[TERMINE / RP COMMUN 7.1] Your downfall is a preparation for our up-rise

Je serre le poing, seule trace visible de ma colère, alors que mon regard cherche Harper. Elle sait à quel point j’ai du mal avec eux et Fergusson ne fait pour me faire changer d’avis. Je souffle en direction de l’homme, mâchoires serrées. « Il y a toujours des innocents. Même si vous faites tout pour les détruire. On ne vous laissera pas faire. » J’ajoute, à mi-voix. « Je ne vous laisserais pas faire. » Son sourire se fane un instant et je m’éloigne, sans même attendre de réponse de sa part. Je sais que la violence fait partie de toutes les personnes qui sont nées et ont grandi ici. Harper en tête. Pour autant, j’ai envie de croire qu’il y a toujours d’autres possibilités.

Mais, à mesure que nous avançons, difficile de ne pas voir à quel point la situation se dégrade. C’était vraiment une très mauvaise idée de venir ici. Encore plus d’aller se confronter aux Prayers. Et pourtant, une part de moi espérait réellement que ça se ferait… dans le calme. Ou quelque chose s’approchant. Qu’on pourrait faire entendre nos voix, montrer qu’il y avait une autre option. Mais ce ne sera pas pour aujourd’hui. Et la foule gronde de plus en plus, laissant la part belle aux Rats qui se sont faufilés au milieu, comme à leur habitude.

Autant dire que j’envisage plus que sérieusement de quitter cette manifestation avant qu’on en soit en point de rupture. Sauf qu’il est peut-être déjà arrivé. Voire dépassé depuis longtemps. Et c’est en voyant notre arrivée à la Zone 33 que je réalise à quel point la situation pourrait salement dégénérer. Certaines armes sortent autour de nous et il y a des camions-citernes un peu plus loin. « Harper… » Soufflé en direction de la brune alors que mon cœur bat un peu plus vite. Mais je n’ai pas le temps d’en dire plus qu’une femme se prend un projectile juste à côté de nous. Un juron soufflé entre mes dents alors que je la désigne à Harper, tirant la femme un peu plus loin, alors que son visage est maculé de sang. La pluie continue de tomber de plus belle, alors que j’essaie tant bien que mal de vérifier son état. « Il va y avoir encore plus de blessés. » Mon regard cherche celui d’Harper, comme si j’attendais de voir ce qu’elle comptait faire. Aller à la confrontation ou essayer de m’aider à éloigner les blessés du cœur de la tempête.

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Si je lui mets mon poing dans la gueule, il ripostera ? Je veux dire, je suis quand même qu’une gamine qui fait pas la moitié de son poids quoi. Mais c’est un sale con, il trouvera bien autre chose. Et pourtant, j’en crève d’envie. Sérieux, j’étais presque contente – contente – d’être là et de tenter un truc pacifique. Et il gâche tout. En partie parce que c’est un connard égocentrique, stupide et arrogant. En partie parce que je suis d’accord avec lui sur plein de trucs. J’ai beau faire des efforts et essayer, cette envie de tout faire péter et d’y aller par la force, envers et contre tout, est toujours bel et bien là. Ouais, la violence fait partie de nous, de moi. Et ça, ça craint.

Je n’arrive même pas, durant un instant, à soutenir le regard de Riley. Je le suis pourtant sans attendre quand il s’éloigne, restant près de lui alors que la tension monte de plus en plus. Non pas que j’ai vraiment peur, j’ai déjà affronté de telles situations ne lui en déplaise, mais je n’ai pas envie d’être séparée de lui. Ou qu’il lui arrive quelque chose par ma faute. C’est moi qui ai insisté pour venir après tout.

Mais je ne suis qu’une idiote. C’est quand je vois une partie de la foule se séparer que je me rends compte d’à quel point ils ont continué de s’organiser et d’être actifs. J’ai été stupide de penser qu’ils se calmeraient, ou qu’ils reviendraient à la raison. Après tout, j’ai déjà bien du mal à me convaincre toute seule, que le calme et la paix peuvent fonctionner. Parce qu’au fond de moi je sais bien. pour que cela change, pour que tout change, il n’y a que la force qui marche, surtout ici.

Mes mâchoires se crispent quand je vois les moyens mis en place par les Prayers, les camions, les armes, les hommes. Peu importe ce que la foule désire, peu importe que les gens luttent chaque jour pour survivre, peu importe qu’ils se meurent faute de soins ou même de nourriture. C’est l’indifférence la plus totale qui leur répond. Une froide et implacable indifférence. Les Prayers ne sont en rien différents de l’armée. Ils sont même pires, en vivant ici, ils devraient savoir, ils devraient…

Riley s’éloigne, allant aider une femme, une des premières blessées. Non, ce n’est pas une des premières, encore moins une des dernières. Les poings serrés, je me contente de l’observer, mon cœur tambourinant si fort qu’il en devient douloureux. J’ai tellement envie de prendre un des molotov, je suis sûre que qu’un des Rats m’en filerait sans broncher, que je m’enfonce les ongles dans les paumes des mains. J’ai tellement envie de hurler de colère que je me mords l’intérieur des joues au sang.
Je ne sais pas trop à quel point il s’en rend compte. Je ne sais pas trop si ça a une importance. Je ferme les yeux et inspire profondément.

Les blessés Harper, les blessés. Les individus passent toujours avant. Avant quoi ? Tout le reste. J’ai presque l’impression de voir le sourire qu’il avait toujours en prononçant ces mots. Fait chier bordel.

Je rejoins Riley en quelques pas, sans le regarder vraiment, cherchant autour de nous. « On ne peut pas les arrêter. » Peut-être que si mais là, je ne vois pas comment. « Il faudrait qu’on trouve un endroit moins exposé, pour les blessés. » Je le regarde enfin. « On est que deux. On a pas le temps. » Même si je n’ai vu aucune arme létale chez les Prayers, les Rats en ont eux. Et de toute manière… ça va être un massacre à ce niveau-là.  

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Et merde. Un mec est attiré et tabassé à mort. J’esquisse le geste d’y aller, mais je sens Triss qui me retient, la mine décidée mais inquiète. Elle est livide devant cette inaction de notre part, mais elle a raison, cela nous couterait bien trop cher. Je ne peux que serrer les poings. « On s’en va. » Et alors que j’essaie de nous frayer un passage dans la foule, je retrouve un visage familier. Eliott ? J’échange un regard avec Triss alors qu’il nous fait un rapport sans en avoir l’air. Des nuisibles ? Les Rats ? Je hoche la tête. « Je sais, j’en ai repéré aussi. Je sais pas ce qu’ils foutent… Mais les dommages collatéraux ont l’air de faire partie du plan. » Ils se battent entre eux on dirait bien. J’hésite, regarde autour de moi. « Ca dégénère trop. Il faut recadrer tout ça avant qu’il y ai trop de morts. » Oui, j’ai prévenu les secours. Hors de question que j’assiste à ce genre de mise à mort barbare sans rien faire. Je fronce les sourcils quand il parle d’un plan pour leur faire entendre raison. J’ai une piste sur ce qu’il a derrière la tête alors qu’une jeune femme l’accompagnant semble désapprouver. Et s’inquiéter pour lui surtout, alors qu’elle nous regarde avec de l’espoir. Elle a raison.

« De quoi tu parles ? Je pense pas qu’ils soient très enclins d’écouter un petit discours comme quoi c’est pas gentil d‘être méchant. » C’est utopiste de penser ça. Je ne suis pas un fervent partisan de la violence, mais parfois, il n’y a pas d’autre façon de résoudre un conflit. « Tu as vu ce qu’ils ont fait ? Je pense pas que tu souhaites être lapidé ou tabassé à mort. » Moi non plus et encore moins si c’est Triss qui finit par être prise à parti. « On devrait s’en aller. On ne pourra rien faire en l’état actuel des choses. Cette manifestation risque d’être réprimée dans le sang et la violence mais… Ils l’ont choisi. » Je regarde la foule avec un air sombre. Rien ne peut se passer tranquillement dans cette ville, c’est pathétique. Je soupire. « Tirons nous de là. Et vous venez avec nous. » Cela ne souffre pas vraiment de discussion d’ailleurs.

Je soupire de soulagement quand Josh approuve. Ouais cassons nous. J'aime pas l'ambiance et surtout on est pas du tout armés pour ça, plus, on avait de grande chance d'être dans les prochaines cibles a abattre si on savait qui on était.  Nous voilà donc en train de fendre la foule comme on pouvait, moi derrière Josh et son mètre 90, toute seule j'aurais déjà été piétinée. Et le voilà qui stoppe, je manque de me cogner le nez sur son dos avant de me pencher un peu et d'aviser...Elliot ? Il veut mourir ?  « On est prit en plein milieu ouais. » maugréais je. Ouais c'était l'évidence hein, je m'en foutais de leur petite gueguerre mais y avait intérêt a ce que Josh et moi en sortions indemne, sinon, je pouvais crocheter la salle des explosifs...Si si.

« Quel plan ? » Alors que Josh réfute direct. Dans un sens, il n'a pas tord, c'est assez la merde comme ça et ça devenait hors de contrôle, je ne voyais pas ce que l'on pouvait faire de plus dans une telle situation. Déjà que j'étais pas très chaude a voir mon compagnon appeler les renforts... C'était rajouter de la sauce soja sur un plat de nouille froide. Je hoche la tête lorsqu'il insiste pour que nous partions. « On ne peut rien faire, c'est le cercle vicieux, ils vont s'échauffer les uns et les autres, c'est totalement hors de contrôle, même eux pourront rien faire et je préférerais que Josh et moi soyons loin d'ici quand ça pétera dans tous les sens. » Parce que ce n'était que le début. J'en étais certaine. Franchement, je ne voulais plus être là a ce moment là. Inconsciemment, je serre un peu plus fort la main de Josh, en partie pour éviter de prendre mon arme, ce qui me rassurerait et en partie parce que je le soutenais dans sa décision.

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Un hochement de tête à la remarque d’Harper. Oui, il faut qu’on se mette à l’écart, alors qu’il commence à y avoir d’autres blessés. « Personne ne viendra nous aider, tu le sais ? » Il faudra qu’on les amène nous-même aux urgences si on veut qu’ils soient pris en compte. Jamais aucune ambulance ne viendra ici, au milieu de cette manifestation qui vire à la foire d’empoigne. J’avoue que je suis déçu. Amer même. Et, quand je croise le regard de Fergusson qui ne s’est toujours éloigné, je me rends bien compte que c’était exactement l’effet escompté. Je peux le voir à son sourire et surtout, aux cris tout autour de nous.

J’ai un sursaut à entendre les mégaphones qui résonnent. « La police. » Soufflé en direction d’Harper, alors que je me demande si on va pouvoir se sortir de là sans finir, une fois de plus, par être arrêtés. Et, tout autour de nous, c’est comme une explosion. Tout du moins, c’est l’impression que j’en ai. C’est de pire en pire, alors que les gens crient, commencent à se battre et j’en passe. Je n’arrive même plus à différencier le simple manifestant du Rats venu pour en découdre. « Et merde. » Des lacrymos. Je commence à avoir les yeux qui me brûlent et je lâche à la femme de fuir, posant sa main sur la compresse improvisée sur son cuir chevelu.

« Tirez-vous bande de lâches. Vous savez faire que ça… » Fergusson est revenu, alors que je cherche la main d’Harper pour l’emmener avec moi. Et il me souffle à l’oreille, alors qu’il passe près de moi. Trop près de moi. « Les Rats ne mourront jamais Emerson, tâche de pas l’oublier. » Et, d’un coup, une violente douleur au niveau des côtes. J’ai un temps d’arrêt alors que l’homme disparait et je baisse les yeux alors que je vois mon t-shirt s’assombrir avec … du sang. Mon sang donc. « Merde, merde, merde… » Je ne fais même plus attention à ce qui se passe autour de moi. Le brouhaha n’est plus qu’une espèce de bruit de fond qui n'a plus la moindre importance. Et je me fais bousculer d’un côté. Puis de l’autre, alors que les manifestants essaient tant bien que mal de fuir les forces de police. Ou les Prayers. A moins que ce soit les deux. Je n’arrive pas à retrouver Harper et je commence surtout à avoir du mal à tenir sur mes jambes, alors que des points noirs dansent devant mes yeux.  

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Je lance un regard à Riley. On est tout seuls. Je sais. Je me contente d’un signe de tête. Faut qu’on se débrouille. J’essaie de puiser un peu de forces et de certitudes dans sa présence, et dans tout ce que je connais. Et ce n’est pas comme si on n’avait pas l’habitude, de gérer les catastrophes et les urgences, que ce soit à l’hôpital ou à la maison. Parce que là, autour de nous, c’est devenu le bordel tellement vite qu’on se retrouve dépassés bien trop rapidement. Et je suis dépitée. Pour une fois que j’essayais de faire un truc bien, de faire ça dans le calme, pacifiquement, comme il voulait, je suis... en colère. Tellement en colère.

Est-ce qu’une partie de moi a envie de dire ‘je l’avais dit ‘ malgré tout ? Oui sans doute. Il n’y a que la violence qui marche ici. Tout finit toujours mal. Et on ne peut pas dire que c’est uniquement de la faute des Rats, il n’y a qu’à voir ce qu’avait préparé les Prayers aussi. C’est un tout. C’est comme ça qu’on a appris, qu’on a grandi. C’est tout ce qui marche ici. Je jure entre mes dents quand j’entends les sirènes, couvrant ma bouche et mon nez de mon bras. Bon, ça, ça ne m’avait pas trop manqué. « Fait chier. » Je tousse et tente de monter mon t-shirt pour me protéger un peu. Pourquoi jamais rien ne se passe comme il faudrait ? Pourquoi il faut toujours – toujours – que ça finisse dans le sang et la violence ? Ouais, je sais. J’ai déjà répondu à ça. La main de Riley attrape la mienne au moment où Fergusson nous rejoint. Quel connard ! Quel sale fils de pute putain !

Je retire ma main et le suis sans réfléchir, me penchant pour attraper une barre à mine abandonnée-là par je ne sais pas qui. Je me dépêche pour ne pas le perdre de vue, et un premier coup part dans ses genoux, le faisant à moitié tomber. Un deuxième le frappe dans le dos, le mettant à terre, et un troisième l’assomme d’un coup derrière la tête. Une quinte de toux me plie en deux, alors que mes yeux pleurent tout seuls. Merde. Putain de merde. J’entends des voix qui se rapprochent, trop autoritaires pour ne pas être des flics, J’ai la main tellement serrée autour de l’arme que ça me fait mal. Ce n’est pas juste. Ce n’est pas juste. Je laisse filer un cri de rage et me force à relâcher la barre, qui tombe au sol dans un tintement.

Faut que je retrouve Riley. « Rileeeyyyy ! » Il n’a pas dû comprendre. Il ne sait pas pourquoi je suis partie. Il ne comprendrait pas. Il… Faut que je le retrouve. « RILEY ! »