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 Looks like we both been fucked! - Alec

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Sean Cassidy
Sean Cassidy
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MessageSujet: Looks like we both been fucked! - Alec   Looks like we both been fucked! - Alec EmptyMer 1 Mai - 17:52

Looks like we both been fucked!

Sean avait atteint son objectif en intégrant la DPD. Son dossier militaire était exemplaire et lui avait ouvert les portes à bien des opportunités. Son chef lui avait dit qu'il ferait mieux de repartir en mission avec son équipe. Mais là était sa place. Ici, à Downfall. Là où il était né, là où tout prenait son sens. Il aurait pu entrer dans les Crimes Majeurs ou les Affaires courantes, mais son regard était tourné ces dernières années vers les actions menées par la BSEI ainsi que la Division de lutte contre les Gangs et les Narcotiques souvent réduite à un sigle. Si les problèmes tels que les vols, les agressions et les meurtres étaient monnaie courante, la drogue était un problème majeur dans cette ville. Et Sean voulait éradiquer ce problème.

Il était entré pour la première fois comme Sergent - ce qui ne lui changeait pas vraiment - dans l'enceinte du commissariat. On lui avait donné ses ordres, lui avait présenté son coéquipier et surtout, le Commissaire l'avait pris à part en lui demandant de surveiller son partenaire : Alec Blackwell. Au moindre problème, au moindre comportement qui dépassait les limites, Sean devait le prévenir. L'information s'arrêtait là, mais intriguait l'ancien militaire. Passé les politesses, ils étaient rapidement partis sur une enquête qui leur avait été donnée. Des dealers avaient été repérés dans le quartier de Hawthrone et gagnaient du terrain en agrandissant leur territoire. C'était un des habitants qui avaient contacté la police par crainte pour ses enfants en âge d'intégrer leur groupe. L'arrestation de quelques dealers n'avait rien apporté, car ils étaient mués comme des tombes. Ce n'était que quelques semaines plus tard qu'Alec était arrivé avec une adresse de là où résidait potentiellement un des membres influents du groupe. L'information devait être vérifiée. Il n'avait toujours pas l'endroit où ils stockaient leurs marchandises.

- C'est parti pour des heures de planque, avait répondu Sean en se levant de son bureau, attrapant sa veste et son paquet de clopes. Tu conduis ?

Autant se préparer, car les planques étaient parfois très longues. Il fallait éviter d'avoir besoin de se déplacer et ramener à boire et à manger. L'adresse les amenait dans une des rues du quartier résidentiel du Big Nowhere. Une voiture rouge était garée sur le bas-côté et de la lumière sortait d'une des fenêtres. En auraient-ils pour quelques heures, une journée entière si ce n'est plus ? À distance de la maison, ils avaient une bonne vue des entrées et des sorties. Droit sur son siège, il avait le regard fixe. S'il pouvait facilement se vautrer dans un siège, Sean avait gagné cette habitude quand il était lui-même en planque pour le compte de l'armée. Sur le qui-vive pendant de longues heures, quand il était question de survie, le temps avait la qualité de perdre tout son sens.

- Comment t'as eu l'info ? Finit-il par demander.

S'il parlait facilement boulot avec son coéquipier, il n'avait pas cherché à connaître en profondeur ce dernier, donnant raison à l'image qu'il renvoyait. Celle d'un militaire avec un balai dans le cul pas loin d'être sorti. S'il n'avait plus la coupe militaire, il avait encore l'attitude et pourtant, on l'avait aperçu plaisanter dans la salle de repos ou lors d'une pause clope avec quelques membres de la DPD, Alec pas loin. Il n'était pas que cette image mais il ne semblait pas vouloir faire ami-ami avec Alec. La raison était évidente à ce manque d'intérêt, il en savait déjà assez. Il connaissait sa femme, un peu trop bien même.




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Alec Blackwell
Alec Blackwell
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MessageSujet: Re: Looks like we both been fucked! - Alec   Looks like we both been fucked! - Alec EmptyVen 10 Mai - 19:38


Looks like we both been fucked !


« - Erf. » Dépliant péniblement son corps de la chaise de bureau dans laquelle il s’était enfoncé depuis deux bonnes heures, Alec accorda un regard sans aucun entrain à son collègue et coéquipier. Sean Cassidy. Un décoré de l’armée à qui il ne manquait plus que la cape et le costume pour faire respecter l’ordre et la loi. Tout à fait le genre de connard que Blackwell méprisait : l’archétype du défenseur imbu de certitudes sur le bien et le mal, et qui s’octroyait au regard de sa ô combien vénérable moralité le privilège d’arborer un air supérieur. Donc oui, l’idée de planquer pendant des heures avec ce type ne parvint qu’à lui arracher un soupir morose et une grimace pincée. Parce qu’en plus, il devait le conduire...

Tandis que la voiture banalisée – une petite berline noire saisie à un trafiquant – avalait le bitume blanchi par le soleil et défoncé par l’usure d’Hawthrone Boulevard, avec pour destination le 4337 sur la 135th West Street, Alec se soulagea d’un nouveau soupir, très proche du gémissement. Monsieur Monolithe ne lui offrirait aucune distraction. S’il lui arrivait de sourire de temps à autres, Cassidy peinait encore à singer un quelconque enthousiasme à perdre son temps en banalités et autres conneries avec ses collègues. Il avait au moins la décence de se montrer plus sincère, et de fait carrément austère, avec Blackwell, sans que ce dernier ne sache ce qui lui valait l’honneur de son désintérêt prononcé. Ils n’avaient certes rien en commun. Rien qui ne puisse rapprocher leur existence si ce n’étaient leurs bureaux collés l’un face à l’autre, avec pour seul simulacre d’intimité un paravent de classeurs et de livres de procédures. De ce hasard d’attribution dans les bureaux découla leur assignation en qualité de coéquipiers. Le Capitaine de la Division avait vanté les quinze ans d’expérience de Blackwell au sein de la police pour justifier de lui refiler un parachuté de l’armée. Alec avait tenté de nuancer l’attractivité de ses compétences – il est vrai, incontestables - en les affaiblissant – par pure mauvaise foi - de méconnaissance de la ville. Après tout, cela ne faisait que quatorze mois qu’il avait intégré le DPD et sillonnait les rues de Downfall. Mais l’argument fut rejeté, le Capitaine préférant saluer d’une voix puissante sa capacité « à sympathiser avec son environnement de travail » : Blackwell avait de « très bons indics, et déjà une très fine connaissance de la géopolitique du crime organisé downfallien ». Se taper l’affiche devant les collègues de la Division n’avait apparemment pas été suffisant ; le new-yorkais avait dû en prime subir l’humiliation du rappel - toujours aussi ouvertement, et audible pour quiconque était au même étage - de sa « rétrogradation pour des raisons disciplinaires ». En bref, le Capitaine lui avait collé Grincheux dans les pattes pour que soit calmée son inclinaison à l’indépendance et à la désobéissance. Et qui de mieux pour une telle mission qu’un homme éduqué pour constamment être là, près, très près des siens. Franchement, ça faisait chier. Surtout que l’autre n’avait jamais cherché à modifier la première impression que s’était faite Alec : celle d’un putain de clébard de la brigade cynophile, loyal et qui reste au pied, jusqu’au jour où il te mord parce que t’as de la poudre sur toi. Bref, ça l’emmerdait copieusement.

Alec gara la voiture à deux portes du 4337, de l’autre côté du trottoir. La visibilité était bonne. Cependant, la nuit ne tarderait pas à tomber, et que ce qu’il restait des lampadaires semblait moins appartenir à l’utile qu’à la décoration thématique « c’est la zone » dont se parait le quartier. Ils avaient au mieux deux heures de luminosité naturelle devant eux, si les nuages qui s’aggloméraient dans le ciel acceptaient de se faire chasser par le vent qui s’était levé.

Brisant soudainement un silence dont ils avaient tous les deux convenu il y avait de cela maintenant bien une demie-heure, Sean demanda à son coéquipier comment il avait obtenu cette information. Comme réveillé par cette interaction des plus inattendues, Alec se redressa, ses muscles s’étant relâchés d’ennui. « - Un poto qui aime se la coller. » Ouais, pas sûr que Cassidy comprenne. Il y avait même carrément un risque qu’il se méprenne. « - Un gars qui s’défonce au crack et qui me doit un service. » Un indic quoi. Blackwell sonda rapidement le visage de profil de son collègue, afin d’être certain que l’information reprécisée ait bien été décryptée et saisie par l’ex-militaire. Il aurait pu simplement répondre « un indic », mais Alec aimait bien agrémenter sa communication de détails qui ne servaient à rien, si ce n’était généralement émettre un jugement à peine voilé sur l’habitude ou l’attitude qu’il soulignait. « - Il touche… il se fournit chez ces types. Il a reconnu deux des dealers dont on a tiré le portrait-photo en garde à vue la semaine dernière, et identifié le portrait-robot qu’on a pu établir à partir des descriptions faites par le père de famille. Ce serait un gradé ; il se fait surnommer « Barbecue »… Et sa planque serait juste là. A vrai dire, vu le quartier, j’pense qu’il bosse avec les Sinners’, ou du moins qu’il a leur bénédiction pour dealer ici. Selon mon gars, le ravitaillement a généralement lieux entre 6 et 8 heures, quand le service de jour passe le relai au service de nuit. » Sean connaissant à présent tout ce que son collège savait. « - Si on en coince au moins un ce soir, faudra réussir à le faire parler dans les 48 heures. L’adjoint au Proc’ chargé du dossier ne nous donnera pas plus, surtout si, malgré la flagrance, on n’a que de quoi caractériser une détention de stup’... » Downfall s’essayait à un semblant de justice, ce qui faisait basculer la Loi à charge mais aussi à décharge des justiciables. La présomption d’innocence s’en trouvait renforcée, et la liberté plus facilement retrouvée.



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