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 Are we safe | India

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Kenyon Luwian
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MessageSujet: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyMar 5 Mar - 17:12

"T'es trop souriant. On dirait le gentil monsieur Bates dans Psychose. C'est pas avec ça que tu vas les attirer, Ken, c'est pas pour tes dents qu'ils payent."

Comme il était étrange, même ici, d'incarner l'intello de la classe, le nouveau qu'on peut chahuter... le petit dernier chéri et protégé par ses parents et ses soeurs. Pourtant, on ne savait rien de lui. Ses camarades de peine n'avaient que leur intuition pour se figurer quel genre d'homme il était. Et son caractère commençait à apparaître dans ses mots et ses actions ; il avait déjà fait la leçon à une dame qui critiquait leurs patrons, en les surnommant Random et Nasty. Il avait essayé de lui faire valoir à quel point ils avaient de la chance d'être ici, et pas sous les ponts. Elle l'avait toisé de haut : est-ce qu'il avait déjà vécu les ponts, lui ? Elle oui, pendant toute son enfance. Alors qu'il ne parle pas de ce qu'il ne connaissait pas.

Il s'était bien gardé de dire que son idée de la prostitution de rue lui venait de films situés à l'époque victorienne, où il avait vaguement aperçu Whitechapel dans l'ombre d'Arsène Lupin, de Sherlock Holmes et de Jack l'Eventreur. Il n'était pas ici pour se faire des amies ; et c'était bien dommage, il aurait apprécié une ambiance plus familiale et solidaire.

Cependant, soir après soir, Kenyon restait au bar de l'hôtel en bonne vue de la clientèle, s'assurant d'accomplir au moins quatre ou cinq passes avant d'aller se coucher. Pour une telle chambre, un hôtel de Los Angeles aurait facilement réclamé ses cinquante dollars la nuit, et il était un garçon honnête. Il n'était pas tout à fait sûr qu'on l'identifiait pour ce qu'il était ; il avait sauvé un seul costume dans sa fuite et il le portait, en attendant de pouvoir s'acheter quelque chose de plus approprié au sex shop voisin. Au moins, il plaisait. Séduire par son physique et son maintien avait toujours eu la saveur d'une revanche sur la vie, lui qui avait fait l'objet d'ignobles campagnes racistes et homophobes pour ce même physique et ce même maintien. Les femmes du peuple étaient rares à se payer ce loisir coupable, mais celles qui faisaient partie du monde criminel semblaient ici plus nombreuses qu'ailleurs, et elles, pour leur part, ne s'en gênaient pas. Parfois c'était la copine d'un voyou qui se faisait payer un massage sexy, tandis que l'homme regardait. Ou une motarde taciturne qui lui donnait l'impression de s'être fait rouler dessus toute la nuit, alors que c'était lui qui avait tout fait. Les clients masculins existaient aussi, mais se faisaient discrets. Homos refoulés, hétéros curieux, bisexuels indifférents à la forme de ce qui recevrait leurs assauts ce soir-là... Ils ne faisaient pas la conversation. Parfois, ils n'échangeaient même pas un regard. Il aurait aimé faire davantage, leur offrir davantage. N'en seraient-ils pas tous sortis plus satisfaits ?

Pour l'heure, il prenait garde à une chose : la capote. Il était a priori possible de payer un supplément pour s'en passer, mais il devait refuser cela à ses clients en ce moment, car il n'était pas certain de son propre état de santé. C'est pourquoi, ce matin-là, il attendait avec impatience les résultats des divers tests pratiqués au dispensaire à son arrivée. Il était d'autant plus impatient que la demoiselle qui avait pratiqué les tests, quant à elle, l'avait traité avec beaucoup d'humanité et même de sympathie. Ce serait un plaisir de la revoir, un petit rayon de lumière dans cet univers froid. Elle avait paru curieuse de son activité, sans aucun jugement, et il se ferait donc une joie de lui faire visiter son espace de vie et de travail, et de recueillir ses impressions éclairées en tant que professionnelle de la santé. Il se doutait qu'un tel échange, dénué de préjugés moralisateurs ou d'objectification, seraient rares dans cette partie de sa vie. Et pourtant il en était fier, étrangement ; c'était ce qu'il y avait de plus sûr et de plus solide jusqu'à présent, dans l'aventure qui était la sienne.

En la reconnaissant au bout de la rue, il accourut pour la saluer, de ce pas léger qui dénotait un habitué de l'exercice physique et de la danse. Ce n'était pas un endroit pour une jeune dame qui ignorait le fonctionnement d'un tel établissement. Il allait l'escorter autant que faire se peut. Une idée qui le fit sourire : c'est ainsi que tout avait commencé. Quand, des années plus tôt, étudiant fauché en quête d'un avenir, il avait endossé secrètement le titre d'escort. Il n'était pas dans ses heures de travail, et portait donc le simple blouson qui l'abritait du climat quand il allait travailler au lycée, celui qu'il avait quand ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Pourvu qu'elle le reconnaisse tout de suite, il ne voulait pas lui faire peur...

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India Phillmore
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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyMer 6 Mar - 15:35




Are we safe


Voilà six mois qu'elle était revenue et pourtant elle se pensait à rêver d'ailleurs. Mais la jeune Phillmore était revenue à Downfall, avait repris ses habitudes tout en en changeant quelques-unes. Elle aurait dû passer moins de temps au dispensaire, largement remplacée par d'autres dont les diplômes et le temps suffisait. India avait tiré un trait sur une carrière médicale depuis bien longtemps. Elle aurait dû venir de temps en temps quand ils avaient besoin. Mais suite aux tragiques événements de novembre 2023, le dispensaire avait eu besoin de toute la main d'œuvre possible. Alors elle avait repris ce rythme à venir tous les matins au dispensaire pour enchaîner avec le Purgatory. À côté, il y avait un autre événement qui avait chamboulé son rythme. La librairie de son demi-frère s'était effondrée, ainsi que son domicile. Il avait perdu son chien dans le tremblement. Sohan dormait régulièrement chez elle quand il ne dormait pas ailleurs. Il avait tout perdu et elle craignait le pire pour lui.

L'année avait commencé avec ce rythme qu'elle ne semblait jamais avoir quitté, rencontrant de nombreux individus, d'autres habitués du dispensaire comme des parfaits inconnus blessés qui ne pouvaient aller à l'hôpital. Il y avait de nouveaux visages également qui venaient pour avorter, recevoir la dose d'un substitut ou le matériel nécessaire pour se piquer en toute sécurité en échange du matériel usagé. Tandis que d'autres venaient pour faire des check-up sur leur santé. Cela restait assez rare, mais le dispensaire cherchait à faire de la prévention malgré les moyens limités, notamment dans le milieu de la prostitution où les maladies se propageaient trop rapidement. Une explosion de la gonorrhée en était la preuve.

Alors, elle avait reçu ce jeune homme de deux ans son aîné et avait eu un échange assez rafraîchissant, car il était conscient de sa condition et pensait à sa santé et à celle des autres dans un milieu où le respect ne semblait pas avoir sa place quand il était question de billets verts. C'était sans crainte qu'il lui avait appris son métier, le lieu où il résidait, connu pour être un lieu de passe modeste. Ce n'étaient pas les quelques dollars demandés dans la rue comme certaines prostituées lui avaient racontés. C'était toujours mieux que la rue, mais moins sécurisant que le quartier des Blackened Beautys. India avait toujours méprisé ce milieu-là, ne comprenant pas ce manque totale de respect pour son corps, prêt à tout pour quelques dollars, quitte à se perdre soi-même. Elle avait toujours regardé les travailleurs du sexe de haut, mais son regard s'était adouci face aux histoires racontées, souvent dramatiques. Ce n'était rarement par choix et la vie leur offrait rarement une alternative, car les portes se fermaient souvent pour eux.

C'était donc avec un regard que l'on aurait pu croire bienveillant qu'elle avait accueilli les informations données par ce Kenyon Luwian, arrivé récemment en ville et logeant dans un hôtel de passe. Elle avait feint la sympathie pour en apprendre un peu plus sur ce lieu et son fonctionnement. Une idée lui avait rapidement traversé l'esprit, à savoir, connaître un peu le fonctionnement de l'Angel Nest Hotel, voir et découvrir s'il y avait des secrets, des informations qui pourraient être revendues lorsque ce sera nécessaire, à un bon prix. Hermes ne dormait jamais après tout. Elle avait fait tous les examens nécessaires et lui avait annoncé devoir attendre plusieurs semaines pour avoir des résultats. Les laboratoires étaient rares et souvent débordés.

Une semaine était passée et les résultats étaient arrivés au dispensaire. Alors, elle avait contacté Kenyon, lui proposant non pas de passer au dispensaire, mais qu'elle lui amène les résultats en main propre à l'hôtel afin de découvrir ce milieu. L'enthousiasme du jeune homme était déstabilisant et il détonnait de l'ambiance morne de Skid Row après le tremblement. Elle portait une jupe patineuse grise, des collants noirs et des bottes hautes à talon ainsi qu'un pull blanc. Une écharpe blanche et son trench-coat, elle s'habillait toujours avec élégance choisissant avec sérieux les matières et les couleurs. Son sac Smythson of bond street en main, elle s'était garée à quelques rues de l'Angel Nest Hotel, devant contourner des fissures faites dans le sol. Elle reconnut Kenyon au loin, possédant une veste qu'il lui semblait avoir déjà portée. D'un pas léger, il la rejoignit et arriva à sa hauteur. Lui offrant un sourire, elle lui tendit naturellement la main.

Bonjour, monsieur Luwian. Vous allez bien ? Lui demanda-t-elle simplement, ajoutant : j'ai vos résultats. Tout va bien, l'essentiel à savoir est là.

Le reste sera montré entre quatre murs, loin des oreilles et regards indiscrets. Elle ne perdit pas d'ailleurs de temps à énoncer les raisons de leur rencontre en dehors du cadre du dispensaire. C'était avec une certaine ferveur qu'elle enchaîna voulant se montrer sous son meilleur jour pour obtenir ce qu'elle voulait de lui.

Si je me suis permise de vous contacter, chose que nous ne faisons pas habituellement, c'est que vous avez attisé ma curiosité sur votre cadre de travail, notamment. Ce n'est pas commun et ces informations pourraient permettre à des personnes exerçant votre métier, à plus de sécurité.

Une âme charitable qui proposerait à des prostitués dans les rues à rejoindre un motel géré par des Russes. Plutôt mourir.


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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyMer 6 Mar - 17:41


Les plus petits gestes avaient leur importance, quand on rejoignait les rangs d'une caste au ban de la société. Qui donnait la main à serrer aux clochards assis au pied des murs, ou aux déshérités qui faisaient le trottoir ? Le stigmate de la mendicité attachait à leur apparence, calculée pour l'efficacité avant tout comme une tenue de combat, le mythe d'une saleté contagieuse aux conséquences fatales.

Les rats souffraient de la même image. Ken avait entendu dire que le rat gris, sur lequel pesait le reproche de la grande Peste Noire, avait en réalité supplanté le rat des champs qui portait cette maladie dans ses parasites, et amplement contribué à interrompre l'épidémie. Depuis qu'il avait eu cette information, il avait envie d'adopter l'une de ces petites bêtes, en compensation pour toutes ces mauvaises choses que l'on disait à leur sujet, et qu'il avait crues naïvement jadis. Il savait déjà comment il l'appellerait : Titus, et ensuite, s'il en avait d'autres, il avait toute l'oeuvre de Shakespeare pour y puiser des idées de noms.

"Je vais bien, merci, et vous ? J'ai beaucoup de projets... mais rien à voir avec ici. Je vous en prie, suivez-moi."

