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 [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022)

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Sohan Ellroy
Sohan Ellroy
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MessageSujet: Re: [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022)   [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022) - Page 2 EmptyLun 24 Oct - 19:29


occupez-vous du sens

et les mots s’occuperont d’eux-mêmes


Tandis que les derniers rayons du soleil inondaient les toits de Downfall, les deux amis portèrent un toast. Ils en appelèrent à un avenir au moins aussi prometteur et radieux que cette fin d’après-midi passée ensemble. Oui, une « belle aventure » les attendait, Oz en était convaincu. Il regrettait d’avoir pris autant de temps à revenir vers la jeune femme. Pourtant, les choses s’étaient ainsi faites. Il était inutile de les ressasser, d’autant plus qu’Angela lui avait pardonné son long silence, car elle en avait parfaitement entendu et compris les tenants et les aboutissants.

Ils croquèrent dans les samoussas avec l’enthousiasme de la faim. Perpétuellement en réflexion, Ellroy voulut revenir sur ce début de discussion qu’ils avaient eu à propos des multiples et différentes versions de soi. Il eut du mal à faire bref, tant le sujet le passionnait. Ainsi, dans son bordel métaphysique, se dégagea une question, posée avec une certaine pudeur, car délicate.
Or, peu de questions impressionnait Angela. En fait, rien ne semblait la dérouter, ni même la surprendre. Sohan appréciait cette façon d’accepter d’emblée ce qui était comme tel, sans le refaçonner pour que cela rentre dans son champ de compréhension. Cette sensation grisante de connexion psychique gagna à nouveau le trentenaire qui, après avoir dégluti ce qu’il lui restait de samoussa dans la bouche, offrit à la jeune femme un sourire franc.
Oz écouta avec une grande attention la réponse de son amie. Elle en était à sa quatrième mutation, initiée par son arrivée à Downfall. Cette transition fut marquée par la confusion, Angela précisant qu’elle avait alors pu perdre la continuité de son identité. Comme si la trame narrative de sa vie s’était soudainement délitée, les évènements vécus devenant des incidents erratiques, incapables d’impulser le moindre sens. Toutefois, plutôt que de vouloir s’évertuer à être au centre de son existence, la jeune femme s’en était remise à l’environnement qui l’entourait pour observer ce qui émergerait alors de sa psyché. De cette façon, elle avait accepté de se vivre comme une autre. Ce pas de côté, peu en était capable et peu osait le faire. Il était difficile de ne pas être le héros de sa propre vie.
Plus brièvement, Angela évoqua son enfermement passé. Elle y avait déjà fait référence, de façon tout aussi lacunaire. A cette troisième version d’elle avait précédé une autre, libre de ses mouvements mais pas de ses pensées. La « folie ». Sohan s’était rendu compte que la définition de ce terme était assez variable selon les personnes. De fait, il y reviendrait. Enfin, la première version qu’avait connu Angela était celle de l’enfance, et de ses limites dans la compréhension du monde.

Quand la jeune femme eut terminé sa réponse, Oz lui opposa un silence pensif de quelques secondes. Il but une gorgée de bière, gagnant du temps pour organiser ses pensées. Tant de choses lui venaient à l’esprit. Mais il ne voulait pas accabler son amie de questions et de réflexions. Après avoir effectué un premier tri, il prit la parole : « Je suis totalement d’accord avec toi. Enfin, avec comment tu racontes tout cela. Ce n’est pas nous qui évoluons seuls, mais notre environnement qui nous y contraint, en fonction de ce qu’il est. Et de ce qu’on en comprend. Les causes sont extrinsèques ; nous ne faisons que nous adapter. Et quand on n’y arrive pas, parce que certaines choses ne peuvent être comprises, ou admisses, c’est dans cet écart, ce fossé de sens que nait la folie. » C’était sa définition de la folie, cette divergence de sens qui créait de l’impensable et de l’indicible, puisque la pensée ne pouvait plus y advenir, du moins, en adéquation avec la réalité, ce « sens commun » que beaucoup partageait. « Il y a plein de choses que je ne comprends pas dans ce monde. Mais heureusement, on ne m’a jamais enfermé pour autant. J’ai lu dans de nombreux livres que l’on pouvait priver de liberté une personne dite psychotique ou décompensée. Cela n’existe pas vraiment à Downfall. Il y a bien une clinique de « réadaptation », mais les admissions se font à la demande de la famille qui doit d’ailleurs payer les frais de prise en charge. C’est dans ce genre d’endroit que tu as été enfermée ? » Ses lectures de fiction mais aussi d’ouvrages de médecine et de psychiatrie lui avaient appris l’existence de structures spécifiquement dédiés à la santé mentale : les hôpitaux psychiatriques. A Downfall, seule une petite unité de l’hôpital général proposait des hospitalisations de quelques jours, et seulement s’il y avait un risque de mort imminent. Autrement, c’étaient des associations qui soutenaient les personnes en détresse psychique, et ces soins étaient en ambulatoire, sous la forme de consultations. En aucun cas – à l’exception de la clinique -, on ne pouvait être enfermé. Sohan ne comprenait pas comment la privation de liberté pouvait être curative ou thérapeutique. Elle était juste une protection pour la société. Et s’il comprenait le principe du contrat social, stipulant que la liberté des uns s’arrête là où commence celles des autres - et donc la justification de l’enfermement des personnes qui entravaient la liberté des autres au nom de la leur -, Oz ne voyait aucune forme de liberté dans la folie.

