[TERMINE / RP COMMUN 6.1] Down on your knees

Je sais qu’il manque rien pour que ça parte totalement en vrille. Mais je sais aussi que ça doit pas venir de nous. Et je réalise que oui, je suis dans l’autre camp, alors que je me demande vaguement quelle serait leur réaction si je leur disais pour qui je bosse en vrai. Sauf que là, le moment est pas super choisi. Faut juste limiter la casse, même si je sais que les filles sont en train de bouillir. C’est aussi mon cas mais, tant qu’on touche pas à un cheveu de Pixie, je devrais arriver à me maitriser. Et, paradoxalement à me faire la voix de la raison. Ou en tout cas, à ne pas attiser un feu qui n’en a clairement pas besoin. Je lève les yeux vers Solveig et je secoue la tête. « Tu l’as dit, ça sert à rien de discuter avec ces connards. » Et perso, j’ai comme un vieux doute sur le fait que je ferais que passer par la case prison pendant une paire d’heures si ça part en vrille.

Mais l’idée de Sol’ est pas conne. Je lève un sourcil, levant les yeux pour chercher l’alarme incendie avant de murmurer, en direction de Grace. « Elle fonctionne au moins ? » Je la vois grimacer, pas hyper sure de la réponse mais, avant qu’elle ait le temps de dire quoi que ce soit… ça part en couilles. J’entends le coup de feu et je me crispe totalement, jetant un regard autour de moi avant de lâcher, suffisamment haut pour que les filles m’entendent. « C’est le moment de se tirer. » Je pousse Mack’ pour qu’elle se bouge, avant de contourner le bar pour entrainer Grace avec nous. « Faut que tu viennes, les filles te suivront. » Et je prends sa main sans vraiment lui laisser le temps de réagir. J’ai l’impression que ça marche, que les connards sont trop occupés avec Eden pour vraiment faire attention à nous.

Sauf que j’ai pas vu où la balle s’est logée, qui a été touché. Et ça, ça change un peu tout. Je me fige une demi-seconde, mon regard tombant sur une Mack’ horrifiée et je me précipite vers Solveig pour la porter et la faire sortir de là. On verra dehors son état. Ca sera pas grave. Ca peut pas être grave. Mais il faut se tirer de là putain.

Spoiler:

L’alarme incendie. Quelle idée à la con. Enfin non, c’est une idée intelligente, voire brillante, le truc qui marche toujours dans les films. Mais bordel, c’est pas normal ! C’est pas juste ! On devrait pas avoir à se demander comment déclencher ce truc pour réussir à sortir de là sans emmerde ! Parce que ce sont eux les emmerdes.
Je sais, que de la gueule. Je sais, si je suis pas contente, j’ai qu’à faire plus. Mais honnêtement, je peux faire quoi ? Le frapper de mes petits poings ? Demander à Kenan de les tabasser ? Ce serait carrément plus efficace ouais. Mais…  Après ? Ils sont trop nombreux. Et… Au mieux, il finirait en taule, comme nous toutes. Mais vu les branleurs en face, on risque davantage de se prendre une balle. Non mais l’idée de l’alarme est cool.

Sauf qu’évidemment. Si quelque chose doit mal tourner, c'est ce qui se passera. Forcément. Toujours.

Je me fige en entendant le coup de feu. Je vois les flics qui sortent leurs armes. J’entends que ça gueule. Je suis fouillée, rapidement, pas pour tripoter ce coup-ci, mais pour contrôler. C’est pas un flic qui a tiré, alors qui ?
Et tout s’arrête quand je vois la paleur de ses traits. « Non, non, non, non. » Kenan me pousse pour que je sorte, incite les autres à sortir. Et c’est bien. Faut que tout le monde sorte pendant qu’ils sont occupés et… Et moi je reste immobile, agrippée à Sol qui s’effondre. J’accroche son regard et je lui souris. « On va te sortir de là. Ça va aller. » Mon regard effaré, terrifié, croise celui de Kenan, et je ne lâche Sol que lorsqu’il la prend dans ses bras. Il l’emmène dehors. La faire soigner. J’ai une seconde d’hésitation quand je vois le sang sur mes mains, son sang. Je cille et me reprends, poussant les filles non loin à sortir, tant qu’elles peuvent, tant que les flics sont occupés, tant que c’est la merde mais qu’on peut bouger, on avisera après. Je tourne la tête, mais c’est tellement le bordel, avec tous ces flics et… Je croise le regard de l’un d’eux, de l’un de ceux qui ne riait pas, de l’un de ceux qui semblait se demander ce qu’il foutait là. Et son regard dérive sur la porte. Si même un putain de flics me dit de me casser…
Merde.

Je sors, j’entraîne les autres, je vois Grâce qui emmènent la plupart des filles à labri, je cherche Kenan et Solveig, le rattrapant pour lui indiquer le chemin d’un doc. Pour la soigner. La sauver. Loin de tout ce bordel.

Spoiler:

Ce serait pas si bête non ? L’alarme incendie, l’eau qui jaillit du plafond, une belle pagaille générale qui devrait suffisamment déboussoler ces débiles en uniformes pour permettre à quelques filles menottées, et accessoirement nous, de se sauver. Kenan pose la question à Grace concernant le dispositif, mais son manque d’assurance concernant la réponse n’est pas bien encourageant, et je vois mal le Lieutenant Abruti bien réagir s’il voit qu’on tente quelque chose, et qu’on se foire lamentablement. De toutes façons, on a pas le temps de se lancer dans quoi que ce soit qu’un coup de feu déchire les airs, alors qu’une poignée de silhouettes se crispe et se baisse instinctivement, tête rentrée dans les épaules, moi y compris. Pourtant, je crois que je fais preuve d’une rare malchance.

Il me faut quelques secondes pour assimiler que le sang qui teinte mes doigts après que je les ai portés à mon dos, où j’ai ressenti un coup soudain, comme…si quelqu’un m’était rentré dedans, vient de moi, de mon corps, d’une quelconque blessure. Mais non, même à travers cet espèce de brouillard soudain qui m’ensevelit, pour anesthésier mes réflexes ou mes pensées, je devine que ce n’est pas quelqu’un, mais quelque chose. La balle tirée lors de ce coup de feu a trouvé sa cible. Je relève bêtement la tête vers Mac quand elle prend la parole après s’être rendue compte de la situation, incapable de rester debout sur mes jambes flageolantes à l’instant même où elle se cramponne à moi. Je vois son regard paniqué, ses traits figés, je voudrais lui dire que ça va aller, que tout va forcément aller, mais les mots restent coincés dans ma gorge, et je ne parviens qu’à lui adresser l’esquisse pâle d’un sourire. Ou un truc qui lui ressemble. Tout s’agite autour de nous, je crois que des filles courent, sortent, qu’on crie, j’ai un peu de mal à faire l’appoint, même si j’ai pas l’impression d’avoir si mal que ça.

On me soulève, des bras solides, et je trouve le regard de Kenan au-dessus de moi, à qui je murmure avec l’impression pourtant d’y aller de toute ma voix : « -Me lâche pas. » Une supplique dans la nuit, alors que je sens un air plus frais caresser mes joues, me laissant deviner qu’on est désormais en dehors du Carnival, sans doute en pleine fuite. J’ai du mal à rester concentrée, mon attention décline vitesse grand V, me laissant incapable de me focaliser sur quoi que ce soit. De toutes façons, je n’ai pas l’impression d’être en mesure de faire la moindre petite chose, si ce n’est me ramollir davantage entre les bras de Kenan, et laisser mes yeux se fermer de plus en plus souvent, sans chercher à lutter.