L'espoir. L'espoir d'entendre une petite phrase qui changerait la donne, qui les libérerait de ce monde, de cette violence. Tant pis pour son avenir, tant pis si elle ne pourra pas aller plus loin que vendeuse ou serveuse, peut-être, reprendrait-elle ses études s’il retrouvait un métier légal. Tant d’espoir en ces quelques mots. Mais cette phrase ne vint pas. Au contraire. Dans ce regard vert embué de larmes, il put y lire de la déception. Non, ce n’était pas possible. Non, il ne voulait pas partir de ce confort, de ce mode de vie. D’un léger mouvement de tête, elle refusa sa proposition.
Pas sans toi, lâcha-t-elle comme un cri du cœur, angoissée, loin d'être prête à couper le cordon avec son seul parent.
Et pourtant, il était temps pour elle de prendre son envol, comme l’oisillon qu’elle était. India se blottit à nouveau contre lui, le serra un peu plus en l’entendant s’excuser, serrant les dents pour supporter son contact, pour finir par pleurer un peu plus. La jeune femme n’était jamais tombée aussi bas, dans un état de détresse où aucune solution n’était possible. Ils restèrent ainsi blottis l’un contre l’autre, dans un de ses rares moments où le père et la fille se retrouvaient. Les larmes finirent par se tarir. Et la jeune Phillmore finit par trouver la force de se relever, pour finir par aller se reposer dans sa chambre, accompagnée de son animal de compagnie qui continuait de quémander de l’attention.
Elle finira par apprendre qu'il prenait la tête des Prayers et, comme un nouveau cri du cœur, India lâchera qu'il était un abruti, qu'il venait de la mettre en danger par égoïsme et par ambition. Elle comprendra qu'il était temps de s’éloigner pour se protéger, de lui, des Prayers, de tout ce qui allait en découdre de cette décision. La colère serait son moteur. Sa fierté, son étendard. Sa première réaction était d'aller insulter Edward pour avoir eu la faiblesse d'esprit d'accepter de céder sa place. Mais cet homme n'était plus que l'ombre de lui-même. Elle avait mis plusieurs jours pour trouver un appartement et avait rapidement fermé ce chapitre de sa vie pour fuir ce qu'elle redoutait, bien que ses blessures soient encore visibles, que tout son être craignait le lendemain, craignait ne plus pouvoir tenir dans cette ville qui avait réussi à briser ses barrières. Mais elle n’était pas une Phillmore pour rien, elle ne baisserait pas les bras si facilement.
(c)syndrome