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Angela Sarmoise
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MessageSujet: Re: [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022)   [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022) - Page 2 EmptyMar 1 Nov - 11:53


occupez-vous du sens

et les mots s’occuperont d’eux-mêmes


De quoi allait être fait votre avenir ? Sans doute que pour vous deux, les choses n'allaient pas changer dans l'avenir, quoiqu'il puisse se passer dans le quartier. Les prayers régnaient en maitre, et vu leur hégémonie, ils ne semblaient pas être sur le point de s'évaporer dans la nature. Mais pour vous deux, qu'ils soient là ou pas, ça ne changerait rien, les livres restaient assez rares, ceux sachant réellement lire aussi. Vous faisiez partie de celles qui savaient lire Angela, avec une belle voix, une voix hypnotique, une voix charmeuse, une voix que beaucoup avaient entendus, ça et là, parce que mine de rien vos podcasts tournaient dans les rues du quartier expérimental, mais ils étaient finalement peu à mettre un visage sur cette petite voix qui savaient des choses, qui affabulait aussi parfois. Enfin, c'est comme ça après tout, n'est ce pas ? Vous ne pouvez pas tout savoir sur tout, et si vous ne lanciez pas quelques rumeurs ou des choses comme ça, ce serait presque triste dans un sens. Quoiqu'il en soit, vous étiez sur ce toi, tout les deux, tranquillement, espérant que le projet de Sohan puisse aller aussi loin que possible et pour ça, vous feriez de votre mieux pour qu'il en soit ainsi, donnant de votre temps et de votre énergie pour faire fructifier l'affaire au possible, sans pour autant attirer l'attention sur vous, juste une petite valeur ajoutée. Même si vous vous étiez échappée d'un hôpital psychiatrique, que vous aviez tué l'infirmière qui était tombée amoureuse de vous, dans ce genre de cas, vous saviez être lucide, du moins à priori. Sohan allait le savoir, vous alliez lui en parler, tout du moins, c'est la conversation qui semblait aller dans cette direction, au delà du repas que vous étiez en train de partager avec envie. Il faut dire que c'est bon, vous n'avez pas l'occasion d'en manger si souvent que ça en plus. Quoiqu'il en soit, la discussion devint véritablement passionnée, car le sujet était intéressant au possible, et vous deux étiez parfaitement dans le thème d'une façon différente cependant. Lui, c'était un enfant de Downfall, vous n'étiez qu'une importation, mais qui se fondait si parfaitement dans le paysage que peu pourraient croire que vous étiez d'ailleurs tellement le quartier semble vous coller à la peau. Et donc, en réfléchissant à cela, vous en étiez bien à votre quatrième version environ. Votre longue tirade le laissa pensif, et il lui fallut une gorgée de bière pour se remettre dans le sens qu'il désirait, vous faisant sourire plus qu'avec n'importe qui d'autres. Clairement, il y avait quelques choses qui vous unissait tous les deux, intrinsèque, presque imperceptible tellement cela semblait naturel, comme si dans une vie antérieure, vous aviez été frère et soeur, ou peut être meilleurs amis, âmes soeurs. Mais les vies antérieures existaient-elles ? En voilà un autre débat qui pourrait être marrant à explorer avec lui, peut être plus tard, car vous aviez l'impression que sur ce toit, vous pourriez refaire le monde, ou presque. Et donc, une fois que ses pensées semblaient être en ordre, il vint vous donner le fond de celles-ci. Il était d'accord, votre environnement vous contraint à vous adapter et donc, possiblement vous oblige à un reboot, comme si votre esprit n'était qu'une machine malléable à souhait. Bien entendu, c'est plus compliqué que ça, les nuances sont parfois troubles, limites, mais elles existent quand même. Quelles sont les nuances dans la folie par exemple ? Si de l'autre côté de ce mur vous étiez considérée comme complètement folle, qu'en était-il de ce côté là ? Personne ne semblait réellement savoir ce qu'il pouvait en être. Et donc, il donnait sa définition de la folie, définition qui était très bonne à votre sens. Puis, il enchaînait sur le fait d'enfermer les gens, finissant par vous demander si c'était dans ce genre d'établissement que vous aviez passé plusieurs années de votre vie. Tout en continuant de manger les samoussas, puisqu'il en restait encore, vous faisiez oui de la tête, tout en observant l'horizon et le soleil qui lentement mais sûrement était en train de disparaître sous vos yeux.

