Back in black - Tom

Cela aurait dû être quelques semaines, pas plus. Douze heures de route pour atteindre la prison d'Etat de Pelican Bay. Douze heures de retour et elle rentrait à Downfall, reprenait sa vie là où elle l'avait laissée. Sans compter la demande d'autorisation pour rencontrer son père, sous le nom d'Abigail Elkins, comme la nourrice qui s'était occupée d'elle, morte, il y a bien des années de ça, oubliée des registres. Elle avait préféré assurer le coup en annonçant qu'elle partait quelques semaines, mais ces semaines étaient passées à des mois. Elle était partie en février 2023, laissant son chat à Eleonore, assurant le payement de son loyer pour le mois de mars également. Elle ne s'était pas doutée avoir envie de découvrir ce qu'il y avait de l'autre côté. La vie, l'effervescence et l'espace à perte de vue. Les lieux à découvrir, les musées, les cinémas, les balades avec des vues remarquables, les magasins, les matchs de base-ball ou de basket-ball qu'elle avait appris à apprécier par cette fameuse effervescence du supporter. Elle avait rencontré des gens, avait laissé tomber quelques-unes de ses barrières en leur compagnie. Elle avait ri, aimé, apprécié un bon repas en compagnie de personne avenante là où elle s'était attendue à être seule à et regarder avec méfiance les autres. Tout n'était pas parfait mais elle était venue avec un regard neuf. Et pourtant, elle avait vu des choses communes à ses yeux. Des rixes, des menaces à l'arme, elle avait entendu des tirs et à la différence des personnes qui lui tenaient compagnie, India n'avait pas réagi, car le tir était assez loin. Comme si elle avait l'habitude, comme si c'était son quotidien. C'était presque de l'inconscience, car elle savait que face à une arme, l'instinct de survie reprenait le dessus.

La jeune femme avait vu son père, assez échangée un moment assez intime avec lui malgré la barrière de plexiglas qui les séparait. Elle aurait voulu le serrer dans ses bras, elle aurait voulu sentir sa chaleur, sentir sa force, mais elle n'avait pu que lui sourire et espérer qu'il ne reste pas longtemps derrière les barreaux. Aaron Phillmore se portrait bien, avait décidé de ne plus se battre. De vivre. Comme si cette décision avait été un soulagement, il avait perdu de sa raideur. Et au lieu de rentrer chez elle, elle avait simplement fait le trajet de retour, profitant de revoir les personnes qu'elle avait croisé, poursuivant ses découvertes des choses qu'elle n'avait pas pu faire, oubliant tout, allant à reculons vers le quartier expérimental. Elle avait fêté son anniversaire à Santa Barbara, les pieds dans l'eau en bonne compagnie. C'était chez elle et elle avait un sentiment de devoir y retourner. Pour ses amis, pour son travail, pour son chat. Mais qu'est-ce qui la retenait réellement si ce n'était pas elle-même ? Elle avait vu, elle avait vécu et l'extérieur, bien qu'imparfait, avait vaincu ses craintes. India avait pensé longtemps ne pas avoir sa place de l'autre côté du Mur, mais aujourd'hui, elle avait le sentiment de s'être tromper. Il y avait quelque chose là-bas.

Et c'était alors dans sa voiture dans une longue file d'attente pour rentrer dans le quartier qu'elle put réfléchir. Elle avait prévenu ses proches en disant qu'elle partait quelques semaines, mais lorsqu'elle arriva à la date de son retour, ils n'eurent pas le plaisir de la retrouver autour d'un verre ou d'une part de pizza. Non, ils avaient reçu un simple texto prévenant qu'elle resterait plus longtemps dehors, annonçant à Eleonore qu'elle lui rembourserait les frais occasionnés pour son chat et demandant par la même occasion à Tom de payer le propriétaire de son appartement, le remboursant à son retour. Aucune information concernant son retour, aucune indication sur son état. Elle coupa son téléphone après cela. Elle ne voulait pas affronter la réalité et malgré les heures passées à attendre dans la file d'attente, les militaires contrôlant sa voiture de fond en comble pour s'assurer qu'il n'y avait aucune drogues ni objets illégaux en dehors de quelques souvenirs, India Phillmore put passer les portes du Mur.

Là voilà de retour et un sentiment d'oppression la frappa. Un sentiment que la ville allait s'effondrer sur elle. Même les odeurs semblaient différentes comme si la ville puait. Elle passa voir Eleonore et son chat qui avait décidé de lui faire la tête, ayant bien reconnu sa maîtresse mais préférant se terrer sous le lit de sa meilleure amie. Elle passa voir Sohan, lui ramenant quelques souvenirs pour les accrocher dans sa librairie et finit par celui qu'elle voudrait enlacer et avec qui, elle n'en doutait pas, elle aurait des explications à avoir. Car pendant plusieurs mois, elle avait laissé Hermes de côté. Elle n'avait donné aucun signe de vie.

C'était vêtue d'une robe midi aux motifs géométriques imprimés et au tissu léger qu'elle monta les escaliers menant à l'appartement du jeune homme. Le col cache-cœur en V et les manches longues changeait des habitudes qu'elle portait. Elle avait coupé ses cheveux dans un carré plongeant et sous les cheveux bruns, une discrète mèche rouge était caché comme un souvenir semi permanant pourtant éphémère de cette expérience, comme pour se rappeler que ce moment avait existé, que ce n'était pas un rêve. Son teint était halé, ses traits creusés par la fatigue et un appétit absent avait disparu. Elle portait moins de maquillage, le portant plus par plaisir que par nécessité à masquer qui elle était. Un sac à la main, des sandales compensés à ses pieds, elle frappa à la porte du geek qui résidait toujours à Florence, une boite en carton d'une pizzeria qu'ils connaissaient et un pack de bière fraîche coincé sous le bras. La porte finit par s'ouvrir et elle lança un simple :

Hey Jagger ...

Qu'est ce qu'elle était en train de faire ? Il ne saurait dire, mais son absence avait été plus longue que prévue, bien plus longue, à croire que son père lui manquait trop, à croire qu'elle voulait vraiment restée à sa côtés quitte à se griller complètement, quitte à se brûler les ailes, se rendant presque complice de ce qu'il avait pu faire, sans possibilités de revenir à Downfall. Mais il pensait peut être que finalement, elle préférait la vie de l'autre côté du mur, que cette vie était plus palpitante, plus simple aussi par rapport à tout ce qui se passait ici, et que donc, elle aurait pu décider de l'abandonner. Il y a fortement penser, elle aurait juste saisi une bonne opportunité de refaire sa vie, oubliant tout ce qui avait été forgé ici, laissant Hermès entre les mains expertes du hacker qui se devait donc d'être la part d'ombre et de lumière de l'institution, des risques à prendre, des risques pris, car un trop long silence radio en fonction des sollicitations aurait été louche. En tout cas, elle n'avait pas daigné appeler, juste un message pour dire qu'elle ne reviendrait pas dans le délai initialement prévu. Elle reviendrait, elle demandait à Tom de faire en sorte de payer son loyer, et par la même occasion de veiller sur cet appartement qu'elle désirait tant quitter. Tom s'était amuser à vivre dans celui-ci quelques jours, observant de façon attentive les venues sporadiques de ses voisins. Il faisait sa vie, il faisait sans elle, et clairement, il manquait quelques choses à son monde. Les seuls moments où il l'avait senti à ses côtés, s'était dans son appartement à elle, son odeur étant encore bien imprégnée dans les murs. Parfois des bruits de portes se faisaient entendre, il s'attendrait presque à la voir, juste là, presque, mais ça n'était jamais le cas, jamais. Et le temps passait, filait depuis qu'elle avait décidé de s'en aller, et chaque jour l'espoir de véritablement la revoir s'amenuisait. Et s'il lui était arrivé quelques choses ? Elle avait coupé son téléphone portable, sans doute devait-elle utiliser un téléphone jetable au cas où, mais même en étant hacker, il ne pouvait pas agir. Et ça le minait de l'intérieur, outre le fait qu'elle n'était pas là, qu'Hermes tournait quand même, c'était le fait de ne pas avoir de nouvelles qui le peinait le plus. Elle aurait pu rester de l'autre côté, et lui donner des nouvelles, cela aurait été plus supportable, mais là, il n'y avait rien qui arrivait. Et étrangement, Tom ne s'était pas rasé depuis qu'elle était partie, une barbe hirsute se trouvait à présent sur son visage. Tom s'apprêtait à se rendre dans un lieu branché du quartier pour rencontrer un indicateur à propos d'une certaine information. La vérité était que c'était une soirée organisée où il y avait toute la clique bien pensante de Downfall, et que donc, par extension, il fallait être bien habillé pour ne pas éveiller les soupçons. C'est alors qu'on frappa à sa porte, mais il n'attendait personne, et personne ne venait jamais le voir à l'impromptu. Il sut immédiatement qui était là, des mois après. Il ne savait pas s'il devait en être heureux, ou au contraire être en colère après elle. Il ne savait pas sur quel pied dansé, mais au moins une inquiétude s'envolait loin de lui : elle était encore en vie.

" Tiens donc, pour une surprise, c'est une surprise. "

Elle avait une pizza de chez Gino dans la main et un pack de bière sous l'autre, comme pour se faire pardonner, mais elle comme lui savait qu'il en faudrait un peu plus que ça pour que ça soit le cas. Mais il ne la forcerait pas à dire ce qu'elle voudrait dire. Elle savait qu'elle allait devoir s'expliquer, et en fonction de ça, les choses seraient plus ou moins différentes.

