Event #5.1 - Final Warning [SUJET]

Spoiler:

Je prends une grande inspiration alors que je sens une goutte de sueur rouler sur mon sourcil et finir par me piquer l’œil. Secouant la tête, j’enlève mon casque alors que j’essaie tant bien que mal de me focaliser sur le major qui est en train de me hurler dessus. Il est bien major non ? Ouais, je crois bien. Il gesticule trop pour que je puisse voir quoi que ce soit de toute façon. Je me demande d'ailleurs quelle connerie il a pu faire. Pour se retrouver assigné à Downfall et à devoir gérer les troupes en sous-effectif et plus qu'épuisées depuis des mois.

Je sais, je devrais pas être là. Parce que ce n’est pas la mission qui m’est assignée, que je n’ai assisté à la démolition du mur qu’en simple spectateur. Notre unité est là pour évaluer les dégâts, pour prêter main forte en cas de mission extrême qui nécessite des compétences bien spécifiques. Pas pour faire … pour faire quoi au juste ? Buter un gosse de 15 ans ? Je sais, je dois pas juger et je dois éviter de trop penser comme un citoyen de Downfall. Je reste un militaire jusqu’à preuve du contraire et, surtout, j’étais pas là quand ça a commencé à péter.

Sauf que je suis là maintenant. Et que ce foutu major ne veut pas me donner le feu vert pour intervenir. Pourtant je suis sûr que je pourrais calmer le jeu, tout du moins de notre côté. Je sais que c’est plus que tendu et que les militaires eux-mêmes sont divisés sur ce qui se passe. Que ce soit ceux qui sont là depuis longtemps et ont commencé à se sentir chez eux ou pas loin, ceux qui sont juste là pour castagner parce que c’est fun et… les autres. Qui suivent les ordres, parce que c’est notre boulot. Sauf que les ordres ont tendance à laisser pas mal de monde perplexe, si ce n’est plus. Moi je compte pas, qu’on soit bien d’accord. Je sais qu’il viendra un temps où je finirais par rendre mon tablier. De quelle façon ? Aucune idée. Quand ? Encore moins. Même si j’ai quand même comme un vieux doute sur le fait que ça ne finisse pas par arriver plus tôt que je l’aurais cru.

En attendant, je suis à quelques pâtés de maison de Compton, avec un putain de haut gradé qui me gueule dessus et qui m’empêche d’essayer de faire mon possible pour éviter un bain de sang. J’avoue, j’ai arrêté de l’écouter depuis quelques minutes et je finis par balancer, d’un ton particulièrement calme. « Major, vous êtes en train de me dire que je ne peux pas aller prêter main forte à mes camarades ? Que je dois les laisser affronter des insurgés sans lever le petit doigt ? » Il a un temps et plisse les yeux, la mine agacée. « Fermez-la Blake. Et n’essayez pas de retourner la situation contre moi. Le gros des troupes doit se focaliser sur Compton et vos ordres à vous étaient clairs. Vous focaliser sur des points précis qui ne sont en dehors de cette zone. Comme la recherche du meurtrier du maire pour laquelle nous sommes supposés être une force d’appui aux autorités locales. C’est le cas ? » Question de pure rhétorique, qu’on soit bien d’accord. Je sais que c’est pas le cas, j’ai même tout fait pour fouiller et proposer des pistes que je savais foireuses d’avance. Mais je passe juste pour un incapable pour le moment. Tant que ça reste comme ça, tout va bien. Sauf que c’est pas le sujet, là.

Je trépigne d’impatience alors qu’il continue son petit laïus sur notre corps d’élite qui doit continuer les missions spécifiques qui lui sont assignées et blablabla… en gros, on nous envoie pas avec les autres parce qu’ils vont se faire dégommer à vue et qu’il faut pas que ça nous arrive. Je lève un sourcil avant de reprendre, la mine narquoise. « Le fait de m’interdire d’aller en première ligne n’a rien à voir avec mon père. N’est-ce pas Major ? » Je le vois devenir écarlate et je crois vaguement entendre un va te faire foutre avant qu’il ne me montre la sortie.

Je serre mon casque entre les mains, essayant de réfléchir le plus rapidement possible. Avant de tomber sur Joshua. Et je louvoie entre mes petits camarades, sentant la tension monter à chaque seconde qui passe, pour me rapprocher de mon avis, le regard bien plus sérieux que d’ordinaire. « C’est la merde Josh. Ils sont sur les nerfs et ça va aller en empirant si on fait rien. Ca va finir en bain de sang et tout le monde va fermer les yeux. » Que ce soit du côté des civils ou des militaires. Je sens mes mâchoires se contracter à mesure que je parle et je reprends, à mi-voix pour être sûr qu’il soit le seul à entendre. « Faut que j’y aille. J’arriverais peut-être à calmer suffisamment ceux qui sont en charge pour éviter le massacre. Je peux pas… rester et attendre à quel moment il y aura des coups de feu. » Je me retiens de lui demander de venir avec moi. Parce que j’ai pas à faire ça. J’ai pas d’ordres en ce sens et, même si j’en avais, jamais je pourrais attendre ça de lui. Sans compter qu’il en a déjà beaucoup trop fait pour moi. Mais je le regarde, les yeux brillants et la mine butée des mauvais jours. Dans tous les cas, je serais là-bas, que ça plaise ou non.

Spoiler:

C'était une guérilla urbaine qui s'était mise en place. Les violences n'avaient fait que monter en puissance, jusqu'à arriver au point de rupture. Qui était à blâmer au juste ? Difficile à dire. Les habitants de cette ville voulaient juste qu'on leur foute la paix, alors que le gouvernement venait faire ingérence dans leurs petites affaires pour leur imposer une loi qu'ils ne reconnaissaient pas. Le soldat avait eu tort de tirer sur le gosse. Mais c'était un geste humain, même si manquant de professionnalisme. Et surtout, ils étaient dans une merde noire désormais. L'affrontement était inévitable et beaucoup de morts seraient à déplorer. Des blessés aussi. C'était mon boulot de gérer ça. Davantage que de foncer dans le tas. Je regarde autour de moi, avisant mes camarades. Kenan n'est pas là. Il est avec le Major. Je me doute bien qu'il enrage d'être coincé là quand d'autres s'en vont au charbon. Toutes les forces militaires du coin n'ont pas été déployées au même endroit. Et pourtant, il y aurait besoin de renforts pour contenir la crise qui va avoir lieu.

On ne nous a pas assigné la défense de Compton. En revanche, on nous a demandé de retrouver l'assassin du maire. C'est un échec pour le moment. Était-ce une bonne idée de demander à Kenan de faire ça ? Je ne doutais aucunement des compétences de Kenan en temps normal. Mais quand il s'agissait de cette foutue ville... Il avait tendance à se montrer moins zélé. Sans doute était-il ballotté entre plusieurs loyautés. Et que celle le liant à ce lieu prévalait sur tout. Il n'était pas autant un ennemi, un étranger, que nous. Il était un enfant du pays. Peut-être était-il vu comme un traître... peut-être que, parmi les insurgés, il était des visages connus et appréciés. Il était aisé de comprendre pourquoi il tenait tant à y aller. Est-ce que c'était une bonne idée ? Je n'en étais pas certain.