" Tu as de bonnes lectures, mais c'est exact. De l'autre côté de ce mur, plus près de ce soleil couchant, on m'a enfermé durant un temps bien trop important parce qu'on m'a jugé trop dangereuse pour le monde alentours. On m'a privé de ma liberté au nom de la folie, on m'a enfermé pour que je ne fasse de mal à personne. On me donnait des médicaments pour que je ne puisse plus penser par moi-même, que je m'enferme dans un monde imaginaire. Mais je n'ai jamais réellement pris leur médicament, parce que je savais que je n'étais pas folle. Au bout d'un moment, je me suis enfuie, et c'est comme ça que je me suis réfugiée à Downfall voilà quelques années maintenant. Si je n'avais pas pris cette décision, je ne sais pas ce qui aurait pu se passer, ce qui aurait pu m'arriver. Mais je ne la regrette pas, j'ai pu de belles rencontres ici, la tienne en particulier. "

Peut être que vous seriez toujours là-bas. Quoiqu'il en soit, vous étiez contente d'avoir agi de la sorte pour venir ici, dans un monde à votre mesure, croisant de belles personnes comme lui, comme ce qu'il était même si pour lui aussi rien n'était forcément si simple que ça. Et alors que vous finissiez le contenu de votre barquette, instinctivement, votre tête venait se poser sur l'épaule de votre ami, regardant le soleil couchant, dans une sensation de plénitude, de bien être comme cela avait été rarement le cas, alors que pourtant, vous veniez d'évoquer un pan douloureux de votre passé, un pan digéré, qui ne faisait plus vraiment mal.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022)   [TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022) - Page 2 EmptyDim 18 Déc - 23:07


occupez-vous du sens

et les mots s’occuperont d’eux-mêmes


Le regard braqué sur l’horizon, Sohan écouta attentivement son amie lui expliquer comment elle s’était construite jusque-là. La façon dont elle se racontait laissait apparaître une tendance à la dépersonnalisation, à une prise de distance radicale avec le sentiment d’identité et d’unicité. Angela s’était vécue comme plusieurs autres, façonnées selon l’environnement dans lequel il lui était donné d’exister. Ce dernier aspect fructifia dans l’esprit du natif. Et après un silence pensif, Oz décida d’approfondir sa conception de la folie en écho à l’idée d’une impossible adaptation et acceptation de ce qui était donné pour réel.
Il revint ensuite sur cette idée répandue qu’il fallait enfermer les personnes trop éloignées de la réalité ; amère expérience qu’avait connu Angela quand elle vivait par-delà le mur. Selon ses propres mots, elle avait été retenue pour des raisons de sécurité, car réputée « dangereuse pour le monde ». Elle avait été enfermée pour éviter qu’elle puisse faire du mal à quelqu’un. A la contention physique avait été ajoutée la camisole chimique. Mais la jeune femme avait su y parer, et ainsi garder les idées suffisamment claires pour organiser sa fuite, son évasion. Tout cela remontait déjà à quelques années, et la jeune femme affirmait ne pas regretter s’être réfugiée à Downfall, notamment parce qu’elle avait ainsi pu faire sa rencontre. Le regard toujours braqué sur l’horizon, Oz eut un sourire touché. Beaucoup dirait qu’ils partageaient une sorte de folie à deux, que leur délire respectif fusionnait dans une sorte d’harmonie qui avait presque trait à l’emprise. Or, le trentenaire aimait cette sensation, cette porosité dans la posture avec laquelle il se donnait au monde et aux gens ; porosité qui pouvait entraîner des moments de confusion, mais face auxquels il avait appris à maintenir quelque chose de lui. « Je ne peux pas imaginer que tu puisses faire du mal à quelqu’un », souffla-t-il, tandis que la tête d’Angela vint se poser sur son épaule. Pour lui, il s’agissait de l’éternelle incompréhension entre soi et les autres. Une incompréhension qui, parfois, en raison des tensions qu’elle créait, pouvait conduire jusqu’à l’anéantissement de l’autre pour s’en protéger.