Dire qu'elle appréhendait les retrouvailles avec son meilleur ami était vrai. Elle n'avait pas envie de s'étaler sur les raisons de cette disparition, sur la décision prise sur un coup de tête qui l'avait amenée à passer plusieurs mois en dehors de la ville. Et le pire, c'est qu'il comprendrait, India le savait au fond, mais quelque chose bloquait. Alors, elle chercha à revenir vers lui, les mains prises par des offrandes comme pour demander pardon, comme s'il ne s'était pas passé des mois entre temps, comme s'ils s'étaient vus la veille. Comme s'il n'y avait aucun soucis. Se mettrait-il seulement en colère ? Il pouvait être parfois imprévisible. Arrangeant par réflexe ses cheveux, elle frappa à la porte, s'attendant à trouver le jeune homme dans une de ses tenues habituelles, la rétine fatiguée par des heures passées sur les écrans et son humour bien à lui. Ce ne serait pas des embrassades, ni une exclamation de joie, India s'y était préparée, même s'il y avait tout petit espoir mais le relation était tout en pudeur.

Et pourtant, elle ne s'attendit pas à cette personne lui ouvrant la porte. Elle eut un mouvement de tête, très léger, un infime mouvement de surprise en voyant apparaître face à elle un jeune homme à la barbe hirsute, vêtu d'un costume qui ne sortait pas des grandes marques luxueuses, mais qui avait le mérite d'être assez propre pour paraître bien. Elle reconnut dans un second temps son meilleur ami par le regard qu'il porta sur elle et sa voix. Une surprise. La surprise était également de son côté. Elle eut un pas de recul pour admirer le hacker, le regarder de la tête aux pieds, bouche légèrement ouverte, un sourire finissant par apparaître sur ses lèvres. Ce ne sera pas des embrassades.

Et bien, je vois que je tombe mal. Finalement les heures à insister sur comment s'habiller, on finit par payer. Tu es très élégant, Tom. Hormis ce truc sans nom que tu as sur le visage. J'espère pour toi que tu ne vas pas à un rendez-vous galant avec cette barbe ? Je peux peut-être t'aider à sauver ce qu'il y a à sauver parce qu'elle va partir en courant avec cette tête de bébé bûcheron.

Beaucoup de mots en peu de temps, comme si elle ne voulait pas le laisser parler, pour éviter qu'il déverse sur elle un flot potentiel de colère. Et parce qu'elle voyait bien qu'elle tombait au mauvais moment, que la vie avait continué sans elle et qu'elle n'y avait peut-être pas, plus, sa place, elle rajouta assez rapidement, laissant le choix au geek de la renvoyer chez elle, les traces d'une gêne dans ses mouvements, un moue un peu crispé.

Ou peut-être que je repasse demain ... Si tu es libre ?

Clairement, il ne s'attendait pas à la voir finalement débarquée sans prévenir, après tout ce temps, il se demandait quand elle reviendrait, parce qu'elle devait revenir, mais il pensait qu'elle ne le ferait pas encore tout de suite, qu'elle profiterait de la vie de l'autre côté du mur, en dehors de Downfall qui allait devenir une prison pas vraiment dorée, plus elle passerait du temps en dehors. Est ce qu'elle désirait vraiment être là ? Il en doutait un peu, sans doute même qu'elle était allé en voir d'autres avant de revenir vers lui, qu'il n'arrivait qu'en second lieu, à priori. Ce soir, il avait un plan à mettre en oeuvre, il était habillé pour l'occasion, mais ce n'était pas un plan imparable, pas un plan indispensable même s'il s'était préparé pour, il pourrait y aller plus tard, sa présence n'avait été envisagée qu'en pointillée quoiqu'il en soit. India ne s'était pas attendu à voir le geek dans une tenue pareille, avec une barbe pareille surtout, mais depuis qu'elle était parti, il avait décidé de la porter, pour qu'on donne plus de crédit à sa bouille de gamin maintenant qu'il devait agir comme la part de lumière d'Hermès puisqu'elle n'était plus là pour cela. Alors oui, il avait fait en sorte d'être un autre homme, comme peut être pour se protéger un peu de ce qu'il était véritablement. Tom n'est pas du genre à aimer le contact humain, il est plutôt du genre à l'éviter, à se faire discret, observateur plutôt que grandiloquent. Il sait être dans l'ombre, moins dans la lumière même si finalement, au fil des mois, ce double rôle avait été appréhendé, mieux qu'il ne l'aurait cru, surtout après le message de clap de fin de la Phillmore. Mais elle était là à présent, elle revenait comme une fleur, et il savait qu'elle ne donnerait pas d'explication. Voulait-il les entendre seulement ? Il était humain, curieux de comprendre pourquoi elle avait fait ça, mais ne le savait-il pas déjà ? Si bien entendu qu'il le savait, il ne voulait pas forcément qu'elle lui avoue tout ce qu'elle avait pu faire de l'autre côté, elle lui dirait ce qu'elle daignerait qu'il soit bon à entendre pour lui, autrement dit pas grand chose sans doute. Ainsi, elle le compliment, sauf pour sa barbe, chose qui n'est point étonnante, sans doute qu'avec celle-ci, il ressemble trop à son père à elle. En tout cas, elle parle beaucoup, trop en étant sobre pour que ça soit réellement naturel. Il la connait suffisamment, c'est sa manière à elle de se défendre contre son propre esprit qui s'en veut d'être parti aussi longtemps, alors que son coeur à profiter de l'autre côté, et que lui, il ne regrette pas de la même manière tout ça. Et donc, elle se rend compte que peut être il avait autre chose à faire ce soir, qu'elle tombait mal, très mal même. Elle propose de repasser demain s'il était libre, mais le fera-t-elle ? Il préfère ne pas compter la dessus. Au pire, ils peuvent passer un peu de temps ici et se rendre à cette soirée plus tard, Jodie n'aura qu'à passer chez elle pour enfiler une robe et mettre un peu de maquillage si elle le désire. Il verra.

" Peut être qu'elle aime les bucherons ? Mais ne t'en fais pas pour cette tenue, entre, je crois que tu as envie de me dire certaines choses, je me trompe ? "

Il plaisanterait presque sur le fait que sa barbe ressemble à celle d'un bucheron, mais il la laisse rentrer, tranquillement, sans s'énerver, sans pour autant sauter au plafond, lui laissant la chance de dire ce qu'elle avait envie de dire à celui qui est toujours son meilleur ami même si elle l'a bien trop délaissée depuis des mois. Elle aurait pu lui envoyer des messages de temps en temps, juste ça, mais elle ne l'a pas fait, elle est restée en dehors des radars, comme pour privé le geek d'un quelconque possible suivi. Il a tenté de se dire qu'elle profitait, mais il a aussi pensé au pire, après tout, n'est-elle pas ce qu'il a de plus cher au monde ?

Quelle mouche avait piqué Tom pour se faire pousser une barbe pareille ? Hirsute, pas entretenue, qui peut aimer ce désordre ? Nul doute qu'il serait agréable avec une barbe taillée, près de la peau, même si elle le préférait sans, donnant à son visage des traits juvéniles alors que la pilosité le vieillissait sérieusement. Passée la surprise chez l'un comme chez l'autre, India comprit rapidement qu'il ne l'avait pas attendu pour poursuivre sa vie et elle le comprit quand il confirma qu'il y avait un "elle" derrière cette barbe. La jeune Phillmore ne put s'empêcher de pincer les lèvres pour se retenir de tout commentaire concernant les goûts de ses partenaires, ne voyant dans le reflet de Tom qu'un de ces hommes ahuris avec un chapeau en aluminium prédisant que le grand Xenu allait venir sur terre pour prendre le contrôle des esprits de tous et que seul l'aluminium pourrait les sauver. Une piètre image en quelques sortes.

Tom l'invita tout de même à rentrer, prenant le temps de recevoir sa meilleure amie, meilleure amie qui n'avait pas donné signe de vie et qui ne semblait pas prête à lui en donner les raisons. Elle était là, après tout, c'était ça qui comptait non ? Les raisons de ce silence, importaient-elles ? Oui. Clairement. Amenant le geste à la parole, le geek ouvrait l'entrée de son appartement à la jeune femme qui hésita un bref instant, ne souhaitant pas rester sur le pallier. Elle entrait ou elle partait. Et ce fut en rentrant qu'elle répondit, les présents toujours en main.

Pas vraiment, c'était surtout pour te signaler que j'étais rentrée. C'était mieux qu'un ... Message. Et qu'on pourrait peut-être passer la soirée ensemble avec une pizza, un peu de bière et un de ses mauvais films de super-héros que tu aimes tant. Mais ...

A rattraper le temps perdu, à ne pas lui raconter ce qu'elle avait vécu de l'autre côté alors qu'elle mourrait d'envie, qu'une part d'elle aurait aimé partager ces moments avec lui. Mais cela n'avait pas été le cas et il fallait l'accepter. Elle ne lui avait pas permis d'y participer. Et le voir était ce qu'il y avait mieux, mieux qu'un message comme elle venait de dire parce qu'elle se sentait mal pour ce silence. Silence nécessaire, mais silence douloureux quand même. Observant l'appartement dans lequel elle y avait passé beaucoup de temps, elle cherchait rapidement du regard des informations qui pourraient l'aider à faire le point sur la vie du hacker. Un reste de soirée, des cadavres de bouteille, des jeux non rangés, des vêtements féminins qui n'avaient pas leur place.

Mais si tu as un rencard, je ne veux pas me mettre entre toi et ta dulcinée du moment, lui dit-elle après s'être retourné pour lui faire face. Je me laisse quelques jours avant de reprendre le travail au dispensaire et au Purgatory donc je peux passer demain si tu préfères ou un autre jour si tu n'es pas disponible.

Aucune de ses filles n'aura la chance de toucher India, aucune ne pourra être réellement appréciée par la brune. C'était son meilleur ami, son geek. Et elle ne lui avait donné aucun signe de vie. Une claque de culpabilité qu'elle avait oubliée pendant ces mois à l'extérieur. Elle avait pensé à lui plus d'une fois, elle avait regretté et pourtant rapidement et avec une facilité déconcertante, elle avait oublié et profité de ce moment hors de Downfall. Et elle culpabilisait d'avoir pris du plaisir alors que lui, Eleonore, Sohan ou Luka trimaient au quotidien dans une ville pourrie par les vices. Sentant qu'elle ne ferait pas réellement face à lui, elle partit dans la cuisine, déposa la boite de pizza, rangea les bières au frais. Elle n'avait pas sa place alors qu'il était prêt à sortir et alors qu'elle était dans l'encadrement de la porte de ladite cuisine, elle regarda l'homme à la barbe hirsute.

Il n'empêche que ... Tu m'as manquée, lança-t-elle à demi-mot.

C'était un aveu, une moue retenant plus que ce qu'elle ne voudrait dire, qu'il méritait d'entendre et si elle voulait le prendre dans ses bras, elle restait pourtant figée, croisant les bras pour s'empêcher de faire un pas vers lui.

Il voyait bien qu'elle n'aimait pas la barbe qui s'était dressée sur son visage, mais intérieurement, il s'était dit qu'il se raserait quand elle apparaitrait de nouveau, pour voir combien de temps elle se serait enfuie loin d'ici. Et force est de constater que cela faisait un moment, pour que sa barbe pousse de cette façon, mais elle était revenue, demain, les poils ne seront plus sur son visage, demain ou après-demain d'ailleurs. Quoiqu'il en soit, ses plans n'étaient pas pour autant terminés, au contraire, s'ils changeaient légèrement dans le timing, la Phillmore pourrait lui être utile dans quelques minutes, une heure peut être, il n'y avait pas d'heure d'arrivée préconisée dans l'absolu quoiqu'il en soit. Il lui faisait croire qu'il y avait peut être une jeune femme derrière cette tenue et cette barbe, il n'en était rien, mais la réaction d'India était aux petits oignons. Malgré le temps, l'éloignement qu'elle avait désirée, voulu, elle était toujours un peu jalouse. Il lui laissait donc une chance de s'exprimer sur ses aventures au delà du mur, mais elle botta en touche, visiblement, ce n'est pas ce soir qu'elle lui dira, mais il lui laisserait le temps, il se montrerait patient. Il sait qu'elle finira par lui dire, à un moment qu'elle jugera opportun, qui ne le sera pas forcément pour lui, mais il prendra ce temps là pour ses explications, il le faudrait. Elle avait envie de passer la soirée avec lui, mais sans lui raconter ce qu'elle avait fait, et il faut bien avouer que ça ne plaisait pas au geek, surtout qu'il avait d'autres choses de prévues, mais elle s'en rendait bien compte. Elle avait gobé la dulcinée attendue, comme quoi, ça semblait être quand même possible pour le hacker d'avoir une belle dame dans sa vie. La seule, l'unique, la vraie était pourtant présente à ses côtés à l'instant, mais après ces derniers mois, il allait falloir remettre des choses à plat, beaucoup de choses même.

" Pas de films de super-héros ce soir entre toi et moi, mais ne t'en fais pas, j'ai un peu de temps à t'accorder, histoire de manger un bout et de boire une bière, ce serait dommage de ne pas en profiter quand même, tu ne trouves pas ? Pour ce qui est de ton boulot, c'est à toi de voir ce qui est le mieux, mais si tu ne bosses pas demain, ça veut que cette soirée peut se finir tard, je me trompe ? "

Oui, il avait un plan en tête, mais elle ne pourrait aller à cette soirée mondaine dans cette tenue, ce ne serait pas possible, sinon, ils risquent de se faire repérer. Il avait hacké la liste des invités, sous un pseudonyme et les plus un étaient autorisés, alors elle serait son plus un pour la soirée, d'ici quelques minutes, une petite heure à priori au vu du timing. Elle avait posé la pizza dans la cuisine, les bières au frais, et finalement, elle venait à lui dire une vérité qu'il savait déjà. Il lui avait manqué, et malgré tout, la réciproque était véritable, même si avec les semaines, l'absence se faisait moins ressentir, car il ne pouvait pas vivre dans l'attente de son retour, il ne pouvait pas mettre sa vie sur stop. Au départ, il n'avait rien de prévu durant les quelques semaines où elle ne devait pas être là, mais après son message d'abandon, il avait remis la marche avant, faisant sans elle, jusqu'à aujourd'hui. Il s'approcha alors d'elle et lui ébouriffa légèrement les cheveux en guise de réponse avec un petit sourire passant à côté d'elle pour rejoindre la cuisine et la fameuse boite à pizza. Laquelle est ce qu'elle avait bien pu prendre ? Il le redoutait, connaissant ses gouts douteux, mais peut être qu'elle en avait changé en passant de l'autre côté.

Clairement, Tom n'avait pas prévu que sa meilleure amie débarque ce soir alors que l'été battait son plein sur la ville, la chaleur ne dépassant pas les vingt, vingt-cinq degrés à cette heure de la journée. Il était prêt pour une soirée chic, certainement en bonne compagnie, assez intéressante pour porter un costume, sans passer sur ce détail horrible de barbe non entretenue qui dérangeait la jeune femme, n'ayant jamais eu un attrait pour ce type de parure chez les hommes. Elle entra donc, passant l'appartement au peigne fin d'un regard qui cherchait des informations qu'elle pourrait dégoter pour en savoir un peu plus sur ce qui c'était passé pendant son absence. Avait-elle seulement le droit de lui demander alors qu'elle ne semblait pas vouloir aborder sa partie à elle ? Alors India éloigna l'idée d'une explication en voulant simplement signaler son retour et passer une soirée comme s'il n'y avait pas plusieurs mois qui c'était écoulés entre mais insistant sur le fait qu'elle ne lui voulait pas le retarder, proposant même de revenir le lendemain ou un jour qui l'arrangerait. La jeune femme était prête à s'y plier. La pizza, la bière, les concessions, qu'était-elle prête à faire pour qu'il lui pardonne sans avoir à lui demander ledit pardon ? Tom lui affirma qu'il n'y aurait pas de film ce soir mais qu'il pourrait manger un morceau ensemble et boire une bière. La brune se pinça les lèvres, hochant la tête à sa première question. Il rebondit sur le boulot, ce boulot qu'elle n'avait pas encore repris et bien qu'elle ne comprit pas où il voulait en venir, elle répondit après avoir fini son rapide tour du propriétaire.

Oui, je les ai pas encore prévenu de mon retour. Chacha est chez El' et me fait la tête, à raison. Je la récupère demain ou après-demain. Donc j'ai tout mon temps. Va pour une bière et un morceau de pizza surtout si tu as un rendez-vous. Je ne te retiendrai pas longtemps non plus.

Parce qu'elle tiquait sur cette information. Un rendez-vous galant avec une fille. La jeune femme possessive reprenait vite ses mauvaises habitudes, mais se garda de dire quoi que ce soit, préférant aller dans la cuisine pour déposer ses présents, laissant deux bières à l'extérieur. India avait évidemment pris des bières que le hacker aimait et la pizza était une quatre fromages. Elle s'était postée dans l'encadrement de la cuisine, croisant le regard de Tom pour lui avouer qu'il lui avait manqué, bras croisés, observant l'élégance que le geek pouvait avoir dans un de ses costumes qui auraient pu donner des bouffées de chaleur à la brune. Mais elle l'aimait avec son style à lui, son style nerd, avec sa bouille à lui et non celle d'un bûcheron au réveil. Tom s'approcha d'elle et lui ébouriffa les cheveux avec un sourire aux lèvres, passant à côté pour entrer dans la cuisine. India ne réagit pas, se pinçant les lèvres, observant quelques instants la télé et le canapé en face d'elle tandis qu'il se servait une part de quatre fromages. Baissant la tête, arrangeant ses cheveux légèrement dérangés par son passage, elle se retourna pour rentrer à son tour dans la cuisine.

Alors, je la connais ? Vous allez où ? Un truc classe au vu du costume. Enfin, tu ne vas pas beaucoup manger si tu manges de la pizza donc tu ne l'emmènes pas au resto ?

Elle aura au moins tenue quelques minutes sans amener une myriade de questions, mais plus elle se questionnait plus elle trouvait bizarre qu'avec cette tenue, il ne l'amène pas manger dans un restaurant chic. À moins que ce soit une soirée où il fallait bien s'habiller, alors là, ils auraient tout le loisir de manger des petits fours pour peu que l'embargo n'ait pas bloqué l'arrivage de ces mets. Elle décapsula les bières et déposa celle de Tom à côté de lui, attendant pour trinquer et boire une gorgée.

Il était en train d'élaborer sa soirée d'une façon différente de celle qu'il avait prévu à la base, mais c'était sans doute un mal, pour un bien, il connaissait bien mieux India que n'importe qui dans cette ville, et même si elle lui cachait bien des choses, pour ce soir, elle ne ferait pas trop de chichi, surtout qu'il ne va pas voir une fille, et que donc, elle va pouvoir jouer sa petite amie sans trop de difficulté, puisqu'ils sont clairement un vieux couple. Il savait qu'elle pensait qu'il allait voir une jeune femme, qu'elle lui poserait des questions, qu'elle analyserait la moindre information, qu'elle regarderait la moindre chose qui indiquerait qu'une femme, en dehors d'elle puisse venir ici régulièrement, même si dernièrement, elle n'avait pas été là évidemment. Mais les détails n'étaient pas essentiels, il avait besoin de savoir deux ou trois bricoles avant de l'emmener malgré elle dans un plan qu'elle n'aurait par le passé pas renié, où elle aurait été seule sans doute puisqu'elle était le visage d'Hermes depuis tout ce temps. Elle lui répondit donc qu'elle n'avait pas encore signaler son retour par ici, et que donc, elle était "libre" du côté du boulot. Elle ne voulait pas le retenir trop longtemps, ce à quoi il eut un petit sourire. Finalement, il pouvait avouer qu'elle tombait à pic, ou presque. Il ouvrit alors avec appréhension la boite à pizza mais constata qu'elle avait pris celle qu'il lui fallait, pour lui, et dont elle se satisferait bien, même s'il n'y avait pas d'ananas dessus, ça pouvait s'arranger, il devait bien y avoir une conserve quelques parts, mais avec tout le fromage, peut être que ça ne ferait pas bon ménage. Mais il ne testerait pas, il ne lui ferait pas se plaisir alors qu'elle ne tardait pas à entrer en mode interrogatoire, ce à quoi, il explosa de rire. Elle était persuadée donc qu'il voyait quelqu'un, qu'une jeune femme avait réussi à percer le coeur du geek de cette façon en son absence.

