. Rares sont ceux qui en parlent clairement devant moi, déjà car rare sont ceux qui en parlent et puis elles sont nombreuses, à parler devant moi comme on parlerait devant un enfant qu'on ne veut pas inquiéter avec des histoires de grands.
Mais je comprends quand même, les secrets, les mots qu'on ne veut pas dire, je vois les émotions dans les regards.
J'ai déjà remarqué que l'intrusion de ce flic dans la vie du quartier n'était pas la bienvenue, que beaucoup le pensaient dangereux. Mais moi, je n'aime pas juger sans savoir. Mon petit cerveau un peu naïf ne vois que le bon tant que je n'ai pas de preuve formelle de l'inverse. Naïve, oui, mais pas stupide, les gens qui font semblant d'être sympa je le sens la plupart du temps.
Après Satine, voilà qu'une autre voix s'élève. Le débat est donc lancé? Les différents points de vue sont exposés.

- Elle a raison, de ce que j'ai pu observer, il n'a pas l'air d'avoir un mauvais fond…

J'aurais sûrement bien plus à dire, des choses intéressantes, bien plus percutantes, mais je n'ose pas vraiment. Je n'ai clairement pas envie de me faire crier dessus si je dis la chose qu'il ne fallait pas. Même si c'est vrai, des fois des phrases m'échappent, la preuve maintenant. Mais je fais semblant de te les dire à toi, ma petite poupée, pour que finalement les autres ne fassent pas attention à mes mots. Je ne suis que cette petite un peu décalée aux yeux du monde, alors, on ne peut pas m'en vouloir si les mots que je prononce sont un peu gauche, si?
En tout cas, c'est dit, un peu malgré moi, que je ne suis pas contre une aide extérieure. On est fortes, on est soudées, mais des fois, il faut savoir déléguer.

Depuis plus de dix ans que je traine dans ce quartier, la plupart des filles savent que je suis ce genre de petite créature qui traine partout et qui observe. Si je sais facilement attirer l'attention avec mes cheveux à moitié rose, ma poupée et mes tours de magie, je sais aussi bien disparaitre des radars, devenir un fantôme que personne ne remarque. Je crois que même là, en ouvrant la bouche, j'ai vu la personne non loin de moi avoir un petit sursaut.
Bref, la plupart le savent, que je passe une bonne partie de mon temps libre à observer, à voir des choses. Et ça ne m'étonnerait pas qu'en entendant ça, Emily comprenne que ce fameux flic je l'ai déjà espionné pour être sûr qu'il ne traine pas n'importe où dans le quartier. Il ne s'attarde jamais dans le coin inutilement.
Ho, ça me fait penser, si jamais je le voyais un jour faire un acte répréhensible, je pourrais peut-être lui voler sa plaque qui dit qu'il est flic, sans ça, il ne pourra plus prouver qu'il l'est et venir ici pour poser des questions. Mmmm C'est une idée à creuser…

J'ai dit ma petite phrase et je repars dans mon monde, mes doigts tortillent une des couettes de mon amie en tissus sur mes genoux. Je me referme, sans doute pour ne pas voir la foudre s'approcher de moi. Ce n'est jamais un mauvais plan de dire d'une personne qu'elle semble sympa alors qu'elle fait peur aux autres. Mais moi aussi, je suis sûr qu'on peut en tirer quelque chose de positif. Pour ça, pour le reste, moi aussi je veux tenter des choses, moi aussi je veux aider, mais je n'ose pas vraiment le montrer car je ne saurais comment me rendre utile.

Tu n'as rien à craindre, tu sais que je suis là pour veiller sur toi et Emily nous protègera. Tu es capable de bien plus de choses que tu ne le penses.

:copyright:️ 2981 12289 0 & The Royal Jester

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Adossée contre la façade, je porte la clope à mes lèvres alors que j’observe une énième Blackened entrer dans le Carnival, où Charlie nous a donné rendez-vous pour une réunion…ou une discussion. Appelez ça comme vous voulez, le résultat sera sans doute le même. La fumée s’envole vers le ciel alors que je soupire lourdement, pas très emballée à l’idée de rentrer à mon tour. Je sais pourtant que cette réunion est nécessaire. Je crois même qu’on aurait dû la faire y’a un bon moment déjà. Avec une lenteur qui trahit sans doute toutes mes réticences, je tire une dernière taffe de nicotine avant d’aller écraser la cigarette sur le rebord de la poubelle, la laissant tomber dedans.

A l’intérieur du bâtiment, pas mal de mes sœurs sont déjà présentes, et je me contente de brefs hochements de tête en guise de salut, pas trop d’humeur causante aujourd’hui. Je garde les mots pour plus tard, si jamais j’ai besoin de l’ouvrir pour dire des trucs constructifs. Ou quelque chose comme ça. A peine quelques minutes après mon arrivée, Charlie se lève, ramenant le silence autour de nous, alors que je me trouve un coin, m’installant sur une table, une jambe repliée sous mon cul. Elle se met à prononcer des tas de mots qui m’évoquent rien de particulier, alors que je me contente d’écouter avec une expression neutre.

Charlie finit par se rassoir, et c’est le début des réactions autour de moi. Emily est la première à foutre les pieds dans le plat, et même si elle se trouve plus ou moins à l’autre bout de la pièce, et que je peux pas le lui témoigner, je lui suis carrément reconnaissante de le faire. Ce qui est arrivé à Candice… Quel doux euphémisme pour parler de la mort de l’une des nôtres, et du calvaire qu’elle a dû endurer jusqu’à rendre son dernier souffle. Encore une. Rien que d’y repenser, je sens une bile acide tapisser ma langue et le fond de ma gorge, me faisant serrer la mâchoire. Satine succède à Emily, alors que j’hausse un sourcil à sa façon de prendre la parole Faut croire qu’elle en a gros sur la patate. Et en même temps…laquelle de nous n’est pas dans ce cas ? Elle est la première à aborder la présence de Luke à Van Nuys, mais si j’en crois les hochements de tête approbateurs des frangines, la brune est pas la seule à le penser.

Mac enchaîne, alors que je finis par poser la tête sur mon genou pour l’écouter parler. Elle pose les mots tels qu’ils sont, sans les enjoliver, sans les cacher, et je sais que c’était nécessaire. Candice est morte. Elle aussi. Et j’ai pas de mot assez fort pour dire à quel point ça me révolte et ça m’écoeure. J’avais plus été aussi en colère depuis un bon moment, et possible que je me sois longuement demandée à quoi ça pouvait servir notre espèce de collaboration, avec Holloway, puisque ça finissait toujours par se reproduire, tôt ou tard. Je déteste notre impuissance, sans doute comme beaucoup d’entre nous. Je relève le nez de cette trace sur le sol que je fixais sans m’en être rendue compte quand Mac évoque la Saint-Valentin foireuse de l’année dernière, cette soirée qui a été lourde de conséquences. J’étais pas là, mais je bossais à l’hosto le soir-là, j’étais présente quand les blessés sont arrivés à l’hôpital, quand les premiers témoignages sont tombés. Là aussi, on manque cruellement de réponses, et pourtant, j’espère qu’elle a pas foutu Kenan dans une position délicate en lui demandant de se renseigner, j’ai pas envie qu’il lui arrive des emmerdes, à lui aussi.

Instinctivement, je tourne le visage vers Skye quand elle prend la parole, et pour la première fois depuis que je me suis pointée, l’ombre d’un sourire passe enfin sur ma tronche fermée. C’est bien qu’elle soit là, mieux encore, qu’elle ose parler, elle aussi. Et j’enchaîne sur ses paroles, presque aussitôt. “-Il est réglo. Ou en tout cas, je le pense vraiment. Et il a envie de nous aider, et de mettre un point final à la liste déjà trop longue des Blackened qui se sont fait tuer.” Je le crois…j’en suis vraiment persuadée, et j’ai rien de plus tangible à dire que c’est ce que je ressens au fond de mes tripes. “-Luke sent toute l’hostilité de la grande majorité d’entre nous. Il s’y heurte à chaque fois qu’il vient ici. Et pas qu’à ça, non, mais aussi à des refus de coopérer, de répondre à ses questions, de récolter des témoignages, d’essayer de l’aider, et pourtant, il revient à chaque fois. Malgré les portes, et nos bouches, fermées. Il a vraiment envie de mettre un terme à tout ça, même si c’est difficile à accepter pour beaucoup de Blackened. Et je l’entends.” C’est un flic, lui aussi. Et un homme. Autant dire qu’il coche pas les bonnes cases au regard de beaucoup d’entre nous. Mais j’aime à croire qu’ils sont pas tous pareils, qu’importe ce que certaines en disent, ou en pensent. “-Il s’est sacrément fait dérouiller par des hommes de Gallagher parce qu’il a posé des questions, qu’il a cherché à obtenir des témoignages contre lui, et qu’il veut faire coffrer cet enfoiré. Oui, il s’appelle Gallagher. Si on est capable de dire à voix haute que Candice s’est fait assassiner, on devrait pouvoir réussir à prononcer le nom de son meurtrier aussi.”

Je pousse un soupir, parce que pour être honnête, tout ça me dépasse. Ce sentiment d’avoir les pieds et les poings liés, de pas savoir quoi faire pour avancer, mais de savoir aussi que les choses peuvent pas continuer comme ça, c’est frustrant au possible. "-Ça fait plus de six ans que ça dure…six ans, bordel. Six ans qu’on est prises pour cibles par des tarés qui nous tabassent et nous tuent. Faut se rendre à l’évidence, on y arrive pas, pas toutes seules. Et c’est la faute d’aucune d’entre nous, mais les faits sont quand même là. Luke a accès à des informations qu’on a pas. A des moyens qu’on a pas non plus. Il est du même milieu que l’enfoiré qui s’en prend à nous, mais ça veut pas dire qu’il est comme lui. On a besoin de lui, et…lui a besoin de nous aussi de son côté. Je pense qu’en collaborant, on aura plus de chance d’arrêter Gallagher et sa bande.” Je pince les lèvres, avant de repenser à un truc qu’à dit Mac, un peu plus tôt : “-Et si vous voulez plus de sa présence ici, soit…c’est chez nous ici. Comme ça a été dit plus tôt, on devrait pas avoir peur chez nous. Luke a pas besoin de venir ici, mais il a besoin de nous quand même. Si vous avez des choses à dire, des renseignements qui peuvent aider, même des trucs que vous jugez insignifiants, vous pouvez vous adresser à moi, ou même à Elliott si elle accepte, et on lui transmettra vos paroles. Mais on peut pas continuer à dire qu’on veut que ça s’arrête, et rien faire derrière. On sait toutes que ça fonctionne pas.”

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Seek what sets your soul on fire.

☽ Some days I am goddess. Some days I am wild child. Some days I am a fragile mess. Most days, I am a bit of all three. But every day, I am here, trying.

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We must stay strong

Les Blackened Beauties

Réunion au Carnival… Avec les derniers évènements du quartier, s’était compréhensible. Restait juste à savoir comment le tout allait se passer. Légers signes de têtes à quelques personnes en entrant et je m’installe, pas si loin que ça de Skye à qui mon sourire est un peu plus large qu’à d’autres. Les dernières arrivent, et Charlie déclare officiellement l’ouverture de la discussion. Ça commence presque… légèrement avec quelques mots sur le dispensaire. Terrain stable qui ne devrait pas causer de soucis, avant que les choses ne s’emballent.

C’est Emily qui ouvrent les hostilités si l’on peut dire en abordant le dernier sujet sensible… Candice. J’ai une légère grimace quelques secondes sur le visage. Encore une sœur qu’on nous a enlevé… Une camarade à qui on a été forcée de faire nos adieux… Un nouveau nom sur une liste déjà trop longue. Comme il fallait s’y attendre, le sujet déclenche très vite des réactions… Satine, Eliott, Solveig… Même la voix de Skye se fait entendre. Une seule phrase, certes mais, elle pourrait presque me tirer un petit sourire. C’est une réponse tellement simple et directe par rapport au reste. Pour le moment j’écoute ce que chacune peut avoir à dire. Autour de moi, j’entends les chuchotements de nos sœurs. Favorables à l’une ou à l’autre. Le ton ne monte pas encore vraiment, heureusement.
Léger mordillement des lèvres, quelques secondes d’hésitations avant que je ne prenne mon tour la parole, me regard passant d’abord quelques instants sur Charlie avant de se pôser plus précisément sur Eliott et Solveig.

- Je ne doute pas de vous quand vous dites qu’il est de notre côté ou qu’il est réglo, ça je veux bien le croire. Mais… je crois que la question que certaines se posent aussi c’est : est-ce que ça va aboutir à quelque chose ? Je veux dire…

Je soupire un peu en passant une main dans mes cheveux, cherchant quelques instants mes mots… Bordel, je suis bien plus à l’aise derrière un bar à taper des discussions banales avec les poivrots qu’à m’exprimer comme ça…

- Ok, partons de l’idée qu’il souhaite vraiment éclaircir l’affaire comme vous le dites et nous aider… et là-dessus je vous crois… Pas mal de flics sont des enfoirés mais tous les mettre dans le même panier… se serait peut-être exagéré. Cependant, tu l’as dit Eliott, on sait comment les choses se passent ici, on sait bien qu’on n’aura pas la justice de notre côté alors… Alors qu’est-ce qui vous fais croire, et lui fait croire à lui, que se sera différent cette fois ? Qu’avec ce qu’on va lui apporter, et ce qu’il pourrait trouver en plus, on pourrait enfin obtenir la justice pour les nôtres ?

Nouvelle hésitation de ma part, petite inspiration, on repart.