En arrivant à la hauteur du bâtiment, il passa le bras autour de la taille de sa visiteuse, le plus respectueusement possible. Il lui chuchota en traversant le hall, passant soigneusement au large du personnel présent, qui le saluait d'un signe de tête entendu en le reconnaissant :

"Je me permets d'être un peu familier avec vous, ne craignez rien, c'est juste pour qu'on ne nous pose pas de questions. Nous ne sommes pas censés inviter des amis, vous comprenez."

Elle devait surtout comprendre qu'il la faisait passer pour une cliente et il espérait vraiment qu'elle n'allait pas en être offensée. Enfin, si elle était vraiment curieuse, au moins elle voyait comment se passaient les choses ici. Et elle accédait à un lieu quelque peu confidentiel. Pourvu que ça lui fasse plaisir ! Kenyon n'avait pas grand-chose d'autre à lui offrir, en ce moment. Enfin, mis à part les services habituels, et elle ne venait pas pour cela. Arrivé à l'ascenseur, il forma le numéro de son étage et abandonna son sourire de charmeur pour une expression plus naturelle, alors que les portes de métal se refermaient sur eux.

"Le cadre ne paye pas de mine, mais c'est très correct, vous allez voir ! Et le fait de rentrer chez soi, de poser sa tête sur l'oreiller sans avoir à craindre - bref. J'ai déjà été importuné par mon voisinage, notamment en raison de mon orientation sexuelle : c'est un paradis pour moi de ne plus avoir à y penser."

Il aurait été ravi de voir d'autres personnes dans la même situation que lui trouver le chemin de cet établissement. Ceux qui étaient à l'aise avec leur corps et se donnaient volontiers en spectacle pour obtenir quelques avantages, bien sûr, et qui n'auraient pas entendu parler de cette adresse. Décidément, cette jeune dame était un contact plus précieux encore que prévu. Depuis qu'elle lui avait dit que tout allait bien, il respirait plus librement. S'il s'était écouté (ou si quelqu'un les avait observés d'un air trop soupçonneux) il aurait pu l'embrasser.

L'ascenseur les déposa dans un couloir au standing douteux. Un germophobe n'aurait pas été à l'aise à l'idée d'arpenter cette moquette. Il faut dire que certains clients n'avaient pas la patience d'arriver jusqu'à la chambre. Hâtivement, Kenyon entraîna sa nouvelle amie jusqu'à une porte étroite, fit tourner sa clé et s'effaça pour lui laisser le passage. Le petit espace aboutissait à une fenêtre aveuglée d'un épais rideau, qu'il écarta pour laisser entrer la lumière. Il la laissa prendre place sur l'unique fauteuil, voisin d'un grand verre d'eau qu'il lui avait préparé sur l'appui de la fenêtre, et s'assit en tailleur sur le lit ; dans tous les cas, ils étaient forcément côte à côte.

"Je vous en prie, dites-moi tout. Vous n'avez pas à vous justifier, vous savez," ajouta-t-il avec douceur. "Même si vous étiez juste curieuse à titre personnel, ce serait tout à fait valide. Tout est valide ici, profitez-en."

Il avait le chic pour adresser des clins d'oeil à des presque inconnus, de manière si candide et spontanée qu'ils ne s'en formalisaient pas, même en sachant quel métier il faisait et à quelle vitesse la situation aurait pu dégénérer. C'était cette joie sincère qui émanait de son visage et éliminait immédiatement toute autre interprétation. Sans être totalement nigaud non plus, ce type-là n'était pas stratégique, il ne simulait pas, et il n'avait pas d'arrières-pensées. Son clin d'oeil n'était que pure complicité. Certains avaient pu qualifier cette attitude de féminine, parce qu'ils identifiaient la féminité avec une sorte de disponibilité juvénile, mais ça en disait sans doute davantage sur eux que sur Kenyon.

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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyDim 10 Mar - 15:07




Are we safe


Ce ne serait pas la première fois qu'elle cherche d'elle-même des renseignements sous couvert de travailler pour Hermes. Elle finirait sûrement un jour par se faire attraper, tomber sur plus intelligent qu'elle, même si sa vanité ne pouvait croire cela. Alors, c'était tout sourire qu'elle avait accueilli Kenyon, arrivant d'un pas léger en sa direction et c'était faussement sincère qu'elle cherchait à prendre de ses nouvelles. La politesse était de mise, et il lui avoua avoir des projets, mais cela ne concernait en rien son travail, avec l'Angel Nest Hotel. Et c'était avec un signe de tête, qu'elle accepta de le suivre, répondant simplement un :

Je vais bien, merci.

Les questions viendraient pour plus tard si cela serait pertinent. Elle prit la direction de l'hôtel, côte à côte de ce travailleur du sexe qui ne semblait pas être dans ses heures de travail. Et c'étaient quelques mètres avant, bien avant les golgoth qui surveillaient l'entrée aux airs très caractéristiques des Russes - froid, la mâchoire carrée et des yeux perçants, une gueule typique de ses mauvais films caricaturaux - que Kenyon l'attrapa par la taille. Le corps d'India se raidit immédiatement, tous ses muscles se contractèrent, ne l'empêchant pas d'avancer pour autant, habituée à des contacts qu'elle n'avait pas demandé en tant que serveuse. Si bien des années après, elle gardait des réflexes d'hypervigilance, elle avait fini par dépasser cette condition. Mais les réflexes restaient, surtout quand elle ne s'y attendait pas. Mâchoire crispée, elle accueillit la raison de ce rapprochement avec un simple regard pour lui, alors qu'ils étaient bien trop proches à son goût, mais ne laissant entrevoir - si ce n'est son corps qui s'était crispé - aucune émotion traverser son visage. Une maîtrise de ses émotions ne parvenant pourtant pas à contrôler entièrement ledit corps.

Je comprends, j'aurai préféré être prévenu avant, lui expliqua-t-elle dans un murmure en retour comme une confidence au creux de l'oreille.

Ils traversent ainsi le hall de l'hôtel, accueillis par un personnel qui semblait surveiller les faits et gestes de chaque passant. Un signe de tête fut échangé et ils poursuivirent leur chemin jusqu'à un ascenseur. India se doutait qu'en entrant ici, elle doive payer le temps que Kenyon lui donnera afin d'assurer la sécurité de cet employé et la sienne par la même occasion. Qui aurait cru qu'un jour India Phillmore paye les services d'un travailleur du sexe ? Personne. Mais le but de la rencontre n'était pas de combler ce vide qui s'était installé dans sa vie comme un amant un peu trop collant. Elle avait remarqué l'attitude, le regard de Kenyon qui se montrait très différent de leur première rencontre au dispensaire. Un comportement qui attirait certainement les regards. Une fois dans l'ascenseur, il la libéra, India profita pour se décaler d'un pas, tournant le dos au miroir pour faire face à la porte. Elle avait pu observer le nombre d'employés, les différentes portes, celles qui étaient surveillées, etc. Ce fut Kenyon qui la rappela dans l'instant, lui expliquant le sentiment de sécurité qu'il avait en vivant ici plutôt que dans un appartement. Son orientation sexuelle avait été une des raisons d'accrochages avec un voisinage homophobe. La brune eut une moue.

Malheureusement, ici ou ailleurs, vous vivrez le même genre d'expérience. Peut-être pas dans cet hôtel, mais ici, le crime est rarement pour ne pas dire, jamais, puni. Beaucoup restent ancrés dans des valeurs désuètes et pensent avoir tous les droits pour faire respecter leur volonté. Quitte à tuer.

C'était une mise en garde sur les Downfalliens. L'homophobie était une tare qui ne devrait pas avoir sa place dans une société éclairée. Mais Downfall était tout sauf éclairée. Les habitants du quartier expérimental prônaient des valeurs patriarcales, où la famille et l'amour ne pouvaient être qu'entre un homme et une femme. Mais étrangement, ils fermaient les yeux quand c'étaient deux femmes qui s'offraient des plaisirs sur une vieille VHS abîmée, usée par les nombres de visionnages. Seulement, dans la vraie vie, cela restait tout de même impensable même si tous s'astiquaient sur ce genre d'image. India comprenait le sentiment de sécurité qu'il pouvait ressentir, mais l'était-il vraiment, en sécurité ? En cela, elle doutait qu'un hôtel de passe soit un lieu sans danger.

L'ascenseur arriva au bon étage. Elle le suivit et put avoir le loisir d'observer le couloir, qui ressemblerait certainement aux autres étages. Le standing était effectivement douteux, les tapisseries mériteraient bien d'être changées, mais l'argent ne servirait certainement pas à l'amélioration du cadre de vie des prostitués. Un proxénète n'était pas là pour ça après tout. Pas de caméra à première vue. Le couloir ne donnait pas envie d'y rester longtemps même si elle avait eu l'occasion de voir pire à l'extérieur de Downfall. Quelques voix, quelques gémissements exagérés s'échappaient d'une chambre tandis qu'ils passaient devant. Kenyon s'arrêta devant une chambre, en ouvrit rapidement la porte et l'invita à entrer, chose qu'elle fit sans tarder. Elle se retrouva dans une chambre simple, vétuste. Il ouvrit les rideaux qui offraient un peu de lumière à une pièce terne.

Il lui proposa de s'installer dans le fauteuil, allant chercher un verre d'eau qu'il posa contre la fenêtre, s'asseyant en face d'elle en tailleur sur le lit, détendu et certainement soulagé des résultats de ses examens. C'était avec douceur qu'il lui ouvrit les portes de son monde, lui offrant la possibilité de poser toutes les questions qu'elle souhaitait lui poser, ne jugeant aucune d'elles, sous-entendant que si les renseignements étaient là pour elle et non pour des patients qu'elle aurait croisé, c'était parfaitement légitime. Assez de quoi la déstabiliser, la déranger. Pensait-il vraiment qu'elle voulait se lancer dans ce business ? Elle avait trop d'estime pour elle-même pour sombrer dans la facilité. Malgré une amélioration de son point de vue, elle restait quand même ancrée dans des préjugés qu'elle n'avait jamais réussi à lâcher.

Ce... Ce n'est pas de la curiosité à titre personnel, trancha-t-elle avec ses deux mains restées sur ses cuisses mais levée en sa direction comme pour freiner toute idée allant dans ce sens.

India attrapa son sac et en sortit une enveloppe qu'elle lui tendit, n'ayant pas beaucoup de distance qui les séparait au final.

Avant tout, tenez vos résultats. Comme je vous ai dit, ils sont bons, vous n'avez aucune IST et vos analyses montrent que vous ne manquez de rien, si ce n'est de vitamine D, comme nous tous. Cela n'empêche pas que je vous déconseille tout rapport non protégé avec vos clients, quand bien même ils sont prêts à payer plus. Vous ne pourrez savoir ce dont ils sont porteurs ni faire confiance en leur parole. Le prix à payer après est plus important que la somme que vous pourrez gagner. Pensez-y.

Cela semblait nécessaire de faire ce rappel car il avait été question de client qui pouvait demander des rapports non protégé et si tout le monde était d'accord avec les meilleures sensations que cela procurait, sans un partenaire régulier et fidèle, les protections ne pouvaient être oubliés. Qu'importe la somme. Elle se devait de le dire, mais Kenyon fera ce que bon lui semble, elle ne serait pas là pour porter un jugement. Il fera partie seulement des nombreux patients venus pour ça, un de plus, un de moins. Elle se replaça dans le fauteuil, croisant ses jambes et ses mains.

Une fois passé la prévention que je me devais de faire, j'ai quelques questions à vous poser. Je viens dans un cadre purement professionnel et pour vous éviter tout soupçon, je vous payerai le temps que vous m'accorderez, pour éviter des questions de ceux qui vous emploient. Vous êtes entrés avec quelqu'un après tout.

Elle ne changera pas d'avis sur la question, elle lui payera son temps, même s'il n'était pas censé travailler à ce moment-là. Son proxénète demandera son pourcentage, qui sans doute, sera élevé. Elle avait des billets sur elle. C'était le jeu.

Bien. Je suis curieuse de savoir comment fonctionne cet hôtel de passe, comment est-ce que vos employeurs vous traitent, si la somme récupérée par votre proxénète est correcte et vous permet de vivre décemment ou si ce n'est que de la poudre aux yeux. Est-ce que vous avez eu l'occasion de discuter avec d'autres personnes travaillant ici ? Je croise beaucoup de prostituées, essentiellement, féminines, qui aurait besoin d'un lieu sûr. Je leur parle souvent de Van Nuys mais certaines refusent malgré tout à y aller. J'ignore leur raison, car c'est une vraie sororité qui gère et protège le quartier. Et si cet endroit peut être un endroit pour leur éviter de travailler dans la rue, ce serait une bonne chose, vous ne pensez pas ?


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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyMar 12 Mar - 18:06



Elle était si stricte cette jeune femme, assise dans son fauteuil de bordel bon marché comme si elle le recevait derrière un bureau de l'assistance ou de l'hôpital.

"Merci," sourit Kenyon en inclinant la tête quand l'infirmière lui remit ses résultats. Il aurait pu la remercier pour tout ce qu'elle faisait, ou simplement pour être là avec lui, ou pour exister dans ce monde inquiétant. "Je suis prudent dans ma vie privée, mais avec les clients, vous savez comment c'est... enfin, non, vous ne savez pas."

Gêné, il se passa la main dans les cheveux, se balança un peu sur ses jambes croisées, et se saisit du bord du drap pour le tortiller entre ses mains. C'est drôle, il avait été moins intimidé de passer son entretien d'embauche, si on pouvait réellement l'appeler comme ça.

"Alors, je vais reprendre vos questions. Ce ne sera peut-être pas dans l'ordre... la dernière est la plus importante, je crois. Cet endroit est facile d'accès mais il ne conviendrait pas à tout le monde. Une personne délicate ou traumatisée, ou qui angoisse facilement, aurait du mal avec cet environnement au final assez restreint."

Il désigna des bras les dimensions réduites de la chambre. Son attitude s'était déliée, dépouillant le langage corporel du charmeur qu'il adoptait au bar en attendant qu'on le choisisse. C'est que cette conversation lui rappelait d'autres vies. Il appréciait de pouvoir s'exprimer dans un langage châtier, celui de l'amour de la langue anglaise qu'il était. Et ça rassurerait sans doute sa nouvelle amie sur le risque d'un flirt un peu trop appuyé. Elle avait vraiment eu l'air choquée quand il avait suggéré que sa curiosité puisse être personnelle ; et il ne lui en voulait pas, sa mère aurait réagi de la même façon.

"D'un autre côté, si on veut rester discret comme c'est mon cas, cet endroit vaut bien mieux que les clubs prestigieux des quartiers rouges."

Il avait eu ses raisons de venir ici et pas ailleurs. Jusqu'à présent, il passait inaperçu, aucun ancien contact qui serait venu errer dans ces lieux mal famés ne l'avait reconnu, et ça lui allait très bien comme ça. Et puis, il ne se considérait pas comme une star du cabaret, une Evita en devenir. Ce n'était qu'un job secondaire, doublé d'une assurance vie bien musclée, adaptée au territoire. Il tâcha de revenir au départ de cette relation d'affaires, puisque c'était ce qui intéressait India : sa relation avec ses employeurs.

"J'ai été abordé alors que je cherchais déjà un logement payable en nature, et depuis je n'ai pas été envoyé sur le trottoir ou dans des zones à risque. Un client a été vraiment menaçant une seule fois, hors jeux sexuels normaux" -il leva un sourcil en observant son invitée, il ne savait pas si elle comprenait ce qu'il entendait par là- "et il a été jeté dehors immédiatement. Il y a ici de quoi effrayer les mauvais clients. Je me sens réellement protégé."

Au fond, il ne savait pas à quel point elle était expérimentée, sur le plan sexuel. Elle trouverait peut-être que se faire menotter sur le lit et fesser copieusement était une forme de torture. Il n'osait pas l'interroger sur ce point. Il garda le silence un instant, et son regard se perdit dans le vide. Les femmes à qui elle comptait recommander un refuge allaient peut-être réagir comme elle ; et il aurait fait une mauvaise action en les incitant à suivre cette voie.

"Je ne sais pas s'il en serait de même pour une femme. J'ai parlé avec quelques-unes de mes collègues, et elles disent que je vois la vie un peu trop en rose. Je crois qu'elles avaient une autre idée du contrat et qu'elles sont déçues. Ma foi, il faudra leur en parler aussi, je ne vais pas parler pour elles."

Il hocha la tête pour signifier qu'il avait terminé, mais se rappela que ses employeurs, techniquement, étaient deux, et qu'il avait eu l'occasion de quitter ce lieu pour des activités plus diversifiées. Cela valait sans doute la peine d'être mentionné :

"Ah, et j'oubliais ! J'ai eu l'occasion de travailler quelques heures dans un atelier partenaire. J'apprends des techniques de mécaniques que j'ignorais, et je peux me faire un peu d'argent de poche. C'est très encourageant. J'apprécie vraiment ces patrons, pour une personne modeste telle que moi, je n'aurais pas pu trouver mieux. Bon bien sûr, je ne vais pas faire fortune, mais ça n'a jamais été mon but."

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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyLun 25 Mar - 13:58




Are we safe


Il fallait toujours se poser la question de savoir si c'était une bonne idée ou non d'aller à la recherche d'informations. Il y avait beaucoup de risque et elle ne doutait pas un instant que les informateurs finissent, un jour ou l'autre, par être attrapés, battus si ce n'était pas pire. Mais connaître les dirigeants de cet hôtel, voir l'importance de cette infrastructure dans le quartier de Skid Row avait son importance. Les clients étaient réguliers et l'hôtel était une affaire qui marchait. Mais les dessous de cette affaire l'intéressaient plus que la surface. Ainsi, une fois passées les différentes portes menant à la chambre de Kenyon, India put s'asseoir, remettre les résultats qui avaient l'une des premières raisons de sa venue, rappelant ainsi l'importance d'une prévention bien faite. Il était vrai qu'elle faisait austère, mais ce ne serait pas la première fois qu'on le remarquait même si ses traits s'étaient adoucis avec les mois passés à l'extérieur de la ville. Le travailleur du sexe lui affirma être prudent, mais que la clientèle n'avait pas forcément les attentes au niveau sécurité. La jeune femme secoua doucement la tête, un léger sourire compatissant sur les lèvres.

Si elle savait, son ex lui avait expliqué comment cela fonctionnait pour lui, mais elle avait tiré un trait sur ces mots, sur son histoire, sur son vécu qui devait être différent du jeune homme assis en face d'elle. Les clients pouvaient avoir des demandes et étaient prêts à mettre le prix pour, sans penser un seul instant aux conséquences. Alors si Kenyon voulait lui expliquer, elle lui laisserait la possibilité de le faire, mais il était important qu'elle explique avant les raisons de sa venue, donnant un cadre à leur entrevue qui sera rémunéré à la hauteur de ses services. Une flopée de question arriva noyant certainement le prostitué qui semblait certainement intimidé par l'attitude de la jeune femme. Pourtant, malgré ses doigts qui entortillaient ses draps, il prit le temps de lui expliquer.

Non, cet endroit ne serait pas facile d'accès pour tout le monde, notamment aux personnes ayant vécu des drames qui engendreraient un état de stress post-traumatique. India hocha de la tête, l'invitant avec un sourire à poursuivre. Lu faisant un signe sur la chambre, elle suivit du regard son geste pour constater que ce n'était certainement pas l'espace rêvé, mais n'était-ce pas mieux que le coin d'une rue ? Kenyon appuya également que cela permettait de se faire discret, tout en expliquant comment il était arrivé ici. Il cherchait déjà à l'époque un logement payable en nature. Si elle avait su que c'était une possibilité, elle n'aurait pas autant passé de temps à lire les petites annonces immobilières. Et il semblait y avoir des conditions sécurisantes pour lui. Pas de trottoir, pas de lieux dangereux et une protection par ceux qui l'employaient même si cela n'avait pas empêché un malencontreux événement lui arriver. Et ce ne sera certainement pas le dernier.

J'espère que vous n'avez pas trop été secoué par cette histoire avec ce client, se permit-elle de le couper dans ses réponses. Ils ont l'air de veiller sur leurs employés. C'est une bonne chose à savoir.

Elle voulait se montrer encourageante quant à ces paroles pour l'aider à dévoiler un peu plus ces connaissances sur l'hôtel et ceux qui l'avait accueilli en échange d'un travail. Attrapant son verre, elle but une gorgée et le garda dans une main, continuant de l'écouter. Son expérience était unique et il avait pu entendre ou comprendre que les femmes de cet hôtel étaient déçues de cet engagement qui les rattachait aux Russes. Mais Kenyon ne pouvait parler pour elles et c'était tout à son honneur. India eut une moue avec un hochement de tête.

Je ne suis pas certaine de pouvoir rencontrer les autres personnes qui logent ici... Non pas que ...

Elle ne trouvait pas les mots, sa main libre moulinant dans le vide, car si elle s'était posée des questions sur sa sexualité, elle était restée dans un cadre hétéronormé par sécurité, elle reprit assez rapidement :

Enfin, je veux dire par là que vous êtes venus au dispensaire. C'est un indicateur assez important pour vous faire confiance et échanger en toute honnêteté. Pensez-vous pouvoir vous renseigner pour moi au sujet de cette déception qu'elles ont pu ressentir, sans éveiller des soupçons et sans vous mettre en danger bien évidemment ?

La jeune femme se doutait que ce fût peut-être un peu trop tôt de demander ce service. Il aurait parfaitement raison, mais ce ne serait que quelques renseignements qu'elle pourrait venir récupérer directement dans cette chambre, moyennant toujours finance. Ne serait-ce pas intéressant ? India aurait un argument s'il refusait. Personne ne cracherait sur de l'argent sans avoir à donner de sa personne en échange. Elle décroisa les jambes et se rapprocha un peu du bord du siège pour réduire un peu la distance avec lui.

S'ils sont aptes à vous protéger, au vu des armoires à glace que nous avons croisé, ne sont-ils jamais montrés violent envers vous ou vos collègues ? Peut-être que vous voyez un peu trop la vie en rose, ce qui est une qualité et je ne doute pas que cela vous préserve de la réalité… J'ai croisé des prostituées qui se faisaient battre par leur proxénète pour ne pas avoir ramené assez quand ce n'était pas des clients qui levaient la main sur elle. Je n'ai pas envie de proposer cet hôtel si c'est également le cas ici, vous comprenez ? Peut-être que vous n'avez pas la réponse, car cela ne fait pas longtemps que vous êtes là. Vous êtes arrivé ici en début d'année, si mes souvenirs sont bons ?

Elle savait que ces informations pourraient lui être également utiles pour le dispensaire, car derrière son intérêt, il y avait cette vérité. India croisait assez régulièrement des prostituées qui venaient pour des blessures, des IST et autres. Si elles n'étaient pas forcément bavardes, elles avaient trouvés une certaine sécurité dans le dispensaire. Alors, même si elle doutait des qualités de ses employeurs, elle pourrait peut-être en tirer quelque chose pour ces femmes. À défaut d'arriver à les envoyer à Van Nuys. Kenyon finit par rebondir sur un autre emploie que ses employés lui proposaient de temps en temps. Cet argent était considéré comme de l'argent de poche, mais India n'en comprenait pas le lien avec l'hôtel.

Et par mécanique, vous voulez parler que vous travaillez dans un garage ? En tant que mécanicien ?


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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyDim 28 Avr - 12:12


C'était un peu étrange, cette conversation. Quelque chose était... lourd, comme un ciel qui menace, Kenyon n'aurait pas su dire quoi exactement. En tant que professeur de littérature, il percevait une insistance autour du champ lexical de la confiance et de la tromperie. Mais il ne se formalisait plus depuis longtemps lorsqu'il percevait ces petites particularités chez ses interlocuteurs. Les gens avaient tous leur culture familiale et leur façon de s'exprimer, presque un dialecte par foyer. Il suffisait de s'y habituer ; comme il suffisait d'appliquer sa langue sur le corps d'un autre pour apprivoiser leurs différences de parfums et ne plus faire qu'un tout à coup, et pouvoir tout partager. Il résolvait beaucoup de choses dans sa vie en se montrant compréhensif et souple, et comme cela l'avait maintenu en vie, il comptait bien poursuivre dans cette voie.

"Je note vos questions," dit-il simplement en prenant un papier et un crayon. "Certaines n'auront peut-être pas de réponses."

Il écoutait avec soin et résumait chaque besoin de son interlocutrice, en oubliant résolument l'emballage de formules et de miel qui rendait chaque question si... il n'aurait même pas su dire comment le qualifier, ça lui faisait l'effet d'un cadeau qui a été recouvert de beaucoup trop de papier à bulles et de rubans. Il espérait que ce n'était pas une stratégie de la jeune femme pour pouvoir s'exprimer dans un environnement peu à l'écoute. Chez ses élèves, c'était souvent le cas.

"Alors, commençons par la dernière : ce n'est pas un garage, je crois, plutôt une sorte de chaîne, d'atelier de montage. Ce n'est vraiment rien de compliqué, on a un mode d'emploi pour assembler de petites pièces, coller des étiquettes... et ça part à l'atelier suivant, où les gens sont plus qualifiés et effectuent des contrôles. Je dirais que je suis... comme Charlie Chaplin, vous savez, pas mécanicien. Ouvrier ? Journalier, je dirais."

Il haussa les épaules. C'était pratique de n'être qu'un rouage dans la machine. Il pouvait toujours prétendre qu'il ne savait pas, qu'on ne lui racontait rien, ou qu'il n'avait pas compris. Tout au fond de lui il savait que c'étaient des armes qu'il montait et que ces armes étaient l'objet d'un trafic, mais quelque chose dans son esprit se bloquait lorsqu'il tentait d'y réfléchir d'un peu trop près. Ces gens étaient ses protecteurs. Ils n'avaient rien à voir avec les marchands de mort qui avaient causé la destruction de sa famille, contre lesquels toute sa dynastie s'était courageusement et tragiquement battue. Ces armes n'avaient rien à voir avec celles qui avaient abattu ses deux parents. Il ne pouvait simplement pas concilier ces deux réalités.

"Ensuite, ça n'éveillera pas de soupçons si je discute avec mes camarades. On fait déjà ça tout le temps. Je veux dire, c'est normal. On vit ensemble," sourit-il en montrant le couloir d'un petit signe de tête, avant de la redresser, penchant en sens inverse, avec un petit clignement de paupières qui n'était pas sans rappeler un labrador intrigué.

"On n'a rien à cacher. On vit nus. Et ça n'a pas d'importance, ce qu'on se raconte, on n'est pas... des gens importants, on est juste des travailleurs avec des émotions et on est libres d'en discuter, et d'avoir une vie à côté, aussi. Vous devez vous faire des idées sur nos patrons, je crois," ajouta-t-il timidement, en baissant les yeux et en serrant ses mains l'une contre l'autre. Il ne voulait pas la vexer ; et il avait failli dire "ce n'est pas comme dans les films", ce qui aurait pu paraître un peu condescendant.

Bon, il pouvait bien imaginer que Madame Nastya serait hostile à un employé qui ressasserait les plaintes des autres, et les pousserait à se révolter. C'était naturel. Mais ça n'arriverait pas. Une telle personne ne serait pas engagée de toute façon, ou quitterait simplement les lieux. Qui se fatiguerait à infiltrer un tel établissement, à y vivre jour après jour et à s'y offrir aux passants les plus humbles, juste pour saper l'autorité de Madame et monter ses employés contre elle ? Sans doute avait-elle des ennemis, mais ils auraient d'autres méthodes. Et il espérait ne jamais y être confronté.

"Pour finir, le client-" Il prit une grande inspiration. Tous les muscles de son corps s'étaient tendus. "Il voulait me tuer. Madame m'a sauvé la vie. Je préfère ne plus parler de ça."

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India Phillmore
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MessageSujet: Re: Are we safe | India   Are we safe | India EmptyJeu 9 Mai - 20:23




Are we safe


Installée dans le fauteuil en face de Kenyon, la jeune Phillmore écoutait attentivement les réponses qu'il lui apportait. Elle essayait, tant bien que mal, à ne pas avoir de préjugés envers ce corps de métier, envers une clientèle demandeuse. Si les expériences racontées avaient fini par adoucir sa médisance, elle ne comprenait pourtant pas les raisons qui les avaient poussés à aller dedans. Mais la simple et bonne raison était qu'elle n'avait jamais eu à y aller, qu'elle avait toujours eu un filet de sécurité, qu'elle ne s'était pas retrouvée avec un couteau sous la gorge. Elle avait également du mal à imaginer que l'on puisse vouloir et y trouver un bonheur. Et s'il pouvait faire partie de cette branche-là, Kenyon avait également vécu des souvenirs marquants. India chercha à lui faire comprendre son intérêt dans les renseignements qu'elle demandait. Une place sécurisante pour des prostituées qui n'avaient pas d'autres choix que de poursuivre ce métier. Et derrière, connaître cet hôtel, ses employeurs et ses employés pour obtenir des informations.

La jeune femme noyait le travailleur du sexe avec une avalanche de questions, voulant par là, montrer également son intérêt pour sa personne et son histoire. Au-delà des préjugés, il y avait également une forme de curiosité. Si à l'extérieur, elle avait eu l'occasion de se laisser aller le temps d'une nuit dans les bras d'un jeune homme qu'elle ne reverrait jamais, revenue à Downfall, elle avait retrouvé le rythme et les distances qu'elle avait prise avec les autres. Les étreintes, la tendresse étaient rares et elle nierait que cela lui manquait aussi rare avaient-elles étaient lors de son voyage. Kenyon préféra noter les questions sur un morceau de papier. La jeune femme hocha de la tête pour l'inviter à le faire, acceptant qu'elle ne puisse avoir toutes les réponses à ses questions. Il préféra reprendre par la dernière, concernant ce métier secondaire. Assise au bord du canapé, les deux jambes collées l'une contre l'autre, elle tenait son verre d'eau entre ses mains, l'écoute.

Ainsi, il travaillait comme un ouvrier dans un atelier de montage à l'image d'un Charlie Chaplin. Une vieille référence qu'elle avait pu voir par le passé qui fit doucement sourire la brune à l'évocation de ce personnage. Elle cherchera à se renseigner sur ces lieux partenaires, voir à qui ils appartenaient, s'il y en avait un ou plusieurs. Il se montra rassurant quant au risque d'éveiller les soupçons en discutant avec les autres travailleurs dans l'hôtel. Ils vivaient ensemble, se côtoyaient tous les jours.

J'aurai dû m'en douter, glissa-t-elle, je ne souhaite pas que vous preniez des risques ou que vous fassiez quelque chose qui vous mette en danger.

Car un bon informateur était un informateur en vie et en bonne santé. Si ce jeune homme, de deux ans son ainé, pouvait lui rapporter des informations concernant le fonctionnement de cet hôtel et les agissements de ses employés, elle aurait tout gagné. Des informations, uniquement des informations. La remarque sur le fait qu'ils vivaient nus l'intrigua, ne sachant pas si c'était une métaphore ou non. Elle haussa un sourcil, mais se tut, l'écoutant lui expliquer qu'ils étaient sans importances, insistant sur l'importance des émotions et d'avoir une vie à côté de ce métier.

Je n'ai pas eu souvent de bons échanges avec ceux venant de leur pays, je ne vais pas vous mentir, lui dit-elle avec un sourire un peu crispé, alors qu'il pensait qu'elle se faisait des idées. Je me pose des questions.

Elle en avait aimé un qui avait brisé son petit cœur, quant à l'autre, il s'était révélé terrifiant et pourtant, il l'avait sauvé sans hésiter. Ses paroles étaient presque un mensonge, mais la douleur avait fait vibrer sa voix. Non, elle ne portait pas les Russes dans son cœur, pourtant, elle était attirée par eux. Mais c'était trop facile d'accuser un pays pour quelques individus qui s'étaient mal comportés. Vivre dans un petit quartier comme celui-ci élevait des individus méfiants, bourrés de préjugés comme l'était la jeune femme. Kenyon revint sur cette expérience avec un client. Ledit client avait failli le tuer. India avait perdu son maigre sourire à ces mots. Son employeuse l'avait sauvé, c'était tout ce qui comptait.

Je comprends, ne vous en faites pas, lui dit-elle en hochant de la tête.

Le danger était également présent dans ce lieu, mais il y avait des personnes pour réagir. Les armoires à glace, mais aussi cette femme qui les employait et qui gérait l'hôtel. Elle laissa son regard se poser sur l'environnement dans lequel ils étaient, lui amenant une nouvelle question.

C'est donc ici que vous vivez ? C'est également votre espace de travail ? Ou avez-vous une autre chambre pour cela ? Et qu'en est-il de votre salaire ? Combien votre patronne récupère pour cette sécurité qu'elle vous permet d'avoir ?

Appelons un chat, un chat. Elle refuserait de croire que Kenyon gardait une belle somme d'argent pour chacune des passes qu'il faisait. Le proxénète n'avait aucun intérêt à faire cela même s'il avait intérêt à bien entretenir ses poules aux œufs d'or. Revenant sur lui, faisant tourner le verre d'eau qu'elle tenait toujours dans ses mains, elle amena d'autres questions sur le terrain de la discussion.

Et quel type de clientèle avez-vous habituellement ? Est-elle essentiellement masculine ? Des personnes insatisfaites dans leur quotidien ou d'autres cas se présente à vous ? Est-ce seulement sexuel ou bien vous vous retrouvez à jouer les psychologues avec eux ?

Kenyon lui avait dit être homosexuel, mais se retrouvait-il à devoir accepter des passes féminines ? Quelle femme viendrait payer les services d'un homme ? C'était très masculin comme démarche ... Non ? Des préjugés, encore et toujours des préjugés. Car les femmes aussi appréciaient la douceur et l'absence d'engagement qu'offrait ce genre de service. Ils s'avéraient que certains retours des femmes rencontrées au dispensaire avaient parlé de certains clients qui avaient besoin d'une oreille attentive, de quelques caresses sans attendre plus. Était-ce ainsi pour lui ?

Et… pardon pour mes questions, je pense que la plus importante est : Êtes-vous heureux, Kenyon ? Je parle à plusieurs niveaux. Ici, dans ce métier, dans votre vie ?

Parce qu'elle était vraiment importante. Elle aurait beau avoir des préjugés sur ce métier, l'important était que cet homme était satisfait de cette vie qu'il menait.


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