[TERMINE] Dancing the night away x Lennox

Je ne sais pas ce que je fous là. Genre…littéralement. J’observe les gens entrer dans la boîte de nuit, tout sourire, sans doute pressés de flirter, de s’enivrer, de sniffer un peu de poudre blanche, ou accessoirement, de profiter de la musique et danser. Les gens ont l’air de bonne humeur, feinte ou pas, je l’ignore, et ils me donnent envie de les baffer, d’en prendre un, pour taper sur l’autre. Décembre a une saveur particulière depuis quelques années, et j’ai tendance à vriller Dark Bambi à cette période de l’année. Enfin...encore pire que d’habitude, je veux dire, et je conseille à personne d’être dans les parages dans ces moments-là. Je soupire longuement, je crois que je serais plus jouasse si on me demandait de me couper deux doigts, et porte par automatisme un regard sur le rétroviseur intérieur, qui me renvoie le reflet d’une nana blasée, désabusée, au maquillage impeccable, et au regard vide, froid, triste. Ce même visage que j’affronte au quotidien. J’ai envie de rentrer, de virer fringues, pompes, make-up, mais je sais aussi que j’ai besoin de voir autre chose que le loft pour pas vriller, et que c’est sans doute ce qui m’a motivé, quelques heures plus tôt, à faire tout ça.

Sur fond musical si fort qu’il a fait fuir M’sieur Pantoufles au rez-de chaussée du loft, le chat détestant toujours quand je m’improvise DJ, j’ai pris un long moment pour me préparer, onduler délicatement mes cheveux, maquiller discrètement mes yeux, avant de choisir l’une des innombrables tenues de ma garde-robe. Est-ce que ma chambre a eu droit à un show privé ? Définitivement, oui. En revanche, vu l’état de mon lit avant que je me décide à tout ranger, je crois qu’elle n’a pas trop apprécié. Vêtue d’une robe de soirée , des petites bottines aux pieds, je prends le temps de traîner dans le loft, sirotant un verre de vin blanc, puis un second, en déambulant sans autre but que de tuer le temps. Je suis dans ce drôle d’entre-deux, où j’ai besoin d’être seule...et où la solitude me pèse dès lors que je n’ai personne à qui parler. C’est...frustrant. Et je me suis rendue compte que c’est d’autant plus frustrant que quand je suis avec quelqu’un que j’apprécie, j’ai tendance à me montrer agressive, mordante à souhait, à la limite de l’insupportable, et je ne veux infliger ça à aucune des personnes que j’apprécie. Voilà pourquoi je fuis le Naughty Night et Charlie, Mac, mes sœurs, Samael, et même Eugen. Et voilà comment je suis arrivée devant le Wonderland, avec l’espoir vain de chasser l’espace de quelques heures la morosité.

Je n’y ai rendez-vous avec aucune amie, aucune connaissance ne m’attend à l’intérieur, mais je suis plutôt le genre de nana indépendante qui n’a besoin de personne pour faire quoi que ce soit. Attrapant finalement ma pochette, je quitte ma voiture, et entre devant le vigile dans la boîte de nuit, la musique assaillant aussitôt mes oreilles, si forte, qu’elle brouillera sans doute mes pensées d’ici peu. Et c’est exactement ce dont j’ai besoin à cet instant. Je me fraye un chemin entre les corps pressés là, et rejoins le bar, commandant un whisky, avant de laisser mon regard clair parcourir la foule de badauds en train de s’amuser. Je paie mon verre, pour ça non plus je n’ai besoin de personne, et m’éloigne un peu pour me trouver un bout de comptoir un peu à l’écart, où je ne serai pas bousculée toutes les trente secondes. Je prends une longue gorgée de cet alcool fort qui pique ma gorge, mais qui, allié au vin que j’ai bu précédemment, ne devrait pas tarder à faire quelques effets, et me détendre. Au moins assez pour que je rejoigne la piste de danse, et oublie que décembre, putain, c’est vraiment de la merde.

Finalement, une table se libère un peu plus loin du comptoir, et j’en profite pour m'installer, plissant à peine les yeux en voyant les clients d’à côté s’enfariner joyeusement les narines, en rigolant comme des baleines. Manifestement, ils n’ont pas besoin que la came coule dans leurs veines pour être déjà bien joyeux, et je les devine plus qu’éméchés. Mais ce n’est pas moi qui vais leur jeter la pierre. Si la came ne m’a jamais tentée, si on exclut quelques joints par-ci, par-là, je ne suis jamais la dernière lorsqu’il s’agit de boire un coup, bien au contraire. Installée dans mon coin, ça me donne une vue d’ensemble sur les fêtards, et je remarque rapidement l’un d’entre eux, qui se détache du groupe de danseurs sur la piste, et darde ses prunelles sur moi. Le brun s’approche de ma table, sans m’envahir pour autant, et me fixe un long moment sans parler, alors que je lui adresse un regard peu amical, une façon silencieuse de dire “-j’peux faire quelque chose pour toi ?!”.

Sans me gêner, et parce que je me doute qu’il en a fait autant à mon égard, je laisse mon regard glisser sur sa silhouette, alors qu’il finit par me demander s’il peut s’installer à mes côtés. Tiens donc...je vois quelques tables libres, ici ou là, des tabourets au comptoir du bar, et pourtant, c’est devant ma table qu’il se tient. Je n’ai pas le temps de répondre qu’une capote glisse de sa poche pour atterrir par terre, m’arrachant aussitôt une moue un brin moqueuse, alors que l’inconnu vire rouge tomate, sous mon regard amusé, quoique jugeur, je dois bien l’admettre. On est passé de monsieur timide, à monsieur séducteur, à monsieur gêné...et ouais, ça fait rire Dark Bambi ces si rapides revirements. “-Tu peux t'asseoir. On vit dans un pays libre, non ?” C’est sarcastique à souhait, on vit surtout à Downfall, ce petit bout des USA où pas grand-chose fonctionne comme ailleurs.

Pour montrer que je ne suis pas le grand méchant loup, enfin plutôt pas trop méchante tout court, j’indique l’une des places libres d’un geste de la main, avant de porter mon verre à mes lèvres. “-Par contre...le coup de la capote qui tombe de la poche, ça fait pas très bon genre. Tu devrais la ranger dans ton portefeuille la prochaine fois...ou carrément la garder autour du cou, comme ça le message est clair.” que j’ajoute, en lui adressant un sourire provocateur qui m’échappe. J’avale une nouvelle gorgée, et m’installe plus confortablement, croisant les jambes, fixant l’inconnu de longues secondes, avant de reposer mon verre. “-Donc j’en déduis que toi, ce soir, t’es venu choper. C’est ça ? Fille ou mec ?” Ouais, dans les faits, je m’en fous total. Mais il est là, je suis là, et échanger quelques mots ne devrait tuer aucun d’entre nous. Enfin...je crois.

Downfall, assez spécial ? C’est plutôt un euphémisme, ouais. Rien ici n’est pareil qu’ailleurs, et si ça en arrange certains, moi en premier lieu, il y en a d’autres pour qui la pilule est plus difficile à avaler, et qui n’ont clairement pas leur place ici. Quoiqu’il en soit, le type finit par s’assoir à ma table, et après avoir siroté sa boisson, il repose son regard sur moi, se lance dans une ou deux mimiques, avant de balancer qu’il optera pour le coup de la capote autour du cou la prochaine fois. “-Au moins le message sera clair, comme ça. Même pas besoin de chasser, les proies viendront à toi…” Parce que j’imagine qu’avec sa belle gueule et ce corps bien bâti, il doit soulever de la minette quand il veut, genre en claquant des doigts.

Il finit son verre d’un coup, sacrée descente, et je plisse légèrement les paupières face à sa gestuelle corporelle, cette façon qu’il a de respirer un peu plus fort, de ramener ses jambes contre lui. Mais il répond tout de même à ma question, m’expliquant ne pas être bien difficile en ce qui concerne ce qu’il ramène dans son lit, et je hausse légèrement un sourcil, sans pouvoir retenir un sourire un brin arrogant : “-Tu me demandes quelles sont mes préférences sexuelles, ou pourquoi je suis là ?” Pourtant, le sourire ne s’attarde pas sur mes lèvres, et au contraire, mon visage se ferme subitement quand je le vois se mettre à trembler, et agir de façon plutôt bizarre. Putain, me dites pas que je suis tombée sur un type qui fait une mauvaise réaction à de la came où je sais pas trop quoi ? Bordel, je suis venue me changer les idées, pas dégainer ma carte “médic de secours”. “-Bambi.” que je réponds malgré tout sobrement quand il me demande mon prénom, ne le quittant pas un seul instant du regard.

Dans l’ambiance tamisée des lieux, je ne remarque pas le rouge qui est monté à ses joues, je vois juste ses traits se crisper, ses yeux se fermer, sa poitrine se soulever un peu plus rapidement, ses lèvres se tordre dans une grimace. Mais qu’est-ce qui lui arrive ? Je le fixe en haussant les sourcils, le reste du monde s’occultant étrangement pour ne se concentrer que sur cette scène qui se joue devant mes yeux surpris, et ai un léger mouvement de recul quand Lennox se lève subitement, me tourne le dos, et...se retrouve à quatre pattes par terre. Mais putain...sur quoi je suis tombée, encore ?! Je quitte pourtant ma banquette, et me rapproche de lui, me mettant accroupie pour être à sa hauteur. “-Je peux savoir ce qui t’arrives ? T’as consommé un truc ? Y’a combien de temps ?”

Putain, je ne sais pas ce qui lui arrive, à celui là, avec ses réactions étranges, ses tremblements, ses incessants changements d’émotions sur son visage, et cette façon dont il est tombé à genoux au sol, comme s’il était en train de faire un malaise, qu’il avait mélangé de la came de mauvaise qualité, abusé de je ne sais quoi. “-Oh, Lennox ?” Mais plutôt que de juger utile de me dire que tout va bien, qu’il n’est pas en train de crever et de passer l’arme à gauche comme la médecin en moi était en train de l’imaginer, il me plaque soudainement contre le mur, sans préavis, alors que je sens son souffle précipité dans ma nuque. Une sensation de répulsion naît aussitôt au creux de mon ventre, accentuée par son érection qu’il vient frotter contre ma jambe. Ma mâchoire se crispe aussitôt, alors qu’il explique que je lui fais de l’effet jusque dans l’entrejambe, et comme si de rien était, il me redemande ce que je suis venue chercher, ce que j’ai l’habitude de foutre dans mon pieu, et répond à ces questions d’ordre médical que je lui ai posé quand j’ai cru qu’il était en train de clamser.

Sans crier gare, il se plie en deux et s’esquive presque en courant pour aller je ne sais où, me laissant...sur le cul. Ma bouche s’ouvre dans un “O” presque parfait, alors que je fronce les sourcils, suivant sa course, m’interrogeant encore sur ce qu’il vient de se passer. Je ne réalise qu’à cet instant que ma main s’est refermée sur le manche du cran d’arrêt que j’ai toujours sur moi, et je souffle lentement, doucement, pour apaiser mon coeur et la course folle qu’il a entamé dans ma poitrine. Une flamme rageuse brûle dans mes entrailles quand je tape du poing sur le comptoir pour attirer l’attention du serveur, lui commandant un whisky sec qui disparaît entre mes lèvres presque aussitôt. La saveur de l’alcool s’attarde à peine sur ma langue, me brûle la gorge, et je serre les doigts quand il revient l’air de rien, me disant qu’il est désormais tout à moi. Mais...sérieusement ? Je tourne mon regard vers lui, et il ne semble pas capter l’étincelle de sauvagerie, presque mauvaise, qui y brille.

Je pose sur mon visage un sourire qu’il ne peut pas deviner carnassier, et glisse un doigt dans la ceinture de son pantalon, pour l’entraîner à l’extérieur de la boîte de nuit, sans prononcer le moindre mot. Une ruelle déserte nous accueille, quelques pas plus loin, et je le plaque à mon tour contre le mur froid du bâtiment, la façade accueillant son dos avec une certaine brutalité. D’une main sur le torse, j’inverse notre position de tout à l’heure, devenant la dominante, et fais jaillir la lame de la poche de ma veste bien rapidement, la posant contre sa cuisse, sans sourciller. “-Tutut, ne bouge pas...je connais le corps humain sur le bout des doigts. Tu sais ce qu’il y a ici, juste…là ?” que je demande en enfonçant un peu plus la lame, pointe vers la chaire, sans déchirer le tissu du vêtement pour autant. “-Ton artère fémorale. Un petit coup sec, et tu te videras de ton sang sur mes pompes en quelques instants. Je les aime pas trop en plus celles-ci, alors ce serait pas si dérangeant que ça…” J’appuie davantage sur sa cuisse, mes yeux dans les siens, avant de remonter pointe contre le pantalon, pour venir menacer sa teub du cran d’arrêt, lui adressant un sourire froid, qui n’atteint pas mon regard. “-Ou alors, je pourrais trancher ici...qu’est-ce que tu préfères ? Ca t’évitera peut-être de le frotter de nouveau contre la jambe d’illustres inconnues, comme un clébard en manque, sans leur consentement préalable. Con-sen-te-ment. Ça te parle, Lennox ?”

Je me sens bouillir, littéralement. Comme si mon sang venait d’être chauffé à blanc dans mes veines, et avait envahi tout mon corps. Je me fous qu’il me regarde d’un air si noir, avec froideur, je m’en branle total, de savoir qu’il est musclé, que nos gabarits sont carrément différemment et qu’il pourrait me plier en deux aisément, qu’il pourrait essayer de m’arracher le couteau des mains, que la situation pourrait se retourner contre moi, parce qu’on est clairement pas taillés pareil. Mais peu importe. Il a frotté sa teub contre ma cuisse, comme un animal, et ce geste totalement déplacé mérite bien que ses couilles soient menacées par ma lame, là, tout de suite. Putain, des larmes se mettent même à briller dans ses yeux, et il chiale, là, comme ça. Ca joue les gros durs en boîte de nuit, dans l’obscurité d’un coin peu fréquenté, mais face à un peu de répartie, face à une nana qui se laisse pas faire, y’a plus rien dans le slip.

Quand Lennox me demande de laisser sa cuisse, et sa nouille tranquilles, je ne retiens pas un sourire méprisant, qui ne s’estompe même pas face à ces petites anecdotes qu’il me livre sur lui-même, sur des pans de sa vie, sur des bouts de son histoire qui ne me regardent pas, et sur lesquels je n’ai demandé aucun détail. Une moue dédaigneuse vient même trouver mes traits en réponse à ses paroles, alors que je presse spontanément la lame un peu plus fort contre lui. “-Tu t’es fait violer...et tu agresses sexuellement des jeunes femmes ? Tu te souviens plus de ce que t’as ressenti ce jour-là, ou quoi ?!” Bon ok...c’est peut-être pas le truc le plus sympa du monde à dire après qu’un type vient d’avouer la mort de sa famille, l’inceste dont il a été victime, son passage en tôle. Mais je suis trop en colère pour penser à être compatissante, et de trop sombres pensées m’assaillent ces temps-ci pour que j’arrive encore à réfléchir correctement.

Il commence à s’agiter, pour le coup je me raidis aussitôt, parce que ce type a eu des tas de réactions assez étranges depuis qu’il m’a rejoint à ma table, et que je me demande ce qu’il compte faire maintenant. A tout moment, je m’attends à ce qu’il essaye de m’arracher la lame des mains, vu les regards noirs qu’il pose sur l’arme. Il m’invite à lui faire tout ce que je veux, et je serre les dents, pinçant les lèvres au même moment, pour ne pas exploser, purement et simplement, pour ne pas laisser ma rage et ma colère prendre possession de moi, et garder un minimum de contrôle. Ce que je veux ? Oh, mais...je ne vais pas me gêner. Et j’ai comme le sentiment que ce que je veux lui faire ne sera pas du tout, mais alors vraiment pas du tout à son goût.

Cette question qu’il me pose juste après ne fait que me pousser un peu plus vers la direction que mon sale caractère me pousse à prendre. “-M’embrasser ? Mais tu rêves éveillé mon p’tit bonhomme...” Voilà la réponse qu’il récolte quand il me demande si je veux bien lui accorder un baiser, et si j’éloigne la lame de ses parties génitales, c’est pour venir y foutre un bon coup de genou, bien placé, avant de me reculer de plusieurs pas, par sécurité. “-Ne te frotte plus jamais sur personne sans son accord. T’as pigé ?! Le consentement, c’est pas juste un joli mot, bordel !!” Je ne replie pas ma lame, parce que clairement, je n’ai pas confiance, et qu’il pourrait me sauter dessus à tout instant, pour répondre de ce coup que je viens de lui donner. “-Bordel...t’as une belle gueule, mais ça a pas l’air de tourner bien rond dans ta caboche.” Hé merde...voilà que Bambi la provocatrice sort faire son show, dans l’espoir de s’en prendre plein la gueule, parce que c’est comme ça qu’elle étanche sa douleur psychique, cette idiote, en recherchant la souffrance physique. “-J’suis désolée pour toi, si t’as vécu des trucs de merde, et que ton père était un connard, mais ça te donne pas l’autorisation d’en être un, toi aussi…”

Je lui adresse ce qui doit être le regard le plus dédaigneux que j’ai adressé à qui que ce soit du haut de mes vingt-neuf petites années d’existence, absolument pas impressionnée par son regard noir. Le type sort de nulle part, se frotte à ma jambe comme un clebs, rongé par le manque, avoue avoir envie de m’embrasser alors que je menace de sectionner sa knacki de ma lame, et il croit que je vais baisser le regard face à lui. Ha ha HA. C’est si mal me connaître. Au contraire, je soutiens son regard, et n’esquisse pas l’ombre d’un mouvement quand je le vois se jeter soudainement sur moi. Pire, je crois même que le coin de mes lèvres tressaute dans un sourire satisfait. La vraie soirée peut enfin commencer.

Le choc contre le bitume est rude, j’en ai le souffle coupé, pourtant l’arrière de ma tête cogne à peine contre le béton fissuré. Merde...je pensais que ce serait un peu plus douloureux que ça. Je me fous royalement de savoir que mon cran d’arrêt se retrouve dans sa main, et j’en imagine déjà la lame en train de chatouiller mes entrailles, de venir fourrager dans mes viscères, en y creusant un puit de sang. A sa réplique hystérique, je ne retiens pas un éclat de rire, bien mal sorti, et lui répond aussitôt : “-Parce que tu trouves que tes réactions sont très équilibrées, toi ?” Ouais, c’est l’hôpital qui se fout de la charité, ou un truc comme ça. Mais je m’en branle. J’attends la suite. Pire, je veux une suite. “-T’es toqué du ciboulot, admets-le simplement. Ça tourne pas rond chez toi. T’es cinglé. Ta-ré.” En remettre une couche n’est pas l’idée du siècle, et c’est exactement pour ça que je prononce ces mots-là.

La lame vient trouver mon épaule, et mon regard est loin d’exprimer la moindre peur. Au contraire, je souris à cet imbécile, comme une façon silencieuse de le mettre au défi de faire pression, et de laisser l’acier trancher la chair molle, et venir taillader mon bras. Son visage se crispe quelques instants, je devine qu’il doit encore ressentir quelques douleurs de mon coup, et j’en éprouve une certaine satisfaction. C’est en tout cas plus satisfaisant que cette coupure qui vient bientôt déchirer ma peau, faisant couler aussitôt le sang...mais ce n’est pas assez, et ça n’étanche pas la soif de souffrance qui agite mon âme, ce besoin obsessionnel d’avoir mal. "-Hm...décevant jusqu’au bout.” que je balance à voix haute, récupérant le couteau qu’il a laissé tomber quand il est parti se réfugier contre le mur.

Une fois debout, je me tortille un peu pour observer la blessure sur mon bras, ne retenant pas un ricanement dédaigneux. “-Quitte à saloper ma veste préférée, t’aurais pu y mettre un peu plus de coeur.” Finalement, c’est lui qui a raison, on est bien deux à avoir un problème, même s’il ne s’agit manifestement pas du même. Je ne rebondis pas sur sa dernière petite réplique pathétique, me retenant de trouver quelques gentils mots de plus à lui prononcer sur qui devrait laisser qui tranquille. Putain, j’ai besoin de lui rappeler que c’est lui qui est venu me trouver, pour soulager sa teub en feu ? “-S’il y a bien une leçon que je retiens ce soir, c’est que t’es qu’un pauvre mec qui n’assume pas ses torts, ni d’admettre qu’il s’est comporté comme un chien en rut. C’est pitoyable.” Je le jauge des pieds à la tête sans cacher le dégoût que m’inspire son comportement, et crache finalement : “-Tu ferais mieux de dégager avant que j’ameute les videurs en hurlant à l’agression. Et si je te revoie te comporter comme ça, tu diras au revoir à ton asticot pour de bon...pigé ?” Il peut deviner à l’éclat qui danse dans mon regard que ce n’est pas une promesse en l’air, je ne ressens pas le besoin de rajouter que j’ai fait un bac boucherie-charcuterie pour qu’il comprenne le message, et que je n’ai pas peur de me salir les mains.