Sans s’en rendre compte, Oz s’était mis à fixer avec intensité la jeune femme. Ses yeux cherchaient à apercevoir le dessin d’un puzzle sur sa peau, les contours de ces multiples facettes ayant composé sa vie, les limites et en même temps les points de jonction entre les différentes versions de sa personnalité. A l’instar de la manière dont Angela se racontait - et sous l’égide d’une approche quelque peu premier degré - Sohan voulait observer cette fragmentation. Si rien ne tel ne se donnait à sa vision, le natif eut cependant une représentation mentale très claire de ce qu’il tentait de voir. Et il fallait qu’il le dessine, avant que cette image ne disparaisse.
Ignorant sa faim, Oz délaissa les nouilles sautées qui l’attendaient et plongea ses deux bras dans son sac à dos. Il en sortit un calepin et une poignée de stylos, feutres et crayons. Il avait exécuté ses mouvements avec souplesse, afin de ne pas déloger la tête de son amie de son épaule gauche.
Sohan feuilleta le carnet de dessin à la recherche d’une page vierge, et une fois qu’il l’eut trouvée, il se mit à dessiner au stylo noir le portrait d’une femme, dont les traits cherchaient à ressembler à ceux d’Angela. Aucune ligne n’était continue ; toutes étaient rapidement fracturées, ce qui créa progressivement un effet de profondeur. Des traits moins appuyés vinrent compléter d’autres gravés dans le papier, sur au moins deux feuilles. Sohan utilisa d’ailleurs ce double pour continuer à représenter ce qu’il avait en tête. Il passait d’une feuille à l’autre, donnant des coups de couleur de façon moins erratique que sensée dans sa logique.

Concentré sur cette traduction visuelle de ses pensées, Oz demeura silencieux, et peut être même sourd. Si bien que lorsqu’il sortit de cet étrange état d’agitation graphique après un certain moment, Ellroy ignorait totalement ce qui avait pu se passer pendant cette capsule de temps. Relevant le regard, il réalisa que le soleil venait de choir derrière l’horizon dentelé par les toits de la ville. Leur parvenait toutefois une faible lumière, diffuse dans le ciel, luttant péniblement contre la nuit.
A la recherche d’un indicateur temporel, Sohan posa sa main sur la barquette qui contenait les nouilles sautées. Le carton plastifié était encore tiède, ce qui signifiait qu’il n’avait pas dû consacrer plus de dix minutes à ses dessins. « Mangeons avant que ça ne soit complètement froid » se contenta-t-il de dire, le calepin ouvert sur ses jambes, transitant progressivement de l’imaginaire au réel.

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Angela Sarmoise
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occupez-vous du sens

et les mots s’occuperont d’eux-mêmes


Vous étiez bien là où vous étiez tous les deux, au calme, avec une belle vue, paisible, comme presque deux personnes tout à fait normales. Enfin, on est à Downfall, qu'est ce que la normalité dans ce quartier à vrai dire ? C'est plus difficile à dire qu'il n'y parait, la définition étant assez trouble finalement, la limite entre la normalité et le reste étant différente selon les perceptions, selon tout ce que l'on pourrait bien faire ou dire. Sohan était un être lunaire, et vous semblez être son penchant solaire, comme attirés l'un envers l'autre dans une pureté que vous ne vous connaissiez plus vraiment depuis longtemps, si longtemps. Mais ce soir là, ce premier soir, il s'était assurément passé quelques choses d'incroyable, de fou, de précieux, de presque solennel. Et même s'il n'avait pas donné de nouvelles pendant des semaines, cela n'avait pas d'importance, c'était comme si le temps n'avait pas d'effets sur vos carnes, comme si le court du temps n'avais plus d'importance dans cette relation complètement hors du temps, si différente de tout ce que vous aviez pu connaître, parce que rien ne semblait être calculé, les enjeux semblaient être louables, purs, sains, contrairement à tout ce que vous aviez connue jusqu'alors. Vous étiez un peu comme deux enfants tentant de vivre leur vie dans une innocence difficile à renier. Monter ici, sur ce toi, et admirer le soleil, c'était la consécration à votre amitié, la consécration de ce coup de foudre amical. Est ce qu'il y avait plus que ça dans votre esprit Angela ? Consciemment, pour une fois, ça ne semblait pas être le cas. Inconsciemment, le film avait déjà été joué d'avance, mais la réalité était ailleurs, ailleurs que dans les faits passés, parce que le futur était à porter de vos mains, avec cette librairie, ces ateliers de lecture avec votre voix enchanteresse, qui ravirait petits et grands. C'était votre fond de commerce depuis quelques temps, et là, ils allaient pouvoir mettre un visage sur cette petite voix. Est ce que certains feront le rapprochement ? Ceci n'est pas impossible, mais ce n'est pas grave, du moment qu'il passe un peu de temps en votre douce compagnie, en train de lire un ou deux chapitres d'un livre palpitant, leur permettant de voyager en dehors du quartier expérimental le temps d'un souffle. Parce que oui, vous alliez leur faire vivre le récit, avec les intonations, le ton, le débit, une belle modulation dans la voix, le récit prendrait véritablement vie. Et puis, sans doute que vous vous amuserez à faire quelques menues imitations, d'un homme crachant son venin sur quelqu'un d'autres avec une voix plus grave, ou d'une poupée blonde à la voix bien plus fluette. Les bons moments seront partagés réciproquement, et le cours du temps n'en finira plus de s'arrêter, d'être contempler par chacune des personnes présentes. Ainsi, il ne pouvait pas imaginer que vous puissiez avoir fait du mal à quelqu'un, et cela se comprend, il n'a vu que la belle Angela, son côté solaire avec sa belle voix de sirène à son égard. Jamais vous n'aurez envie d'agir différemment avec lui, comme si vous ne pouviez pas l'atteindre de cette façon là, qu'il était au dessus de tout. Pourtant, vous bougiez les lèvres sans qu'un seul son n'en sorte. S'il avait été devant vous, il aurait pu lire si vos lèvres : " Et pourtant ... " parce que vous avez bien conscience de ce que vous avez pu faire, la faute a une éducation inexistante, les cases affectives n'ayant jamais été ouverte dans la bonne direction dès votre enfance, grandissant avec des images "normales" pour vous d'une femme ne s'occupant pas de vous, enchainant les conquêtes à la maison, se baladant dans le plus simple des appareils en toute "normalité". Et c'était en cela difficile de décrire ce qui pouvait être le plus normal dans ce monde, car le monde dans lequel vous étiez n'était pas le même que celui des autres. Alors que votre contemplation du décor continuait, laissant de côté la nourriture, il prenait son sac à dos et en sortait de quoi dessiner. A quoi pouvait-il penser l'artiste ? Vous n'en aviez aucune idée, absolument aucune. Pourtant, votre regard se portait sur ce qu'il dessinait, et c'était incroyable. Est ce que c'était vous ? Difficile à dire, tout semblait être plus ou moins destructuré mais c'était beau, gracieux malgré tout. Une nouvelle fois, au gré de ses coups de crayons, le temps sembla arrêter sa course pour vous deux, sembla car le soleil déclinait évidemment de plus en plus, si bien que la pénombre commençait à gagner votre duo. Il vous conseilla de finir de manger les nouilles avant qu'il ne soit trop tard, vous réveillant tous les deux de votre contemplation pour vous, de ses coups de crayons pour lui. Relevant votre tête de son épaule, vous lui donniez raison.

" Oui, tu as raison. En tout cas, j'aime beaucoup ce que tu as dessiné même si je ne suis pas sûre de ce que cela représente. C'est moi n'est ce pas ? "

Vous posez la question, car il a été pris de cette sorte de frénésie créatrice alors que vous veniez de lui parler de vos différentes versions et reboot de vous même. Est ce qu'il allait y avoir une autre version dans le futur ? Sans doute que oui, une version sans doute vieille et peut être aigrie de votre personne, mais ce futur était encore bien hypothétique. En effet, qui sait ce quoi sera fait le futur du quartier ? Personne ne pourrait le dire, personne pas même lui, ou vous Angela.  



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Sohan Ellroy
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Non, décidément, imaginer qu’Angela fut capable du moindre mal lui était impossible. Pourtant, elle avait été réputée « dangereuse » par-delà le Mur. Qu’est-ce que cela signifiait ? Pourquoi ne parvenait-il pas à deviner en elle cette violence redoutée par ceux qui l’avaient connue autrefois ? Cette dernière version d’elle pouvait-elle être si fondamentalement différente de l’ancienne ? La tête posée sur l’épaule du trentenaire, la jeune femme demeura silencieuse à la suite de son commentaire. Sohan finit par l’observer, cherchant à saisir l’essence de son amie, par-delà le masque de son visage. Il voulait saisir ses multiples facettes, en une seule et même image. Et lorsqu’il parvint à élaborer une représentation mentale satisfaisante, il se mit à dessiner.
Oz avait toujours dans son sac un calepin et des crayons, afin de pouvoir projeter et fixer sur le papier certaines images et mots qui traversaient son esprit. Dans cet effort de figuration – parfois paradoxalement très abstraite -, il rendait ainsi tangible des éléments de sa psyché qui seraient restés autrement évanescents. Souvent ses tracés n’étaient pas tout à fait similaires à ce qu’il avait dans la tête, ce qui pouvait être frustrant. Mais parfois, leur figuration inexacte lui permettait d’approfondir un manque à penser et de conduire sa réflexion, voire son élaboration, un peu plus loin. Ellroy aimait bien cet exercice qui, fondé sur la créativité, lui offrait un aperçu régulièrement inédit sur son propre appareil psychique.
Il noircit donc une page puis une seconde, à grands coups de stylo noir, dessinant le visage d’une femme aux traits fracturés et à la peau morcelée. Des touches de couleur vinrent donner un peu de dynamisme aux agglomérats de noir. Et après quelques minutes à dessiner, Oz s’interrompit, jugeant sa production achevée. Le rendu était dense et peu lisible pour un spectateur qui n’aurait pas suivi le déroulement du dessin. Puis, sans rien dire de ce besoin qu’il venait de satisfaire, Sohan proposa à son amie de poursuivre leur repas qui refroidissait. Angela acquiesça, mais voulut en savoir plus sur cette production graphique. Le natif lui répondit d’une voix neutre, encore marquée par ce repli sur lui-même duquel il sortait lentement : « Oui, c’est bien toi. Toi et tout ce qui coexiste en toi, parts anciennes comme récentes, saines comme malsaines... » Oz déposa le calepin à côté de lui, ouvert sur le second visage, et saisit les nouilles sautées aux légumes et au poulet. La faim se fit à nouveau pressante et le jeune homme engloutit son plat, qu’il aida à passer avec un peu de bière. Il conclut son repas en croquant dans le nougat chinois recouvert de sésame.

Leur discussion les conduisit jusqu'au cœur de la nuit. Les ténèbres avaient complètement englouti Downfall quand Oz récita : « Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes. »  Ça lui semblait bien résumer la substance des mots qu’ils avaient échangé tout au long de la soirée.
Sohan se mit alors debout et déplia sa longue silhouette. Il était temps de quitter les toits de la ville. Il tendit la main à Angela pour l’aider à se relever et la conduisit jusqu’à l’échelle, descendit le premier, puis attendit que son amie le rejoigne. Le chien les avait attendus et les accueillit par de grandes démonstrations de joie. Par la suite, ils reprirent le chemin de leur domicile. Il avait bien évidemment proposé à la jeune femme de la ramener jusqu'à chez elle. Ellroy appréciait le contact retrouvé de leur paume, Angela ayant saisi cette main qu’il lui avait offerte. Un sourire fendit le visage d’Oz qui déclara, citant une nouvelle fois Lewis Carroll : « Si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ? »

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occupez-vous du sens

et les mots s’occuperont d’eux-mêmes


Avec lui, vous étiez presque de la guimauve. Avec lui, vos bas instincts destructeurs ne semblaient pas exister, alors oui, s'il avait du mal à imaginer ce que vous venez de lui dire, ça semble être assez logique. Pourtant, vous le savez, vous pourriez partir en vrille en un rien de temps. Pas avec lui, parce qu'il y avait quelques choses de magique, de cosmique, quelques choses dans ce genre là, même s'il était difficile d'y mettre les mots précis jusqu'à présent. Est ce que vos esprits dérangés fonctionnaient à l'unisson ? Est ce qu'ils fonctionnaient dans la plus parfaite des osmoses qui puissent exister ? Cela semblait en avoir l'air, même s'il n'y avait pas de certitudes à poser sur tout cela. Est ce qu'il y en aurait un jour ? Possible mais il semblait être votre tout, votre autre moitié, comme si vous ne pouviez vous passer l'un de l'autre. En fait, si vous étiez loin l'un de l'autre, vous pouviez vivre de façon indépendante sans problèmes particuliers, mais une fois l'un avec l'autre, une certaine dépendance semblait se créer, comme si tout était d'une parfaite logique, comme si les pièces du puzzle s'imbriquaient les unes dans les autres. En tout cas, une chose était sûre, votre entente était réelle. Vous ne pouviez pas le nier, le feeling était excellent, mais jusqu'où irait il ? Difficile à dire, mais à votre façon, vous étiez deux artistes, peut être trop en avance sur votre temps. C'était votre voix qui était votre instrument, lui, c'était plutôt ses doigts, car si son dessin était une esquisse destructurée, il y avait une belle harmonie générale qui s'en dégageait. Parce que oui, vous aviez réussi à vous reconnaître, parce que les traits dessinés étaient grâcieux et ressemblant à ce que vous étiez. Les choses semblaient si simples, alors que pourtant, rien ne l'était vraiment, encore moins à Downfall évidemment, quoique, pour vous c'était peut être l'inverse, ce n'était pas aussi évident que ça clairement. Ici, les choses avaient un reflet différent. A l'extérieur vous étiez dangereuse. Ici, vous pouviez l'être, mais vous ne l'étiez pas forcément de la même manière. Ici, vous pourriez endormir n'importe qui avec votre voix de sirène, l'attirant dans vos filets pour ainsi dire. Est ce qu'il avait été attiré par votre voix ? Oui, celle-ci avait fait son petit effet ce soir là, couplé aux effets de la drogue, vous aviez été sur votre petite planète le temps d'une soirée, une belle planète d'ailleurs. Ce soir donc, vous partagiez un repas, au delà du projet du brun qui devenait de plus en plus palpable. Et puis, il y avait ce dessin et rapidement, il venait à en confirmer ce qu'il représentait. C'était fou, dingue mais toutefois irrésistible à vos yeux. Votre repas se laissait engloutir en douceur pour ce qu'il en restait. Et puis finalement, il vint à vous donner une tirade bien connue. Ce livre qu'il vous avait offert un peu plus tôt dans la journée semblait être une partie de son monde à lui, un monde que vous ne partagiez pas de la même façon, mais qui pourtant réussissait à vous parler plus qu'il ne le faudrait. Le soleil était en train de finir sa course sur l'horizon. Et donc, il vous fallait descendre de ce toit. Il passa en premier s'assurant que rien ne puisse vous arriver, et vous voilà en bas, alors que le toutou semblait heureux de vous voir. Une petite caresse sur sa tête, et le chemin du retour fut emprunté. Naturellement, vos mains s'étaient jointes l'une à l'autre jusqu'à chez vous. Puis le brun conclu tout cela d'une tirade qui ne pouvait pas mieux résumer la situation. Ainsi donc, vous le preniez dans vos bras. Etrangement, pour la première fois, vous auriez aimée qu'il vous accompagne plus loin, vous auriez eu envie de vous endormir dans ses bras, pas plus, juste sentir son corps contre le vôtre, en toute sécurité. Pourtant, la demande ne franchissait pas "encore" la frontière de vos lèvres.

" Personne ne nous en empêchera. Merci pour le repas. Bonne nuit Oz. "

Vous lui aviez murmurer cela à l'oreille avant de déposer à nouveau un baiser sur sa joue et de relâcher l'étreinte. Une main se posa sur son épaule l'espace d'un instant et votre silhouette disparaissait en direction de votre appartement jusqu'à la prochaine fois.

___________


Vous n'êtes pas comme les autres miss Sarmoise, mais vous êtes un AS pour tromper votre monde, et Downfall en est un parfait terrain de jeu.
A love like blood


(c)syndrome
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[TERMINE] occupez-vous du sens et les mots s’occuperont d’eux-mêmes ÷ angela (mi-avril 2022)
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