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 Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]

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June Blackwell
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MessageSujet: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptyDim 21 Avr - 21:14



Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais...


Septembre 2022.
Deux ans déjà, pourtant elle n’avait pas l’impression que le temps ait changé quoique ce soit. Fuir New-york, et surtout fuir Alec, avait été une décision instinctive : il en allait de sa survie. L’institution médicale de Downfall s’écroulait, ils auraient été prêts à accepter n’importe qui. Elle était qualifiée, sans doute même un peu trop, sa candidature n’avait pas eu de mal à être retenue. June n’avait pas réfléchi davantage, en quelques semaines ses affaires étaient faites, sa mutation accordée, sa bague envolée. Et avec elle la vie de couple à laquelle elle s’était si longtemps accrochée. Ils avaient atteint un point de non-retour. Même la passion dévorante n’était plus en capacité de les maintenir hors de l’eau. Alec avait coulé, elle coulait avec lui. A moins que ce ne soit elle qui l’ait traîné vers le fond. Leur dernier échange avait été hostile, brutal, destructeur. Il avait anéanti les dernières bribes de leur amour, les espoirs d’un nouveau départ. Le choix avait été simple, finalement : rester et mourir, partir et tenter de se relever. Oui, partir avait été simple. Se relever, beaucoup moins.

Les premiers mois, June était complètement dissociée. Elle s’était créée une nouvelle identité, à laquelle elle s’arimmait : travailler dur, faire bonne figure. Comme si de rien n’était. Comme si Alec n’avait jamais existé. « Docteur Blackwell » était tout ce qu’il restait de leur mariage, parce qu’un divorce était encore moins envisageable. Il scellerait l’échec de leur union, administrativement. June préférait être faussement libre qu’officiellement séparée.
Elle avait peu à peu repris contact avec la réalité. Elle s’était laissée aller à de nouvelles rencontres, créant ainsi l’illusion de réparer son cœur en miette. Connaître les bras d’autres hommes, pour acter une nouvelle page de sa vie. Ça rendait le mensonge plus réel. C’était pourtant de lui qu’elle rêvait encore la nuit. Les autres ne lui offraient pas ce qu’elle cherchait : la paix, l’amour, la guérison. Ils lui offraient à peine la jouissance d’un moment éphémère, plaisir charnel qui faisait oublier un temps la plaie béante qui saignait entre ses côtes. Les yeux la désiraient, les lèvres la charmaient, mais aucun ne savait la voir réellement. Parce qu’ils n’étaient pas lui, sans doute. Parce qu’elle n’offrait rien d’autre à voir, aussi.
Son appartement vide de toute émotion permettait à ses souvenirs de prendre de la distance. Il lui arrivait pourtant encore d’imaginer Alec allongé sur le sol, la mousse aux commissures, en train de convulser. Il n’avait jamais foutu les pieds ici, Alec. Son fantôme continuait juste de la hanter. Peut-être que s’il était mort, ce jour-là, elle se sentirait moins enchaînée à son absence.

June se passa le visage sous l’eau froide, autant pour éveiller ses traits que pour couper court aux pensées qui la traversaient. Il était 7h du matin, la journée n’avait pas commencé qu’elle était déjà épuisée. On l’attendait cette fois à la DPD : Sean avait besoin des résultats de l’autopsie qui l’avait occupée une partie de la nuit. Le contact des morts était finalement celui qui l’apaisait le plus : pas de faux semblants, pas d’échanges. Pas de souvenirs partagés à moitié refoulés. Juste le scalpel contre leur peau froide, et le silence pour seule compagnie.
Elle enfila ses vêtements en vitesse, fouilla toutes ses poches à la recherche de ses clefs, et se dirigea vers la sortie. Gardena était paisible : elle y croisait rarement du monde à cette heure-ci. Pourtant, un visage familier l’attendait de l’autre côté de la serrure.

Alec se tenait là, le poing levé, prêt à frapper le bois.

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Alec Blackwell
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MessageSujet: Re: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptyMar 23 Avr - 18:04


Tout va s'arranger ! C'est faux,

je sais qu'tu sais...


« - Salut June. Je sais qu’il est 7 heures du mat’ mais… »
Mais quoi ? Pourquoi cette dénégation ? Oui, il était sept heures du matin, et oui, il allait bousiller sa journée. Jamais elle ne s’attendrait à le voir ici, avec son sourire commercial de façade et son regard juste à peine implorant. Cela faisait deux ans que June ne lui avait donné aucun signe de vie. Difficile de se méprendre sur le sous-texte : elle ne voulait plus de lui. Pourtant, Alec venait s’imposer, une fois encore, parce qu’il ne savait pas comment exister autrement auprès d’elle.

Une grimace tordit ses lèvres et froissa son visage. Le rétroviseur de la voiture - qu’il avait acheté la veille - lui renvoya l’image d’un homme cerné, par la fatigue et les doutes. Il n’avait rien pris depuis cinq jours, s’étant promis à lui-même de se confronter à June sans aucune anesthésie ni compresse sur sa psyché écorchée vive. La descente avait duré trois putains de jours. Trois jours à se laisser crever dans l’appartement qu’il louait à Palos Verdes. Son esprit lui avait fait quelques coups de pute, dont deux scénarios de mort imminente dont il était ressorti enferré par l’angoisse. Alec avait déjà traversé des états similaires lors de ses précédents sevrages. C’était d’ailleurs la rencontre avec cette sensation de pure agonie qui l’avait fait renoncer tant de fois à ses bonnes intentions. Douze tentatives depuis que coco soupoudrait sa vie, douze rechutes. Il avait pourtant réussi à tenir presque vingt-deux mois la dernière fois. Parce qu’il s’était convaincu que ça en valait la peine : un mariage, un gosse. Alec s’était résolu à accepter qu’il ne pourrait être à la hauteur s’il continuait à se défoncer. Et il était parvenu à arrêter, aidé par un petit séjour en rehab, histoire de ne pas peser trop lourdement sur son couple.  Puis d’un revers de main, la fatalité avait giflé son arrogance : qui était-il pour vouloir prétendre à ce genre de projets de vie ?

« - Salut June. Désolé de débarquer à l’improviste mais… »
Mais quoi encore ? Il n’avait rien à faire ici. Rien de bien. Comme toujours, il agissait avec égoïsme, obéissant aux élancements et urgences de ses angoisses d’abandon, incapable de renoncer à ses fixations. Il n’y avait aucun amour là-dedans, juste de la dépendance. Qu’elle soit affective ne la rendait pas plus acceptable. La dépendance dupait l’attachement, en imitait les caractéristiques fonctionnelles pour mieux induire, invasive, la culpabilité dans l’esprit de l’autre. Or, June ne lui devait rien, aussi dramatique cela puisse être pour lui. D’ailleurs quand il parvenait à écouter ses réflexions qui transgressaient la limite du raisonnable, Alec croyait entendre ces hommes qui, possessifs et jaloux, préféraient buter leur femme que de prendre le risque de les laisser apercevoir une vie sans eux. Cette violence à l’endroit de cet autre qu’on ne possédait jamais entièrement, le presque-quarantenaire l’avait retournée contre lui, dans le but de conserver l’exclusivité de l’attention de celle qui avait accepté de devenir son épouse. Il avait parasité sa vie en l’entrelaçant à la sienne, d’une manière si serrée, si nouée, que leur existence s’était confondue l’une dans l’autre, indissociables. Alec méprisait la manière dont il aimait June, mais il ne savait pas l’aimer autrement.

Serrant les mains autour du volant - jusqu’à voir les articulations de ses doigts blanchir -, Blackwell tenta de rassembler ce qui lui restait de lui-même. Pas vraiment de la fierté, ni sincèrement de la honte. C’était l’envie qui l’animait, encore et toujours. Son avidité démesurée et irrationnelle pour cette femme. Il ne pouvait pas se passer d’elle, car elle détenait quelque chose de lui : un fragment qui n’avait de valeur que s’il était tenu entre ses mains.

Non sans peine, Alec étira sa carcasse hors de l’habitacle de la voiture. Il regarda pour un énième fois le bout de papier sur lequel il avait inscrit, presqu’un an plus tôt, l’adresse de June. L’hésitation ralentit son pas quelques secondes, puis l’évidence l’aida à avancer : il était venu à Downfall uniquement pour elle, alors autant consommer son fantasme des retrouvailles, et l’abattre contre la réalité.
Alec profita de la sortie d’une vieille dame de l’immeuble pour y pénétrer. Il en gravit plusieurs volées d’escaliers, le souffle irrégulier, le cœur exalté, l’esprit désordonné. Parvenu au bon palier, il n’eut le choix que d’une porte, face à laquelle il se planta, un filet acide de salive – récalcitrant à toute déglutition - rongeant les mots qui oseraient sortir de sa bouche. Alec leva machinalement un poing à la fermeté professionnelle, prêt à signifier sa présence par des coups donnés sur cette dernière ligne qui séparait leur existence. Mais il suspendit son geste.
« - Salut June. Je ne sais pas si j’ai le droit d’être là, alors je ne devrais peut-être pas faire ça… »

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MessageSujet: Re: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptyMar 23 Avr - 19:16



Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais...

Il lui fallut de longues secondes pour réaliser qu’elle ne rêvait pas. Qu’une hallucination n’était pas venue troubler, une fois de plus, son quotidien. June accrocha le regard d’Alec, qui semblait tout aussi surpris d’être là. Ou d’avoir été vu avant qu’il ne se décide à se montrer. Il avait mauvaise mine. Yeux cernés, traits tirés. Venir jusqu’ici avait dû lui coûter.
Elle ne l’avait pourtant pas invité.
Deux ans sans se voir, sans se parler. Une absence de contact qu’ils n’avaient jusque-là jamais expérimenté. Pourtant, la fraction de seconde durant laquelle elle s’était arrimée à ses pupilles avait suffit à tout balayer. La distance, le silence : envolés. Comme s’il ne s’était écoulé qu’un jour, qu’une heure depuis leur dernière étreinte, leur énième dispute. June se prit dans la gueule sa présence, et les 15 années qui s’était écoulées. Même l’odeur de sa peau parvint jusqu’à ses sens.
Elle s’était imaginée plus d’une fois dans cette situation. Des retrouvailles involontaires, au croisement d’une rue. Un appel, un message. Une visite improvisée. Elle s’était répétée les mots qu’elle n’avait jamais pu lui balancer, justifiant son départ par son incapacité à se comporter comme un être humain à peine mieux que médiocre. Le sentiment qui la gagna fut pourtant bien différent, pire que tout. Là où la haine et la rancœur avaient une place de choix dans les extrapolations nocturnes de sa psyché, elle n’en ressentait aucune aujourd’hui. Bien au contraire, le constat qui la frappa lui colla le vertige : il lui avait manqué. Alec, qu’elle avait quitté, fui et tenté d’oublier lui avait manqué. Et c’est à elle qu’elle en voulait pour cela.

June entrouvrit les lèvres sans qu’aucun mot n’en franchisse la barrière. Elle avait tant à dire, mais rien à exprimer. Sa présence impromptue avalait toutes ses pensées. C’était pourtant une occasion rêvée. Claque-lui la porte au nez !  Solution radicale, et somme toute efficace. Le message aurait été clair, aussi clair que de lui envoyer les papiers du divorce. Mais June n’était en capacité de faire ni l’un ni l’autre, comme si tirer un trait définitif sur ce qu’ils étaient lui était impossible. Des excuses, elle s’en était trouvée : ne pas reprendre contact, ne pas l’inciter à venir, ne pas penser au passé. Ça rassurait son égo déjà bien abîmé de croire que de maintenir son couple à l’agonie dans le réel plutôt que de le laisser crever était un choix. Or, en se plantant là, devant sa porte d’entrée, Alec avait tout fait foirer. Comme d’habitude, même sans le vouloir, il induisait l’échec. Parce qu’elle se prenait en pleine face son incapacité à se décider, à le laisser partir pour de bon. Elle vivait encore avec un fil enserré au cœur, qui la ramenait vers lui. Inlassablement. Parce qu’elle ne savait pas exister autrement. Avec lui, elle n’était pas grand-chose. Sans lui, elle n’était rien.

Son cœur accéléra, pris de panique. June ne savait ni quoi dire, ni quoi penser. Alors elle choisit d’ignorer. Sa présence, son retour, les émotions qui l’assaillaient : tout cela relégué dans une boite, au fond de son cerveau. La puissance de son déni avait atteint, ce matin-là, son apogée. Elle avança d’un pas, bousculant légèrement la silhouette de cet autre désormais non-identifié. Elle claqua la porte, la verrouilla et, sans attendre son reste, dévala les escaliers.


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MessageSujet: Re: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptySam 27 Avr - 12:38


Tout va s'arranger ! C'est faux,

je sais qu'tu sais...


La porte s’ouvrit, ignorant sa présence. June apparut, les traits du visage fermés. C’était son expression naturelle, celle derrière laquelle elle enfermait sa personnalité pour ne la réduire qu’à un masque figé, que rien ne semblait pouvoir déconcerter. Ainsi dissimulée, elle pouvait épier l’autre sans l’être pour autant.
Lorsque les iris vert anglais de sa femme s’accrochèrent à sa silhouette, Alec sentit sa psyché se dérober, prête à se réfugier dans une dépersonnalisation, dans une dissonance qui leur éviterait d’affronter ce que le principe de réalité avait à leur signifier, à leur contredire. Saisi par son regard, le presque quarantenaire réalisa ne rien maitriser de son reflet. Face à face, chacun observait ses propres projections, sans deviner les réelles intentions de l’autre. Cette cécité affola son angoisse qui, terrifiée et mal muselée, se mit à aboyer, assourdissante. Or, aucun son ne parvint à franchir le seuil de ses mâchoires, que la tension gardait fermées. June semblait, elle, prête à s’y risquer, mais rien n’advint non plus. Le silence s’étira, toujours patient lorsqu’il s’agissait de charger de malaise une rencontre d’une inquiétante étrangeté.

Puis June s’avança d’un pas vers lui, l’effleura sans le sentir, se soustrayant totalement à sa présence. Elle ferma la porte de son appartement puis s’échappa dans la cage d’escaliers, d’un pas cependant trop rapide pour mentir sur la nature de ses intentions : elle le fuyait. Bien que sa tête et son buste aient suivi le mouvement du corps de sa femme en pleine dérobade, Alec se sentait comme cloué au sol, les pieds profondément ancrés par la gravité. Un vertige, accompagné d’acouphènes sifflantes, brouilla sa vision. L’architecture de ses pensées s’ébranlait, prête à s’effondrer. Ses jambes, parcoures de spasmes, menacèrent de céder. Psyché et soma tremblaient. Tout son être chancelait.

« - Je.. att…. June, attends ! » bégaya-t-il au palier vide. Alec ignorait depuis combien de temps il était resté ainsi figé. Entendre sa propre voix résonner l’avait arraché à la torpeur qui l’avait enferré. Blackwell dévala à son tour les marches. Il n’aurait pas le courage de rejouer cette scène une seconde fois ; il lui fallait la rattraper.

Parvenu au hall de l’immeuble, Alec rencontra la même vieille dame qu’il avait croisée quelques minutes plus tôt. Elle venait de lâcher du regard la silhouette fugace de June pour braquer ses prunelles sombres et suspicieuses sur le new-yorkais. Ce dernier se crispa et ralentit, un sourire forcé peinant à éclore sur son visage autrement qu’en une grimace confuse. La vieille s’apprêtait à lui balancer quelque chose, elle cherchait comment agencer ses mots pour répudier sa présence et le trouble qu’il occasionnait. Remettant de la distance entre eux, Alec détourna le regard et poussa la porte d’entrée, surjouant une attitude qui manquait à paraître sereine. Il serait certainement signalé à l’ensemble de la copropriété comme le conjoint ou l’amant insistant de la locataire du quatrième étage. Mais Alec ne pouvait pas lui reprocher de s’être forgée une telle représentation de lui, il se faisait en cet instant la même impression.

Recraché sur le trottoir d’une petite avenue, Alec aperçut une vingtaine de mètres plus loin les courbes de la femme qu’il poursuivait : « - Je suis désolé de.. June ! Arrête-toi… » Les regards des rares passants convergèrent vers lui. Reprenant de l’élan, le flic se remit à courir, et finit par la rattraper. Soucieuse des apparences, June avait ralenti la cadence de sa fuite, feignant d’aller, comme tous les autres jours, simplement au travail. Alec se mit à ses côtés, calma sa respiration, détendit les traits de son visage, également désireux d’imiter un semblant de normalité. « - Juste un café, s’il te plaît. Je te promets de partir après. » June le contraignait à s’imposer, à conditionner sa disparition à l’acceptation brève de sa présence.


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MessageSujet: Re: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptyLun 29 Avr - 18:27



Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais...

Le déni était un puissant allié. Elle s’y enveloppait avec une déconcertante facilité, pour fuir cette réalité qui la rattrapait pourtant chaque fois. Elle était, aujourd’hui, trop brutale, si bien que le déni lui-même peinait à offrir une barrière suffisante. Dévalant les escaliers comme si sa vie en dépendait, June réfrénait difficilement le flot d’émotions qui tentait de percer sa défense. Vorace, il agrippait ses tripes et remontait lentement jusqu’à sa trachée, déposant sur sa langue des années de non-dits.
La voix d’Alec plantait ses crocs dans ses muscles pour la ralentir. June accéléra alors le pas, faussement persuadée qu’avec un peu d’allure, son mari finirait par s’évaporer. Elle manqua de percuter sa voisine du troisième. Véritable peau-de-vache déguisée en fleur, elle ne ratait jamais l'occasion d’épier les allers-retours des rares personnes qui franchissaient son seuil. June s’assurait d’être dans ses bonnes grâces, familière avec la douceur de l’hypocrisie. Elle lui offrait de larges sourires et se chargeait de ses courses lorsqu’elle ne pouvait plus marcher. En contre-partie, l’aînée gardait le silence sur l’ivresse qui avait plus d’une fois marqué ses traits, à une heure indécente de la nuit.
Chacune se complaisait dans le mensonge que l’autre lui renvoyait. L’équilibre était précaire, mais se maintenait. Jusqu’à aujourd’hui. Car aujourd’hui, June ne prit pas la peine de la saluer, trop occupée à désavouer l’évidence qui s’était imposée devant sa porte d’entrée.

Sa voiture était garée à quelques mètres de l’immeuble. Le soleil automnal naissait sur le silence de la ruelle, bien vite troublé par cette voix qui ne cessait de la héler. June sentait les regards appuyés qui, s’ils étaient peu nombreux, suffirent à la faire ralentir. Prisonnière de l’anxiété provoquée par le sentiment d’être remarquée, June s’engouffra une fois de plus dans l’évitement : celui de l’esclandre plutôt que de la rencontre.
Fatalité : la silhouette d’Alec la rejoignit. Sa respiration était agitée, il peinait à reprendre son souffle. Il a vieilli, se dit-elle. A moins que ce ne soit les années de défonce qui aient fini par définitivement abîmer son corps. Ou toutes ces fois où la Mort avait tenté de le faucher, en vain. Il était de ceux qui crachaient sur la vie, mais enterraient tout le monde avant que celle-ci ne les quitte.
Il était plus facile pour June de voiler son regard d’un peu de mépris. Enième mécanisme de protection : si elle annihilait tout ce qu’ils avaient été de beau, alors elle risquait moins d’embrasser le chaos qui définissait leur union. Elle refusait qu’il lise la douleur que sa présence lui infligeait, ou le trouble que son odeur familière infligeait à ses sens. Elle ne voulait lui dévoiler que la froideur qu’elle lui avait si souvent exposée. Celle qui ne laissait place à aucune justification, aucun échange. Celle qui jugeait, implacable.

- Très bien.

Elle aurait pu dire non. Elle aurait dû dire non. Tuer l’espoir avant qu’il ne fasse germer un sentiment plus fort entre leurs côtes.

- Mais pas ici.

Fuir, encore. Sauvegarder les apparences. C’était ce qu’elle faisait de mieux. Peut-être même la seule chose qu’elle savait réellement faire.
Son regard arrima la carcasse qui lui servait de voiture. Les pneus étaient à plat : encore. Elle ne comptait plus les fois où elle avait dû se taper la route à pied. Pourtant, instinctivement, ses yeux se posèrent sur Alec. Comme s’il était coupable. Comme si sa seule présence le rendait responsable. La colère avait pris le relai du déni, pas suffisamment fort pour tenir face à lui.

- Je te dirais où aller.

On prendrait donc sa caisse. Il en avait forcément une, de caisse. Alec n’était pas le genre à se déplacer en bus. Il aurait pourtant mieux fait, parfois. June se demandait s’il n’avait pas déjà laissé l’enfant de quelqu’un crever sur le bas-côté, sans même le remarquer. Il ne remarquait de toute façon plus grand-chose, quand elle était là. La coke. Sa plus vieille amante, et sans doute celle qu'il aimait le plus.
June se laissa guider jusqu’à la voiture, qui ne valait pas bien mieux que la sienne. Son instinct lui somma toutefois de s’arrêter. La main sur la portière, elle accrocha une nouvelle fois son regard, refusant cette fois de le détourner tant qu'elle n'avait pas toute son attention.

- T’es en état de conduire ?

Retrouvailles, funérailles. Pas beaucoup de lettres d’écart pour mettre un point final à leur histoire.


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MessageSujet: Re: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptyMer 1 Mai - 16:18


Tout va s'arranger ! C'est faux,

je sais qu'tu sais...


Encore engourdi par la violence de leurs retrouvailles, Alec flottait, mal ancré dans la réalité, aux côtés de sa femme enfin retrouvée, mais à laquelle il ne pouvait s’arrimer. Au moins June ne pouvait plus se permettre de l’ignorer. Elle finirait par lui accorder son attention. C’était pour ça qu’il était venu jusque dans cette ville, retranchée du reste de la civilisation, oubliée de l’humanité. Alec voulait ressentir à nouveau le poids de son regard. Ces deux années de rupture lui avait appris qu’il préférait exister par son mépris qu’être effacé par son indifférence.

June concéda une réponse favorable à sa supplique, certainement plus intéressée par l’idée de savoir qu’il partirait après que par le café proposé. Toutefois, elle imposait ses conditions : ils ne pouvaient pas faire ça ici. Alec fronça légèrement les sourcils, trop littéral. Il parvint à finalement déduire de cette précision qu’elle ne l’inviterait pas à entrer chez elle. Le choix de cette alternative lui convenait : il n’était pas prêt à constater par lui-même la vie que sa femme avait recrée sans lui.

A quelques mètres devant eux, une voiture, les pneus crevés, occupait la route. June ralentit, et l’accusa d’un regard sans appel. Ça devait être sa voiture. Alec leva les mains en gage d’innocence. Bien sûr qu’il connaissait sa plaque et aurait ainsi pu reconnaître sa voiture. Cela faisait partie des quelques éléments identifiants qu’il avait pu récolter sur elle en cours de ses recherches pour retrouver sa trace. Mais de là à prévenir tout risque de fuite à son approche en vidant d’air les roues qui auraient pu l’amener loin de lui… Non. Bien qu’il eût été capable de telles mises en scène fut un temps. Menacé par d’honteuses réminiscences, Blackwell se passa une main dans les cheveux, comme pour réaligner les pensées qui se bousculaient dans sa tête.
Toujours à ses côtés, souffrant de sa présence, June maintint un ton autoritaire et exigea son obéissance : elle déciderait d’où ils iraient. Alec retint de justesse un râle agacé. Il ne comptait pas la traîner dans une cave où il pourrait l’attacher à une chaise et enfin disposer d’elle à loisir. Comme il n’avait pas crevé ses pneus pour l’obliger à monter dans sa voiture. Comme il ne souhaitait pas entrer dans son appartement pour y prendre ses aises et reprendre une place dans son pieu.

Ils durent donc prolonger leur marche de quelques mètres pour parvenir jusqu’à la voiture d’Alec, une vieille Ford noire qui avait eu pour seul mérite de respecter son budget. Déverrouillant manuellement les portes, il vit June se figer, encore sur le trottoir. Quoi encore. Alec l’imita, muselant son impatience, prêt à devoir composer avec un énième sous ou sur-entendu. Et cette fois-ci, ce fut une question, ce qui impliquait qu’elle attendait une réponse, et par conséquent, qui lui offrait enfin l’occasion de pouvoir broncher sans compromettre l’autoritarisme paranoïaque de sa femme. « - Tu... Oui, je suis en état de conduire. » Il s’était repris, ne sachant pas où une phrase commençant par « tu » pourrait le mener. D’après un abruti des RH, la base de la communication non violente était de s’exprimer au « je », pour renvoyer à l’autre qu’il n’en allait que de sa réalité, de son vécu. Et qu’il existait de fait un écart entre ce qu’on présupposait des intentions de l’autre et ce qu’il en était réellement pour cet autre. Donc, puisqu’il ne fallait parler que de lui et de ce qu’il savait de lui, oui, il était en état de conduire.
Cette précision faite, Alec glissa dans l’habitacle de la voiture, derrière le volant, et mit le contact. Résolu à un silence tant que ses pensées refuseraient de s’organiser, il attendit les indications de June quant à leur destination pour prendre la route.

Une poignée de minutes plus tard, alors qu’ils étaient encore en voiture, arrêtés à l’un des rares feux de circulation qui devaient encore fonctionner à Downfall, Blackwell finit par lâcher : « - J’aurai peut-être dû t’appeler, ça aurait été moins violent que de me pointer chez toi, mais je voulais être sûr de te revoir. » Serrant les mains autour du volant – son annulaire portant toujours la matérialité de leur union -, le regard braqué sur le bitume, Alec ajouta d’une voix ankylosée par le désarroi : « - Tu pensais vraiment que je ne t’aurai pas recherchée ? Merde June... ça t’étonne vraiment de me voir rappliquer ? » Que le RH et la communication non violente aillent se faire foutre.



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MessageSujet: Re: Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]   Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June] EmptyMer 1 Mai - 18:44



Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais...

Ce qu’il avait perdu en années de vie, Alec semblait l’avoir gagné en patience. Elle avait senti l’hésitation, compris le rattrapage face à sa question. Il s’attendait à quoi ? Une confiance aveugle ? Fallait-il qu’elle lui expose toutes les raisons qui justifiaient sa méfiance ? Son regard se durcit davantage. Le fait qu’elle accepte de le suivre était déjà bien suffisant, il n’avait qu’à s’en contenter. June était tiraillée entre la nécessité de garder son calme et l’envie d’entrer en guerre. Il n’avait rien fait d’autre que d’exister devant elle, aujourd’hui. Il embarquait toutefois avec lui les sacs de maux jamais éventrés qu’ils se traînaient depuis ses décennies. June avait perdu l’habitude de s’y confronter. Son corps s’était entièrement raidi, la tension qui parcourait ses veines lui brûlait la peau. Il ne fallait pas plus qu’un soupire de sa part pour qu’elle lui explose en pleine face.

June suivit le mouvement et s’installa du côté passager. Toute son énergie était désormais employée à ne rien dévoiler d’autre que l’agacement générée par cette situation. Elle se mura dans un silence qui lui avait toujours été confortable, et qu’Alec semblait enclin à respecter. Peut-être qu’il ne savait tout simplement plus quoi dire. C’était ça, son plan ? Venir ici, la retrouver ? Il n’avait sans doute pas cherché plus loin. Pas imaginé ce fameux « et après » qui les plongeait tous les deux dans un profond malaise.
Etonnant.

- A gauche, après le feu.

Elle n’était pas encore sûre de l’endroit où elle voulait l’emmener. Pas trop loin de l’hôpital – tant qu’à faire, autant la rapprocher- mais certainement pas à côté. Elle n’avait pas envie de tomber sur un visage familier. Personne, dans cette ville, ne savait qu’elle était mariée. Alec avait cessé d’exister dans son discours le jour où elle était partie. Ses pupilles ne lâchaient pas la route, imperturbables. Son corps, son visage et ses yeux étaient tournés vers la sortie, signe qu’elle aurait aimé ne pas être enfermée ici. Elle se refusait à le regarder, elle effaçait chaque seconde un peu plus la réalité de sa présence. Tant qu’il gardait silence, elle s’en sortait. Mais il avait fallu qu’il parle.
Elle serra les dents et ne lui offrit aucune réponse. Elle ne lui accorda pas même la politesse d’un regard. Il voulait la voir, il l’avait vue. Et maintenant ? Peut-être réalisait-il à quel point l’idée avait été mauvaise. La tension avait quitté ses veines pour se répandre dans tout l’habitacle, si bien qu’on pouvait y sentir l’odeur de l’orage. Leurs énergies se tournaient autour, prête à se rencontrer.
Et à tout faire péter.
Alec surenchérit, peu freiné par le mutisme de sa femme. Ses mots la percutèrent avec plus de violence qu’elle ne l’aurait cru. Elle sentit le sol se dérober sous ses pieds. Les pupilles irrémédiablement tournées vers le trottoir, elle ne pouvait pas l’affronter. L’entendre effritait déjà ses barrières, où se faufilait une lourde culpabilité. Celle qui lui gangrénait le cœur depuis deux ans, l’empêchant d’avancer.
Je pensais pas que t’aurais eu envie de me retrouver.
Ne pas se laisser happer. Ne pas se laisser tenter. Tuer le peu d’émotions qui tentaient de s’éveiller pour éviter l’agonie qu’ils se promettaient l’un à l’autre. Cette valse, ils l’avaient déjà dansée. Elle s’était toujours terminée avec les pieds en sang. June cessa de respirer, juste le temps de reprendre le contrôle. Elle finit par lui faire face, amère :

- Je pensais que tu aurais la décence de ne pas le faire.

Elle tourna à nouveau son regard vers un ailleurs où elle n’aurait pas à être témoin de la douleur que ses mots allaient provoquer.

- Tu t’attendais à quoi ? murmura-t-elle, la voix trahissant la morosité qu’elle n’avait pas eu le temps de réfréner.
Il n’y avait rien eu pour eux à New-York. Il n’y aurait rien pour eux ici. Devait-elle réellement l’achever pour qu’il le comprenne ? Elle lui indiqua une place du parking d’un signe de la main, pressée de quitter le huis clos dans lequel ils étaient enfermés.  


(c) Miss Pie


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Tout va s'arranger ! C'est faux, je sais qu'tu sais... [Alec & June]
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