" Bravo Sherlock, pas de resto en effet, juste une soirée mondaine du côté du Civic Center pour le moment. "

Il ne répondait pas sur le fait qu'elle puisse la connaître puisqu'il n'y avait personne, ne répondant pas précisément sur le lieu de la soirée. Elle avait compris toute seule que ça ne serait pas un restaurant même s'il y aurait sur place de quoi se gaver, des petits fours, des choses de ce genre là. Elle décapsula les bières et ils trinquèrent avant d'en boire une gorgée. Il faisait attention à ne pas se salir, ce serait quand même le comble, n'est ce pas ?

Parce qu'elle ne l'avait jamais vu ainsi, ou alors cela remontait à trop longtemps pour qu'elle en ait gardé un souvenir car elle ne l'avait côtoyé que bien après les attaques de 2014, bien après les premiers cours de mathématique, bien après qu'elle l'ait amené à cet hôpital alors qu'il était blessé. Son père était mort ce soir-là. Elle n'avait rien vu dans l'appartement, rien qui n'explique ce qu'elle voyait en face d'elle. Mais elle se retenait de déballer un ensemble de questions pour comprendre, ne se sentant pas trop en droit de les poser quand elle-même avait des explications à lui donner. Pourquoi ne pas l'avoir prévenu ? Pourquoi ne pas lui avoir envoyé un message de temps en temps ? Pourquoi avoir coupé son téléphone ? L'important dans tout ça, c'était qu'elle était revenue et ce n'était avec nulle autre qu'elle voulait passer sa première soirée à Downfall. Dans cette ville trop petite, qui avait une odeur, qui avait réveillé ses mauvaises habitudes, cette méfiance endormie pendant des mois. C'était avec lui, et personne d'autres. Ça comptait, non ?

Elle le laissa passer, voir la pizza qui avait été ramenée par la jeune Phillmore. Ça aurait pu être une pizza hawaïenne, celle qu'elle aime manger, mais cette pizza n'avait pas l'intention d'imposer les goûts au hacker, mais bien de lui montrer qu'elle sait ce qu'il préférait. Après avoir arrangé ses cheveux mis en désordre par le jeune homme, elle finit par l'interroger, ne pouvant pas s'empêcher de vouloir savoir qui était cette fille et où ils allaient aller. Et à mesure qu'elle déballait les questions, India en arrivait à faire ses propres conclusions ce qui fit rire Tom. Ce dernier lui confirma que ce n'était pas un resto, mais une soirée mondaine dans le Civic Center. Pour le moment ? Que voulait-il dire par, "pour le moment" ? La brune fronça les sourcils après avoir tendu et trinquer avec sa bière, trempant les lèvres, réfléchissant un instant, jouant ses pions par la manière la plus innocente possible.

Tu cherches des riches mondaines, maintenant ? Je sais bien que notre petite entreprise ne gagne pas des mille et des cents mais quand même de là à chercher les finances auprès d'idiotes fortunées, tu vaux mieux que ça, Jagger !

Elle le pointa du doigt, de cette main qui tenait sa bière. La majeure partie de l'argent gagné était réinjectée dans l'entreprise, l'achat, la revente d'information et sur les bénéfices, ils se payaient un salaire variable selon les mois. Était-il vraiment intéressé par des filles riches ? Était-il aussi vénal ? Non, ce n'était pas son meilleur ami. Il avait connu des difficultés, avait perdu beaucoup, mais il n'irait pas jusqu'à coucher pour avoir de l'argent. Non. Si ? Elle prit à nouveau une gorgée de bière, soucieuse. Ce devait forcément être pour le travail. À moins que… ? Non. Et si, c'était le cas ? Si son départ l'avait poussé à obtenir de l'argent par ce biais ? Il ne se passa que quelques secondes, tandis que ses méninges tournaient à vive allure.

C'est pour le boulot, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle ayant besoin d'être rassurée, tiraillée par le doute.

Elle finirait par lui faire un signe de manger un morceau. Elle, elle avait perdu son appétit en passant le Mur. Comme si la ville l'oppressait, comme si la ville la rongeait de l'intérieur. Elle avait pris des couleurs, elle avait retrouvé un poids plus que correct pour son gabarit ayant toujours été du mauvais côté de la pente. Et cette sensation d'appétit coupé ne lui plaisait pas. Elle la dérangeait.

Il voyait clairement qu'elle se posait tout un tas de questions, mais elle n'aurait qu'un minimum de réponses sur le pourquoi du comment tout allait se dérouler pour la suite, comment tout avait pu se passer sans elle. Mais aussi étonnant que cela puisse lui paraître, Tom avait continué de vivre sa vie, sa propre vie, qui n'avait pas dépendu de la vision de la Phillmore durant des mois. Est ce qu'il s'était senti libre durant ce laps de temps ? Non, pas plus que d'habitude. Est ce qu'elle lui avait manqué ? Assurément, mais au vue de son retour non programmé, à l'impromptu, il n'allait pas fanfaronné, même si intérieurement, il était heureux qu'un pilier important de sa vie soit à nouveau de la partie qui s'annonçait très intéressante maintenant que le cartel de son père n'était plus. Il y avait plus de petits groupes, et clairement, il aurait plus d'influence, Hermès pourrait avoir plus d'influence encore. Mais elle avait opté pour capitaliser sur d'autres choses, comme une vie ailleurs, une vie qu'elle avait assurément appréciée, plus que celle ici. Mais elle avait de la chance dans ce malheur, ce soir, elle allait peut être se sentir comme de l'autre côté, dans cette prochaine soirée mondaine où ils pourraient grignoter et boire à l'oeil. Mais avec cette bière et une bonne part de pizza dans le ventre, tout cela serait secondaire, sauf peut être le verre de champagne entre les doigts, histoire de faire croire qu'on apprécie ce genre d'alcool que les français semblaient réussir à avoir plus facilement que les autres malgré tout. Quoiqu'il en soit, la jeune femme posait déjà ses conclusions sur les réponses qu'il lui apportait, et elle était totalement à côté de la plaque, ce qui fit sourire le hacker.

" Tu sais, une petite chute dans les escaliers et voilà. Tu pourrais t'échapper de l'appartement où tu te trouves, et avoir quelques choses de mieux. Il n'y a pas d'argent facile, car l'argent n'a pas d'odeur, mais je crois que sur ce fait, je n'ai rien à t'apprendre, n'est ce pas ? "

Qu'est ce qu'il pouvait sous entendre ? Tellement de choses, mais il n'infirmait rien, ne confirmait rien, parce qu'elle ne le méritait pas encore. Si elle était venu à l'improviste lui expliquant le pourquoi elle n'avait pas donnée de nouvelles pendant tout ce temps, alors il lui aurait donné son plan pour le reste de la soirée, mais là, il ne lui donnerait que quelques informations au compte goutte, et elle affabulerait ce qu'elle désirerait comprendre. Ce n'était pas un problème pour lui, alors qu'il connaissait ses manies à vouloir tout savoir tout le temps. Elle était forte pour tirer les vers du nez, mais là, il en faudrait plus. Mais l'idée de Jodie était un potentiel bon plan de secours au cas où. Tom voyait pourtant, qu'à travers son regard, elle cherchait la bonne solution, sachant très bien que cette idée n'était pas la bonne. Elle avait besoin d'être rassurée alors qu'il buvait une gorgée de bière, dévorant une nouvelle part de pizza. Elle lui demande si c'était pour le boulot, mais si elle le connaissait vraiment, elle savait très bien que c'était pour le boulot, la question ne se posait pas, elle était de rhétorique. Mais il s'amusait à laisser planer le doute dans l'esprit de la jeune femme, parce que si l'enveloppe qu'il avait devant les yeux lui plaisait, elle semblait être en forme, elle avait pris quelques kilos, pas trop, juste ce qu'il faut pour ne pas ressembler à un squelette. Il se contenta donc d'hausser les épaules à sa question, il n'avait pas besoin d'en dire plus, elle comprendrait. Elle comprendrait, non ? Si ce n'était pas le cas, alors c'est qu'elle avait passé trop de temps loin de lui, parce qu'il n'avait pas changé, non, il était resté le même, le seul réel effet de son absence, c'est qu'il avait du se découvrir étant à la fois la part d'ombre et de lumière d'Hermès. Il lui laisserait la part de lumière, les ténèbres lui allait parfaitement.

Ce qu'elle avait vécu à l'extérieur de Downfall avait été une expérience inoubliable, qui offrait un sentiment d'amertume lorsque que ses pas foulaient les pavés de l'ex-quartier expérimental. Elle n'était pas la fille d'Aaron Phillmore, elle n'était pas cette serveuse qui se pensait mieux que les autres, elle n'était pas la Voix d'Hermes. Elle n'était personne. Elle était cette fille croisée au détour d'une rue qui semblait s'être perdue et qui ne comprenait pas les téléphones derniers cri. Elle était cette fille qui découvrait pour la première fois un musée, un spectacle au regard ému par la beauté de l'art, ce regard qui avait fait fondre une de ses rencontres. Elle était cette fille qu'il fallait faire rire tant elle semblait austère et qui se révélait être plein d'humour quand elle se laissait aller. Elle était cette fille un peu trop mature pour son âge, qui restait vague sur son passé. Le sentiment de liberté lui avait fait tourner la tête. Retrouver ses proches, retrouver son meilleur ami, son associé, retrouver son chat. C'était essentiel mais l'amertume était là, s'insinuant en elle comme une maladie qui grandissait. Pourtant, elle retrouvait vite ses habitudes, celles qu'elle avait mis de côté tous ces mois. Et le sentiment de jalousie qu'elle pouvait ressentir pour les possibles prétendantes n'avait pas disparu. Non, ce n'était pas de la jalousie aux yeux de la jeune femme. C'était de l'inquiétude, c'était ce sentiment de possessivité qu'elle ressentait pour ses proches. India était à côté de la plaque.

Alors en grappillant des informations sur les raisons de ce costume, de cette barbe, elle arrivait à en faire des déductions petit à petit. Ce n'était pas un restaurant, il allait à une soirée mondaine, mais il n'y avait de soirée mondaine que dans les milieux aisés ou dans le cadre d'une soirée caritative. Et Downfall aurait besoin que les nantis de la ville mette la main à la pâte pour aider leur ville. Mais Tom ne ferait pas dans le caritatif. Alors elle en déduisait qu'il avait peut-être mis le grappin sur une fille riche qui pourrait renflouer les caisses d'Hermes, refusant que ce soit parce qu'il avait rencontré une jolie, intelligente et gentille fille qui pourrait lui faire tourner la tête. Non, il était en couple avec son ordinateur et ses jeux vidéo. Buvant un peu de cette bière, elle ne bougea pas, écoutant la réponse vague où il fallait en déduire le sous-texte, comme s'il avait toujours préféré parler ainsi, en faisant des détours, en ne disant pas concrètement ses pensées. Peut-être par peur, peut-être par amusement de la faire tourner en bourrique. Les rares conversations où ils avaient pu échanger se comptaient sur les doigts de la main, sans compter les échanges professionnels. Était-ce parce que c'était un homme et qu'il était interdit de s'émouvoir ? Ou bien se jouait-il simplement d'elle ? Se vengeait-il de la voir ainsi débarquer sans explications ? Pourquoi ne pas simplement lui demander, lui imposer de se justifier ? Avait-il peur de la réponse ? Ainsi cette réponse amenait à d'autres questions et elle savait qu'elle était en partie responsable de son attitude. Peut-être était-ce une mauvaise idée d'insister et qu'il serait préférable de rentrer dans ce petit appartement qui lui donnait envie de prendre un hôtel pour la nuit.

Arrête cinq minutes, veux-tu ? murmura-t-elle la bière contre elle.

Et comme si cela l'avait rendu mué, comme si c'était un choix de se taire, il n'avait haussé que des épaules en guise de réponse quand elle posa la question sur cette fameuse soirée. C'était bien pour le travail qu'il était ainsi vêtu. Ce n'était pas pour une petite amie probable. Elle le regarda manger sa pizza qu'elle avait prise sur le chemin, ayant en réalité fait un détour pour aller dans cette pizzeria qu'ils aimaient bien.

Évidemment, c'est pour le boulot… Conclut-elle avec un hochement de tête.

Au moins, ce n'était pas une fille. India décida de sortir de la cuisine pour faire quelques pas, accusant le coup des heures à rester dans la voiture à attendre d'être contrôlé par les militaires pour rentrer. La jeune femme s'arrêta quelques instants devant son sac avant d'aller se poser à la fenêtre pour sentir l'air frais de la nuit tombant un soir d'été.

Alors en quoi ça consiste ? Est-ce que tu as besoin d'un acolyte ?

Il n'avait pas besoin d'elle, elle le savait. Mais c'était un moyen de savoir où il en était, où ils en étaient. Si elle allait rentrer chez elle après cette bière ou s'il lui dévoilerait un plan qu'il avait joliment monté pour assurer d'Hermes continue d'exister, même sans la Voix.

Pourquoi est ce qu'elle avait décidée de l'abandonner comme ça ? Le monde en dehors du quartier était-il si beau que ça pour qu'elle ne donne aucune nouvelle ? Il avait bien cru ne jamais la revoir, parce que ce monde lui plaisait, ou moins plaisant, qu'elle soit morte parce qu'elle aurait fait la mauvaise rencontre. Il en avait conscience, et avec ce retour là, il lui en voulait clairement. L'offense avait été là. Encore qu'elle ne dise rien aux autres, qu'elle veuille se faire discrète, très discrète, il l'aurait compris, même un message codé toutes les deux ou trois semaines, histoire de faire le point, même si c'était avec un téléphone pré-payé et jetable intraçable ou presque, cela lui aurait suffit. Mais là, elle lui avait comprendre qu'elle ne voulait plus de lui, et ça lui avait fait mal, ça l'avait aussi poussé à prendre les choses en main, devenant l'ombre et la lumière, le pile et le face d'une même pièce, chose impossible, alors que pourtant, il avait dû le faire, il l'avait fait, et que finalement, il ne s'en était pas si mal sorti. Il s'était rendu compte qu'elle voulait de l'indépendance et que lui aussi, qu'il s'en sortait mieux que prévu sans elle. Pourtant, la voilà de retour, l'obligeant à changer ses plans pour ce soir, mais ce n'était pas si mal, au moins, elle retomberait vite dans le bain, et puis, la soirée ne détonnerait pas avec ce qu'elle avait dû ou pu connaître de l'autre côté du mur, une soirée mondaine, avec quelques pigeons à plumer, et d'autres avec qui il serait possible d'avoir du blé sur un plus ou moins long terme en échange d'un bout de gras à se mettre sous la dent. On ne parle pas de pizza, mais presque finalement. Et donc, il lui a laissé croire que c'était potentiellement pour une belle dame qu'il s'était mis beau. C'était bien trop drôle de le lui laisser croire et de voir que malgré tous les mois qui venaient de se dérouler, elle restait incroyablement jalouse en mode pitbull sur celle qui pourrait s'approcher un peu trop près de son petit Tom pouce. Et donc, elle lui demanda d'arrêter cinq minutes. Il lui lançait une petite pique, mais elle n'avait pas envie de trop s'en prendre, de trop s'aventurer sur ce terrain là, pas forcément habitué à ce qu'il puisse avoir autant de mordant, mais ce n'était qu'un petit retour des choses, il le savait. Ce soir, il l'aurait en travers de la gorge, le temps de se rendre à la soirée, le temps qu'il la briefe comme elle le demanderait et qu'il lui donnera le minimum à savoir pour qu'elle se fonde dans la masse. Elle ne devrait pas en avoir trop de problèmes avec une robe digne de ce nom qu'elle devait avoir dans son dressing, dans son appartement, à priori. Mais ça, il lui dira plus tard.

" Bien joué Sherlock, tu pensais vraiment que j'allais jouer le dandy dans cette tenue pour une nana ? Tu le sais mieux que personne que je suis marié à mon ordinateur, et ce n'est pas une chose que j'ai prévu de faire changer. "

Mais bon, peut être qu'il ne dira pas non s'il peut tremper le biscuit, juste de temps en temps, plutôt que de mater des nanas sur son écran d'ordinateur, enfin s'il le faisait évidemment, car rien ne le prouve, historique internet à l'appui. Essayez d'aller voir, vous n'y trouverez rien. Bref, le propos n'est pas là évidemment. Et donc, alors qu'il boit une nouvelle gorgée, et prends une nouvelle part de pizza, elle se détache de la cuisine, l'appétit n'étant pas au rendez-vous, pour marcher un peu et se rendre à la fenêtre qu'elle ouvre pour avoir un peu d'air, comme si ici, c'était devenu irrespirable. Et donc, elle lui pose la question, alors qu'elle sait, qu'elle sait très bien qu'il n'a pas besoin d'elle, puisqu'à la base il avait prévu d'y aller sans elle. Mais voilà, elle est là, autant qu'elle ne soit pas inutile, comme la plante verte prenant de la lumière près d'une fenêtre pour faire un peu de photosynthèse.

" Je n'ai pas besoin d'un acolyte, et tu le sais très bien, mais d'une acolyte, oui ! Ma chère petite amie ici présente voudrait-elle passer chez elle enfiler sa plus belle robe pour faire illusion ? "

Il lui propose, et si elle n'a pas envie de venir, elle peut rester chez elle, il ira seul comme initialement prévu. Il la dépose, et il y va, mais il la connait, elle a des yeux de lynx, elle pourrait repérer plus de proies que lui seul. Mais il comprendrait que si elle vient de rentrer, la route, le retour ici est clairement un peu brutal, pour ne pas dire plus. Si elle veut se reposer, il la déposera une fois que les bières ouvertes seront finies.

Que s'était-il passé pendant ces mois d'absence ? La ville ne s'était pas effondrée sur elle-même, elle continuait à pourrir de l'intérieur, aidée par les militaires qui en interdisaient le passage. Rien n'avait changé. Eleonor, Sohan. Que cela soit des jours ou des mois, rien ne semblait avoir changé. Elle aurait pensé la même chose de Tom s'il ne lui avait pas ouvert la porte ainsi vêtu et ainsi présenté. Avait-il changé ? Il se montrait évasif, ne cherchait pas à être clair. Non, il restait lui-même. À jouer les hommes mystères comme quand il était décidé à ne rien lâcher pour des raisons que la brune ignorait. Des raisons pourtant évidentes qu'elle ne voulait pas voir alors qu'elles étaient sous son nez. Lui demandant d'arrêter cinq minutes ce petit jeu qu'il appréciait, elle parvint à en conclure que cet accoutrement était en lien avec Hermes. Alors Tom lui confirma qu'il ne s'amuserait pas à se déguiser ainsi pour une fille, qu'il n'avait de passion que son ordinateur et que cela ne changerait pas.

Qui sait ? Murmura-t-elle en s'éloignant de la cuisine.

