(EVENT 7.3 - RPCs) Desolation - Van Nyus

Résumé :

Résumé:

La voiture ralentit, et je me gare le long du trottoir alors que Rachel se regarde pour la énième fois dans le petit miroir du rétroviseur, déposant avec application du rouge sur ses lèvres. Je sens les miennes se pincer en la voyant faire, et me retient de lui dire qu’elle n’a pas besoin de tout ça, et que si cet homme qu’elle s’apprête à retrouver ne s’en rend pas compte, alors c’est un idiot fini. “-Je dis juste que tu peux m’écrire si ça ne tourne pas aussi bien que tu l’espères, je passerai te chercher. Et je t’arrête tout de suite…non, je n’ai vraiment pas grand-chose de plus intéressant à faire.” que j’ajoute dans une grimace, pour éviter de l’entendre protester. Mes soirées sont plus que calmes ces derniers temps, ce qui explique que je puisse me rendre disponible pour venir sauver une amie d’un date foireux.

Elle me remercie alors qu’elle ouvre la portière, même si je sais qu’elle est trop fière pour m’appeler si ça tourne au vinaigre, et admettre que swiper sur des applications de rencontres peut avoir quelques inconvénients. Rachel quitte la voiture en me souhaitant une bonne soirée, et à son départ suit immédiatement une oppressante impression…de vide. Je sens mes épaules se voûter, et tandis qu’un soupir quitte mes lèvres, je redémarre la voiture en la voyant entrer dans ce restaurant du Civic Center. La circulation est fluide, et je ne mets pas bien longtemps à rejoindre la salle de sport, dans laquelle je finis par passer près de deux heures. Le corps couvert de sueur, les muscles douloureux, mais la tête étrangement calme, je laisse l’eau chaude dénouer mon corps tendu, et après avoir vérifié que je n’avais aucun message de mon amie, ressors de la salle les cheveux humides, alors que vingt-deux heures est presque sur le point de sonner.

La faim tord mon estomac, et je songe avec appétit au repas qui m’attend à la maison, ou en tout cas entre ces murs que j’avais pris l’habitude d’appeler comme tel. A cette heure-ci, il n’y a plus grand monde sur la route, et alors que je monte légèrement la musique, je me surprends, comme ça a été le cas à plusieurs reprises ces derniers temps, à apprécier ces balades nocturnes en voiture. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis retrouvée derrière le volant une fois le soleil couché, à rouler dans les rues de la ville, sans autre but réel que de retarder le moment de passer le seuil de l’habitation désormais vide dans laquelle je vis. Un peu comme je le fais ce soir, où la voiture fait des tours et des détours, alors qu’il existe clairement un chemin plus rapide pour rentrer. Cette simple pensée comprime subtilement mon coeur, mais je n’ai pas le temps de faire pour la énième fois le point sur tout ce qui a pu foirer dans ma vie ces derniers temps que la musique disparaît au profit de cette sirène qui déchire les rues de la ville.

Un rapide coup d'œil dans le rétroviseur, et je m’arrête brusquement, sourcils froncés, après m’être déportée, deux roues empiétant sur le trottoir vide. Un battement de cœur plus tard, la voiture est secouée, malmenée, alors que je me recroqueville entre mes bras, me jetant vers le siège passager pour me protéger autant que possible. Un morceau de toit s’abat sur le capot de la voiture, fissure le pare-brise qui n’éclate pourtant pas en mille morceaux, projetant autant de bouts coupants dans ma direction. Quand les secousses s’arrêtent, il me faut quelques instants pour me redresser, et contempler l’ampleur des dégâts autour de moi. Et comme bien souvent dans ce genre de situations, le lieutenant Fredriksen prend bien vite le pas sur Anja, et les réflexes affleurent, et prennent le relais.

J’observe la voiture, que je sais inutile vu l’état des routes et les débris qui les jonchent. Un coup d'œil autour de moi me permet de me repérer dans Downfall, de me rendre compte que j’avais presque atteint la frontière du quartier rouge, et après avoir récupéré ma lampe torche et ma ridicule trousse de secours dans la boîte à gants, je sors précipitamment de la voiture et me dirige vers ce qui semble être un quartier résidentiel, durement touché. Je m’arrête auprès de chaque civil que je croise pour m’enquérir de leur santé, avant de repérer une silhouette qui, sans être familière, me permet d’identifier rapidement d’identifier de qui il s’agit. “-Bates !” que j’interpelle rapidement la jeune Blackened Beauty à quelques pas de moi, me rendant visible dans son champ de vision, au cas où elle ne m’ait pas entendu avec ce remue-ménage autour de nous. Je n’ai pas besoin de la consulter pour, après avoir posé torche et trousse de secours à quelques mètres de là, me mettre à porter les blocs de béton et de plâtres à mains nues, à l’instar de ses soeurs, ne doutant pas que nous allons trouver bien trop vite un membre ou un autre, enchevêtré sous ce qui, il n’y a pas si longtemps, étaient encore des habitations.

Spoiler:

Un long bâillement me fait froncer le nez et humidifie mes yeux alors que je les reporte sur la télévision du loft, celle qui se trouvait encore quelques mois plus tôt de l’autre côté du couloir, chez Sammy. Il est assis à côté de moi, ce même air fatigué sur le visage, malgré le fait qu’il soit même pas vingt-deux heures. Pour sa défense, et la mienne du coup, ces derniers mois ont été…sportifs. C’est le mot poli que j’utilise pour dire qu’ils ont été rudes, éprouvants, qu’ils ont mis mes nerfs à rude épreuve et que plus d’une fois je me suis sentie impuissante, frustrée, incapable de pas en vouloir à la terre entière. Les démarches pour adopter Ester ont été longues, si longues que j’ai douté de pouvoir un jour ramener le petit être chez nous, et pouvoir l’appeler “ma fille”. Hé ouais, après ce qui m’a semblé être un long combat, plus administratif qu’autre chose, Ester porte mon nom, vit sous notre toit, et a empli tout notre quotidien. D’où la fatigue sans doute, ouais.

Bien que je vienne tout juste de vérifier, mon regard se pose une nouvelle fois sur le petit babyphone qui me renvoie l’image du nourrisson endormi à l’étage, dans le lit qu’on a calé dans un coin de notre chambre. Pour l’instant, c’est plus simple qu’elle dorme avec nous. Même si les chats viennent la sniffer d’un peu trop près, les pleurs et gazouillis du nourrisson ont tendance à les éloigner assez rapidement, et de toutes façons, il était hors de question d’installer le petit berceau ailleurs que là où on aurait un œil sur elle la nuit. Aussi cliché que ça puisse sonner, il est fort possible que je me sois levée une paire de fois en pleine nuit juste pour vérifier qu’elle respirait toujours, ce qui a pas manqué de faire sourire Sam au début, même si je crois qu’il a fini par s’habituer à mon manège.

Pour ce qui est des réveils nocturnes, des biberons, des couches, des interactions, de notre organisation, de tout le reste d’ailleurs, je crois qu’on peut dire qu’on commence à trouver nos repères, même si on tâtonne encore pas mal. Avec elle. Entre nous, aussi. Parce que j’avais peur qu’Ester accapare toute mon énergie, toute mon attention, et de le faire passer lui, nous, au second plan. Avec mes hésitations habituelles lorsqu’il s’agit de m’ouvrir, j’ai pourtant réussi à lui en parler, et on s’est promis de mettre le paquet niveau communication entre nous pendant cette période où les changements ont été nombreux. C’est pas parfait, évidemment, et on cafouille parfois encore pas mal, mais je crois qu’on s’en sort quand même plutôt bien.

J’étouffe un énième bâillement, et finis par poser la main sur la cuisse de Sam, que je serre légèrement en lui disant que je suis trop crevée, et que je vais me coucher, même si le film est pas fini. Je devine au sourire mutin qui étire ses lèvres qu’il va me traiter -à juste titre- de petite mamie, mais je lui coupe l’herbe sous le pied en déposant un baiser sur ses lèvres avant de me lever du canapé. Je suis déjà au pied des marches menant à l’étage quand il me répond qu’il me rejoint, et la fin de sa phrase est noyée par le son de cette sirène qui retentit soudain de l’autre côté des vitres, et qui nous figent tous les deux, alors que d’instinct on se tourne l’un vers l’autre. A ce son désagréable, et qui augure rien de bon se superpose bien vite les pleurs d’Ester, et j’ai à peine monté trois marches que mon équilibre vacille, alors que l’immeuble tremble soudainement. Mue par des réflexes que je pensais même pas avoir, je grimpe ce qu’il reste de marches, pieds nus, sans faire attention aux cadres qui tombent et explosent sur les marches, les parsemant d’éclats de verre.

Le bébé s’époumone quand je la prends dans mes bras, et dans la seconde, Sam nous emprisonne dans les siens, et nous attire sous le cadre de la porte, Ester protégée entre nous deux. Je sens le cœur du blond cogner contre mon épaule, comme un écho au mien qui bat fort dans ma poitrine, alors que le sang rugit dans mes oreilles, pourtant pas assez fort pour couvrir les pleurs, et les cris qui s’élèvent autour de nous. Et avec cette sensation que tout se stoppe comme ça a commencé, presque brutalement, le sol arrête de trembler. J’ai l’impression d’être essoufflée, comme si je venais de courir un sprint, et Sam s’est à peine détaché de moi que mon regard se porte sur ma fille, que je serre contre moi quand je vois qu’à part ses joues échauffées par les pleurs, elle va bien. Le petit être lové contre ma poitrine d’un bras, j’avance l’autre vers Sam, et glisse une main dans sa nuque pour plonger mon regard dans le sien, et m’assurer qu’il est entier : “-T’as rien ?” Ses yeux parcourent mon corps, les miens en faisant autant alors qu’on se tourne à tour de rôle, pour vérifier qu’on va bien, l’un et l’autre. Et c’est le cas. Seuls mes pieds saignent, sans doute coupés par les cadres brisés dans nos escaliers.

Autour de nous, un désordre sans nom règne dans la chambre. Diego et moi sommes tombés de ma table de chevet, alors que Sam, Ofelia et Timmy reposent désormais sur le parquet froid, comme tant d’autres objets de décoration, ou jouets de la petite. Il me faut quelques secondes de plus pour réussir à m’ancrer une nouvelle fois dans la réalité et mesurer l’ampleur de la situation : la terre a tremblé à Downfall, et les dégâts, humains, matériels, doivent être conséquents. Ester passe doucement de mes bras à ceux de Sam, une douceur qui contraste avec l’urgence de la situation. Et pendant que je me rue vers l’armoire, je lance au cuistot : “-Il faut que j’aille à l’hosto, il va y avoir un raz de marée de patients. Putain…faudrait que je fasse le tour des voisines avant de partir, pour vérifier qu’elles vont toutes bien…et…” Et je parle. Trop. Pour évacuer, poser mes pensées, essayer de me projeter, alors que j’enfile des chaussettes sur mes pieds ensanglantés après avoir vérifié qu’il y avait plus de verre, que je mets un jean, et un pull.

Déjà sur mes pieds, je suis arrêtée dans mon élan par la main de Sam sur mon bras, alors que le regard qu’il pose sur moi est traversé par trop d’émotions pour que j’arrive à toutes les déchiffrer. Je sais qu’il s’inquiète, pour sa fratrie, ses amis, de savoir si la secousse a secoué la terre jusqu’à chez ses parents, je sais qu’il va s’inquiéter aussi dès que j’aurai passé le seuil de la porte. Il me dit qu’il s’occupe de faire le tour des apparts de l’immeuble, et d’envoyer nos voisines vers l’hôpital ou les centres de soins si elles sont blessées.

Quand mes yeux se posent sur Ester, il me promet de faire attention à elle, ce dont je doute pas une seule seconde, et après une brève hésitation, je pose mes lèvres sur le front du nourrisson dont les pleurs se sont tus, puis brièvement sur les lèvres de Sam : “-Fais attention s’il te plait. Pas d’imprudence. Les lignes seront sûrement saturées, mais je te ferai savoir que tout va bien dès que je peux.” M’arracher à eux est presque douloureux, mais la simple pensée qu’on a besoin de moi ailleurs me donne le coup de fouet nécessaire pour dévaler les escaliers, attraper mon sac de médic dans le placard de l’entrée, et quitter le loft en courant.

Dans les couloirs, je croise aucune âme qui vive avant le rez de chaussée, où deux Blackened sont en train de quitter le bâtiment, qui malgré quelques fissures, semble encore solide dans ses fondations. A peine mon pied foule-t-il le trottoir que j’ai un mouvement d’arrêt face à ce que mes yeux découvrent, et qui fait remonter mon cœur dans ma gorge. “-Putain de merde…” Et les mots sont pas encore assez forts. Ici et là, des visages paniqués, des corps brisés, des plaies qui saignent, des morceaux d’immeuble, du béton éventré. Et tandis que je parviens à retrouver comment fonctionnent mes jambes, je me remets à courir, sans même sentir la douleur des coupures dans mes baskets, m’élançant vers les immeubles sur le point de s'effondrer, vers les corps étendus au sol, vers cette voiture encastrée dans un lampadaire.

Spoiler:

Résumé:

Résumé et dé :

Autant garder nos forces pour ce qui va être une très longue nuit plutôt que de se lancer dans des blablas inutiles. Si bien qu’après un simple hochement de tête, je me mets à évacuer les gravats de mon côté, tâchant de garder un œil autour de nous malgré tout. Bloc après bloc, l’espace devant l’entrée de ce bâtiment d’habitation est dégagé, bientôt suffisamment pour que l’une des jeunes femmes présentes à mon arrivée s’intéresse à la porte, alors que de mon côté je dégage encore quelques blocs de bâtiment pour éviter que dans leur fuite, les personnes coincées à l’intérieur se blessent davantage en chutant dessus.

Je ne peux m’empêcher de ralentir mes mouvements, jusqu’à m’arrêter complètement quand je vois Bates et son acolyte de sororité prendre une nouvelle fois de l’élan, et se jeter contre la porte branlante, toute épaule en avant. Alors que le son de leurs corps s’écrasant contre la porte résonne, je jette un regard plus haut, vers le reste de l’immeuble à l’équilibre incertain. J’ignore si ce sont les histoires racontées par ma pompier d’ex-femme qui me reviennent subitement en tête, mais je me retrouve à faire un pas en avant, en serrant les dents. Rien ne dit que les coups répétés sur la porte pour en forcer l’ouverture ne vont pas fragiliser davantage les appuis du bâtiment, et précipiter sa chute, écrasant au passage les habitants coincés à l’intérieur, et peut-être même aussi ceux qui se trouvent sur le trottoir, autour de moi. Et en même temps…je sais aussi qu’il n’y a pas des tas de solutions à notre portée pour faire quelque chose dans l’immédiat.

L’urgence de la situation se lit dans chacun de nos regards, dans l’empressement de nos gestes, et rien n’indique qu’une équipe de soldats du feu sera envoyée à temps pour stabiliser un minimum l’immeuble avant de tenter d’en ouvrir la porte. De toutes façons, vu l’état du service de la DFD, je devine d’avance que beaucoup trop de Downfalliens vont devoir se débrouiller seuls ce soir, car les pompiers ne pourront pas être partout à la fois, par manque d’effectifs et de moyens. “-Hé ! Dites leur de s’éloigner. Trottoir d’en face, à deux ou trois immeubles de là !” que je commence, jetant un coup d'œil de l’autre côté de la rue, m’assurant que rien ne risque de s’écrouler au premier coup de vent. “-Il faut dégager un maximum l’espace autour du bâtiment, au cas où il s’effondre. Et essayez de séparer les gens blessés de ceux qui ne le sont pas.” que j’ajoute, me retenant de lever les yeux au ciel quand la Blackened Beauty se tourne vers Emily, sans doute en quête d’une approbation. “-Maintenant !” que j’ajoute, glissant en guide de soutien un bras sous les épaules d’une jeune femme couverte de poussière qui vient de sortir du bâtiment en chancelant, le front et une partie du visage rougis de sang.

Spoiler:

Chaque cri, chaque craquement inquiétant, chaque grondement sinistre, chaque visage paniqué que je vois tandis que je me dirige vers la voiture m’empêche de rester concentrée sur mon objectif. Je devine que les victimes doivent être nombreuses, que l’hôpital va crouler sous les patients, que ce tremblement de terre sera lourd de conséquences. Je sais qu’on aura sans doute besoin de moi aux urgences, que je suis pas prête de rentrer retrouver les miens, qu’une longue nuit éprouvante s’ouvre à nous. Et pourtant je m’élance sans hésiter, parce qu’il faut bien commencer quelque part.

La carrosserie de la voiture est plissée, malmenée par le lampadaire dans lequel elle s’est encastrée. Je distingue aucune fumée, et je me dis qu’avec un peu de chance, la voiture va pas s’embraser, exploser, voler en miettes, et nous pulvériser au passage, la conductrice visiblement inconsciente et moi. Je pousse un grand soupir, comme pour essayer de chasser toutes les pensées parasites qui fleurissent dans mon cerveau, et à la place, j’attrape la poignée de la porte avant, et tire dessus de toutes mes forces, pour l’ouvrir. Sauf que j’ai beau forcer, y mettre toute ma rage, ma bonne volonté, il se passe rien. Putain !

Un grognement m’échappe, et sans prendre la peine de réfléchir trop longtemps, j’attrape un bloc en béton de je sais pas quoi par terre, et l'abat avec violence sur la vitre arrière, qui vole en un tas de petits éclats éparses. Tant pis pour la vitre, la voiture est plus vraiment à ça près de toutes façons. Je faufile mon bras dans l’habitacle, et le tord assez pour déverrouiller la portière côté conducteur, avant de l’ouvrir brusquement, me penchant déjà vers la passagère inconsciente. “-Vous m’entendez ?” que je demande en guettant la moindre réaction enfilant rapidement une paire de gants avant de chercher un pouls que je trouve en quelques instants, à mon grand soulagement.

Avec délicatesse, je repousse les mèches de cheveux qui couvrent le visage de la femme, avant d’avoir un mouvement de recul : “-Sydney ?! Fais chier…” Ouais bon, on repassera pour le vocabulaire, mais pour ma défense, je m’attendais pas à trouver l’une de mes collègues sur le siège conducteur. Ses yeux papillonnent, elle semble revenir à elle alors que j’attrape l’unique collier cervical qui se trouve dans mon sac de soins, qui, je le sais d’avance, suffira pas à aider toutes les personnes autour de nous. “-Sydney…c’est Solveig. De Souza.” que je précise, au cas où elle en connaîtrait plusieurs. “-Il y a eu un tremblement de terre, et tu as eu un accident. Tu es blessée, mais je vais m’occuper de toi. Ne bouge pas.” J’évite de lui dire que je vais faire de mon mieux, parce que le contraire est pas acceptable. Je me redresse le temps de regarder autour de nous d’un regard circulaire, puis me voilà de nouveau penchée au-dessus de son corps meurtri, pour une auscultation sommaire.

Spoiler:

Résumé:

Résumé et dés :

Bon sang ! Comme si c’était le moment de s’intéresser à qui dit de faire quoi, ou de questionner Bates pour savoir si, oui ou non, on écoute la foutue flic qui est venue filer un foutu coup de main ! Si la situation n'était pas si dramatique, j’aurai sans doute laissé échapper une ou deux remarques pour exprimer ma pensée, mais ce n’est clairement pas le moment, pas alors que l’immeuble laisse échapper de lugubres plaintes, laissant supposer qu’il ne restera peut-être pas bien longtemps encore debout.

Après avoir eu ce qui ressemblait à un accord de la part de Bates, la Blackened que j’ai hélé se bouge enfin, et je peux l’entendre dispenser des ordres à son tour, et inviter les personnes autour de nous à s’éloigner pour éviter qu’il n’y ai de nouveaux blessés. J’escorte jusqu’à elle la jeune femme au visage ensanglanté, et elle ne tarde pas à prendre le relais, lui passant à son tour un bras autour de la taille pour l’aider à garder l’équilibre tandis qu’elles s’éloignent.

En me tournant de nouveau face au bâtiment à l’équilibre incertain, c’est là que je la vois. Une gamine d’une quinzaine d’années, qui, après avoir fouillé les visages encore présents sans y trouver manifestement ce qu’elle cherchait, se dirige d’un pas un peu trop décidé vers l’entrée de l’immeuble. “-Non, attends ! C’est dangereux !” Elle m’a entendu, je le devine à ce léger arrêt qu’elle a pendant qu’elle se tourne dans ma direction. Pourtant, la gamine ne tarde pas à disparaître à l’intérieur de l’immeuble. “-Fais chier !” Sans réfléchir plus longtemps, je m’élance à mon tour, grimaçant à peine quand je passe le seuil de la porte d’entrée, malgré mon instinct qui me dit de rebrousser chemin aussi vite.

Je m’engouffre donc rapidement, et avise cette jeune femme qui accompagnait la cheffe de la sécurité un peu plus tôt, et qui m’informe qu’elle n’a pas vu l’ombre d’une gamine, me poussant à aller plus loin. C’est là que je tombe sur Bates et une civile, me dirigeant vers elles aussitôt, tendant mon bras à la brune : “-Ça va aller ?” Oui, question stupide. Rien ne va dans cette situation. Bates a l’air d’avoir toujours la tête sur ses épaules, alors je suppose que oui, ça ira. “-Une gamine est entrée, vous l’avez vu ? Une petite brune.” Puisque non, et après m’être assurée que ça allait je me détourne et grimpe d’un étage.

Et c’est là que je la vois, en train d’essayer de forcer la porte d’un appartement, tapant dessus avec sa maigre épaule. “-Hé ! Tu ne peux pas rester là ! Le bâtiment pourrait s’effondrer d’un instant à l’autre.” Je suis à ses côtés en quelques secondes, lui intimant de redescendre avec moi, alors qu’elle m’explique, en gesticulant comme un beau diable, qu’elle n’a pas vu sa mère dehors, et qu’elle la croit encore coincée dans leur appartement, dont la porte refuse de s’ouvrir. Merveilleux, vraiment.

Spoiler:

Une voiture accidentée, ça change un poil des urgences, même s’il nous arrive de travailler avec ce même chaos ambiant. Enfin…j’exagère un peu, évidemment, mais penser à autre chose qu’à ma collègue dont la caisse s’est enfoncée dans un lampadaire suite à un tremblement de terre, c’est pas si mal. Syd entrouvre les yeux, et je lui explique la situation, l’auscultant rapidement.

Je fronce les sourcils quand elle baragouine quelques mots, regardant l’arrière du véhicule par réflexe. “- Coffre, sac. Okay, j’irai voir quand j’aurai fini avec toi. Économise tes forces, et tais-toi.” Ouais, je viens de dire à l’une de mes professeurs de se taire, mais je suis sûre qu’elle m’en voudra pas. Faut dire que si j’arrive pas à la stabiliser pour qu’on puisse la transporter jusqu’aux urgences, j’aurai de plus gros problèmes que ça.

Sa respiration devient sifflante, et alors que le stéthoscope papillonne sur son torse, mes sourcils se froncent encore plus. Putain. De. Merde. “-Sydney…je pense que tu fais un pneumothorax.” La bonne nouvelle ? C’est clairement pas la première fois que j’en vois un, je connais la symptomatologie, le traitement, et tout le blabla. La mauvaise nouvelle ? Je l’ai jamais fait sans avoir un titulaire à mes côtés…et même si, techniquement parlant, j’ai bien une titulaire à côté de moi, elle est moyennement en état de m’aider. “-J’ai pas le choix, faut qu’on t’allonge par terre.” que j’ajoute, bien consciente de la précarité de la situation, puisque j’ignore les blessures potentielles de son dos ou sa nuque.

Je me redresse vivement, fouillant une nouvelle fois les alentours du regard. “-Hé ! Vous là, les gros bras ! Venez m’aider !” Pour la politesse, on repassera. Le type semble pas m’en tenir rigueur, et il vient même accompagné d’un autre mec presque aussi baraqué. “-Il faut la sortir de la voiture, et l’allonger par terre. Il faudra être aussi délicats que possible…mais aller vite quand même.” Je sens aux regards qu’ils me lancent que je demande des choses impossibles, mais j’ai pas trop le temps de continuer à les chaperonner ou de leur expliquer le pourquoi du comment.

Sans perdre une seconde, je plonge dans mon sac pour en récupérer mon matos, et quelques instants plus tard, Sydney est là, allongée sur le bitume. Je nettoie mes mains, découpe son haut, badigeonne son torse, et m’empare de l’aiguille…avant d’avoir une putain d’hésitation. Sauf que du temps, j’en ai pas. Je jette un regard au visage crispé de Syd, déglutis, et bloque tout ce qui me vient en tête. Je sais faire. Je sais faire. Que ce soit Syd change rien à ce fait. Mes doigts se raffermissent sur la seringue, je compte les côtes, trouve mon point de repère, et serre les dents alors que la tige métallique entre le thorax de la médecin. Je retiens mon souffle, juste à temps pour entendre le petit “pffft”, et retiens pas un long soupir de soulagement. J’ai pas tué ma collègue, putain.

Spoiler: