[TERMINE / RP COMMUN 6.1] What is dead may never die

Tous des lâches. Tous des idiots. Je ne sais pas lequel est le pire entre les deux. Ils étaient censés être les chefs, les guides ! Comment peuvent-ils fuir et disparaître de la sorte ? En laissant tout le monde, en laissant la ville ? Et je ne parle pas de disparaître parce qu’ils ont été tués, non, ça, ça se serait su d’une manière ou d’une autre. Non, ils ont juste… abandonné. D’une manière ou d’une autre. Et ils n’ont pas le droit !… Ils n’avaient pas le droit. Mais ils l’ont fait. Et maintenant, il n’y a plus rien. Il n’y a plus que des miettes éparpillées.

Je sais, je sais. Je me rends compte que je me monte la tête toute seule, je me rends compte que ressasser ne sert à rien, je me rends compte que ce n’est pas si simple. Mais c’est plus facile de se focaliser là-dessus que de me laisser envahir par les ondes de celui qui m’accompagne. Dire que la situation avec Riley est tendue est un doux euphémisme. Il me parle, succinctement, il m’écoute, vaguement, et continue d’enchaîner les gardes. Je le soupçonne vaguement d’avoir embauché quelqu’un pour me surveiller de loin, pour être sûr que je ne fasse plus de stupidités, et pour être sûr que je ne lui mente plus. Même s’il essaie de le cacher, quand il n’y prend pas garde, je vois cette lueur encore et toujours présente dans son regard. Celle où la colère le dispute à la tristesse et à la déception. Et ça fait mal.

Alors j’essaie. Petit à petit, de regagner cette confiance. De… le regagner lui. Et c’est pour ça, pas parce qu’il l’aurait su, que je lui ai parlé de la rencontre. Quand j’ai ENFIN réussi a retrouver certains Unbroken, quand je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à me sentir trahie – oui, je vois très bien le retour de bâton, le karma est une salope – et abandonnée, quand j’ai su que certains, beaucoup, voulaient poursuivre le combat. Je lui en ai parlé. Je lui ai dit que je voulais y assister, et que j’aimerais qu’il vienne avec moi. Ça j’étais pas obligée pas vrai ? Je sais pas trop s’il a cru que si, s’il a pensé que dans ma tête c’était la condition pour que je puisse y assister moi. Mais j’ai pas besoin d’autorisation, il le sait aussi… Je voulais juste qu’il soit là. C’est important et je voulais qu’il soit avec moi.

Voilà pourquoi on se retrouve à se faufiler en silence, pour retrouver ceux du groupe qui veulent encore avancer, ceux qui veulent se battre, dans l’un des derniers souterrains que les militaires n’ont pas encore trouvés. Et oui, savoir qu’ils on fait une descente dans les autres, qu’ils sont là, pas très loin, c’est pas hyper rassurant. Mais je suis forte, et je me retiens d’attraper le bras de Riley pour me rassurer. C’est mon choix, j’assume.
Et je suis soulagée quand je vois les autres. J’en reconnais certains de vue, j’en connais d’autres, un peu plus. Je les rejoins, les prenant pour certains dans une étreinte maladroite. J’ai encore mal, même si ça va mieux. Et je me sens presque bien au milieu d’eux, avec lui à mes côtés. Je tourne la tête pour le regarder, le rejoignant en quelques pas. Voilà. On attend. Et je suis sage. Tout va bien se passer non ? On va avancer et relancer... tout ça. Pour Downfall. Pour ceux qui ne peuvent pas le faire. Parce que nous, on le peut.

Dire que je suis épuisé est un doux euphémisme. Pour autant, je ne pouvais pas ne pas être là, même si cette petite voix n’arrête pas de me souffler que c’est une très mauvaise idée. Sauf que, quoi que j’en dise, Tom aurait voulu être là… il aurait dû être là. Alors, forcément, à avoir son fantôme qui se penche au-dessus de mon épaule, je peux difficilement ignorer ce qui se passe aujourd’hui.

… encore plus quand je vois la silhouette d’Harper avec qui la situation est des plus tendues. Je ne sais pas comment agir avec elle. Je ne sais pas quoi faire, quoi dire pour passer outre ce qui a pu se passer et ce qu’on a pu se dire. Alors je fais ce que je sais le mieux faire, je fuis. Mais ce soir, je ne pouvais pas. D’autant qu’elle a insisté pour que je vienne en plus de m’en avoir parlé. Alors il fallait bien que je prenne en compte ce que je peux considérer comme un élan de… sincérité ? On va dire ça et ignorer le fait qu’elle avait peut-être plus peur que je sois au courant d’une autre façon. Peu importe, l’heure est grave et, même si je ne fais plus partie officiellement de ce mouvement depuis des années, je vois bien aux regards que certains me lancent que je n’ai pas été oublié. Et je ne sais pas trop quoi en penser. Je me sens parfois comme un fantôme parmi les vivants et ce soir c’est encore plus vivace que d’habitude.

Passer par les souterrains a quelque chose de vraiment bizarre. J’ai l’impression d’être assailli par des flots de souvenirs incessants. Je sens mes mâchoires se contracter alors que je me retiens d’attraper Harper par la taille pour lui dire que c’est trop tard, qu’il faut qu’elle rentre à la maison et qu’elle doit se concentrer sur son avenir. Parce qu’elle en a un, contrairement au mouvement. Mais je ne le fais pas. Parce qu’elle est déjà en train de leur parler, qu’elle a l’air… chez elle. Et c’est pire que tout je crois. Je salue les uns et les autres, réalisant que je connais la plupart des survivants et je prends des nouvelles, attendant de voir si quelqu’un va se lancer ou si je vais devoir m’y coller. Parce que je ne suis pas sûr de trouver les mots qu’il faut. Ou, plutôt, je ne sais pas ce que je veux voir émerger de cette soirée. La ville a besoin d’aide, de soins et qu’on veille sur elle. Je pensais que les unbrokens pourraient le faire avant que tout dérape. Et maintenant ? Impossible de le savoir.

What is dead may never die

@Harper Beckett @Riley Emerson

2 octobre 2020

C’était une perte de temps cette rencontre. Les Unbrokens n’étaient plus. Des membres pensaient pouvoir faire quelque chose, mener encore des actions alors que rien n’avait abouti, des actions pacifiques qui ont été les plus utiles pour les habitants aux actions terroristes des plus revanchards. India se dirigeait pourtant vers le lieu de réunion, celle qu’elle considérerait être la dernière, dernière pour elle. La brune y avait cru, défendait les idéaux, cette volonté de lutter contre cette domestication de la ville, qui souhaitait défendre ses habitants face à l’envahisseur. L’indépendance. La liberté. Mais les voilà étêtés de leurs leaders.

Des jeunes et des moins jeunes étaient là, pas plus d’une quinzaine de personne était présentes, les autres n’ayant pas pu se déplacer pour diverses raisons. Tous auraient le droit à la parole, comme toujours. Ils étaient tous arrivés, du moins, la jeune femme le pensait. Habillée toujours avec élégances, elle avait opté pour des bottines afin de ne pas risquer de se faire mal dans ses souterrains. Trench coat fermé, la hanse de son sac à main à l’épaule, elle entra alors que plusieurs bavardaient entre eux, prenaient des nouvelles de chacun. Elle regarda si Tom avait décidé de venir lui aussi mais elle ne le voyait pas. Il avait mieux à faire de toute manière. Elle croisa le regard d’un Unbroken avec qui elle était partie taguer des murs en début d’année, ce dernier l’avait ramené chez elle, charmant et agréable comme il l’avait toujours été. Finalement, un homme, un quadragénaire aux traits fatigués, au visage émacié, pris les devants, se raclant, faisant uns signe de la main pour les inviter au silence. Après quelques secondes, assuré d’avoir leur attention, il parla d’une voix suffisamment forte pour être entendu de tous.

Merci d’être venu ce soir, ça … ça nous montre que nous ne sommes pas morts, que le mouvement existe toujours, même si nos leaders ont… Ont pris le large. Ça fait plusieurs semaines que Boomer a disparu, on continue de reconstruire à Compton sans lui, c’est pas le grand luxe mais on y arrive, Gilmore se concentre sur Skid Row, et Sheldon est hors-jeu à présent. Qu’est-ce qu’on fait ? Nous ne pouvons agir séparément, nous devons nous unir sous un même drapeau, nous ne pouvons pas rester là sans rien faire alors que ce Woodrow nous étouffe, que les Prayers grignotent un peu plus chaque jour la ville. Si nous ne voulons pas que cette ville soit sous l’emprise de l’un comme de l’autre, nous devons faire quelque chose…

L’homme n’apportait pas de solution, peut-être en avait-il une mais il n’avait pas la force ni la prestance d’un Kenneth Sheldon, une Luka Gilmore ou d’un Boomer. India regarda les visages autour d’elle. Aucun n’avait le charisme de ces trois-là. Les Unbroken n’étaient plus, il fallait se faire une raison. Elle poussa un soupir discret, secouant légèrement la tête, reconnaissant non loin Riley, un médecin qui était venu plusieurs fois au dispensaire et une ancienne fille du lycée dont elle avait un vague souvenir, une fille en colère contre tout, contre la vie.

(c)syndrome

Resumé:

La fatigue se lit sur tous les visages, creusant plus ou moins les cernes et les traits, mais il n’y a pas que cela. La peur, la peur et la tension marquent les visages. Rien d’étonnant en soi, mais elle est trop présente et pire que tout, il y a les détournements de regards, ou les regards trop las. Ils n’y croient plus. Pas tous, pas moi, mais même parmi ceux présents, trop peu nombreux, certains n’ont plus l’espoir de faire changer les choses. Résignés. Je serre les poings, grimaçant alors que mon épaule se réveille et je secoue la tête quand l’un d’eux se décide à prendre la parole.
Qu’est-ce qu’on fait ? La question a un million.

« Gilmore nous a vendu. Boomer nous a abandonné. Sheldon est un meurtrier. Ils sont tous égoïstes, faibles et égoïstes. Ils ne méritent pas d’être encore appelés comme ça. » Ma mâchoire se crispe. « La reconstruction ne suffit pas, on le sait ! On ne peut pas reconstruire alors qu’ils s’amusent jour après jour à tout démonter ! Ils continuent de tout détruire, de tout prendre, de nous tuer à petit feu ! Les violences ont repris de plus belle, c’est ça leur armistice ?! Avoir plus de libertés et d’opportunités de s’en prendre aux citoyens ? Sous quel prétexte ? »  J’inspire et fais un geste de la main. « Je sais que vous êtes fatigués et que… vous n’y croyez plus vraiment. Je comprends. Mais il s’agit de notre ville, de notre foyer ! On ne peut pas rester sagement à attendre et espérer. On ne peut pas laisser Los Angeles et les Prayers se battre pour la ville… Ni l’un ni l’autre ne sont bons pour elle, ils la corrompent, la défigurent. Ils la détruisent, ils nous détruisent. »

Une grimace et je reprends. « Mon père… a toujours soutenu les Unbrokens, il a toujours espéré voir Downfall libre… » J’ai un mince sourire. « Il lisait beaucoup. Il aimait John Locke et Gene Sharp entre autre… Gene Sharp a dit que le pouvoir d'un gouvernement ne tient qu'à l'obéissance de ses sujets. Et c’est le cas. Ils jouent sur la peur, parce qu’un peuple qui a peur ne relève pas la tête. Et c’est tout ce qu’il faut pour instaurer une dictature. Ils nous croient disparus, ils pensent avoir détruit le mouvement. Soit. Les Unbrokens ne sont plus… » Je déglutis et relève le menton. « Mais il faut qu’un mouvement à l’intérieur. Une résistance. Une opposition interne. Alors construisons quelque chose de mieux, de plus fort, de plus solide. Nous avons les capacités de nous organiser et d’ébranler ce pouvoir. »

Mon regard balaie la salle, s’arrêtant sur certains, dont une peste du lycée, puis sur Riley.  « On doit se débarrasser de Woodrow. Et je n’entends pas par là le tuer… Ce mec est un pourri comme tous les autres, on doit pouvoir trouver des trucs sur lui. On peut se servir de leur Constitution, les droits inaliénable : la vie, la liberté, le bonheur. C’est noté noir sur blanc qu’ils n’ont pas le droit d’aller à l’encontre de tout ça. » J’ai une moue avant de reprendre.  « On peut faire officiellement appel à l’ONU et  à sa Cour Internationale de Justice pour faire sortir Kenneth Sheldon de prison. Les articles 5 à 11 de la Déclaration universelle des droits de l'homme ont été et sont enfreints par son emprisonnement abusif, je sais, j’ai vérifié. Qu’il soit coupable n’est même pas la question. Woodrow a abusé de son pouvoir. On doit pouvoir le retourner contre lui non ? »

Ils sont tellement peu nombreux. Je ne pensais pas que c’était à ce point-là, que tout avait été autant détruit. Et pourtant, même en étant à peine une poignée, ils sont là, prêts à continuer la lutte, quelle que soit la forme qu’elle prendra. Même si je peux lire la fatigue, la lassitude dans les yeux des uns et des autres, il y a autre chose de plus profond, de plus fort. De presque inébranlable. Je ne sais pas à quel point ça pourra marcher, à quel point ils pourront continuer, mais, quand Harper prend la parole, je me fige totalement, me demandant où est passé la gamine à couettes qui nous écoutait, les yeux écarquillés, quand son père et moi discutions pendant des heures de l’avenir de Downfall.

Visiblement, rien de ce que nous disions n’est tombé dans l’oreille d’une sourde. Je suis partagé entre une profonde fierté et l’agacement de voir que tout ça s’est passé juste sous mon nez, sans que je me rende compte de quoi que ce soit. Mon regard accroche celui d’Harper pendant de longues secondes et je garde le silence de longues secondes avant de toussoter et de prendre la parole à mon tour. « Bonjour à tous. Certains me connaissent de vue, d’autres un peu mieux. Je suis le vieux meuble poussiéreux qui traîne dans le coin depuis une quinzaine d’années. J’ai vu naitre ce mouvement. J’ai vu bien des choses même si, depuis les attentats de 2016, j’avais décidé… d’arrêter tout ça. Pour bon nombre de raisons, plus ou moins valables, mais surtout parce que pour moi, la violence n’était pas la réponse. Les actions de Kenneth l’ont démontré, tout comme ce qui a pu se passer ces dernières semaines. Etre violent c’est parler leur langue, c’est jouer leur jeu. Et ils peuvent l’utiliser contre Downfall en clamant haut et fort que nous ne sommes que des idiots incapables d’autre chose, qu’il faut nous mater par la force. »

Oui, oui, je sais, j’ai commencé à dire nous, j’en suis bien conscient. « Ce qui est important, ce qui est essentiel, c’est de savoir ce que chacun d’entre vous veut. Comme certains l’ont dit, ce mouvement n’est plus. Soit. Ce n’est ni le premier ni le dernier à s’effondrer. Pour autant, est-ce que l’essence-même des unbrokens a disparu ? Je ne pense pas. Chacun de nous veut la même chose, la liberté pour ses habitants. Ne plus avoir l’impression que c’est une tare d’être né ici, de vouloir vivre ici. Ne plus se sentir obligé de courber la tête sans être coupable de rien. Ne plus fermer les yeux quand on nous parle d’incidents alors qu’au final, ce sont des agressions qui n’ont pas lieu d’être. »

J’ai un temps avant de me tourner vers Harper, sourcils froncés. « Essayer de faire sortir Kenneth de prison serait, d’une certaine façon, cautionner ce qu’il a fait. Si ça doit se faire, il ne faut pas que ça vienne de nous, de quelqu’un de Downfall. Mais de l’extérieur. Je pense que ce genre de choses peut s’arranger. » J’ai un bref soupir avant de reprendre, d’un ton moins dur. « Nous ne sommes plus qu’une poignée mais, c’est bien connu, un simple moustique peut rendre le conducteur complètement fou et le faire sortir de la route. » J’ai une ombre de sourire avant de reprendre, d’un ton tranquille. « Depuis que je la connais cette ville saigne, cette ville a mal. Pourtant, il y a toujours eu des gens prêts à tout pour la soigner. Et, à vous voir ce soir, mais je pense que c’est toujours le cas. Il faut peut-être juste trouver une méthode… différente. » Plus subtile, moins violente, même si certains ne seront certainement pas prêts à le faire.

What is dead may never die

@Harper Beckett @Riley Emerson

India restait silencieuse, debout, appuyée contre un mur, en retrait, à écouter les échanges se faire, entendre la souffrance des uns, la combativité des autres. Elle était d'accord sur le type d'action qu'il fallait changer. Rien n'avait marché jusqu'à présent. Rien. Et l'idée de libérer ce terroriste allait lui donner des boutons. Ils ne pouvaient faire cela, ils ne devaient pas faire cela. Alors elle continua d'écouter Harper, cette fille qu'elle a connu au lycée qui était une Rate et Riley, ce médecin avec qui elle avait déjà travaillé par le passé au dispensaire. Les autres intervenants prirent rapidement la parole après leurs positionnements face à Kenneth. Des voix s'élevaient, un bruit de fond résonnait, des murmures donnaient l'impression qu'une vague allait s'écraser contre un mur. Mais ce Ferguson, cet homme qu'elle considérait comme un idiot, certainement un fin défenseur des actes terroristes, cherchait en embobiner les esprits malléables. Et elle ne voulait pas qu'ils cherchent des informations.

Les Rats sont morts. Vous n’êtes qu’une poignée et aucun de vous n’a les contacts de Sheldon. Le mouvement est mort. Faites-vous une raison.

Les têtes se tournèrent vers elle.

Vous voulez vraiment le faire sortir de prison ? Qu’il reste où il est. Que son arrestation soit abusive, c’est une chose mais il a fait plus de mal aux mouvements que Boomer ou Luka. Il a terni l’image des Unbrokens en agissant comme un terroriste. Tuer Cleveland a été une erreur quand bien même cet homme était méprisable. Vous ne pouvez pas penser qu’il faut libérer cet homme. C’est un danger public qui n’écoute personne d’autre que lui-même, qui agit pour la renommée et non pour cette ville.

Et à en croire certains, ce n'était pas vrai. India reprit en haussant le ton, sans jamais perdre cette impassibilité qu'elle maîtrisait à la perfection. Sheldon s'était toujours battu pour cette ville mais il n'était pas là pour se défendre.

On a marché dans la rue pour se faire reconnaître, on a essayé d’éveiller les gens pour leur faire comprendre qu’on avait le droit d’exister comme tout le monde, pour montrer qu’on était des personnes pacifiques, on s’est battu, d’autres ont agis comme des terroristes. Regardez où ça nous a amené. À rien. Rien de bon. Un homme à la tête de la Mairie qu’on ne connaît pas, un procureur bien décidé à nous dresser. Ils mettent les moyens pour que le monde voit que cette ville est maîtrisée, quitte à nous priver des droits qu’ils veulent nous imposer.

Elle prit une inspiration, sans bouger. La voix de Ferguson commença à résonner mais fut rapidement interrompu par la jeune femme qui lui lança un regard glaciale tout en le remettant à sa place: l'animal qui voulait être. Indomptable dompté par une impérieuse gosse de vingt-deux ans qui débordait d'un trop plein d'assurance.

Tu te tais, Ferguson. Je parle. Tu écoutes. Ce qu’il faut faire, c’est simple. Tout faire pour qu’ils s’intéressent aux Prayers pour oublier les habitants, nous oublier, oublier les Blackened Beauty qui payent le prix malgré leur nouveau statut. Les obliger à éliminer ce mal qui ronge la ville, qui pourrit nos rues. Ce qui nous laissera le temps de trouver les moyens, les personnes ressources pour nous libérer d’eux. Et laisser au trou Sheldon. Cet homme aura fait plus de mal que de bien. Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes des femmes et des hommes qui veulent vivre leur vie tranquillement et oui, nous devons agir pour cette vie que nous voulons.

Elle continuait de regarder l'homme pour l'obliger à se taire, avant de poursuivre en regardant les autres personnes.

La question aujourd’hui est de savoir, qu’est-ce que nous voulons vraiment ? Parce que nous libérer de Los Angeles me semble impossible. Ils sont là. Ils ont gagné à partir du moment où nous avons cédé en acceptant d’être reconnu comme ville. Voulez-vous retrouver ce que nous avons toujours eu, une ville libre avec le risque d’avoir des pourritures comme les Prayers, les Baneshadows qui s’entretuent pour des territoires ou une ville régit par des lois qui nous bafouent. Car dans les deux cas, nous, Downfalliens, nous n’avons que peu d’espoir de vivre librement.

(c)syndrome

Resumé:

Ayant le bon sens de piquer un peu du nez aux paroles de Riley, je finis par réprimer une esquisse de sourire. Parce qu’il est avec moi, avec nous. Ce qui ne m’empêche pas de soutenir son regard et de serrer les dents à la suite. Surtout quand un abruti prend la parole. Gamine ? Je lui retourne un regard noir, me retenant de répondre et, dans toute ma grande sagesse, de lui retourner un doigt d’honneur.
Quant à la suite, que certains aient décidé d’agir de leur côté m’agace plus que de raison. Mais bordel, j’essaie de me montrer sage, raisonnable et toute ces conneries d’adultes il parait, alors que ça me gonfle, et eux, ils font quoi ? Mais comme tous les autres, je me tourne et fixe Miss Casse-couilles qui s’imagine sur son trône. Le pire ? C’est que dans le fond, sur certains trucs, elle a raison. Elle ment ouvertement en parlant de Kenneth, rien de plus évident pour ceux l’ayant côtoyé, mais elle n’a pas tort sur certains trucs donc. Mais pas sur tout.

« Peu d’espoir et c’est pourtant ce que nous voulons tous. Peu importe les moyens qu’ils mettent pour faire croire qu’ils contrôlent la situation, ce ne sera jamais assez. Ni à nos yeux, ni aux leurs. Ils continueront de vouloir toujours plus. Quand ils auront anéanti les Prayers, ils s’attaqueront aux autres. Les Blackened, les habitants, tous. Et nous ne pourront rien faire pour les en empêcher. » J’ai un sourire sans joie. « Ils ne seront satisfaits que lorsque nous aurons tous baissé la tête, que lorsque plus personne n’osera se relever. Ils réduiront encore les libertés, ils continueront de nous surveiller et de réprouver violemment tout ce qui leur semblera menaçant. Les incidents sont de plus en plus courants, ils en deviendront banaux et la torture prendra d’autres formes. La terreur, la répression, la surveillance… Downfall deviendra un Etat policier pour de bon. »

Je secoue la tête et j’inspire profondément, serrant les poings.

« Et je refuse de vivre ainsi. Je refuse de rester assise à attendre. Je refuse de les laisser agir à leur guise sous prétexte que je n’ai pas les moyens de faire quelque chose. C’est de l’inconscience en plus d’être de la lâcheté. » Je me mordille la lèvre. « On peut les laisser agir contre les Prayers, mais vous savez très bien que s’ils y arrivent, ils annexeront leur territoire dans le même temps, et ça, c’est plus que dangereux… »

Inconsciemment, je me redresse de ma petite taille, relevant le menton, toisant Ferguson et les autres.

« Je ne suis peut-être qu’une gamine à vos yeux, mais je suis née ici, j’ai grandi avec vous et vos idéaux. Ce sont les miens. Vous n’imaginez pas à quel point je prends sur moi, en ce moment, pour ne pas juste vouloir à agir plus frontalement, pour ne pas me contenter de balancer qu’il faudrait tout brûler et entamer une guérilla en bonne et due forme ! Mais on a essayé et ça ne marche pas ! Alors me dites pas que deux gamines arrivent à se montrer plus réfléchies que les adultes que vous êtes ! Indomptables ne veut pas dire suicidaires ou stupides. Ça signifie que nous sommes toujours là et que nous continuons à nous battre ! » Mon regard quitte Ferguson pour se poser un instant sur la pimbêche. « Elle a raison au moins sur un point. Sheldon ne peut et ne doit pas reprendre le mouvement. Ils ne cesseront de le chercher et il nous a porté préjudice, à nous et à la ville. Les habitants ne le suivront pas. Et nous avons besoin d’eux. De tout le monde. » J’inspire lentement. « On doit s’allier au Blackened Beauty, faire front commun. Et on doit revendiquer le Civic Center comme nôtre.
Et il nous faut un nouveau meneur, je suis d’accord. Il faut quelqu’un en qui les gens puissent avoir confiance. Quelqu’un de fiable. D’humain, de fort et de fiable. » Je tourne la tête vers Riley et grimace un sourire. « J’aurais bien un nom à proposer, quelqu’un que tout le monde suivra, s’il le veut. »

Spoiler:

Les esprits s’échauffent un peu. Il faut dire que ce soir va forcément être marqué d’une croix, que ce soit pour signaler la mort de ce qui fait leur vie depuis des mois, voire des années, ou l’avènement de quelque chose de nouveau, qui pourra permettre à tout le monde de continuer, moi inclus. J’écoute de nouveau les échanges, laissant filer un silence même si je fixe longuement la jeune India et Harper, dont le verbe ne fait que me rappeler cruellement la façon dont son père pouvait parler durant ce genre de réunion. J’ai tout de même un sursaut quand elle me jette un coup d’œil, sans trop savoir quoi penser de ce qu’elle vient de dire.

Je finis par inspirer longuement avant de reprendre la parole, d’une voix posée qui tranche avec certains éclats qu’on a pu entendre. « Première chose, Kenneth. Je maintiens que si un nouveau mouvement doit naitre ici, ce soir, il ne doit pas y être relié. Ceux qui souhaitent risquer leur vie pour libérer un assassin qui n’a fait que creuser la tomber du mouvement peuvent quitter les lieux. Vous ne risquez qu’une chose en faisant ça, vos vies. Et rien de plus. Sans compter le peu de crédibilité que nous avons encore. »  J’entends des voix commencer à protester mais je lève une main dans leur direction avant de continuer, imperturbable. « Jodie a raison, les méthodes employées n’ont jusqu’à présent servi à rien. Alors, il faut en trouver d’autres. » Les mots moyens et fric volent autour de moi et j’ai un sourire. « Pas besoin d’argent pour parler, pour se faire entendre. Les habitants de Downfall méritent leur liberté, méritent de pouvoir marcher la tête haute sans avoir peur des Prayers ou de se faire dégommer par la police parce qu’ils auront marché à la mauvaise heure de la journée ou au mauvais carrefour. Il va falloir apprendre à composer avec ce qu’on a et non pas à vouloir absolument le détruire. »

J’ai un profond soupir et je continue, mon regard se perdant un instant dans le vide. « Je l’ai déjà dit, la violence n’est pas la solution, elle ne l’a jamais été. Je sais que certains ont envie d’aller tout casser, de leur montrer que nous ne sommes pas des animaux qu’on peut mener à la baguette… mais pour moi, il faut leur montrer qu’il y a des personnes brillantes qui vivent ici, que cette ville a un avenir sans qu’on ait besoin de lui imposer quoi que ce soit. » Je me frotte le menton, songeur. « Nous pourrions monter un mouvement plus pacifiste qui condamnerait les agissements de la police mais aussi des Prayers. Montrer que nous pouvons construire des choses, que ce soit le dispensaire, l’hôpital et j’en passe. Montrer la solidarité qui est née après le tremblement de terre. Montrer comment Downfall vit l’ouverture au monde extérieur. Rien de tout ça ne demande beaucoup de moyens. Juste des gens capables de… parler. » J’ai un regard en direction des deux jeunes femmes et j’ai un sourire amusé. « Capables de maitriser les nouvelles technologies, de montrer au monde ce qu’est un habitant de Downfall. Quelqu’un de fort, de tenace, prêt à tout pour sa ville. » Parce qu’il y en a bien plus qu’on pourrait le croire. Et c’est ce qui fait la force de cette ville. Ces graines qui ont germé et qui poussent envers et contre tout. « C’est l’avenir des habitants de Downfall qui se joue ce soir. Le vôtre, celui de nos enfants à venir. » La liberté est un bien grand mot mais, au final, je ne suis plus sûr qu’il soit vraiment approprié à ce qui serait le mieux pour la ville. La reconnaissance. Le respect. Et j’en passe. Mais pas forcément celui-là.

What is dead may never die

@Harper Beckett @Riley Emerson

La discussion allait bon train, chacun était décidé à défendre ses positions. Quelques personnes semblaient d’accord avec Ferguson quant à la libération de Kenneth Sheldon, d’autres semblaient bien décidé à laisser croupir l’homme derrière les barreaux. Chacun argumentait en faveur de leur opinion mais rien ne semblait être entièrement gagné dans un camp comme dans l’autre. Des idées en ressortaient et India les entendait, trouvant idiot et très naïf chacun d’entre eux. Harper, cette gosse qu’elle avait rapidement connu au lycée, défendait bec et ongles ses idéaux, croyant fermement qu’une fois les Prayers arrêtés, la Justice poursuivra le reste des habitants, aussi innocent soient-ils. Un sourire apparut sur le visage de la jeune femme qui restait en retrait, bien décidé à marquer sa distance avec le groupe, ayant une certaine affection pour le peu de chose qui avait fonctionnait, les rencontres qu’elle avait faites et l’idéal qu’étaient aux premières heures les Unbrokens. Pourtant Harper avait raison, le territoire des Prayers étaient étendus et leur disparition entraînerait une possible annexion de leur part. À moins de les prendre de vitesse. Quand à Riley la soutenait, elle comme l’autre jeune femme, refusant tout acte de violence, préférant l’intelligence à la barbarie, ce qui fit sourire la brune, qui disparut bien vite à l’évocation d’un mouvement pacifiste. Mais il avait raison quant à la possibilité d’agir différemment : en parlant. Ce que l’ancienne Unbroken se tuait à faire.

L’avenir des habitants, c’est très solennel, lâcha-t-elle sans l’ombre d’un sourire. Ce n’est …

Mais India fut interrompue sans gêne pas le même homme qu’elle avait fait taire plus tôt. Ferguson toisait les trois individus, bien décidé à couper leur argumentaire.

Emerson, t’as déserté depuis des années le mouvement, t’as jamais été réellement des nôtres et tu l’ouvres maintenant ? Ta parole n’a aucune valeur à mes yeux. Etre violent n’a servi à rien, c’est faux … Ça a servi à dégager des connards. Les pacifistes ont fait quoi, ils ont « éveillé » les gens ? Ahahah ! Ils sont où les gens qui ont compris tout ça ?! Ils sont chez eux, à sauter bobonne qui regarde les infos qui nous montrent du doigt comme des hérésies. Vous voulez pas utiliser la force, parfait, vous êtes des faibles. Agir gentiment, et puis quoi encore ? Vous êtes trop cons pour vous rendre compte que marcher dans la rue, manifester ne sert à rien, que revendiquer des droits en parlant n’amène à rien. Vous voulez faire un blog pour montrer que c’est la misère ici, qu’on, comme tu dis petite, bafoue nos droits ? À quoi ça sert de montrer aux autres ce qu’on vit ? Ils en ont rien à foutre de ce qu’on peut vivre et ceux qui le font sont des hypocrites qui cherchent leurs intérêts derrière ça. J’en ai ma claque des discours qui n’en finissent pas, j’en ai ma claque de voir que vous êtes des mous qui ne feront rien avancer. Woodrow doit tomber, Phillmore et ses fils de pute doivent crever. Vous voulez pas de Sheldon ? Autant dire que le mouvement est mort sans lui et qu’aucun autre mouvement ne naîtra après ça. Si on le libère d’une manière ou d’une autre, ça prouvera qu’on a une réelle influence sur Downfall. Il pourra nous permettre d’aller au-delà de ce qu’on peut prétendre. On a besoin d’un gars comme lui, on a besoin de son imprévisibilité. Personne ne pourra l’égaler. Un mouvement nouveau ne changera rien, un autre leader, tu veux quoi petite, que l’autre blondinet prenne la tête ? Me fais pas rire …

Des murmures montèrent dans le groupe et avant que quelqu’un ne décide de prendre à nouveau la parole, ce fut la jeune Phillmore qui s’amusa de l’attitude de cet homme, voulant revenir sur des paroles dites par ceux qui refusaient de voir Sheldon dehors.

Ta passion pour Kenneth n’a pas d’égal, c’est certain, Ferguson, mais Kenneth appartient au passé. C’est une erreur que Monaghan cherche à le faire sortir de là. C’est un fait, agir pacifiquement n’a rien apporté, mais vous pouvez vous allier à des personnes, des groupes qui cherchent eux aussi de leur côté à agir différemment. Les Blackened ont montré en donnant un statut associatif à leur groupe qu’elles pouvaient entrer dans les règles du jeu. Mais cela ne les empêche pas d’être dérangées par la police plus régulièrement depuis. Qu’est-ce que vous voulez ? Jouer par les voies légales comme elles ? Il y a d’autres personnes qui peuvent être un atout. Je pense, à celle dont Sheldon a tué l’époux. Je parle bien de Rachel Cleveland. Si vous voulez revendiquer le Civic Center, si vous voulez vous faire entendre, je pense que c’est par une personne qui a de l’influence, mais elle doit être conseillée comme il se doit et surtout maintenue.

C’est n’importe quoi…  

(c)syndrome

Resumé:

Me pinçant l’arrête du nez, je ferme les yeux en inspirant lentement. Si papa avait été là, il les aurait convaincus lui. Cette pensée me comprime le cœur et me fait serrer les poings. Parce que j’essaie, j’essaie vraiment, de réfléchir et d’agir comme il l’aurait fait, comme il l’aurait voulu. Parce qu’après tout ça, il se serait bien rendu compte que ça ne sert à rien de vouloir taper toujours plus fort. Mais je suis heureuse que Riley soit venu, heureuse de l’entendre autant parler, utilisant le nous, en tablant sur l’avenir. Mais forcément, y en a toujours qui trouveront à redire. Et si j’ai réussi à garder mon calme jusqu’à présent, la surface se craquelle un peu en entendant Fergusson.

« Déserté ? Tu te fous de moi ? Qui t’as soigné quand t’étais en train de pisser le sang derrière une poubelle ? Et toi, qui t’as recousu ? Et toi qui a extrait la balle de ton cul ? Et qui vous a filé des medocs ? » Je secoue la tête en agitant les bras. « Vous êtes tous des hypocrites ! Il a fait plus pour vous, pour nous tous, durant des années que la plupart d’entre vous ! Vous vous cachez derrière Kenneth, vous attendez qu’il vous montre la voie tel un messie, mais bordel, il a rien fait pour nous depuis une éternité ! C’est un meurtrier ! Tellement con en plus qu’il se fait filmer en direct ! Ça te donne une idée du niveau du mouvement ouais, c’est clair, la violence et la stupidité en quelques images ! Combien d’entre nous sont morts pour tout ça ? Combien de personnes pensez-vous encore pouvoir perdre ? Vous croyez vraiment qu’on peut encore faire le poids en attaquant de front ? Vous croyez que vos bombes artisanales ou vos flingues rivaliseront longtemps avec leur AK ou les chars qu’ils feront débarquer un jour ? »
Je me crispe, les lèvres tremblantes, tellement en colère que j’arrive pas à l’exprimer et que j’aurais juste envie de hurler de frustration.!Je dévisage Fergusson, le regard noir. « Elle a raison. Kenneth appartient au passé. Personne ne peut l’égaler ? Le mouvement est mort sans lui ? Soit, qu’il disparaisse ! Bon débarras ! On peut repartir sur de nouvelles bases. Tu parles des gens installés chez eux, mais comment tu peux leur en vouloir ? Ils ont peur ! Ils veulent juste vivre ! Ils veulent de l’espoir ! Et on ne leur en a jamais donné… » Je cille en clignant des yeux. « Je veux pouvoir décider de ce que deviendra ma ville. Je veux… avoir le choix. Et je veux cet espoir. »

Je fixe India, puis Riley, avant de balayer tout le monde du regard. J’inspire profondément, reprenant sur un ton bien plus calme.

« On a besoin de rester unis. On a besoin des autres… De Rachel Cleveland peut-être. Des habitants, c’est certain. Et on ne pourra compter sur eux que si on fait les choses correctement, que si on peut leur offrir l’opportunité d’être vus et entendus réellement. On doit gagner… et mériter leur confiance. Et le reste suivra. Parce qu’on sera plus nombreux, et que oui, l’extérieur finira par nous voir pour ce que l’on est. »

D’autres prennent un peu la parole, rapidement, avant qu’on ne passe au vote. Au résultat plus que mitigé. Mon regard accroche celui de Fergusson, me contentant de secouer la tête en l’entendant. Et aux paroles de Dillinger, Fergusson crache par terre, avant de se diriger vers la sortie, suivi par d’autres. Combien ? Je ne sais pas, mais trop. J’ai envie de les retenir, de leur dire qu’on a besoin d’eux, mais ils le savent déjà. Bandes de cons. Je m’entoure de mes bras en me renfrognant. « Je veux bien être chef, je me ferais une couronne. » J’ai un sourire sans joie. Tu parles, j’ai même pas réussi à les retenir. Et puis, ouais, une gamine… « Tu serais pas mal tu sais. Mais Riley conserve la carte médecin de l’extérieur, ça pourrait donner du poids non ? »

Je sens bien que la dissension va croissant à mesure qu’on échange. Deux courant se dessinent et, l’espace d’un instant, j’ai quand même peur qu’Harper opte pour une voie qui me déplairait fortement. Mais visiblement, ce n’est pas le cas et j’en suis soulagé. Pour autant, j’ai une grimace quand Ferguson reprend la parole, même si Harper lui répond avant que je n’aie le temps de dire quoi que ce soit. J’ai tout de même une ombre de sourire avant de retrouver mon sérieux et de fixer Ferguson. « Pense ce que tu veux. J’ai fait des choix, toi aussi Chacun doit gérer avec sa conscience. La violence a dégagé qui ? Rappelle-moi ce qui s’est passé pour vous ces derniers temps ? Et où sont tous ceux qui ont opté pour cette voie ? Faire exploser des choses a juste servi à faire stigmatiser les habitants de Downfall, à les faire passer pour des sauvages qu’il faut mater à coups de matraques. Mais soit, si c’est comme ça que tu veux continuer, si vous voulez libérez Kenneth parce que vous êtes incapable de penser par vous-même, faites-le. » J’ai un mince soupir avant de reprendre, toujours aussi sérieux. « Ce n’est pas parce que nous n’avons pas envie de voir toute la ville exploser que nous sommes des mous. Ce mouvement est mort, avec ou sans Sheldon. Mais il peut y en avoir un autre. Et si vous décidez de continuer à jouer aux terroristes, de vous baser sur un personnage assez imprévisible pour risquer la vie de tout le monde … bien. Faites-le. Mais on ne sera pas derrière vous. Et tu n’auras pas intérêt à me traiter de mou quand tu viendras toquer à ma porte pour te soigner parce que vous vous serez encore fait massacrer. » Même si je sais pertinemment que les soignerais tous. Parce que c’est ce que j’ai toujours fait depuis des années, même si à leurs yeux, je ne suis qu’un déserteur. J’avoue, c’est un rien agaçant, mais je ne suis pas là pour m’offusquer pour si peu.

Je lève un sourcil quand Jodie reprend la parole, hochant doucement la tête. « Cleveland est une bonne idée. Elle permettra de construire quelque chose de solide. Si l’ancienne façon pacifiste n’a rien donné, ça ne veut pas pour autant dire qu’il n’y a pas de nouvelles façons de faire. On doit jouer avec les cartes qu’on a en main, trouver un moyen de contourner les règles ou en jouer pour qu’elles ne soient pas un handicap mais un atout. Le civic center risque d’être entre les mains des gangs ? A nous de montrer qu’on peut être une alternative viable, qui jouera le jeu en essayant de sauvegarder au mieux nos intérêts. » Il faut réfléchir plus posément à tout ça et balancer des idées comme ça, sans étudier toutes les options, ne serait pas du plus efficace.

Et les gens finissent par voter. C’est définitif, le groupe est bien scindé en deux. Pour le meilleur ou pour le pire. Je ne sais pas du tout ce que ça va donner et entendre Fergusson qui dit qu’ils vont essayer de libérer Kenneth ne me rassure pas. Ca va forcément mal finir, surtout qu’il est bien gardé. J’ouvre la bouche pour essayer de parler, de les rattraper, de leur dire qu’ils peuvent être des hommes de bien et ne pas juste tout détruire en espérant vaguement que quelque chose en sortira. Sauf que rien ne me vient. Parce que c’est leur décision et qu’au final, mieux vaut qu’ils restent parce qu’ils sont totalement convaincus plutôt que par hésitation, parce qu’il n’y a rien de mieux.

Je laisse filer un silence, fixant Harper, dubitatif, quand elle parle de porter une couronne. Avant de hausser une épaule aux propos de Dillinger. « Si personne d’autre n’est volontaire… on pourrait faire ça ensemble ? Le déserteur qui vient de l’extérieur avec l’ancien, là depuis toujours ou presque ? » J’ai une ombre de sourire avant de désigner Harper et je continue, d’un ton plus léger, même si le cœur n’y est pas vraiment. « On laissera les jeunes prendre le relai quand ils seront prêts. » Préparer le terrain, prendre les coups au sens figuré cette fois, pour que derrière, ils puissent agir, ça me parait une bonne idée non ? En attendant, il faut qu’on discute avec ceux qui sont restés. Mais pas maintenant. Parce que là, tout le monde, moi y compris, a le cœur serré de voir le mouvement des unbroken se répandre en miettes pour de bon. Même si d’autres choses plus positives peuvent en naitre, il va falloir quelques jours pour digérer et savoir dans quelle direction avancer.

What is dead may never die

@Harper Beckett @Riley Emerson

Le débat se poursuivait et chacun amenait une pierre à l’effigie. India glissait l’idée de prendre contact avec d’autres groupes, de se réunir, d’agir ensemble, de trouver les bonnes personnes pour se faire entendre. Fergusson restait sur sa position revancharde, à vouloir se battre, à vouloir se faire entendre comme ils l’avaient toujours été. Ils étaient en grande partie des Rats, ils avaient vécu dans les sous-sols de la ville, ils avaient coupé l’électricité, l’eau courante pour se faire entendre à une époque et cela avait marché. Ils s’étaient fait reconnaître, avaient fait entendre leur revendication en prenant à la gorge le peuple. La jeune femme n’avait jamais aimé ce groupe-là, parce qu’ils avaient un certain contrôle sur la ville permettant d’amener des ressources de l’extérieur, tenant ainsi les habitants.

Riley et Harper mirent à leur tour à nouveau de l’eau dans le moulin pour faire entendre raison à une majorité des membres présents. Dillinger finit par proposé un vote qui se montra finalement assez serré. Un peu plus de la moitié avait voté pour agir pacifiquement tandis que l’autre voulait faire sortir Sheldon et continuait de se faire entendre par la violence. Quelques personnes restèrent dans l’hésitation. India avait pas lever la main dans les deux cas, les bras croisés, appuyés contre un mur. Dans les deux cas, ils auraient besoin d’informations, ils auraient besoin d’Hermes et la jeune femme ferait glisser l’idée qu’ils aient besoin de lui pour avancer. Elle se devait aujourd’hui d’être neutre. Et ce fut tout de même un soulagement de voir les pacifistes gagner à quelques mains levées près le vote.

Fergusson décida de partir, bien décidé à de poursuivre ses actions terroristes. Il s’arrêta à la hauteur de la brune, sans même la regarder, parlant assez bas pour qu’elle seule puisse l’entendre.

Je sais ce que tu as fait, Carter. Tu le paieras, crois moi.

La tête se levant pour affronter du regard l’homme, elle se montrait ennuyée par ses paroles, sans l’ombre d’une crainte.

Rappelle-moi tes paroles quand tu plieras l’échine devant moi. Comme lui.

Un sourire provocant fit serrer la mâchoire du Rats qui souffla comme un animal avant de lui assurer qu’ils se reverraient. Puis il sortit suivi rapidement des autres, laissant un vide dans la vie. Presque la moitié avait disparu. India regarda les membres présents qui reprirent leur échange. Qui voudrait être géré ce mouvement qui allait naître, qui ne porterait plus le nom des Unbrokens pour ne pas partir avec l’historique de ce groupe derrière eux ? Peu de monde n’avait la force ni le talent que les anciens leaders des Unbrokens avaient. Ni Emerson, ni Beckett, ni Dillinger n’en avaient la force, ni le charisme. Ce mouvement était voué à rester cloué là où il était et India n’avait que peu d’espoir dans leurs actions. Défaitiste, elle ne s’attendait à rien d’utile venant de leur part, pas avec le nombre réduit d’individus présents. Riley se portait volontaire pour prêter mains fortes à Dillinger qui se proposait si personne ne voulait. Il avait été là depuis les balbutiements des Unbrokens, proche des habitants de Compton, il s’était battus lorsqu’il y avait l’affrontement entre les militaires et les Unbrokens du Big Nowhere. Elle les vit échanger une poignée de main, bien décidés d’avancer.

India soupira et sans un mot fit demi-tour et s’en alla de South Gate, cette ville sous la ville, ne pouvant cacher son mépris des lieux, de ce labyrinthe de canalisation, ces égouts de la ville où les Rats avaient construit leur logement. Elle trouva la sortie et repartit chez elle, apprenant dans les jours qui viendraient que sa colocataire irait vivre avec son cousin.

(c)syndrome

Resumé: