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 GET OUT ! [PV Kyo]

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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyMar 24 Jan - 20:13

Allongée dans le lit, je fixe le plafond.
Again.
J’ai l’impression de ne faire que ça de mes nuits. Et de mes journées aussi. Quand j’ai fait une garde la veille. Ce qui arrive souvent. Vu que la nuit j’en ai marre de faire ce que je suis en train de faire en cet instant bien précis. Stupide cercle vicieux de mes deux.

Le plafond donc. À défaut de réussir à dormir. Non pas que je ne suis pas claquée. Loin de moi l’idée de vous faire gober le fait que je les cherche mes insomnies à répétition. C’est juste qu’elles me trouvent systématiquement. Surtout quand je suis seule à devoir me les farcir. Sinon ce serait moins drôle, j’en conviens. Quand je partage le matelas de Love (ou très occasionnellement elle qui partage le mien), le problème ne se pose pas. Ou en tout cas vachement moins souvent. Faut dire que quand l’une des deux se réveille avant l’heure, l’autre a tôt fait de la retrouver. Généralement sur le balcon. Mais voilà, les faits sont là : ce soir je suis seule. Et je ne bosse pas. Ou plutôt : j’ai fini de bosser. Et on m’a renvoyée. Et quand je dis on, je parle bien sûr de cette chère et tendre Claudia qui en a marre de me voir trainer dans les urgences sans un minimum de sommeil dans les veines. Et qui n’a pas envie d’entendre quoi que ce soit comme excuse soi-disant bidon pour justifier mon retour prématuré. Et comme la chef infirmière a quand même son mot à dire dans son service ET qu’on l’écoute un peu partout dans tout le reste du bâtiment; eh bien je n’avais aucune chance d’en sortir gagnante. Alors je suis rentrée. J’ai sorti Bob. Et je me suis couchée. Et j’ai rêvé.

Ce qui explique que je suis désormais réveillée. Ou plutôt que j’ai les yeux ouverts. Nuance.
Mes pupilles me brûlent tellement la fatigue réclame son dû. Et ce n’est toujours pas faute de vouloir le lui refuser. C’est juste que dès que je ferme les yeux … il est là. Il est TOUJOURS là. Partout. Tout le temps. Non. Fucking. Stop.

J’oblige mes dents à se desserrer sans quoi ma mâchoire va me le faire payer en migraine (cette logique imparable je vous jure). Je cligne plusieurs fois des paupières. Ça fait mal. J’ai la sale impression d’avoir les yeux tout boursouflés et de ressembler à un merlan frit. Voire carrément de m’être prise une baigne en pleine poire (quitte à rester dans la gastronomie, ma foi ; même si mon foie se prêterait plus à la thématique du soir). Je sais que ce n’est pas le cas. Je m’en souviendrais. Je m’en suis toujours souvenue. Enfin, la plupart du temps. Il y a bien sûr eu cette fois où ma tête a touché le coin d’un meuble et où j’ai fait un black-out total de la scène précédant la chute ; mais ça ne compte pas vraiment. Vu que je ne me rappelle pas du lien de cause à effet. Mais ( !) je me souviens de ne pas m’être souvenue. Donc ça compte.
La seule différence réside dans le fait qu’aujourd’hui personne ne m’a frappée. Du moins pas physiquement. Pourtant, l’impression reste. Elle me colle même à la peau. Comme cette horrible sensation d’avoir manqué de se faire étrangler. Tout s’est passé pendant cette poignée de secondes où j’ai eu le malheur de fermer les yeux sous la bénédiction de Morphée. J’ignore combien de temps j’ai dormi. Pas longtemps. Pas assez longtemps surtout. Mon corps en réclame plus. Mon cerveau supplie que j’y retourne. Pour une fois qu’ils sont d’accord ces deux-là. Et je ne suis même pas foutu de leur accorder cette minuscule petite trêve.

Je finis par me redresser dans mon lit. Puis sur le bord. Les coudes sur les genoux. Le visage dans les mains. Les doigts dans mes cheveux. J’ignore combien de temps je reste dans cette position. À un moment donné une truffe humide est venue se poser contre ma cuisse. Puis un menton. Mais face à mon manque d’intérêt à son égard, il a fini par abandonner l’idée. Ce n’est pas pour autant qu’il a quitté la chambre (lieu où il ne devrait déjà pas se trouver en premier plan, mais soit). Je sens son souffle chaud et régulier tout près de mon pied droit. Il a fini par se coucher à terre. Comme quoi, il préfère encore l’inconfort du sol de ma chambre à coucher que le moelleux du canapé dans lequel nous savons pertinemment, lui et moi, qu’il campe dès que l’occasion se présente (même s’il ne peut pas, et ça aussi nous le savons).

Je finis par sortir de mon ersatz de transe, balance une caresse un peu gauche (à lire : un vulgaire tappe-tappe) sur le haut de son crâne de ma grosse pantoufle toute heureuse de si peu et me redresse non sans lâcher un soupire de plus à rajouter à la longue liste des précédents.
Je me traine plutôt que je ne marche en direction de la salle de bain où je finis par me retrouver face à face avec moi-même juste au-dessus de l’évier. Le visage qui me regarde me dégoûte autant qu’il me déprime. J’ai envie de le gifler. De le frapper. De le griffer. Et au plus les verbes affluent, au plus l’envie de les matérialiser me prend. Pour couper court à ce flux d’idées merdiques, j’ouvre une des deux portes de l’armoire à pharmacie. Je ne sais ni qui, ni qu’est-ce, ni pourquoi, ni comment … mais voilà que mon alliance dégringole de sa planche et ricoche contre la céramique avant de finir sa course au fond de la cuve. C’est la goutte qui fait déborder non pas le vase, mais carrément la citerne d’eau complète.

Ni une ni deux je fais demi-tour, traverser la chambre et la pièce à vivre en ligne droite (suivie de près par quatre pattes avides d’attention) direction cuisine. J’ouvre un tiroir à l’arrache (heureusement c’est du bon matos) et en extirpe une paire de ciseaux très peu utilisée (croyez-moi, il n’y a que dans les films américains que ce genre de trucs fonctionne avec un couteau à steak). Car oui, je commence à tailler et tailler et tailler encore. Les mèches cèdent à l’appel de la gravité. J’en fous partout, mais je ne pourrais plus m’en moquer. Et au plus je coupe, au plus j’ai envie de couper. Alors j’y vais encore et encore et encore. Les larmes me coulent le long du nez et certaines viennent s’écraser sur mes pieds nus. Rien. À. Foutre !

Là encore, j’ignore bien combien de temps passe.
Tout ce que je sais, c’est qu’à un moment donné quelqu’un frappe à la porte d’entrée.
Ce n’est peut-être pas la première fois vu que Bob y est déjà et que son regard passe de moi à la clenche, puis de la clenche à moi. Il trépigne un peu.

Dans ce qui doit être un réflexe de quelque chose ou un instinct d’autre chose (la survie peut-être, allez savoir), j’arrête de faire ce que je faisais et je vais pour ouvrir. En débardeur et shorty. Une paire de ciseaux à la main. Et des cheveux un peu partout.
Ma voix part avant même que le battant ne soit suffisamment ouvert pour voir qui se cache derrière.

- « Quoi ? »

Je n’ai même pas pris la peine de regarder par le judas.

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Kyoran Gweria
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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyMer 29 Mar - 10:14

Kyoran se sentait un peu merdeuse. Certes, elles s’étaient quittées en relatifs bons termes la dernière fois qu’elles s’étaient vues. Pour autant, elle n’aimait pas l’idée de venir demander un service à Mickaëla. Elle n’aimait pas l’idée de demander un service à qui que ce soit, d’ailleurs. Mais bon. Ce n’était pas vraiment pour elle. Pas complètement. C’était pour Ben.

Parce que oui. Elle avait gardé le chien. La psy allait bien se foutre de sa gueule d’ailleurs. Quelques mois en arrière, après avoir déposé sa compagne chez elle, elle avait bel et bien fait un nouveau crochet chez le vétérinaire, pourtant. Elle avait à peine eu le temps de rentrer dans le lobby avec l’animal que la secrétaire, l’ayant reconnue, l’accueillit d’un charmant :

"Vous l’avez renversé celui-là aussi?
- Il a l’air renversé ? Non. Il… traînait. Il a une puce ou un tatouage ?”

La femme entre deux âges la regarda avec suspicion avant de sortir de derrière le comptoir pour s’agenouiller à côté du chien, trop heureux de faire une nouvelle connaissance. Kyoran était quasiment sûre de l’avoir entendue marmonner un “ah ça joue les bons samaritains maintenant et ça va nous ramener toutes les bestioles du coin pour se laver la conscience… tss…”. Pendant qu’elle lui tripotait les oreilles et le cou, l’animal cherchait sans retenue à lui lécher la figure. Elle se redressa sans une caresse de plus pour regagner son poste.

“Non.
- Mmhh bon… Mais vous connaissez des gens qui cherchent des chiens à adopter non ? J’imagine que vous n’aurez pas de mal à lui trouver une famille.
- Non.
- Ah.
- Si vous nous le laissez et que personne ne vient le réclamer, il sera euthanasié dans 5 jours ouvrés. Y a trop de chiens errants.
-Ah…
- …
- …”

Les deux femmes étaient restées silencieuses un instant, leurs regards s’affrontant dans un duel de volonté. Kyoran aurait pensé que l’assistante prendrait le clebs en pitié. C’était pas dans la description du job ça, aimer les animaux ? Mais visiblement, cette bonne femme s’était retrouvé à ce poste par erreur.

“Hum. Du coup. Il lui faudrait une puce. Et euh. Des vaccins j’imagine ?”

Telle un drone, l’assistante plongea son museau inexpressif vers un cahier.

“Le 15 à 10h.
- Pardon ?
- Il y a un créneau le vendredi 15, à 10h.
- Ah oui… Je pensais qu’on pourrait s’en occuper dès maintenant.
- A moins d’avoir renversé un chien en voiture, il faut un rendez-vous.
- Oui biensûr. Aucune date plus tôt ?
- Non.
- Le 15 à 10h alors.”

Kyoran avait pensé faire vacciner et pucer le chien et dès le lendemain s’occuper de lui trouver une famille d’adoption. Maintenant, il fallait attendre le rendez-vous, ce qui voulait dire le garder encore 3 semaines avant de le confier à quelqu’un d’autre. Elle était déjà en train de calculer comment elle allait pouvoir s’occuper de ce chien pendant tout ce temps. Peut-être que sa secrétaire apprécierait d’avoir un animal ?

A défaut de noter le rendez-vous dans son téléphone, elle s’efforça de le mémoriser avant de remercier une interlocutrice qui ne le méritait pas. Kyoran était ensuite retournée à sa voiture, Ben sur les talons, comme s’il en avait toujours été ainsi. L’improbable duo avait ensuite rejoint Palos Verdes. Ce chien avait le don de se sentir partout chez lui.

On pouvait dire la même chose de Gabriel. Sans prévenir, le geek avait débarqué à Downfall environ une semaine plus tard. Un soir, alors qu’elle rentrait du boulot, elle avait donc trouvé l’éternel adolescent en train de se rouler dans le jardin avec le chien. Il n’avait pas eu de peine à rentrer chez elle, après tout, il était bien la seule personne à tout connaître d’elle. Jusqu’à ses codes de sécurité. Il lui avait dit un “salut” rayonnant comme si de rien n’était, avant de reprendre la bagarre avec l’animal. Kyoran était furieuse, non pas de l’effraction, mais qu’il soit venu jusqu’ici, sans réaliser qu’on n’en repartait pas facilement. Il ne serait jamais venu si elle n’avait pas été ici. Elle était furieuse oui, et en même temps, tellement contente de le voir (même si elle le cachait bien). Depuis des années maintenant, Gab était son seul allié, la seule personne à qui elle pouvait tout confier, sur qui elle osait s’appuyer. Elle, l’indépendante, la solitaire, la”je-n’ai-besoin-de-personne”, elle avait fait une exception avec cet énergumène. Par quel miracle avait-il réussi à s’insinuer comme ça dans ses bonnes grâces ? Difficile à dire : le garçon était insupportable. Et complètement inconscient du danger qui le guettait, à rester dans le cercle de la tueuse. Pourtant ce n’était pas faute d’être au courant.

Après son arrivée, Gab parlait de se trouver un appart, mais en attendant, lui et Ben se battaient pour le canapé. Et puis le temps passa, et il ne cherchait pas vraiment. Kyo faisait mine de ne pas s’en apercevoir. D’un commun accord, cette cohabitation leur allait bien. Ça restait bizarre pour la brune, qui n’avait pas l’habitude de partager son espace. D’un coup, la voilà avec deux invités surprise. Evidemment, dès qu’elle exposa au jeune trentenaire son intention de trouver une famille pour le chien, ce dernier se mit dans tous ses états, lui disant qu’elle ne pouvait pas faire ça, que c’était sa maison maintenant ici, qu’il avait appris ce que c’était que la confiance et d’être aimé, et que si elle se séparait de lui elle allait lui briser le coeur. La froide raison et tous les arguments de bon sens de Kyo n’avaient que peu de pouvoir sur les jérémiades du jeune homme. Suivirent bien vite les promesses de s’en occuper, il lui donnerait ses repas, lui ferait faire des balades, elle n’aurait même pas à s’en occuper. Avec l’étrange sensation d’être une mère de famille, Kyoran n’avait pu que céder. L’improbable duo devenu trio continua donc de s’installer dans un train-train confortable.

Oui mais voilà : Gab avait commencé à bosser pour Kyo, à la fois officiellement, et officieusement. C’était comme s’ils n’avaient jamais quitté New York… Et la semaine prochaine, ils avaient du boulot à faire. Le genre de “boulot” qui ne laissait pas le droit à l’erreur. Pendant ces quelques jours, ils n’allaient pas être à la maison, et ils n’allaient pas avoir le temps de se préoccuper des ballades du pauvre Ben. Alors voila, Kyo en était à faire exactement ce qu’elle avait redouté initialement : avoir à se préoccuper de qui garderait toutou pendant qu’elle serait en train d’assassiner quelques mafieux.

C’était pour cette raison qu’à cet instant, elle se trouvait devant la porte de Micka. Cette dernière n’allait sans doute pas apprécier cette visite surprise. Enfin, si elle n’avait pas déménagé entre temps. Mais hey, on doit toujours gérer des choses qui ne nous réjouissent pas dans la vie, pas vrai ? Alors elle prit une dernière inspiration avant de se résoudre à toquer à la porte. Une fois. Puis deux. Pas de réponse. Elle repensa un instant à sa théorie de déménagement, et par automatisme, ses sens guettèrent des indices pour confirmer ou infirmer cette piste. Aucun nom, que ce soit sur la porte, la boîte aux lettres ou la sonnette. Mais c’était déjà le cas la dernière fois. Il lui semblait par contre entendre quelque chose à l’intérieur. C’était léger, elle n’était pas vraiment sûre. Bob peut-être ? Elle frappa à nouveau. Le son s’arrêta. Puis des bruits de pas qui se dirigent vers la porte.

Si elle avait déjà trouvé que Mickaëla avait mauvaise mine la dernière fois, elle ne savait pas comment décrire l’état de la femme qui se trouvait en face d’elle désormais. Étonnamment, ce n’était pas les cheveux qu’elle remarqua en premier, mais les arcs de cercle violacés sous ses yeux. La psy avait une mine épouvantable, qui avouait sans détour le manque de sommeil et sans doute l’état mental de la concernée. Comme si cela ne suffisait pas, on pouvait voir des yeux rougis au milieu de cette figure et des sillons de larmes que l’on n'avait pas pris la peine d’essuyer. Ce seul spectacle aurait déjà suffit à alerter Kyoran, mais la détresse de Micka n’avait visiblement pas choisi la subtilité. Le visage tumultueux était encadré par des mèches de longueur inégale et elle ne mit pas longtemps à noter la paire de ciseaux coupable. Il ne s’agissait pas d’une petite coupe de printemps, d’un “juste les pointes”. Non, elle y avait été de bon cœur, visiblement. Ce genre de déchaînement de violence spontané n’était pas bon signe. On commence comme ça et bien vite on continue la mutilation sur des zones plus tendres du corps… Mais ceci dit, il restait peu de zones “tendres”. De ce que voyait Kyo (et elle voyait beaucoup, vue la tenue), Micka avait encore perdu du poids, si c’était possible.

Face à un tel spectacle, Gweria s’était raidie, immédiatement en alerte. Qu’est-ce qui avait pu provoquer une telle réaction, une telle crise chez son amie ? Elle jeta un regard de part en part du couloir, puis vers les ciseaux. Après avoir évalué qu’ils étaient plus une menace pour la propriétaire que pour elle, elle décida de passer outre, forçant un peu le passage pour contourner Micka et rentrer dans son appart, même sans y avoir été invité. Elle ne voulait simplement pas que cet échange se fasse à portée d’autres oreilles ou regards. Elle referma donc la porte derrière elle, avant de lui demander :

“Il t’a retrouvé ?”

Son regard fureta pour chercher des signes d’affrontement ou d’intrusion, avant de revenir se poser avec inquiétude sur son interlocutrice.

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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyJeu 20 Avr - 21:25

Peut-être bien que c’était lui.
Et peut-être bien que c’est pour cette même raison que la paire de ciseaux était toujours dans ma main au moment d’ouvrir la porte à la volée. Chose que je ne fais jamais (ouvrir la porte ainsi je parle, me balader avec une paire de coupe-coupe aussi par la même occasion). Mais sur le moment, je ne pensais pas. Je ne pensais plus. Heureusement, mes réflexes étant ce qu’ils sont, ça s’est arrêté là. Pour le même prix j’enfourchais un inconnu de deux lames tranchantes (même si elles l’étaient un peu moins avec des restes de la taille précédente à s’infiltrer partout sur leur squelette). Ou un voisin. Ou le facteur. Allez savoir. Je ne sais même pas si Downfall a son lot de facteurs. Il faut dire que je ne reçois jamais de courrier. Ce serait le pompon vu que personne ne connaît mon adresse. Ou plutôt que personne n’est censé la connaître. Personne de l’extérieur tout du moins. Et ceux de ce côté-ci du mur n’auraient aucun intérêt à m’écrire. Pour autant qu’il s’agit là d’un verbe à leur portée.

Mon regard tombe sur Kyoran. Je ne suis ni étonnée, ni perplexe, ni quoi que ce soit d’autre qui pourrait se prêter à la situation. Je la regarde sans vraiment la voir, ni chercher à le faire. Il pourrait tout aussi bien s’agir de monsieur-madame tout-le-monde que je n’en aurais fichtrement rien à foutre (mon vocabulaire laisse clairement entrevoir le degré de merde psychologique dans lequel je patauge actuellement). Je cligne des paupières, mais là encore c’est plutôt une reflexe biologique qui se cache derrière. À hauteur de mes mollets, je sens un gros tonneau poilu danser la gigue. Pourtant je suis certaine qu’en baissant le menton, je constaterais que c’est moi qu’il regarde avec ses grands yeux amoureux et non elle. Là encore, ça ne m’ébranle en rien.
Je devrais peut-être, probablement même, lui demander ce qu’elle vient fiche ici. Ce qu’elle veut. Accessoirement, ce qu’elle veut de moi. Mais je m’en moque comme de ma première petite culotte. Aucun mot. Aucune salutation quelconque. Ni de ma part, ni de la sienne d’ailleurs. Je remarque bien le look qu’elle me balance. Et alors ? Si ça ne te plait pas, t’es toujours du bon côté de la porte. T’as qu’à me la balancer dans la trogne tant qu’à faire. Avec un peu de chance ça m’assommera juste assez longtemps pour que l’inconscience me guette sans pour autant réussir à m’attraper. Faudrait pas non plus que je plonge dans le coma n’est-ce pas. Imagine un peu qu’il m’attend de l’autre côté …

Cette image (oserais-je dire cette réalité ?) me fige. Je sens mes dents se resserrer à nouveau. Je me sens déglutir. Tout se passe comme au ralenti. Faites que je ne me remette pas à chialer. Fais chier !
Mais le mode slow-motion se fait bien vite refouler tandis que Gweria force l’entrée (bon, peut-on vraiment utiliser le verbe forcer dans pareilles circonstances ?) et oblige mon corps à reculer d’un pas, voire deux. Je me prête docilement à l’exercice, suivie de près par une boule de poils qui me colle tellement fort que c’est limite lui qui va réussir à me faire tomber. Le ick si ça devait arriver, c’est que j’arriverais encore à me casser un os. Et ça je peux définitivement m’en passer. Privée de toute forme d’antidouleur, ce n’est vraiment pas dans mon intérêt de pousser le vice jusqu’aux orties (si vous voyez le proverbe àlakon auquel je fais à peine illusion).

Le bruit de la porte qui se referme dans ses gonds me ramène un peu au ici et au maintenant. Juste assez longtemps que pour capter la voix de Gweria à travers la brume qui entoure mes pensées et de lâcher un bien sincère :

- « Ce n’est pas non plus comme si j’avais jamais réussi à le semer. »

Pas besoin qu’il me traque physiquement pour être omniprésent dans ma vie. En témoigne l’alliance qui se trouve toujours dans le fond de l’évier de la salle de bain. Je devrais assurément m’en débarrasser un jour, n’est-ce pas ? Alors pourquoi j’ai cette désagréable impression qu’en ouvrant les yeux demain matin elle sera toujours là, à trôner fièrement sur ma table de chevet, à m’arracher cette sale impression de trahison et de culpabilité ? Faudrait-il encore j’ouvre les yeux pour cela. Et donc, par extension, que je les ferme dans un premier temps. Mais ça ne fonctionne pas. Tu le comprends ça ?!!

Je renifle un coup et me détourne d’elle, me dirigeant lentement vers le plan de travail de la cuisine – qui est toute en pagaille. Le summum pour la pétasse de la maniaquerie que je suis. Je ne commence pas pour autant à ranger et me contente de déposer la paire de ciseaux quelque part avant d’ouvrir une des portes d’un des placards.

- « Je te sers un truc à boire ? »

Je ne sais même pas ce que je peux lui proposer. J’aviserai bien selon son choix, pour autant qu’elle en fasse un. Dans mes souvenirs il était encore assez tôt. Trop probablement que pour un certain degré d’alcool. Mais quand on n’a pas dormi, ou qu’on ne dort pas tout court, qu’est-ce que la définition du mot tôt ?
Je décide de ne pas attendre sa réponse et referme la porte comme si de ne rien n’était. Je me retourne à nouveau en sa direction, tout en posant mon dos contre l’armoire qui cache le réfrigérateur. C’est là que je remarque que Bob a cessé de croire aux lutins de Noël et a préféré jeter son dévolu sur notre invitée surprise – dont il renifle abondamment les jambes. Quelque chose me dit que ça sent l’animal par là-bas. Comme c’est étonnant.

- « Tiens, pas de chien cette fois-ci. »

J’aurais pu lui sourire. J’aurais aimé pouvoir le faire. Sauf que rien n’y fait, mon visage est comme figé dans sa fatigue. Pourtant nous savons tous deux (mon corps et moi) que le sommeil est un luxe que je ne peux ni me permettre, ni lui promettre.
Je pourrais lui demander de but en blanc ce qu’elle est venue chercher. Ça m’étonnerait fort que ce soit du sucre ou de la farine (mais qui sait). À moins qu’elle se soit perdue – tout aussi improbable. Et la présomption qu’elle avait juste envie de passer un peu avec moi … m’aurait presque arraché un fou-rire, si cela avait été dans mes cordes.
À défaut, je finis par choper le coupant des ciseaux (refermés) entre mes doigts en lui tendant le manche :

- « Si jamais t’as un peu de temps à tuer … »

Soit tu coupes, soit tu me les enfonces bien profond.
Je te fais confiance pour trouver une bonne famille à Bob. Au pire tu ouvres la porte, il connait le chemin vers l’appart et même le Carnival. Quelqu’un trouvera bien à le refiler à Ada.
Pour ce qui est du corps, on s’en fout non ? On est à Downfall. Ce n’est pas non plus comme si quelqu’un allait remarquer ça avant des lustres. À la limite peut-être l’hosto, faute d’avoir un psy de remplacement sous la main. Ou Love. Mais rien n’est moins certain. Pour le même prix, elle vient de s’enfoncer une aiguille bien sale dans une veine déjà condamnée à mort dans une petite ruelle sombre. Désolée princesse, aujourd’hui ce n’est pas moi qui viendrai te ramasser.

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Kyoran Gweria
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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyLun 12 Juin - 13:23

Le regard scrutateur de Kyo quitta un instant Micka pour évaluer tout risque dans l’appartement. Elle nota un fouilli qui ne ressemblait pas à la psy, mais pas d’intrus. Cependant, son soulagement fut de courte durée. Tout dans l’apparence de Micka et de son logement l’inquiétait, et son comportement, ses réponses, ne faisaient que confirmer ses premières (mauvaises) impressions.
Kyo s’apprêtait à répondre qu’un verre d’eau serait le bienvenue, mais une ronce sous forme de chien l'entrava. Elle lui caressa la tête de manière absente, en guise de bonjour. Le regard de l’animal semblait quémandeur, comme s’il lui demandait si elle était là pour apporter de l’aide à son humaine. Merde. C’était pas censé être l’inverse, à la base ? C’était elle qui venait demander un service normalement !

Elle se redressa et ce simple mouvement suffit à lui arracher une petite grimace. Sa blessure à l’épaule devrait guérir sans laisser trop de séquelles. À terme. Mais en attendant, elle dégustait. Et son humeur s’en ressentait, comme les railleries de Gab’ le lui faisaient régulièrement comprendre. Bon, c’était loin d’être sa première blessure, ou la plus grave qu’elle ait eu. Elle pouvait endurer la douleur, mais ce qu’elle n’aimait pas, c’était de voir ses capacités réduites, ses projets freinés par les limites de son propre corps. Et ces limitations l’inquiétaient pour le projet de la semaine prochaine. Ce plan était préparé de longue date, et la fenêtre d’opportunité était courte et unique. Pas moyen de reporter, et hors de question de laisser passer cette chance. Mais Kyoran était une perfectionniste, elle aimait être sûre de ses actions, contrôler en amont un maximum d’aspects pour ne laisser que peu de place aux incertitudes. Sa blessure était un gros point d’interrogation sur ses projets bien huilés.

“Tiens, pas de chien cette fois-ci.”

La remarque de Micka la ramena à l’instant présent. Elle eut un sourire piquant au sous-entendu qu’elle sentait dans la voie de la psy et s’apprêtait à défendre sa position avec toute la mauvaise foi du monde, pour justifier que Ben ait intégré son logis. Elle allait raconter la dernière entrevue avec l’horrible cerbère qui faisait l’accueil chez le véto, le délai pour les vaccins, la difficulté à lui trouver une famille digne de confiance, et la campagne de culpabilisation qu’elle avait subi de tous les fronts. Mais l’expression vide de Mickaëla la coupa net. Il n’y avait pas d’amusement, pas l’ombre d’un sourire dans son visage. Même sa capitulation face à l’adoption canine ne semblait pas capable d’animer sa figure.

“Pas cette fois-ci. Mais à charge de revanche. Je suis sûre qu’il serait ravi de revoir Bob.”

Elle était venue pour ça. Mais le moment semblait mal choisi pour formuler sa requête de dog-sitting. La demande avait été rétrogradée dans l’ordre de ses priorités. Pour l’instant elle devait avant tout se préoccuper de l’état de son amie. Kyo se saisit donc des ciseaux tendus sans rien dire. Mieux valait que ça soit elle qui les manie plutôt que la psy. Elle écarta une chaise pour l’inviter à prendre place. Elle n’avait pas d’expérience en tant que coiffeuse, mais hé, ça ne pouvait de toute manière pas être pire que sa coupe actuelle.

“T’es sûre que tu veux que je m’en occupe ? Tu vas te retrouver avec une tête à la Charline.”

Avec un petit sourire en coin à l’évocation, elle saisit entre ses doigts une mèche brune, comme pour prendre la pleine mesure des dégâts. Charline était une ancienne camarade de fac de Micka et ex-compagnonne de beuverie de Kyo. Sur le campus, elle était connue pour ses changements capillaires radicaux, tant dans la forme que la couleur. Certaines coupes étaient des réussites, lui donnant un style unique et flamboyant. D’autres… avaient le mérite d’être vite remplacées par une nouvelle extravagance. Kyo continuait à passer ses doigts dans les cheveux de son amie, comme pour réfléchir à ce qu’elle allait faire. Comme si elle en avait la moindre idée.

“Qu’est-ce qui t’a donné cette envie fulgurante d’une nouvelle coupe ?”

Elle avait essayé de rendre sa question aussi désinvolte que possible, comme s’il s’agissait d’une lubie frivole et non pas d’une évidente envie d’auto-mutilation. À leurs premières retrouvailles, la psy avait été sur le point de tomber dans les pommes à force de ne rien manger. La seconde, elle avait été plus que malmenée par un des preneurs d’otages au Carnival. Et voilà qu’encore une fois elle la trouvait en sale état. Peut-être qu’au final, la malédiction continuait son emprise…

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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyVen 23 Juin - 20:53

Et pourquoi je n’ai pas fait ça moi-même d’abord ? Pourquoi est-ce que j’ai attaqué les cheveux plutôt que quelque chose de sensiblement plus vital ? J’aurais clairement pu viser ailleurs. Ce n’est pas les cours d’anatomie qui manquent là-dedans. C’est quoi alors ? La peur ? Ok, soit. Mais de quoi? De me rater? Ou, justement, de ne pas le faire ? Est-ce qu’il y aurait donc encore un semblant d’autopréservation dans toute cette mercantile futile ? Non parce que ce si c’est le cas, ce serait fort sympa de m’en informer. Ce n’est pas comme si j’étais la principale concernée, mais c’est un peu tout comme … non ?

Je tends donc ma paire de ciseaux à Kyo. Je regarde mes propres doigts plutôt que les siens. Plutôt qu’elle tout court. Et non, ce n’est vraiment pas parce que j’ai honte de la situation. Je n’éprouve plus grand-chose là, remember. Tout juste le poids de cet ustensile de cuisine qui m’apparait comme peser une tonne. Si elle ne l’attrape pas rapidement, je vais finir par les faire tomber. La gravité se fera un plaisir d’amortir la chute. Mon pied aussi, à l’occasion. Et avec le peps qui m’anime actuellement le cervelet, je vais juste me contenter de suivre le mouvement et de regarder le sang s’écouler et saloper le sol. Après les poils et les cheveux, on n’est plus vraiment à ça près … n’est-ce pas.

C’est d’un lassant de se sentir ainsi dénuée de toute chose, énergie et répartie y compris. Gweria a parlé de Bob. Enfin il me semble. Mais je ne relève pas l’information. Si elle veut, elle peut l’avoir. Il sera content. Et je sais qu’il sera bien traité. Peu importe tout le schmilblick qu’elle m’a balancé la dernière fois qu’on s’est retrouvées. Enfin, l’avant-dernière. La première de ce côté-ci du mur. Parce que l’autre … bah, y’a pas grand-chose à dire. On s’est retrouvées au mauvais endroit au mauvais moment. Enfin moi surtout. As usual. Elle, elle a voulu jouer le bras armé. La sauveuse de ces dames. Sauf qu’elle a hésité. J’ignore pourquoi. Elle aurait dû tirer. Je sais, je ne suis pas censée prôner la violence envers autrui. Mais ce n’est pas comme si le bras cassé, lui, en faisait tout un foin. Il m’aurait bien volontiers logé une balle entre les deux yeux. Pour autant qu’il ait été capable de viser. Ce qu’il n’a pas vraiment démontré cette soirée-là. Sans quoi j’aurais préféré qu’il s’en prenne à moi. N’est-ce pas exactement pour cette raison que je l’ai défiée ? Personne n’est assez sot que pour croire que c’était pour sauver les filles du Carnival. Enfin si, un peu quand même – mais ce qui apparait peut-être pour la raison principale aux yeux de certains, ne s’avère jamais que d’être un gros canular pour tous les autres. Bien sûr que je voulais qu’il tire. Et plus encore qu’il tire sur moi. À défaut je me suis ramassée un coup de crosse dans la tempe et des cacahuètes. Ça aura juste eu comme effet de vider le peu de contenu qu’avait mon estomac. Même pas l’ombre d’une amnésie, soit-elle temporaire. Aurais-je aimé ? Qui sait, si ça m’avait permis de dormir quelques heures …

Je pense que j’ai zappé une partie de la scène. Fait-est que Kyo vient de chopper une chaise. J’en déduis qu’elle s’attend à ce que j’y prenne place. Est-ce qu’elle m’a parlé ? Est-ce qu’elle attend une réponse quelconque de ma part ? Allez savoir.
Je me contente d’obéir aux ordres silencieux et me laisse tomber sur l’endroit prévu à cet effet. Elle me contourne et prend place dans mon dos. C’est la position idéale pour asséner le coup de grâce. Dans la voûte crânienne. Dans la carotide. Si elle se penche un peu, même directement dans le cœur si elle veut. Pour autant que je puisse encore en avoir un. Enfin si, l’organe est bien physiquement présent. C’est juste qu’on se demande un peu à quoi il sert si ce n’est pomper du sang. Et dans mes souvenirs, on ne lui demande guère plus. Ce n’est pas faux.

Je comprends sa réticence. Ça peut éclabousser. Mais elle peut aussi bien attraper un fil et m’enserrer la gorge ou foutre un sac plastique sur ma tête. Je risque de gigoter un peu, mais juste par réflexe. Car ce n’est pas comme si j’avais beaucoup plus de punch que ça en stocke. Je me demande vaguement si Bob viendrait à ma rescousse. Comme il est allé ronchonner plus loin car personne ne s’occupait de lui, je peux comprendre qu’il me boude.

C’est nul d’être aussi défaitiste. Car tant que ce sont juste des pensées, on sait qu’on ne passera pas vraiment à l’acte. C’est prouvé scientifiquement. À moins que ce soit uniquement lorsqu’on en parle de vive voix ? Je ne sais plus … est-ce important ? Si oui, pour qui ?

C’est finalement la voix de mon invitée surprise qui me sort de ma rêverie. Again. C’est qu’elle est douée pour ça. Elle essaie un brin d’humour. Charline ne me manque pas. Enfin si, peut-être bien un peu. Mais ce n’est pas elle en personne qui créé ce manque, c’est plutôt la période où elle est entrée dans ma vie. Dans la nôtre. Cet époque d’insouciance. De liberté. D’études. De paternalisme. Et si Kyo se pointait avec une baguette magique pour y retourner ici, maintenant, tout de suite … est-ce qu’on serait assez folles que pour sauter ? Est-ce qu’on arriverait vraiment à changer la donne ? Est-ce que c’est pour autant ce qu’on voudrait ? Ne dit-on guère qu’on sait ce qu’on a, mais pas ce qu’on peut avoir ? Oh m#rde, c’est bien trop profond pour moi tout ça. Et si on ouvrait une bouteille d’un truc qui pique bien fort et laisse notre esprit tout groggy jusqu’à la prochaine fois ?

- « Je n’ai aucune lame de rasoir dans l’appart. »

Que j’arrive à lâcher.
Je ne sais pas vraiment pourquoi je lui dis ça.
Enfin si, c’est un peu un lapsus révélateur de l’inconscient.
Quel traître celui-là.
Mais bon, je me doute qu’elle avait commencé à comprendre dès l’instant où elle a vu le look déconfit que je me trimballe.
Je soupire. Et je n’essaie même pas de le réprimer.

- « Je n’ai pas eu le courage d’aller plus loin. »

C’est con, mais c’est vrai.
Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui m’en manquait.
Je devrais me sentir honteuse. Ce n’est pas le cas.
Peu importe ce qu’elle peut penser de moi, ça ne m’atteint plus.
Je suis une loque.
Je suis un torchon.
Il est encore temps pour elle de faire demi-tour et de rebrousser chemin.
Elle n’aura pas ma mort sur la conscience.
Promis.

Je me laisse un peu aller dans la chaise. Fixant le mur devant moi. Et le vide qui le sépare lui et moi. C’est d’un pathétique.

- « Comment va ton épaule ? »

Mieux que ma tête en tout cas.
Enfin, je l’espère pour toi.
Then again, y’a moins de place pour y stocker de quoi ruminer encore et encore.
En règle générale du moins.

- « Pourquoi tu n’as pas tiré directement ? »

C’est tout à ton honneur, on en convient.
C’est juste une question.
Histoire de briser le silence que je risque de t’imposer sinon.
Mais tu n’es pas obligée de répondre.
On peut juste se contenter d’écouter le bruit des ciseaux.
Ça me va tu sais.

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Kyoran Gweria
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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyMer 5 Juil - 20:46

"Je n’ai aucune lame de rasoir dans l’appart."

*Et c’est tant mieux*

La mine de Kyoran était devenue grave à ces mots, et encore un peu plus aux suivants. C’était une chose de se douter de l’état d’esprit de son amie. C’en était une autre d’entendre cet aveu, sans fausse pudeur, sans détour. Phénomène assez rare, Gweria se sentit désarmée. Silencieuse, un peu raide, elle laissa ses doigts continuer leur balai dans la chevelure saccagée, mesurant la détresse cachée dans les non-dits. Mesurant l’inutilité de ses compétences face à ce genre de situation. Face à la vraie vie, dénuée de cavale et de pègre. Prise dans la fusillade du Carnival, elle s’était sentie moins désemparée qu’elle l’était à cet instant. Elle se demandait ce que ça disait d’elle.

"Je n’ai pas eu le courage d’aller plus loin."

Sans rien dire, sans vraiment le décider d’ailleurs, sa main pressa légèrement l’épaule de la psy. Un petit contact de rien, mais qui essayait de combler les lacunes des mots qui lui manquaient, qui essayait de communiquer tout ce qu’elle ne savait pas dire. Ça va aller. Je suis contente que tu ne sois pas allé plus loin. Je suis là. Ce genre de choses. Après un instant, elle relâcha doucement cette pression et entreprit de couper une première mèche. Puis une seconde. Elle ne se pressait pas et prenait son rôle au sérieux, se contentant pour l’instant d’essayer d’égaliser les ravages, de ramener toutes les longueurs sur un pied d’égalité. On verrait plus tard pour le style.

"Comment va ton épaule ?

Kyoran haussa son épaule valide, sans quitter du regard la tignasse devant elle, comme pour paraître détachée. Elle n’aimait pas parler d’elle, encore moins de ses faiblesses. Et cette blessure était une enclume pour elle : plus que son intégrité physique, elle l’attaquait dans sa confiance en elle, plus exactement, sa confiance à réaliser les tâches qu’elle se fixait. Son corps était son outil de travail, alors si elle ne pouvait plus compter dessus, si elle ne pouvait plus régler ses affaires, à quoi était-elle bonne ? C’était une des raisons qui la rendait particulièrement anxieuse à propos de l’affaire de la semaine prochaine. Une occasion unique, qu’elle ne voulait pas perdre. Mais elle avait peur de ne pas être à la hauteur.
Alors même si le simple fait de lever le bras pour tenir la paire de ciseaux lui était douloureux, elle ravala la grimace, ravala les plaintes. Et fit comme si de rien n’était.

"On a connu mieux. Pas trop de séquelles de ton côté ? Ils t’avaient pas loupée non plus.

Cette nuit-là, elle avait essayé de rejoindre Micka et de la protéger, lorsqu’elle s’était rendu compte de sa présence dans la salle. Pas très efficacement à vrai dire. Peut-être était-ce la culpabilité qui l’avait fait agir, cette idée tenace qu’elle était à l’origine de tous ses malheurs, et qu’en conséquence, cette attaque était forcément un coup du karma dédié à l’infernal binôme. Ou c’était seulement son attachement qui s’était exprimé, un instinct protecteur envers cette connaissance d’une autre vie.

"Pourquoi tu n’as pas tiré directement ?"

Kyoran ne répondit pas avant un moment. Le visage fermé, elle prenait un air concentré sur la tâche devant elle, afin de ne pas trahir que cette question touchait en plein cœur. Elle se la posait elle-même depuis ce soir-là. Elle s’accusait de sa lâcheté, de sa précaution qui avait été chèrement payée par certaines, une BB notamment, et puis Micka aussi. Pourquoi n’avait-elle pas tiré directement ? Dieu sait si elle avait eu envie de tirer dès qu’elle en avait eu l’opportunité. Mettre hors d’état de nuire des vermines comme Galagher, c’était son crédo pourtant. Oui, mais pas à la vue de tous, pas devant des témoins, pas quand elle était cette figure semi-publique connue sous le nom de Kyoran Gweria. Gweria, la femme d’entreprise, pas la mercenaire. Non, elle avait besoin de dissocier ses deux identités, faire la part des choses, ne pas se trahir. Se distancer de toute accusation. Oui, c’était la peur qui avait retenu son geste. Pas celle de blesser, ou tuer, ou mettre en danger les autres otages. Mais la peur des conséquences, pour elle.

“Parce que je ne suis pas une tueuse.”

Il n’y avait jamais eu plus gros mensonge. Certains jours, elle avait l’impression que c’était tout ce qu’elle était. L’intégralité de son identité, résumée en un mot. Mais elle était un mensonge aussi. L’image à préserver, cette business woman qui avait été accusée à tort, puis dont l’honneur avait enfin été lavé après des années de combat. Même une fois innocentée, il y avait toujours eu cette suspicion à New York, sa réputation pour toujours entâchée, quelques soient ses efforts, aussi irréprochable qu’elle soit. C’était d’ailleurs une des raisons de son départ. Alors au moindre pas de côté, elle savait qu’il ne se passerait pas longtemps avant qu’on remette son passé sur la table, qu’on sous-entende qu’en fait, elle avait sans doute réellement tué son père, même si l’enquête avait fini par prouver le contraire.
Alors elle était plus que jamais protectrice de sa double-vie, de ses secrets. Elle avait bien conscience qu’à Downfall les limites de la morale étaient quelque peu redessinées. Alors même si elle avait abattu un homme, de sang froid, dès l’instant où elle avait pu, peut-être que personne n’aurait bougé d’un cil. Après tout, son tir réel, certes non-létal mais qui allait laisser Gallagher infirme probablement toute sa vie, n’allait visiblement pas avoir tellement de conséquence. Pour autant, elle avait déjà l’impression d’avoir dévoilé son jeu, en se mélant d’une affaire qui ne la regardait pas. Pourquoi n’avait-elle pas tiré directement ? Kyoran se demandait surtout pourquoi elle n’était pas juste restée planquée en attendant que ça passe. Foutu god complex et besoin incontrôlable de se shooter à l’adrénaline, il faut croire…

“Ça ne t’aurait pas choquée, si je lui avais tiré directement une balle en pleine tête ?”

Tandis qu’elle semblait absorbée par le mouvement des ciseaux dans les mèches brunes, la question se voulait volontairement crue, comme une barrière, mais elle était sincèrement curieuse, presque anxieuse de connaître la réponse. Est-ce que l’opinion que Micka avait d’elle changerait, si elle savait ce qu’elle faisait ? En même temps, Kyo n’était pas sur que son regard soit très tendre, pour commencer.

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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyDim 3 Sep - 22:24

Le bruit des ciseaux est assez apaisant. Plus que quand c’est moi qui était aux commandes. Enfin, aux commandes est peut-être un grand mot. On se comprend. Je ne me rappelle même pas avoir entendu ce son tandis que c’est moi qui coupais. Probablement car ce n’est pas aux cheveux que je pensais en taillant dans le lard. Wil par-ci. Wil par-là. Et un regard désapprobateur de papa pour superviser le tout. Il n’a jamais vraiment réussi à cacher sa déception. Même s’il est loin d’égaler ma mère dans cette discipline. Parfois j’en viens à me demander si elle n’a pas voulu faire un remake de la belle au bois dormant avec elle dans le rôle de la fée maudite et jalouse qui vient jeter un petit sort de pacotille sur le berceau de sa première-née. À se demander si elle n’a pas carrément prié pour une fausse-couche en découvrant que je n’allais pas perpétrer à moi toute seule le prodigieux nom de la famille. Oh la honte ! Désolée de te l’apprendre maman, mais c’est le père qui apporte cette partie génétique à contribution. Ça fait tellement mal à l’ego des mâles, qu’ils ne sont tout simplement pas capable de l’assumer jusqu’au bout. Ce n’est pour autant que je te pardonne. Te pardonner de quoi au juste ? Peut-être qu’un jour on aura cette discussion toi et moi. Ou peut-être pas. Est-ce que tu aurais seulement pleuré ma mort ? Pourquoi aies-je l’étrange sensation de d’ores et déjà connaître la réponse à cette interrogation ?

J’enchaîne avec une question lambda. Les mots sont sortis de ma bouche sans vraiment demander mon avis. Ce n’est pas plus mal. Ça détend l’atmosphère. Pas qu’elle était tendue hein. Pas comme la dernière fois. Enfin, celle au cabinet vétérinaire. Puis celles au-delà du mur aussi. Cette relation semble même complètement dépassée. Révolue. C’était dans une autre vie. Une vie qui ne nous appartient plus. Ni l’une, ni l’autre. Toi tu m’as vu chuter. Moi je t’ai vu tirer. Un but partout. Balle au centre. D’accord de dire qu’on est quittes?

Je reste aussi évasive que toi quand tu me renvoies le frisbee. J’ai été frappée. Puis encore une fois. Puis une troisième fois. Mais ce n’est pas la première fois. Tu le sais en plus. Même si avant cela n’avait jamais été au visage. La douleur est différente, mais tout aussi réelle. Un peu moins peut-être car ça venait de la part d’un inconnu. Mais sinon on peut globalement dire que ça va. Il n’a pas visé le nez. J’avoue que ça m’arrange. Une deuxième fracture en si peu de temps, pas certaine que je m’en serais remise. Est-ce que je le voulais pour autant ? No comment.

Quant à ma deuxième question, n’y voit rien de personnel. Enfin si, un peu quand même, mais c’est parce qu’on se connait. C’est parce qu’on se côtoie. Preuve en est, tu as encore réussi à t’inviter chez moi. Tu n’arrives déjà plus à te passer de ma sublime présence, avoue.
Cette pensée m’arrache un semblant de sourire. J’ignore si tu t’en rends seulement compte. C’est que tu es silencieuse tout à coup. Je le sais car le bruit des ciseaux est là pour combler le vide. Soit tu n’y as pas encore réfléchi, soit ça te trotte dans la tête depuis que c’est arrivé. L’un comme l’autre se tiennent. L’un comme l’autre trouveraient d’autres bifurcations à emprunter pour alimenter une séance psy digne de ce nom. Mais nous ne sommes pas là pour ça aujourd’hui. Ni toi, ni moi. Je ne vais pas te l’imposer. Et tu n’en as ni l’envie ni le besoin. Bien que, gardons ce dernier point en suspens. Toute la population a bien besoin d’une séance psy à un moment ou un autre de sa vie. Tu ne fais pas exception à la règle. Désolée de briser cette douce utopie.

Tu finis par poser une question avant que je ne réponde quoi que ce soit. Je sens bien que quelque chose a changé par rapport à la phrase précédente. Que la réponse qui va s’en suivre te fait quelque chose. Je décide donc d’y répondre du tac-au-tac. La première chose qui me traverse l’esprit. Preuve que nous ne sommes pas à l’hosto et que tu n’es pas en train de subir un interrogatoire.

- « J’aurais pu en déduire que tu avais des sentiments pour moi. »

Les mots glissent à travers un nouveau sourire. C’est fou l’effet que tu peux avoir sur moi. Qui l’eut cru possible ? Assurément ni toi, ni moi. Et je profite d’un mouvement de ciseaux en suspens pour me redresser un peu dans mon assise et d’aller même jusqu’à me retourner vers toi. Sans essayer de masquer le rictus sur ma bouche. Il risque de s’effacer de lui-même bien assez vite alors autant lui laisser son quart d’heure de gloire.

- « Tu as carrément mis de côté ton instinct de survie pour … moi. »

Du moins c’est ce que les faits démontrent. Et un peu d’interprétation perso aussi. Mais j’en ai bien le droit. Et j’ai besoin de m’y accrocher aussi. Que quelqu’un tient suffisamment à moi que pour avoir osé le pas. Je pourrais avouer que j’espérais cette réaction de la part d’une autre que toi. Tu n’étais probablement même pas censée être dans les parages. Then again, on sait ce que cela donne quand nous nous trouvons toutes les deux à proximité l’une de l’autre. Ne serait-ce pas vraiment mauvais de ma part d’insinuer une part de responsabilité dans ce malheureux concours de circonstances ? Autrefois je l’aurais fait. Mais ça … c’était avant.

- « Est-ce que tu aurais seulement bougé s’il avait visé une autre personne dans la salle ? »

C’est possible. Probable même. Mais on ne le saura jamais. Je l’espère du moins. Ce n’est pas comme si je ne commençais pas en avoir marre des prises d’otage, mais un peu quand même. Et Downfall n’en est clairement pas démunie.

- « Je déconne. »

Un peu.

- « Tu sais, depuis que je suis arrivée dans cette fichue ville, plus grand-chose ne me choque. »

Ça c’est totalement vrai par contre.

- « Et pourtant Dieu sait combien de psychopathes j’ai pu croiser dans ma carrière. »

True again.

- « Tu as bien fait. »

Mon sourire s’est dissipé, mais j’essaie quand même d’en forcer un ersatz de. Je pense ce que je dis. Et quelque chose me dit qu’elle a besoin de l’entendre. Non elle n’est pas une tueuse. Non je ne lui en veux pas. Non ce n’est pas le destin qui s’acharne contre nous, pauvres âmes en perdition qui ont eu la folle idée de venir se perdre de l’autre côté. Et ce peu importe les raisons qui nous y ont poussées.

- « Qu’est-ce que je peux faire pour toi Kyoran ? »

Après tout, tu n’as pas débarqué ici par un pur fruit du hasard rien que pour m’empêcher de me trimballer avec la tête de Sinead O’Connor … si ?

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Kyoran Gweria
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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyDim 11 Fév - 8:50

"J’aurais pu en déduire que tu avais des sentiments pour moi."

La phrase se loge par surprise sous le sternum. Coup en traître. Kyoran se targue souvent de calculer les choses d’avance, de voir venir, d’être rarement surprise. Un talent et une malédiction qui la voue à l’ennui, d’ailleurs. Mais dire que cette réplique la prit de court serait un doux euphémisme. Loin dans ses préoccupations des apparences, de sa réputation, de sa double identité, loin sous la culpabilité -réelle ou de façade, cette perche sentimentale était plutôt un bâton qui l’avait choppée au vol pendant qu’elle ne regardait pas.
Elle n’avait pas vraiment réfléchi à cela. Il n’y avait pas eu de grande révélation au Carnival, de prise de conscience fulgurante, non, juste une évidence. Quand elle avait vu Micka en mauvaise posture, les réflexes avaient simplement pris le relais, sans même qu’elle ne se pose de question, qu’elle décide. C’était naturel. Elle n’aurait simplement rien pu faire différemment.

Comme si la phrase ne suffisait pas, la psy s’était tournée pour lui faire face, ou presque. Avec un petit ricanement au coin de la bouche. Pendant une fraction de seconde, envolée la Micka au bord du gouffre. Les nuages s'étaient levés, à cet instant le voile laissait apercevoir un fragment du passé, celle qu’elle avait été, celle que Kyo avait connue, dans une autre vie. Enjouée, amusée de la chercher. Petite mademoiselle je-sais-tout qui la défie de nier l’évidence.

Kyoran restait les yeux écarquillés, le ciseaux en l’air comme une statue, pendant que son interlocutrice en rajoutait une couche. Comme si on n’avait pas compris.
Son instinct de survie. Comment lui dire qu’elle n’en avait pas vraiment ? Ou plutôt qu’elle vivait pour ces moments, ces interstices où elle le sentait menacé ? Alors, oui, elle s’était mise en danger pour elle. Mais ce n’était pas comme si elle ne se mettait pas en danger quasiment toutes les nuits. Pour de bien moins bonnes raisons que de sauver la vie d’une connaissance de longue date. Mais ça, elle ne pouvait pas le deviner. Non, Micka voyait la femme d’affaire, certes au passé trouble, mais tout de même. Forcément, son action devait paraître un signe extraordinaire d’affection.
Mais après tout, peut-être que ça en était un. Car en effet, aurait-elle bougé pour une autre personne ? Se mettre en danger physiquement, peut-être, elle aurait sans doute essayé d’agir si l’occasion s’était présentée. Mais est-ce qu’elle se serait exposée publiquement comme ça ? Est-ce qu’elle aurait risqué de se montrer aussi ouvertement, armée, dangereuse, efficace [strike]humble[/humble]? Non, elle aurait plus que probablement donné le change, plutôt que de devenir un des visages de la fusillade. Elle aurait continué à jouer le rôle de l’otage apeuré et docile.

Prise en défaut, Kyoran mit un instant à déglutir, battre des cils et se redonner une contenance. Puis avec son sourire en coin signature, elle haussa à nouveau son épaule valide, et moulina vaguement de la main qui tenait le ciseau, comme pour chasser une poussière, l’air de rien.

"Je voulais pas prendre le risque d’être hantée par ton fantôme."

Sa moue teigneuse s’intensifia. Comme une double mise en garde, un peu provoc’. Comme sous-entendu, “Je voulais pas supporter ton fantôme à ce moment, mais attention, j’en veux pas plus maintenant, alors t’as intérêt à continuer de survivre”. Pendant un instant, elle dévisagea sa comparse. C’était un peu bizarre, cet instant suspendu. Elle surplombait légèrement son amie, toujours en arborant son petit rictus mi-goguenard mi-détaché. Micka lui semblait soudain bien plus réelle qu’elle. Elle savait être vulnérable, sans prétendre, et elle avait choisi de l’être avec elle. Enfin, choisi, c’était peut-être un grand mot. Mais elle avait accepté de l’être, en tout cas. Et elle avait décidé de les embarquer sur un terrain plus personnel. Plus haute, armée de ciseaux, Kyoran ne se sentait finalement pas tellement en contrôle.

"J’aurais peut-être agi quand même. Je me serai sans doute moins appliquée pour viser, c’est tout."

Elle lui adressa un clin d'œil, comme une microscopique concession. Une miette, tout ce qu’elle était fichue de livrer comme aveu. Il faudrait bien qu’elle s’en contente.
Mais visiblement Micka ne semblait pas se formaliser de la faible capacité émotionnelle de son interlocutrice. Elle avait enchaîné sur les psychopathes qu’elle avait croisés. Elle en faisait peut-être partie, d’ailleurs. À l’occasion, il faudrait qu’elle lui demande une liste, ça pourrait faire un bon vivier de cibles, si elle tombait à court d’occupations nocturnes.

"Tu as bien fait."

Le bravado de façade de l’apprentie-coiffeuse s’envola à ces mots. Elle ne pouvait pas masquer l’impact de cette petite phrase si simple. Ce n’était pas qu’elle doutait du bien fondé de son geste, ce n’est pas qu’elle culpabilisait d’avoir tiré sur cet homme. Mais elle, l’indépendante, la solitaire, depuis combien de temps n’avait-elle pas eu quelqu’un pour la conforter dans ses choix ? Quelqu’un pour être de son côté, quoi qu’elle fasse ? Quelqu’un pour voir le pire, et décider de rester malgré tout. Certes, il y avait Gab. Mais… ce n’était pas pareil.
Plus sérieuse, Micka semblait bien consciente de l’importance de cette phrase. Elle n’était pas psy pour rien.

"Merci."

Le visage de Kyoran s’était adouci, détendu comme c’est rarement le cas. Bref répit où elle se rendait compte des montagnes d’énergie qu’elle dépensait dans le seul but de maintenir un contrôle parfait sur les apparences. Elle avait soufflé ce merci, presque un secret entre elles deux. Elle ne savait pas bien quoi dire d’autre, de plus.

"Qu’est-ce que je peux faire pour toi Kyoran ?"

Retour à la réalité. Prise de cours par l’état de son amie, puis par cette conversation, elle en avait complètement oublié l’objet de sa venue. Elle aurait voulu être le genre de personne qui passe, juste pour passer un moment ensemble. Mais elles n’en étaient pas là, et Micka la connaissait bien : elle ne faisait rien par hasard, si elle était là c’est qu’il y avait une raison.

“Rester éloignée des paires de ciseaux et des rasoirs, pour commencer.”

Elle sourit, mais un sourire un peu bancal. Sous la blague, une vraie demande. Son regard s’était verrouillé sur une mèche coupée logée sur la pommette de Micka. Ce qui lui évitait de la regarder dans les yeux, bien pratique. D’un geste léger, elle chassa cet intrus du bout de son pouce.

“J’aurais besoin d’un dogsitter la semaine prochaine pour quelques jours, j’ai pensé que peut-être toi et Bob ne seriez pas contre un peu de compagnie.”

Un peu mal à l’aise de venir demander un service, elle cherchait une nouvelle tâche à effectuer tout en exprimant sa demande. Faisant face à Micka, elle entreprit de reprendre la coupe, égalisant un peu plus finement les mèches qui encadraient son visage, prenant garde de ne pas lui couper un bout d’oreille ou lui mettre des petits bouts de cheveux dans les yeux.
Elle sourit à nouveau, signe annonciateur de la bêtise à venir.

“Tu vois, qui aurait pu me dépanner et garder Ben, si je t’avais laissé te faire canarder? Mon intervention était un calcul purement intéressé.”

*Ne va pas croire que je tiens à toi.*

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MessageSujet: Re: GET OUT ! [PV Kyo]   GET OUT ! [PV Kyo] EmptyJeu 15 Fév - 21:43

Je remarque bien ses réactions à chacune de mes paroles. À quelques-unes de mes boutades. Ce n’est pas dans mes habitudes – les boutades je parle, le reste c’est un peu mon quotidien. Observer. Absorber. Analyser. Certains iront jusqu’à dire juger; mais ce n’est jamais le cas. C’est un verbe que je ne peux ni ne veux me permettre. Bon d’accord, dans certaines circonstances il est de mon devoir (à lire : je suis payée pour) le faire. Mais je préfère garder cela dans le cadre professionnel de ma vie. Et vous savez ce que l’on (ce ON) dit : il ne veut mieux pas mêler vie privée et vie professionnelle. Eh bien figurez-vous que je m’y applique. Et croyez bien qu’en tant que psy, ce n’est clairement pas la partie la plus sympa du challenge. Mais qu’à cela ne tienne. Il ne faudrait pas non plus que je vienne à m’ennuyer n’est-ce pas.

Les réactions de Gweria donc. C’est fou à quel point elle arrive à exprimer des choses à travers si peu d’interactivité. Peut-être bien que je devrais lui en toucher un mot. Il ne faudrait pas non plus qu’elle se retrouve à réagir ainsi devant monsieur-madame tout-le-monde. Groupuscule dont je pensais faire partie, mais il faut croire que non. Pas à l’encontre de mon interlocutrice actuelle en tout cas. Je dis que je vais finir par penser qu’il y a bien plus de sentimental qui se cache là-dessous. C’est adorable. Attendrissant même. Mais je vais sagement m’abstenir d’en rajouter une couche. Nous n’en avons guère besoin, là encore ni l’une ni l’autre. Voyez donc comme nous avons grandi à travers toutes ces années d’éloignement. Aurions-nous seulement été aussi proches si la fatalité des choses n’avait pas fait que nos chemins bifurquent à ce point ? Quand bien même la sinusoïdale a fini par nous retrouver ?
On en revient toujours à la même question universelle : quelle est l’indice de responsabilité du hasard dans toute cette équation ?

Ses réponses sont à la hauteur de ses réactions. La fraction de seconde de retardement à chacune d’elle ne fait que confirmer ce que moi-même je sous-entendais avec vachement moins de tact. Ce qui n’est pas plus dans mes habitudes que son arrêt sur image dans les siennes. Bien, nous restons sur la même longueur d’ondes et d’aucune ne viendra admettre ses propres faiblesses. À l’égard de l’extérieur cette conversation n’a d’ailleurs jamais eu lieu. Faut-il encore avoir un extérieur, ce qui n’est pas faux. À qui diable voudrait-elle donc que j’aille cafter cet entretien presque surréaliste ? Claudia ne te connait pas. Love ne pourra pas plus s’en contrecarrer. Et Bob se trouve à quelques mètres de nous à jouer le spectateur silencieux qui n’en absolument et strictement rien à kitsch. Bon d’accord, il t’apprécie (c’est peu dire, then again on parle de Bob – son standard en matière d’appréciation se situe bien plus près du sol que le mien, mais pour sa défense : ses pattes sont plus courtes) ; mais dépourvu du sens de la parole, je peux bien te confirmer que cette discussion ne sortira pas de ces quatre murs. Ceci dit, il n’est pas impossible qu’il n’aille pas colporter quelques bricoles à ton ami Ben. Je dis ça, je dis rien. Tu en fais ce que tu veux.

La petite affirmation de soi semble également de lui revenir comme une gifle. Mais dans le bon sens du terme (pour autant que cela s’avère possible). Je sens (ou devine, ou whatever, appelez-le comme bon vous semble) un poids s’enlever de ses épaules. Voire carrément de son cœur. Elle ne doit pas avoir l’habitude qu’on la conforte dans ses choix. Je comprends ce sentiment. Ce n’est pas quelque chose que l’on demande. Même si secrètement on l’espère. À défaut de le recevoir, on commence parfois même à désespérer. À ne plus le calculer. Et puis un jour, BAM on se le prend en pleine face. Ou, ici en occurrence, cœur. Et ça nous prend tellement de court, que la réaction qui s’ensuit est comme soufflée. Action-réaction d’un bon gros coup de poing dans les tripes. Cela me fait doucement sourire. Je ne pensais pas l’affectionner aussi. Et je suis certaine que l’inverse est de mise. Comme quoi, les lois de l’univers n’en ont pas fini de jouer avec nos cordes sensibles.

Afin de ne pas glisser vers une mièvrerie dégoulinante qui nous fera à coup sûr gerber toutes les deux (même si je ne sais pas vraiment quoi, vu le peu de contenu dans mon propre estomac – aie ça commence mal, voilà que je mets à rimer), je relance avec un topic un peu plus up-to-date. Hop hop, retour à la réalité comme si de rien n’était. Car, au risque de me répéter : ça m’étonnerait fortement que tu te sois pointée ici juste pour me refaire le portrait. Dans tous les sens du terme.

Le petit pique de rappel. Accompagné d’un sourire, mais qui veut tout dire. J’aimerais bien pouvoir promettre que je le ferai, mais étrangement je n’ai pas envie de lui mentir. Pourtant c’est si facile d’utiliser des mots que l’on ne pense pas. C’est même devenu d’une banalité effarante pour la plupart des gens. Je ne réponds pas, me contenant d’écouter la suite. Car il est clair qu’elle ne s’attendait pas plus à me voir avec une paire de ciseaux dans les mains que moi à lui demander de continuer le travail.

Une caresse presque aérienne s’ensuit. L’effleurement de son pouce contre ma pommette. Et moi qui la regarde toujours depuis ma position assise. D’un point de vue extérieure, cela devrait à tout va donner une scène digne d’un grand sens de l’imagination (si vous voyez ce que je veux dire). Et c’est peut-être justement ça qui intensifie d’autant plus le réel sous-entendu de sa demande. Là encore je ne peux rien promettre, si ce n’est de faire de mon mieux.

La véritable raison de sa venue me fait presque rire. Presque. Ce n’est pas non plus un verbe que j’affectionne particulièrement. Accessoirement, ça fait mal quand on s’est ramassée un coup de poing dans les abdos (les quoi ?). Cela n’empêche qu’un semblant d’amusement s’éprend de mon expression – tant faciale que générale. Je ne fais pour autant pas de geste brusque sous peine de me faire éborgner par un embout de cisaille. Ce serait le comble si je dois garder plusieurs boules de poils en même temps.

- « Ada sera contente, elle adore les chiens. »

Devant son air que je devine quelque peu interloqué (qui ne l’aurait pas été ?), je rajoute d’un ton tout aussi naturel :

- « La mère de Love. »

C’est seulement là que je me rends compte de ce que je viens de bazarder à mon tour. J’en ai dit à la fois trop et pourtant pas assez. Fait néanmoins incontournable : il est trop tard pour tout ravaler. Cela ne ferait que davantage attiser la potentielle curiosité de mon … amie ?
D’accord, on peut s’accorder sur ce fait. Mais alors … comment est-ce que je pourrais bien définir Love? Car au vu du look que Kyo me jette, ça demande clairement un peu plus de chair à se mettre sous les dents.
On dort (oui du verbe DORMIR) ensemble. Est-ce que ça fait de nous des colocs ?
Je passe la plus grande partie de mon temps libre dans son appart. Est-ce que ça fait de nous des copines ?
On s’est embrassées au décompte du Réveillon. Est-ce que … est-ce que ça quoi au juste hein ?!

- « Un calcul très minutieux en effet. »

Que je balance. Pour noyer son fameux canard.

- « Plusieurs semaines à l’avance qui plus est. »

Hop, ça passe crème.

- « Je vais finir par penser que tu y étais pour quelque chose. »

Auquel cas, est-ce qu’on était vraiment obligées d’en arriver à une altercation physique pour un week-end de dogsitting ?!

- « Tu n’étais pas obligée d’en faire autant pour m’acheter tu sais. »

Une bonne bouteille suffisait amplement.

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