[TERMINE / RP COMMUN 6.2] Love at the first fright

Résumé:

love at the first fright

le 14 février 2021, à Van Nyus

Il avait cru entendre son prénom avant d'être soumis à un silence assourdissant. Le souffle d'une explosion venait de le projeter en arrière. Un coup fut porté à son visage alors qu'il chutait, et depuis, Sohan sentait un poids peser sur son corps. La sidération plombait ses réflexes de quelques latences. Il renonça donc dans un premier temps à bouger, catatonique. Ses yeux fixaient le plafond de la salle de bal où les ballons gonflés à l'hélium explosaient sous l'effet de la chaleur. Il perçut des cris, au loin. Pourtant, il pouvait apercevoir les visages se déformer, tendus par l'horreur. Quelque chose déconnait... Mais Oz peinait à entendre autre chose que cette alarme aiguë et continue qui pulsait jusque dans les tréfonds de sa cervelle. Une étrange sensation de pression tentait également d'enfoncer sa tronche dans sa boite crânienne. Sohan palpa alors son nez d'une main tremblante et eut un sursaut tandis que la douleur paralysa un instant son visage. Cela eut pour effet d'éveiller son instinct de survie, ce qui lui permit de réaliser que rien de ce qu'il était en train de vivre était normal.

Oz repoussa le corps inconscient et en partie brûlé de la jeune femme qui le harcelait quelques secondes plus tôt. Son dos n'était plus que tissu et chair calcinés. Elle l'avait protégé des flammes de l'explosion. Encore assis, il glissa en arrière grâce à la force de ses jambes pourtant parcourues de tremblements. Il entendait avec une grande précision l'alarme siffler ; celle-ci recouvrait de façon très efficace l'agitation ambiante. Ses yeux s'étaient quant à eux arrêtés sur l'ondoiement des flammes qui valsaient, épaisses et furieuses. Leur mouvement avait quelque chose d'hypnotique.
Une fulgurance finit par briser l'état de sidération dans lequel il s'enlisait. Sohan se leva, chancelant et pris de vertiges. L'envie de dégueuler était toujours présente, mais moindre comparativement à la tension qui le gagnait. Or, ses pensées peinaient à s'orchestrer de façon cohérente et surtout, efficace. Il erra donc quelques instants, fixant d'un air absent les corps qui s'agitaient et ceux qui demeuraient inertes. Il croisa alors le regard tout aussi hagard de Sam. Oz voulut lui sourire, mais son visage resta figé. De toute faon, ses lèvres avaient disparu sous un voile de sang qui s'écoulait depuis son nez. D'un pas mal assuré, il s'avança en direction de son ami et s'arrêta net lorsque son attention fut attirée par la couleur familière d'une robe tout aussi familière. L'information prit son temps avant d'atteindre ses neurones et de lui arracher un « Elsa ? » profondément perplexe. Sa voix lui parut étrangère, lointaine et trop proche à la fois, amplifiée par un écho. « Qu'est-ce qui se passe ? » parvint-il à ajouter, jetant cette fois-ci un regard confus à Sam qui, à genoux, avait l'air aussi vif qu'un lapin pris entre deux phares.

(c)syndrome

Spoiler:

love at the first fright

Saint-Valentin trop pipou à Van Nuys

A peine le prénom de Sohan gueulé, Elsa fut sommée de se taire par la main puissante et chaude d'une explosion non sollicitée. Elle eut presque l'impression de voler, jusqu'à ce son corps retrouve le sol, brutalement. Son crâne s'enfonça dans le carrelage, ce qui lui fit perdre connaissance, alors que le feu, lui, s'était amouraché de sa robe.
Dans les vappes, elle sentait pourtant la douleur remonter le long de sa jambe. Le joli tissu qui lui donnait, deux minutes avant, des allures de princesse était en train de se consumer et, par la même occasion, de brûler sa chaire. Ce n'est que par l'intervention d'une personne avec qui elle avait discuté au cours de la soirée que son corps cessa finalement de brûler. L'homme éteignit les flammes comme il put, et sa voix réussit à percer le brouillard qui la maintenait à moitié endormie. « Vous m'entendez ? ». Elsa gémit, en guise de réponse. Plus elle émergeait, plus la douleur était intense. Lorsque, enfin, elle finit par ouvrir les yeux, ce ne fut que pour les poser sur une scène d'horreur. La salle était en feu. Des gens étaient à terre, morts. Ou en train de mourir. « Vous pouvez vous relever ? … Il faut vous relever. ». Ça sonnait comme un avertissement. Son regard accrocha celui de l'homme qui l'avait empêchée de brûler vive. On pouvait lire la terreur dans ses yeux, qui se fondait bien dans le décors ambiant, accompagné des cris de ceux qui n'avaient pas -encore- perdu la vie.

