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 [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore

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Aaron D. Phillmore
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MessageSujet: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyLun 6 Juin - 16:52


crushed


La déchirure de l’espace-temps se colmata brutalement, le projetant dans une réalité rendue tangible par la douleur. Un sifflement perçant accompagna son retour dans une conscience néanmoins altérée par la violence de l’impact. Ses yeux cherchèrent un repère dans cette confusion qui l’oppressait. Portant une main à son torse, près de son cœur, il sentit à nouveau l’univers s’émousser. Engourdie, sa psyché parvenait difficilement à s’extraire de cette obscurité qui la menaçait d’anéantissement. Une voix peina à s’imposer par-dessus l’alarme stridente qui saturait son ouïe. Son regard s’accrocha à une silhouette en mouvement, assombrie par des taches de sang. Penchée entre les deux sièges avant, elle l’appelait. Aaron leva péniblement son autre main en signe de vie. Puis, il tenta de prendre appui dessus pour se redresser. Une lance de douleur traversa son thorax. « Merde ». Olivia jurait, ses mains agrippant le corps inerte d’Ezechiel. Il devait s’arracher à cette torpeur qui, bien trop séduisante, finirait par l’annihiler. Au prix d’un effort qui fractura sa psyché de souffrance, Phillmore réussit à glisser de l’autre côté de la banquette arrière. Il passa les bras entre les deux sièges et aida Olivia à faire passer Ezechiel du côté passager. La place libérée, la jeune femme prit le volant et remit le contact, invoquant dans un flot d’injure la chance. Le moteur toussa deux fois avant de gronder d’un râle continu. Une salve de coups de feu prit pour cible l’habitacle de la voiture qui s’éloignait.

Aaron revint à lui douze heures plus tard. Allongé dans une salle aseptisée de la Zone 33, dédiée aux opérations chirurgicales, il entendait le moniteur marquer sa fréquence cardiaque. Les barbituriques lui permettaient d’ignorer un corps dont se sentait pourtant prisonnier. Il lui fallut six heures supplémentaires pour sortir de cet état second, dans lequel il fut incapable de la moindre parole.

Ils avaient été victimes d’un guet-apens. Ce n’étaient pas les flics, ni même un potentiel concurrent, mais les extrémistes du mouvement éteint des Unbroken. Ceux-là même qui promettaient à Downfall de la libérer du joug des puissances et oppresseurs qui s’enrichissaient aux dépends de la population. Une mission d’investigation fut aussitôt lancée pour retrouver les personnes qui les avaient attaqués. Ezekiel était mort lorsque la voiture avait pénétré dans l’une des artères protégées de Florence. Olivia avait subi de graves blessures, mais son pronostic vital n’était pas engagé. Quant à lui, il souffrait de multiples fractures des côtes gauches. Une avait percé son poumon. Heureusement, son cœur état intact, mais il devait rester sous vigilance en raison des traumatismes subis. Aaron avait également une entorse grave des cervicales et un léger trauma crânien. Au moment de l’impact, des éclats de verre s’étaient enfoncés sur toute la partie gauche de son profil. Sous le pansement courait de sa tempe jusqu’à l’angle de sa mâchoire une profonde entaille à présent suturée. Le chirurgien du cartel, Docteur De Caneva l’avait averti de la possibilité d’états confusionnels traumatiques, à composante somatique mais aussi psychique. La collusion des deux véhicules avait été d’une extrême violence ; il avait failli mourir. Mais Hetfield l’avait sauvé : sans sa réactivité, Aaron aurait succombé d’une hémorragie pulmonaire. Le leader des Prayers of Insanity avait demandé qu’elle vienne le visiter dès qu’elle le pourrait. A cette occasion, il l’avait remercié, trouvant avec peine des mots suffisamment forts pour pouvoir exprimer sa reconnaissance. Phillmore lui avait également demandé si elle pouvait organiser la venue de sa fille à la Zone 33, en toute discrétion, le lendemain vers 16h00. La rumeur de sa tentative d’homicide n’avait pas tardé à faire le tour de la ville, d’autant que le groupuscule extrémiste avait revendiqué l’attaque. Aaron ignorait dans quelle disposition serait sa fille. Il ne savait même pas si elle viendrait. Son portable n’avait pas survécu à l’impact, et il n’avait pas réussi à trouver le courage de l’appeler. Parce que leur dernier échange, un an auparavant, avait eu des airs d’aurevoir. Cette presque-mort avait peut-être été un soulagement pour India. Aaron s’était néanmoins préparé à sa venue, demandant que ses pansements apparents soient réduits au strict minimum. Il s’était péniblement vêtu d’un t-shirt noir, et d’un bas de survêtement gris foncé chiné. Malgré les protestations du médecin, il s’était extrait de son lit d’hospitalisation et avait retrouvé son bureau. Il ne souhaitait pas qu’elle le voit diminué au point de se présenter alité.
Un cathéter continuait de fluidifier son sang d’antalgiques et d’autres substances nécessaires. Le pied à perfusion trônait à sa gauche. Aaron s’était assis à droite du canapé trois places, laissant ainsi les assises des deux autres fauteuils qui constituaient le coin salon libres. India pourrait aussi venir s’assoir à côté de lui si elle le désirait. Une pointe de malaise comprimait sa respiration, sans ce que cela n’ait à voir avec ses blessures. Il était 16h12, et sa fille n’était toujours pas là.

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India Phillmore
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyMar 7 Juin - 14:52


crushed


Allongée sur le canapé de Tom, elle le regardait travailler avec ce sérieux qu’il avait quand il pianotait sur son clavier à l’image d’un pianiste sous cocaïne. Les sourcils froncés, ses yeux bougeaient rapidement de gauche à droite. Il semblait soucieux. Elle avait terminé ses appels et n’attendaient que des retours. Glissant ses pieds sous les coussins pour jouer avec, elle poussa un soupir d’ennui, sentant son corps lui rappelant son besoin de dormir. Mais alors qu’elle avait fermé les yeux quelques instants, le visage soucieux de son meilleur ami lui revenait à l’esprit.

Qu’est-ce qu’il y a Jagger ? Murmura-t-elle en s’étirant pour se redresser, refusant de dormir alors que la soirée était pourtant avancée. Tu es encore tombé sur une vente d’enfants sur ton truc caché ? Ce … Deep weeb ou Dark web ?

Le visage blême, il leva son regard vers elle alors qu’India se rapprocher de lui pour venir s’appuyer sur son bureau.

Phillmore, je … Je crois que ton père a été victime d’une attaque, tout à l’heure.

La jeune femme eut quelques battements de cils avant de lui sortir un « je te demande pardon ? » confus. Un coup de masse vint s’abattre sur elle. Son meilleur ami répéta, lui expliquant qu’il avait été attaqué par un groupuscule composé de Rats. India avait eu vent d’une éventuelle attaque mais ne l’avait pas prise au sérieux car rien de ce qui lui avait été rapporté ne semblait avoir de sens à cet instant. Son visage devint livide, sa respiration difficile, saccadée, ses lèvres tremblantes.

Tu … Tu … Tu sais si … ? Chercha-t-elle à dire sans que les mots ne viennent.

Tom fit quelques recherches, mais ne trouva rien à l’hôpital, ni ailleurs. Il chercha même sur divers registres sans trouver. India comprit que s’il était vivant, les Prayers l’avaient ramené dans leur quartier. Sans même réfléchir, elle décida d’attraper son sac pour partir à Florence. Mais le nerd l’arrêta dans sa lancée, la ramenant à la raison, bloquant la porte de son corps pour qu’elle ne se jette pas chez eux. Si ce n’était pas des balles qui la recevraient, elle exposerait son lien avec le baron de la drogue de Downfall. Elle s’effondra dans ses bras, se sentant impuissante face à cette situation. La culpabilité la rongeait alors qu’elle était à même le sol, blottit dans les bras du jeune homme qui ne lâchait pas cette étreinte contenante. Ce n’était qu’après une bonne heure qu’elle parvint à prendre son téléphone pour chercher à le joindre. En vain. La ligne était coupée. Elle passa à un autre téléphone pour tenter d’obtenir des informations, mais elle se sentait incapable de parler, de prendre le dessus. Tom se chargea d’être la Voix d’Hermes pour quérir les informations manquantes. Ce n’était qu’au milieu de la nuit qu’ils purent avoir comme confirmation qu’il était sur une table d’opération dans la Zone 33. India s’était recroquevillée sur le canapé, regardant le hacker s’activer alors qu’elle était parfaitement apathique. L’épuisement finit par gagner et c’était dans un sommeil peu réparateur qu’elle sombra, Tom à ses côtés.

Les renseignements furent rassurants, l’opération s’était bien passée et le vieux Phillmore était sorti d’affaires. A priori. Leur informateur n’avait pas les détails, n’étant qu’un troufion en poste dans la Zone 33. Son père resterait un temps dans sa forteresse imprenable et elle n’aurait aucun moyen de le voir. Tom avait raison, elle prendrait des risques en débarquant là-bas. C’était un soulagement malgré tout. Une envie irrationnelle de faire tomber ces hommes qui s’en étaient pris à lui s’empara d’elle, mais le geek l’arrêta à nouveau, prônant la neutralité de leur entreprise. Ils ne devaient pas intervenir, d’aucune sorte. Le regard mauvais, elle s’enferma dans un silence qu’il ne put briser.

C’était le milieu d’après-midi, quand quelqu’un frappa à la porte de l’appartement. Tom alla l’ouvrir et recula brusquement quand une rousse aux cheveux courts, dans une tenue vestimentaire médiocre faite de guenille – un jean et un haut à l’effigie de ce qui devait être un groupe de musique – entra, passant au peigne fin l’appartement de son regard. Elle semblait épuisée, le visage égratigné par de nombreuses coupures et un bras dans un plâtre. Ses yeux se posèrent sur la jeune Phillmore qui se figea à sa vue, oubliant de porter ce masque d’impassibilité face à elle.

Bordel de tête à cul, je te cherche partout, qu’elle brailla, viens avec moi, je dois t’emmener.

Inutile de jouer les surprises, de faire semblant. Les deux femmes avaient compris. Cette rousse, autrefois blonde, était l’animal de compagnie de son père et elle l’avait vu à de nombreuses reprises près d’elle, à la surveiller. Niveau discrétion, elle ne se cachait pas, à l’instar des anciens. Elle se leva et partit dans la salle de bain qu’elle ferma à clé. Malgré les tambourinements et les éclats de voix, ce n’était qu’un quart d’heure plus tard qu’elle en sortit, pomponnée, coiffée, habillée, parée à aller le voir. Vêtue de la même robe qu’elle portait la veille, une robe à volant empire, au col en v et à la longueur qui lui arrivait aux genoux. Couleur orchidée, le haut était plissés et croisés. Légère, aérienne pour les douces chaleurs qui s’installaient en ville. Talons à ses pieds, maquillage masquant sa fatigue et ses traits creusés, elle n’était pourtant que l’ombre d’elle-même à cet instant. Quelque chose s’était cassé en elle. India n’avait pas trouvé la force de lui demander comment il allait. Olivia avait passé un coup de fil à son Boss car il était 16h passé, lui apprenant qu’elles auraient du retard, sa fille étant chez son « nerd ».

Sérieusement ? Tout ça pour ça ? On est à la bourre, gamine, tu commences à vraiment me péter les ovaires, s’époumona la rousse suivie d’une douleur grimaçante.

La jeune Phillmore garda le silence et prit la direction de la porte, oubliant sac, veste et téléphone dans l’appartement de son meilleur ami. C’était une urgence de masquer ses faiblesses quant au reste … Une fois dans la voiture de la Prayer, elle attacha sa ceinture et regarda le bras dans le plâtre de l’autre femme.

Je peux conduire.

Touche pas à mon bébé !

C’était un grognement. La voiture démarre, ce ne fut que quelques minutes plus tard qu’elle osa une question qui tournait en boucle dans sa tête. La peur prenait le dessus.

Est-il vivant ?

Évidemment chaton, tu crois que je vais le laisser crever comme ça ton père ? … Oh merci Ollie de veiller sur lui, c’est super de ta part et woah tu conduis super bien avec une seule main … Eh gamine, le regard de la mort qui tue, tu le gardes pour tes clients boutonneux. Tu peux être sa gosse, je peux te foutre une raclée, aussi mignonne sois-tu... Tu vois, c’est mieux. Ton père est vivant, il a eu une longue intervention mais il est vivant. Il a besoin de repos, alors va pas l’emmerder avec tes conneries d’ado, d’accord ?

India resta silencieuse, fixant la route pour ne pas réagir face à cette femme qu’elle méprisait. Le reste du chemin fut silencieux et sans grabuge. Les Prayers surveillaient leur territoire, mais la voiture de la rouquine passait sans encombre, personne ne l’arrêtait, certains hochaient même de la tête lorsque la voiture était à l’arrêt. Elle se gara non loin de la Zone 33, passant par une porte dérobée pour éviter de croiser d’autres personnes. Et il n’y eut personne sur ce cours trajet où les talons entonnoirs claquaient sur le sol. Olivia frappa à une porte, attendit la réponse avant de l’ouvrir.

Allez entre, lui dit-elle en lui faisant un signe de la tête, s’assurant d’un coup d’œil que tout allait bien pour son patron. Je reste pas loin si vous avez besoin.

India entra dans la pièce pour y découvrir un bureau impeccable ainsi que dans le coin, un espace salon où son père était assis, perfusion branchée. La fatigue se lisait sur son visage, sur son corps. Il n’était qu’au lendemain de cet accident et il était déjà debout. Erreur. Son regard s’arrêta sur lui alors que la porte se ferma silencieusement. Sans un mot, elle fit quelques pas dans la pièce, se rapprochant du salon, mais restant à distance.

C’est … Commença-t-elle à dire en termina son observation. Presque chaleureux ici.

Sa voix était enrouée, coincée par les émotions qui voulaient sortir. Mâchoire crispée, corps tendu, ses yeux verts se reposèrent sur lui, constatant de plus près de son état. Un sale état.

Tu ne devrais pas être là, tu devrais être allongé.

Malgré l’autorité de ses mots, il n’en était rien. Ce n’était qu’un murmure étouffé. La culpabilité, la peur, la colère faisaient leur grand retour et elle n’avait pas les armes pour faire face. Et au lieu de briser la distance des deux derniers mètres qui le séparaient de lui, elle resta droite comme un piquet, en apnée. Son père avait failli mourir, lui aussi. Et ce ne serait pas la dernière tentative. Il était 17h02, elle était enfin là.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyMar 14 Juin - 20:05


crushed


Un vrombissement satura à nouveau son ouïe. Une sorte de galop mécanique, implacable, duquel se détachait de plus en plus nettement un sifflement aigu. Pris d’un vertige, Aaron s’enfonça dans le canapé, cherchant dans cette assise à conserver un équilibre menacé. L’étourdissement fut tenace et long. Sa vision s’était constellée de petites tâches noires, et d’autres luminescentes. Quelques secondes, il perdit tout contact avec la réalité, n’étant plus qu’une étrange sensation. A l’orée de l’inconscience, son sentiment d’exister s’estompa et son ego se tut un instant. La confusion infiltra ses pensées, les désintégrant pour mieux l’abandonner à cette impression de disparition. Puis ses muscles se contractèrent sous l’effet de spasmes légers. Comme si sa chair essayait de retenir son âme. Une fine pellicule de sueur fit briller sa peau blanchie par la fatigue. De Caneva lui avait martelé qu’il n’était pas en état de se lever. Le choc et l’opération étaient bien trop récents pour qu’il mette ainsi son corps en action, d’autant que chaque mouvement réveillait une vive douleur au niveau de ses côtes et de ses cervicales. Il allait devoir se ménager, l’avait averti le Docteur, d’un ton réprobateur. Or, Aaron n’avait pu y consentir. Il refusait d’accepter la réalité de cette tentative d’assassinat. Alors, il s’efforçait à croire et faire croire que la situation était normale, que son état n’était pas plus inquiétant que s’il avait chuté d’un trottoir.

Et puis, il y avait quelque chose de pervers dans cette douleur qui irradiait de tout son corps, malgré l’engourdissement des barbituriques. Cela faisait longtemps que le narcotrafiquant ne s’était pas autant senti. Il avait cultivé depuis des années une tendance à la dissociation, coupant ses pensées et de ses émotions. Il pouvait ainsi se présenter comme monolithique, imperturbable et insondable. Seules India et Lily étaient parvenues à froisser ce visage lisse qu’il arborait avec tant de maîtrise ; et toutes deux étaient sorties de sa vie l’année dernière. Incapable d’accepter le deuil de ses séparations, Aaron s’était retranché derrière la raison, se rabâchant que ces éloignements étaient pour le mieux. Et il avait réussi à croire à ses mensonges, et à alors mener une vie apathique. Mais cette douleur psychique qu’elle s’acharnait à masquer n’avait rien à voir avec celle physique. La puissance de cette dernière n’offrait aucune possibilité de méconnaissance de soi et de son corps. Il se sentait exister. Il était là. Du moins, jusqu’à ce que la douleur l’emporte, gommant alors les contours de sa psyché et l’extrayant de la réalité, son cerveau n’en pouvant plus d’endurer la souffrance de la chair.

Aaron traversait des états de conscience étranges depuis plus de vingt-quatre heures. Et bien qu’il ne fût absolument pas en capacité de gérer son empire, il n’en éprouvait aucune angoisse ni honte. Son ego se taisait, et ce silence était apaisant. Plus rien n’avait d’importance face à la puissance de la souffrance. Il s’en remettait donc à ce rien, à cette absence à lui-même.
Sans qu’il ne s’en rende compte, Phillmore s’était allongé sur le canapé afin de stabiliser son environnement. Le regard braqué sur le plafond, ses yeux couraient le long des poutres en acier apparentes. Il finit par y voir des lignes de vie, de multiples trajectoires qui, parallèles, ne se rencontreraient jamais alors qu’elles soutenaient un même poids, commun à toutes. L’envie d’une métaphore avec Downfall l’effleura mais ne put aboutir, interrompue par le bruit de pas dans le couloir. Aaron reconnut la démarche d’Olivia, et surtout celle d’India. Elle avait accepté de suivre la Prayer et de venir. Elle était là.
Le narcotrafiquant se redressa, non sans sentir la fatigue mordre ses muscles meurtris. Son souffle se brisa lorsque l’effort demandé s’empara de ses côtes cassées. Ignorant la douleur, il voulut se lever mais ses jambes refusèrent d’exécuter cet ordre. Et India parut dans son bureau.

L’angoisse perfora l’état second dans lequel il était depuis trois-quarts d’heure. Une impression de panique commença même à gagner sa psyché tandis que sa fille observait l’environnement de travail de son père. Elle aussi avait envie de faire comme si de rien n’était. Parce qu’elle aussi savait que cette rencontre n’avait rien de normal, mais elle ne voulait pas se laisser surprendre, ou du moins trahir la moindre émotion.
Sidéré par la violence de ces retrouvailles, Aaron demeura silencieux. De toute façon, il ne savait pas quoi lui répondre. Devait-il être là ? Devait-il être allongé ? Ou mort ? Le bruit de l’impact du fourgon contre la voiture inonda brutalement son ouïe. Aaron porta mécaniquement une main à son oreille, et ses doigts effleurèrent les bouts de verre qui l’avaient entaill… non, son pansement. Il était là, dans son bureau. India aussi était là. Dans son bureau. Quelque peu hébété, il parvint à articuler après avoir accroché son regard à la silhouette de sa fille : « J’avais besoin de te voir… » Sa voix était abîmée, éraillée par les traumas des dernières heures. « Merci… Merci d’être venue. »


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India Phillmore
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptySam 18 Juin - 18:59


crushed


La pièce n’avait rien de chaleureux. C’était un bureau, un de ces endroits témoins qui apportaient l’impression d’une probable productivité tout en déversant la richesse de son possesseur par une décoration sobre mais pourtant chère. À l’image de celui à Palos Verdes où elle n’avait pas le droit d’entrer, se faufilant petite, amusée et filant à toute vitesse lorsque son père la débusquait, riant d’un de ses rires cristallins que la naïve enfant, qu’elle était, avait eu. A l’époque.

Découvrir ainsi son père la coupa dans sa démarche, feignant l’observation du lieu pour se ressaisir. India était irrémédiablement renvoyée à des années en arrière où elle l’avait découverte à moitié inconscient dans le couloir de leur appartement ou lorsqu’il avait débarqué au dispensaire après sa rencontre avec Mai Ishita. La violence du choc était là, assez forte pour l’obliger à regarder ailleurs. Elle s’était rapprochée de lui, prenant une inspiration pour poser ses yeux verts sur sa personne. Son visage avait des égratignures, ses traits étaient épuisés malgré les heures de sommeil obligatoire lié à l’anesthésie. Sa posture était tordue, lasse. Elle leva les yeux sur la potence pour y voir des antalgiques posés et seule la curiosité la fit approcher d’un pas pour y lire le Pallier 2 qui y était inscrit. Revenant sur lui, la jeune femme put voir qu’il ramenait une main à son oreille, là où il y avait des strips pour fermer les coupures sur son visage. Son père ne semblait pas l’avoir écoutée. Les résidus de l’anesthésie, un autre antalgique plus fort pour le mettre dans cet état ? Nouvelle inspiration pour tenter d’apaiser son cœur qui battait à tout rompre, nouvelle déglutition qui ne passait par cette trachée comprimée. Elle ne laissait rien paraître malgré une mâchoire crispée.

Les mots qui sortirent de la bouche de son paternel affaiblirent la barrière qu’elle avait mise face à lui. Ses yeux tremblèrent, la déglutition était tout bonnement impossible à ce stade. Cette voix abîmée, fatiguée. Elle n’oubliait pas les dernières fois et la peur sous-jacente de le perdre. Malgré cette conviction de vouloir l’éloigner pour ne pas souffrir. Un remerciement qui fit claquer sa langue. Elle lui répondit mais sa voix n’ayant pas la prestance des dernières fois. Grave, elle était émue mais la jeune Phillmore cherchait encore à avoir la tête haute.

Je ne plaisante pas, j’aimerais que tu ailles te recoucher. S’il te plaît.

Seulement son père semblait bien décidé à rester là où il était. Elle croisa les bras, soupirant face à cet entêtement. Au moins, elle savait de qui elle tenait ce trait de caractère.

C’est simple, si tu ne t’allonges pas dans un lit - et j’accepte à la limite ce maudit canapé - je m’en vais, tu ne me revois plus jamais et tu pourras m’appeler tant que tu veux, ce sera terminé. Si tu n’es pas capable d’obéir pour rester en vie, je ne peux rien pour toi.

Seulement, India n’avait pas envie de partir. Il ne céda pas du terrain et elle n’eut pas d’autres choix que prendre la direction de la sortie, l’ouvrant, découvrant Olivia assise en face, les bras en l’air comme si elle jouait de la batterie dans le vide. Elle ferma la porte derrière elle, s’appuyant dessus.

De l’eau. Deux bouteilles. murmura-t-elle d'une voix cassée.

Prise sur le fait, la rouquine la toisa un instant du regard avant de se lever, faire quelques pas dans sa direction pour céder à cette demande. La Prayer disparut dans une des pièces avoisinantes, revenant avec deux bouteilles fraîches une minute plus tard, juste le temps pour retrouver son souffle, essuyer les larmes qui perlaient, retrouver un souffle correct. Ses ongles s’étaient enfoncés dans les paumes de sa main, ramenant la douleur à quelque chose de physique, palpable. Elle resta quelques instants derrière la porte, nouvelle inspiration avant de rentrer comme si de rien n’était. India se rapprocha à nouveau, lui tendant une des deux bouteilles qu’elle avait en partie débouchonnée.

Peut-être accepteras-tu de boire ou comptes-tu n’en faire qu’à ta tête ?

L'émotion était toujours malgré le maigre espoir de l'avoir laissée derrière la porte.


___________
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Dernière édition par India Phillmore le Jeu 30 Juin - 10:42, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 26 Juin - 18:49


crushed


Il touchait aux limites de sa volonté. Son corps et sa psyché ne lui appartenaient plus vraiment. Ils échappaient à son contrôle, lui imposant des sensations et pensées qu’il ne pouvait que subir. Le choc était encore présent, dans les moindres recoins de sa chair et de son esprit. Les barbituriques lui permettaient d’observer, indifférent, les impressions et réflexions qui le traversaient. La raison s’était retirée, dénouant les nœuds de la logique pour des pensées plus sinueuses, qui s’écoulaient en un fil associatif à la cohérence douteuse. Il lui était impossible de rester concentré. Et la notion de temporalité n’en était que plus volatile.

Aaron toisa sa fille, le regard voilé d’un malaise. Son cœur frappait lourdement dans sa poitrine, le contraignant à des inspirations de plus en plus brèves, saccadées et douloureuses. La bouche pâteuse, il ignorait s’il avait pensé ses mots ou s’il les avait articulés. Face à lui, India observait l’environnement de travail de son père, ses yeux parcourant le mobilier sans réel intérêt. Puis elle daigna poser son regard sur lui. Ou ce qu’il en restait. Le narcotrafiquant n’était que l’ombre de lui-même, car renvoyé à son implacable humanité et mortalité. Il n’avait rien du colosse qu’il s’était évertué à sculpter à même sa chair. Il avait perdu toute sa puissance, n’étant qu’un mort en sursis.
Sa fille s’approcha d’un pas prudent, suscitant un espoir chez son père. Or, elle s’immobilisa face au sac de perfusion et en vérifia le contenu ainsi que son dosage. Aaron la fixait, s’accrochant à son image, tant il avait l’impression qu’elle était fugace. Il sentait sa fébrilité, et avec elle, le risque qu’elle fuit. Après tout, elle avait eu la confirmation qu’il était bien en vie. Attendait-elle autre chose de cette rencontre ?
Puis, d’une voix qu’elle voulait forte, India lui demanda d’aller se recoucher. Malgré l’inflexion péremptoire de son ton, subsistait une pointe de vulnérabilité qui l’enjoignit d’ailleurs à basculer du côté d’une brève supplication. Aaron répondit par un vague signe de la main que tout allait et irait bien, qu’il pouvait rester ainsi le temps de leur entrevue. De toute façon, il n’était pas certain de pouvoir se lever. Ses jambes conservaient une sorte d’indépendance vis-à-vis de sa volonté, et l’obligeaient à rester assis.
La jeune femme durcit le ton, et exigea qu’il s’allonge au moins sur le canapé. Elle usa alors de chantage et négocia sa présence à ses côtés. S’il ne consentait pas à obéir, elle disparaitrait. Elle conclut son avertissement en lui rappelant qu’elle ne le regarderait pas crever. Aaron fronça les sourcils, à nouveau gagné par la sidération. Il ne comprenait pas pourquoi elle donnait à sa station un tel enjeu. La voix empâtée par la fatigue, il répondit : « Tout va bien India, ça va all… » Sa fille quitta la pièce, sans même lui adresser un dernier regard. Une impulsion gagna enfin les jambes du Prayer qui parvint enfin à se lever. Aussitôt pris d’un vertige, il chercha l’appui secourable d’un mur. Aaron réalisa alors qu’il n’était pas capable de retenir sa fille, ni par les mots, ni par les actes. Il aurait tout donné pour pouvoir accourir derrière elle, et la prendre dans ses bras, dans une puissante étreinte. Mais il tenait à peine debout. Il était trop faible.
Il revint alors péniblement sur le canapé. Ne pouvant se pencher en avant pour se recroqueviller sur lui-même, dans un simulacre d’auto-contenance, le Prayer s’enfonça dans l’assise, et utilisa l’accoudoir pour élever sa main jusqu’à son front. Les yeux clos, il se massa les tempes. Les contours de la réalité disparurent un instant, le plongeant dans l’obscurité de sa psyché où rien advenait, la dose de sédatif ne lui autorisant qu’un contact ténu avec ses émotions. Il se sentait si inconsistant. En ces instants, il ne possédait plus aucune contenance. Il ne maitrisait plus rien.

Trop épuisé pour sursauter, Aaron fut néanmoins surpris par la réapparition d’India au sein de son bureau. Il fixa la bouteille qu’elle lui tendait puis la saisit, acquiesçant à la requête qu’elle lui formulait. Boire fut plus mal aisé qu’il ne l’aurait pensé. Ses gestes étaient maladroits et il dut avaler un filet d’eau trop épais. Une toux expectorante le domina aussitôt. La douleur déchira son poumon abîmé, tandis qu’il tentait de calmer ses toussotements.
Quand il put reprendre le contrôle de son souffle, il posa un regard meurtri sur sa fille et s’excusa : « Je suis désolé de… de t’imposer tout ça. »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyJeu 30 Juin - 12:52


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Comment pouvait-il prétendre que tout irait bien après ce qui lui était arrivé ? Pourquoi se voilait-il ainsi la face ? India ne le laissa pas terminer, prenant la direction de la porte pour sortir du bureau, demandant à la Prayer assise non loin à boire. Un court répit pour remettre de l’ordre dans ses émotions qui remontaient à la surface. Lorsqu’elle parvint à retrouver un semblant de contenance, elle prit une profonde inspiration juste avant de retourner à l’intérieur. La jeune femme se rapprocha de cet espace détente où son père était assis, légèrement décalé de sa position initiale. Elle feint de ne pas avoir vu ce changement, dévissant l’une des bouteilles pour lui tendre. Une bonne hydratation permettrait d’éliminer l’anesthésie et tous les produits qu’ils lui avaient injecté. Il ne rechigna pas à l’idée de boire, attrapant la bouteille pour en boire une gorgée. Gorgée qui fut plus compliquée que prévu.

Il se mit à tousser d’une toux encombrée, grasse, marquant son visage d’une vive douleur. India récupéra la bouteille qu’elle posa à côté de la seconde pour se rapprocher et poser une main dans son dos, lui donnant les conseils qu’elle avait lu et appris, il y a longtemps. Lorsque cette toux se calma, elle réalisa son geste, cette main posée dans son dos en soutien, la seconde ayant attrapé l’une des siennes, pour qu’il la serre lorsque la douleur était trop intense. Son père leva son regard endolori sur elle et s’excusa. La jeune Phillmore le regarda de sa hauteur pour y lire cette sincérité, cette fragilité qu’il l’habitait à cet instant, sans barrière. Elle resta ainsi, sans bouger, accueillant avec pudeur l’intensité du moment, sentant à nouveau sa gorge se serrer, sa vision se troubler.

Je sais… Murmura-t-elle simplement glissant sa main de son dos pour l’enlever, venant s’asseoir à ses côtés, sans lâcher ce lien qui les liait de l’autre main, proche de lui pour qu’elles soient entre eux. Je sais…

Que pouvait-elle lui dire de plus ? Qu’il avait raison de s’excuser ? Si la jeune femme avait choisi de s’éloigner de lui, c’était dans l’espoir de s’éviter de se sentir perdre pied comme elle avait pu l’être en apprenant l’attaque. Un silence s’installa où ils pouvaient entendre dans le couloir quelques voix qui passaient par là, simplement de passage avant de s’éteindre à mesure qu’ils s’éloignaient. Pendant un instant, elle eut l’impression fugace de ressentir qu’était n’était plus seule, qu’ils n’auraient plus qu’à allumer une télé pour regarder une de ces bêtises qui y passaient, avec insouciance. Père et fille. Mais la réalité la ramenait sur terre. Elle donna une légère pression de la main avant de lui demander :

Que vas-tu faire maintenant ?

Question large, bien qu’elle ait en tête la réponse à cette attaque. Si les Rats étaient à l’origine de l’attaque, elle ne sera pas la dernière.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyLun 11 Juil - 18:09


crushed


Il ne pouvait accepter la situation telle qu’elle était. Il ne pouvait consentir à cet aveu d’impuissance, pour la simple et bonne raison que concéder sa vulnérabilité n’influencerait en rien ce qu’il se passait et ce qui adviendrait ici bas, à Downfall. Le principe de réalité n’avait que faire de son affaiblissement : les choses se dérouleraient comme elles le devaient, tout simplement parce qu’il n’en maitrisait pas grand-chose. Tout ce qu’il avait créé lui succèderaient, changeant éventuellement de forme afin d’évoluer, dans une continuité qui ne saurait subir la moindre rupture. Sa fin à lui ne serait pas la fin du monde. Les choses étaient ainsi faites. C’était pour cela qu’Aaron prétendait que tout allait bien, car le seul endroit où un drame était survenu était leur psyché. Or, chacun en avait barricadé l’accès, aux autres et à eux-mêmes, afin d’éviter de confondre les injonctions du réel et du rationnel avec celles de leur imaginaire et de leur émotionnel. Ils pensaient ainsi s’assurer le contrôle de la réalité et de ses aléas, car inébranlables.
Alors, père et fille tentaient d’émousser cette émotion qui tentait de crever la cuirasse d’orgueil sous laquelle ils s’étaient recroquevillés. Ils iraient jusqu’à fuir pour ne pas s’y confronter. Et tandis qu’Aaron se laissait aller à l’engourdissement des sédatifs, India se retira, non sans avoir conditionné sa présence à ses côtés, exigeant de lui une obéissance par laquelle elle espérait certainement maitriser quelque chose de cette situation.

Finalement, sa fille réapparut, le visage tiré par l’agacement. Elle lui tendit une bouteille d’eau et l’enjoignit à boire. Le Prayer obéit cette fois-ci, au prix d’une quinte de toux qui raviva toutes les douleurs de sa chair. Pantin secoué de spasmes, il parvint toutefois à maitriser son étouffement au gré des indications calmement dispensées par India. Et ce fut qu’après avoir repris le contrôle de sa respiration qu’il sentit le contact de la main de sa fille dans son dos et réalisa que sa seconde main s’était nichée dans la sienne. Son cœur se comprima douloureusement dans sa poitrine tandis qu'il déglutit un maigre filet de salive.
Puis, le regard embué par la douleur – qu’elle fut due à la toux ou à l’émotion de l’instant -, Aaron observa la jeune femme qui était encore à ses côtés. Il s’excusa d’une voix marquée par l’épuisement, car tout à fait conscient que ces choix avaient une influence sur la vie de sa fille. Ce qu’elle lui avait plus d’une fois reproché avant de finalement prendre ses distances pour sortir de cette emprise qui les aliénait l’un à l’autre. Pourtant, à cet instant, il aurait tout donné pour que jamais le contact de leur peau ne se rompe à nouveau.
India prit place à côté de lui sur le canapé, et tous deux s’offrirent un silence nécessaire, si caractéristique de leur relation. Ils n’avaient jamais su se parler, se prenant les pieds dans les mots ou les envoyant en pleine gueule. Pourtant, Aaron demeurait convaincu qu’au fond, ils se comprenaient. Ils avaient l’intelligence suffisante pour imaginer les enjeux qui guidaient et cintraient l’existence de l’autre. Il leur manquait juste la reconnaissance de leur propre impuissance à pouvoir changer l’autre. Bien qu’au fond, tout bien considéré, c’était à lui de changer certaines choses s’il espérait que sa fille aille mieux. En tout cas, c’était comme ça qu’elle le lui avait présenté.

D’une légère pression de la main, India le ramena à l’instant présent, lui demandant ce qu’il allait faire maintenant. « Dans l’immédiat, rien. » Le narcotrafiquant n’était pas en capacité de faire quoique ce soit de toute façon. C’étaient ses hommes qui agiraient, qui débusqueraient les Rats et obtiendraient vengeance. « Je ne ferai rien, hormis me soigner. Mais le cartel répondra » choisit-il d’ajouter, afin de préciser sa posture. Son regard s’était perdu sur le mur qui leur faisait face. Il ramena alors son attention sur sa fille, et demanda à son tour : « Et toi ? » Aaron laissa la question volontairement ouverte, donnant toute la latitude à India de répondre par des banalités ou de préciser ses éventuels plans de vengeance.

Il attendit qu’elle lui répondre avant de poursuivre par une autre question, décentrée de l’évènement qui les avait réunis : « Je sais que le moment n’est pas très bien choisi mais as-tu besoin de quoique ce soit ? » Cela faisait près d’un an que sa fille le maintenait à distance de sa vie. Et dans cette configuration qu’elle avait choisie, il la savait bien trop orgueilleuse pour venir lui quémander quoique ce soit, de l’argent comme un service. Alors il saisit l’occasion, certes maladroitement, pour lui rappeler qu’il était là pour elle.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 24 Juil - 14:11


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Le voir ainsi, au plus mal, déstabilisait la jeune femme. État de faiblesse, il n'avait rien montré lorsque sa main avait été brisée par Mai Ishita, à l'inverse de cette fois où l'infection avait failli le tuer. Elle l'aida à calmer cette toux qui devait lui déchirer les poumons, trouvant sa place à ses côtés, assise en silence. Puis, alors que ce silence devenait trop pesant après un an sans s'être vu, elle lui demanda ce qu'il comptait faire. La réponse vint rapidement. Lui n'agirait pas, ses hommes traqueront pour lui ces Rats qui l'avaient attaqué. Et il ne doutait pas qu'ils les retrouvent. Elle ne doutait pas qu'elle recevrait sûrement un coup de fil si leur contact ne leur permettait pas cette traque. Il comptait se soigner mais ne laisserait pas impunie cette attaque. India tourna la tête vers lui, toujours droite dans ce canapé, sa main contre la sienne. Vint en retour la même question.

Je ne chercherai pas t'en empêcher. Mais je te déconseille d'agir. Ne leur donne pas une raison de vous faire la guerre.

Elle serait la première à vouloir blesser ceux qui avaient cherché à atteindre son père. Pourquoi le déconseiller alors ? Parce que cela voudrait dire qu'il a été touché par cette attaque, la vengeance était un acte émotionnel. Cela ne devait pas rester impuni mais la vengeance pour la vengeance n'amènerait toujours que plus de violence. Elle pensait également à son business. L'un comme l'autre serait aussi gratifiante mais les prix différents. Hermes serait gagnant dans cette histoire même s'il était préférable de penser en termes de temps. Plus longtemps les tensions existeraient, meilleur serait son profit. Les Rats n'avaient peut-être pas les moyens, ni les armes que possédaient les Prayers, ils étaient même moins nombreux mais ils avaient ce que personne n'avait dans ce cartel. Cette hargne. N'avaient-ils pas réussi à atteindre Cleveland ? N'avaient-ils pas coupé le courant électrique et les canalisations ? S'ils l'avaient voulu mort, ils auraient fini le travail d'une manière ou d'une autre. India voyait cela comme un avertissement. Un avertissement à ne pas prendre à la légère. Son père profita pour détourner le sujet en lui demandant si elle avait besoin de quelque chose. Maladroitement. Ses yeux verts restèrent quelques instants sur lui avant de se reposer sur leurs mains qui se liaient, sur ce qu'elle était capable de donner comme réconfort. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait cette réflexion. Une simple main. Un mouvement de tête lui donnait une idée de la réponse qu'elle allait lui donner :

Rien que tu ne puisses me donner dans cet état. Remets-toi, écoute ton médecin. Je n'aimerais pas devoir te forcer à aller chez moi pour m'assurer que tu arrêtes de n'en faire qu'à ta tête.

Elle releva la tête vers lui, un très discret sourire moqueur sur les lèvres qui s'effaça aussi rapidement qu'il n'était arrivé. Il lui vint une idée qui lui traversa l'esprit.

Enfin, peut-être que si … Tu peux faire quelque chose pour moi. Une librairie va s'ouvrir à Skid Row, j'aimerais que tes hommes la laissent tranquille. Qu'importe le prix.

India avait passé du temps en compagnie de Sohan, pour le surveiller, pour renforcer son lien avec lui, parvenant dans l'intimité à se relâcher, à rire et plaisanter, à être celle qu'elle n'offrait pas au monde. La librairie ouvrirait dans peu de temps, les préparatifs étaient fins prêts. Il avait bûché pendant neuf mois, ayant trouvé des petits boulots, fait des demandes pour être soutenus par la Mairie. La jeune femme l'avait aidé comme elle put et ne voulait pas qu'un membre du cartel ne vienne avec l'intention de faire pression sur lui. Elle était passée à l'appartement de Palos Verdes pour y récupérer tous les livres qu'elle avait pour les lui remettre. Deux cartons plein de romances légères, de cours scolaires. La jeune femme aurait le sentiment de contribuer à son projet. C'était son assurance qu'il repousserait au maximum sa rechute. Quitte à devoir payer le prix de sa tranquillité pour que les Prayers ne viennent pas faire leur commerce là-bas. Ils grignotaient petit à petit le quartier, ils finiraient par l'obtenir, même si la présence de Luka Gilmore semblait encore les éloigner.

Tu ne vas plus à l'appartement ? Lui demanda-t-elle simplement.

Quand elle était passée, elle avait eu l'impression qu'il n'y était pas passé depuis un moment. C'était peut-être seulement une impression. Une impression de vide.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyJeu 11 Aoû - 20:57


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India lui offrit finalement un cessez-le-feu. Confrontée à l’état dégradé de son père, elle ne semblait pas en capacité de maintenir cette rancœur et arrogance avec lesquelles elle s’acharnait pourtant à s’incarner depuis quelques années. Elle ne baissait pas pour autant sa garde, Aaron le savait. Sa fille contrôlait la discussion, dans un effort diplomatique familial qui trahissait néanmoins un besoin d’entendre son père parler de lui. La collusion entre le narcotrafiquant et le parent était à présent telle que tous deux étaient indissociables. Il avait eu beau tenter de cliver, des années durant, ces deux facettes de sa vie, aujourd’hui il réalisait qu’il s’était perdu, qu’ils s’étaient perdus, dans ce jeu de dupes. Les mensonges usuels s’étaient dissipés, ce jour où il lui avait révélé qui il était vraiment. Et leur relation avait alors basculé dans quelque chose de plus vrai et abrupte. Aaron ne doutait pas qu’India lui en voulait encore pour cette trahison. Pourtant, tous les moments qu’il avait passé avec elle avant cet aveu avaient été tout aussi vrais. Être un narcotrafiquant ne l’empêchait pas d’apprécier de regarder un film avec elle, ou encore de l’amener dans une pâtisserie prendre un goûter. Cette dichotomie semblait avoir été longtemps insurmontable pour la jeune femme. A présent, ce conflit s’était apaisé, même si à certains moments, elle ne s’adressait pas à lui de la même façon en fonction de si elle voyait le père ou le trafiquant de drogues.
Enfin, tout cela n’étaient que des hypothèses qu’Aaron s’était forgé au cours de longues nuits d’insomnie, où, confronté à la vacuité de son existence, il repensait aux regards qui, en se posant sur lui, lui donnait une consistance. Cette reconnaissance, qu’elle soit positive ou négative, était au final le seul moyen d’apercevoir l’homme qu’il était.

Côte à côte, père et fille entamèrent un bout de discussion. India lui demanda ce qu’il comptait faire suite à cette attaque, et Aaron lui répondit qu’il ne tenterait rien directement, mais que son organisation répondrait. Il lui retourna la question, tout en laissant une ouverture assez évasive si besoin. La jeune femme ne dit rien de ses intentions, si ce n’était qu’elle désapprouvait le positionnement de son père. Le Prayer accusa un bref et douloureux soupir. « Ils nous ont déjà déclaré la guerre. Nous faisons partie des « oppresseurs » de cette ville ; « oppresseurs » qu’ils feront tomber afin de libérer Downfall de l’injustice… » Il paraphrasait les revendications du groupuscule. « Ils ont déjà trouvé des raisons valables pour nous attaquer. En répondant à cette… agression, nous alimenterons leur jeu, j’en ai conscience. Mais nous abstenir de toute réaction ne fera pas faiblir leur volonté de voir le cartel tomber ». Toute perspective diplomatique était perdue. « On en peut pas négocier avec quelqu’un qui veut t’anéantir ».

Le débat n’était peut-être pas clos entre père et fille, mais Aaron profita de cet échange pour demander à la jeune femme si elle avait besoin de quoique ce soit. Cynique, elle lui rappela qu’elle n’attendait rien de lui dans cet état, si ce n’était qu’il se soigne. Le Prayer lui rendit son bref sourire, et parvint à le conserver quelques secondes. Finalement, India émit un souhait : elle ne voulait pas que le cartel ennuie un libraire de Skid Row. Aaron fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas le fondement de cette exigence. « Quand nous nous étendons, nous visons des points névralgiques de contrôle. Nous n’asservissons pas toute la population… Dans tous les cas, excepté si cette personne cause significativement du tort au cartel, je n’aurai que faire de son existence ». Son mépris risquait d’agacer India, mais en même temps, il était le signe de son désintérêt. Et c’était bien ce que sa fille voulait : qu’il ignore cette librairie.

Puis, sans trop comprendre comment ils en vinrent à ce sujet, Aaron répondit, d’une voix qui avait perdu de son aplomb : « Non. Je… je n’y vois plus le sens d’y aller. Mais je n’arrive pas pour autant à me résoudre à le vendre. Je pensais, peut-être, à te le céder, que l’acte de propriété soit à ton nom. Tu pourras en faire ce que tu veux : le louer, le vendre, t’y installer… » La bouche sèche, il but une nouvelle gorgée, avec prudence. L’empâtement des sédatifs et barbituriques se dissipait, lui permettant de s’inscrire avec plus de vigueur dans l’instant présent, mais au prix du réveil de multiples douleurs. « Tu as toujours ton appartement dans le Watts ? »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 4 Sep - 18:09


crushed



Cela semblait inévitable pour le Prayer. Une vengeance en bonne et due forme. Nécessaire pour asseoir leur position, pour ne montrer aucune faiblesse. Il pointa du doigt les accusations faites par les Rats, ces hypocrites qu'elle avait côtoyé lorsqu'elle s'était engagée auprès des Unbrokens, pensant pouvoir faire quelque chose pour sortir Downfall de cette misère. Pourtant son père avait conscience de ses actes et voyait l'échiquier parfaitement. Avait-il seulement besoin d'un regard neuf ? India garda le silence quelques instants, réfléchissant à ses mots, ne cherchant pas, comme une solution, la diplomatie mais ne voulant pas lui donner de stratégie pour autant. La jeune femme voulait seulement savoir son père en sécurité malgré le métier, malgré cette prise de conscience depuis de nombreuses années qu'il finirait par mourir. Et ce ne serait pas de vieillesse.

Tu peux agir différemment, finit-elle par lui dire calmement. Ne pas utiliser le terrain qu'ils t'imposent.

L'art de la guerre. Choisir son terrain, choisir sa façon de combattre pour être sûr d'être le vainqueur. Il y avait assez de morts inutiles. Une partie d'India les voulait mort, aucun doute la dessus et elle faisait taire la petite fille en elle qui voulait que son père soit protégé. Il fallait frapper les Rats là où cela pourrait faire mal. Leur idéologie, ce qu'ils représentent, donner peu de crédit à leur action pour qu'ils s'effondrent sur eux même tel un château de cartes. Une seule suffisait. Mais laquelle ?

Le vieux Phillmore préféra partir sur un autre sujet, plus léger. Qu'avait-elle besoin ? Simplement de le savoir bien, imaginant mal l'éventualité de le forcer à rester chez elle le temps d'un repos. Elle pensa à son demi-frère, victime du trafic de son père qui lui apportait facilement ces mondes colorés. Elle pensa à son projet de librairie dans lequel il avait mis du cœur à la tâche. Son père se montra froid et détaché face à cette demande ce qui agaça effectivement la jeune femme. Non pas à cause de son attitude mais bien de ses paroles. Il ne devait pas toucher à Skid Row. Ce quartier de misère.

Le Fight Club alors que tu ne devais pas t'installer à Skid Row, lâcha-t-elle sèchement. Mais je ne veux pas avoir cette conversation avec toi. Pas maintenant. Pas dans ton état.

Elle ne reviendrait pas dessus, car il était évident qu'il avait bien des intentions sur le quartier. Mais elle n'attaquera pas un homme à terre. Sans tous ses moyens. D'une certaine manière, elle ne s'attaquera pas à son père. Quant au trafiquant, l'homme qu'il était aussi, elle lui laisserait le temps nécessaire pour se remettre, car la jeune Phillmore était trop imbue de sa personne, pensant que rien ne pourrait l'arrêter ni même son père. Alors India préféra reprendre en lui parlant de l'appartement à Palos Verdes. La réponse vint, plus pesante comme s'il relâchait la tension. Aaron n'y allait plus et avait réfléchi à lui léguer, n'arrivant pas à le vendre. Il y avait là une certaine nostalgie. L'idée troubla la jeune femme car cette éventualité ne lui avait jamais traversé l'esprit. Elle avait coupé le cordon de ses deux entités qui la ramenait à son enfance, à son innocence. Et malgré tout, l'envie d'y retourner ne s'était jamais effacée. India préféra marquer de l'indifférence plutôt que d'accepter même si une partie d'elle était touchée.

Oui, ça fera bientôt un an, répondit-elle après sa question. Le temps passe vite.

Un an qu'elle venait d'emménager, un an qu'elle avait récupéré ses dernières affaires là-bas, un an qu'elle avait préféré s'éloigner de lui pour cette situation qu'ils vivaient. Et malgré l'éloignement, elle était venue sans hésiter.

Chacha aura bien besoin de plus d'espace pour se dégourdir les jambes mais je ne pense pas qu'une simple serveuse avec un appartement à Palos Verdes soit crédible . Les gens parlent.

Et les gens qui parlaient, c'était son business.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 11 Sep - 19:02


crushed


C’était par respect qu’il lui accordait cette discussion, celle qui concernait les Rats et le positionnement du cartel. Bien que l’ennemi du groupuscule extrémiste n’ait jamais été le père - et seulement le baron de la drogue downfallien -, Aaron comprenait le besoin de sa fille de savoir comment il comptait répondre à l’attaque subie. Pour autant, il ne souhaitait pas la mêler aux affaires de son organisation, et y concédait uniquement parce que la contiguïté entre les identité de parent et de narcotrafiquant était en cet instant trop forte pour être dissociées.
À la suite de la réponse de son père, India garda le silence un instant, considérant certainement plusieurs options pour ne finalement l’enjoindre qu’à une seule : agir différemment et ne pas utiliser le terrain qu’ils lui imposaient. Aaron saisit la référence, et coula d’ailleurs un regard sur l’ouvrage qui trônait sur l’étagère fixée à proximité de l’espace salon. Vu la puissance de frappe du cartel, la violence était un terrain sur lequel les Prayers of Insanity pouvaient gagner. Plus que celui de l’idéologie. Pourtant, il se doutait que c’était bien là qu’India lui proposait d’attaquer. Accusant un bref soupir trahissant un sentiment d’impuissance, Phillmore se tut, gardant ce que lui inspirait cet échange pour une discussion prochaine avec Livia, une interlocutrice appropriée pour tenter de penser et solutionner le problème des Rats.

Aaron combla le silence qui aurait aimé s’installer et ouvrit une autre discussion ; une discussion qui concernait un parent et son enfant, et non plus le narcotrafiquant et son héritière. Enfin, c’était ce qu’il aurait souhaité. Pourtant, India détourna sa question pour exiger quelque chose du narcotrafiquant : que le cartel reste à distance d’une librairie qui s’était ouverte à Skid Row. Quand il lui assura de son désintérêt, sa fille répliqua sèchement, pointant l’annexion du Fight Club comme un premier pas auquel succèderaient d’autres. Elle ne lui laissa pas l’opportunité de se défendre et clôtura brutalement le sujet, en invoquant son état de santé. Le Prayer ne lui rappela donc pas que cet endroit était anciennement un repère de Baneshadows et qu’il était donc important de le contrôler et de le revendiquer sous annexion des Prayers of Insanity.

Aaron lui laissait donc la maitrise de cet échange, d’autant que la fatigue amenuisait l’acuité de ses réflexions. India lui demanda s’il se rendait encore à l’appartement, au moyen d’une tournure négative qui indiquait qu’elle se doutait de la réponse. Son père confirma son hypothèse, justifiant sa disparition des lieux en raison d’une perte de sens à y paraître. Cet appartement était le leur, celui du bout de vie qu’ils avaient pu et su partager. Il était celui d’un père et de sa fille. Le narcotrafiquant n’avait rien à y faire, si ce n’était s’y mentir. Incapable de renoncer aux souvenirs qui avaient imprégné les murs, Aaron l’avait toutefois conservé, bien qu’il n’y eût pas dormi depuis plus d’une année. Il ne pouvait se résoudre à le vendre et préférer le léguer à sa fille. La jeune femme éluda sa proposition, et ne reprit la parole que pour évoquer son emménagement dans le Watts. Elle lui rappela aussi que le temps passait vite. Aaron accusa un soupir sonore, sentant le poids de quarante années s’abattre sur lui. Certaines choses lui semblaient si proches, et d’autres si lointaines…
Non sans cynisme, India revint alors sur sa proposition de lègue. Elle mit en avant les besoins d’espace de son chat, mais contrebalança la pertinence de cette opportunité immobilière en termes de cohérence avec le personnage qu’elle s’était créé. Un sourire amusé parvint à fendre brièvement le visage du Prayer.

Ils auraient pu en rester là. Mais cette sensation qui l’animait depuis déjà quelques années se faisait trop pressante pour demeurer tue. « India, J’ai parfois l’impression que tu me considères comme un ennemi… » dit-il, conscient de sa lâcheté. Parce qu’il espérait, qu’à ainsi le voir affaibli - sa mortalité rarement aussi apparente -, elle n’oserait pas fuir et lui donnerait peut-être une réponse.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 18 Sep - 13:12


crushed


La jeune femme clôturait les sujets, ne donnant pas la peine à son père de répondre, ni de se défendre face à ces attaques. Elle ne voulait pas l'entendre argumenter qu'il y avait un bien-fondé derrière tout cela. Elle ne voulait pas fermer la porte qu'il avait ouverte en demandant sa présence ici. Pas aussi rapidement. Non, India savait qu'elle avait raison, n'avait pas besoin de plus, toute réponse la conforterait. La jeune Phillmore décida de tenir un pan de la conversation sous son contrôle, revenant sur cet appartement où elle avait grandi, ou ils avaient vécu de bons comme de terribles moments. Elle y avait mis les pieds récemment pour récupérer quelques cartons de livres pour la bibliothèque de Sohan, n'ayant pas la place dans son appartement pour y mettre une étagère. Une étagère murale aurait pu être installer, mais il faudrait demander de l'aide pour faire des trous et il était hors de question qu'elle demande à ses voisins. Ne plus répéter la même histoire.

Alors toujours bien assise dans le fauteuil, droite, un peu raide, les deux pieds ancrés dans le sol, ses escarpins à l'arrière rouges ne bougeaient pas d'une semelle. Ses yeux se posèrent sur la grande bibliothèque en face d'elle alors qu'elle constatait avec une certaine surprise que cela faisait presque un an qu'elle avait emménagé dans cet appartement. Un an où il s'était passé de nombreuses choses dans sa vie. Un an sans voir son père. Un soupir s'échappa des lèvres de son paternel, donnant à la jeune femme le ton pour rebondir, pour constater qu'il serait étrange qu'une simple serveuse sans histoire, qui travaillait sans s'arrêter, bien trop selon Eleonore, pour joindre les deux bouts, aurait reçu en lègue un appartement à Palos Verdes. Des questions finiraient par être posées. Des ragots et peut-être même la vérité finirait par arriver. Son lien filial. Elle adressa un rapide sourire en réponse à son père alors qu'elle croisait son regard, le fuyant pour se concentrer sur la bibliothèque.  

Un silence, ce doux silence, qui était une des marques de fabrique des Phillmore s'installa entre eux. Quelqu'un marchait dans le couloir, salua Olivia, demanda des nouvelles de leur patron et poursuivit son chemin sans demander son reste. Ce fut le vieux Phillmore qui le rompit en prononçant son prénom. India. Ce prénom qu'elle n'entendait plus. Une caresse pour l'âme. Le reflet de son identité, de celle qu'elle était. Elle ne laissa aucune réaction transparaître sur son visage en dehors de sa mâchoire qui se crispa. Un ennemi. L'était-il ? Elle garda ce silence, ses cils battant rapidement pour effacer toutes émotions avant qu'un long soupir ne les éloigne.

Tu es l'ennemi de beaucoup. Tu es la représentation de ce que l'on dit haïr face aux autres, que l'on envie intérieurement. Puissance, richesse, pouvoir. Les gens t'envient. Ils envient ta liberté. Seulement ils ne voient pas à quel point tu es seul, pauvre et enchaîné.

Ce n'était pas une réponse. Ce n'était qu'un constat où elle en était le parfait reflet. C'était un aveu, une confidence. L'avait-il choisi ou s'était-il retrouvé dans l'obligation de prendre les rennes des Prayers ? India se retrouvait dans une situation presque similaire, là où Hermes commençait à sortir la tête de l'eau, à être rentable, elle devait faire le choix de devenir comme son père. Chose qu'elle avait toujours voulu inconsciemment. Mais le voir ainsi, dans un état de faiblesse qui lui rappelait n'être qu'un homme, les doutes s'étaient immiscés. Elle qui était si sûre d'elle. Ayant ramené sa main contre elle plutôt, elle sentit qu'elle se crispa elle aussi, se refermant en un poing, ses ongles vernis s'enfonçant dans sa peau. Pour calmer la tempête en elle. India reprit d'une voix plus basse, ses sourcils se fronçant, ses traits se durcissant pour maintenir l'image. Ses yeux verts se baissèrent sur la table basse. C'était une défaite.

Je n'arrive plus … Je ne vois plus que le trafiquant quand je te vois, l'homme qui cherche à avoir le contrôle sur cette ville. Ma ville. Je ne vois plus un père … Et j'ai besoin de lui …

Sa dernière phrase n'était qu'un murmure à peine audible. Parce qu'il est difficile d'être seule dans sa tour d'ivoire, fermée à double tour et dont la clé a été jeté à l'eau pour se protéger de toute intrusion. Avouer tout cela était dur pour les nerfs et parce qu'elle avait besoin de reprendre en partie le contrôle, elle ajouta d'une voix qui se voulut sèche mais dont la suite brisa toute la dureté.

Je ne sais pas si je te vois comme un ennemi… J'aimerais seulement que tout s'arrête et que je retrouve mes quinze ans.

Et la jeune fille était en roue libre.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyJeu 29 Sep - 20:59


crushed


A peine eut-il prononcé ce dernier mot que ses mâchoires se serrèrent, tout comme les doigts de sa main libre. Il s’apprêtait à encaisser un premier coup, verrouillant malgré lui sa posture. Il n’était cependant pas sur la défensive. Cette soudaine tonicité musculaire avait un autre but : celui de maintenir les traits de son visage et de contrôler son langage corporel. Aaron souhaitait offrir à sa fille une réaction maitrisée et adaptée. Car c’était son rôle de parent que d’être capable de contenir les émotions de son enfant. India avait beau s’acharner à vouloir créer une certaine horizontalité entre eux, son père se refusait à ainsi effacer certaines limites. Limites qui n’étaient pas celles de l’autorité ou de la hiérarchie familiale, mais celles des générations. En tant que parent, il avait des devoirs et des responsabilités, qu’il eut certes négligés, mais qu’il considérait à présent comme des exigences à tenir. Par respect pour sa fille. Car là était bien l’enjeu de cette nouvelle discussion : découvrir les blessures émotionnelles de son enfant et comprendre son hostilité, dans l’espoir de panser ces maux par l’application de mots. Et si India avait le droit de régurgiter son animosité et sa douleur, Aaron avait le devoir d’en digérer les contenus sans s’intoxiquer, et d’en adoucir l’acidité et l’amertume.

La jeune femme préparait également sa garde, car décontenancée par le danger auquel les exposait soudainement son père. Elle profita du silence pour ravaler l’émotion qui tentait de la gagner. Il ne pouvait pas lui en vouloir d’ainsi s’acharner à réprimer ses ressentis. Il ne lui avait jamais montré comment les exprimer, comment engager une communication sereine. Parce que lui-même n’avait pas eu cette chance, son père étant capable de lui parler, et sa mère un long silence mélancolique.
Une fois sa contenance jugée suffisamment consolidée, India se risqua à lui répondre. Sa réponse se construit en entonnoir. Elle constata – toujours sans appel – son statut d’ennemi public, que ce soient des autorités, de la population, des politiques ou encore des concurrents. On ne pouvait que le haïr car il suscitait l’envie. Pourtant, ils ne voyaient pas le coût de cette puissance et influence. Ils n’en considéraient que les bénéfices sans en imaginer les sacrifices. Aaron eut un léger mouvement de tête, acquiesçant aux propos de sa fille et à la finesse de son analyse. Il perçut que le bref silence dans lequel elle se renferma servait à l’organisation de ses pensées, et il se tut, tout en la libérant d’un regard qu’il savait inquisiteur. Ses yeux se posèrent alors sur l’immense fenêtre de son bureau, dont les vitres étaient constellées par la dernière pluie. Les lumières de la Zone 33 et de Florence s’y reflétaient et diffractaient en un tableau coloré.

India nomma alors cette douleur qui la rongeait. Aaron se sentit aussitôt gagné par une étrange fébrilité. La massivité de cette émotion faillit lui faire perdre ses moyens. Il retint de justesse un mouvement de recul. De fuite. Il avait voulu cette discussion, il devait donc l’assumer, et ce, jusqu’au bout. Sa lâcheté était le symptôme d’une impuissance à laquelle il était trop prompt à céder, car incapable d’en accepter les vérités. Or, il avait raté trop de choses pour continuer à autant foirer son rôle de père.
Le contrôle de son esprit retrouvé, et armé d’un courage qui se devait d’être honnête, il tenta une première réponse : « J’aurai aimé ne jamais avoir à être cet homme-là ». Des choix avaient été faits, avec une attention portée aux effets à court et moyen termes. Ceux à long terme ne pouvaient être totalement appréhendés, tant ils étaient ensuite infiltrés par des choix subséquents. Et au plus le temps passait, au plus l’intrication de ces choix devenait complexe. Les conséquences s’alourdissaient, tant du côté des bénéfices que des sacrifices. Si Aaron pouvait reprendre sa vie à ce jour où il avait appris que Jessica était enceinte et qu’il avait décidé de paradoxalement fuir et prendre ses responsabilités en s’insérant encore un peu plus profondément dans le narcobanditisme, il ne referait pas les mêmes choix. Il ne regrettait pas d’avoir eu India, car elle n’avait jamais été un frein à sa vie de trafiquant. En revanche, il regrettait d’avoir continué sa carrière délinquante, car elle avait été un frein à sa vie de père. « J’ai conscience que tu n’as fait que subir mes choix jusque-là et j’aimerai qu’il puisse en être autrement. » Aaron ne voulait plus que ses décisions prises en tant que narcotrafiquant aient un impact sur la vie de sa fille. Or, elles étaient inextricables, car le narcotrafiquant possédait une emprise certaine sur le monde dans lequel India vivait et donc sur ses propres opportunités. La situation lui paraissait insoluble. Du moins tant qu’elle ne lui pardonnerait pas... Il proposa alors une alternative qu’il avait commencé à considérer ces derniers temps : « Aimerais-tu que je me retire ? »


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyVen 7 Oct - 12:10


crushed


La jeune fille était en roue libre. Elle avait laissé sortir ses mots, ceux qui la rongeaient de l'intérieur, ceux qui voulaient sortir depuis si longtemps. Mais elle se l'interdisait pour ne pas sentir son cœur battre à vivre allure, ses mains trembler, ses larmes couler sur son visage crispé. Par pudeur, elle tourna son visage à l'opposé, cherchant à retenir les émotions qui se brisaient telles des vagues sur un mur. Il lui arrivait de regretter ce jour où il avait brisé l'omerta, lui révélant son lien avec le cartel. Vivre dans l'ignorance, vivre dans le mensonge étaient plus doux. Il lui arrivait de regretter cette innocence perdue, cette insouciance. Que serait-elle devenue ? Serait-elle toujours cette gosse de riche, brillante mais superficielle et insupportable ? Elle aurait eu son diplôme, aurait poussé ses études jusqu'à l'université ou aurait vécu au crochet de son père n'étant pas capable d'utiliser ses dix doigts. L'ironie était que savoir son lien avec le cartel n'aurait rien changé. Elle sera toujours cette gosse de riche, brillante, superficielle et insupportable. Ce n'était que les moyens qui lui manquaient car elle ne savait pas faire grand chose de ses dix doigts. Seul son lien avec son père aurait changé. Et elle avait besoin de lui car elle ne s'était jamais sentie aussi seule, bien qu'elle ait quelques amis proches qui l'entouraient et la supportaient. Elle voulait son étreinte, sentir sa chaleur et le réconfort de ses bras, devant son film préféré. Chez eux. Elle voulait revivre un instant cette insouciance où tout était plus simple.

Son père lui parla de ce regret qui l'habitait. Si lui aussi regrettait, l'instant présent leur rappelait qu'il était trop tard. Pas alors qu'il était attaché à une perfusion pour calmer ses douleurs, que sous ce haut, des bandages l'entouraient. India garda le silence, continuant à fuir son regard, son corps raidi par la recherche de cette maîtrise de soi, malgré quelques soubresauts, fermant les yeux pour arrêter les larmes. Il reprit en lui montrant la prise de conscience de cette vie qu'il lui avait donné lié à ses choix. Aucun des deux ne nierait le fait qu'elle avait eu de la chance d'avoir grandi protégé pendant des années. Elle avait vécu une enfance de ce qu'il avait de plus normal comparé à une partie des habitants. Sans jamais à craindre pour le lendemain, sans jamais compter les sous pour se nourrir ou un lieu pour dormir, sans jamais se sacrifier pour vivre un jour de plus. La jeune Phillmore faisait partie de ces privilégiés qui n'avaient pas conscience de la chance qui leur avait été donnée. Il suffisait de fermer les yeux sur la provenance de leur richesse. Serrant la mâchoire, sa respiration étant erratique, la jeune femme eut un hoquet de surprise à sa question.

Oui, bien sûr. Évidemment ! Quel enfant ne le voudrait pas ?

Sa réponse était sortie rapidement, sans un instant de réflexion. Sa voix était cassée par les émotions, prise à la gorge. Alors India se mura dans un silence, ayant laissé trop d'indices pour effacer ce qui la traversait. Elle essuya ses yeux proprement, les tamponnant pour ne pas abîmer son maquillage. Elle baissa la tête, fixant ses poings qu'elle avait fermés sur ses cuisses, tachés de quelques traces noirs, visage visible de profil pour son père. La jeune femme eut un mouvement de tête, les sourcils froncés, cherchant toujours à reprendre le contrôle. C'était d'une voix émue qu'elle poursuivit malgré elle, prenant comme solution de s'éloigner d'elle pour reprendre de la contenance.

Je ne veux pas vivre ce moment. Si j'ai pris mes distances, c'est parce que je savais que ce jour viendrait. Tu as eu de la chance de t'en sortir. Ce ne sera pas la dernière attaque et la prochaine pourra t'être fatale. Et tu ne peux pas savoir qui en sera l'auteur. Les Rats, les forces de l'ordre, la ville. Mais si tu te retires … Personne ne pourra prévoir comment ce cartel réagira, quand bien même tu choisis ton… Ton successeur.

Elle ignorait le fonctionnement interne au sein du cartel mais un choix ne convenait jamais totalement. Il en devait être de même lorsqu'il avait pris le pouvoir, remplaçant Flynn. Qu'importe qui sera à la tête, la guerre avec les forces de l'ordre sera toujours présente et peut-être même plus violente. Les rixes étaient régulières et India n'était plus surpris d'entendre des coups de feu à distance.

Les autorités usent, usaient, du prétexte de ton cartel pour chercher à annihiler la ville. Comme si les habitants étaient liés au trafic de drogues et en conséquence n'avaient pas le droit de vivre. Mais retirer les Prayers de l'échiquier n'amènera que plus d'ordures à s'installer pour reprendre ce business et si aujourd'hui les Prayers sont en partie maîtrisé par ton autorité, je m'attends au pire pour la suite. Et ce seront encore une fois les habitants qui payeront le prix.

C'était plus simple de ne pas parler d'elle et de ce qu'elle voulait. D'éviter de montrer cette fragilité qu'il pouvait voir sur son visage, dans sa posture. Elle avait besoin de cette réflexion pour lui donner une conclusion qui ne serait pas un cri du cœur comme les premiers mots qui étaient sortis.

Alors, oui, j'aimerais que tu te retires, mais j'ai conscience… Je sais que ce n'est pas possible, que ce n'est pas si simple.

Il n'avait jamais été question qu'il se retire auparavant. Jamais il n'avait laissé entrevoir cette possibilité. Cette attaque lui avait peut-être fait réaliser que ce qu'il amassait n'avait pas autant d'importance que son lien avec son enfant ? India ferma à nouveau les yeux, se pinçant les lèvres un instant, ne cherchant toujours pas le regard de son père pour lui demander dans un souffle :

Qu'aimerais-tu, toi ?


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 16 Oct - 19:11


crushed


La culpabilité n’était pas une émotion qu’Aaron pratiquait, car ses gouffres mélancoliques, une fois approchés, ne pouvaient qu’aspirer et faire chuter l’ego. Il préférait se marteler que la fin justifiait les moyens, et s’était accroché à cet adage pour exempter son ambition de toute morale gênante. Or, cette fin était illusoire, dans le sens où elle était infinie. Il y avait toujours une fin pour en succéder à une autre. Jamais le Prayer n’avait ressenti de façon pérenne cette sensation d’accomplissement, notamment parce qu’il avait scellé son avenir à celui à jamais instable d’une organisation criminelle. Depuis plusieurs années maintenant, il était le cartel et se devait d’avoir, à ce titre, un appétit insatiable, dont un appétit pour la guerre. Car jamais le narcobanditisme ne connaitrait la paix. Pour des raisons structurelles attenantes aux lois, ces dernières condamnant ce business lucratif de l’addiction et de la violence. Également pour des raisons commerciales et capitalistes, avec des concurrents toujours en lice pour prétendre au monopole et accroitre leur influence et leur puissance. Aaron ne connaitrait jamais un règne de paix, ni de réelle fin. Et cette perspective éveillait en lui une forme d’épuisement. Deux ans auparavant, Aaron avait risqué la détention. Vingt-quatre heures plus tôt, la mort. Est-ce que tout cela en valait vraiment la peine ?
Alors il présenta à sa fille une alternative qui avait récemment émergé dans sa psyché ; celle de son retrait de ce business qui ne saurait jamais lui offrir un quelconque accomplissement. A bien y réfléchir, ses moyens et sa fin se confondaient à présent, et il s’agissait de son sacrifice. S’il n’avait pas eu India, il y aurait consenti. Or, sa fille venait de lui rappeler qu’elle avait besoin de lui. Et s’il désirait atteindre cette fin-là, celle d’être un père, ses moyens étaient assez clairs : il devait se retirer.

India ne parvenait plus à contenir son émotion. Ni ses mots. A la question de son père, elle répondit spontanément que c’était bien ce qu’elle voulait : qu’il cesse son activité. Puis elle se mura dans un énième silence, ne lui dévoilant qu’un visage de profil. En pleine lutte contre elle-même, ses traits se durcirent, comme pour retenir puis cadenasser les expressions qui froissaient ce masque lisse d’indifférence derrière lequel elle préférait se présenter.
La jeune femme sortit néanmoins rapidement de son silence et rationalisa son émotion à coup de mots. Elle rappela à son père que sa position de leader d’un cartel de drogue l’exposait à une plus grande mortalité, ce qu’elle ne pouvait pas et ne pourrait jamais accepter. Cependant, cette angoisse en déclenchait une autre, presque contradictoire : s’il cédait sa place, même de son vivant, que deviendraient les Prayers of Insanity ? Le raisonnement d’India semblait être le suivant : on sait ce que l’on perd mais on n sait pas ce que l’on gagne. Le cartel contribuait aujourd’hui à un équilibre précaire à Downfall. S’il justifiait l’acharnement les politiques de la sécurité intérieure à vouloir dompter cette ville, India n’était pas dupe et savait que la chute des Prayers of Insanity ne serait pas celle du narcobanditisme. Très rapidement d’autres organisations criminelles pousseraient dans les cendres fertiles de cet empire vaincu, et l’histoire recommencerait. Face à cette dynamique intrinsèquement continue, vouée à se répéter, la jeune femme en venait à préférer un cartel géré par son père, dont elle pouvait entrevoir certaines intentions, que par une autre personne, dont les décisions ne seraient de toute façon pas plus profitables à Downfall et à ses habitants. India conclut son raisonnement en laissant sous-entendre que le retrait de son père du narcobanditisme était une option « pas possible ».

Puis elle lui retourna la question, de façon plus large, en interrogeant quel était son désir, à lui, et depuis sa place. Aaron pinça à son tour ses lèvres. Vaste question pour laquelle il n’avait aucune réponse. Déjà qu’il était habituellement peu loquace concernant ce genre de réflexion, le choc et la douleur entravaient ses pensées, les faisant disparaître dans une grande impression de vide. Accusant un soupir plein de lassitude, le Prayer jeta un nouveau regard à travers la baie vitrée de son bureau. « Je ne sais pas. J’ai l’impression d’avoir toujours poursuivi le rêve d’autres personnes, espérant peut-être ainsi avoir une épiphanie et comprendre le sens de… de tout ce chaos qui régit l’existence. Bêtement, je pourrai te répondre que, ce que j’aimerai, c’est être heureux. Mais je ne sais même pas ce que ça veut dire, ni ce que c’est. Mener une existence de plaisir et d’amour ? Trouver une certaine sérénité ? Je ne pense pas que mon rôle au sein des Prayers interfère avec cette aspiration, mais il ne m’y a jamais conduit non plus. Alors pourquoi pas considérer d’y renoncer ? … Je ne sais pas. Mais, comme tu l’as dit, une telle décision aura des effets qui me dépasseront. » La bouche pâteuse, Aaron ajouta : « Ce serait une plongée dans l’inconnu dont j’ignore totalement les conséquences. Pour toi, pour moi, pour cette ville… J’aimerai juste que ce soit plus simple. Pour toi, pour moi, pour cette ville. » Une grimace de douleur contracta son visage, sans que le narcotrafiquant puisse en déterminer si l’origine était somatique ou psychique, corporelle ou existentielle.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyJeu 3 Nov - 15:39


crushed


Elle avait apporté une réponse réfléchie à la conclusion peu agréable. Si la jeune femme avait envie de voir son père loin du narcobanditisme, il était clairement évident que cette décision pourrait amener bien des problèmes à la ville. Une place aussi importante libre amènerait des opportunistes à vouloir la prendre, quitte à s'imposer dans le feu et dans le sang avec une population toujours au milieu qui souffrirait d'une nouvelle guerre. Son retrait, en laissant les Prayers en place, n'annoncerait rien de bon. Qui serait capable de gérer une telle entreprise ? Qui aurait la force et le mental pour gérer ce trafic ? Peu en avait les capacités. India lui demanda en retour ce que lui aimerait.

Sa réponse était surprenante. Une prise de conscience, une remise en question, des doutes. Il avait poursuivi des rêves qui ne lui appartenaient pas. La jeune femme accueillit un à un ses mots, ne le regardant toujours pas, les lèvres pincées, le regard fixe, le visage crispé pour maintenir ce masque qui pesait sur son visage. Être heureux. Il ne savait pas ce que c'était d'être heureux. Comme s'il ne l'avait jamais été. Pourtant, il avait vécu des moments tendres avec Jessica, sa mère, la photo en mémoire marquait les sourires de ce jeune couple. Avait-il seulement été heureux avec elle ? L'avait-il été vraiment ? Et Hayley ? Et elle, sa fille ? Les émotions qui se fracassaient sur ce mur qu'elle avait érigé, cherchaient à la noyer. Ce n'était pas dans ce contexte-là qu'il parlait. L'homme avait deux facettes et dans celle qu'il présentait, il n'avait jamais été heureux. L'autre facette était tout autre. Celle qu'il avait eu pour sa fille. Mais la jeune femme ne l'entendait pas ainsi et il avait fragilisé un peu plus ce mur qui s'effondrait, brique après brique.

L'homme se questionnait beaucoup mais ne trouvait pas la réponse adéquate. Il avait conscience des conséquences qu'une telle décision, celle de partir, pourrait engendrer. Et l'inconnu rebutait. Crispée, elle contracta un peu plus sa mâchoire, ferma les yeux, cherchant à reprendre le contrôle. India ne bougeait pas telle une statue jusqu'à ce qu'elle prenne une longue inspiration sortant de cette apnée dans laquelle elle avait plongé. L'envie de pleurer était plus qu'imminente à mesure que tout s'effondrait. Mais la jeune femme parvenait encore à avoir une certaine contenance même si la voix avait perdu de son éclat, se faisant presque chevrotante.

Ce n'est malheureusement pas ici que tu trouveras la sérénité. Ils profiteront de la moindre occasion pour t'arrêter. S'ils ont réussi une fois, ils pourront recommencer. J'ai entendu dire que l'adjointe du Procureur, si elle n'est pas pire, est du même acabit que Woodrow. Fais attention, évite les sorties inutiles, laisse tes hommes gérer, empêche quiconque de t'atteindre…

Les forces de l'ordre, les Rats, n'importe quel individu qui pourrait en vouloir à sa vie. Mais pour l'instant, ce qu'elle avait entendu plus tôt fixait ses paroles. Il n'avait pas été heureux. Cela tournait en boucle, comme une obsession. Le mur venait de tomber.

J'aimerais aussi que ce soit plus simple. Pour nous, murmura-t-elle d'une voix cassée.

Il y avait la jeune femme qui s'inquiétait pour la ville et les retombées qu'il y aurait pour ses habitants et il y avait la petite fille qui s'inquiétait uniquement pour sa famille. Et à l'instant, le monde pourrait être en feu qu'il n'y aurait pas plus important que sa famille. Mais lui n'avait pas été heureux et elle allait lui dire.

Tu ... Commença-t-elle à dire en posant finalement ses yeux verts sur lui, s'arrêtant dans cet élan pour voir son état, la fatigue qui se lisait sur son visage, les minces coupures qui se dessinaient, cette perfusion accrochée à son bras.

Elle s'arrêta face à cette image d'un père qu'elle n'avait plus vue depuis des années ainsi. Le regard brillant, India eut un mouvement de tête pour s'arrêter dans cet élan. Il était fatigué, il revenait de loin et s'il n'avait pas été pris à temps en charge, peut-être aurait-il passé l'arme à gauche. Il était vivant. Elle baissa la tête et s'autorisa à laisser l'image de côté. Elle  s'enfonça dans le canapé, plaqua l'arrière de son crâne contre le dossier, yeux fermés, visage à nouveau crispé, en apnée, lèvres pincées, sa main retrouva la sienne et la serra avec force.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore   [TERMINE] Crushed - avec India Phillmore EmptyDim 18 Déc - 23:10


crushed


Cette question revenait le tarauder : est-ce que tout cela en valait vraiment la peine ? Artisan de la guerre et de la souffrance, il s’était construit un château de billets sur la dépendance de personnes au profil toxicomaniaque. Il exploitait la vulnérabilité des uns pour s’enrichir. Il n’avait jamais nié cet aspect de son commerce ; aspects que d’autres lui avaient reproché. Aaron se souvenait de cette rencontre avec le triumvirat des Unbroken au cours duquel il avait rappelé à ce cher Boomer qu’il ne forçait personne à acheter ses produits, et qu’il n’avait de fait aucune responsabilité à porter à la place du consommateur, d’autant qu’il diffusait un produit de qualité. Mais il réalisait aujourd’hui que le fond de la question n’était pas tant du côté de la responsabilité que de la culpabilité. Ce qui lui était reproché, c’était d’accepter de participer à ce système. Boomer n'avait pas critiqué le système - système qui existerait avec ou sans lui de toute façon - contre lequel il ne s’agissait pas de lutter, car ce combat ne pouvait être mené à leur échelle. Il avait jugé l’homme qui concédait à y participer, à en profiter. Et c’était bien le reproche que lui faisait également sa fille. Pourquoi s’être engagé là-dedans ? A quelle fin ?
Aucune. Aucune qu’Aaron ne puisse nommer du moins. Il n’était pas foutu de savoir ce qui l’avait animé, ce qu’il aurait aimé devenir en s’engageant dans un tel système.

Or, s’il ne pouvait pas se retirer mais qu’il ne désirait pas pour autant continuer, quelle option lui restait-il ? Celle de l’arrêt forcé ? Qu’un tiers, indépendant de sa volonté, fasse cesser son entreprise, le déresponsabilisant finalement des conséquences de ce retrait contraint du business ? « Après moi le déluge » disait un adage auquel Aaron était tenté de souscrire. Mais à l’égoïsme de ne considérer que sa propre fin, il s’agissait de risquer le déluge. Et il ne voulait pas que sa fille connaisse une telle catastrophe. Downfall était la ville qui l’avait vue naître ; elle était tout ce qu’India connaissait. Il ne pouvait pas renoncer à être l’un des artisans qui étaient en capacité de façonner cette cité. Le Prayer formula alors un vœu : que tout cela soit plus simple, pour sa fille, pour lui et pour cette ville. Car ses trois éléments constituaient un tout inextricable et profondément complexe.

La jeune femme s’était complètement figée. Ses traits semblaient gravés sur son visage. Aaron y lisait une forte contrariété, sans pour autant pouvoir définir ce qui pesait le plus pour sa fille. Elle tentait de cadenasser un flot de pensées, scellant ses lèvres et verrouillant les mâchoires comme pour être certaine que rien ne fuiterait. Elle ne pouvait pas prendre le risque que tout se déverse, sans aucune digue sur laquelle retrouver un minimum de contenance. En cet instant, India dominait clairement son père. C’était elle qui menait la discussion et organisait leur échange. Et cela semblait la terroriser, de voir que son père n’était pas en capacité de tenir – alors qu’il fut toujours inébranlable jusque-là – face à elle.
Finalement, d’un maigre filet de voix, elle lui rappela toute la précarité de sa situation. Aaron se contenta d’acquiescer, se soumettant à son constat. Il n’avait plus l’énergie de faire semblant que tout cela ne l’atteignait pas. Mais les pensées de sa fille semblaient s’attacher à un autre aspect de ses dernières déclarations, et elle répéta d’ailleurs le vœu fait par son père : que tout soit plus simple, mais pour eux deux. India lui accorda un nouveau regard, cherchant quelque chose dans les traits de son visage sillonnés par la fatigue et la douleur. Elle voulut parler, mais les mots moururent aussitôt dans sa bouche. Elle avait besoin d’un autre silence nécessaire. Aaron le lui accorda.

Il serra à son tour avec vigueur la main de sa fille, y devinant une forme d’agrippement, et le moyen de se rassurer quant à l’existence de son père, là, à ses côtés. « Demain sera un autre jour » s’entendit-il lâcher, comme une promesse. Passer aussi prêt de la mort pour « ça » ne pouvait pas ne pas venir réinterroger le sens de cette vie qu’il menait. D’autant qu’Aaron ne percevait de ce précédent sens – jusque-là tenu pour acquis et direction donnée à son existence - plus que sa dissolution. Et cette disparition de sens le livrait à un fort sentiment de vacuité. En cet instant, lui aussi avait besoin de s’accrocher à la seule chose qu’il tenait pour sûre : l’amour qu’il vouait à sa fille.


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