- Qu’est ce qui ferait que ce ne sera pas un coup dans l’eau ? Que même avec les témoignages de nos sœurs, que même avec un dossier fort, ceux... d’en haut, si on peut dire, ne vont pas tout simplement mettre l’affaire au placard, voire à la poubelle… Et que ça ne changera rien ?

Petite pause, essayer d’organiser un peu la suite des idées.

- Je m’excuse si je parle au nom de certaines et que cela ne reflète pas leurs pensées mais... et ce que je vais dire ne reflète pas la mienne… de pensée, d’ailleurs, je veux dire.

Ca y est, c’est le moment où je vais commencer à m’embrouiller… On respire, on reprend.

- Personnellement, je suis d’accord de mettre toutes les chances de notre côté pour « venger » les nôtres… même si la vengeance au final ne se fait que le cadre légal. Mais… et là je me fais l’avocat du diable, ou le chat noir c’est comme vous voulez, mais peut être que certaines ne veulent pas… aider, ou y sont réticentes, parce qu’elles restent persuadées que c’est juste une façade ou que ça ne va servir à rien. L’un des problèmes qu’on peut avoir vis-à-vis de ce flic c’est ça : quelles sont les garanties qu’on peut avoir… et quelles certitudes on a que les « représailles » ne seront pas plus dures…

J’esquisse une légère grimace après ça, un peu désolée pour une fin quelque peu décousue et, peut-être, confuse.

Codage par Libella sur Graphiorum

We must stay strong

Et bah quel coup de pied je ne venais pas de mettre dans la fourmilière avec ma question… A croire qu'on se demande encore pourquoi je n'interviens que rarement dans ce genre de réunion quand on voit le bordel que je provoque presque quand je le fais. Parce que bien sûr, chacune profite de l'occasion pour y aller de son commentaire, pour ou contre les flics même si la discussion a surtout l'air de se concentrer sur un seul d'entre eux. Et pour une fois, c'est pas sur cette putain de pourriture de merde qui prend son pied à buter les nôtres… Quoi qu'il en soit, maintenant que j'ai comme ouvert la boite de Pandore, je garde quand même le silence et écoute - ou lis tant bien que mal sur les lèvres de certaines quand c'est possible - le raisonnement des unes et des autres, hochant parfois légèrement la tête sans que cela ne veuille forcément dire que je suis d'accord. Je prends juste en compte les avis de chacune… Et quand Lilith finit de donner le sien, avant que cela ne parte encore plus en grand débat sur le sujet, je me décide une nouvelle fois à intervenir. Pauvre de moi, pourquoi je me dis que c'est une bonne idée sérieux ? Enfin, pour le coup, je laisse cette question de côté et fais un pas en avant en levant les deux mains comme en signe d'apaisement, prenant sans doute de court Charlie en intervenant avant elle. Mais faut avouer aussi que j'ai limite un peu peur que ça parte vraiment en vrille entre nous et que je sois obligée d'intervenir physiquement et non plus verbalement pour séparer certaines Blackened. Ouais, on crie beaucoup et on se "chamaille" souvent entre nous mais cela reste que lors de ce genre de réunion, chacune faisant preuve d'une solidarité dont je ne doute pas une seconde en dehors.

- Ok, j'ai entendu les pro et les contres et j'comprends les arguments de chacune. Est-ce que ça rassurerait celles qui flippent à propos de ce flic si j'demandais à une de mes… Non, si je m'occupe d'aller voir ce qu'il nous veut vraiment ?

Finis-je par proposer, me reprenant rapidement et moi-même au milieu de ma question en me disant que cela aura peut-être plus d'impact auprès de certaines si je m'en occupe personnellement et que je ne me contente pas de déléguer à une des autres filles de la sécurité. En vrai, ça fera peut-être autant d'effet que si je pissais dans un violon mais au moins, personne pourra me reprocher de ne pas avoir proposer cette solution. Surtout qu'il faut bien avouer que, si je suis au courant de la présence de ce flic dans le quartier, les arguments de certaines commencent à vraiment m'intriguer sur le bonhomme. N'en oubliant pas pour autant celles qui n'ont rien contre ce type, je finis d'ailleurs vers me tourner vers les quelques-unes dans ce cas que j'ai déjà repéré - genre Eliott et Solveig en tête de liste - pour reprendre la parole plus à leur attention cette fois.

- Et si oui, est-ce qu'une fille qui l'a déjà rencontré pourrait m'aider à le faire ?

Après tout, c'est toujours mieux de pouvoir se faire présenter par une des filles qui le connait déjà, non ? Je sais en tout cas, à titre perso, que dans la situation inverse, je préfèrerais que ce soit quelqu'un que je connais déjà qui me présente quelqu'un qui va me casser les pieds pour connaître mes intentions. Ça passe toujours mieux, ça fait moins pétasse inquisitrice sortie de nulle part. En tout cas, recommençant à tourner mon regard sur l'ensemble de l'assemblée, je ne tarde pas à faire comprendre que je m'adresse cette fois-ci à toutes les Blackened réunies ici, pros ou contres, convaincues ou non.

- Et s'il est vraiment de notre côté, ça pourrait me permettre de garder un œil sur son avancée. Et surtout sur la façon dont ça avance niveau justice. Si je vois que ça patine et qu'encore une fois, on veut pas nous rendre réellement justice, j'irais faire un tour avec trois ou quatre autres filles chez ces enculés et on s'occupera vraiment d'eux.

Parce que pour le moment, même si ce n'est clairement pas l'envie qui me manque de déjà faire un truc de ce genre, je n'ai malheureusement pas la moindre idée d'où trouver ces enfoirés en dehors du commissariat. Et y a clairement plus discret que prendre d'assaut le commissariat pour régler ses comptes avec 4 ou 5 connards… Enfin, si on fait une alliance temporaire avec les Prayers qui pourraient être tentés par ce genre d'attaque mais franchement, j'ai autre chose à faire que traiter avec ces tarés camés jusqu'à la moelle pour la plupart. Et comme l'a déjà soulevé Lilith avec ses craintes de représailles, un coup de ce genre nous y expose forcément. Mais c'est vrai que j'ai déjà trop souvent vu la justice corrompue de cette ville pour me faire la moindre illusion sur une possibilité de régler cette affaire de façon parfaitement légale si ce flic ne bétonne pas à mort son dossier… Et encore, même là, j'ai tendance à rester perplexe.

Feat. Les Blackened Beauties

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— Fighter

Brave as an Amazon. Proud as a Valkyrie. Protective as a Cerberus. Loyal as a Blackened Beauty.

We must stay strongElle soupira de soulagement quand sa mère fini par se calmer et s’endormir. Elle posa les yeux sur la petite horloge mural accrocher dans la chambre de la vieille femme et pesta. Elle était en retard a la réunion qui avait lieux au Carnival et elle voulait participer a cette réunion. Comme elle participait a toutes, après tout elle était une Blackened et elle mettait un point d’honneur a participer a la vie de l’association, a montrer son implication. Elle alla rapidement a la salle de bain pour se rafraichir un peu et cacher les quelques traces de la petite bagarre avec sa mère. Elle soupira en regardant sa lèvre inférieur légèrement fendu et les marques dans son cou. Tant pis pour la lèvre et pour son cou, elle opta pour le foulard, pas le temps de les maquiller. Elle veilla a ce que sa mère dorme vraiment, puis l’enferma dans sa chambre, même si elle n’aimait pas vraiment le faire, et se mit en route. Sur le trajet qu’elle fit a pied, elle en profita pour allumer une cigarette. Cigarette qu’elle prit le temps de finir avant d’entrer au Carnival, oui, elle était en retard et personne n’aurait la réel raison de son retard car très peu des femmes de l’association était au courant de la maladie d’Ada. Elle écrasa son mégot et le jeta dans la poubelle avant de pousser les portes et entrer dans la salle, pas très discrètement comme d’habitude. « Pardon je suis en retard. » Dit elle en faisant tranquillement claquer ses talons sur le chemin pour rejoindre les filles. Elle apperçut rapidement Skye, ses cheveux a moitié rose et sa poupée étrange, elle lui fit un sourire et même une petite gratouille rapide sur la tête en passant a coté d’elle. Elle sortie de la poche arrière de son jean un billet de vingt dollar et le posa sur les genoux de la poupée en souriant a la jeune Blackened et lui souffla « En prévision des gros mots que je risque de dire. » Elle lui fit un clin d’œil complice et s’installa a coté d’elle. Elle allait demander a la jeune femme quel était le sujet, mais Emily prit la parole. Elle écouta, les yeux poser sur la brune charger de la sécurité et attendit qu’elle est fini pour lever la main, afin de prendre la parole. Elle aurait peut être du se faire toute petite, après tout elle était en retard, mais elle estimé avoir autant le droit a la parole que les autres ici, en retard ou non. « Je trouve que c’est une bonne idée ce que propose Emily. Mais on sait que tu as clairement d’autre chat a fouetter, aller le voir une fois c’bien mais… » Elle haussa les épaules « pourquoi on lui collerait pas une de nous au cul ? Genre on fait son assistante, on le flic un peu sans mauvais jeu de mot. Comme ca, les filles ca vous rassurera peut être qu’une de nous fasse la « police » du flic et en plus on pourra comme ca être au courant de la moindre avancer, du moindre de ses gestes. » Elle haussa les épaules « Mais après, c’est comme vous voulez, moi j’donne juste l’idée qui m’est venue en écoutant Em’ parler. C’juste une proposition. » Elle n’était pas sur de comment cela serait accueilli, mais au moins elle aurait proposer quelque chose.

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Be proud

We must stay strongBlackened Beauties«Celui qui se sent surveillé devient cent fois plus paranoïaque et dangereux que celui qui l'est réellement.»
Outre ma petite phrase, je reste calme et écoute ce qui ce dit. Mon petit cerveau enregistre chaque mot et chaque expression faciale qui va avec. Mon regard se tourne souvent vers Emily aussi, avec son problème d'oreille c'est pas toujours évident de suivre une conversation à plusieurs comme ça, alors je m'assure qu'elle regarde au bon endroit et qu'elle ait toutes les informations qu'il faut. Observer autour de moi et aider Emily au besoin, c'est presque pas assez pour mon petit corps qui a besoin de bouger sans cesse. J'ai presque envie de sortir mon paquet de carte et m'amuser avec, mais je sais que ça envoie l'image du fait que je ne m'intéresse pas à ce qui se passe autour de moi. Alors, je me retiens, même si parfois mes mains bougent sans que je m'en rende compte, comme si je répétais des tours dans le vide.
Je fronce parfois les sourcils en entendant des mots un peu trop vulgaires, mais j'acquiesce d'autres phrases que je trouve plutôt pertinente. Pas sûr que les expressions servent beaucoup, mais au moins, on ne peut pas dire que je ne m'intéresse pas à ce que disent les autres, au contraire, je m'intéresse bien trop souvent à tout.
D'ailleurs, rien que le son de certaines voix, mélangé à des souvenirs qu'elles font remonter, j'ai l'impression que mon cerveau cherche dans les milliers d'heures d'enregistrement qu'il a pour trouver des souvenirs spécifiques à toute cette histoire.

Ho une retardataire, le bruit de ses talons qui claquent sur le sol, un flash me traverse la tête avant de disparaitre aussi rapidement qu'il est venu. Je secoue légèrement la tête, alors qu'elle vient de me faire une gratouille. Je suis partagé une seconde sur ce geste, je ne suis pas un petit animal, mais… nan en vrai j'aime ça alors un léger sourire se dessine sur mon visage. Mon air change en voyant le billet, je comprends pas tout de suite, mais elle me rappelle qu'elle a tendance à être vulgaire et ce n'est pas rare que je lui secoue un "bocal à gros mot". À défaut de la calmer dans sa vulgarité, moi ça me fait de l'argent de poche. Et après, on veut que j'ai un boulot? Pourquoi donc? héhé
Bref, c'est avec un grand sourire que j'accepte cette avance sur vulgarité. J'ai pas un vrai rapport à l'argent qui me fait autant apprécier la chose que d'autres, mais par principe, je sais que c'est bien de recevoir ces morceaux de papier.

Les dires de cette nouvelle venue font leur chemin dans ma tête, je regarde Emily après certaine phrase, puis c'est Lilly qui attire mon attention.

- Moi, je sais!

Dis-je en levant et agitant une main. Mais quand les regards se tournent vers moi, je semble subitement oublié ce que je sais. Non, je n'ai pas oublié, c'est juste qu'il y a trop d'infos dans mon crâne et toutes mes idées se bousculent pour savoir qui sortira la première.
Je regarde ma poupée en faisait de gros yeux comme si elle m'avait coupé la parole.

- Mais chut, j'ai compris! C'est vrai t'as raison sur ce point.
Mon regard se détourne de Lilly pour regarder Love.
- Elle voulait juste rebondir sur le fait que… Genre quoi? Emily passerait à côté d'une occasion de faire toujours plus son travail en gardant un œil sur quelqu'un qui va et vient dans le quartier? Pffff... Naaaaaan!

S'il y a bien quelqu'un capable d'être sur tous les fronts pour la sécurité des BB, c'est bien Emily. Mais moi, ce n'est pas son temps qui me préoccupe le plus.

- C'est un peu l'boulot d'la sécurité de faire ça, non? Mais vous avez raison… Emily n'est peut-être pas la plus avenante pour ça.

Vous avez raison? Personne n'a dit ça, mais je ne veux pas que l'idée vienne de moi. On ne sait jamais, manquerait plus que je me fasse disputer.
Avec un sourire innocent, je me mets même à faire quelques signes en regardant Emily comme si je lui disais un truc en plus pour couvrir mes arrières ou lui expliquer quelque chose avant de nouveau regarder tout le monde.

- Y'en a déjà qui lui parlent souvent au sujet de l'affaire...
Mon regard se dirige vers celles présentes, que j'ai vues lui parler sans trop de crainte et je pense à un autre nom. Je ne suis pas non plus big brother, je ne sais pas qui fait quoi tout le temps donc je ne sais pas s'il y a vraiment eu beaucoup de rencontre, mais je suis little sister et j'en vois assez pour comprendre certaines choses.
- Mais genre pour faire plus, pour fliquer un flic, il faut du temps et vous avez pas genre… toutes... un métier qui vous prend déjà du temps et qui n'a rien à voir?
Faut vraiment avoir qu'ça à faire de sa vie pour suivre quelqu'un partout.

J'dis ça presque sur un air moqueur avant de baisser à nouveau mes yeux sur ma poupée et grimacer comme si elle m'avait envoyé une petite vanne sur ce sujet ou alors que je venais de comprendre le sous-entendu des paroles qu'elle a voulu transmettre par ma voix. Oui j'ai pas de métier et je passe mes journées à trainer ici et là, mais c'pas le sujet. /sbaff/

- Mais je sais qui pourrait faire ça! Qui aurait le temps.

Ha bon qui ça?

- Une personne avec qui on se sent en confiance super vite.

C'est un bon début en effet.

- Quelqu'un qui a toujours les yeux grands ouverts sur c'qui l'entoure.

Ho, je crois que je vois où tu veux en venir.

- Quelqu'un dont on ne se méfie pas quand on la voit et qui sait se faire oublier pour voir encore plus de choses!

Oui, je vois clairement qui fait ça à longueur de temps.

- Quelqu'un qu'on ne peut pas détourner du droit chemin! Quelqu'un comme… Lilly! Dis-je en la levant devant moi comme Rafiki avec Simba.

Quoi? Mais… pourquoi je n'ai pas de main pour me faceplam? Cette enfant me fatigue. Décrire une personne et finir par en proposer une qui n'a rien à voir. Le travail à accomplir avec elle est vraiment trop lourd pour mes p'tites jambes en mousse.

C'est tout sourire que j'annonce ça, comme si c'était l'évidence du siècle. Mais en voyant les regards sur moi, je me dis qu'en fait... peut-être pas... Je n'arrive pas à déterminer si ce sont des regards d'interrogation car j'ai dit une bêtise plus grosse que moi ou si au contraire j'ai dit une chose étonnamment intelligente?

- Quoi? J'ai dit une bétise? Je laisse les grands parler, c'est ça?

Je baisse la tête toute penaude et repose Lilly contre moi avant de replier mes jambes, les pieds sur la chaise où je suis assise pour me recroqueviller sur moi-même, comme pour me protéger des éventuelles réprimandes.

- Pardon... Me criez pas s'vous plait.

Si tu avais un peu plus confiance en toi, tu pourrais avancer de vraies idées loin d'être stupides.

C'est vrai, le sujet est sérieux et maintenant que j'ai dit ça, j'me dis que les autres vont penser que pour moi tout ça n'est qu'un jeu, que je ne prends pas ça au sérieux. Mais j'y peux rien, me cacher derrière Lilly et mes idées de pseudo jeu, c'est ma façon à moi d'affronter tout ça avec assez de légèreté pour ne pas être impacté négativement. Je ne suis pas bête, je ne suis pas inconsciente, je vois juste la vie sous un autre angle.
Si j'ai une capacité d'observation assez surprenante, je suis pourtant parfois aveugle sur mes propres compétences, ce qui sans doute aveugle un peu les autres qui me voient vraiment comme une enfant à mettre de côté.

:copyright:️ 2981 12289 0 & The Royal Jester

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Invité Invité

Je me passe les mains sur le visage alors que chacune y va de son point de vue sur l’homme, écoutant d’une oreille distraite, retenant vaguement les différents arguments. Ça a à peine commencé, j’ai déjà envie d’en prendre une pour taper sur l’autre sérieux. J’exagère à peine. J’étais déjà pas de super bonne humeur, ça va pas en s’arrangeant.

Emily cherche une autre solution, et j’ai un moment de flottement. J’veux dire, Emily est pas la plus compréhensive ou patiente, c’est pas elle qui va essayer de piger, en général, elle cogne et pose les questions après. Pourtant, elle essaie. Je m’apprête à lui répondre, quand une retardataire fait son entrée. Je salue Lovelyn d’un sourire, lui laissant prendre la parole, proposant carrément de lui coller une espionne au cul après la nouvelle intervention d’Emily. Quant à Skye… Je reste un instant à la fixer, ne sachant pas trop comment réagir, si je dois en rire ou me trouver ça adorablement effrayant.

« Okaaayyyy. » Je soupire et reprends d’une voix plus forte, pour couvrir le brouhaha et réussir à me faire entendre. « Va falloir m’expliquer. » J’inspire. « Vous voulez que la justice, que les flics fassent quelque chose ? Y en a un qui tente de faire bouger les choses, genre David contre Goliath et vous lui crachez à la gueule. Vous voulez pas de lui ici ? On vous propose de limiter ses mouvements, de s’organiser autrement. Ça vous va pas. Tu m’étonnes que personne veuille foutre son nez là-dedans bordel ! Le mec se fait allumer et par ses collègues et par les femmes qu’il essaie tant bien que mal d’aider. Peut-être qu’il y arrivera pas, peut-être que ça donnera rien. C’est clair qu’en l’empêchant de faire son taf, y aura pas beaucoup de résultats de toute façon. »

Je me redresse un peu, fixant entre autre Emily. « Par contre, je veux que ce soit bien clair. Aucune action accomplie sous prétexte de vengeance ne saurait être tolérée. On a déjà donné œil pour œil, on a déjà versé dans le sanglant. Et vous savez aussi bien que moi que les retombées ont été bien plus lourdes que ce qu’on a cru gagner. » Je secoue la tête, la mine revêche. « L’association n’a pas été créée pour faire joli. Nous avons maintenant un visage public. Nous essayons de nous vendre à l’extérieur. Et les opérations ‘Vendetta meurtrière contre les forces de l’ordre’ ne passent jamais bien. Qu’elles soient ou non justifiées. Les conséquences sont bien trop lourdes. Vous le savez. » Je me passe une main sur le visage en soupirant. « Skye... » Je fixe la jeune femme. « C’était une bonne idée… Tu accompagnerais Lilly ? Vaut mieux pas qu’elle soit seule pour suivre le flic. Et si jamais, par hasard, il vous voit, dis-lui que vous venez de ma part. » Au pire, il viendra me voir. Et sous ses airs de gentille cinglée, elle est super observatrice. S’il y a un truc, elle devrait le voir.

Je m’appuie sur le dossier de ma chaise, soupirant de nouveau. « Vous voulez vraiment passer la soirée à débattre de ça ? Vous voulez faire de Luke Holloway le centre de la conversation de ce soir ? Ou on part du principe qu’on lui touchera un mot de notre besoin de sécurité, qu’on le limite à un local, que Skye le surveille, avec Lilly ? » Je les regarde à tour de rôle. « Et on enchaîne sur les autres problèmes de sécurité du quartier et des habitants ? Et avant que vous ne raliez, parler de Candice et des moyens que ça ne se reproduise plus ce n’est pas la même chose que de se focaliser sur le flic. » Je me renfrogne de nouveau. « Parce que, je sais que c’est passé inaperçu au milieu de tout ça, mais perso, les morts qu’il y a eu lors de la soirée que l’on a organisé, ça me chagrine un peu aussi… Ptet parce que j’ai failli en faire partie ouais. Ptet parce qu’on était clairement visées. Mais ça vous emmerde pas ça ? Un incendie volontaire, avec les sorties bloquées, c’est pourtant un tantinet plus flippant je trouve… »

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We must stay strong

Les Blackened Beauties

Surprenamment, les réponses successives de Mackenzie, Skye, Em, Love réussissent à me calmer. Celle qui m’apaise le plus, surprenamment, c’est Solveig. Elle parle bien cette grognasse. On sent sa rage, et pourtant, elle s’exprime d’une façon presque… douce ? J’arrive pas à décrire. Mais elle arriverait presque à me persuader des bonnes intentions de l’autre flic qui se balade dans notre quartier.

Silk passe doucement une main dans mon dos. Tout va bien, je suis au milieu de mes sœurs, tout ne peut que bien se passer. Un petit rire incrédule et circonspect me secoue alors que Skye brandit son horrible poupée. Ce truc est hanté, c’est sûr à 100 %. Si elle réussit pas à suivre l’autre, elle pourra peut-être le maudire. Mais je persiste à croire qu’elle ne devrait pas le suivre seule. C’est dangereux. Comment il a fait, pour endormir autant leur méfiance ?

Puis Mack reprend la parole. Je l’aime bien, notre trésorière. Je la connais pas personnellement, mais je l’admire, elle voit loin et arrive à comprendre des choses qui m’échappent totalement. C’est pour ça que si elle s’était limitée à la question de l’autre flic, entre elle et les autres, j’aurais pu me laisser me convaincre. J’en suis d’autant plus choquée par la suite.

Un petit silence suit, certains visages sont approbatifs, d’autres, comme le mien, sont sidérés. J’aurais été moins surprise qu’elle me plante ses ongles dans la carotide. Et toute la colère qui s’était apaisée resurgit d’un coup. Jamais, de toute ma vie, je n’ai ressentie autant de colère contre une autre Blackened. « Elle a raison, » intervient une BB que je connais pas, à trois mètres de moi. « Pardon !? » s’exclame sa voisine, indignée.

And all hell breaks loose.

Plusieurs voix s’élèvent avec des avis divergents. J’ai du mal à me concentrer sur qui que ce soit. Je suis tellement bouleversée que j’en tremble. Un petit rire hystérique franchit mes lèvres alors que j’essaie de me contenir. Parce que si je parle maintenant, je vais dire des choses que je regretterai.

Sauf qu’une voix s’élève au dessus des autres. Je sais pas pourquoi Love s’adresse à moi en particulier, parmi toutes les prostituées bien plus exposées que moi dans la salle... Sans doute que j’ai du me faire remarquer au début de notre rassemblement, et qu’elle a dû repérer ma figure déconfite : « Du coup, Satine, ça va, tu le vis bien que chacun de nos clients puisse être le tueur ? Tu veux mourir en première ou je le fais ? Peut-être que si on meurt nous aussi, on fera enfin quelque chose et on aura droit d'avoir peur ? Par contre, soit gentille, meurt joliment, pense au visage publique ! »

Love, je pourrais t’embrasser. Je rentre dans son jeu, avec une voix complètement fracassée – c’est étrange de ne pas la reconnaître. « T’inquiète, tu sais que je serais canon même avec un cadavre ravagé, ça fait partie de la profession ! » Je suis tellement en colère que je ne sens même plus mon corps. Je le commande à parler, à gesticuler, et pourtant, j’ai l’impression d’être à côté de mes chaussures.

« Comment tu peux dire, ça, Mack ? Plus flippant ? Je savais pas que c’était un concours ! » Comme si on pouvait hiérarchiser nos mortes et nos peurs... L’espace d’un instant, j’ai envie de demander à Kate, une des filles du Naughty qui a survécu à une grave agression des forces de l’ordre et à l’incendie, lequel est le pire. Histoire d’enterriner le clou. C’est ça, l’expression ? « Non mais tu t’entends ? C’est bon, tu n’es plus pute, tu es moins exposée, donc on passe au sujet qui t’intéresses, tant pis pour les autres qui ont encore besoin de parler des autres meurtres ? »

J’agite une main rageuse. Silk essaie de me retenir, mais je la repousse.

« Vous voulez pas ça se reproduise ? J’ai la solution. Laissez faire Emily. Il est plus que temps de s’occuper vraiment des flics. Ce n’est même pas une question de vengeance. C’est de la préservation ! »

Je comprends pas qu’on puisse encore se poser des questions sur la sécurisation de notre quartier. Même l’incendie, je suis quand même pas la seule à avoir fait le lien que, comme par hasard, l’un de nos tortionnaires était présent à la soirée, qu’il a disparu à un moment, et qu’il était nulle part après !*

« Je sais pas si on a déjà donné dans l’œil pour œil, mais ce que je constate, c’est que la joyeuse petite bande de flic est en parfaite santé, alors que nos sœurs disparaissent. Régulièrement. Il faut que combien d’entre nous soient massacrées pour ça fasse tilt ? On sait qui nous cause toutes ces souffrances ! On peut mettre fin à ces atrocités demain. Aujourd’hui ! Et vous, vous – toi, vous me dites que non, il faut préserver le visage public ? Je… j’ai pas les mots. Ça me dégoûte ! »

Je passe le plat de la main en dessous de mon trait d’eye-liner. Mes yeux sont dangereusement humides. J’admire ces filles aux fureurs impressionnantes, les miennes sont juste pathétiques.

« Aucune pute dans le monde n’a réussi à imposer une législation saine pour son activité dans son pays. Aucune. Tant qu’il y aura des travailleuses du sexe dans le groupe, on ne sera pas reconnues, c’est comme ça. Et si vous croyez que ça changera parce qu’on se tient bien sage pendant qu’on se fait massacrer, vous êtes naïves. »

Je lance un regard vers Charlie. Elle n’est pas intervenue depuis le début du débat. Sans doute qu’elle n’avait pas prévu cette ambiance… détestère. Délétère ?

« Alors j’ai une question. Pour toi, Mack. Pour toi, Charlie. Et pour vous toutes, ici. Combien de nos vies il vaut, ce visage public ? Il va nous coûter combien d’âmes ? Combien de litres de sang ? Je… »

Je m’interromps. Parce que je me rends compte, d’un coup, que j’ai plus d’énergie. C’est la première fois que je me sens aussi détachée de mes sœurs.

« Vous savez quoi ? Collaborez avec vos flics si vous le voulez, mariez-vous avec si vous le souhaitez. Je m’en fiche. »

Je me dirige vers la sortie à grandes enjambées. Je ne m’en fiche pas, mais ça ne sert à rien que je reste ici plus longtemps. Je suis trop touchée personnellement par tout ce qui s’est dit. Il n’y aura rien à tirer de moi et j’ai l’impression de m’être trop dévoilée.

Je ne voulais pas péter les plombs comme ça, je vous le jure.

Pourtant avant de franchir le seuil, je me retourne d’un bloc : « La prochaine qu’un de vos psychoflic me tombera dessus, je me cacherai derrière le visage public. Je suis sûre que je serai super bien protégée ! »

Mon sourire est railleur.
J’ai pas encore réalisé ce que je viens de dire, à demi-mots.
J’ai déjà claqué la porte.

Spoiler:

We must stay strongLes mots de Skye la firent sourire. C’était un peu ce a quoi elle pensait en prenant la paroles, enfin elle avait penser a Skye en particulier, pas vraiment a Lily la poupée possédée, mais visiblement l’une n’allait pas sans l’autre, donc Skye serait surement avec elle a suivre Luke. Donc ca suivait un peu l’idée qu’elle avait émit sans vraiment le faire. Elle tourna doucement la tête pour poser ses grand yeux vert sur Mackenzie qui se mit a parler ensuite. Si au début elle ne dit rien, même si elle avait envie de demander si Mackenzie avait compris que les filles avaient juste besoin d’être rassurée quant a la présence du policier, elle n’en dit rien. Mais la suites de ses paroles laissèrent Love presque sur le cul. Non mais sérieux elle s’écoute parler là ? Qu’elle pensant en serrant un peu les dents. Aller tait toi Love. Lui rentre pas dedans, lui colle pas une claque dans sa gueule. Tu sais que tu dois apprendre a fermer ta gueule des fois… Et puis elle entendit les avis diverger et elle tourna les yeux pour regarder la foule. Son regard se posa sur Satine et elle entendit ce petit rire qui sortait des lèvres de sa sœur. Et… Elle n’arriva pas vraiment a garder sa bouche fermer, même si elle enfonçait fortement ses ongles dans la paume de sa main pour ne pas vraiment exploser. « Du coup, Satine, ça va, tu le vis bien que chacun de nos clients puisse être le tueur ? Tu veux mourir en première ou je le fais ? Peut-être que si on meurt nous aussi, on fera enfin quelque chose et on aura droit d'avoir peur ? Par contre, soit gentille, meurt joliment, pense au visage publique ! » Elle n’avait pas put s’en empêcher. Elle avait mit de l’huile sur le feu. Elle savait que Satine avait du tempérament et alors ne fut pas étonnée que la jolie brune explose. Elle eu un petit rire jaune quand elle lui répondit. Elle ne put pas tout de suite enchainer. Elle laissa la première place a Satine. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle allait la fermer. C’était trop tard de toute façon, elle avait lancer la machine même si elle essayait de se contenir. Elle était d’accord avec chaque mots de Satine. Elle se leva doucement alors que Satine était proche de la porte. La dernière phrase de la brune la fit tilté alors qu’elle la regarder claquer la porte. Chose qu’elle n’allait pas tarder a faire elle aussi. Love posa ensuite ses yeux sur Mackenzie. « Sérieusement ? « je veux que ce soit bien clair » tu t’adresse vraiment a nous comme si t’était la présidentes ? Tu t’adresse vraiment a Emily comme ca ? Bha moi j’veux que ce soit bien clair aussi, j’compte pas me laisser buter sans me défendre ! Ou même laisser une de mes sœurs se faire buter sans la défendre parce que madame a voulut que ce soit bien clair qu’on devait rien faire et attendre qu’un jour les connards qui font ca s’arrête en se disant « c’est devenue moins drôle passons a d’autre victimes ». Tu crois vraiment que ton putain de visage public va nous défendre ? » Elle secoua la tête en reculant, enfonçant un peu plus ses ongles dans la paume de sa mains. « Bah putain je crois que c’est ca le plus flippant en fait ! De pas avoir le droit d’avoir peur et d’en parler, parce que toi, qui n’est pas ciblé vue que tu as quitter la profession, a plus peur que nous parce que t’as faillit y passer. » Elle soupira « Putain j’te trouvait presque admirable d’avoir oser ouvrir ton salon, gagner ta vie avec ta passion. J’pensais pas que t’était aussi égoïste. T’sais quoi. Tu devrais apprendre a choisir t’es mots quand tu parle en public. J’espère que tu veux pas être présidente des Blackened un jour, parce que sinon t’as vraiment du taf. » Elle attrapa sa veste et se mit a marcher vers la porte « Aller salut tout le monde, j’penserais a votre visage publique si j’croise les tueurs. Histoire de me sentir en sécurité. » Elle sortie une cigarette, qu’elle coinça entre ses lèvres en partant. Elle claqua la porte et se dit qu’elle devrait rattraper Satine pour lui parler un peu. Car si Love était en colère, Satine avait eu l’air vraiment bouleverser par cela.

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Be proud

We must stay strong

Ce fut Emily qui prit la parole à sa suite, malgré son choix premier de se placer en retrait. La jeune femme s’était avancée, et après avoir échangé plusieurs regards avec ses Sœurs, proposa d’évoquer ce qui était arrivé à Candice : son meurtre. Une proposition de discussion future en aparté à ce sujet fut rapidement faite à la Présidente, avant que la cheffe de la sécurité de Van Nyus n’invite ses Sœurs à s’exprimer également à ce propos. Charlie acquiesça. Ce sujet sensible méritait effectivement d’être parlé à plusieurs voix, car chacune était concernée. Et à sentir la façon dont l’ambiance se crispa, la métisse réalisa son erreur : celle de ne pas avoir géré de façon satisfaisante ces crises en tenant ce genre d’instance plus tôt.

Son sourire s’effaça totalement lorsque Satine, le visage blême, prit ensuite la parole. Ce fut d’un ton cynique et agressif qu’elle dénonça la présence d’un policier au sein de Van Nyus. Toutes savaient que c’étaient des agents de la Brigade des Mœurs de DPD qui s’étaient montés en meute pour chasser les leurs. En réaction à ces exactions, le quartier des Blackened Beauty avait décidé de devenir une zone de non-droit, où aucune autorité extérieure à leur clan ne saurait s’imposer, ni même être tolérée. Charlie avait soutenu cette stratégie de défense. Elle comprenait le reproche que Satine lui adressait on en pouvait plus clairement : la jeune femme était en colère contre elle pour avoir permis l’entrée d’un flic à Van Nyus ; entrée qui ne pouvait être tolérable sous aucun prétexte au regard des différends passés avec les policiers. Satine se sentait trahie car mise en danger par l’une des siennes.

Eliott s’exprima ensuite, clarifiant de suite « ce qui était arrivé à Candice » : leur sœur avait été tuée, par des hommes, mais aussi par les défaillances de la justice downfallienne. Toutefois, pour avoir rencontré « ce flic », elle n’émettait pas vraiment de réserve à collaborer avec lui, car elle avait eu la preuve qu’il poursuivait les bons suspects. Skye se rangea à son avis, son instinct lui ayant également dit que cet homme n’était pas de la trempe de ceux qui leur voulaient et faisaient tant de mal.
Eliott poursuivit. Elle voulait appuyer ce regain de vraie justice, et pour cela, il fallait qu’elles-aussi acceptent les contours de la Loi, d’autant que le clan s’était récemment organisé en association afin de donner une autre portée et une autre visibilité à leur combat. Toutefois, la secrétaire des Blackened Beauty ne pouvait pas non plus consentir à ce que l’une de ses sœurs ait peur chez elle, et proposa de limiter les autorisations de déplacement de l’inspecteur au sein de Van Nyus.
La Blackened revint ensuite sur un autre drame : celui de la Saint Valentin. Personne ne pouvait ignorer les actes de malfaisance qui avaient encore une fois touché Van Nyus et fait plusieurs morts. Pour elle, il fallait que les choses bougent, quitte à prendre le risque de faire confiance à un policier.

Ce fut au tour de Solveig de valider l’éthique de « ce flic ». Elle le gratifia même d’un peu d’humanité en le nommant par son prénom. Luke ne serait pas dupe des effets de sa présence à Van Nyus ; effets qui entravaient le déroulement de l’enquête. La jeune De Souza tint alors à souligner la détermination de l’inspecteur ; ce que beaucoup d’autres Blackened devaient plutôt percevoir comme de l’insistance, voire une forme de harcèlement. Elle informa l’assemblée que lui-aussi avait été victime de Gallagher et de ses sbires. Solveig le nommait par elle ne voulait plus que son nom soit protégé par une sorte d’omerta. Omerta qui avait offert à ces hommes une impunité dont ils avaient largement joui. Et cette impunité était corrélée au manque de moyens d’action qu’avaient les Blackened Beauty. Alors la jeune femme osa le dire : elles avaient « besoin » de ce flic. Tout comme il avait besoin d’elles. Et elles pouvaient imposer leurs conditions dans cette collaboration, notamment en désignant des intermédiaires en leur sein. Solveig se proposa naturellement.

Lilith se fit la porte-parole de ce que beaucoup pensaient : est-ce qu’il ne s’agissait pas là d’un rêve de justice ? En admettant que ce flic ait l’éthique qu’Eliott et Solveig voulaient bien lui accorder, qu’est-ce qui leur garantissaient qu’un procès aurait un jour lieu ? L’état lamentable de la justice downfallienne avait infiltré les esprits d’une sorte d’impuissance apprise, et la serveuse craignait qu’en plus de vains espoirs - qui ne les rendraient que plus désespérées -, elles s’exposent à des représailles pour avoir parlé. Charlie adressa un léger sourire de soutien à la jeune femme pour qui, prendre la parole, avait créé une forme de malaise.

Emily s’était également tendue. Elle observait les corps de ses Sœurs s’agiter sur leur chaise. La métisse était elle-aussi à l’affût des réactions de ses sœurs, sentant bien qu’une tension certaine avait gagné les esprits. La cheffe de la sécurité se proposa de rencontrer elle-aussi le flic, histoire de vérifier son positionnement et son intégrité. Ou autrement dit, ses intentions. Elle demanda ensuite à celles qui le connaissaient déjà si elles pouvaient l’introduire. Emily voulait un regard sur l’avancée de l’enquête afin de déterminer si le dossier avait des chances d’aboutir, ou si elle devait organiser une vendetta pour faire justice elle-même.

Lovelyn avait rejoint l’assemblée tardivement, mais les quelques échanges dont elle fut témoin lui suffit à exprimer son opinion sur le sujet. Elle validait l’option de surveiller le flic et l’avancée de son enquête mais trouvait dommageable qu’Emily y perde tant de temps. Peut-être que d’autres Blackened pouvaient s’y atteler, en jouant les « assistantes » et ainsi avoir un droit de regard sur ce qu’il en était vraiment de ce dossier et de ses chances d’aboutir.

Skye voulut alors partager l’idée qui venait d’émerger dans son esprit. Après une remarque sur le sens du devoir d’Emily et son amabilité très relative, la petite blonde méchée rappela à chacune qu’elles avaient une vie à maintenir, et que la surveillance de l’inspecteur nécessiterait du temps qu’elles devraient sacrifier. Alors que sa poupée, elle, avait pléthore d’heures libres pour faire ce travail. Charlie esquissa un sourire amusé. Tous les regards ayant convergé vers sa poupée et elle, Skye éprouva un moment de malaise et s’inquiéta d’être disputée pour avoir dit des bêtises.

Ce fut Eliott qui embraya pour témoigner de son incompréhension face à la posture de plusieurs de ses sœurs. La colère gagna la secrétaire qui renvoya sèchement à celles qui doutaient de voir les choses un jour changer que leur inaction gagnerait. Puis, elle tint à préciser que si quelque chose devait être tenté, cela ne devait jamais s’apparenter à un guet-apens. Les Blackened Beauty avaient une image à maintenir, une image positive de militantisme, et pas uniquement pour le public, mais aussi pour elles-mêmes. Charlie crut comprendre derrière les propos de sa secrétaire que cette dernière les pensait meilleures que ça. Une opinion à laquelle elle souscrivait.
Eliott rassura ensuite Skye sur la pertinence de son idée et valida la filature du flic. Elle voulait à présent que le débat s’élève à ce qu’elle considérait comme un plus gros problème que l’inspecteur des Crimes Majeurs qui menait son enquête : la sécurité à Van Nyus. Elle revint sur l’incendie criminel de la fête de la Saint Valentin survenu en 2021, s’étonnant que les siennes y fassent si peu référence.

La discussion était de plus en plus tendue et la Présidente hésita à rompre le silence dans lequel elle s’était prostrée, au début par bienveillance et pour favoriser la libre expression, et à présent par malaise. Il lui faudrait trouver les bons mots pour apaiser, au moins un instant, les esprits. Il lui faudrait aussi dire quelque chose de sa posture de retrait des derniers mois. Parce qu’elle réalisait à quel point elle avait négligé les siennes.

Les propos d’Eliott firent réagir l’assemblée, et la divisèrent. Les voix se superposèrent en une cacophonie. Cependant, celles de Lovelyn et de Satine parvinrent à s’imposer. Tout en cynisme. Mais leur réaction était totalement légitime. Chacune parlait de sa place, et de son ressenti depuis cette place. Il demeurerait toujours une incompréhension fondamentale, l’empathie ayant ses limites, surtout lorsqu’on abordait sa propre survie.
Le débat s’embrassa. Satine appelait aux armes, car dans l’attente que la justice fasse quelque chose ou non de tous ces meurtres, ces derniers continuaient. Les Blackened Beauty devaient trouver le moyen de se préserver. Le visage public n’était qu’un problème secondaire, et négligeable selon elle. La jeune femme interpella alors avec virulence le conseil, leur demandant si le prix de ce visage valait toutes ces morts. Puis, ne pouvant en supporter plus, Satine quitta la salle, les saluant dans une dernière réflexion pleine d’aigreur et de douleur.
Lovelyn s’était également levée, heurtée par le ton et les mots de la secrétaire de l’association. Elle soutenait la posture de sa sœur à présent partie : elle ne se laisserait pas faire, peu importe si cela devait entacher le visage public des Blackened Beauty. Eliott fut violemment prise à parti et taxée d’égoïsme. Puis Lovelyn se retira.

Charlie avait posé une main sur l’avant-bras de sa secrétaire, lui demandant ainsi de lui laisser la parole. Elle devait sortir de son mutisme et tenter d’amener chacune à faire la part des choses dans ce qui avait été énoncé. « J’aimerai répondre à vos critiques et interrogations, toutes parfaitement légitimes. Tout d’abord, la présence de ce policier dans nos rues est-elle acceptable ou non ? Sachez que lorsqu’Alicia a appris qu’un nouvel agent de la DPD s’intéressait à ce dossier, elle s’est empressée de vérifier qui était cet homme. Elle a mené des recherches poussées sur sa carrière entamée de l’autre côté du mur, et s’est également intéressé à des éléments de sa vie personnelle. L’intégrité de ce flic lui a coûté sa carrière, et la seule alternative qu’il avait pour conserver son insigne était de rejoindre la DPD. Cela fait deux ans qu’il y travaille, et il est dit de lui qu’il est un policier désagréable avec ses collègues mais consciencieux dans ses enquêtes, et surtout, bienveillant avec les familles et l’entourage des victimes. Jamais Alicia ne se serait permise de nous mettre en danger si elle n’avait pas eu des garanties. Sachez également que ce policier ne se promène pas librement ; Emily a été consultée pour définir les autorisations et interdictions d’accès. Mais j’entends votre besoin de transparence et de protection : nous redéfinirons le cadre de ses aller-venues à Van Nyus, et j’entends par là qu’il devra en informer systématiquement Emily. » Cooper cessa de regarder la cheffe de la sécurité pour s’intéresser à la secrétaire de l’association. « Il me semble que cette défiance vis-à-vis de cet inspecteur des Crimes Majeurs est symptomatique d’un problème plus grand : Gallagher et sa bande. Depuis l’intérêt de la Commissaire adjointe Prentiss et de l’inspecteur Holloway pour ses crimes, ceux-ci ont été moins fréquents. De neuf meurtres en deux ans et demi, les chiffres sont passés à cinq sur un même lapse de temps. Les agressions ont connu une chute encore plus grande. Si ce n’est absolument pas satisfaisant, cela montre néanmoins que ces types craignent de tomber à cause de la justice. Je comprends et souscris à la position d’Eliott : nous ne pouvons pas, en tant qu’association de lutte pour le droit des femmes, recourir à des moyens criminels d’élimination. Mais nous devons aussi nous préserver, tant que la justice sera aussi lente et inefficace. Je vais tenter de donner une visibilité encore plus grande à ses exactions, auprès de la Mairie. Je pense Madame Cleveland sensible à cette question. Et puisque la DPD doit lui rendre des comptes, elle pourra peut-être faire accentuer cette tendance à la diminution des agressions et meurtres en rappelant que nul n’échappe à la loi. Or, je ne suis pas dupe ni naïve : ce n’est pas ce qui arrêtera Gallagher et ses hommes. » Charlie se tut un instant, pensive. Ses yeux glissèrent à nouveau sur la silhouette de la cheffe de la sécurité. « Emily, de quoi as-tu besoin pour améliorer encore notre niveau de vigilance ? Qu’est-ce qui, selon ton expertise, a fait défaut et permis, malgré nous, les derniers meurtres de nos sœurs ? Je me disais que nous devrions diffuser les portraits de ces hommes, pour que leur visage soit connu de toutes et que leur présence soit aussitôt signalée lorsqu’ils osent pénétrer dans nos rues ? »

Un tremblement fit vaciller la voix de la Présidente lorsqu’elle se décida à aborder un autre sujet. « Je profite d’avoir la parole pour vous présenter des excuses. Je n’ai pas été à la hauteur de mes missions ces derniers mois. J’ai pu… j’ai dû vous paraître détachée. A côté de la plaque. » Un rire nerveux lui échappa. « J’ai été malade, et à certains moments, anéantie par la fatigue, incapable de quoi que ce soit. D’où ma mise en retrait. Mais je me le suis permis car je sais que notre sororité ne détend absolument pas de moi, et que vous savez faire sans moi. Je ne souhaite pas en dire plus. Mais je vous devais des excuses. »

Affichant son malaise, Charlie décida de revenir au cœurs des sujets qui importaient vraiment : « Alicia m’a informée que le dossier de l’incendie criminel de la fête de la Saint Valentin avait été confié aux pompiers qui, nous le savons très bien, n’ont ni les moyens, ni les compétences pour mener une telle enquête. Nous allons faire le nécessaire pour que ce soient les Crimes Majeurs qui soient saisis. »

La Blackened savait que ses premières réponses ne seraient pas satisfaisantes. Elle voulait que la parole circule à nouveau afin que des propositions de solution aux problèmes dénoncés émergent à présent.

We must stay strong

En entendant les arguments des unes des autres et en essayant de tous les prendre en compte, je finis par tenter de proposer un compromis à toutes les Blackened présentes dans la pièce concernant ce fameux flic Luke qui alimente les débats entre nous. Bon, une proposition que Love, venant tout juste de nous rejoindre, ne tarde pas à presque remettre en question en annonçant que cela allait sans doute me prendre trop de temps. Et je n'ai même pas le temps de lui répondre que justement, mon boulot consiste, l'air de rien, à prendre ce temps en question pour assurer au maximum la sécurité du quartier que Skye me coupe plus ou moins l'herbe sous les pieds en prenant à son tour la parole pour proposer Lilly pour ce job, me tirant aussitôt un sourire. Bon, ma petite sœur se met vite à croire qu'elle a dit une bêtise quand elle se rend compte du silence et de la surprise de la plupart des autres filles dans la salle mais c'est vrai que mettre Skye sur le coup est loin d'être une mauvaise idée si jamais j'arrive à voir qu'il n'y a pas de réel danger à craindre de la part de ce flic. Enfin, mettre Lilly sur le coup, pardon ! Même si on sait toutes parfaitement dans cette salle que qui dit Lilly dit Skye dans le coin. Et même si beaucoup la sous-estime, je ne connais que trop bien les talents de ninja de la part de la petite blonde pour ne pas réellement prendre en compte cette idée pour la surveillance de ce flic dans le quartier.

Bon, là encore, je n'ai pas vraiment le temps de répondre à ma petite sœur adoptive que déjà, une autre prend la parole. Mais c'est ça aussi les assemblées de ce genre. En l'occurrence, c'est Elliot qui se tourne vers moi pour commencer à me faire un laïus sur ce qu'elle estime que je peux faire ou non. Bien sûr que je sens la tension monter en moi en l'entendant me balancer ça à la gueule de cette façon ! Quoi de plus normal en même temps ? Surtout que j'ai clairement précisé que j'opterais pour l'option "vendetta" que si je vois que la justice se contrefout encore une fois de la liste de cadavres de nos sœurs qui s'allongent à cause de son inaction et son "je-men-foutisme" qui semblent plus encourager ces enfoirés à continuer qu'autre chose. Et j'ai jamais parlé de meurtres en soit. Ouais bon, je ne promets rien pour Gallagher mais j'estime que cet enfoiré mérite largement que je fasse couler son sang. Mais de là à imaginer que je lui fasse subir la même chose que j'ai fait à Roy quand j'étais gosse pour gagner ma liberté… Ouais bon, là encore, concernant Gallagher je ne promets rien. Mais je n'ai clairement pas l'intention de leur laisser croire plus longtemps que, sous prétexte que la justice s'en contrefout de nous, on compte on se laisser faire ! Toute à ma colère montante que je tente de contrôler pour pas exploser inutilement, je commence à ouvrir la bouche, avec la ferme intention de lui répondre que "je veux que ce soit bien clair", mon rôle est de m'assurer de la sécurité de chacune d'entre nous ainsi que du quartier de façon générale et que je fais ce que je peux pour l'assurer au maximum. Mais je n'ai encore une fois pas le temps de prononcer le moindre mot que l'assemblée semble comme exploser.

Au niveau sonore, le brouhaha que cela génère commence à faire un peu grésiller mon appareil auditif, me faisant déjà refermer la bouche pour serrer un peu les dents à cause de ça. Mais quand la voix de Satine commence à s'élever au-dessus du lot et à grimper tant au niveau sonore que dans les aigus, le grésillement devient beaucoup trop fort et à la limite du supportable pour que je tienne plus de quelques secondes. D'un geste qui se veut discret parce que devenu presque habituel chez moi, faisant mine de me gratter la tête juste un peu derrière mon oreille gauche, je finis par couper mon appareil auditif alors que j'entends Satine dire à Mack que, comme elle n'est plus pute… Et bien je n'aurais pas la suite car le silence se fait à ce moment-là, me faisant même pousser un très léger soupir inaudible. Pour moi certes mais surtout pour le reste de l'assemblée, surtout vu l'agitation dans laquelle se trouve Satine. Enfin le silence… Plutôt un brouhaha étouffé, comme si j'étais la tête sous l'eau et que les filles s'engueulaient à la surface et plusieurs mètres plus loin. Mais bon, pas besoin d'entendre pour comprendre que Satine est en train de péter une durite. Tout comme Love quelques secondes après le départ de la première. Même si c'est à ce moment-là aussi que mon regard croise celui de Skye et que je comprends aussitôt à la façon dont elle me regarde qu'elle a compris que j'avais coupé mon appareil. La connaissant, elle m'a même sans doute vu le faire, sachant très bien comment j'ai l'habitude de le faire discrètement quand je suis en public comme là. Et d'un roulement rapide d'yeux, je lui répond tacitement que ça va ! Ce n'est pas elle qui va se taper une migraine de l'enfer après avoir dû supporter les grésillements de l'appareil de mauvaise facture pendant tout le coup d'éclat que commence à prendre cette assemblée.

Mon regard finit cependant par être attirée sur Charlie quand je la vois poser une main sur l'avant-bras de Mackenzie. Et en la voyant se mettre à parler quelques secondes plus tard, je finis par remettre sur on mon appareil auditif, partant du principe que le plus gros de la tempête sonore était passé. Et j'ai d'ailleurs bien fait de le faire car quelques instants plus tard, notre présidente se met à parler de moi concernant l'encadrement du flic. Bien que je me contente de hocher de la tête quand elle rend sa décision de renforcer plus de transparence sur la présence de ce Luke dans le quartier, lui démontrant de cette façon que je comprenais et acceptais sans soucis ça. Elle continue cependant son discours quelques instants puis, après un petit temps de pause, tourne de nouveau son regard vers moi et me demander sans détour ce dont j'ai besoin pour augmenter la sécurité à Van Nuys et me parlant des portraits de Gallagher et ses connards de potes. Je me permet de nouveau un léger soupir, les bras encore et toujours croisés sur ma poitrine, avant de commencer à formuler ma réponse à toutes ces questions.

- On a déjà le portrait de Gallagher et d'un ou deux de ses acolytes qu'on fait circuler dans le quartier. Mais il nous manque quand même celui d'une bonne partie de sa petite bande… Peut-être que ce flic pourrait nous fournir ceux qui nous manque, en gage de bonne foi ? Et qu'on essaye de les faire circuler plus efficacement dans le quartier.

Du genre que chacune des filles de la sécurité ait un portrait d'eux toujours avec elle et qu'on distribue bien plus régulièrement et intensément ces images d'eux. Ce sera quelque chose dont je devrais sans doute discuter autant avec Charlie plus tard qu'avec Holly pour avoir aussi son avis et prendre en compte son expérience si jamais un truc m'échappe.

- Et concernant la sécurité, je dirais qu'il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Déjà, je voudrais rappeler à chacune d'entre vous qu'avec le reste de l'équipe de sécurité, on a mis en place des séances ouvertes à toutes, à l'armurerie, que ce soit pour apprendre ou pour s'entrainer au self-defense, au tir avec un flingue ou à utiliser une arme blanche. On fait ça pour vous rendre capable de vous défendre du mieux possible solo mais si vous venez pas, ou si vous estimez que 2 ou 3 séances suffisent pour ça, j'peux pas faire de miracle non plus. On s'entraine pas tous les jours avec le reste de l'équipe juste pour passer le temps. Faut que ça devienne un automatisme en cas d'attaque. Et je sais que certaines vont râler parce que ça prend du temps et de l'énergie mais rappelez-vous que ça peut aussi vous sauvez la vie un jour.

Pas besoin que je nomme les quelques-unes présentes dans la salle qui ne sont effectivement venues qu'une fois ou deux sans donner suite à ces entrainements. Je dis ça pour encourager tout le monde à venir à ces sessions, pas pour chercher à afficher les "mauvaises élèves" ou les braquer dans l'idée de venir plus régulièrement. Voir de venir tout court pour d'autres dont là encore, je ne donnerais pas les noms. Pas devant cette assemblée en tout cas et uniquement à Charlie, si elle me les demande.

- On serait pas contre plus de volontaires aussi pour nous aider dans les rondes ou la surveillance des entrées du quartier j'avoue. Voir même plus que ça si jamais y a des filles intéressées pour nous rejoindre. On est pas aussi nombreuses que j'aimerais ou que même Holly avant moi aurait voulu et ça peut vite devenir l'enfer pour nous quand on a une blessée ou une malade. Surtout avec ces sessions dont je vous ai parlé et qui réquisitionne au moins 3 d'entre nous à chaque fois.

Ai-je vraiment besoin de dire que je m'en fous un peu du niveau actuel en combat ou en surveillance pour nous rejoindre ? Ça, ça se travaille et s'améliore, surtout si la nana en face est volontaire et en veut vraiment. Bon, bien sûr, elle risque de passer trois semaines infernales au départ et de me maudire plusieurs fois par heure au moment de sa formation mais je m'en fous un peu. Tant qu'elle est volontaire, veut aider les autres et protéger le quartier, elle peut me maudire autant qu'elle veut et même m'insulter pendant les séances de formations et d'entrainement. Ça me va largement.

Feat. Les Blackened Beauties

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— Fighter

Brave as an Amazon. Proud as a Valkyrie. Protective as a Cerberus. Loyal as a Blackened Beauty.

We must stay strongBlackened Beauties«Celui qui se sent surveillé devient cent fois plus paranoïaque et dangereux que celui qui l'est réellement.»
Je pensais avoir dit une bêtise en parlant de Lilly, je sais que pas tout le monde l'aime vraiment dans cette salle. Pourtant j'y crois vraiment à ses capacités. Elle est douée et ça serait le moment parfait pour le montrer à tout le monde!

Tu penses pas que ce serait l'occasion pour toi aussi de montrer que tu veux en faire plus, que tu te sens capable?

De toute façon, vu les regards, cette idée est surement… ho, une bonne idée selon le premier avis entendu et finalement les regards qui semblent dire "pourquoi pas" bien qu'il y ait une sorte de réserve au fond des yeux. Je sais, en cas de problème, personne me pense vraiment capable d'agir toute seule et de m'en sortir par moi-même mais… T'as raison Lilly, on peut y faire quelque chose, on est capable.

Moi qui pensais me faire crier pour mes paroles, en faite ce sont bien les dernières qui semblent faire l'unanimité avant qu'une vague de colère envahisse la pièce d'un seul coup.
ho… je ne m'y attendais pas vraiment à celle-là. Alors que je sers un peu plus Lilly contre moi, je tourne les yeux une seconde vers Emily, comme pour chercher du réconfort dans son regard et aussi par habitude. Car quand les esprits s'échauffent et que les voix montent, je sais que son appareil ne gère pas et que ses yeux non plus ne peuvent pas être posé sur toutes les lèvres pour suivre les blablas qui sont dits à droite à gauche.

En attendant j'entends tout, il y a des paroles sensées et d'autres qui sont… ce qu'elles sont. Elles ne sont pas mauvaises en soi, c'est juste qu'elles ne sont peut-être pas dites de la bonne façon. Des paroles comme beaucoup de gens les font, elles sont centrées sur le "je" et pas assez sur le "nous".
D'un côté, comment en vouloir à quelqu'un de prendre son histoire plus au sérieux que les histoires des autres? On ne peut pas vraiment. Moi je sais qu'on ne peut pas en vouloir à quelqu'un pour ça, mais quelques personnes dans l'assemblée ne semble pas le prendre de la même façon. C'est vrai, pour quelqu'un qui a failli mourir dans la rue, ça sera ça le plus urgent, pour quelqu'un qui a trébuché dans les escaliers, le plus urgent sera d'acheter de nouvelles chaussures… Une presque chute dans un escalier et risquer de se faire trucider, on est d'accord que ce n'est pas le même niveau, pourtant pour chacune des deux personnes, au fond son problème sera le plus grave. Bon ces deux exemples sont extrêmes, mais l'image est là.
Si les cris contre moi ont souvent des effets divers et variés, le fait de voir d'autres gens se crier dessus, même si ça me met mal à l'aise, ça me laisse surtout perplexe.
Pourquoi tout résoudre par les cris et la colère? C'est plus simple car plus primitif donc le cerveau gère mieux ce comportement, enfin j'imagine que c'est pour une raison du genre. Mais ça ne fait clairement pas avancer notre histoire.
Je regarde vers Lilly un instant.

- La gravité des problèmes, c'est assez subjectif comme truc, suivant l'histoire de chacun. Il faut pas commencer à se diviser pour une histoire de priorité. Enfin… j'pense… surtout quand les deux priorités ont finalement le même problème…

Au final, pour tous les problèmes relevés, il n'y a qu'une seule et même priorité, la sécurité. Chacun a le droit d'avoir plus peur d'une chose ou d'une autre. C'est un peu enfantin encore une fois comme parole de ma part. Peut-être un peu léger, mais tout le monde ici sait que j'essaie de voir le bien partout et surtout l'égalité. J'ai parfois un côté un peu gamine capricieuse quand je m'y mets, mais la plupart du temps je pense aux autres essentiellement quand ça concerne les problèmes.

Car tes problèmes à toi tu n'as pas à t'en soucier. Ils sont gérés avant même que tu comprennes que tu en as. Tu n'as pas à avoir peur de la vie car je suis là pour toi.

Oui Lilly, tu es là pour moi et tu n'es pas la seule. Les gens s'occupent bien de moi, alors c'est la moindre des choses que de leur rendre la monnaie de leurs pièces en essayant d'aider les autres du mieux que je peux.

Charlie reprend la parole, ce qui semble apaiser plus ou moins la situation, enfin tout ça a surtout jeté un froid, rien n'indique que les paroles suivantes ne seront pas encore des cris.
Emily évoque ce qu'elle fait pour la sécurité de toutes et c'est vrai que niveau entrainement, pas tout le monde est vraiment assidu à ce genre d'entrainement. Et je suis bien placée pour le savoir, je suis à toutes les sessions je crois et je peux dire le nombre de fois exact où j'ai vu chaque tête depuis qu'Emily genre ça.
Bon, le fait de participer à toutes les sessions, ça n'a pas fait de moi une grande combattante pour autant, mais je pense que si mes qualités de fuites sont si performantes, c'est en partie grâce à ces entraînements où j'ai appris à éviter et me libérer d'un grand nombre de coups et de prises.
Et c'est pas tous les jours que j'ai le droit de toucher à une arme chargée, mais en tout cas, je sais démonter et remonter n'importe quelle arme les yeux fermés. Ça ne sert à rien… voler la ceinture de quelqu'un sans qu'il s'en aperçoive non plus certains pensent ça ne sert à rien, mais ça devient fortement utile quand la personne s'en rend compte et se met à vous courir après, mais trébuche sur son pantalon qui lui tombe sur les genoux… Oui bon, je m'égare là.

- J'ai pas toujours conscience du danger qui plane dans le quartier… vous me préservez beaucoup. Mais j'veux pas que tout le monde se dispute à cause de la peur, à cause des autres. Y'a toujours tout un tas d'info qui court dans mon cerveau sans que je comprenne pourquoi, si la moindre de ses infos peut aider n'importe qui ici, je veux pouvoir le faire.

Traduction, je veux participer plus souvent. D'accord, je le faisais déjà plus ou moins, avec ou sans le consentement des têtes pensantes du groupe. Mais je veux pouvoir aider pour tout. Pas juste pour suivre un flic pour savoir s'il est sympa ou non. Je sais que je peux apporter plus.
J'ai l'impression que je me répète, que je ne fais pas non plus avancer grand-chose, mais je participe comme je peux, suivant le courage qui me vient ou non pour dire les choses.
J'aime pas voir les gens en colère, alors j'ai envie d'aider tout le monde, comme si ça pouvait être suffisant pour qu'ils soient moins en colère.

Quand Emily parle de volontaires pour les rondes, je ne peux pas m'empêcher de lever un des p'tits bras de Lilly avec un léger sourire. Je n'ai pas besoin de faire ça, je suis déjà plus ou moins compté dans ceux qui font des rondes. Je passe mon temps dehors à vadrouiller partout pour faire des tours de magies et mon cerveau en profite pour toujours analyser tout ce qui se passe autour de moi comme une si une caméra de surveillance étais implanté dans ma cervelle.

- Emily, j'crois que je peux trouver des volontaires pour la surveillance et peut-être même pour la sécurité, mais faut encore que j'bosse là-dessus pour être sûr.

Quand on traine beaucoup, on voit parfois des têtes récurrentes dans la rue. Des gens qui aident déjà la cause des BB et d'autres non. En leur montrant qu'ils peuvent être importants pour la cause, ils pourront peut-être être bien utile. Rien d'officiel, ils n'auront même pas à savoir à quoi servent les infos qu'ils disent, outre le fait que c'est pour aider le quartier à être sûr et avec le temps et mes sorties qui s'augmentent, je remarque qu'il n'y a pas que dans le quartier qu'il y a des gens prêts à me protéger, j'me dis que je peux en profiter pour rendre le quartier encore plus sûr même de l'autre côté des frontières de ce territoire.

:copyright:️ 2981 12289 0 & The Royal Jester

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Est-ce que j’aurai dû commencer par me servir un truc à boire avant de m’installer ? Ouais, ça aurait pu être judicieux. Ce serait mal vu à quel point que je sorte mon paquet de clopes pour m’en allumer une, ici, au milieu du Carnival ? Je sais bien que la réunion fait que commencer, mais je sens déjà que mes nerfs sont plus que titillés, et qu’un truc pour les calmer, ce serait quand même hyper bien. Charlie pose vite les bases, et les frangines prennent la parole, les unes après les autres. Sans surprise, le meurtre récent de Candice arrive vite sur le tapis, et avec lui, cette amer sentiment de culpabilité. Je sais que j’y suis pour rien, que j’ai pas pointé la Blackened Beauty du doigt en disant à cet enfoiré de Gallagher et ses sbires à la con de s’en prendre à elle, mais j’ai quand même la rage au ventre, et cette impression détestable de pas avoir fait assez…tout en sachant pas vraiment ce que j’aurai pu faire de plus. J’ai essayé d’aider Luke comme je le pouvais, mais dire que je suis pas bien efficace est encore loin de la réalité.

Je pose mon regard sur chacune des sœurs présentes au Carnival, en me demandant combien d’entre elles savent quelque chose, même un infime petit truc, qui pourrait faire avancer l’enquête du policier. Je dis pas qu’elles font exprès de retenir des informations, mais parfois, on se rend pas compte de savoir quelque chose, jusqu’à ce que quelqu’un nous aide à mettre précisément le doigt sur cette chose en question. Et dans notre cas, ce quelqu’un, c’est Luke. Avec son expérience, et ses aptitudes de flic, il pourrait sans doute réussir à tirer des infos qu’on a pas encore, et qui seraient susceptibles de faire avancer l’enquête. Sauf que…il suffit d’entendre les frangines s’exprimer pour comprendre que cette collaboration est loin d’être gagnée, et que Luke est considéré comme un paria ici, comme le gars qui a pas sa place, qui a rien à foutre dans le quartier…alors qu’il veut juste nous aider, putain. J’ai les poings qui se serrent de colère, mais fait exceptionnel, j’arrive à garder les lèvres closes. J’ai eu mon tour pour parler, la parole est passée à une autre, et je respecte ça. Ruminer dans mon coin, je fais ça depuis des années, je suis plus à quelques minutes près.

Alors, avec une attention toute particulière, j’écoute chacune s’exprimer. Lilith et son scepticisme quant à l’efficacité potentielle et l’aboutissement du boulot de Luke. Emily de nouveau, et son idée d’aller échanger deux trois mots avec le policier, pour surveiller l’enquête de près, comme elle dit. C’était déjà plus ou moins ce que je faisais, mais si ça peut la persuader que Luke est un gentil, et vraiment décidé à nous aider, je vais pas l’empêcher de faire quoi que ce soit. De toutes façons, faudrait être un peu maso pour essayer d’empêcher Emily de faire ce qu’elle a en tête. Par contre, je râle ouvertement quand elle parle de prendre une petite escouade pour aller péter les dents de Gallagher. Sérieusement ? Elle veut être la prochaine sur la liste ? Ou l’une des trois ou quatre qu’elle veut emmener avec elle ? Love arrive à cet instant, et s’installe à son tour pour rebondir sur l’idée d’Emily. Coller Luke…être la police de la police. Je soupire légèrement, mais une fois encore, je réussis à fermer ma tronche. Ouais, je mériterais une image pour bonne conduite. Comme déjà pensé, si ça peut aider la sororité qu’une autre Blackened suive les faits et gestes du flic de près…je vais même pas tenter de m’interposer. Les intérêts de l’association, et la vie des sœurs est plus importante que tout le reste. Finalement c’est Skye, l’adorable petite pickpocket qui a voulu me tirer mon stéthoscope des années en arrière, qui prend part à la réunion la moins joyeuse à laquelle j’ai pu assister. Putain, ils sont passés où, ces dix-huit ans, à la ninja ? Elle suggère de confier à Lilly la tâche de suivre Luke, et…ouais, possible que ça m’arrache un sourire. Je donnerais bien quelques dollars pour voir une interaction Luke/Skye/Lilly, vu les différences de caractère impressionnantes entre eux. Mac reprend la parole, et…tout part en sucette. Sans que j’ai rien vu venir…comme d’autres frangines, j’imagine.

Je raccroche les wagons quand la porte claque une seconde fois, et que la voix de Charlie ramène tout le beau monde resté au Carnival au calme. Bordel, il vient de se passer quoi ? Enfin, je suis pas totalement débile, j’ai bien capté que Satine et Love viennent de se barrer, furax comme jamais. J’ai un regard vers Mac, qui a parlé juste avant que les Blackened réagissent à ses propos, et je retiens pas une grimace. Un whisky ou une clope, c’est toujours pas une option ? J’ai un soupir qui passe inaperçu, alors que je me tourne vers notre présidente, qui s’exprime à son tour, non sans que je me renfrogne encore un peu. Elle utilise pleins de jolis mots, mais la conclusion reste la même : ça craint, et même si Gallagher et ses connards ont ralenti le rythme, les frangines qui passent entre leurs mains connaissent toutes un triste sort. Ca sera satisfaisant que quand la dernière de ses enflures sera à son tour derrière les barreaux, et qu’on aura plus besoin de se demander quelle sera la prochaine Blackened qui y laissera sa peau. J’ai quand même un léger hochement de tête qui trahit mes pensées quand Charlie nous annonce que les crimes majeurs récupèrent le dossier de la soirée de la Saint Valentin foireuse dont la conclusion aurait pu être encore plus dramatique que celle qu’elle a déjà connue. J’étais à l’hôpital le soir-là, et je me souviens encore de l’agitation qui a régné aux urgences, de la peur quand j’ai vu débarquer tous ces visages connus. Alors ouais…ce serait bien de savoir qui est l’enfoiré qui a pu commettre un tel acte…et en même temps, je sais aussi, non sans en ressentir une certaine frustration, qu’on est pas prêtes d’avoir des réponses.

Diffuser le portrait de Gallagher ? Bah ouais, c’est une putain de bonne idée, ça ! Et pourquoi ça a pas été fait plus tôt ? J’approuve la proposition d’Emily, reprenant la parole pour la première fois depuis longtemps : “-Diffuser leurs tronches, ça peut être un bon début. Je peux demander à Luke si c’est jouable. Tu peux même venir avec moi, si tu préfères.” que je dis en m’adressant directement à la cheffe de notre sécurité, avant de reprendre : “-On pourrait aussi mettre des affiches de leurs visages dans les vitrines de nos boutiques, magasins, bars et autres. Voir qu’ils ont été repérés les fera peut-être réfléchir à deux fois avant d’agir, ou même de continuer à traîner dans notre quartier…mais faudra peut-être demander à Alicia si légalement parlant c’est autorisé de faire ça, pas qu’on nous reproche ensuite nos actions, que ça joue contre nous d’une façon ou d’une autre, et que ça donne encore plus de marge de manoeuvre à ce Gallagher à la con.” que je propose, sans trop savoir si c’est viable. Perso, si je vois ma tronche en vitrine, avec un petit texte qui explique que je suis une enfoirée qui tabasse et tue des Blackened Beauty, j’évite de rester dans le coin. Mais bon…ce connard voit peut-être les choses différemment.

Em enchaîne déjà sur le fait qu’on a des entraînements à dispo, si on veut apprendre à se défendre. Je retiens pas une grimace, parce que dans les faits, même si je suis tout à fait d’accord avec l’idée que savoir se défendre c’est primordial, je crains peut-être un peu les dérives qui peuvent avoir lieu quand on fout un flingue ou un couteau entre les mains d’une personne. La peur est un très mauvais facteur, qui a tendance à fausser pas mal les réactions des gens. Je préférerais éviter de recevoir dans mon petit cabinet médical une frangine blessée par une autre qui aurait eu un coup de panique, et une arme potentiellement mortelle entre les mains.

De mon côté, j’aurai adoré apprendre à me défendre. Si, pour de vrai. Dans mes périodes les plus sombres, où j’avais fait de l’auto-sabotage mon mode de vie principal, j’ai eu quelques échanges houleux avec des mecs venus foutre leur merde dans notre quartier, des altercations qui se sont soldées par des coups de cran d’arrêt au petit bonheur la chance pour eux, et quelques bleus et coupures pour moi. Emily le sait, elle m’a déjà engueulée une paire de fois à ce sujet. Mais ouais, tout ça pour dire que savoir me défendre convenablement, vu mes aptitudes à chercher la merde -et la trouver-, ça aurait pas été du luxe. Mais que ce soit pour ça, pour ces tours de garde ou même cette aide dont les filles à la sécurité semblent avoir besoin, je vais devoir passer mon tour. Pas que je trouve pas ça important, bien au contraire, mais je manque de temps, ces derniers mois, pour ça. Peut-être plus tard, quand j’aurais réussi à trouver mon rythme entre l’hôpital, le dispensaire, mon cabinet et les miettes de ma vie privée. Je me fais brièvement l’impression de me chercher des excuses, mais à moins de réussir à obtenir d’Emily que je puisse participer aux sessions d'entraînements sur mes jours de repos, y’aura pas de miracles. Mes journées font que 24 heures, et je suis la première à en être agacée.

Comme beaucoup des sœurs, ma tête se tourne vers Skye quand elle prend de nouveau la parole, alors qu’inconsciemment, je me penche en avant, comme pour mieux l’écouter. J’aime bien sa tête bien remplie, et le fait qu’on sache jamais trop à l’avance la tournure que peut prendre une rencontre avec elle. Pour le coup, je peux pas retenir un léger froncement de sourcils, alors que par réflexe je regarde Em, comme si elle savait où veut en venir sa frangine. “-Et…tu comptes les trouver où ces personnes, Ninja ? Ou les recruter comment ?” Parce que ouais, ça m’intrigue. Si le sujet de conversation était pas si grave et la tronche des autres Blackened aussi grave, j'aurais pu lui demander si elle comptait lancer une ou deux incantations pour convaincre les filles d’aider Emily à la sécurité du quartier. En vrai, je veux surtout m'assurer qu'elle va pas se mettre dans des ennuis pas possibles, même si je sais qu'Emily veille à tenir éloignée Skye des problèmes.

Je sais pas ce qu’on pourrait vraiment faire pour arrêter Gallagher. Il a l’air bulletproof ce type, comme s’il connaissait tous les trucs et astuces pour pas se faire gauler après ses crimes. J’imagine qu’être flic et connaître toute la mécanique d’une enquête aide bien. J’espère vraiment que l’idée de Charlie de faire circuler les portraits de lui et ses petits chiens pourra aider, et augmenter la vigilance des filles. Renforcer nos barrages aurait pu être une bonne idée, j’imagine, mais avec le manque de personnel que vient d’évoquer Emily, ça me semble plutôt compromis. L’idée d’instaurer un couvre feu pourrait être tout aussi bancale. Van Nuy est un quartier qui vit et vibre la nuit, alors autant dire que ce serait voué à l’échec. Et puis…ça risquerait de durer des mois, et des mois, sans la moindre certitude d’efficacité. Et proposer aux frangines d’éviter de se balader seule ou de prévenir je sais pas qui, quand elles s’isolent avec un client dans un lieu peu habituel, ça sonne légèrement comme une atteinte à leur liberté, et notre liberté, on y tient quand même sacrément. Plus qu’à nos vies ? Pas à ce point, mais elle est sacrée. J’ai pas de solution miracle…pas de solution tout court, plutôt, rien à proposer pour essayer de mettre fin au massacre. Peut-être que j’ai fini par confier tous mes espoirs à Luke sans même m’en apercevoir, mais c’est pas pour autant que je vais rajouter une couche sur le fait que le flic soit impliqué dans cette affaire, et désireux de foutre son collègue derrière les barreaux, j’ai déjà donné mon point de vue sur le sujet, et assez longuement je pense. Pas la peine de me répéter. Je suis sûre que le faire pourrait même rebiffer certaines des filles.

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Seek what sets your soul on fire.

☽ Some days I am goddess. Some days I am wild child. Some days I am a fragile mess. Most days, I am a bit of all three. But every day, I am here, trying.

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Non mais en fait, elle se fout de moi elle ? Qui fait son offusquée en crachant son putain de venin sans réfléchir ou même entendre ce que j’ai dit ? Et surtout comment cette garce peut me sortir ce genre de saloperies sans ciller ? « Mais j’ai pas dit ça putain ! Tu crois vraiment que je pense qu’à ma gueule ? Que j’pourrais sortir ce genre de phrases ? Ou que je penserais seulement un truc du genre ? Putain, Satine, tu déconnes j’espère ? » J’ai pas le temps de me relever qu’elle continue et s’emporte toute seule. Je me mords la lèvre pour éviter de l’envoyer chier pour de bon, mais bordel, elle m’aide pas. Je l’aime bien Satine, elle est forte, maligne, elle sait que je me bats autant qu’elle pour que tout le monde soit en sécurité, pour que la prostitution soit plus un crime et j’en passe ! Enfin, elle devrait le savoir. Et c’est sans doute ça qui fait le plus mal. Je sais qu’elle va sans doute réfléchir et redescendre de quelques étages, un jour, mais vache, pour le coup, c’est une sacré connasse ! « Vous voulez retourner au bain de sang et aux vengeances ? Qui nous ont absolument rien apportés de plus, si ce n’est plus de mortes et de disparues, plus de violences et de haines de la part des autres ? » Je la dévisage en secouant la tête. « Emily va faire quoi ? Aller buter des flics, se faire descendre un jour en retour et on se fera atomiser la gueule par tout le monde !... Sans vouloir te vexer Emily. »

Une seconde de plus et Satine est déjà partie, Love surenchérissant derrière elle. « Non mais vraiment ? Trésor, tu veux ma place, je te la laisse ! » Et faut bien que quelqu’un prenne le relai et s’occupe du reste, quand la présidente le fait pas. Putain, elles ont réussi à me gaver encore plus que je l’étais déjà ! Et je me fige à nouveau, quand elle reprend dans la lignée de Satine. Sauf que Satine, je lui ai déjà parlé, elle me connait comme je la connais. « J’ai JAMAIS dit qu’on devait pas en parler merde à la fin ! Je parlais du flic, pas des dangers ou de… Si tu crois qu’on arrête de penser aux autres filles ou qu’on arrête d’avoir peur, pour soi ou sa famille, juste parce qu’on fait pas le même boulot, t’as de la sacré merde dans les yeux ! Et si tu réfléchis comme ça, c’est pas moi qui faut taxer d’égoïste ! Et j’essaie au moins de faire quelque chose, moi, tu peux en dire autant ? » Je secoue la tête, faisant un large geste des bras, alors que la colère me fait trembler. « Ça n’a jamais marché la violence ! Il y a eu que des morts au bout ! Pourquoi ça marcherait maintenant ?! Faut essayer quelque chose d’autre putain ! » Elle se barre dès qu’un truc lui plait pas elle aussi ? Mais elles ont quel âge dit de merde ? Fait chier, qu’elles aillent se faire foutre ! Je croise le regard de Sol, et je lui rends sa grimace, quelque peu excédée. Pas par elle qu’on soit d’accord.

… Je me fous de ce qu’elles pensent de moi, au moins un peu, mais j’ai pas envie qu’elles fassent des conneries à cause de ça. J’hésite à les rattraper, j’ai carrément pas envie en vrai de les laisser dans cet état. Mais Charlie m’intercepte. Je pose mon regard sur elle, et très franchement, j’ai juste envie de l’envoyer chier. Qu’on me reproche de me prendre pour la présidente, parce que je fais effectivement tout le taf à sa place, pendant qu’elle va lécher le cul des Prayers, ouais, ça me fout aussi un peu en rogne. ça fait des mois – des putains de mois – que je me rends à toutes les réunions ou occasions de faire parler de nous, et que je continue d’essayer de faire avancer les choses pour l’association, pour nous, alors que je devrais juste prendre des putains de notes pour taper des comptes-rendus. Et j’aime ça, c’est pas le souci. Mais bordel, ces connasses me le reprochent quoi ! Et Charlie s’en sort avec les honneurs.

Je dégage mon bras d’un geste un peu trop vif, bougeant pour aller me poser à l’écart, quelque peu sur les nerfs. Je l’écoute malgré tout, parce que je vais pas me comporter comme une gamine moi aussi. Les mâchoires serrées, je l’écoute en silence, lui jetant un coup d’œil méfiant alors qu’elle commence à s’excuser. Je retiens un soupir et finis par me mordiller l’intérieur des joues. On verra si ça s’arrange à l’avenir. Et si elle est malade, elle peut en parler, elle le sait non ? Pas forcément à moi, mais des gens sur qui elle peut compter… Bref !

« Des militaires enquêtent aussi de leur côté. » Pour l’incendie de la Saint Valentin. Et les filles doivent bien savoir de quels militaires je parle. « C’est pas officiel, je sais, mais ils connaissent du monde des deux côtés, alors ça pourrait aider. Je dirai à Alicia de les contacter si besoin. »

Je soupire pour de bon et reprends la parole en hochant la tête aux paroles d’Emily et Sol. « Oui Luke a toutes les photos et si on lui demande, y a moyen qu’il nous les passe je pense. Sinon je peux faire les portraits de ceux qui manquent au besoin. Je sais pas si les afficher serait une bonne idée, ça risque de mettre les commerçants en porte-à-faux, connards ou pas, ça reste des flics. Je veux pas qu’ils s’en prennent à de nouvelles cibles juste par dépit. » Et non, j’ai pas dit pour autant que j’avais envie qu’ils continuent de s’en prendre à ma famille… Quant à la sécurité, vu que c’est le cœur du problème, je fais un tour des filles présentes, avant de revenir à nouveau vers la responsable de la sécurité, avec plus d’hésitation. « Les armes c’est pas vraiment mon truc. Et je dois pas être la seule… Ptet voir pour accès plus sur la défense à mains nues ? Et s’il faut d’autres entraîneurs, Kenan pourrait aider aussi. Oui, c’est un mec, oui, c’est un militaire. Mais c’est un môme de Downfall avant tout et aucune d’entre vous n’a jamais eu à se plaindre de lui. Si t’as besoin, je sais qu’il aidera volontiers. Il se débrouille bien comme prof. » Et pour le coup, je suis plutôt sérieuse, ça n’a rien à voir avec le fait que ce soit mon mec.

Un sourire à l’intention de Skye quand elle propose de nouveau son aide. « Je devrais pouvoir me libérer aussi si je m’organise. » Je me tourne vers Charlie. « On pourrait inclure un genre de… formation pseudo-obligatoire de self-défense pour les adhérentes. On peut réfléchir aussi pour mettre en place un tableau mensuel, avec les disponibilités de toutes les volontaires, pour prévoir au mieux les rondes… » Je grimace. « On peut ptet recruter les gamins. J’veux dire pour surveiller, l’air de rien. Je sais que quand j’étais gamine, personne faisait attention à moi, mais je voyais beaucoup de trucs. Tant que ça les mets pas en danger, vu qu’ils trainent partout, ça ferait un réseau de mini-espions. » Bon, d’accord, je le dis à moitié en déconnant, mais… C’est pas si con comme idée.

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We must stay strong

Les Blackened Beauties

Les propositions, les remarques qui s’enchainent, comme celle de Skye d’utiliser Lilly pour suivre le flic. Ça, ça me tire un petit sourire. Mais après ça, c’est plutôt une légère grimace qui vient orner mon visage. Quelques phrases prononcées, et s’est monté dans les tours. Les paroles d’Eliott ont du sens, pour moi. L’appel aux armes de Satine… compréhensible… je crois, dans un sens, même si ce n’est pas réellement un truc vers lequel j’ai envie de me tourner. Nous défendre ouais… Attaquer les premières et se mettre en porte à faux avec ce a qui put être fait auparavant, je le sens moins bien, beaucoup moins bien. Satine et Love sont sorties… L’ambiance reste tendu, un peu comme si une phrase plus haute que l’autre allait remettre le feu aux poudres. Charlie reprend la parole, tente de calmer un peu le jeu… Je ne suis pas certaine que ça marche des masses mais au moins la conversation reprend d’une manière moins… virulente qu’avant. Déjà ça je pense.

Je refais ce que je fais de mieux de manière générale, écouter ce qu’il se dit. Un regard sur Charlie qui dérive ensuite sur Emily. Diffuser leurs têtes… Ça peut effectivement être un début intéressant. Quelque chose qui permettrait de faire ouvrir davantage les yeux. Sol rebondit de suite dessus, suivit d’Eliott. Je prends quelques instants avant de reprendre la parole à mon tour.

- Si les afficher de manière trop visible s’avère trop… risqué, on peut, peut-être les diffuser autrement. Là, j’avoue que pour le coup je pense surtout à des bâtiments comme le Carnival ou le Naughty… Dans ceux-là, on peut afficher dans les zones réservées au personnel. Ça ne couvre pas tout le monde, je l’accorde mais c’est un premier pas, et ça évite de mettre les commerçants du quartier dans une situation instable... Pour diffuser aux autres…

Je passe une main dans mes cheveux en réfléchissant quelques instants.

- C’est… peut être excessivement bateau mais… Si on part toujours du principe qu’au final on ne peut pas faire une diffusion trop voyante, via les vitrines… Il reste le système du tract qu’on dépose « sous la porte » ou qu’on remet directement en main propre aux habitants du quartier… Ok j’accorde que ça va être sacrément long et mais… si on ne peut pas faire un affichage a vu, ça reste une option pour qu’un maximum de personnes obtienne l’information. Ça veut dire par contre de pouvoir les reproduire en grande quantité et d’organiser un « système de distribution »… On a les moyens pour ça ?

Mon regard se pose notamment sur Eliott et Charlie a ses mots, avant de passer rapidement sur les autres filles présentes, s’arrêtant sur Emily lorsqu’elle aborde les entrainements proposés et le besoin de volontaires. Par réflexe, une nouvelle fois, je passe la main dans les cheveux.

- En soit, j’ai déjà filé un coup de main par le passé pour la défense du quartier donc… Je suppose que tu te doutes de ce que je vais dire Emily mais si y a besoin, vous pouvez m’appeler. Si ça passe avec mes horaires au bar je répondrais évidemment présente… Et si y a vraiment urgence de ton côté, je négocierais.

J’esquisse un sourire à son encontre avant d’avoir un léger temps d’arrêt après la dernière remarque d’Eliott sur l’utilisation des gamins du quartier.

- En soit, c’est effectivement loin d’être déconnant… Faudrait juste les… briffer un peu sur deux ou trois trucs pour limiter les risques. Eventuellement leur donner quelques règles comme la « règle du copain », en gros jamais tout seul quand ils font ça… Et leur donner quelques adultes de références à qui faire passer les infos.

Utiliser les enfants ne faisait peut être pas parti des méthodes les plus orthodoxes au monde mais ça pouvait avoir on efficacité. Et puis, fallait être honnête sur une chose… Vu là où on était, même les gosses avaient bien conscience de ce qu’il se passait…

Codage par Libella sur Graphiorum

We must stay strong

Il était, pour toutes, insupportable de se sentir en insécurité dans leur quartier. Le meurtre de Candice n’était qu’une horreur parmi toutes celles que les Blackened Beauty subissaient et subiraient encore si elles ne faisaient rien.
Charlie réalisait que, ces derniers mois, elle avait pris beaucoup plus de distance avec la réalité qu’elle ne l’aurait cru. Comment avait-elle pu être aussi… égoïste ? Son monde s’était brutalement rétréci lorsque le médecin lui avait confirmé le diagnostic. Son champ de vision s’était alors réduit, son corps étant infiltré d’un malaise. Elle voyait à présent la portée métaphorique actuelle de cette sensation passée : elle n’avait rien vu de la détresse de ses Sœurs, trop accaparée à gérer la douleur qui s’était logée dans sa psyché et sa chair. Et maintenant que son champ de vision se réélargissait, elle voyait les siennes se diviser, se déchirer. L’envie de profiter de cet instant de chaos pour entamer une petite séance de flagellation mentale était séduisante. Et par son silence, Charlie laissa Satine et Lovelyn prononcer des mots d’une grande dureté, notamment contre Eliott. Cependant, la Présidente prenait aussi ces reproches pour elle, indirectement. Et elle les prenait à cœur, non pas en s’en indignant, mais en en acceptant l’irrespect comme l’ultime manière d’exprimer une forme de souffrance face à un abandon ressenti. La métisse se sentit profondément coupable vis-à-vis de Satine et Lovelyn, mais aussi de sa secrétaire. Elle s’engagea à demander pardon à Hansen pour sa disparition de la scène publique depuis plusieurs mois. Car, de ce fait, Eliott avait eu à gérer une masse de travail importante, et elle avait supporté cette charge avec brio. Charlie ajouterait à ses excuses de vifs remerciements, et autant d’explications qu’il serait nécessaire.

Quand la Présidente reprit la parole, elle tint à rappeler que la présence de l’inspecteur des Crimes Majeurs à Van Nyus avait été validée par Alicia et elle. Holloway n’agissait que dans les limites définies par les deux Blackened Beauty, et il lui semblait que le policier n’y ait jamais dérogé. Toutefois, si Emily souhaitait le rencontrer pour se faire sa propre opinion sur l’homme, Charlie ferait en sorte que cette entrevue se fasse.
Rappeler ensuite que Gallagher et les siens avaient réduit la fréquence de leurs exactions depuis qu’un regard judiciaire les cherchait ne convainc pas ses Sœurs. Et elles avaient raison : même en passant de neuf à cinq meurtres en deux ans et demi, c’était cinq de trop.
Les moyens des Crimes Majeurs et du tribunal étant trop limités pour les aider dans l’immédiat, Charlie interpella l’armurière afin de savoir comment elles pouvaient repenser l’organisation de la sécurité pour éviter la prochaine agression. La Présidente suggéra seulement de diffuser les portraits des hommes, afin que, repérés, ils ne puissent plus agir incognito.

Ses Sœurs méritaient des excuses quant à son absence et de fait, son incapacité à avoir géré cette crise avant aujourd’hui. Charlie ne s’étendit pas, gênée de dévoiler ainsi sa faiblesse passée en leur annonçant avoir été malade. Néanmoins, elle espérait ainsi leur faire comprendre qu’elle allait changer de posture et assumer son rôle. Et cela, passerait par sa présence auprès des acteurs capables de faire évoluer favorablement la situation. Elle accompagnerait Alicia lors de ses rencontres avec l’inspecteur et le procureur adjoint. Elle irait à la Mairie demander à la Conseillère que cette dernière agisse pour faire arrêter les hommes qui jouissaient de leur insigne.

Le calme était revenu au Carnival of Sins. Pourtant, aucune d’entre elles n’était sereine. Emily - qui s’était remise en retrait – répondit aux questions de la métisse. Les portraits de Gallagher et de deux des siens circulaient déjà dans le quartier, ce qui voulaient dire que les autres pouvaient encore profiter d’un certain anonymat. Bates suggéra de récupérer les portraits manquants au flic. Solveig reprit la parole après s’être enfermée dans un silence poli qui en disait néanmoins long sur l’épaisseur de ses pensées. La jeune femme se proposa de médiatiser en quelque sorte la rencontre entre Emily et Luke ; rencontre durant laquelle les Blackened pourraient récupérer les portraits de tous les suspects auprès de l’inspecteur. Ces portraits, De Souza proposa de les afficher, à la vue de tous. L’idée était de faciliter leur repérage par les habitants du quartier, mais aussi de dissuader Gallagher et les siens de sévir dans un territoire où ils seraient connus comme le loup blanc. La proposition était intéressante, mais sa faisabilité devait être soumise à la loi. De plus, une telle action risquait d’entraîner des effets qu’elles ne maitriseraient peut-être pas, et qui seraient peut-être pires. Et c’était bien ce qu’Eliott craignait. La secrétaire s’était éloignée, transie de colère. Elle était néanmoins parvenue à rapidement retrouver un semblant de calme qui lui permit d’échanger à nouveau avec ses Sœurs. Eliott redoutait que les commerçants qui afficheraient les portraits rencontrent des ennuis avec Gallagher et ses chiens. Lilith proposa alors une alternative : diffuser les portraits dans certains réseaux, et notamment auprès des personnels des lieux de consommation et de divertissement. Des tracts pourraient aussi être distribués, à même les boites aux lettres, afin d’avertir les habitants de la malfaisance de ces hommes. « Si l’inspecteur peut nous communiquer les portraits sans que cela n’entrave la procédure, je pense en effet que ce serait plus que pertinent de les diffuser auprès des professionnelles au contact des clients dans les bars et autres lieux de consommation. Elles pourraient ainsi les repérer et signaler leur présence à l’équipe de sécurité qui pourrait intervenir pour leur demander de quitter les lieux et le quartier. » Charlie coula un regard en direction d’Emily, afin de connaître son assentiment. « Si on ne peut récupérer les portraits photos, je pense que nous devons quand même avoir une idée de leur visage, peut-être grâce à tes talents de dessinatrice Eliott. Il faut que leurs visages soient connus par toutes celles qui sont amenées à servir un verre ou vendre leur présence à des clients. Et imprimer, même en grande quantité, ne sera pas un problème, du moins financièrement. »

Emily revint ensuite sur le travail de l’équipe de sécurité qui, en plus de ses missions de surveillance, proposait des séances de self-defense, de tir et de maniement d’arme blanche. Elle pointa le manque d’assiduité de nombre de ses Sœurs à ces cours. Elles négligeaient ainsi leur capacité à se défendre par elle-même. Certainement à l’instar de nombre des Blackened Beauty, Eliott nomma son appréhension à l’idée de manier une arme. Peu était capable de supporter le poids d’une arme dans le creux de sa main. Cependant, la secrétaire voulait apporter un soutien à l’effort porté par Emily d’apprendre aux filles à se battre et proposa le concours de Kenan. Se justifiant par avance des reproches qu’on pourrait adresser à son compagnon, Eliott rappela qu’il avait, par sa carrière militaire, les compétences requises pour entraîner les Blackened Beauty. Puis, elle poussa cette idée d’entraînement encore plus loin en énonçant la possibilité de mettre en place une formation « pseudo-obligatoire » de self-defense pour toutes les adhérentes. « Oui, on peut rappeler à toutes l’importance de savoir se défendre. Car hélas, le monde dans lequel nous vivons rend cela indispensable… Quant aux potentiels renforts pouvant grossir les rangs de l’équipe de sécurité, je laisse Emily se charger des conditions de recrutement. » Charlie ne s’opposait pas à ce que des hommes leur prêtent main forte en ce temps de crise. Mais elle voulait que l’idée soit unanimement acceptée, et en premier lieu, par Emily qui aurait alors à les superviser.

Enfin, la cheffe de la sécurité admit manquer de moyens pour assurer les rondes de surveillance du quartier, et appela au volontariat. Skye rebondit en évoquant son sentiment de sécurité à Van Nyus, parce que ses Sœurs la préservaient. Elle estimait alors qu’elle devait participer à l’effort, et nomma « un tas d’infos » dans son cerveau qu’elle aimerait rendre utiles. Charlie plissa légèrement les yeux, se demandant si la jeune Blackened n’avait pas vu des choses. En tout cas, Skye s’engagea à trouver des volontaires pour la surveillance, voire la sécurité. Mais qui souleva Solveig ? Ce sur quoi, Eliott aborda l’option de recruter des gamins pour surveiller le quartier. A son tour, Lilith rappela son engagement auprès de l’équipe de sécurité et reprit l’idée d’Eliott d’embaucher les enfants pour être les yeux qui leur manquaient. Bien évidemment, il faudrait les cadrer, et les règles proposées par la barmaid semblaient essentielles.
L’idée de mettre Skye à la tête d’un réseau de « mini-espions » était intéressante, car personne ne suspecterait de telles bouilles opérer une mission de surveillance. Toutefois, impliquer des enfants inquiétait Charlie, au même titre qu’elle craignait d’impliquer des commerçants dans l’opération de diffusion des portraits. « Je ne sais pas. Comme vous l’avez souligné, j’ai peur qu’en les impliquant, on les mette en danger, en devenant des cibles pour Gallagher et ses hommes s’ils comprennent… »

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