Je le vis alors approcher de moi, l'air grave. Ah... L'entretien n'avais pas du bien se passer à en juger par son expression. Je pouvais presque imaginer ce que les deux homme avaient pu se dire et l'attitude de mon ami. Je le connaissais trop bien. "Parce que tu crois qu'on peut y faire quelque chose ?" Notre présence pouvait mettre le feu aux poudres. Si on arrivait en masse, les insurgés allaient se sentir agressés et devenir encore plus violents. Quoique... De toutes façons, ils avaient envie d'en découdre. Rien ne pouvait empêcher l'affrontement. Certains n'avaient pas peur de mourir, que ce soit pour défendre leur liberté ou pour servir leur pays. Comment en appeler à la raison dans ces conditions ? Quels arguments pour calmer des esprits échauffés qui se pensaient totalement bafoués ?

Et sans surprise... Kenan me parla de désobéir. Et d'aller au devant du danger. "Tu sais que tu te feras virer pour ça." On ne désobéit pas impunément. Kenan avait déjà eu des avertissements, et l'ombre de son père ne le protégeait pas de tout. Et même si il n'était pas viré... Si je le suivais, moi, je le serais probablement. Même si ma place de médecin était là où il y avait des blessés. Et il y en aurait. "J'ai deux options : ou je t’assomme et te ligote pour t'empêcher d'y aller..." Je l'observais, mesurant mes chances d'y parvenir. "Ou je viens pour veiller à ce que tu ne te fasses pas dégommer." Triss allait nous tuer... "Tu penses avoir une chance de calmer les esprits ?" Je lui jetai un regard soupçonneux : "Tu connais des figures emblématiques des insurgés ?" Après tout, que faisait-il de son temps libre ? Nous ne le suivions pas, nous ne le fliquions pas. Qu'il ai quelques rapports avec des habitants d'ici, des vieux amis, ne serait pas déconnant. Mais, pour cette fois, il me fallait savoir ce qu'il avait en tête et les garanties qu'il m'offrait. Je lui agrippai le bras, lui demandant alors : "Je te suivrais Kenan, mais il me faut la vérité."

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Final Warning

Dwayne Clarkson, Kenan Blake, Joshua Zhang

Le mur tombait et ses espoirs avec. Downfall se fragilisait par cette chute et l’Unbroken voyait ses chances d’un avenir plus serein s’effondrer avec. C’était les poings et mâchoires serrés qu’elle avait regardé les informations qui retransmettaient ce moment en direct pour montrer la suprématie de Los Angeles sur Downfall. Le sourire satisfait du nouveau maire donnait à la jeune femme l’envie de le lui arracher. Et la vie continuait alors que grondait la colère des habitants du Big Nowhere. Les tensions étaient palpables et India ne sut comment la situation avait réussi à être gardé sous contrôle tout ce temps.

À la demande de Luka, elle était allée à Compton, pour lui faire un point sur l’état des habitants là-bas, afin de prévoir la matériel nécessaire et les médicaments qu’elle pourrait trouver pour leur donner. Prenant la direction du palais de justice, elle s’était arrêté pour échanger avec un blessé qu’elle avait croisé après le tremblement, l’informant des multiples tensions qui étouffaient le quartier. Elle les avait vus ses militaires, avancer, s’imposer à coup de faux prétextes. Ils marchaient sur un des derniers lieux de défenses où ils n’avaient aucune autorité. Aussi calmement que possible, ils s’infiltraient tel un virus. Elle avait vu les camions, les armes baissées, ces hommes et femmes qui avançaient tel un seul homme à travers les rues, croisant les regards des habitants qui les insultaient de loin, crachant leur haine à leur égard.

India était dans une boutique à prendre des notes après une auscultation rapide. De la devanture, elle put voir la scène se dérouler sous ses yeux. Un jeune garçon cagoulé qui bloqua les troupes militaires par sa présence. La jeune femme s’arrêta dans sa discussion pour observer ce jeune homme, une boule se formant douloureusement dans le creux de son ventre. Ses yeux se posèrent sur les militaires et elle ne peut que lâcher un cri d’horreur quand elle vit un de ces hommes braquer son arme sur le gosse, tirant à vue sur lui, entendant le bruit du coup de feu, tressautant. C’est comme si le temps s’était arrêté pendant quelques secondes, le corps subissant l’impact s’écroulant avec lenteur pour tomber sur le sol, inerte sous les regards ahuris des habitants et de certains soldats.

Des hurlements se font entendre des deux côtés, l’un hurlant l’ordre à ses hommes de se tenir, de l’autre des cris de rage. India sort brusquement de la boutique, sac médical sur le dos, comme d’autres qui accourent vers la victime, inconsciente du danger. Le garçon respirait à peine, la balle ayant perçait le haut de sa poitrine, sa respiration saccadée à cause du sang qu’il crachait.

M’man ! fut son dernier mot, une terreur dans son regard empli de larmes.

La rapide auscultation, la conclusion peu engageante, le manque de moyens faisait qu’il n’y avait rien à faire pour tenter de sauver sa vie. Cette image la crispa, son regard se posant sur les militaires qui étaient toujours à l’arrêt. Des hurlements retentissent à nouveau et il n’y a plus qu’un pas pour sombrer dans la folie d’une guérilla où le sang allait couler. Surtout que les Unbrokens avaient récupéré des armes. Ce n’était plus qu’une question de minutes avant que les habitants ne se mettent à caillasser, à attaquer avec n’importe quels objets, à tirer sur l’armée. Et elle était en plein milieu de la rue, sans aucune arme pour se défendre qu’une arme à portée de main, ignorant que celle-ci était factice.  

(c)syndrome

Spoiler:

Dire que je suis agité est un doux euphémisme. Je tiens plus du tout en place et je saurais même pas par où commencer pour pouvoir faire quelque chose. Si tant est que je puisse vraiment faire quelque chose dans cette histoire. Autre que me faire flinguer en cours de route évidemment. Ou me faire virer de l’armée ce qui, au final, ne serait pas forcément le pire truc qui puisse m’arriver.

Et je me retrouve face à Josh. Je saurais pas dire si c’est la meilleure ou la pire chose qui aurait pu m’arriver. Il est le seul qui pourrait m’écouter, avec Triss. Mais surtout, il serait le seul à réussir à me dissuader, à trouver les mots. Sauf qu’il le fait pas. J’avoue, je reste un peu sur le cul en voyant qu’il est prêt à me suivre. Okay, pour éviter que je me fasse buter mais, au final, je sais que pour lui aussi il y a autre chose, qu’il peut pas rester bras croisés pendant que le feu est en train de prendre partout. « … je sais pas. Je sais pas si on pourra éteindre le brasier ou si on va juste l’attiser un peu plus mais, putain, je peux pas les regarder s’entre-tuer sans rien faire Josh. C’est… les miens. Des deux côtés. Même ces connards des autres régiments que j’ai envie de cogner. » Au reste, je me passe une main dans les cheveux et je hausse une épaule. « Je sais pas trop. Enfin si mais… il va jamais se montrer. » Je baisse d’un ton, fixant mon bras qu’il vient d’agripper, non sans froncer les sourcils. « Le type qui a tué le maire. Je le connais. Depuis toujours. Je sais qui c’est oui. Et c’est, je suppose une des figures emblématiques. Je connais une partie de sa bande, même si je les ai pas revus depuis. » Je sais, j’aurais dû lui dire tout ça avant, j’en suis bien conscient. Mais difficile de trouver les mots, surtout pour ce genre de trucs. Et puis, j’ai mis personne en danger, ni lui, ni Triss, c’est le plus important non ? « J’suis désolé Josh. De pas vous avoir tout dit. Mais... »

Il sait non ? A quel point tout est compliqué pour moi en ce moment. Il va pas m’en vouloir non ? De toute façon, ça part tellement dans tous les sens autour de nous qu’on se laisse entraîner avec la foule des militaires. Ils ont envie d’en découdre, que ce soit pour se défouler d’être ici sans rien faire depuis des semaines ou parce qu’eux aussi ont le sentiment que ça peut pas rester comme ça. D’autres ont juste envie de castagner, pour le plaisir.

Je suis le mouvement avec plus ou moins de succès, m’assurant que Josh ne se fait pas trop bousculer. Pour qu’on se retrouve en tête de peloton, sur Avalon Boulevard, là où tout a commencé donc. Je désigne le cadavre du gosse au milieu de la rue, non sans déglutir. « Et merde, je pensais pas que c’était vraiment arrivé. » Au tour de lui, on dirait une espèce de no-man’s land, comme si personne n’osait s’approcher de cette bombe qui va nous péter à la gueule. J’entends les murmures autour de moi alors que la tension monte d’un cran devant la masse de civils à l’autre bout de la rue. « Amène-toi Josh. Si on peut éviter que tout prenne feu, c’est maintenant ou jamais. » Même si je sens que ce sera plutôt la seconde option. Faut que j’essaie et je sais que Josh sera le meilleur allié que je pourrais jamais avoir dans cette histoire.

Je prends une grande inspiration alors que je fais un pas, puis un autre, profitant de l’agitation générale pour faire oublier que je ne devrais même pas être là. Je me rends compte de tous les regards braqués sur ma nuque et je souffle, à mi-vois, en direction de mon meilleur ami. « Quitte à se faire virer, autant faire ça avec classe non ? » J’ai même pas pris le temps de vraiment vérifier qui est à la tête de l’escouade envoyée contre les insurgés mais, au vu de l’absence de mouvement ou de cris à nous voir bouger comme ça, je me dis qu’il me connaît. Et qu’il me laisse une chance. Ou qu’il est en train de me viser et que je vais me prendre une balle. Les deux n’étant pas incompatibles, évidemment.

Et je finis par m’arrêter à quelques mètres du cadavre, non sans remarquer que, de l’autre côté une silhouette s’est approchée à son tour. Je lève la main de mon fusil, en signe de bonne volonté, si tant est que ça ait encore vraiment du sens ? « Vous devriez le ramener chez lui. Il a rien à faire là dans la rue. Il avait rien à faire là. » Je me mordille la lèvre nerveusement avant de continuer, essayant de me faire plus assuré que je ne le suis. « Je sais pas combien de temps on a avant qu’ils tiquent que je devrais pas être là, à te parler. Je… on se connaît pas mais… je sais. Plus que tu pourrais l’imaginer.  Et on doit pouvoir faire quelque chose pour … éviter tout ça. » Genre, la voix de la raison, moi ? A croire que tout peut arriver ici, avec ce petit goût de fin du monde.

La situation ne tardera pas à être totalement hors de contrôle. Tout le monde était sur des charbons ardents et rien de bon ne pouvait en sortir. La nervosité était palpable... Au moindre dérapage, ce serait le bain de sang. Et malheureusement, certains n'attendaient que cela, que ce soit d'un côté comme de l'autre. Kenan était au supplice. Il lui fallait faire quelque chose. J'aurais pu l'en dissuader, mais... Quelque part, je n'avais pas non plus envie de rester les bras croisés et ne rien faire. Je ne pouvais pas laisser des innocents mourir aussi bêtement. Car oui, même parmi les civils de Downfall, il y avait des innocents. Je n'étais pas convaincu que l'intervention de deux soldats suffise à changer la donne, mais... il fallait bien faire quelque chose. Et peut-être que l'ancien habitant de Downfall devenu soldat avait quelques amis bien placés dans le mouvement qui grondait en face. Cela pourrait être un gros atout. Même si Kenan balaya assez vite mes espoirs à ce sujet. Merde. Mais la suite... Je ne m'y attendais vraiment pas. Il connaissait l'assassin du maire et il n'avait rien dit ? "Je me disais bien aussi que tu n'étais pas aussi incompétent que tu le laisses croire..." Je me contentais de ce simple commentaire, même si j'étais naturellement un peu choqué par la révélation mais aussi... probablement déçu qu'il ne nous ai pas fait suffisamment confiance pour nous le dire. Je ne lui en voulais pas, mais c'était comme ça.

Le mouvement de foule nous entraîne. J'ai au moins la chance d'être grand, cela facilite grandement la bousculade et compense mes petites lacunes physiques. Je garde Kenan en vue et le suis, autant que faire se peut, jusqu'à la scène de crime. Il était bien là, le cadavre du gamin. Ce n'était pas le premier qu'on voyait... On avait assisté à bien des morts civiles, victimes malheureuses des conflits environnants. Mais là, ben c'était chez Kenan. Cela rendait tout plus difficile. "Mouais, ou on sera les premier à y passer." Je ronchonnais, mais le suivis malgré tout, essayant d'être aussi calme que possible. Je souris en coin à sa remarque. Il pouvait bien faire le fier... Je ne m'y trompais pas. "On va dire ça." Ce serait classe de repeindre le sol avec nos tripes après qu'on se soit fait descendre par la racaille du coin ? Je ne m'en rendais pas bien compte.

Je m'arrêtais, à quelques centimètres derrière de Kenan. J'observais les gens en face. J'entendais mon cœur battre un peu trop fort dans mon esprit. Des bruits sourds et rapides. Est-ce que j'avais peur ? Évidemment. Je n'avais pas envie de mourir ici et maintenant... Comme ça. Cette femme je la connaissais. Surpris, et attristé aussi de la voir dans ces conditions... Je ne savais pas si c'était une bonne chose ou non de me retrouver face à elle. Nous nous étions revus plusieurs fois et nos relations étaient cordiales, mais de là à penser que je puisse tirer quoique ce soit d'elle... Ce n'était pas gagné. Et je préférais demeurer prudent, alors qu'un autre homme était avec elle. Je jetai un regard en coin à Kenan alors qu'il prenait la parole. J'espérais qu'ils n'allaient pas s'offusquer alors qu'il disait qu'ils n'avaient rien à faire là. C'était leur ville... Et nous qui n'avions rien à faire là. Kenan reprit, un peu hésitant... Les personnes en face de nous voulaient-elles que cela finisse avec des morts ? Car il y en aurait... Et probablement davantage dans leur camp que dans le notre, même si ils étaient plus nombreux. D'un autre côté, s'ils se battaient pour la liberté... Aucun sacrifice n'était trop. Mais ce mec qui s'était avancé... Il l'avait bien fait pour parler non ? Il s'était exposé aux tirs de militaires. Comme nous nous exposions aux tirs des civils. "Toutes façons, maintenant qu'on est là... Disons que si jamais ça dégénère, ben nous serons de formidables boucs émissaires." Je jetai un regard à l'homme et à Jodie (oui Josh connaît Philia sous le nom de Jodie) en disant cela. "Nous n'avons pas spécialement envie de voir de nouveaux morts. Nous ne sommes pas ennemis, quoique vous en pensiez. Si vous avez le pouvoir d'empêcher la foule de totalement se déchaîner... C'est le moment d'en user."

Final Warning

Dwayne Clarkson, Kenan Blake, Joshua Zhang

Le dernier souffle d’un gosse. India avait croisé des morts mais voir la vie s’éteindre sous ses yeux, c’était une première fois. Brutale, dans le dernier cri d’agonie qui appelait à l’aide. Ses épaules tombèrent, une main sur le cou encore chaud de l’enfant. Une vive et profonde douleur crispa son corps. La colère s’insinuait dans ses veines, bloquait sa gorge, sa respiration et son regard se posa sur l’arme qui était posée près de ce corps inerte. L’envie de l’attraper et de tirer sur cette foule d’hommes armés se fit pressante. Mais la raison parvint à faire surface pour lui rappeler qu’elle n’avait aucune chance face à eux. L’intelligence gagnerait face à ces singes. L’Unbroken ferma les yeux quelques secondes pour faire taire la haine lui donnait envie de hurler.

Elle devait se détacher de ses émotions. Elle devait se détacher de ce cadavre d’enfant. Elle devait ne rien ressentir face à cette misère, face à la souffrance, face à la détresse. Elle devait être froide, plus froide que jamais. Elle devait empêcher les Unbrokens et les habitants du Big Nowhere de fondre sur l’armée. Elle n’avait pas les informations ni le poids nécessaire pour parvenir à les empêcher mais elle devait tout faire pour. India se leva alors après une longue expiration, le visage fermée, impassible. Son regard se posa d’abord du côté des habitants qui se regroupaient, certains cherchaient à empêcher les plus touchés à ne pas aller de l’avant, puis vers les militaires qui n’avaient pas bougés d’un pouce, armes en main, n’attendant qu’un mot pour avancer.

C’était d’une démarche droite, fière qu’elle s’avança vers les soldats, les toisant un instant une fois à leur hauteur pour en trouver celui qui les avait menés. D’une marche lente, toujours orgueilleuse qu’elle se positionna devant celui qui avait le plus de galon pour lui sommer de s’en aller. L’échange fut bref et il ne semblait vouloir entendre ce qu’elle avait à lui dire. Une fille de vingt ans qui se permettait de donner des ordres à un homme proche de la quarantaine ? L’égo avait toujours sa place dans ce cerveau ramolli par les années de lavage de cerveau. Elle resta quelques minutes de plus face à lui mais India ne parvint à rien. Si seulement elle avait pu avoir quelques renseignements sur cet homme, peut-être aurait-il cédé face à la menace.

Elle retourna alors vers les personnes qui avaient vu la scène et qui refusaient de bouger, attendant un signe, un bruit, un appel pour foncer sur eux, quitte à perdre la vie aujourd’hui. La jeune femme ne voulait pas que l’on enlève le corps de l’enfant. Parce qu’il était un symbole de la violence, qu’il était la représentation même du combat. Il devait devenir un martyr pour la cause. Le bruit courrait que les Unbrokens arrivaient pour terrasser l’armée. India comprit que Boomer avait pris les armes mais quelles armes ? La déception amère qu’elle ressentait pour cet homme fut vite écartée pour ne laisser qu’une froide et implacable indifférence. Les minutes passaient et elle retourna vers le cadavre pour trouver sur lui son identité, un papier, une adresse.

Ce fut à ce moment-là, que d’un côté de la rue, des hommes et des femmes débarquèrent avec en tête le leader des Unbrokens. La foule était bruyante comme jamais, ce qui réveilla les officiers de l’armée qui aboyaient des ordres à présent sur leur chien de garde. Les habitants s’avancèrent, des armes, peut-être même celle qu’elle leur avait donné au prix de son corps. La jeune femme regarda Boomer pour jauger son état. Plus dangereux que jamais, il était remonté mais pourtant, elle pouvait voir dans son regard une flamme qu’elle ne comprit pas. Elle doutait que Dwayne soit en état de parler. Comme elle, elle voulait voir les militaires tomber les uns après les autres pour toutes les fois où ils les avaient attaqués, toutes les fois où ils ont tenté de prendre leur ville et pour cette fois où la vie d’un enfant innocent avait été touché.

De l’autre côté, deux militaires se détachèrent du lot, les mains libres en signe de bonne volonté. India n’a pas de mal à reconnaître l’homme aux traits asiatiques, qu’elle avait rencontré une première fois à l’hôpital, l’invitant à boire un verre pour se faire pardonner d’avoir été une parfaite ordure, cherchant par ce biais à gratter des informations sur les militaires, le retrouvant par la suite au Purgatory sur ses bons conseils. Tandis que le second, celui-là même qui osa prendre la parole, son visage lui était familier pour avoir subi un contrôle d’identité de sa part et pour l’avoir revu peu de temps après le tremblement de terre. Le monde était petit. Le regard impassible, elle observa l’homme qui semblait vouloir apaiser la situation puis laissa ses yeux se poser sur Joshua, cherchant à comprendre comment ce médecin pouvait être là. Ce dernier prit la parole à la suite de l’autre militaire, s’annonçant comme de parfait bouc émissaire. Non le bouc émissaire était l’ordure qui avait tiré en premier. Les avait-on envoyés discuter pour apaiser les tensions ? La prochaine fois, qu’ils envoient un général et pas deux trouffions, furent la pensée de la brune. Il ajouta qu’ils n’étaient pas leurs ennemis et la jeune femme ne put s’empêcher de hausser un sourcil à cette phrase. Il cherchait à ce que cela ne dégénère pas mais cela ne dépendait plus vraiment des deux camps. Est-ce que cela pourra ne pas dégénérer avec cette tension extrême ?

C’était impérieuse qu’elle devança le leader des Unbrokens, n’appréciant guère d'être au second plan, ignoré par tous, du moins de presque tout le monde. Comme lors du tremblement de terre, la jeune femme se montra avec une assurance pleine de flegme, qui n’a pas peur de l’ouvrir. Joshua l’avait remarquée et Dwayne connaissait son caractère. Elle se redressa, faisant face aux deux militaires, se postant juste à côté du leader des Unbrokens, alors que le cadavre de l’enfant venait d’être emmené au loin. Elle ne laisserait pas l’afro-américain parler en premier parce qu’elle craignait qu’il ne les pousse à bout pour tuer du militaire. Elle le savait pourtant intelligent pour vouloir la mort de ses camarades mais l’enfant était peut-être la goutte de trop.

Alors prenez vos hommes et barrez-vous, vous avez fait assez de mal comme ça à cette ville. Vous n’êtes pas à votre place ici. Vous n’êtes pas chez vous. Soyez intelligent, pour une fois, et dites à vos supérieurs que ces personnes sont prêtes à mourir pour que vous ne mettiez pas un pied de plus sur leur territoire. Pour cet enfant. Pour rester libre. Nous sommes Downfall.

Ces paroles devaient faire écho au médecin.

(c)syndrome

Spoiler:

Je vois les mecs autour de nous en train de se préparer. Ils sont bien trop armés, bien trop équipés et en face, personne fera le poids. Surtout qu’on a ramené du matos quand on a débarqué et qu’ils vont pas hésiter à utiliser tout ce qu’on a, ne serait-ce que pour rappeler qui est le patron. Ou une merde du genre. « J’aurais préféré, être incompétent. Ca aurait été bien plus simple à gérer. » Je soupire et je souffle de nouveau, d’un ton penaud. « … j’aurais dû vous le dire avant, je sais. » Ca change pas grand-chose au final, si ce n’est que si je dis rien aux seules personne à qui je fais confiance, je vais pas y arriver. Arriver à quoi ? J’en sais rien. A ne pas craquer probablement. Mais là, pour le coup, je vais arriver à rien donc. Avec ou sans eux.

Chassant cette pensée tout sauf joyeuse, je m’approche du gosse, Josh sur mes talons. Je devrais pas lui avoir demandé de venir, j’aurais dû le laisser en sécurité, à l’arrière. Mais avec lui, j’ai l’impression de pouvoir tout faire. Impression qui va probablement être vite détrompée hein, je suis pas si con. Sauf que c’est Josh. Et que j’ai besoin de lui. Maintenant plus que jamais. « Je suis trop mignon pour me faire flinguer. Et ils vont pas tirer sur un handicapé. Montre ta jambe, ça jouera en notre faveur. Et au pire, tu leur jetteras à la gueule, l’effet de surprise te laissera le temps de te barrer. » Ouais, faire de l’humour au plus mauvais moment, je maîtrise. Ca me permet de garder un semblant de calme, de me canaliser avant qu’on arrive devant… deux personnes donc. Y en a une, sa tête me dit vaguement quelque chose, mais l’autre, pas du tout. Au murmure de Josh, je souffle, d’un ton plus assuré que je le voudrais. « L’armée a pas besoin de bouc-émissaire pour mettre le feu. On va éviter d’en rajouter une couche quand même. »

La fille à qui Josh s’est adressé prend la parole. Et je me retrouve dans chacun des mots que je prononce. Ouais, ce genre de prise de conscience, en cet instant précis, est particulièrement moche, je suis bien prêt à le reconnaître. Nous sommes Downfall. C’est ça que j’aurais dû dire. J’aurais dû être de son côté, prêt à mourir pour cette ville, pour ma ville. Sauf que je suis en face et que je suis juste en train de me demander comment éviter un bain de sang qui semble de plus en plus inévitable. Et pourtant, j’ai un sourire fier à ses paroles. Mon regard accroche le sien et je hoche la tête, essayant de trouver une parade qui, bien évidemment, ne vient pas du tout.

Avant de me figer quand l’autre type prend la parole. Je bats de cils, incrédule avant de secouer la tête cette fois, complètement pris entre deux feux, entre les deux seules choses qui aient jamais compté pour moi. « Vous savez que c’est pas possible ! » J’ai parlé assez fort, espérant que le mec va m’entendre. « Ca ne changera rien ! Ca ramènera pas le gosse et ils... » Je désigne les militaires, plusieurs dizaines de mètres plus loin. « … ils vont juste se foutre de moi quand je vais leur dire ça ! » Je soupire, me passant une main sur le visage avant de tenter de capter le regard de la demoiselle. « Ils ont commis une erreur. Je sais. Mais si vous allez mourir, ce sera pas leur cas. Il y en aura d’autres. Tout le temps. Et il se passera quoi quand vous serez plus là pour défendre notre ville ? Quand vous serez morts ? Ils auront gagné. » Et faut pas qu’ils gagnent. Pas comme ça, surtout pas à cause d’une seule vie de perdue. Je sais ce qu’elle vaut, je suis pas débile mais, quand même, ils vont pas tout perdre maintenant. C’est le moment où mon oreillette grésille, faisant probablement écho à celle de Josh. « Blake, on a tiré au max, ils vont pas rester plus longtemps à les regarder sans bouger. Va falloir vous tirer si vous voulez pas être entre deux feux. » J’ai un regard un peu paniqué en direction de Josh, espérant qu’il trouvera les mots qu’il faut. Il sait faire ça d’habitude.

"Tu as le chic pour te mettre dans des situations impossibles Kenan..." Je soupirais, sans vraiment être surpris finalement. "Ouais. Souviens-t-en pour tes prochaines cachotteries. Enfin, il n'y en aura peut-être pas..." Non pas qu'il n'en ferait plus, mais nous risquions surtout de ne pas survivre à cette journée. Je ne voulais pas être pessimiste, mais c'était mal engagé quand même. "C'est dans la tienne que je vais la jeter." C'était bien le moment de faire de l'humour tiens. Et plus nous approchions, moins j'étais serein. Je n'avais pas envie de mourir là.... Vraiment pas. Malgré ce que j'avais pu confier à Kenan, j'y tenais quand même à cette vie, surtout alors que de nouvelles perspectives s'ouvraient devant moi.

Difficile de ne pas croiser le regard de la jeune femme sans repenser à notre première discussion... Un jour, les choses dégénéreraient, suffisait de savoir qui serait à blâmer. Le premier coup avait été porté par les militaires, au grand dam de Josh, même si le gamin avait provoqué son sort. Personne ne méritait d'être abattu ainsi, mais il avait été une menace potentielle. On ne jouait pas avec des armes impunément. On ne se saisissait pas d'une arme si on n'avait pas l'intention de s'en servir à un moment donné. Quoiqu'il en soit, le mal était fait. Et il me semblait impossible d'éviter la suite des événements. Hélas... J'étais présent alors que ça dégénérait. Et elle aussi. Et comme je m'y attendais, elle ne put s'empêcher d'intervenir et de rappeler que c'était sa ville ici et que nous étions des étrangers. Assez de mal hein ? Ils étaient les artisans de leur propre malheur et de leur chute. Sans surprise, elle annonça qu'ils étaient prêts à mourir peur leur liberté. Nous savions cela. Mais ils ne gagneraient pas cette guerre. Peut être emporteraient-ils la première bataille. Mais d'autres viendraient. Et raseraient la ville sans aucun état d'âme. Ils étaient en sursis et leur arrogance les conduirait au trépas. Tous. Ne s'en rendaient-ils pas compte ?

Nous pouvions toujours transmettre le message à nos supérieurs, qui en riraient probablement et donneraient le signal pour l'assaut. Mais la demande du type qui était avec elle, en revanche, c'était du délire. Et Kenan s'offusqua, alors que le type se cassait déjà sans rien dire de plus, sans même tenter de nous écouter. Je serrai les poings. "La loi du talion... Œil pour œil. Évidemment. Un mort pour un mort, puis la vengeance. Une fois engagés là dedans, il n'y aura plus de retour possible en arrière..." Je parlais à Jodie, puisque l'homme s'était détourné. J'espérais qu'elle avait un peu plus de bon sens, mais quel poids avait sa parole au juste ? "Ce n'est pas le moment de se battre..." Kenan pensait comme moi : la rébellion serait écrasée. Ils mourraient tous. Pourquoi se battre sans espoir ? "Pas sans espoir de réussir." Je la fixais, avant de regarder Kenan tandis que nous recevions le message. "Notre présence n'empêchera pas l'exécution des ordres." Je regardai de nouveau la jeune femme : "S'il te plaît. Dispersez-vous. Et nous allons négocier la même chose." Je pris alors mon propre talkie walkie : "Encore quelques instants. On doit éviter au maximum les pertes." Je fixai Jodie, calmement : "Faut-il encore davantage d'orphelins ? Je comprends votre haine, votre colère... J'ai vu Downfall. Ses mauvais côtés, mais aussi ses bons. J'ai vu l'espoir... Il mourra avec vous aujourd'hui si le combat éclate."

Final Warning

Dwayne Clarkson, Kenan Blake, Joshua Zhang

Pourquoi le militaire souriait alors qu’elle terminait son petit laïus ? Se moquait-il d’elle ? Leur regard se croise et il ne peut y lire que tout le mépris qu’elle ne parvint pas à masquer face à cet homme aux couleurs de l’armée. Si ces yeux pouvaient le foudroyer, ils le feraient. Elle voulait lui faire effacer son sourire, de bien des manières, mais ce fut Boomer qui lui fit ravaler son sourire en demandant, dans un temps limité, un homme en échange de la vie de cet adolescent. La loi du Talion. Il avait perdu la tête et sonnait leur arrêt de mort par cette demande. India tourna la tête vers l’Unbroken, refusant de laisser la surprise marquer son visage. Son cœur était pris de palpitation face à cette provocation irraisonnée. Et le militaire qu’elle ne connaissait pas lui expliqua, alors que Dwayne s’en allait, que ce n’était pas possible. Ils ont commis une erreur. Oui, une terrible erreur qui a coûté la vie d’un gosse. Le terme erreur était trop faible pour les Unbroken et même si dans un autre moment, un autre lieu, elle aurait compris les paroles du lieutenant. Elle tiqua quand il s’attribua la ville, ignorant que ce militaire était un ancien habitant de la ville.

Notre ville ? Siffla-t-elle. Vous avez du culot de penser qu’elle vous appartient… Joshua, ça devait arriver.

Elle regarda le médecin, ce militaire qu’elle avait approché pour finir, malgré la fausseté de sa sympathie, par l’apprécier car loin de l’image négative qu’elle s’était faite de ces envahisseurs. Un comble d’apprécier un des leurs. Ce dernier enchaîna pour pointer du doigt que s’ils répondaient à leur demande, il n’y aurait plus de retour possible en arrière. Et elle était d’accord avec lui. Il n’y avait aucun espoir qu’ils gagnent face à une troupe entraînée. Il y eut quelques courtes secondes où ils échangèrent un regard avant de lui annoncer qu’ils allaient exécuter des ordres. India se renfrogna à l’idée abjecte d’obéir. Quels étaient les ordres ? Avancer vers le palais de justice ? Tirer sur tout ceux qui étaient sur leur chemin ? Joshua prit son talkie-walkie pour demander encore un peu de temps. Les secondes passaient et ils ne restaient plus beaucoup de temps avant que Boomer ne décide de déchaîner les enfers. Les paroles sages du médecin firent à nouveau écho à leur première rencontre, mais pourtant l’Unbroken s’entêta, bien qu’il ait raison que s’ils mourraient aujourd’hui, le combat serait perdu.

Qu’est-ce qu’ils ont à perdre si l’armée leur prend tout ? L’armée a tiré en premier… Ce n’est pas à eux à de se disperser mais à vous. Vous n’avez rien à faire ici. Vous n’êtes pas chez vous. Retournez à Inglewood. Aujourd’hui. Pour ce gosse. S’ils se dispersent, vous allez vous engouffrer dans leur quartier et ils ne vous laisseront pas faire. Tu n’auras aucun poids sur tes supérieurs quand bien même il possède le grade de lieutenant.

Elle fit un signe de tête vers celui qui devait être son ami. Son regard se posa sur la flaque de sang que l’enfant avait laissé sur le sol, amer, elle secoua la tête.

Je vais tenter de lui parler mais je n’ai aucun poids, Josh. J’étais juste là pour apporter des médicaments…

Pour qu’il comprenne que bien qu’elle cachait son jeu, elle ne pourra pas changer grand-chose face à une foule en colère. La mâchoire serrée, elle leur adressa un dernier regard qui oscillait entre la contrariété et la crainte. Elle s’approcha de Boomer qui avait pris ses distances. Le dos tourné aux militaires, elle s’adressa à lui, incertaine qu’il apprécie ce qu’elle allait lui demander, avec calme, quelque peu impérieuse dans son attitude.

Tu les mènes droit au massacre. Il faut être plus intelligent qu’eux. Ne les attaque pas maintenant, agir avec colère n’est pas la solution. Attends le bon moment pour frapper, fais-leur croire qu’ils gagnent, qu’ils croient que vous êtes faible, surtout si tu m’écoutes. Attends qu’ils continuent leur marche, attends qu’ils soient dans de plus petites ruelles, prépare-toi pour les frapper là où ils s’y attendent le moins et en gagnant, tous auront en mémoire la mort de ce gosse. S’il te plaît.

Mais elle savait qu’elle ne faisait que gagner du temps, que la rencontre serait inévitable et qu’il y aura des morts des deux côtés. Que si ce n’était pas maintenant, cela serait plus tard, demain ou dans les jours à venir. L’armée voulait conquérir tout le quartier et ils avaient fait venir de l’autre côté du mur des renforts armées et blindés pour rétablir l’ordre. L’affrontement allait être inévitable.

(c)syndrome

En résumé:

Lancer de dés:

J’ai un bref regard en direction de Josh et je souffle, comme si je faisais un vœu. « Je te promets que plus jamais je te cacherais quoi que ce soit. Je suis désolé. » J’essaie d’embrayer un peu en faisant une vague tentative d’humour, même si ça marche pas aussi bien que je le voudrais.

… en fait, absolument rien ne marche comme je le voudrais. Va falloir que je l’admette tôt ou tard. Ce qu’on est en train de faire est inutile mais on peut pas faire autrement. Fermer les yeux, ce serait cautionner le massacre qui va immanquablement arriver. Peut-être pas aujourd’hui mais, au rythme où vont les choses, ça va mal finir. Très mal finir.

Et puis, j’écoute Josh. C’est stupide mais je me sens rassuré à l’entendre. Une part de moi, cette part totalement naïve, idiote et qui croirait au Père Noël si on lui en donnait l’occasion… donc cette petite part là, se dit que si les gens l’écoutent, s’il y a plus de monde comme lui, on devrait pouvoir s’en sortir sans trop de dommages non ? Parce que, même si moi je merde devant la fille, elle a l’air de l’écouter. Genre pour de vrai.

Je l’écoute avec attention alors que cet espoir, ce foutu espoir, commence à prendre le pas sur tout le reste. Et ça, autant dire que c’est la pire des conneries. Je devrais le savoir pourtant depuis le temps. Mais je souffle à mi-voix, en réponse à ses propos. « Je… cette ville appartient à ses habitants. Elle nous appartient donc. » Je pense qu’elle aura pigé le message pas du tout subtil. Autant qu’elle pige que je suis de son côté, même si je sens que Josh va grincer des dents à me voir sauter à pieds joints dans la merde. Comme si j’en avais besoin. Alors je continue, toujours sur le même ton, alors que tout semble gronder autour de nous. « On fera tout ce qu’on peut. Mais s’il te plaît, essaie de les disperser. Ils auront aucune pitié. On va gagner un max de temps. » Sauf que ça suffira peut-être pas. Sûrement pas.

Pourtant, j’y crois.

Je la regarde s’éloigner et parler avec l’autre type. J’ai l’impression que tout va au ralenti, c’est un truc de dingues. Le pire ? C’est que ça continue. Je sais pas si ça a marché de leur côté, s’ils vont partir ou s’ils vont s’aligner face aux militaires. Si on va pouvoir sauver les meubles ou si la rue va finir imbibée du sang de ceux qui se battent pour elle. Parce qu’on va pas se leurrer, les militaires sont bien plus préparés à ce genre de trucs. Oh, il y aura des pertes. Mais ils seront remplacés. Par des mecs enragés qui voudront venger leurs frères d’arme. Et ça ne s’arrêtera jamais.

« Blake putain, vous faites quoi ? Le commandant est là. Magne-toi le cul si tu veux... » Je sursaute alors que ça grésille et que j’entends plus rien. Je lève les yeux en direction de Josh, sentant la panique se mêler à ce vague espoir que les choses allaient s’arranger. Et je vous garantis que ça fait pas bon ménage. « Faut qu’on lui parle Josh. Faut qu’on essaie. On peut pas... » Je finis même pas ma phrase et je me précipite en direction du commandement. Je sais pas si Josh me suit ou pas. Je sais juste que je cours aussi vite que je peux. C’est complètement con vu que ça fait probablement de moi une cible idéale, d’un côté comme de l’autre.

Mais on s’en fout.

Parce que si j’y arrive, si je peux lui parler, je suis sûr que je pourrais tout arranger. Qu’ils vont pas tirer. Ils peuvent pas tirer sur cette foule. Parce que dans cette foule, peut-être qu’il y a ma mère, Pixie, tous ceux avec qui j’ai grandi. Parce que dans cette foule, il y a les dernières miettes de ce qui a fait ma vie, de cette identité que je cherche depuis que j’ai remis les pieds ici. Parce que dans cette foule, il y a ce gamin que j’ai été et qui s’est paumé en cours de route.

Alors si elle disparaît, je vais disparaître avec elle. Je le sais.

Je déglutis alors que je continue, heurtant les soldats qui commencent à s’aligner, à enfiler leur gilet pare-balles et tout ce putain de matos qui va les rendre mortels. Je sais pas comment je fais pour arriver devant le commandant. Il est bien entouré et ça grésille dans les oreillettes de tous les côtés. Putain, elle est où Triss ? Faites qu’elle soit pas là. Faites que ce soit pas ce sniper là-haut qui va commencer à tirer dans le tas et faire mouche à chaque fois. Je pourrais pas le supporter. Le commandant lève un sourcil à me voir à bout de souffle devant lui et il croise les bras, me toisant sans que j’en ai réellement conscience. « A quoi vous jouez Blake ? Si vous voulez faire la cible, allez sur le champ de tir. Mais... » Il a pas le temps d’en dire plus que je lui coupe la parole et que je commence à parler, beaucoup trop vite, sans être bien sûr que je serais capable de tout articuler. « Commandant, je vous en prie. Il faut pas. Vous pouvez pas. Ce sont des civils. Ils ont… ils comprennent pas ce que ça implique. On est pas là pour ça, c’est... »

Et merde, pourquoi j’arrive pas à faire une phrase complète ? Sérieux, c’est le moment ou jamais. Sauf que c’est Josh le cerveau. Et que je l’ai tracé comme un crétin. « Lieutenant Blake qu’est-ce que vous racontez ? Ce ne sont PAS des civils. Ce sont des insurgés. Armés. Ils ont reçu l’ordre de se disperser et ne l’ont pas écouté. Et... » Je reprends mon souffle pour le couper de nouveau, un ton plus haut cette fois. « Mais bordel ! Ce sont des citoyens américains ! Ils ont RIEN d’autre que cette foutue ville ! Et vous voulez leur arracher ? Vous voulez les buter parce qu’ils veulent juste protéger leur maison ?? On devrait être AVEC EUX ! Pas contre eux ! ON DEVRAIT LES SOUTENIR PUTAIN ! » J’ai parlé tellement fort que le silence s’est fait autour de moi. Sauf que je m’en rends même pas compte. « BLAKE ! Vous allez trop loin. Fermez-la et peut-être que j’oublierais ce que vous venez de raconter. » J’entends le souffle de Josh derrière moi, je le reconnaîtrais entre mille. Il s’est figé sans que je sache pourquoi. Probablement parce que ma voix s’est brisée pendant que je parle, que je suis en train de perdre le peu de raison qui me restait. Et que je dois avoir une tête de cinglé.

Et quand le commandant s’avance pour aller parler aux hommes, je me plante devant lui. « Faites pas ça. » J’ai la voix qui tremble mais je reste là, à le regarder. Et je sens aussi les yeux de tout le monde braqués sur nous. « … Blake. Dernier avertissement. Je sais pas ce que vous avez dans la tête, mais si vous continuez, on va raser cette foutue ville juste pour que vous la fermiez. Et vous serez aux premières loges. Hors de ma vue avant que vos 15 jours de trou ne soient doublés. » Il se tourne vers les autres, avec un hochement de tête. Pas besoin d’ordres directs, ça veut tout dire. Que ce soit pour moi ou pour eux.  

C’est faux, j’ai pas les larmes aux yeux. C’est faux, cette colère qui couve en moi depuis des mois n’a pas pris le pas sur tout le reste. Je sens qu’on m’attrape par le bras et je me débats, sans même y réfléchir. C’est probablement une connerie. Sûrement même. Sauf que ça m’empêche pas de continuer. Je dois lui parler, je dois trouver les mots. Même si c’est trop tard et que les troupes commencent déjà à bouger. Je remarque même pas Josh, je sais pas ce qu’il fait ou ce qu’il dit. Jusqu’à ce que je vois sa silhouette près du commandant. Je l’entends pas. Ca bourdonne dans ma tête et je recommence à me débattre. Jusqu’à ce que je prenne un coup à l’arrière des genoux, suivi d’un « désolé chef, mais faut te calmer avant que t’ailles trop loin... » Ou alors, je l’ai rêvé. Tout comme j’ai rêvé que j’entends le commandant balancer un « si vous voulez pas le même sort Wang, retournez dans votre putain d’infirmerie et laissez-moi faire mon boulot. Et enfermez-moi ça. »

Je voudrais lui dire que c’est Zhang, pas Wang espèce de connard. Sauf qu’en fait, je reprends un coup. A l’arrière du crâne cette fois. Et puis, c’est le trou noir.

Spoiler:

Les paroles de Kenan étaient maladroites alors qu'il parlaient de notre ville. Je ne me comprenais pas dans le lot, cette ville n'était pas la mienne, elle était une mission, c'était tout. Je n'avais aucun attachement et elle pouvait bien disparaître. Mais que des civils soient tués... Que des innocents périssent, ça, c'était inacceptable, même s'ils étaient des rebelles ou des insurgés. Certains méritaient de mourir, mais pas la grande majorité. Et ce qui allait se produire aujourd'hui... Porterait le nom de massacre. Kenan et moi étions nous en mesure de l'arrêter ? probablement pas. Je lançai un regard sombre à la jeune femme quand elle ajouta à mon intention que cela devait arriver. Je hochai la tête gravement, à contrecoeur. Nous l'avions évoqué effectivement. "J'aurais préféré que cela se passe bien plus tardivement." Nous avions été très conscients des tensions et du climat actuel. "L'armée a réagi à une menace, qu'importe qu'elle vienne d'un adolescent." Il ne fallait pas oublier qui avait été menaçant en premier, aussi triste cela soit-il. Je répondis avec calme et regret, mais les torts étaient partagés. Malgré tout, les paroles de la jeune femme étaient pleines de bon sens. Il était très possible que nous n'arrivions à rien... Et que le combat éclate malgré tout. "Je sais. Peut-être encore moins que toi. Mais j'aurais au moins essayé. Et toi aussi." Kenan abonda dans mon sens. Gagner du temps, c'était probablement tout ce qu'on pouvait faire. Elle se détourna pour tenter de calmer le leader. De notre côté... Il fallait affronter les foudres de notre supérieur.

Affronter le commandant... Voilà qui risquait d'être délicat. Peut-être que les insoumis étaient butés, mais il avaient sans doute plus de bon sens. Parler à certains supérieurs revenait à s'échiner contre un mur. C'était usant et improductif. "Kenan attends !" Mais cet idiot était déjà parti au quart de tour, se ruant vers le commandement sans même prendre la peine de réfléchir deux minutes. Il y avait des choses qui ne changeaient pas et ça... Et bien, là, ça aurait été bien que ça change. Je tentai de le suivre, avec un succès mitigé. Les ordres semblaient avoir été donnés... Tous étaient en train de se préparer à l'affrontement. Et merde... C'était déjà trop tard en réalité. Je rejoignis tout de même Kenan qui était déjà en train d'envenimer la situation par un discours décousu. Je continuais à tenter de le rejoindre, entendant leur débat, tout en me frayant un chemin. Pitié Kenan, tais-toi. Et malheureusement, il alla trop loin. Je soupirai. Kenan allait trop loin. Une vraie insubordination. 15 jours de trou déjà. Merveilleux. Quelque chose me disait que ce qui allait se passer aujourd'hui allait précipiter son départ. Il ne pourrait pas continuer à soutenir une organisme qui heurtait ses valeurs. Il devait choisir entre deux fidélités.

Et il venait de faire son choix.

Avant qu'il ne commette l'irréparable, je fis un signe de tête à nos camarades qui hésitaient à intervenir. Pardon Kenan. Il fallait qu'il arrête. "Commandant, nous sommes parvenus à éviter qu'ils n'attaquent d'emblée et à les faire réfléchir. Il est encore temps d'éviter un conflit." Mais le roquet n'aimait pas qu'on remette en cause son autorité alors qu'il me répondait sèchement de retourner m'occuper de mes affaires. "Très bien. Protéger les civils me semblait être notre mission première. Je n'ai pas signé pour les assassiner. Nul doute que je vais avoir beaucoup de travail suite à votre décision éclairée." Mon ton était sarcastique et morne, alors que je serrai les mâchoires et tournais les talons. Quant à Kenan, il était emmené, là où il n'aurait pas le droit à la parole, histoire de lui apprendre où était sa place. J'irais le voir plus tard, le coup qu'il avait reçu pouvait être grave. Mais j'allais devoir gérer plus grave encore dans les prochaines heures.

Je me dirigeais vers l'infirmerie à l'arrière. Au moins... Je n'avais pas à tirer sir qui que ce soit, hormis si quelqu'un venait à s'introduire ici. Je donnai mes ordres aux infirmiers pour se tenir prêts, arrangeant l'infirmerie de fortune, tandis que j'entendais les ordres dans le talkie walkie. Je fermai les yeux, tentant de me calmer. Les hommes semblaient douter du bien fondé de ce qu'ils faisaient... Le coeur n'y était pas alors qu'ils avançaient pour disperser les rebelles en hurlant pour qu'ils écoutent. priant sans doute pour que les insurgés s'exécutent docilement. Nous n'avions pas réussi à honorer notre part de l'engagement. Nous n'avions pas réussi à faire en sorte que l'armée se replie. De leurs côtés avaient-ils commencé à se retirer, afin que tout se déroule sans incidents ? Mais les coups de feu qui résonnèrent balayèrent mes espoirs. "Ca a commencé. Tenez-vous prêts." A évacuer les blessés et me les ramener. J'allais avoir du boulot. Et Jodie également. Le point de non retour avait été atteint.

Spoiler:

Résultat des dés:

Final Warning

Dwayne Clarkson, Kenan Blake, Joshua Zhang

Le militaire qu'elle avait croisé lors du tremblement revenait sur ce possessif besoin de s'inclure dans ce nous, cette ville. India le dévisagea, sentant une colère monter en elle, rapidement stoppée par un éclair de lucidité. Se pourrait-il qu'il soit l'un des leurs ? Une taupe envoyée par un groupe ? Impossible. Personne ne s'engageait dans l'armée ici. Il devait venir de l'extérieur surtout avec son grade. Elle fronça les sourcils en réponse à ces mots, posant son regard sur le médecin qui avoua à demi-mot, l'espoir de repousser le plus loin possible cette altercation qui se terminera en bain de sang. Il revint sur la responsabilité de ce gosse. Un adolescent. Qu'aurait-il faut à cette distance ? Avec leur kevlar, leur protection alors qu'il ne portait qu'une simple veste. Le combat de David contre Goliath mais où David perdait misérablement la vie. Ces deux hommes défendaient cette action irréfléchie d'un des leurs comme si cela pouvait apaiser la colère qui grondait en chaque Unbroken.

Son regard se posa sur la flaque de sang sur le sol, sa mâchoire se serra, promettant d'essayer de faire quelque chose, entendant de leur côté qu'ils allaient faire le nécessaire. Mais India n'y croyait pas. Malgré la bonne volonté qu'il dégageait. Ce nous la taraudait. Un habitant de la ville, militaire ? Un dernier regard et elle se dirigeait vers le leader des Unbrokens, lui conseillant d'agir autrement, là où ils auraient la possibilité de faire plus de dégât dans leur groupe. Là, les soldats avaient l'avantage du terrain et il ne fallait pas être un stratège de guerre pour le voir. Elle repartit en arrière, cherchant du regard les militaires pour voir s'ils avaient un retour. Mais rien de tout ça. Les minutes passent lentement, la jeune femme réfléchit, le plus rapidement possible pour trouver les bons mots, la solution qui permettrait à ce moment de se tasser pour donner aux Unbrokens la possibilité d'attaquer les militaires comme il faut.

Ils ne revenaient pas. Et elle les voyait. Il y avait du mouvement de l'autre côté. Ils n'avaient pas réussi à convaincre leurs supérieurs. Pourtant elle avait eu un bref moment l'espoir, un mince espoir qu'ils y arriveraient. Pourquoi y avoir cru ? C'était stupide. Mais c'était trop tard. Les militaires avançaient vers eux. Elle reculait, sentant la peur l'envahir, tordre ses tripes. Elle était en plein milieu d’un futur champ de bataille. India se retourna et entendit la première déflagration, suivi de près par un hurlement d'une rare intensité. Ses jambes se dérobèrent et elle tomba au sol, prise par la terreur qui la figeait à présent. Non, elle n'était pas touchée mais elle était incapable de bouger. Et elle s'entendait crier, se voyait trembler comme une feuille, oubliant tout à cet instant qu'en dehors d'un simple fait: elle ne voulait pas mourir.

Sans même comprendre ce qui se passait, une ombre s'approchait, tout comme les tirs qui continuaient de fuser. Ses yeux ruisselaient de larmes, piquaient à cause d'une fumée non loin des militaires. Son regard hagard se posa sur la personne qui l'empoigna fermement. Boomer ! Une nouvelle force se réveilla en elle. Un nouvel espoir. Vrai. Ses jambes répondirent à l'impulsion et ils partirent à toute vitesse se cacher derrière un abri. Mais sur le chemin, il la poussa plus en avant comme pour la protéger de ce qui allait se produire, l'instinct de protéger les siens était plus fort que tout chez cet homme. Il ralentissait pour répondre aux militaires, lui ordonnant de continuer. Elle se retourna dans le feu de l'action et le vit se faire toucher par une balle. Elle ne reconnut pas cette voix qui sortit de sa gorge face à l’horreur. L'Unbroken fut tirée en arrière, sans comprendre avant qu’une autre personne ailleurs sur le devant pour porter secours à Dwayne. Il était à présent à côté d’elle, croisant son regard perdu dans le vague alors que sa jambe était touchée. Elle entendait des voix, mais c’était comme une sourdine et il lui fallut une claque pour atterrir sur terre, reprenant un nouvel état de conscience.

Blessure. Sang. Action. Réaction. Ses mains tremblaient encore, mais ôtèrent sa veste pour faire une pression sur la blessure après avoir mis les mains pour voir que la balle avait traversé. Elle fit une sorte de garrot, serrant de toutes ses forces pour arrêter le saignement. Les tirs continuèrent et des deux camps plusieurs tombèrent sous ses yeux horrifiés. Ils devaient partir pour arrêter le saignement, s’assurer que rien n’ait été touché de plus grave bien que l’impact ne semblait pas avoir atteint d’artère, car il serait déjà mort.

Il faut se replier, reculer, il faut l’évacuer au palais rapidement. Dwayne, il faut partir.

Elle regarda le leader et l’homme qui leur avait sauvé la vie à tous les deux qui ripostait sans hésiter en lançant plusieurs salves de tir en direction des militaires.

(c)syndrome

En résumé: