[TERMINE] Most people are afraid of silence ⇝ Alba

Venir ici pour trouver ma mère fut un pari plus que risqué mais j’ai toujours cet espoir qui brûle en moi de pouvoir la retrouver saine et sauve et de pouvoir la protéger comme je n’ai pas pu le faire il y a quelques années alors que l’on se faisait toutes les deux kidnapper. Je suis ici depuis quelques jours seulement et je n’ai toujours aucune trace de sa présence vivante ou non. Personne ne semble la connaître. Je désespère parfois, surtout en vivant dans cet hôtel miteux de Skid Row où je vois tout passer sauf des gens plutôt normaux. J’ai toujours peur pour ma vie là bas mais je n’ai pas trouvé d’endroit où loger à moindre coût. Au pire, j’irai trouver un pont où je pourrai squatter tranquillement dans un recoin. Mais même ça me paraît plus dangereux que là où je suis maintenant. Quoi qu’il en soit, je ne suis pas sûre de moi, loin de là, mais en plus je me méfie de tout et tout le monde tout le temps. Autant dire que la vie n’est pas paisible ici. J’ai bien sûr entendu parlé de cet endroit avant d’y mettre les pieds cependant, je crois que nous sommes loin d’imaginer ce qu’il en est réellement tant que l’on n’y a pas mis les pieds.

Aujourd’hui est une nouvelle journée de recherches. Je m’éloigne du quartier craignos où je suis pour aller vers le quartier Van Nyus. J’ai moins peur que d’habitude car il paraît que les gens qui sont là bas sont majoritairement des femmes, on l’appelle d’ailleurs le quartier rouge, en référence, j’imagine, au quartier rouge d’Amsterdam. J’en ai entendu parler à l’époque où je pouvais encore regarder des reportages à la télévision. Ce que j’en sais me fait croire que j’ai des fortes de chances de trouver des indices ici. en effet, lorsque j’ai été kidnappée c’était pour rapporter du fric avec mon corps ce que j’ai toujours refusé de faire quitte à être tuée. c’est presque ce qu’il m’est arrivée. Mais connaissant ma mère, je pense qu’elle aurait pu donner le change juste pour vivre. Alors qu’elle se trouve dans un tel quartier ne m’étonnerait pas. A moins qu’elle n’ait pas encore pu atteindre ce refuge. Mais je ne le saurais pas avant d’avoir interrogé les gens. Je passe donc de rue en rue, interrogeant des personnes de ci de là, histoire de glaner des informations qui ne viennent pourtant pas.

Soudain, alors que j’arrive dans une ruelle peu rassurante, j’entends une discussion qui ne me paraît ni douce ni bienveillante. bien au contraire. J’allais d’ailleurs appeler à l’aide lorsque je vois ce grand bonhomme passer devant moi sans même me voir et se diriger vers l’endroit où le sale type oppresse une jeune femme qui n’a rien demandé. Je crois que ce qui m’a le plus interpelé chez lui ce n’est pas pas sa tête de tueur en puissance mais sa moustache et sa taille. Qui porte une moustache au vingt-et-unième siècle? Surtout quand on mesure quasi 1m90. Je me sens si petite et si ridicule à côté. Mais peut être que lui il pourra m’apporter des réponses. Il a l’air d’être un peu le protecteur du coin. Du moins, c’est ce qu’il fait pour la jeune femme qui ne paraît juste pas rassurée. Je me demande bien pourquoi. J’aurais apprécié qu’un type pareil me sauve la vie lorsque la bande d’acharnés s’en est prise à moi il y a quelques années.

Enfin, j’observe la scène de loin, mais pas trop. Le gars ne me paraît pas bien bavard, il n’attend même pas la réaction de la jeune femme. Il est quand même super intrigant. Je ne sais pas trop quoi faire. Je vois bien qu’il est flippant et qu’il fait peur à la moitié des gens, mais il a aidé cette femme. Il ne peut pas être totalement mauvais. Tout homme qui aide une femme a forcément une place dans mon estime. bon aller, allons y Alba !

Je m’approche alors de la femme. “ Vous allez bien? Vous avez besoin d’aide?” Mais elle me remercie et me dit qu’elle va juste rentrer. Où? Je n’en ai aucune idée. Alors, avant qu’elle me fasse faux bond, je lui montre la photo de ma mère que j’ai pu garder sur moi toutes ces années. Mais elle ne l’a pas vu, elle ne la connaît pas. Et si on me mentait? peut être que quelqu’un la protège et que c’est pour cette raison que je ne parviens pas à obtenir la moindre information. Malgré tout je remercie la jeune femme, la libère et me dirige finalement vers ce grand homme fermé et peu engageant.

“Bonjour Monsieur, excusez moi, j’aurais voulu savoir si vous auriez vu cette femme dans le coin? J’aimerais la retrouver. Elle est peut être en danger.” Peut être que jouer sur la corde sensible pourrait aider à délier les langues, alors j’ajoute quelques mots à mon discours de base. J’ai la sensation, cependant, que je ne vais pas obtenir grand chose. Malgré mon optimisme, toute information semble verrouillée.

Lorsque je me suis jetée à corps perdu dans cette quête, même si j’avais entendu les on-dit qui pleuvent lorsque l’on parle de Downfall, je ne savais pas réellement à quoi m’attendre. Soyons honnêtes, qui pourrait l’imaginer proprement avant de l’avoir vécu? Cet endroit est effrayant et le soir, lorsque je suis dans la chambre de cet hôtel miteux et effrayant, je réfléchie et j’ai envie de courir, de fuir, de rentrer à lar éserve. Mais je ne peux pas. D’une part car je ne peux pas oublier ma mère mais aussi parce que cela m’est tout simplement impossible. Je n’ai aucun moyen de faire machine arrière. Ici, ce n’est pas possible. Alors vu que je n’ai pas le choix, j’avance, je continuer de foncer tête baissée en essayant de réfléchir le moins possible pour ne pas être pétrifiée de terreur ou encore mortifiée d’horreur.

J’avance, sans trop regarder. Mais lorsqu’il faut que je vois je sais où regarder. Je ne suis pas la personne que l’on voit le plus souvent car je reste dans mon coin et discrète. Mais parfois, je sais également venir demander de l’aide. C’est exactement ce que je viens de faire en venant voir cet homme immense à la coupe militaire et portant une moustache. J’avoue que ce petit détail m’a interpellé mais quelque part, ça donne du caractère à cet homme qui paraît plutôt fermé au premier abord. Cependant, comme je n’aime pas m’arrêter à la première sensation, j’ose et je persiste. Il m’indique d’abord un non de la tête. Il n’a donc pas vu ma mère. En même temps, je m’y attendais un peu. Quelque part, c’est compliqué en voyant juste une photo de se dire qu’on a vu la personne avec certitude. Vu sa position, j’ai l’impression qu’il est garde du corps ou quelque chose dans le genre, alors il doit en voir du monde, donc évidemment, il n’aura pas forcément son visage en tête. Quoi qu’il en soit, je vois son regard posé sur mes yeux et je souris. Malgré moi. J’ai compris qu’il aimait leur couleur. Ce n’est pas la première personne à le noter. Je baisse le regard, intimidée mais je remarque qu’il fait des gestes. Il me montre un groupe de femmes. Oh je comprends !

“Vous me dites de demander à ces femmes, elles auront peut être plus d’informations à me fournir,c ‘est ça?” je demande pour m’assurer d’avoir bien compris. Mais je me questionne toute de même. J’ai suivi son regard qui s’est posé sur la photo de ma mère, puis sur moi avant que son doigt ne pointe le groupe, mais à aucun moment un seul son n’est sortit de sa bouche. “Merci beaucoup à vous ! Mais vous êtes muet?...” je demande curieuse. Je sais, la curiosité est un vilain défaut, mais… mais je ne sais pas ! J’ai envie de savoir. Il a l’air si neutre, j’aimerais mettre un sourire sur ses lèvres. Ne me demandez pas pourquoi, je suis parfois un peu maso dans ma volonté de comprendre les gens.”... Parce que si vous avez besoin, j’ai de quoi écrire.” j’ajoute rapidement avant même qu’il ne puisse répondre, pour dissimuler ma curiosité surement mal placée mais aussi lui donner l’occasion de m’en dire plus si jamais il y a davantage à savoir.

J’ai bien compris ce qu’il voulait me dire, ça me rassure. Malgré tout quand je vois ce groupe de femmes, je ne suis pas plus rassurée que ça de les approcher. En effet, depuis ce qu’il m’est arrivé, les groupes me font assez peur; L’effet de masse peut avoir des répercusions plus que néfastes. “ C’est safe vous pensez?” je lui demande comme s’il était plus digne de confiance qu’elles. Au fond, c’est peut être lui l’assassin sans vergogne et elles les héroïnes. J’aurais bien raison de me poser des questions, pourtant il m’inspire confiance. Parfois je me demande si mon radar a bonnes personnes n’est pas juste foutu. Ou alors je dois tout simplement me faire bien plus confiance.

Cela dit, je me demande réellement pourquoi il ne parle pas et lorsque je lui pose la question c’est la surprise que je lis sur son regard bien que je n’entende toujours pas le son de sa voix. Peut être est-il timide? Du coup je parle pour deux et je propose des choses stupides puisque visiblement il a tout prévu avec son petit carnet dans la poche intérieure de sa veste. Son pouce levé en revanche me fait rire et je lui rends. “C’est parfait alors ! On doit pas beaucoup vous embêter si vous ne parlez pas, mais je trouve ça intéressant. Quelque part ça permet de faire le tri parmi les gens, je devrais peut être m’inspirée de cette méthode. d’autant que ça demande de la ressource pour pouvoir faire comprendre les choses sans un seul mot. Je suis fascinée.” Réellement d’ailleurs, il a réussi à communiquer avec moi sans qu’un seul son ne sorte de sa bouche. J’aurais presqu’envie de lui poser plus de questions. Est-ce que je fais ma timide qui se retient ou est-ce que je me lance quitte à le saouler un peu plus.

“Du coup, pendant que j’y suis, vous savez où est-ce que je pourrais trouver un logement plus décent que l’Angel Nest Hotel?” je demande tac o tac, en espérant qu’il ne prenne pas mal mon jugement concernant ce lieu. Après tout, je ne le connais pas et vice versa. Mais si j’ai appris quelque chose depuis que je suis ici c’est qu’il ne faut pas se fier aux apparences et surtout qu’en se posant trop de questions on ne vit plus. Alors je suis déjà bloquée sur pleins de sujets je ne vais pas en rajouter une couche. “Je cherche aussi du travail. Je suis naturopathe. Si jamais vous connaissez quelqu’un que ça pourrait intéresser, je suis preneuse. Puis je vais arrêter de vous prendre pour un annuaire des renseignements et vous laisser tranquille je pense, parce que je sais que je suis du genre à beaucoup trop parler lorsque je m’y mets.” Mais quelque part, lorsque l’on est face à quelqu’un qui ne parle pas ou très peu, on sait que l’on est écouté. Enfin, la plupart du temps la situation fait illusion du moins. Et être écoutée, me fait un bien fou parce que je me sens terriblement seule depuis que je suis arrivée ici, comme si avoir abandonné mes sauveurs avait créé un puits immense en moi.

Lorsque je vois le groupe de femmes en pleine discussion je m'interroge presqu'automatiquement sur le fait de les aborder ou non. D'habitude, je suis plutôt tête brûlée mais plutôt en face à face avec une seule personne. Là, si elles décident que je suis un danger ou une proie tout simplement, je suis dans la merde. Autant me faire prisonnière d'avance. Mais l'homme en face de moi, muet, je suppose, semble ne pas penser qu'un quelconque danger m'attend si je vais leur poser la même question. Du moins, c'est ainsi que j’interprète son pouce levé vers le haut. Je crois qu'il n'y a pas de doutes. Mais d'un autre côté, vu sa taille et sa carrure, peut être que cela altère son jugement. Je regarde alors à nouveau le groupe, puis l'homme, puis le groupe et je fais une grimace légère qui vise à me donner du courage. « Ok j'irai tout à l'heure alors. » Pourquoi remettre à plus tard ? Pour prendre mon courage à deux mains ? Pour attendre qu'elles se divisent pour mieux régner ?  Pour reculer l'échéance parce que je suis parfois une mauviette. Peu importe, pas tout de suite. Et puis cette personne, celle qui me fait face, cet homme impressionnant que la plupart des gens n'oseraient pas approcher, j'ai envie d'apprendre à la connaître. Je ne sais pas si c'est sa communication particulière, s'il s'agit de sa posture ou bien tout simplement parce que c'est la première personne que je questionne qui reste devant moi après ma première question au lieu de fuir, mais la curiosité m'anime et reste plus forte que mes recherches. Pour le moment. De plus, qui dit écoute dit renseignements supplémentaires possibles également. D'ailleurs je note à quel point cela doit permette de faire le tri dans ses relations de ne pas parler. On voit ceux qui veulent vraiment essayer de communiquer et qui tiennent vraiment à nous au delà de nos mots. Malgré tout ...  « Cela dit je serais incapable de ne pas parler. Je suis trop pipelette pour ça et parler m'aide aussi à calmer mes nerfs. Par exemple, quand je suis sortie ce matin je me suis parlée à moi-même cinq bonnes minutes pour me donner le courage d'affronter ce que je pourrais trouver dans les rues. » j'explique à l'homme qui en a probablement rien à faire de ce que je lui dis.

D'ailleurs, plutôt que de raconter ma vie, je décide de lui poser les questions qui me brûlent la langue. Il a l'air quand même à l'aise au fait de ce qu'il se passe. Il n'a rien dit à ce propos je sais bien, mais c'est le sentiment que j'ai. « D'accord donc si je comprends bien, je peux tout trouver ici, dans ce quartier, auprès de ces femmes, dans ces immeubles.  Eh bien il semblerait que j'ai bien choisi mon quartier aujourd'hui ! Au moins, je ne perdrai pas tout ! » Même si à première vue je ne vois pas d'hôtel dans le coin. Quoi qu'il en soit, je lui ai dit que j'arrêterai de l'embêter alors je m'apprête à tourner les talons quand il sort son petit calepin ce qui naturellement attire ma curiosité naturelle. Je zieute les pages qu'il tourne et vois de très jolies choses. «  Oh vous dessinez ! » je m'extasie. Mais il s'arrête sur un plan et il tourne, de manière un peu raide je trouve d'ailleurs, et il me montre son schéma de la ville. Il y a même des petits sigles dans chaque quartier. «  Votre plan est génial ! » Si seulement je pouvais en faire une copie. Mais là n'est pas la question. Il me montre un endroit, Civic Center, qui, j'imagine, est le centre ville de Downfall. J'imagine que c'est là bas que je peux aussi trouver pour le boulot. Parce que c'est la seule question à laquelle il n'avait pas encore répondu. Puis il écrit le nom d'un restaura hôtel et lève le pouce en l'air. «  Oh il y a un hôtel là bas qui est bien ! Parfait, je vais aller voir. Merci beaucoup Monsieur. » Je me mords la lèvre inférieur, car j'ai quand même encore deux petites choses qui me démangent de demander. Je ne sais pas trop, je vais sûrement trop abuser de sa patience. Ou alors, je le divertie peut être ? Hum que peut il m'arriver au pire des cas ? Être tuée ? Je ne serais plus là pour râler, parler ou encore me dire que j'ai été stupide de pousser le bouchon trop loin. Donc allons y ! « Euh, encore deux petites choses avant de vous laissez tranquille ! Vous faites quoi comme métier ? Et je pourrais voir vos dessins ? Ils ont l'air plutôt bien ! » je demande finalement en ne reprenant même pas mon souffle. J'aimerais bien le revoir plus tard, peut être dans d'autres circonstances cependant, je ne me vois pas lui demander son numéro de téléphone ou son adresse. C'est tout de même assez flippant. Je sais que si un homme le faisait avec moi comme ça dans la rue je serais plus que réservée sur le sujet alors j'imagine qu'il en va de même à l'inverse. "Au fait, je m'appelle Alba !" je lance finalement en tendant la main comme pour le saluer. Après tout, donner un prénom n'a rien d'étrange après avoir embêter quelqu'un avec pleins de questions, non?

Clairement, aborder quelqu’un seul n’a rien à voir avec aborder seule un groupe complet. Même si ce sont des femmes, si cet endroit m’a bien appris quelque chose depuis que je suis arrivée c’est qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Evidemment, partant de ce postulat je devrais également me méfier de l’homme avec lequel j’essaye de communiquer mais le fait est que je l’ai vu aider quelqu’un et non tuer et forcément, dans mon esprit un peu simplet et surtout naïf, cela m’a mise en confiance. Alors que là bas, pour moi, c’est une arêne aux lions. Mais bon, il a l’air de dire que tout ira bien alors il faudra bien que je me lance n’est-ce pas? Pour le moment, cependant, je préfère finir de faire connaissance avec cet homme imposant, original avec sa moustache et particulier de par sa manière de s’exprimer. J’ai la sensation d’être mise au défi, devant un challenge de taille. Défi que je relève ! Cela dit, je lui avoue facilement que je serias bien incapable de me taire comme il le fait. Je me parle déjà à moi-même, toute seule, lorsque je réfléchie à propos d’un sujet bien particulier et d’une certaine importance. Alors me taire serait une hérésie en réalité. Je le vois hausser les sourcils et j’ajoute “Je pense que de toute façon la plupart des gens n’aiment pas le silence et le trouvent angoissant. Alors je suis vraiment curieuse de savoir pourquoi vous vous semblez aimer le silence.” Après tout, il s’est peut être passé quelque chose de tragique dans sa vie qui l’a conduit à agir de la sorte. MAis au fond est-il réellement bien dans sa peau à être ainsi? Autant de questions qui resteront probablement sans réponse car cela ne se fait pas d’interroger de la sorte un parfait inconnu qui pourrait parfaitement perdre patience avec moi. Et je le comprendrais en réalité.

Visiblement, je suis dans le bon quartier toutefois. Une femme seule est vulnérable, j’en ai terriblement conscience. C’est aussi la raison pour laquelle je cherche aussi à changer de lieu de vie et que je songe à trouver un emploi aussi difficile cela puisse être dans le coin. Mais ne perdons pas espoir ! Et puis j’ia la chance d’être tomber sur un vrai gentleman qui m’explique tout, sans mot certes, mais tout de même avec précision, pour trouver mieux que ce que j’ai actuellement. Et il faut le dire, son plan est génial ! Plus je le vois sourire ! Miracle ! Enfin, il me semble ! “ Vous avez un joli sourire.” je commente sans plus de cérémonie avant de me penser à nouveau sur son plan. Il a ajouté des détails auxquels d’autres personnes n’auraient surement pas pensé. Quoi qu’il en soit, il m’a montré un hôtel dans un quartier qui semble bien et je ne peux que le remercier avec un profond respect sans forcément me rendre compte que je peux aller trop loin ou le blesser avec mes mots.

Bon et puis puisqu’on y est autant continuer. J’ai dû mal à me détacher de lui sans pour autant réussir à expliquer ce qu’il m’arrive. Alors je gratte un peu de temps en lui demandant l’autorisation de lui poser encore une ou deux questions. Son langage non verbal m’indique que je peux y aller et je me rends compte que je suis capable de tenir une conversation sans problème avec cet homme inconnu et muet. C’est ainsi que je me lance et que je lui pose les questions qui me démangent. Au début, j’ai l’impression qu’il va refuser mais lorsque je vois son sourire timide je ne peux m’empêcher de lui offrir le mien, grand et radieux et d’attendre qu’il me montre ce qu’il souhaite me laisser voir. Et en attendant qu’il réfléchisse sur ce qu’il va me montrer, j’en profite pour me présenter, après tout c’est la moindre des politesses non? Et j’avoue que je suis curieuse de savoir s’il va me donner son prénom et si oui, de quelle manière. Je souris de plus belle face à sa révérence et lorsqu’il me serre la main. Avant même qu’il ne récupère la sienne, je l’attrape dans ma toute petite main et je pose ma paume contre la sienne pour fiare la différence de taille. J’ouvre alors grand les yeux quand je constate que sa main fait le double de la mienne avant d’éclater de rire.

Puis j’attends patiemment, ainis qu’il me le demande avec son doigt. Après tout, je ne lui ai pas posé des questions pour ne pas avoir la patience d’attendre les réponses, non? Je l’observe en train de donner des coups de crayon de ci et de là et de former peu à peu un schéma qui nous représente. C’est très intrigant et impressionnant à voir. Je crois qu’avec la même position et dans le même temps je me contente de dessiner des personnages bâtons. C’est déjà ça non? Enfin, il me montre son chef d’oeuvre. Pour quelque chose dessiné rapidement, c’est déjà super bien fait ! J’observe donc les détails. “Oh vous êtes agent de sécurité et vous vous appelez Malcom ? Enchantée !” je lance finalement en déposant un léger baiser sur sa joue. “Vous pouvez me montrer vos chef d’oeuvres !” je lance finalement voyant que son doigt attend de tourner la page. “La tortue est trop mignonne ! Jason par contre est hilarant ! Si on le voyait ainsi dans le film on aurait peut être moins peur de lui !” je lance avec enthousiasme. “Ahaha un chien punk ! Mais vous n’avez jamais pensé à créer une bande dessinée? En plus je voudrais pas dire, mais vu la ville dans laquelle nous sommes, cela ferait peut être du bien à certaines personnes d’avoir un peu de douceur comme vous pouvez en offrir. Après je sais que ce n’est pas évident de passer de l’ombre à la lumière mais ce n’est peut e^tre même pas nécessaire. En tout cas j’aime beaucoup ce que vous faites !”

Finalement, nous en arrivons au moment de la séparation et je n’ai pas spécialement envie de le laisser là. Ne me demandez pas pourquoi, mais cet homme est super intéressant. Il n’est pas comme les autres. J’aimerais en savoir plus. Découvrir ce qui le caractérise. Mais de son côté il me montre à nouveau le groupe de femmes qui a bougé et me fait des gestes que j’ai du mal à comprendre. “ Oui, je vais vous laissez et aller les voir.” je réponds d’abord avec la grimace avant de comprendre qu’il me propose peut être quelque chose. “ A moins que vous me proposiez de regarder de loin pour être sûr qu’il ne m’arrive rien?” je demande. Sait-on jamais. Même si je ne vois pas dans quel intérêt il pourrait faire ça. D’autant que “Je n’ai rien pour vous payer !” je précise. Je sais que le moindre service a tendance à se faire payer ici, du moins c’est ce que j’ai pu constater depuis mon arrivée. “Merci beaucoup, et j’espère vous revoir.” j’ajoute finalement.

Je finis par aller voir les jeunes femmes et leur demandé si elles ont vu ma mère. Une lueur d’espoir dans le regard, la voix tremblotante mais aucun danger ne m’attendait. Elles ont été sympas, se sont demandées les unes les autres de regarder plusieurs fois la photo avant de répondre, mais rien. Désespérément rien. Je les remercie finalement, ne pensant même pas à leur demander pour le logement. Je regarde au loin Malcom en me demandant s’il travaille ou si je peux abuser en allant lui demander d’aller boire un verre. Mais voilà que je n’ose pas réellement revenir vers lui. A moins que nos regards se croisent et que je capte un message.

En venant ici, à Downfall, je me suis promis de garder ma bonne humeur et mon côté optimiste au maximum. Malgré tout, lorsque l’on voit la violence dans les rues, le manque de moyens et la pauvreté, c’est parfois compliqué de se dire que l’on va rencontrer quelqu’un de bienveillant. D’ailleurs, l’homme auquel je parle actuellement est la première personne avec qui je converse depuis plus de cinq minutes. C’est surement ce qui me donne des ailes et me permet d’être plus à l’aise. je vois un espoir, une lueur de bonté même derrière ses airs d’homme tueur et son silence. Après tout, on m’a toujours appris que l’habit ne fait pas le moine.

C’est ainsi que je me permets un compliment et même plus tard un petit bisous sur la joue pour le remercier et être sympa parce que j’ai la sensation qu’ici, la gentillesse n’est pas chose commune. Mais cela ne veut rien dire de plus, il s’agit juste d’être gratuitement gentille avec quelqu’un qui l’est avec moi. et puis, non, sans déconner, ses dessins sont magiques et il a un vrai don ! “Ainsi je peux vous appeler Malcom ou Mal ?” je demande tout de même pour être certaine de mon coup. quant à son métier, j’avoue que je comprends mieux ce que j’ai pu voir ainsi que sa proposition mais encore plus sa posture.

Les présentations ainsi faites, d’une manière plutôt étrange mais somme toute très originale, je lui suggère de faire une bande dessinée. Il semble avoir une imagination débordante et il a un talent certain. Il pourrait se faire de l’argent en s’éclantant littéralement. Après ça peut aussi ne pas le tenter dans le sens où ce genre d’art peut être carrément personnel. Mais la suggestion est faite et j’ai l’impression qu’il y réfléchit tout de même alors mon idée n’est peut être pas si stupide que ça.

Finalement, je le lâche, je lâche l’aura de sécurité qu’il dégage et me dirige vers le groupe de jeunes femmes, sachant pertinemment qu’il regarde, derrière, si tout se passe bien. Je discute quelques instants pour poser mes questions et leur laisser le temps de me répondre mais je ne vais pas plus loin. Je demande tout de même d’ouvrir l’oeil car je ne sais pas dans quel état elle pourrait être. Je les remercie et retourne vers Malcom. Je dois au moins le remercier. D’ailleurs, il semble qu’il me demande un rapport. “ Elles n’ont rien vu. Merci beaucoup d’avoir veillé sur moi, même si quand j’y pense, c’est un peu étrange de faire confiance à un inconnu plus qu’à des inconnues…” je réponds déçue et un peu perdue par la même occasion. “Si vous n’avez rien à faire, ça vous dirait d’aller boire un verre dans un bar que vous recommandez?” je propose, pas encore prête à abandonner la seule personne qui m’a parlé plus de quelques secondes et en plus a veillé sur moi pendant que je prenais mon courage à deux mains. Il y a tant de choses à découvrir et cette ville est si néfaste. “Si ce n’est pas possible ne vous en faites pas je comprends ! Juste conseillez moi un endroit où je ne me ferai pas égorgée ! Ensuite j’irai voir l’hotel que vous m’avez conseillé parce que je ne suis pas sûre de pouvoir survivre longtemps là où je loge actuellement.” En plus, je ne le dis pas mais je n’ai absolument rien de la nana vaillante qui sait se battre ou qui a un instinct de survie hyper développé, du coup vaut mieux faire attention.