Pour India, les gens changeaient. Selon leur expérience, selon leur motivation, selon plein de petits détails parfois infimes, les gens changeaient. Son père en était la preuve directe. Après des années à vivre dans l'ombre, à profiter d'un système qui lui avait permis de s'enrichir, le vieux Phillmore avait eu une épiphanie et ne voulait plus de cette vie-là. Son arrestation avait été la conclusion à cette histoire. Est-ce qu'il l'aurait accepté s'il avait su qu'il prendrait une perpétuité ou des années de prison qu'une seule vie ne suffirait pas à payer ? Aucune idée et la jeune femme n'y pensait pas. Elle l'avait vu, il allait bien et était apaisé. De là à dire qu'il avait changé, qu'il ne finirait pas par retomber dans le crime ... C'était sûrement naïf de sa part de croire qu'il changerait du tout au tout. Il serait plus juste de dire que certains changeaient et d'autres, non. La mèche rouge partant de l'arrière de son oreille droite, masqué par sa coupe carré, à peine visible quand elle était en mouvement, son petit tatouage à la cheville... Des petites folies dont certaines avaient été laissé à l'entrée de la ville. Rien de fou, rien de mirobolant. Mais des petits détails infimes. Elle alla se poser contre la fenêtre, ayant besoin d'air frais comme si la pièce semblait irrespirable. Comme si quatre murs lui étaient impossibles aujourd'hui. Il la suivit dans la pièce, gardant une certaine distance alors qu'il mangeait comme s'il avait oublié de manger plus tôt dans la journée. India voulut savoir s'il avait besoin d'un coup de main et il joua à nouveau sur les mots. Elle préféra regarder dehors où la ville poursuivait son chemin. Des passants discutant, disparaissant au coin de la rue, quelques klaxons malgré l'heure tardive et un bruit lointain d'une soirée où les basses pourraient faire trembler les vitres. La jeune femme eut une moue, reprenant ses paroles.

Je veux bien te suivre, enfiler ma plus belle robe pour faire illusion, mais tu n'espères pas que j'accepte sans plus de détail ? Pas sur le trajet, ni dans la voiture, ni au dernier moment. Je pense avoir le droit de savoir dans quoi tu m'embarques, non ?

Osait-elle ? Osait-elle lui dire cela en le regardant dans les yeux ?

Elle ne sait rien de ce qui a pu se passer pendant qu'elle n'était pas là, et elle ne le demande même pas, pas plus qu'elle ne dit ce qu'elle a vraiment fait aussi de son côté. Tôt ou tard, elle lui dira, il le sait mais voilà, pour le moment, les deux se terrent dans le silence, comme si le sujet était tabou, ou presque comme si rien ne s'était passé, et qu'ils allaient reprendre leurs affaires. Mais Tom avait prévu un coup ce soir, un coup en solo puisqu'elle ne donnait plus signe de vie, et là, il testait la bestiole, pour voir si elle ne s'était pas ramollie de l'autre côté, pour voir si elle en avait encore sous le capot. Il la jouait mystérieux, pour voir ce qu'elle capterait à travers les non dit, pour voir si elle comprendrait qu'il ne s'agissait pas d'une fille, enfin pas spécialement, car il avait plusieurs cibles, plusieurs vache à lait pour la soirée mondaine, une soirée caritative dans un premier temps, avec des enchères dans un second temps, le genre où ceux qui sont les plus riches s'amusent à acheter des babioles sans intérêt, pour dire qu'ils en ont et qu'ils sont généreux, donnant de leur superflu. Quoiqu'il en soit, elle comprend rapidement qu'il ne va pas aller s'amuser dans une tenue pareil pour tenir la jambe à une demoiselle en particulier. Même si elle émet un petit "Qui sait" alors qu'elle s'éloigne de la cuisine, l'appétit s'étant déjà fait la malle, parce qu'elle n'est pas heureuse d'être là, pas spécialement chez lui, mais à Downfall dans les grandes lignes. Elle ne semblait pas avoir vraiment changé, elle semblait être en bonne forme physiquement, mais mentalement, le retour était difficile, il s'en rendait facilement compte. Elle regardait par la fenêtre, elle observait ce qu'elle n'avait pas vu pendant des semaines, et ça ne semblait pas lui manquer une seule seconde. Il ne comprenait pas pleinement pourquoi elle était finalement revenue, pourquoi elle avait fait le choix de revenir maintenant. Elle restait une énigme à ce niveau pour le moment, mais il continuait de ne point trop lui en dire, juste pour voir si elle serait assez motivée à reprendre pleinement le rôle qui avait été toujours le sien jusqu'à présent, rôle qu'il avait endossé pour quelques cas puisqu'elle avait disparu de la circulation. Est ce qu'il avait aimé être un peu plus dans la lumière ? Oui, cela ne l'avait pas dérangé du tout, au contraire, il s'était trouvé bon, dans son élément finalement, comme s'il arrivait à parler à autres choses qu'un ordinateur. Mais elle voulait des détails, prête à aller se ranger si elle n'en avait pas assez, déjà lasse de vouloir rejouer un rôle qu'elle n'avait plus envie de réellement jouer. Il souriait à sa dernière remarque. Elle n'avait absolument aucune légitimité à connaître les détails, si ce n'est celui de jouer la potiche observatrice comme elle savait si bien le faire.

" Désolé, mais c'est déjà le dernier moment là, alors j'ai peur de ne pas pouvoir satisfaire à ta demande puisque j'avais prévu d'y aller seul, à la base. Puisque tu es là, je me disais que tu aurais envie d'être à nouveau dans la lumière le temps de quelques minutes, une heure ou deux, le temps de jouer l'Impératrice de l'information, la messagère des petites voix du quartier. Je suis sûr que tu ferais fureur dans ta plus belle robe, tu as l'air en forme physiquement, tu vas en faire tourner des regards. "

Il ne lui en dit pas plus, il veut lui faire comprendre qu'elle n'est qu'une petite valeur ajoutée dans son plan, mais une valeur ajoutée quand même, histoire de la mettre en valeur, qu'elle joue la petite amie du jeune homme qui a un peu d'argent, mais pas assez pour s'acheter un rasoir. L'idée est là, mais la petite amie réelle ou pas était en option, une option non obligatoire, il n'y avait qu'elle pour le décider. Elle voulait une soirée avec lui, il lui en offrait une, pas celle qu'elle avait envisagée cela dit. Mais il lui laisserait le choix, il ne lui imposerait rien alors que finalement, il venait à côté d'elle, observant le quartier à son tour.

Que c'était difficile de percer les mystères du hacker quand il était décidé à n'en faire qu'à sa tête, donner aux compte-gouttes les informations concernant cette fameuse soirée. Le voilà qu'il jouait encore sur les mots tandis qu'ils avaient changé de lieu, passant de la cuisine au salon, India trouvant un peu d'air en se posant par la fenêtre, retrouvant cette odeur qui donnait à la brune l'impression que la ville empestait. Elle regardait l'extérieur de la ville, écoutant ainsi cette réponse qui ne lui convenait pas, tout cela juste pour garder ces informations jusqu'au dernier moment. Voulait-il vraiment de sa présence, de profiter de son expertise quant à flairer le gros poisson ? À croire que non. Mais il avait tous les droits de la titiller ainsi, après tout, elle était revenue comme une fleur sans rien expliquer. Quand est-ce qu'elle ira dans la confidence de ce voyage ? Quand elle sera prête à le faire, sera sûrement une réponse aussi évasive que celles du geek.

Il lui manquait un geste, une habitude prise en soirée, une mauvaise habitude aurait-elle dit à une époque et elle regrettait de ne pas l'avoir ramené. Inspirant profondément, elle sourit face à la ville, levant les yeux au ciel. Alors pour pallier ce geste, elle but une gorgée de sa bière, reposant son regard sur Tom.

La messagère des petites voix, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre. Et même dans des guenilles, je ferai fureur !

Il avait remarqué qu'elle était en forme, son teint légèrement hâlé, ses joues avaient perdu leur creux, ce maquillage plus léger qui masquait son état. India se leva, ferma la fenêtre, arrangeant l'arrière de sa robe.

On y va alors vu que c'est le dernier moment, lui dit-elle un brin de sarcasme dans la voix, en attrapant son sac. Je dois m'assurer qu'on ne m'a pas cambriolé.

Attrapant sa veste, faisant un dernier check-up de l'appartement, elle sortit de ce dernier, attendant que Tom ferme la porte. Malgré cette barbe démesurée, elle pouvait voir que le costume lui allait bien et qu'il n'avait pas pris un de ceux qui taillait trop grand. La coupe et la longueur étaient justes. Sortant de l'immeuble, elle chercha du regard la voiture du hacker.

On prend la tienne ou la mienne ? Lui demanda -t-elle s'adaptant à lui vu qu'elle était dépendante de ses décisions.

Une fois le choix fait par le geek, ils entrèrent dans la voiture et sur le chemin du Watts, elle lui demanda simplement.

Comment vas-tu ?

Parce qu'après tout, elle ne lui avait pas posé cette simple question.

Elle essayait de savoir, elle désirait savoir sans poser réellement les questions, sans avoir commencer les retrouvailles par les bons mots. Même s'il l'adorait, il aurait préféré un autre traitement venant de sa part, car oui, il l'avait mal pris, se sentant complètement exclu de sa vie alors que pourtant, ils sont presque tout l'un pour l'autre. Alors, puisqu'il pouvait compter sur elle, il se disait qu'elle pourrait être là pour observer, et jouer son rôle habituel lorsqu'ils agissaient tous les deux. Elle vient à lui dire que même en guenilles elle ferait fureur, ce dont il n'est pas certain. C'est vrai, elle avait du bien mangé de l'autre côté, elle avait quelques kilos en plus. Cela lui allait bien, elle n'était pas très grosse, et elle ne l'était pas plus, mais elle était clairement moins maigrichonne. Il n'en disait cependant pas plus, il n'avait aucunement envie de la vexer sur une éventuelle prise de poids non réellement désirée et voulue. Il n'avait pas fait la remarque sur son poids, mais il aurait pu, même si ça n'aurait rien changé à la situation, si ce n'est de l'énerver elle, un peu plus et il connaissait son caractère de cochon quand elle avait envie de s'y mettre, elle avait un niveau hors compétition, et son voyage loin de Downfall n'avait du faire qu'accentuer tout ça. Et donc, elle était déjà pressée de passer chez elle, vu qu'apparemment, elle ne l'avait pas fait. Est ce que c'était bon signe ? Il ne saurait dire, mais cela voulait quand même dire qu'elle avait été plus pressée de le retrouver que de retrouver son appartement. Elle venait donc réellement de revenir, il y a à peine quelques minutes, le temps de faire deux trois courses et d'attendre la pizza en somme. Ils sortirent de l'appartement, et elle posa la question de savoir quelle voiture ils allaient prendre.

" Prenons la mienne, comme ça, tu pourras boire un ou deux verres de plus si tu en as envie. "

Faire la fête si elle le désirait, ou pas d'ailleurs, mais vu le temps qu'il comptait rester à la base, la soirée allait se prolonger un peu plus que prévu, vu qu'il avait du retard sur le planning qu'il s'était fixé. Il démarra en direction de son appartement, mettant un fond musical assez neutre, des mélodies sans paroles comme dans les bandes sons de films. C'est alors qu'elle lui posa la question ... Il était temps quand même ... Il en sourit, elle se souciait enfin un peu de lui. Mais de toute évidence, il n'allait pas si mal que ça, ne s'étant plus attendu à ce retour là.

" Comme tu peux le voir, la vie continue, je pense pouvoir raisonnablement dire que ça va, que j'ai du faire sans nouvelles de ma meilleure amie pendant de trop longues semaines, mais j'ai survécu. "

Il ne voulait pas le dire comme ça, mais c'était sorti ainsi, un peu sèchement, un peu brusquement alors que finalement, son regard s'humidifiait à peine, il avait réellement cru la perdre, se disant que peut être elle ne reviendrait jamais parce qu'elle aurait fait une mauvaise rencontre ou quelques choses dans ce genre. Mais il devait resté fier, le travail qu'il avait accompli durant son absence était là, lui disant que peut être il n'avait pas besoin d'elle, mais qu'elle ne pourrait pas surfer sur la vague de l'information sans le hacker. Dans l'émotion, il ne lui avait pas même retourner la question, mais l'important était ailleurs.

Ils descendirent les escaliers, arrivèrent dans la rue. L'été s'était bien installé en ville et malgré la fraîcheur de la nuit, il y résidait une certaine pesanteur. India demanda au geek de choisir quelle voiture il voulait prendre, prenant en compte qu'il finirait par repasser par Florence à un moment ou un autre, qu'importe le conducteur. Tom proposa de prendre la sienne pour permettre à la jeune femme de se faire plaisir lors de la soirée. S'ils y allaient pour Hermes, il n'y aura sûrement pas de plaisir. Elle hocha simplement de la tête, lui faisant un signe de l'amener jusqu'à son carrosse. Montant à l'intérieur, elle posa son sac à ses pieds, s'attacha et attendit qu'il démarre. La musique qu'il mit était un fond musical, soit d'un film, d'une série ou d'un jeu vidéo. Tiens d'ailleurs, elle avait quelque chose pour lui dans son sac pour lui.

Sur le chemin du Watts, elle finit par poser une simple question. Une question qu'elle aurait dû poser plus tôt, mais la vue de ce costume et de cette barbe hirsute lui avaient fait oublier les bases et l'avaient freiné dans son envie de l'enlacer. Passée la surprise, voilà qu'elle voulait tout savoir sur une potentielle petite amie qui aurait profité de son absence pour pointer le bout de son nez. Tel cerbère, elle protégeait son territoire… Non, elle n'en avait pas le droit. Il était libre. Elle n'avait pas son mot à dire quand bien même cette barbe était un repousse fille. Tout cela pour dire qu'elle posa cette simple question, posant son regard sur le hacker où un sourit dérida ce visage fermé. Et sa réponse oppressa la jeune Phillmore, peut-être par le ton un peu sec et brusque. India préféra regarder la route, sa mâchoire se crispa et il y eut un silence ponctué par la musique.

Je suis désolée, Tom, lui dit-elle, doucement, retenant l'émotion qu'elle mura en un nouveau silence.

La jeune femme n'était pas de ceux qui s'excusaient même quand ils avaient tort et que la faute était mise sous leur nez. S'excuser, c'était faire preuve de faiblesse, montrer une émotion également. Elle ne s'en était pas donné le droit par peur d'être atteinte. India s'était ouverte à une époque et on avait piétiné son petit cœur déjà fragile, la confortant dans son idée que c'était une mauvaise idée de s'ouvrir aux autres. Pourtant, elle s'excusait là, à son meilleur ami d'une voix ampli d'émotion comme si l'intimité de la voiture lui permettait quelques confidences. Et s'il pensait qu'elle l'avait oublié, la suite lui prouverait le contraire.

C'est si vaste là-bas… J'ai souvent pensé à toi, aux choses qu'on aurait pu faire ensemble, que tu aurais aimé voir…

Cela pourrait être un mensonge. Pourquoi ne pas l'avoir contacté à chaque fois qu'elle avait pensé à lui ? Le retour à la réalité serait trop rude et elle s'était montrée égoïste, encore une fois. Elle savait que cela pourrait le blesser et elle lui aurait reproché ce silence si l'inverse s'était produit. Comme elle n'osait lui parler de ce qu'elle avait vu.

Je n'avais pas envie de rentrer, se confia-t-elle dans un murmure, posant son regard émeraude sur lui.

Et pourtant la voilà. Et l'une des raisons principales était assise juste à côté d'elle.

Qu'est ce qui pourrait se passer de pire que ce qu'il avait prévu pour ce soir ? Rien, mais elle était finalement revenue, bouleversant ses plans, bouleversant à nouveau son quotidien. Il ne savait pas si cela était néanmoins réconfortant ou au contraire dérangeant. Dire qu'il avait apprécié son indépendance était véridique, et dans ses affaires, il savait qu'il pourrait faire sans elle, mais au delà d'Hermes, c'était bien la personne elle-même qui lui manquait beaucoup trop, parce qu'il tenait à elle, parce qu'il tenait à elle bien plus qu'il ne se l'était imaginé, alors oui, quand elle lui avait envoyé le dernier message, cela avait été un crève coeur. Elle avait fait un choix, qu'il ne comprenait aucunement. Il avait eu peur pour elle, mais elle semblait s'en foutre, pas même n'avait-elle fait en sorte de lui demander si ça allait, trop interloquée par un look détonnant, pas tant le costume, mais cette barbe abondante, mal taillée. Aurait-elle pu lui demander le pourquoi du comment ? Mais non, elle n'avait pas songé qu'il jouait un personnage, et certainement pas pour une femme, encore moins pour un homme d'ailleurs. Elle n'avait pas demandé, elle ne savait rien des tenants et des aboutissants, elle avait préférée jouer au fantôme en dehors de Downfall. Mais elle restait malgré sa meilleure amie, il osait l'espérer, alors ce soir, ils joueront à la comédie, demain ce sera une autre histoire, demain ce sera demain ... Ils montèrent donc dans sa voiture, une tension palpable dans l'air. Il mit un petit fond musical, car il doutait même qu'elle veuille parler plus que cela durant le trajet, pourtant ce fut le cas, et enfin elle posa une question sensée depuis qu'elle était revenue comme une fleur dans sa vie. Pourquoi ne l'avait-elle pas posée immédiatement ? Parce qu'elle s'était montrée jalouse, pensant que l'accoutrement était pour une autre qu'elle. Et si c'était effectivement le cas, qu'aurait-elle fait ? Il préférait ne pas avoir la réponse à cette réalité alternative. Ainsi donc, elle s'en excusa, chose qu'il était rare d'entendre de la bouche de la Phillmore, sa fierté étant plus importante que tout, mais dans l'instant, même si cela restait bref, la voyant fuir son regard, il entendait la sincérité des propos même s'il ne comprenait toujours pas pourquoi. Néanmoins, les propos d'après lui fendirent le coeur. Oui, elle avait pensé à lui, mais non, elle n'avait pas daigné lui adresser même un petit message, ou quelques choses dans le genre. Mais la grandeur de l'autre côté du mur lui avait fait oublier les principes de bases d'une amitié. Sa fierté, son égoïsme se trouvait donc là, plus important que ce qu'il représentait pour elle. Elle ne voulait pas être là, elle n'en avait pas envie, pourtant, elle avait fait finalement ce choix. Il pourrait donc lui cracher à la figure tout ce qui leur ferait mal, encore plus à elle mais il se retenait. Pour le restant de la soirée, il voulait retenir que malgré tout, elle avait pensé à lui, c'était mieux que rien, du moins, il voulait le voir comme ça. En guise de réponses, il lui faisait un petit sourire. Peut être qu'une fois de temps en temps, ils pourraient tenter d'aller de l'autre côté pour faire deux trois petites choses ? Pourquoi pas oui. Ils arrivèrent donc à proximité de son appartement.

" Tu veux que je vienne avec toi au cas où la porte est fracassée ? Ou tu te sens d'y aller comme une grande et de revenir avec une belle robe ? "

Si elle voulait qu'il vienne, il viendrait, mais il pouvait l'attendre dans la voiture quelques minutes en fonction de ce qu'elle désirait. Ils sont devenus assez indépendant l'un de l'autre alors, à elle de voir.

Elle s'était excusée, chose assez rare pour être noté sur un calendrier. Elle lui avait confessé avoir pensé à lui, avoir eu envie de faire certaines activités en sa compagnie, mais serait-ce assez pour se faire pardonner d'avoir envoyé un message pour annoncer qu'elle ne rentrait pas tout de suite et qu'elle coupait son téléphone ? Surtout qu'elle lui avouait ne pas avoir eu envie de rentrer, aveux qui montraient qu'elle avait pris goût à la vie en dehors de Downfall. Tout n'était pas bon à dire parfois, mais parfois, il était préférable de dire le fond de sa pensée, à l'image d'un pansement qu'il valait mieux enlever vite. La douleur serait vive, mais passerait au lieu d'en souffrir jour après jour. Je n'avais pas envie de rentrer, avait-elle dit. Il y avait tant de choses à voir et à faire. Quand elle pensait à Destiny, une ancienne garce, reine du lycée qui avait subi le courroux de la jeune Phillmore, celle-ci était finalement partie au-delà du mur, à New-York. Une nouvelle vie, riche et libre de ce poids qui avait pesé sur ses épaules toutes ces années. Elle avait encore de ses nouvelles de temps en temps, preuve que malgré les horreurs qu'elles s'étaient faites l'une à l'autre, elles avaient avancé.

Tom eut un simple sourire et garda le silence, laissant à nouveau la musique s'imposer entre eux. C'était tout ce qu'il aurait à dire. Ce silence. Que pourrait-il dire après cela ? Alors elle reposa son regard sur la route, appuyant sa tête contre sa main, son coude se reposant sur la portière, ouvrant la fenêtre, sentant à nouveau cette lourdeur qui engouffrait à l'intérieur. Il finit par arriver dans le Watt et rapidement au niveau de cette rue où elle habitait, devant cet immeuble insalubre où un lampadaire clignotait quand d'autres n'éclairaient plus rien, offrant une image inquiétante de ce lieu. Le geek lui laissa le choix de l'attendre ou de l'accompagner. Si India aurait haussé les épaules et lui aurait laissé à son tour le choix, elle lui dit pourtant :

Non, viens, tu m'aideras à choisir et ce sera l'occasion de t'attacher pour t'enlever ce truc sur le visage.

Elle n'en démordait pas même si c'était sur le ton de la plaisanterie. Et au fond, ce n'était qu'une plaisanterie, c'était à peine si elle oserait l'approcher, de peur de briser ce lien qui s'était fragilisé à cause de son départ. Elle le savait au fond que rien ne serait comme avant. Elle-même également. Une fois garés, ils montèrent les escaliers dont il valait mieux éviter certaines marches branlantes. Rien n'avait changé en dehors de quelques tags sur les boîtes aux lettres. Le nom de sa voisine y apparaissait toujours annonçant que celle-ci n'était pas morte dans son vomi. Passant la première, elle sortit son trousseau de clé, récupéra le courrier au rez-de-chaussée et ouvrit la porte de son petit studio au troisième étage. La porte n'avait pas été défoncée et il y faisait étrangement chaud malgré le peu de vie. L'immeuble était mal isolé et avait absorbé la chaleur de l'été. L'électricité était toujours là, preuve que Tom avait payé le loyer mois après mois. India le remercia et lui annonça le rembourser rapidement, chose qu'elle ferait dès le lendemain. Le loyer n'état pas très cher, une des raisons qui l'avait poussé à avoir un tout petit logement. Comment avait-elle pu habiter là-dedans, obligeant sa chatte à rester enfermer sans pouvoir se dépenser ? Comment n'avait-elle pas senti l'oppression qui appuyait sa poitrine en voyant la taille de ce logement ? Comment pouvait-elle respirer ainsi enfermée ? Posant sa veste et son sac sur le canapé, elle l'invita à faire comme chez lui. India profita pour ouvrir la seule fenêtre du studio, mais il n'y avait pas de vent. Revenant vers le canapé, elle pensa soudainement.

Oh, avant que je n'oublie, je voulais te donner ça.

Fouillant dans son sac, elle en sortit une petite boite d'une quinzaine de centimètres enveloppée dans du papier kraft. Un souvenir qu'elle avait vu, une vieillerie que le geek aimerait. Un de ses vieux jeux encore dans la boite d'origine. Un truc où elle n'avait jamais vraiment compris l'intérêt, où elle s'énervait en ratant essai après essai. Mais ça lui plaisait et il était plutôt bon. Elle attendit qu'il l'ouvre pour découvrir le présent ramené afin de savoir si elle avait touché l'âme du joueur ou si elle s'était trompée. Puis elle passa du côté de la penderie qui séparait la salle de bain du salon où son lit était. Elle fouillait dans ses robes, nombreuse dans sa garde-robe alors qu'elle s'était allée à porter quelques pantalons en dehors de la ville. Elle possédait deux robes pour des galas, de soirées assez chics pour pouvoir être portés. Et encore, elle avait dû faire du tri à une période de sa vie. Elle sortit les deux robes, l'une noire qu'elle avait déjà mise lors d'une soirée caritative faite par les Blackened Beauty et une autre couleur bronze. Deux robes longues, deux styles bien différents, mais qui irait bien à la jeune Phillmore.

Tu préfères laquelle ? Demanda-t-elle en les posant l'une après l'autre contre elle.

Avec les bijoux adéquats, l'une comme l'autre lui irait bien. La noire restait un classique d'élégance, le croisé du tissus offrant presque dos nu qui permettait un peu d'originalité mais assurait une certaine discrétion dans la masse mondaine tandis que l'autre, couleur de bronze claire avec des voiles légers, plus rare, avec sa ceinture de bronze lui donnait plus l'impression d'être une de ses vestales de l'époque romaine loin de la chasteté dont elles étaient obligées. Plus rare, elle pourrait plus facilement se faire remarquer. Une fois le choix fait, elle disparut dans la salle de bain pour enfiler la robe à la place de celle qu'elle portait.

Il s'est passé des choses dont je dois être au courant ? Demanda-t-elle en ouvrant la porte, continuant de se préparer, arrangeant son maquillage, tout en apportant quelques bijoux qui accompagneraient la robe.

Peut être qu'un jour, ils iront faire une virée de l'autre côté, peut être bien oui, difficile à dire. Si elle avait pensé à lui, il n'était pas encore télépathe, et donc, il n'avait pas pu s'en rendre compte, mais le fait qu'elle s'excuse et qu'elle lui dise ça après coup, compensait un peu, juste un peu. Elle aurait pu lui envoyé un message, juste un petit message pour le lui confirmer, il aurait apprécié, mais non, elle ne l'avait pas fait, elle l'avait laissé baigner dans son jus constant d'inquiétude à son sujet même si la vie avait continué, et qu'il avait avancé malgré tout. Il aurait pu lui cracher du venin à la figure, il aurait pu mais il n'en voyait aucun avantage dans l'immédiat, même pour l'après. La musique berça alors la suite du trajet, jusqu'à ce qu'ils arrivent chez elle, et qu'il lui demande si elle allait s'en sortir seule, l'espace de quelques instants, ou s'il allait devoir l'aider. Il savait ce qu'elle allait dire mais il tentait sa chance, histoire que ça aille vite, mais ça ne serait pas le cas, heureusement, la soirée n'en était encore qu'à ses balbutiements. Il souriait au fait qu'elle s'amuse à l'attacher pour le raser. Il aurait pu mais, non, il ne l'avait pas fait, et il ne le ferait pas immédiatement encore, se laissant le temps de savourer cette barbe qu'elle n'aimait aucunement. Alors, il coupa le contact, et l'accompagna jusqu'à chez elle pour l'aider à choisir la tenue puisque visiblement, ça allait être un véritable défilé de mode et qu'elle avait un dressing si important qu'elle allait mettre des heures à choisir s'il ne venait pas. Il en était presque étonné, il pensait qu'elle allait lui dire de faire comme il avait envie mais non, pas là, même si dans sa tête à lui, ça sonnait pourtant de la même façon. Ainsi donc, ils allèrent jusqu'à son appartement qui n'avait pas bougé, qui était toujours là, toujours aussi peu spacieux, mais peut être que ce choix ne lui conviendrait plus. Déjà qu'elle en parlait avant, les envies d'ailleurs allaient être plus importantes encore même s'il faudrait payer plus cher, et puis, peut être que ça lui éviterait de croiser sa voisine qui était toujours là. Quoiqu'il en soit, elle lui rendrait l'argent qu'il avait donné pour que ce petit foyer puisse toujours lui appartenir et qu'il ne soit pas vidé à cause de loyer non payé, ça aurait été bête quand même. Et donc, elle vint à lui donner quelques choses. Il en fut étonné, mais elle sortit une enveloppe dans lequel il y avait ce cadeau. Il ne savait pas ce que cela pouvait être mais il regarderait. Elle savait ce qu'il aimait, mais bon, peut être que ça n'avait rien à avoir. Et pourquoi le lui donner maintenant ? Si elle le lui avait donné à son appartement, il ne l'aurait peut être pas quitté mais là, il avait été obligé de suivre le mouvement pour ainsi dire. Il en sortie donc une vieille cartouche d'un vieux jeu vidéo. Il l'observa attentivement ne refoulant pas un petit sourire. Le geek gamer verrait s'il l'essayerait ou s'il poserait ça quelques parts dans un endroit sûr après en avoir vérifié la valeur vu que la boite semblait être dans un bon état. Non, il ne comptait pas revendre ça, au contraire, mais parfois, il faut savoir faire des affaires.

" Merci. "

Simple, sobre, il ne se voyait pas porter sur une grosse effusion de joie, il resta tout en sobriété alors qu'elle se décida à choisir une robe, enfin qu'elle tenta de choisir. Les deux iraient parfaitement pour l'événement auquel ils allaient assister, mais elle serait plus belle dans la noire clairement, et encore, il n'avait pas souvenir de la lui avoir vu porter. Il désigna la noire donc. Et donc, elle alla l'enfiler, demandant ensuite ce qu'elle avait pu rater, s'il y avait des choses dont elle n'était pas au courant. Il se creusa la tête.

" Rien de notable à ma connaissance. La vie continue malgré tout, il le faut bien, n'est ce pas ? "

Il avait continué de faire fructifier leur affaire, Hermès comme des plus personnelles le concernant. Si elle avait été là, peut être qu'il en aurait fait plus, qu'il aurait eu peut être plus de contrat, difficile à dire quand la face visible d'une pièce n'est plus là, devenue invisible. Mais lui aurait-il tout dit s'il s'était passé quelques choses de véritablement notable ?