Saisissant la main tendue, Elsa se redressa, laissant échapper un grognement de douleur. Sa robe avait à moitié brûlé. L'arrière de sa cuisse laissait apparaître les premières traces d'une brûlure dégueulasse, qui remontait jusqu'à ses hanches. C'était rouge, ça faisait des cloques, et ça lui donnait l'impression que sa peau avait totalement disparu, fondue comme un putain de fromage. Elle avait envie de vomir, et sans le bras solide de l'homme qui l’accompagnait toujours, elle aurait déjà perdu l'équilibre pour retourner au sol qui l'avait violemment accueillie tout à l'heure.
« Elsa ? »
Cette voix.
Sohan était en vie.
Le soulagement lui offrit quelques secondes de répit, loin du cauchemar ambiant. Elle le chercha du regard, pour finir par accrocher le sien, hagard. Elle tenta de l'approcher, boiteuse, alors que le bon samaritain avait finalement lâché sa main pour aller ouvrir la porte d'entrée, sans succès. Elle s'accrocha à Sohan, pour maintenir son équilibre précaire, avant d'ajouter : « On va tous crever ! ». Ils étaient bloqués. Dans une salle en feu. Par réflexe, elle leva le nez au ciel. « Pourquoi il pleut pas ? », ok, là, comme ça, on aurait pu croire qu'elle délirait complètement. « Normalement, quand y'a le feu, ça sonne et ça arrose non ? Bordel ! Pourquoi il pleut pas ! ». Pourquoi tout devait être défectueux dans cette ville de merde ?

code by bat'phanie

Spoiler:

Putain, putain, putain.

Réfléchis Kenan, réfléchis bordel !

J’essaie de piger ce qui se passe alors qu’autour de moi, il y a des corps un peu partout. Morts ? Blessés ? Impossible à dire. Je vois Josh au loin, avec Pix’, ils sont à terre aussi. Mais conscients. Ah non, attendez, Pix' est là. A coté de moi. Je crois. Ou alors j'hallucine, c'est aps impossible. Et Triss ? Bon sang, elle est passée où ? Je cille alors que mon cerveau a une fois de plus envie de se faire la malle et d’aller danser le limbo bien loin d’ici et j’inspire pour me concentrer. Les situations de crise, je gère, je connais. On a déjà vu pire, tellement pire. Je repense à Josh, coincé sous les gravats et à notre entêtement à jamais vouloir abandonner. Alors c’est pas une putain de porte fermée ou un incendie qui va m’arrêter cette fois.

Je sens mes mains qui tremblent, sous un sale mélange d’adrénaline et de drogue. Mais je regarde autour de moi, il y a quelques personnes vaillantes encore et on peut pas rester comme ça, à attendre un miracle qui viendra pas. J’laisse qui veut tenter le coup de l’alarme incendie, mais j’suis pas sûr que ce sera suffisant. Et chaque seconde compte.

Pour aller faire un limbo ?

… putain de cerveau. De Merde.

Et j'entends la voix de Pix' - réelle ou pas, je saurais pas dire - qui dit qu'il faut qu'on sorte d'ici. Elle a raison. Comme d'hab.

Alors, je me mets en mode off. J’suis un militaire, je sais faire ça. Je lève les yeux et je vois les fenêtres. C’est une issue. La seule. En tout cas, la seule qui me vienne. Mais c’est trop haut. Alors j’attrape une des tables qui a servi au speed-dating et je vois quelqu’un d’autre m’accompagner, faire de même avec une autre. C’est un peu flou dans ma tête et j’ai du mal à voir qui m’aide, mais on s’en fout. Le tout, c’est d’arriver à faire un truc assez haut et assez stable pour que tout le monde puisse sortir. Genre une pyramide. Ouais une pyramide, c’est bien ça.

Et après, on glisse sous la table pour un limbo !

Et merde…

Reste concentré. Encore un peu. Pour eux. Après, faut que je grimpe et que je vois ce qu’il y a de l’autre côté. Là, voilà. C’est pas compliqué. Et je me répète ça en boucle pour éviter de dériver.

Spoiler:

« T’es en train de dire que je suis grosse ? » Je grommelle en me relevant tant bien que mal, ayant un peu de mal à percuter ce qu’il dit comme le fait que ce soit de ma faute. Enfin, involontairement, et il aurait pu me retenir après tout, c’est aussi sa faute.

Et il fait chaud, sacrément chaud. Ça doit être pour ça que j’ai la tête qui tourne et cette foutue nausée… ou c’est un sacré mauvais trip, mais j’ai rien pris qui… Hum… Pas comme si j’étais en capacité de réfléchir ou quoique ce soit. Pas comme si une explosion venait de souffler tout ce qui nous entourait, table ou personne, aucune différence. J’aimerais dire que je songe à toutes les personnes que je connais ici, de près ou de loin, mais ce serait faux. Mon cerveau fait des bulles, et le seul truc qui ressort du brouillard pour le moment, c’est Kenan. Parce que je l’appelais juste avant. Parce qu’il venait pas m’aider. Parce que… Pourquoi ?
Ah ouais, je suis tombée. Et je me sens pas hyper bien.

Et c’est évidemment vers lui que je me précipite. Et il se lève, c’est bien. Il a l’air dans les vapes, c’est moins bien. Il me calcule à peine, et je sens vaguement que je devrais grave offensée de ça. Mais ça doit pas être le moment. Pourquoi ?

Ah ouais. Le feu. Je reste à fixer les flammes un instant, un peu déconnectée, songeant que c’est quand même super joli, mais que c’est dommage que ce soit si chaud. Des pleurs et des râles finissent par monter jusqu’à ce qui me reste de neurones, et je regarde autour de moi.
Merde merde merde. Ils sont morts ? Non, ça peut pas. Tu sais bien que si, t’as déjà vu des cadavres, tu sais reconnaître quand même.
Merde.
Fait chier.
Vomis pas, ça ferait désordre.

Et je le vois. Bien visible. Rouge sur blanc. Entouré de flammes. Mais on s’en fout. Je me précipite vers le bouton d’alarme incendie pour le déclencher. Je retiens un cri quand je m’approche un peu trop du brasier, et j’arrive à atteindre et à appuyer sur ce foutu bouton. Et durant une seconde, je me dis que ça va pas marcher. Et cette fois, je ne retiens pas mon cri quand les flammes m’atteignent pour de bon, venant lécher le bas de ma robe. Bas de robe qui évidemment s’embrase comme une brindille. Et je hurle de nouveau quand les flammes m’atteignent moi et me brule la jambe.

Mais, comme quoi j’ai un foutu ange gardien qui se réveille de temps à autre, le système anti-incendie se lance et asperge tout d’eau. J’ai un bref soupir de soulagement, avant de gémir de douleur en posant le pied à terre.
Avant de gémir de nouveau, de désespoir et de rage cette fois, quand le système s’éteint au bout de quoi… une minute ? Ça n’a rien éteint, ou pas assez. Merde.

Serrant les dents, j’essaie de rejoindre les autres.

Spoiler:

Bordel, c'était quoi cette soirée pourrie ? Qu'est-ce qui t'as pris de venir ? Tu voulais t'amuser et bah... BON FUN ! Allez, va jouer dans les flammes connard. Tu pestes contre toi-même, tu penses encore à ces salopes qui paieront, même si cela doit te prendre un an ou deux, tu les auras et ça se fera pas sans dommage collatérale. Tu en connais déjà une, elle ne serait pas compliquée à retrouver. Mais pour le moment, est-ce que c'est ton souci principale ? Non. La chaleur qui monte de l'escalier, qui t'oblige à mettre ta main en protection devant le visage, c'est ça ton premier problème.
Cette chaleur, n'aidant pas à retrouver tes esprits, tu resta appuyé sur l'encadrement quelques secondes, en soufflant comme un bœuf pour faire passer le tournis et l'envie de gerber. Tu te retournes finalement vers la gamine. Ok t'avais réagis vite, un coup d'adrénaline peut-être mais là, ta tête continue de résonner. Tu l'écoutes d'une oreille, elle semble plus lucide que toi, c'est peut-être pas le moment de jouer le mâle dominant et de suivre les indications d'une personne qui a les idées plus clairs, mais, la fenêtre ? Vraiment ?
Tu décides de t'approcher, longeant les lavabos pour garder l'équilibre et finalement, tu viens passer la tête à travers la fenêtre. L'air frais te fit instantanément du bien, tu respire un peu et tu regardes ce que la brunette t'indique. Sans être particulièrement téméraire, en temps normal, tu ne rechignerai pas à l'obstacle, mais là, vu ton état, t'es pas au top pour te lancer dans le funambulisme. Et la gamine ? Elle allait gérer ça ? Tu lui jettes un regard. Elle était fine, mais elle n'avait pas l'air de succomber à la peur ou à la panique. Rassuré ? Peut-être pas, mais sereine, du moins, à ce que tu voyais. « Et toi princesse ? Va falloir se séparer de ces talons, sinon c'est la chute. »
Et ta chute à toi, tu y as pensé ? Oui, évidemment, mais vu que t'es pas du genre à hésiter, ni à tourner autours du pot, tu décide d'ouvrir le bal... Ahah.... Tu vas te foutre de l'eau sur la gueule, pour te donner un coup de fouet et tu reviens à la fenêtre que tu entreprends d'enjamber sans perdre de temps. Tu jettes un regard sur la porte, la fumée commence à rentrer sous celle-ci, évidemment, la fumée monte... Ils avaient encore un peu de temps mais inutile de se demander combien, autant éviter l’asphyxie. « Allez et tu tombes pas... Tu pourras crever quand t'auras excisé ces salopes ! » Ton leitmotiv en devenir, cette phrase tu allais te la répéter souvent à l'avenir et encore plus dans les prochaines secondes. Tu fait glisser pied droit, puis pied gauche, quelques centimètres à chaque fois. Quand tu arrivas au moment fatidique où il fallait lâcher l'encadrement de la fenêtre tu marqua un temps d'arrêt, tes jambes commençaient à trembler, tu te demandais si t'étais pas en train de faire une connerie, mais c'était un peu tard pour faire demi-tour. Tu lâches la fenêtre et tu continue de te déplacer lentement, l'envie de gerber revient plus forte. C'est le regard vers le bas qui eu ta perte. La perspective de la chute, la distance, tout ça sembla se distordre, tes jambes déjà fragile étaient en train de lâcher. Tu devais vite rejoindre la gouttière, tu te déplace de manière précipité puis... Le pied qui glisse, ton poids te fait basculer en avant, le sol se dérobe sous tes pieds, tu rattrape le bord mais ça ne fait que ralentir la chute, tu te sens tomber, tes pieds tape en premier, tu vois le sol se rapprocher de ton visage, tu mets la main pour te protéger...  Le choc dans l'épaule fut violent, tu t'écroules et tu pousses un cri que tu ne peux retenir, la gerbe revient, tu bascule sur le côté avant de te vomir littéralement dessus.
Quel nuit de merde.

Spoiler:

Spoiler:

Quel chaos… Situation de crise. Et je ne peux même plus me mouvoir. Tous ces blessés, ces morts, ces gémissements, ces hurlements. Ce n’est pas sans me rappeler d’autres situations, tout aussi catastrophiques. Et cette jambe perdue qui me cloue au sol… pendant un instant, tout se brouille, et c’est une autre scène qui se joue dans ma tête, un souvenir, un cauchemar… Mais je ne suis pas enseveli cette fois… Je ne vais pas mourir… Enfin… Je rouvre les yeux au hurlement annonçant que nous sommes coincés. Quoi ? C’est un attentat ou bien ? Si j’étais détendu jusque là, l’urgence et la précarité de notre situation finissent par chasser ce sentiment illusoire. Pour une fois que je me détends, c’est une catastrophe. Comme quoi…

Je me retrouve seul finalement. Bon, parfait… J’essaie de voir les autres, mais à terre comme ça, ce n’est pas évident. Je dois reconnaître que je n’aurais pas été contre qu’Eliott m’aide à me relever et m’emmène, mais bon… Je n’ai pas pensé à lui demander et elle n’a pas pensé à le faire non plus. Et Triss ? Bon sang, pourquoi n’est-elle pas restée à côté ? Et si il lui arrive quelque chose ? Mon cœur s’affole. Parce que ce serait trop injuste que tout se termine ainsi… Comme si le destin décidait que je n’avais pas le droit d’être un peu heureux.

Stop. Cela ne sert à rien de raisonner ainsi. Et ça m’emmerde d’être coincé, il y a des blessés, je suis médecin, et je suis complètement impuissant ! Encore des hurlements. L’atmosphère va devenir irrespirable. D’un autre côté, au sol, je risque moins d’être intoxiqué par la fumée. Mais je peux me faire piétiner. La peste ou le choléra ? L’alarme incendie résonne alors et l’eau nous arrose… temporairement. Trop. Merde, il y a eu sabotage ? Ou il y a encore ? Pas trop le moment d’enquêter, mais mon cerveau part dans tous les sens. Je rampe et me dirige vers une chaise, je me redresse péniblement et maladroitement, avant de m’en servir comme… déambulateur. Mais bon, on s’en fout de la classe, ce qu’il compte, c’est sortir de là et comme j’ai perdu mes potes… Je finis pourtant par retrouver Triss. La fumée commence à envahir mes poumons. « Triss ! » Je clopine vers elle et pose un regard affolé sur elle. « Merde… » Je dirais bien que je vais m’occuper d’elle, mais ça servira à rien si on est morts. je l'attire pourtant instinctivement à moi pour ma serrer de soulagement, et la relâche. Debout, du haut de mon mètre 93, j’arrive au moins à avoir une vue d’ensemble et à trouver Kenan et Eliott. Ils empilent des trucs pour atteindre la fenêtre. Bien parfait. « Viens. » Enfin, c’est plutôt moi qui me traine derrière elle pour le coup, clopin clopant avec la jambe en moins et ma chaise… Et je suis obligé de me courber pour avoir de l’air plus respirable. Faut se dépêcher… et là, l’angoisse me saisit : comment je vais escalader ça… C'est la panique autour de nous, les gens sont hystériques et gênent en commençant déjà à vouloir escalader alors que ce n'est pas terminé. « Un peu de calme, ça ne sert à rien de s'affoler, empilez tout ce que vous pouvez ! » J'essaie de couvrir de ma voix celles des convives paniqués. Et je tousse après cet effort.

Spoiler:

Love at the first fright

« Je connais déjà mon avenir : mon avenir, c’est toi. » – Aladdin.~

Elle n'aimait pas ça. Oh, non, elle n'aimait pas. Tout était censé se dérouler selon son plan. Tout était organisé, dicté par sa volonté et ses idées. Ce feu venait tout foutre en l'air. Tout ! Elle espérait sincèrement que les responsables de ce chaos verraient leur chair brûler lentement, leur causant une souffrance insupportable.
Elle sentait la pression monter, alors que son compagnon d'infortune fit une remarque déplacée sur les merveilleuses chaussures qu'elle portait. Salome fit glisser son regard de l'étranger à ses propres pieds. « Hum. ». Hors de question. Absolument hors de question de laisser ses talons derrière elle. Qu'ils brûlent tous, elle s'en contre fichait. Mais qu'on touche à cette paire qui avait coûté plus cher que la location de cette salle était totalement inenvisageable.

« Vous êtes sûr de vous ? » lança-t-elle, peu convaincue, à l'acrobate qui passait déjà par la fenêtre. « Vous n'avez pas l'air... en forme. ». Il avait même l'air complètement déphasé, et l'eau qu'il s'était envoyé sur le visage ne risquait pas de changer quoi que ce soit à sa triste situation. Non pas que son sort l'intéressait, mais elle était coincée avec lui, il était donc son seul rempart contre la mort.
Elle s'approcha de quelques pas, alors qu'il murmurait tout seul pour, visiblement, se donner du courage. Pathétique. Elle se pencha à son tour par la fenêtre, le regardant progresser. Il était un peu blanc, non ?
Oui.
Elle vit son corps tanguer, et cette ridicule tentative pour se rattraper avant de, finalement, s'échouer au sol dans un cri des plus désagréables. Salome le regarda de haut, et d'en haut, l'espace de quelques secondes. Derrière elle, la fumée glissait sous la porte comme un avertissement : les prochaines minutes seraient décisives. Son visage se tourna à nouveau vers le bas. Hors de question qu'elle risque une chute comme ce type, ou qu'elle se serve de la benne à ordures comme matelas de fortune.
Elle valait mieux que ça. Il n'avait qu'à trouver une solution ! Se mettre debout et la rattraper (en prenant soin d'essuyer cette gerbe collée à sa chemise, évidemment). Et bon sang, que foutaient les secours ? Il y avait des gens importants à sauver ici !
Elle se sentait perdre patience. Elle connaissait les signes de ces « pertes de contrôle », de ces crises de violence qui l'avaient, jadis, conduites à être enfermée entre quatre mur. Elle ne pouvait pas laisser ça arriver à nouveau. « Eh, en bas ! Vous comptez faire quelque chose d'utile ? Maintenant que vous êtes dehors, merci de me trouver une échelle. ».
Tous des empotés, à Downfall.
Ville de ratés ! 

(c) Miss Pie

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love at the first fright

le 14 février 2021, à Van Nyus

Sohan peinait à rassembler ses neurones. La sidération dispersait sa concentration, tandis qu’une douleur grandissante l’empêchait de s’extraire de son corps pour analyser la situation. Il porta à nouveau une main en direction de son visage qui, congestionné, rendait sa respiration pénible et douloureuse. Il réalisa alors que sa paume était maculée de sang, et ce fut avec des doigts tremblants qu’il tâta l’arête complètement défoncée de ce qu’il restait de son nez. Une décharge de douleur électrisa les traits de son visage qui se tendit en une grimace.
Elsa se rappela alors à son bon souvenir, s’échouant sur lui, pleine de bonnes nouvelles. Ellroy braqua un regard sidéré sur son amie en percutant pour la première fois que leur vie était en danger. Jusque-là, il s’était plutôt senti spectateur, extérieur à tout ce bordel Et réaliser qu’il était également acteur - et potentielle victime - de la situation lui donna un vertige. Alors ils tanguèrent tous les deux, dérivant un peu vers la droite avant qu’Oz ne parvienne à raidir ses jambes et interrompre leur mouvement. Elsa avait levé la tête, fixant d’un air contrarié le plafond de la salle. Sohan l’imita, comprenant à peine ce qu’elle lui disait. « J’entends rien à ce que tu dis avec cette alarme… ». Il eut l’impression d’avoir hurlé dans ses propres oreilles. La douleur qui suivit le fit reculer d’un pas, enlisant le jeune homme dans une profonde confusion.

Ce fut la caresse humide d’une fine pluie qui le ramena dans la réalité. Il tendit une main devant lui, paume vers le plafond, afin de recueillir un peu d’eau. Toujours pris de latences, Sohan demeura ainsi, silencieux, quelques bonnes secondes. Son regard finit par dévier de sa main pour balayer la salle. La foule s’était plus ou moins organisée. Des personnes empilaient des tables. Un gars - qui ressemblait à s’en méprendre à Kenan - participé à l’effort tandis qu’un autre homme appelait au calme. Sohan se sentit apaisé par les mots de ce type. Puis, ses pensées se crispèrent brutalement, lui rappelant qu’avant qu’Elsa ne tombe sur lui - et la pluie du ciel -, il s’apprêtait à retrouver Sam. « Merde ! Elsa, suis-moi ! »Il la tira vers ce qu’il restait du cuisinier : un amas inconscient de chair brûlée. « S’il vous plait, Monsieur, MONSIEUR, on a besoin d’aide ! » Ellroy s’était retourné en direction du type qui avait calmé la foule. « Il n’est pas mort, il faut le sortir de là ! » s’époumona-t-il, au prix d’un écho insupportable.

(c)syndrome

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Saint-Valentin trop pipou à Van Nuys

La douleur qui saisissait sa jambe l'empêchait de tenir complètement debout, et lui filait la nausée. Elle avait l'impression que chaque parcelle de son corps endolori commençait à se réveiller, après avoir été endormie par la violence de sa chute.
Elsa commençait à paniquer. Elle voyait la fumée se répandre, malgré le geste héroïque de cette blonde qu'elle connaissait de vue, et qui s'était littéralement jetée dans les flammes pour atteindre l'alarme incendie. Mais comme toute chose, ici, elle était défectueuse et n'avait rien réglé du tout.
Elsa sentait les larmes monter, s'accrochant un peu plus au corps de Sohan. Il était son ancre, ce soir, elle ne voulait pas le lâcher.

Son regard se posa sur un homme, l'air motivé. Il leur disait de se calmer. Sérieusement ? ILS ALLAIENT TOUS CRAMER ! Son cœur s'emballa de plus belle, accompagné d'un haut le cœur. La douleur devenait insupportable, et les larmes roulaient sur sa joue aussi vite que les flammes dévoraient la pièce. Elle fixa, incrédule, les gens empiler des choses. Ils voulaient sortir par la fenêtre. Mais elle, elle pouvait à peine tenir debout. Comment est-ce qu'elle allait grimper là-haut ? Elle ne pourrait pas. Elle allait mourir ici. Ils allaient la laisser crever.
Et alors qu'elle s'apprêtait à supplier Sohan de ne pas l'abandonner, il la traîna derrière lui, ravivant la douleur de sa peau dévorée par la marche rapide qu'il lui imposait. Il commençait à s'agiter autour de Samaël, à moitié mort sur le sol.

Ses jambes tremblèrent. Il la zappait complètement pour sauver un mec qu'il connaissait à peine ? Alors qu'elle, elle était là, encore vivante, mais en sursis. La gerbe au bord des lèvres, le corps traumatisé, elle continuait de pleurer. La douleur était insupportable, comment faisait-elle pour tenir debout ?
Elle attrapa le bras de la première personne qui passait à côté et s’agrippa à lui. « Je pourrais jamais monter ! Me laissez pas mourir s'il vous plaît ! Me laissez pas ici ! ». Elle pleurait toutes les larmes de son corps, se sentant plus enfant qu'adulte, cette fois-ci. Elle était paniquée, une gamine au milieu du chaos. L'homme la dévisagea, comme si elle était un poids mort, un danger pour sa propre survie, et la repoussa violemment.
Elsa finit à nouveau au sol, sans un cri de douleur, avant de se recroqueviller laissant la crise d'angoisse prendre le dessus.

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Okay, okay, on reste focus. Clairement, c’est plus facile à dire qu’à faire. J’ai l’impression d’avoir le cerveau qui fat la boule de flipper dans ma boite crânienne et la moindre pensée logique me demande un effort de malade. Mais des gens viennent m’aider, alors que certains arrivent à avoir encore un peu de sang-froid pour arriver à s’activer, à se rendre utile. J’entends la voix apaisante de Josh qui arrive à canaliser un peu les gens, alors que moi, je recule d’un pas pour regarder notre pyramide de table. « Ca va le faire. » Ouais, ça va le faire. Je grimpe, je saute, et je vais débloquer ce qui entrave cette foutue porte.

… easy non ?

Je me tourne vers Pix’, écarquillant les yeux et fixant comme un con sa robe qui s’embrase. Bordel, c’est vachement dangereux de porter des robes en fait. Heureusement, la flotte tombe du ciel… du plafond. Et ça l’éteint. Ca éteint pas le reste par contre, c’est con. Et ça s’arrête comme c’est venu. Je tousse, alors que la fumée commence à se taper l’incruste dans mes poumons et que j’essaie de capter l’attention de mes proches. Pour voir Pixie qui rejoint Josh et Triss. Ils sont debout. Ils sont vivants.

Je me focalise dessus alors que j’ai des points noirs qui dansent devant les yeux et je crie, plus par réflexe qu’autre chose, en direction de mon meilleur ami. « JOSH ! Emmène-les vers la porte ! » Ils pourront pas tous grimper. Et ils pourront encore moins sauter du haut de la fenêtre sans dommage. Déjà que moi, c’est pas gagné.

Mais je prends une inspiration et je grimpe. C’est stable. Cool.

… putain, c’est moi ou le sol est plus palpable ? J’veux dire, le vrai sol, celui qui s’éloigne de plus en plus. Je finis par arriver au niveau de la fenêtre et je l’ouvre avec difficulté. Avant de me pencher pour voir ce qu’il y a de l’autre côté.

PUTAIN C’EST DE LA LAVE !

Je vous jure. Ca grouille en bas. Et c’est au moins à dix mètres de moi. Comment ça se fait ? C’était moins haut de l’autre côté ! Je bats des cils alors que je me prends une bourrasque d’air en pleine face. Assez pour que ça me remette un peu les idées en place et que je décide à descendre. Déjà, j’ai pas sauté, c’est pas mal non ? C’est comme des tractions en plus dangereux à cause de la lave. Et je m’accroche au rebord pour m’étendre au maximum. A croire que je dois faire dans les dix mètres moi aussi, vu que le sol a l’air vachement plus proche en étant pendu à bout de bras. Ca va être chiant pour m’habiller.

Mais je finis par lâcher le bord et par atterrir lourdement au sol. Oh. Je brûle pas. Cool.

Maintenant, y a plus qu’à se précipiter pour ouvrir cette foutue porte. En espérant que le sol flambe pas de nouveau. Je galère un peu, alors que la barre de fer qui la bloque me donne l'impression de s'effriter entre mes mains. Mais non, ça va. Et j'arrive à la tirer, me retrouve le cul par terre dans un élan un peu - totalement - incontrôlée. Je balance la barre sur le côté avant de me relever d'un bond et d'ouvrir les portes en grand. Il faut sortir maintenant le gens.

Spoiler:

Le bon côté – parce que oui, il y a toujours des bons côtés, faut juste savoir les trouver, et les voir, et tout le monde n’en est pas capable. Comme quand tu bouffes la dernière fraise Tagada du paquet, le bon côté, c’est que tu arrêtes de t’empiffrer pour rien, quand il pleut, t’as le droit à un arc-en-ciel, quand tu picoles au point d’en vomir, tu te souviens pas de la gueule du mec que t’as levé, quand tu te fais… ouais, non, tu peux pas tomber enceinte quand c’est comme ça.

Je vacille au milieu de la salle, réfléchissant un instant. Ah oui ! Le bon côté dans tout ça, c’est que la douleur a fini de me faire redescendre. J’allais dire ça. Sauf que non, pas tant que ça finalement. Je tente malgré tout de rassembler encore un peu ce qu’il me reste de neurones et de capacité d’attention. Surtout que la douleur se mêle au reste et que j’ai un peu de mal à pas gémir à chaque fois que je pose le pied par terre. Alors autant dire que mon attention est pas folichonne. Je suis prise d’une quinte de toux, me pliant en deux en me tenant les côtes, et j’ai du mal à reprendre ma respiration. Me plaquant un bout de tissu sur le visage, je regarde autour de moi, aperçevant Triss, puis Josh qui se prend soudainement pour le Messie, le pire, c’est qu’il a un public ce con. Et plus loin, près d’une fenêtre, le cowboy qui s’amuse à grimper sur des tables. Il se barre ? Il va quand même pas nous abandonner… encore… si ? T’es con, bien sur que non. Réfléchis deux secondes.

Tellement de cris. Tellement de monde.
Mon regard s’arrête sur une petite silhouette que je reconnais et de laquelle je m’approche. « Elsa ? » Je m’agenouille, grimaçant de douleur, et j’attrape son bras pour qu’elle me regarde. Merde. « Regarde-moi. Là. Respire. Lentement. Concentre-toi sur moi. Inspire. Expire. On va sortir. D’accord ? » Nouvelle quinte de toux qui m’ôte un peu de crédibilité, mais je me relève et la force à faire de même. « Sohan, il était avec toi non ? Il est où cet idiot ? » Ah juste là. Je laisse filer un soupir de soulagement. « Josh ! » Ah merde. Il a plus de jambe. « Triss ! » Mais, elle est blessée aussi ? Putain fait chier.

Je cherche autour de nous quand des cris se font entendre. Quoi encore ?! Mais non. La porte. Elle est ouverte. Les gens commencent à se précipiter dehors sans trop faire attention. « Sohan, je t’envoie Kenan ! » J’attrape Elsa par la taille. « Regarde. Tu vois. Allez. » Je l’entraîne avec moi, serrant les dents pour ne pas hurler de douleur, des larmes pointant au coin des yeux.

Kenan. Sans lâcher la gamine, je passe mon bras libre autour du cou du héros. Pour m’éloigner de lui et tousser de nouveau. « Des blessés. Faut les sortir avant que… Faut les sortir. » Je le fixe. « Sohan est avec un blessé dans les pommes. »

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À quel moment est-tu devenus aussi pathétique Caleb ?
Certaines mauvaises langues diront depuis longtemps, mais là, affalé avec ton épaule démise et ta gerbe comme compagnie, tu fais pitié. Tu te croiserais dans la rue, que tu te donnerais des coups de pieds tellement tu le mérite. Et cette image de toi est encore plus terrible que la douleur, c'est ce qui te pousse à te redresser tant bien que mal, toi, t'es pas le genre à rester affalé dans ta gerbe, à chier sur ta fierté !
Tu te retrouve désormais en position assise, la tête tourne et il te faut toute ta volonté pour pas t'écrouler de nouveau, mais plus tu résiste, plus ça va. Le tourni ce calme, tu vois de nouveau clair, t'arrive même à aligner deux pensées à la suite. La fête. L'allumeuse. Les chiottes. L'embuscade. L'explosion. La fuite. La chute. Voilà, tu y es. Tu relève la tête. Ah oui, y a cette nana là. Un jolie petit lot, mais est-ce que t'as vraiment envie de l'aider ? Tu préfères pas te rentrer après un passage à l'hosto ? Tu pourrais, mais après tout, elle t'as quand même un peu aidé, non ? Si ? Non ? Pas vraiment en fait, un peu, mais ça n'avait pas servit à grand chose.
Tu respire un grand coup et finalement, tu te retrouve sur tes deux jambes, ton bras valide se pose contre le mur et tu lutte une fois de plus contre l'envie de vomir, le tournis, celle de se barrer en laissant la brunette crever asphyxié. C'est à ce moment d'ailleurs, qu'elle t'interpella enfin. T'avais bien entendu ? Tu la regardes de nouveau. Elle aussi, elle aurait mérité de se prendre quelques coups de savate, elle avait visiblement loupé un stade de son éducation. Enfin... Heureusement qu'elle était blanche, ce serait du gâchis de laisser brûler ça.
Sans dire un mot, tu marche vers la poubelle. Tant pis pour l'échelle, elle se contenterai de la benne. Tu la tire jusque sous la fenêtre : « Allez Cendrillon, c'est le grand saut ! Laisse toi pendre au rebord, ça fera même pas deux mètres. »

Quel gentleman tu fais ! En une autre occasion, tu aurais profité de la situation mais pas ce soir, t'es pas en état !

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« J’ai voulu jouer à la marelle. » Je réponds n’importe quoi à Triss qui demande ce qu’il est advenu de ma prothèse. Elle a été abandonnée quelque part et je n’ai même pas pensé à la récupérer. Avec l’explosion en plus… Bref, ce n’est pas le sujet. Et je jette un regard de reproche à la jeune femme quand elle fait une blague toute moisie. Une soirée explosive… ouais. C’est con, c’était bien. Je m’étais bien détendu moi. Et cela ne m’aurait pas dérangé d’emmener Triss dans un coin, avec sa magnifique robe rouge. Pauvre robe qui est d’ailleurs toute amochée. « J’aimais bien ta robe. » Reste concentré Josh ! Ce n’est pas le moment de perdre le fil. Pas alors que c’est la panique. Enfin, au moins, il y a une poignée de personnes qui semblent en état de réfléchir. Et notamment le gamin avec qui j’ai parlé un peu plus tôt. Je ne sais pas pourquoi ce gamin est en adoration comme ça d’ailleurs…

Cela dit, il y a quand même un nouveau mouvement de panique quand les portes s’ouvrent. Évidemment… la liberté. Alors que les flammes continuent de lécher les murs et de tout ravager et que la fumée emplit les poumons. Un vrai délice. Je me ferais bien un petit barbecue moi. Faudra qu’on s’organise ça avec les autres. Triss doit se faire la même réflexion d‘ailleurs alors qu’elle parle de chipolata. « Me semble que tu en aimes bien une pourtant… » Oh attends, je sors ça d’où moi ? Depuis quand je fais des allusions aussi beauf ? Je papillonne des paupières alors qu’un mec… celui que Triss connait je crois, m’interpelle. En désignant son pote qui est dans les vapes. Enfin je crois. Je clopine difficilement vers lui et vérifie son pouls, m’aidant de Triss comme béquille. Une très jolie béquille au demeurant. Même si la pauvre souffre des ses blessures. Faut que je m’occupe de ça, mais je n’ai rien sous la main. J’espère que quelqu’un a eu la présence d’esprit d’appeler les secours. Putain, si seulement ma prothèse n’avait pas lâché… je suis tellement diminué dans mes mouvements alors que j’aurais pu aller de blessés en blessés pour au moins faire un état des lieux.

Mais le mec respire, c’est déjà ça. Du coup, je profite des quelques personnes restées près de moi et leur demande d’évacuer les blessés. Pas question de faire dans la dentelle. On n’a pas le temps d’être précautionneux malheureusement. Et j’essaie d’organiser un tant soit peu la poignée de braves drogués et éméchés, mais pleins de bonne volonté pour tirer les blessés loin de cette fournaise, tout en suivant avec Triss, jusqu’à nous retrouver à l’air libre. Et j’ai envie d’une côte de bœuf bien braisée.

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Love at the first fright

« Je connais déjà mon avenir : mon avenir, c’est toi. » – Aladdin.~

Le regard de Salome glissa du corps de son compagnon d'infortune à la porte qui la séparait de l'incendie. Ses possibilités étaient peu nombreuses, et toutes aussi pourries les unes que les autres : risquer de brûler son merveilleux visage en passant par les escaliers, mourir intoxiquée par la fumée ou abimer ses vêtements (dans le meilleur des cas) en se jetant par la fenêtre. Jamais de sa vie elle n'avait imaginé espérer un jour réussir à viser une benne à ordures.
Son chevalier du moment, agonisant, n'était pas très réactif. Elle aurait aimé qu'il se relève plus vite et se dépêche de lui trouver une solution plus avantageuses que celles qu'elle avait sous les yeux, mais il avait visiblement l'intention de prendre son temps, le gueux. Lorsqu'enfin il redressa son misérable corps, il prit quelques secondes pour la regarder. Ok, elle était sublime, elle en avait conscience, mais ce n'était pas le moment de s'extasier ! Qu'il serve plutôt à quelques chose !

Salome se pencha davantage pour regarder la rue : elle était déserte. Pourquoi les secours n'arrivaient-ils pas ? Y'avait-il au moins des pompiers dans cette ville ? Pas sûr. Il n'y avait donc que l'acrobate, en bas, pour la tirer de ce mauvais pas. Il faudrait faire avec.
Un bruit désagréable lui fit pencher de nouveau la tête. Qu'est-ce qu'il foutait, avec sa benne ? Il semblait la positionner sous la fenêtre... Comme s'il s'attendait à ce qu'elle y saute. Et l'échelle alors ? Elle l'avait interpelé pour qu'il trouve une solution acceptable, pas pour qu'il déplace une poubelle sur deux mètres !
Outrée, elle le fixa en silence avant d'ajouter : « Je vais mettre l'absence d'une brillante idée sur le compte de votre chute ! ». Elle était digne d'être une princesse, mais lui n'était clairement pas un prince. Ou en tout cas, pas un prince très dégourdi.
Son aplomb apparent était petit à petit chassé par l'angoisse. Elle n'aimait pas se sentir prise au piège, et encore moins quand sa seule option était aussi humiliante. Lentement, elle ôta ses talons et les lança en direction de son serviteur. « Attrapez-ça ! ». Restait plus qu'à espérer qu'il ne se barre pas avec : que des vermines, ici.
Elle s'assit sur le rebord de la fenêtre, la fumée lui arrachant une toux très désagréable. Elle allait finir par crever asphyxier si elle ne se bougeait pas un peu. Quelle perte pour le monde ! Elle ne pouvait définitivement pas laisser faire ça.
Peu convaincue, elle se retourna et se laissa glisse le long du mur. Mais une fois accrochée au rebord, pendante, elle n'arrivait pas à lâcher prise. « J'espère que vous l'avez bien positionnée ! » souffla-t-elle avant de forcer ses mains à s'ouvrir.
Si elle s'étalait par terre et qu'elle survivait à la chute : elle lui enfoncerait un talon dans l'oeil, histoire qu'il apprenne à se servir de l'autre.
Mais heureusement pour lui, elle atterrit tel un ange sur un nuage d'ordures. « Ah quelle horreur ! C'est dégoutant ! ».
Elle en sortit le plus vite possible, profitant des secondes suivantes pour nettoyer sa robe – de toute façon déjà foutue- et récupérer ses chaussures. Cette odeur... C'était insoutenable. Une honte !
« J'espère que les responsables de ce désastre sont morts brûlés vifs », conclut-elle, un regard furtif lancé à celui qui l'avait tout de même un peu aidée, ce soir.

(c) Miss Pie

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