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 What's in their heads ? x Micka

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Solveig De Souza
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MessageSujet: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyMar 24 Jan - 22:40

Ca faisait longtemps que j’avais pas autant traîné des pieds pour aller à l’hôpital le matin. En général, le réveil sonne, je saute sur mes pieds -sauf si Sam a passé la nuit au loft- file sous la douche et fonce prendre ma garde. Là…là ouais, la motivation est légèrement en berne, et ça se traduit par un soupir bruyant qui m’échappe dès que j’entends mon téléphone se manifester bruyamment sur ma table de chevet pour me dire que l’heure de lever mon cul a sonné. Même la présence de mon voisin/ami/copain à mes côtés apaise pas cette réticence évidente que je ressens, et qui semble suinter par tous les pores de mon corps. La journée va être longue, c’est une certitude. Et si la journée l’est, autant dire que mon stage va l’être encore davantage.

Une douche plus tard, je suis assise sur le plan de travail de la cuisine, buvant mon café plu par automatisme -ou instinct de survie- que par envie. “-Et si elle me dit que je suis toquée, et que je devrais consulter ?” Sam me lance un regard surpris, abandonne sa vaisselle, et alors qu’il se rapproche et pose ses mains sur mes cuisses pour sans doute tenter de me raisonner, j’enchaîne déjà : “-C’est vrai quoi…j’ai pas particulièrement bien géré la perte de ma mère, et encore moins celle de Diego. J’ai pris des tas de mauvaises décisions, fais des trucs pas très jolis, j’ai pratiqué l’auto-destruction à un niveau qui mériterait qu’on me décerne une médaille, je crois que c’est pas totalement faux de dire que j’ai pété les plombs, et…” Et j’ai pas l’occasion d’ajouter quoique ce soit, que Sam m’arrête dans mon délire en m’empêchant de prononcer le moindre mot supplémentaire.

Faut reconnaître que sa méthode est plutôt efficace, et que ça fait redescendre la pression. Il a même toute mon attention quand il démonte mes arguments bancals de quelques mots, un à un. En effet, le deuil, ça change les personnes, et ça peut les pousser à plus être tout à fait elles-mêmes pendant un certain temps. Évidemment que je m’emballe, c’est lui qui a raison. Et bien sûr, que le titulaire que je vais suivre toute la journée est pas là pour me psychanalyser. Tout à fait, le stage va hyper bien se passer, y’a pas de raison du contraire. Y’a pas de raison du contraire, hein ? Tous mes stages se sont vraiment bien passés, y’a pas de raison que mon passage en psychiatrie se passe différemment, non ? C’est lui qui a raison. Sur toute la ligne. J’ai envie de le croire. Ou peut-être que j’en ai juste besoin, je sais plus trop à ce stade, mais la différence importe peu.

Je me sens un peu moins ronchon quand je finis par pousser les portes de l’hôpital un peu moins d’une heure plus tard, et je prends le temps d’aller faire un tour au service pédiatrie, que j’ai quitté il y a peu. J’aime bien bosser ici, ou au contact des enfants de manière plus générale. Ces derniers temps, j’ai beaucoup repensé à la conversation que j’ai eu avec Riley peu de temps après ma reprise, quand j’ai admis à voix haute pour la première fois que mon cœur de médecin balançait entre la traumatologie et la chirurgie pédiatrique. Même maintenant, alors que de longs mois ont passé, je suis toujours incapable de me décider entre les deux. Je ferme pas la porte à d’autres spécialités, on est jamais à l’abri d’un coup de foudre imprévu, même si je sais aussi que y’a plus d’un service où je serai incapable de faire carrière…et oui, la psychiatrie en fait partie. Je sais d’avance que j’ai pas ce qu’il faut pour ça, et je ressens d’ailleurs aucun attrait pour les méandres de l’esprit humain.

La mort dans l’âme, je finis par quitter mes petits patients pour me diriger un étage au-dessus, montant chaque marche plus difficilement que la précédente, comme si le poids qui me tirait en arrière était chaque fois plus lourd. Pourtant, je me sens quand même vachement mieux que ce matin, et me répéter les paroles de Samaël a été super efficace, notamment pour que je réussisse à venir jusqu’ici, et à pousser les portes du service psychiatrie. J’ai un long frisson qui court le long de mon échine quand je commence à avancer dans le couloir, à croire que même mon corps refuse notre présence dans ces lieux. En vrai, et pour me la jouer moins mélodramatique, je sais que c’est juste la mauvaise isolation du bâtiment, et que c’est rien d’autre.

Quand j’arrive au niveau de l’accueil, j’ai réussi le miracle d’adopter une tronche un peu moins fermée, et de plus tirer la gueule, endossant une posture professionnelle en même temps que ma blouse. “-Bonjour, je cherche le docteur Andersonn.” On m’indique où la trouver, et après avoir remercié l’infirmier qui retourne au chevet d’un patient, je me dirige vers la chambre désignée, me résignant pourtant à rester hors de la pièce, pour ne pas risquer d’interrompre quoique ce soit. Il faudrait pas qu’un patient se referme ou perde pied en me voyant débarquer sans prévenir, moi, une inconnue. Pas sûre que ça ferait une super impression à celle qui va me superviser pendant mes prochaines gardes.

En attendant qu’Andersonn quitte la chambre, et son patient, je déambule un peu devant la porte close, faisant les cent pas, chaque pas dissipant un peu plus ma bonne volonté, et ce sourire composé de toutes parts que j’ai réussi à plaquer sur mon visage. J’ai déjà croisé Mickaëla à quelques reprises, ici ou là. Faut dire que les effectifs médicaux étant bien moins importants que dans tout autre hôpital, c’est pas si compliqué d’apprendre le nom des uns et des autres, et de retenir les différents visages. Le Doc’ m’a déjà parlé d’elle…ou plutôt, Riley a accepté de répondre aux questions que j’avais quand j’ai appris que j’allais tourner avec la psychiatre. Lui aussi, s’est montré plutôt rassurant, mais faut croire que les réticences ont la peau dure.

Je sais pas trop combien de pas j’ai fait quand j’entends la porte de la chambre s’ouvrir enfin dans mon dos, et que je me tourne vers Andersonn d’un bloc un peu trop rigide. “-Bonjour Docteur Andersonn, je suis le docteur De Souza, je rejoins votre service le temps de quelques gardes.” J’essaye d’avoir un air enjoué, sourire de circonstances sur le visage, même si je suis pas certaine d’être hyper convaincante. Je suis prête quand même à faire un effort, un vrai, pour faire en sorte que notre collaboration se passe au mieux. Et oui, le fait que ça puisse avoir une incidence sur mon dossier joue pas mal dans la balance.

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptySam 25 Mar - 20:47

Je parcours mon planning de la journée d’un air dubitatif. Comment diable veulent-ils que j’enchaîne autant de patients en plus de ceux qui ont été admis la nuit dernière (et avant, mais n’enfoncez pas trop le clou – ou est-ce plutôt un pieu ? – de si bonne heure) ?
Je ne réprime même pas le soupire qui s’échappe de mes lèvres tandis que je fais la moue. Bon, je sais que le look de mon agenda repose en partie sur mes épaules. Déjà que j’accepte tout et n’importe qui (sans vouloir être péjorative ou blessante d’une quelque façon qui soit), mais en plus cette absence imprévue de trois semaines n’a clairement pas joué en ma faveur. À aucun niveau. Sauf peut-être le relationnel fraternel. Inutile de prétendre que Samantha n’a pas pris son pied à m’héberger pendant plusieurs semaines avec une interro surprise à la clé. Mais passons. Même si l’image de ma sœur qui vient de pop dans ma tête m’arrache malgré tout un semblant de sourire. Ce serait bien que je tente de lui envoyer un mail, vu que les texto ça ne passe toujours pas. Et avant d’oublier je me bloque un petit créneau d’une demi-heure demain soir pour me tenir à mes bonnes résolutions. Même si leur réputation à la vie dure.

Ça me ramène direct à la grille horaire qui s’affiche devant moi et me prévient de la présence d’une stagiaire ces prochaines semaines. Fichtre, ça aussi je l’avais zappé. Non mais franchement, cette connexion pourave et l’absence de synchronisation avec l’agenda de mon téléphone commence vraiment à me prendre le chou. Certes je suis une personne très ordonnée (pour ne pas dire maniaque-sur-les-bords) mais j’ai un sac immense qui agresse les inconnues, tabasse les ados et bouffe tout ce que je balance dedans. Ce qui explique que je ne garde pas un agenda papier en permanence sur moi. Ça et le fait que mon planning change tellement souvent et tellement vite que j’ai vite abandonné l’idée au bout de ma deuxième semaine aux urgences. Oui parce qu’en plus des horaires de jour, il m’a fallu avoir la lumineuse idée d’accorder tout mon temps libre à du bénévolat sur mon lieu de travail. Workaholic bonjour.

Je note mentalement le nom de ma future stagiaire : Solveig De Souza. Combien de chance que je prononce cela mal ou que j’ai oublié la moitié d’ici à ce qu’elle se pointe ? Pour autant qu’elle se pointe. Ce ne serait pas la première fois qu’on me fait le coup. Et je peux comprendre. La psychiatrie quoi. Si ce n’est pas une vocation – ce dont il s’agit rarement – c’est soit pour le fric (mais n’oublions point qu’on se trouve à Downfall prestement), soit un travail d’intérêt général imposé pour choper un quota d’heures. Pas trop vendeur tout ça n’est-ce pas ? Tant mieux, je n’ai jamais prétendu être vendeuse dans l’âme de toute évidence.

J’attrape mon badge et un stylo sur mon bureau, repousse ma chaise à sa position initiale et quitte mon bureau en quête de ma tournée matinale. Il me reste moins d’une demi-heure à tuer avant ma première consultation officielle et il est clair que cela ne suffira même pas à rendre visite à un tiers des admissions de la nuit précédente. Il n’y a pas à dire : au moins ma stagiaire aura de quoi se mettre sous la dent en attendant que l’heure sonne pour que je la libère de ses obligations morales, et plus si affinités.

~ . ~

Je remercie le dénommé Jimmy pour le moment que nous avons passé ensemble. Ce n’est pas non plus comme s’il avait eu le choix si jamais il voulait mon aval pour sortir de l’hôpital encore aujourd’hui, mais ce n’est pas pour autant que cela se passe toujours aussi … bien dirons-nous. Pas d’insultes. Pas d’objets volants non-identifiés. Et même pas qu’il m’a souhaité de me prendre un battant de portant de sortant de la chambre. Somme toute, cela aurait presque pu être plaisant. Si ce n’est que nous savons tous les deux qu’il va recommencer aussitôt sorti d’ici et qu’on risque de se trouver dans moins d’une semaine aux urgences. Et ce sera probablement moins beau à voir que cette fois-ci. Il aimerait arrêter. Et en même temps pas du tout. Il a peut-être bien apprécié ce moment de partage, mais ça s’arrêtera là. Ce n’est pas moi qui mettrai un terme à sa descente en enfer. Ce n’est pas non plus ce qu’il attendait de ma part. Pas aujourd’hui en tout cas.

Je quitte la chambre en marche-arrière (c’est quelque chose qu’on apprend assez rapidement dans mon domaine d’expertise) et lui souhaite tout de même bonne chance. Des mots creux, mais qui font toujours du bien à entendre. Moins à exprimer. Surtout quand on n’y croit pas le moins du monde. Tandis que la porte se referme, je laisse échapper un léger soupire tout en glissant le dossier du patient dans le porte-document prévu à cet effet. J’ai apposé ma signature en bas de sa cartouche de sortie, mais sans réelle conviction aucune. C’est juste qu’il nous faut des lits. Et de préférence pour des gens qui ont vraiment envie d’y mettre du leur.

Lorsque je me retourne, en route vers le ixième patient de la journée, c’est pour tomber face à face avec quelqu’un qui vient de faire le même mouvement que moi. C’est à peu près tout ce qui nous caractérise car elle a l’air tendu comme un string et sur le point de se déchirer un muscle à force de se crisper. Je penche un peu la tête en la reconnaissant.

- « Bambi ? »

C’est la particularité du surnom qui m’est resté surtout, vu qu’en soi on n’a jamais vraiment échangé plus de deux mots à travers un téléphone. La babysitteuse attitrée de Ada. Et, accessoirement, le toubib à tout faire des blackened. Et c’est dit (et pensé) en tout bon tout honneur.
Je me suis toujours demandée si son nom de code avait un lien quelconque avec Disney ou si c’était plutôt du ressort Hugh Hefner, mais ça ne me regarde clairement pas. Et, à bien y réfléchir, on s’en fout un peu non ? Pour autant que sa mère n’ait pas été abattue par une balle perdue et qu’elle s’attend à trouver des réponses à ses cauchemars récurrents en passant du temps avec une psy …

C’est là que je me rends compte que ce n’est peut-être pas le lieu le plus avisé de faire sauter sa couverture. Il paraît que même ici les murs ont des oreilles. À moins que ce soit plutôt un surtout ici.

- « Excusez-moi. Docteur De Souza, enchantée. »

Et je lui tends la main, comme si de rien n’était.
Ce qui est le cas.
N’est-ce pas ?

- « Marchons un peu, voulez-vous. »

Même si ce n’est pas vraiment une question et que j’ai déjà anticipé sa réponse en me mettant moi-même en route.

- « Les urgences ont besoin libérer quelques lits donc nous allons immédiatement vous plonger au vif du sujet. »

Même si je ne doute aucunement qu’elle y connaît un rayon sur le vif de l’action. Peut-être pas psychologique en particulier – quand bien même sa patientèle habituelle ne doit pas spécialement s’en éloigner. Et je ne juge aucunement. Je suis et resterai toujours un outsider aux yeux de leur sororité. Alors ce n’est clairement pas à moi qu’une des filles pensera en premier pour se livrer. Même si la logique veut qu’une inconnue prime souvent sur la famille en ce qui concerne l’aveu de certaines faiblesses. Puis avec l’étiquette de toubib que je me coltine, je m’attendais à avoir un attrait sensiblement plus abouti. Peut-être qu’elles remettent encore en doute le côté confidentiel du métier. Allez savoir.

- « Cela vous met-il mal à l’aise ? »

Le fait d’aller apposer des avis sur la santé mentale d’une bande de parfaits étrangers (ou pas) ?
Le fait de devoir se contenter souvent d’une première impression pour anticiper la suite ?
Le fait de vivre cette expérience aux côtés de quelqu’un comme moi ?
Pick one. On avisera ensuite.

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyVen 7 Avr - 23:20

Brrrr…la psychiatrie, c’est vraiment pas ma came. Je sais que ça fait partie de la vie, que si on peut avoir des soucis digestifs, aux os, aux yeux ou que sais-je d’autre, c’est normal que le cerveau aussi ai des petits bugs, non ? Enfin, même si pour le coup, les petits bugs en question ont tendance à me faire flipper. Le corps humain, me semble moins…complexe. Même s’il a ses mystères aussi, hein. Mais je sais pas…un petit tour dans un scanner, une prise de sang, quelques examens, et une partie de l’énigme est résolue. Pour tout ce qui se passe dans le crâne, ça me semble plus…nébuleux. Presque inatteignable. En réalité, ils ont sans doute beaucoup de mérite, les psy, parce qu’ils ont clairement pas le public le plus facile du monde, et qu’il faut savoir décrypter et décortiquer tellement de trucs que ça doit être épuisant de nager comme ça dans l’incertain. Enfin, c’est la vision que je m’en fais, et si ça se trouve, je suis complètement dans le faux. En tout cas, je suis sûre que j’aurai mal au crâne à longueur de journée à force de réfléchir autant.

Quoiqu’il en soit, en attendant qu’Andersonn ai terminé avec son patient, je fais les cent pas dans le couloir. Je suis pas hyper connue pour ma patience, même si j’arrive relativement bien à prendre sur moi quand j’enfile ma blouse. Parfois, j’ai l’impression qu’elle me donne des pouvoirs que j’ai pas en temps normal, un peu comme le ferait une cape avec un super-héros. Un œil avisé -ou une psy, ha ha- me dirait juste qu’elle me donne peut-être simplement plus confiance en moi, mais ça c’est une autre histoire. Le temps se fait un peu long, et même si attendre sans rien faire me fout les boules -encore plus quand on sait qu’on manque de personnel dans à peu près tous les services et qu’on pourrait donc avoir besoin de moi ailleurs- je prends sur moi. Je sais à quel point ça pourrait être contreproductif pour ce que je fais la psychiatre si je débarquais comme si de rien était alors qu’elle est avec un patient à elle, encore plus si c’est une personne qui me connait pas. Ce qui risque bien évidemment d’être le cas.

Je viens tout juste de me tourner pour faire un nouvel aller-retour quand des bruits dans mon dos me font me retourner, alors que la doctoresse pointe enfin le bout de son nez. Spontanément, je vais vers elle en me présentant, et m’arrête net à ses paroles. Bambi…Bambi ?! Mais elle est sérieuse là ? Je crois que j’ai dû faire une tronche de quinze pieds de long, et écarquiller les yeux presque au point de les expulser de leurs orbites en entendant ça, si bien qu’Andersonn revient déjà sur ses mots, présentant même de brèves excuses pour m’appeler par ce rôle qui est le mien entre ces murs. “-Ouais, pareil.” Même si je suis qu’à demi enchantée, vu la bourde qu’elle vient de faire. Je peux pas retenir un regard un peu blasé alors que ma main serre brièvement la sienne. Mais sérieusement…même si Love a pas jugé utile de le préciser, il est clair que les Blackened qui font usage d’un pseudo, c’est pour qu’il soit utilisé dans un certain cadre, pas ici. Je soupire mon mécontentement, mais emboîte le pas de la psychiatre, où qu’elle nous entraîne.

Ah…aux urgences, ouais, c’est bien ça, les Urgences. Je connais. C’est un terrain conquis. C’est un service que je connais presque sur le bout des doigts, qu’il s’agisse de son agencement, de sa façon de fonctionner, ou de son personnel. Ça a un côté rassurant de savoir que je sais où je mets les pieds…au moins géographiquement parlant. Et puis…dans la mesure où je suis juste une petite interne de rien du tout, et que j’ai pas vraiment mon mot à dire, j’irai où Mickaëla Andersonn ira. Pire, je devrais faire tout ce que Mickaëla Andersonn me demandera de faire…enfin, dans la limite de l’acceptable, évidemment. Même si d’après les dires du Doc’, elle fait partie des gens réglo de cet hôpital.

Je suis docilement le dos de la psy devant moi, en cogitant encore un peu plus, comme si je m’étais déjà pas fait assez de nœuds au cerveau ces jours-ci, à l’idée de notre…collaboration. Forcée, certes, mais obligatoire dans le cadre de ma formation, alors je m’y plie, comme mes camarades. Je manque de rentrer dans Andersonn quand elle me pose une question que j’avais pas vu venir, et qui me fait hausser les sourcils. “-Mal à l’aise ?” que je répète bêtement, comme pour être sûre que j’ai bien entendu la question. Merde…moi qui aime à penser qu’il est impossible de lire sur ma tronche ce que je ressens, on dirait bien qu’avec Mickaëla, ce sera pas si facile. “-Il va falloir vous montrer plus précise, docteur Andersonn. Vous parlez du fait que vous avez failli me griller en employant un surnom qui n’a pas sa place à l’hôpital, au fait que vous soyez une cliente de l’une de mes frangines et amies, ou qu’on s’apprête à plonger dans les méandres d’esprits tortueux et malades ?” Même si on pourrait facilement cocher plusieurs cases vu la situation. Et encore, je vais éviter de lui dire que je pense qu’il serait judicieux que je passe par son service un de ces quatre…et pas simplement en tant qu’étudiante.

On pousse les portes des Urgences, et l’ambiance particulière de ce service toujours surchargé nous saute presque immédiatement au visage. J’ai du mal à résister à la tentation de me ruer vers l’un ou l’autre des box pour y faire ce que j’ai appris au cours des dernières années, et rester sagement dans le dos de ma titulaire du jour. Pas question de trifouiller dans un corps humain aujourd’hui, on va se contenter d’utiliser…des mots. Et quand on sait comme je suis à l’aise avec…je sens que la journée va être longue. J’ai un léger soupir que j’espère inaudible, parce que ça la foutrait quand même mal auprès de la titulaire, et continue de suivre Andersonn, qui a l'air de savoir parfaitement où elle nous emmène. Je croise brièvement le regard de Riley qui me fait un pouce en l’air, avec ce sourire goguenard de tête à claque qui lui vaut un regard noir, même si le coin de mes lèvres tressaute un peu quand même. “-Alors…on va travailler sur quoi exactement, aujourd’hui ?” que je finis quand même par demander quand on a dépassé les salles de traumas, devant lesquelles j’ai manqué de peu de me dévisser le cou pour voir ce qui se passait à l’intérieur. En vain…il semblerait que je sois pas prête de voir des viscères avant un bon moment.

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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptySam 22 Avr - 21:06

J’en viens à me demander, assez vaguement, si sa présence dans mon sillage (vu qu’elle n’a pas encore daigné se balader à mes côtés – intéressant tout ça) se reporte à son rôle dans l’ombre ou dans son obligation contractuelle à découvrir activement plusieurs services en vue de décrocher son diplôme. En soit, l’un pourrait très bien être en relation avec l’autre. Mais de prime abord, ce n’est pas vraiment cela qui transpire de sa personne. À moins que ce soit la mienne, de personne, qui porte défaut. Peut-être espérait-elle un docteur plus neutre dans l’histoire. Même si, à bien y regarder, on ne se connaît pas outre mesure. J’ai réussi à coller un pseudo sur un visage (ce qui n’a clairement pas plu à ce dernier) et ça s’arrête un peu là. Je connais sa réputation à la surface. Je sais qu’elle est fiable comme nounou d’un soir. Et je sais, désormais, que son amour pour la psychiatrie effleure le raz-des-pâquerettes. Je ne risque pas de m’en vexer. Ce n’est pas la première fois qu’un apprenti se met en tête de suivre mes ô-combien-passionnantes entrevues. Est-il que dans la plupart des cas, la seconde personne n’est pas autorisée à participer à la consultation. Du moins, pas tant qu’elle ne présente pas un document officiel attestant de ses compétences. Et jamais sans accord des patients. Un peu comme dans toute les spécialisations. À cette exception près, que mes patients (si l’on puit dire) ne sont pas les plus enclins à accepter des oreilles curieuses (voire indiscrètes) endéans leur périmètre de sécurité. Périmètre qu’il me faut parfois des semaines, si pas des mois – et à l’occasion des années, à mettre en place. Puis boom, du jour au lendemain je débarque avec une entité inconnue qui vient apprendre (lire épier) leurs plus sombres secrets et leurs plus improbables aveux de culpabilité.
Bref ! Tout ça pour dire que ce n’est pas la première fois que j’accepte (même si on ne m’a pas vraiment demandé mon avis au préalable) de servir de guide psychiatrique (j’aurais pu dire touristique, mais quelque chose me dit que les fameux objets volants non-identifiés auraient tôt fait de me trouver), mais que ce n’est pas une garantie de succès pour autant. Moins encore quand il s’avère que la stagiaire en question n’a pas trop appréciée mon approche première.

Car quand tombe le point d’interrogation de sa présence aux urgences, qui plus est à mes côtés, j’écope tout d’abord d’un certainement étonnement suivi d’une répétition – à laquelle elle ne me laisse même pas le temps de confirmer par un signe, que déjà elle passe à la phase agressive. Et cela non pas dans le ton de sa voix, même si on ne peut nier qu’il y a bien une légère (un peu plus même je dirais) hausse de tonalité. Les mots cherchent à frapper là où ça fait mal. Elle confirme l’affront subi avant de me renvoyer la balle – juste assez fort pour que d’éventuelles oreilles indiscrètes captent l’information. Rien de tout ceci est anodin. Probablement pas prémâché non plus, mais parfaitement bien calculé. Juste là où il faut, quand il faut. Tandis que la proposition finale vient s’y coller comme une suite logique pour clore la parenthèse.

- « Je ne suis pas ... »

Je me retiens de terminer cette phrase. Bien sûr que j’en suis une. Toxicomane qui plus est. Je me contente néanmoins de me secouer légèrement la tête (plus pour moi-même) en laissant échapper un léger sourire. C’est bon, je l’avais cherchée. Mais pense-t-elle donc sincèrement que cela va griller une couverture quelconque ? Que je suis la seule personne dans tout ce bâtiment fichtrement capable de révéler son identité au grand jour ? Plus encore dans le service que nous venons de pénétrer ? Espérons pour mademoiselle De Souza qu’elle arrive à retenir ses instincts primaires une fois qu’on plongera dans le vif du sujet. Et cela dans tous les sens du terme.

Je fais donc fi de sa provocation à peine voilée et me contente de lui adresser une expression qui sous-entend largement si c’est vraiment ça que tu penses de la psychiatrie … (elle n’a qu’à compléter le reste à sa guise). Je pousse les portes qui mènent aux urgences de mon dos (histoire de garder un œil sur mon boulet du jour – tant qu’à faire si elle a d’ores et déjà décidé de m’attribuer le rôle du bourreau – et sur ses réactions) et nous pénétrons ensemble dans la jungle urbaine. Le bruit caractéristique de cet endroit nous plonge dessus à l’image d’un prédateur affamé. Je m’arme de mon bouclier invisible et me met à zigzaguer entre les corps en mouvement comme si c’était la plus naturelle des choses (ce qui est le cas vu le temps que je passe ici, presque plus que ce cher Docteur Emerson que nous croisons furtivement et qui adresse un geste de la main qui pourrait tout autant m’être destiné – mais je ne me fourvoie pas pour autant). Je nous dirige autant que faire se peut en direction du comptoir principal. Le quartier général des opérations. Il y a pas mal de raffut ce matin. Non pas que c’est inhabituel par ici, mais d’habitude il faut attendre plus longtemps avant que ça ne déborde. À moins qu’on en soit toujours aux restes de la nuit précédente. Pour une fois que je ne suis pas de garde (merci à la stagiaire qui m’a valu un recadrage total de mon agenda de la part de ma ô-combien-attentionnée de secrétaire qui a probablement dû penser que ça m’arrangerait … soit).

Je n’ai pas le temps de faire les présentations (mais ça tombe elles se connaissent déjà) qu’une infirmière me tend trois fardes, me glisse à peine un mot et repart dans la mêlée. J’écoute d’une oreille distraite la question de mademoiselle soupe au lait tout en parcourant les trois dossiers en diagonale. Je m’arrête un peu plus longtemps sur le dernier, tout en jetant un rapide regard à la blackened par-dessus ma farde. Avant de tout refermer d’un mouvement de la main.

- « Sur votre capacité à faire la part des choses mademoiselle De Souza. Suivez-moi. »

Et sans attendre une quelconque réplique de sa part, je nous emmène directement vers le troisième nom de la liste. La femme qui s’en sort le moins bien d’après une première analyse de terrain, mais qui aura le plus hâte de quitter cet endroit.
Quelques dizaines de mètres plus loin je prends halte devant un rideau tiré et me retourne vers mon interlocutrice principale. Du moins tant qu’on n’a pas rencontré notre patiente.

- « N’oubliez pas quelle blouse vous endossez aujourd’hui. »

J’aurais dû, et voulu d’ailleurs, dire cape – car ce sera le cas. Mais elle aurait certainement trouvé à redire ou à tourner cela à la dérision. Même si sa première patiente n’est pas ici de par mon fait (il ne manquerait plus que cela), je n’aurais pas pu rêver meilleur occasion de la lancer dans le grand bain de la psychiatrie. Même s’il avait question de rêve dans toute cette sordide histoire, ce n’est pas de ceux de cette trempe-là qu’on aspire à croiser …

- « Vous avez le droit de quitter la consultation à tout moment. Je vous conseille d’ailleurs de le faire avant que vous outrepassiez certaines règles qui ne doivent pas vous être inconnues. »

Pas besoin de lui préciser que si cela devait arriver (ce que je n’exclus pas) ce n’est pas son départ en lui-même qui jouera dans la balance de l’évaluation ; mais plutôt le déroulement et la mise en scène y attenant. Partons du principe qu’elle va gérer, sinon à quoi bon s’oser à une spécialisation de cette trempe.

- « À vous docteur De Souza. »

Je lui tends la farde et tandis qu’elle découvre le nom de sa première patiente, je tire le rideau où une jeune femme au visage méchamment tuméfié nous fait face ; sa tenue de travail ne laissant que peu de doute quant aux circonstances l’ayant mené dans ce sympathique petit lit d’hôpital.

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Solveig De Souza
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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyMer 26 Avr - 22:31

Bien…le moins que l’on puisse dire, c’est que la première rencontre professionnelle, dirons-nous, laisse un peu à désirer. Tout ce qui aurait pu mal se passer est arrivé, ou presque. Qu’elle m’appelle Bambi entre les murs de cet hôpital lui vaut un regard noir, et comme avec la Dame Blanche et autres fantômes, mon alter égo démoniaque profite de cette invocation pour sortir les griffes, et répondre au docteur Andersonn avec une pointe d’emportement que je parviens pas à retenir, lui crachant au visage que fréquentant une Blackened Beauty, une frangine et amie qui plus est, la psy devrait peut-être faire profil bas. Ici, on est au travail, et rien de ce qu’on fait de notre temps libre y a sa place. La médecin commence une phrase de quelques mots qui me laissent croire qu’elle va contredire être une cliente de Love, et j’ignore si c’est le regard blasé que je lui adresse, ou simplement le désir de sa part de pas satisfaire les quelques indiscrets qui pourraient se trouver autour de nous, mais Mickäela va pas plus loin dans ses propos. Ici aussi, les murs ont des oreilles, et les ragots de couloirs vont à une vitesse impressionnante, alors autant éviter de donner du grain à moudre à ces idiots inutilement.

Occupée à tenter de museler de nouveau la Bête, la terrible Bambi comme aime l’appeler Samaël, je suis avec une docilité toute relative Andersonn dans les couloirs de l’hôpital, vers les urgences où elle semble être attendue. Les urgences, ça me va. C’est un domaine que je connais, un terrain de jeu sur lequel j’aime pratiquer…quand il s’agit de traumatologie, en tout cas. Ce qui se passe dans la tête des gens, c’est autrement plus compliqué. Pourtant, je marche dans ses pas, traverse les services qui nous séparent de notre but, même s’il m’est difficile de pas supplier Riley pour qu’il me prenne avec lui aujourd’hui quand on le croise au triage. Je suis sûre, à son sourire de tête à claque, qu’il a lu tout mon désespoir dans mon regard, et qu’à part se moquer -gentiment évidemment- il compte pas m’aider dans mon malheur. Et en même temps, on sait bien tous les deux que même si mes mains seraient plus utiles dans l’un des box, et que je ferai absolument pas de la psychiatrie ma spécialité, ce stage est nécessaire et obligatoire dans le cadre de ma formation. Ce qui est sans aucun doute la raison principale de ma présence au côté de Mickaëla.

La psy nous entraîne tout droit vers les admissions où, en plus du personnel fatigué, on trouve un nombre conséquent de dossiers. Je résiste à la tentation de m’emparer de l’un d’entre eux pour y jeter un coup d’oeil, et à la place, m’intéresse à ma collègue, qui lâche un bâillement à s’en décrocher la mâchoire : “-Salut Erin ! Nuit difficile ?” Elle me répond d’un regard qui en dit long sur le sujet, et qui s’humecte légèrement quand elle baille une nouvelle fois. Ouais, elle a pas dû s’ennuyer…mais on a pas le temps d’en discuter davantage qu’elle se sauve en courant pour se rendre au chevet d’un patient en train de rendre tripes et boyaux. C’est ça aussi, la magie des urgences. Et oui, je préférerai encore ça que d’aller farfouiller dans des cerveaux. Et c’est pas comme si c’était si étrange que ça, hein. Je suis sûre que tous les médecins, au cours de leurs études, ont senti qu’ils avaient des domaines de prédilection, et d’autres qui les attiraient pas du tout. Même Anderonchon devait en avoir, elle aussi.

D’ailleurs, en parlant de Mickaëla, je tarde pas à lui demander dans quoi elle nous a embarqué, avec un peu plus de forme quand même, alors qu’elle étudie les trois dossiers laissés là à son attention. A sa réponse, j’ai un bref froncement de sourcils, alors que je laisse échapper un léger soupir. Travailler sur ma capacité à faire la part des choses ? C’est ça, sa réponse, et son programme d’aujourd’hui ? Hé bah je sens qu’on va s’éclater dis donc. Je lui épargne cette réplique qui me vient aux lèvres, concernant le fait qu’on m’appelle docteur ici, pas mademoiselle De Souza. C’est pompeux…et passablement mesquin. Bambi s’agite une nouvelle fois, ravie d’avoir l’occasion de pouvoir ajouter son petit grain de sel, mais je musèle la diablesse comme je peux, alors que Mickanderson a repris sa marche, sans doute pour nous emmener vers notre patient.

Une fois devant le rideau clos, j’ai droit à une nouvelle oeillade de sa part, et un nouveau mystère qui plus est. C’est le moment de dire que j’apprécie pas des masses les gens qui parlent en énigmes ? Ce charabia est incompréhensible, mais une fois encore, je ravale tout commentaire pour plaquer un sourire sans une once de chaleur sur mon visage. J’aime pas ses manières, et je crois que c’est un secret pour aucune de nous deux. J’entrouvre les lèvres à cette nouvelle remarque concernant le fait que je puisse quitter la consultation à tout moment, ce qui rend encore plus nébuleuse notre collaboration. A quoi bon travailler avec elle, si je reste pas pour faire le job ? Sans un mot, j’attrape le dossier qu’elle me tend, jugeant que c’est ni l’heure ni le lieu pour réclamer quelques explications plus claires à tout ce blabla, alors qu’un patient nous attend, de l’autre côté de ce rideau. Une patiente, si j’en crois les premiers mots que je lis sur le dossier. Trisha Crawford, la trentaine, agressée par un ou des inconnu(s).

Quand je relève les yeux du papier griffonné à la hâte aux admissions, mon regard tombe sur une petite rouquine menue, au visage baissé, mais pas assez pour que je remarque pas les traces de coups qui le maculent. La tenue de la jeune femme dévoile sa peau nue, découvrant les traces rouges, les griffures, les égratignures, et malgré moi, un scénario se déroule déjà peu à peu dans mon esprit. Je serre les dents, et retiens pas un regard noir à l’attention de Mickaronchon, qui perd rien pour attendre. “-Bonjour Mme Crawford, je suis le docteur De Souza, et voici le docteur Andersonn, l’une des psychiatres de cet hôpital.” que je commence de cette voix presque chaleureuse que me connaissent pas forcément ceux qui fréquentent pas le docteur De Souza. Ma voix spéciale blouse blanche, comme dirait Steeve. A la mention de la psychiatre, une étincelle de panique semble s’allumer dans le regard de Trisha, que j’observe avec un peu trop d’insistance, avant de me rendre compte de ma maladresse. J’arrive pas à dire si c’est une Blackened, elle aussi, ou pas. Son visage me semble pas familier, et en même temps…peut-être un peu ? Je suis pas mauvaise à ce petit jeu là d’habitude, et pourtant, je suis incapable de savoir si nos chemins se sont déjà croisés avant ce jour. Si elle me reconnaît, elle en laisse pourtant rien paraître pour l’instant.

Qu’on se connaisse ou pas change pourtant rien à l’instant présent. Que Trisha soit une prostituée, une escort, une danseuse, une citoyenne lambda change rien au fond de l’histoire, ni à la colère qui crispe mes épaules. “-Je vois que mes collègues des urgences se sont occupés de vos blessures. Vous ne souffrez pas trop ?” Les habitudes ont la vie dure, c’est un fait. Elle jette un coup d'œil à la dérobée à Mickanderson, hausse les épaules dans un geste visiblement douloureux qui lui arrache une grimace, et finit par secouer légèrement la tête de droite à gauche. “-Bien, tant mieux.” que je commente tout à fait inutilement, en posant l’esquisse d’un sourire qui se veut rassurant sur mon visage. Et maintenant…quoi ? Soigner des corps blessés, je sais faire. Il suffit de voir où ça pisse le sang, et de réparer ça. Ouais, c’est ultra schématique, mais ça marche souvent comme ça. Soigner les esprits blessés, ça…c’est autrement plus compliqué. Qu’est ce qu’il faut dire ? Ou faire ? Pas dire ? Pas faire ? Il est où, le mode d’emploi, bordel ?!

Pendant quelques secondes, dont j’ignore la durée exacte, je me sens complètement démunie face à Trisha, qui mérite sans doute bien mieux qu’une étudiante hésitante pour s’occuper d’elle. Je suis à deux doigts de me taper la tête, en m’exhortant à la réflexion. Réfléchis, réfléchis, réfléchis. Comment je voudrais être traitée, si j’étais à sa place ? C’est ça, la question qu’il faut se poser ? Ou est-ce que justement, je me pose trop de questions ? En quoi le fait que je sois avec Mickaëla change mon approche du patient, ou le relationnel que je suis censée avoir ? Trop de questions, je vais finir par tout faire foirer toute seule. “-Avez-vous pu prévenir quelqu’un de votre présence ici, ou souhaitez-vous que l’on prévienne quelqu’un pour vous ?” Cette fois-ci, son mouvement de tête est bien plus rapide, il est clair qu’elle s’est pas donné le temps de la réflexion. Peu importe qui elle est, ou les raisons de sa présence ici, Trisha veut pas que son entourage soit au courant. “-D’accord. Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé, Madame Crawford ?” Parce qu’après tout…c’est bien pour ça qu’on est là, non ?

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyMar 9 Mai - 20:48

Une Blackened Beauty.
Une sœur.

Ce n’est pas la première fois. Et encore moins la dernière. Les blackened font d’ailleurs partie de la clientèle habituelle. Il n’y a pas une soirée aux urgences où elles ne traînent pas dans le coin. Parfois en tant qu’accompagnatrice. Souvent en tant que patiente. Cela fait partie du jeu. Que ce soit le leur, ou encore le mien. Je ne m’offusque en rien du travail qu’elles effectuent. Pour autant qu’elles en font de même à mon égard. Et encore. Ce n’est pas rare que je me ramasse des boutades quant à ma vocation professionnelle. Mais cela va bien au-delà du réseau local. Tout patient est susceptible de me balancer sa plus profonde pensée psychologique à la face. Ma foi, tant que ce n’est que sa pensée et non pas quelque chose de sensiblement plus lourd ou plus pointu …

Je tire donc le rideau. J’ignore dans quel état (que ce soit physique ou psychologique) se présentera à nous mademoiselle Crawford. Ce n’est qu’une question de secondes avant de le découvrir. Du point sur le plan visuel. Pour le reste, il va falloir gratter un peu. Et si elle le permet, on pourra même espérer creuser un peu. Juste pas trop. Ou pas trop profondément. Elle a déjà fait savoir au personnel soignant qu’elle était attendue ailleurs. Elles le sont toutes. Elles le sont toujours.

Docteur De Souza se présente en tant que tel, insistant bien sur son titre. Un peu trop peut-être. Reste à savoir si c’est conscient ou non. Je laisse couler. Ce n’est ni le lieu ni le moment de faire état de mes constatations. On fera le point par après. Ou en fin de journée. Pour autant qu’elle tienne à mes côtés tout le long. Car quand je lui ai parlé de quitter la consultation avant l’heure, cela ne se reportait pas uniquement sur celle-ci. Nous allons en voir des patients aujourd’hui. Et même moi je ne peux pas prévoir à l’avance les horreurs que nous risquons de croiser. Il est évident que ce n’est pas parce qu’elle supporte sans broncher la vue du sang, qu’elle en fera de même en découvrant ce qui se trame réellement dans la psyché de son prochain. Ça tombe elle s’en sortira bien. Mais pour le même prix elle peut se surprendre elle-même à ne pas être prête à tout entendre ou voir. La partialité n’a pas sa place dans notre job. Et cela n’a rien à voir avec nos propres valeurs morales. Elle le découvrira bien rapidement.

Je sens mademoiselle Crawford se crisper quelque peu. À jeter un regard frénétique de l’une à l’autre blouse blanche qui vient de pénétrer son espace de sécurité. Je lui accorde un léger sourire en coin et laisse le soin à ma consœur de faire le point sur la situation. La patiente est loin d’être aveugle, aussi amoché puisse être son visage. Elle semble m’interroger du regard, mais je n’interviens toujours pas. Ma stagiaire se bat avec son langage corporel, mais arrive à se maintenir à la surface. Je prends mentalement note de la situation dans son ensemble, sans pour autant lui faire l’affront d’utiliser un calepin pour matérialiser tout cela. J’aurais pu. Elle s’attendait peut-être même à ce que je le fasse. Surtout après cette première impression. Je lui pardonne ses préjugés faciles. Après tout, j’ai lancé la première pierre. Même s’il n’était clairement pas là dans mon intention.

Il y a un blanc qui s’installe. Celui durant lequel le docteur De Souza doit fort probablement me traiter de tous les noms. Oh, un peu plus un peu moins, ce n’est pas ça qui me tiendra éveillée ce soir. J’ai déjà bien assez sur ma liste de courses pour s’en occuper à sa place. La patiente également essaie de comprendre ce qui se trame. Cela pourrait paraître assez drôle d’un point de vue extérieure, mais je peux lui assurer que je ne cherche en rien à lui faire défaut. Ni à lui refourguer le mauvais rôle. C’est souvent le mien celui-là. Ça ne me dérange pas. Plus. Ou moins. Je n’ai pas de baguette magique. Je ne suis pas madame soleil. Il y a des choses que je peux faire. Et puis il y a toutes les autres. Beaucoup d’autres. Je ne peux pas recoudre la plaie. Je ne peux pas amputer le membre gangrené. Enfin si, en théorie je pourrais, mais croyez-moi quand je vous assure qu’il est pour un bien commun que ces pratiques de torture soient désormais considérées comme illégales dans la plupart des pays dit développés. Reste à déterminer si Downfall en fait partie. Mais là est une autre histoire.

Et tout à coup vient la question. Celle qui fait sursauter la patiente. Le battement de son cœur s’accélère. Sa respiration aussi. Elle secoue vigoureusement la tête tout en se rapprochant (sans probablement s’en rendre compte) du côté du lit où moi je me trouve. Tandis que d’autres mots trouvent leur chemin vers la sortie, mademoiselle Crawford vient agripper ma main droite des deux siennes et vient m’adresser un regard paniqué et implorant. Je continue à lui sourire de manière aussi rassurante que possible.

- « Bonjour Trisha, ça fait longtemps. »

Pas tellement en fait. Mais il est clair qu’ici tout est relatif. Trois semaines sans se croiser, c’est presque un exploit pour elle. Et nous savons toutes les deux ce qui l’amène ici. Voire même carrément qui l’amène ici. Pour autant pas besoin d’en parler dans l’immédiat.

- « Veuillez excuser le docteur De Souza, c’est son premier jour. »

Et je déporte mon attention de la fille de joie vers ma consœur en charge de la paperasse aujourd’hui. Je sens bien que Trisha ne réagit pas comme à son habitude. Pas totalement du moins. Elle essaie d’éviter de regarder son toubib du jour droit dans les yeux. Elle se cache même quelque peu derrière mon bras kidnappé. Est-ce qu’elles se connaissent ? Est-ce qu’elle a honte ? Pourquoi De Souza joue-t-elle la carte de l’inconnue ? Est-ce par peur de griller cette stupide couverture à laquelle elle semble un peu trop tenir ? Est-ce un code qu’il leur convient d’appliquer dans pareille situation ? Est-ce dans le but de tâter le terrain et explorer mes propres limites ? Peu importe à dire vrai, la réalité des choses n’en reste pas moins flagrante et d’une pertinente actualité.
Et donc, pour revenir à nos moutons (aussi noirs soient-ils) :

- « Vous n’avez pas besoin de répondre à cette question. Nous savons ce qui s’est passé. »

Qu’elle ose donc prétendre le contraire, notre docteur à la double casquette.

- « Qui cette fois-ci ? Jimmy ? »

Négation. Pas le petit copain.

- « Richard ? »

Pas le beau-frère non plus. Ça n’en laisse plus qu’un. Celui auquel j’ai pensé en premier. Celui que je n’ai volontairement pas nommé avant les deux autres. Même si je savais déjà. Même si on apprend à les connaître te les reconnaître à force.

- « Nicolaj. »

Je n’ai pas besoin d’y inclure un point d’interrogation. Ses doigts qui viennent enserrer les miens en disent assez. J’en profite pour me saisir d’une de ses mains de la mienne qui est libre. Je porte ses phalanges à hauteur comme pour inspecter ses ongles. Aucun de rongé. Tous nickel. Du moins, autant que faire se peut après avoir renvoyé ses coups à l’agresseur. Ce qu’elle a fait. Peut-être par réflexe. Probablement par instinct. Certainement pas de manière volontaire. Sans quoi elle n’aurait pas morflé à ce point.

- « Quatorze points de suture quand même. »

Que je lui balance comme si c’était la conversation la plus naturelle au monde. Je lui effleure doucement la peau. Caresse aérienne que je ne me permets clairement pas avec tous les patients. Et qui peut d’ailleurs donner lieu à une interprétation toute autre. Peu importe. Il m’a fallu du temps pour en arriver là. Je ne vais pas risquer de casser ce lien si fragile sous prétexte que ça ne plait pas à tous les participants. Tant que la principale concernée ne se manifeste pas, bien sûr.

Je lâche les phalanges du regard et reviens à l’autre docteur de la pièce. Il ne faudrait pas qu’elle croit qu’on l’a zappée de la scène. Puis, peut-être qu’une petite explication s’impose :

- « Deuxième farde. »

Que je ne lui ai volontairement pas remise. Ne sachant pas si, effectivement, elle arriverait à faire la part des choses. Mais là je viens de lui avouer à demi-mot que le responsable de cette boucherie se trouve dans la pièce juste à côté.

- « Et maintenant docteur De Souza ? Que souhaite mademoiselle Crawford d’après le rapport ? »

Et Trisha tourne, enfin, son attention vers ma collègue. Relâchant par la même occasion quelque peu la prise, et l’emprise, qu’elle avait toujours sur ma main et mon bras.
Elle veut sortir.
Et elle veut sortir avec lui.
And now what ?

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Solveig De Souza
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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyDim 14 Mai - 22:45

Hé bah…y’a pas à tergiverser, cette première journée dans le service de Mickaronchon s’annonce épique. Au moins à la hauteur de ce que j’avais imaginé. Ca aurait pu sans doute mieux se passer, j’aurai pu réussir à mettre mes préjugés de côtés…mais elle a fait la connerie de m’appeler par mon pseudo, au beau milieu des couloirs de notre lieu de travail. C’est pas un scoop, que je sois une Blackened Beauty, je suis même fière d’appartenir à cette sororité, de m’être trouvé une famille après que la mienne se soit méchamment cassé la tronche. Ce sont mes frangines, et comme dans toute fratrie, il y en a avec qui je m'entends très bien, d’autres avec lesquelles j’ai peu d’atomes crochus, d’autres encore que je connais pas autant que je le voudrais. Ca empêche pas qu’on se serre les coudes, même avec celles avec lesquelles on a le moins d’affinité. Nan, ce qui me dérange, c’est qu’Andersonn se soit permise de m’appeler comme ça ici, où je suis le docteur De Souza, ou juste De Souza.

Quoiqu’il en soit, nous voilà en route vers notre premier patient. Ou patiente, j’en sais trop rien. Je serai pas étonnée qu’elle trouve le cas le plus difficile qui soit, histoire de me pourrir encore plus mon passage dans son service, ou de me dégoûter une bonne fois pour toutes de la psychiatrie. Même si en soit, ce serait pas un challenge insurmontable. Oh ouais, c’est sûr et certain qu’elle va rien faire pour me faciliter la tâche, je peux le sentir venir d’ici. Alors du coup, quand le rideau s’ouvre sur une jeune femme dont la tenue laisse suggérer qu’elle est travailleuse du sexe, j’en suis pas vraiment étonnée. Ce serait même une sœur que ça m’étonnerait qu’à moitié…même si pour l’heure, j’ai pas d’illumination quand je vois son visage. Je serre les mâchoires si fort que je ressens une décharge de douleur qui me descend dans la nuque, alors que je fais appel à tout mon professionnalisme pour pas la régaler de quelques noms d’oiseaux. Trisha Crawford, donc. Jeune, manifestement terrorisée, sacrément amochée. Comme il est coutume de le faire quand on prend en charge un patient, je me présente, et présente la titulaire du service qui se trouve également dans la pièce avec nous.

Malgré mes réticences -qui se traduisent par tous les poils hérissés sur mes bras- je tente d’établir le dialogue avec notre jeune patiente, tâchant d’adopter la même attitude, le même comportement qu’avec n’importe lequel de mes patients. Et putain, c’est pas si facile. Même si j’ai toujours pris grand soin dans le choix de mes clients, j'aurais pu me retrouver à sa place des tas de fois. Je vois bien au langage corporel de Trisha qu’elle a autant envie d’être là que moi, alors que ma bouche s’entrouvre légèrement quand je la vois se rapprocher de Mickarelou. A la suite, mes sourcils se froncent brusquement, alors que ma mâchoire se serre une nouvelle fois. Putain. De. Merde. Elle la connaît. Andersonn connaît cette patiente, et elle m’a envoyée au casse-pipe, sans même songer à me prévenir avant que Trisha était une de ses habituées. Je la fusille du regard quand la psychiatre se sent obligée de préciser que c’est mon premier jour, sans juger toutefois utile de préciser que c’est mon premier jour dans son foutu service, et pas dans cet hôpital. Est-ce que ça fait une différence ? Oui, évidemment. Les patients ont tendance à faire davantage confiance aux docteurs ayant de l’expérience, la jeunesse est pas toujours bien perçue dans notre corps de métier. Pourtant, j’évite la moindre remarque à voix haute. Pas devant Trisha, pas ici. Mais j’en pense pas moins, putain.

Et cette fois, quand Mickaëla me sape une nouvelle fois devant notre patiente, j’ai toutes les peines du monde à me retenir de lui dire le fond de ma pensée. A quoi ça sert que je sois là, hein ?! Bien sûr qu’on a besoin de savoir ce qui s’est passé ! Comment on va savoir, si le type qui l’a rouée de coups a pas aussi abusé d’elle ?! Putain mais c’est pas possible ! Mes doigts se crispent sur le dossier de Trisha, alors qu’Andersonn reprend les rênes de la consultation, et que je bous sur place, muselant mon ressenti au maximum pour qu’il pollue pas l’intervention de la psy à la grosse tête. Le plus important ici, c’est notre patiente, pas notre guéguerre, qui a pris beaucoup trop vite des proportions plutôt remarquables. Et alors que je me demande si elle compte faire la liste de tous les prénoms masculins qui existent, l’un d’entre eux me tilte étrangement…au point que je décroche quelques instants de la conversation pour fouiller mes souvenirs…et comprendre enfin ce qui m’échappait jusque-là. Trixie. C’est le nom qu’elle utilise, quand elle vend ses services. Son truc à elle, c’est de mettre des perruques, toutes plus différentes les unes que les autres. Un jour brune au cheveux courts, le lendemain blonde vénitienne au carré impeccable, le jour d’après rousse flamboyante bouclée…elle dit toujours en rigolant que c’est sa façon à elle de diversifier sa clientèle, en tentant de se mettre au goût de plusieurs de ces messieurs. Putain, je me sens tellement conne…surtout qu’elle est déjà passé dans mon petit cabinet, pour les mêmes raisons que celles qui l’amènent aujourd’hui à l’hôpital. Putain de Nikolaj.

Dire que j’ai du mal avec les manières de faire d’Anderronchon serait un euphémisme. J’aime pas, point barre. Et quand je la vois inspecter les doigts de Trisha ou la caresser, ça change strictement rien à ma façon de voir les choses. Bien au contraire. J’ai de nouveau un regard dur à la psy quand elle me parle de ce second dossier, qu’elle avait pas jugé utile de mentionner jusqu’à maintenant, et que je prends le parti de pas consulter. Pas besoin. Elle a dit le prénom qui m’a permis de combler les trous, et de comprendre ce que j’avais sous les yeux depuis que j’ai tiré le rideau, même si je m’en suis pas rendue compte tout de suite. Je reste longuement à fixer ma titulaire du jour à sa question, soutenant mon regard en ravalant tout ce qui me vient initialement en tête, et qui serait ni professionnel, ni très poli, ni même bénéfique pour Trisha.

De toutes façons, j’ai pas besoin de consulter ledit dossier pour savoir ce que compte faire Trisha à présent. “-Maintenant…tu aimerais qu’on te laisse partir, parce que tu ne veux pas faire attendre Nikolaj…n’est-ce pas, Trisha ?” Je me permets le tutoiement, une façon de lui montrer que même si j’ai mis une éternité pour ça, je sais désormais qui elle est. “-Je suis désolée de ne pas avoir fait le lien avant, excuse-moi.” que j’ajoute dans un léger sourire coupable. Et tant pis si Mickanderson dit que les excuses ont pas leur place ici…elle a bien effleuré ma frangine y’a pas deux secondes. Je cherche pas à me dédouaner concernant le fait que je l’ai pas reconnue tout de suite, j’incrimine ni la fatigue, ni le nombre de patients qu’on peut voir chaque jour, ni même le fait qu’elle porte pas de perruque aujourd’hui. J’ai aucune excuse, je l’ai juste pas reconnue.

Comme si elle attendait juste que je la reconnaisse, ou le moindre signe que je sais qui elle est, Trisha laisse échapper un soupir, et s’éloigne sensiblement d’Andersonn, sans que je sache vraiment si elle s’en rend compte ou pas. J’ai droit à plus qu’un regard fuyant cette fois-ci, et je parviens à lui adresser une nouvelle fois un léger sourire. “-Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?” que je demande, même si n’importe qui pourrait deviner à son langage corporel qu’elle attend qu’une seule chose : filer. “-Tu sais ce qui risque de se passer si tu repars avec Nikolaj…pas vrai ?” Haussement d’épaules hésitant de la part de Trisha, qui doit savoir que trop bien, vu le nombre de fois où cet enfoiré s'est passé les nerfs sur elle.Et même si je comprends pas très bien pourquoi elle veut s’infliger ça, j’ai rien à lui dire, et surtout pas mon avis personnel. Est-ce que c’est pas ça, atteindre les limites de ses possibilités ? Savoir qu’une personne fonce vers un nouveau désastre, mais être incapable de l’empêcher ? Ben sans surprise…je trouve ça à chier.

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyVen 23 Juin - 22:38

Elle va penser que je le fais exprès. Que j’ai choisi ce rideau parmi les trois actuellement occupés uniquement dans le but de la mettre à l’épreuve. Désolée très chère, mais tu t’attendais à quoi au juste ? Ce n’est pas non plus comme si tu ne connaissais pas ton chemin dans les urgences. Tu sais pertinemment quelle clientèle traîne dans le coin. Si moi je vois six de tes sœurs en consultation par garde, tu dois au moins t’en ramasser le double, voire carrément le triple. Encore une fois, ceci n’est pas mon choix. Je ne suis pas madame soleil. Pas plus que madame Irma. Crois bien que si j’avais le pouvoir de choisir le type de personne qui mérite un petit séjour par le couloir des urgences, j’aurais tapé vachement plus haut. Ou plus bas. Tout dépend de la perception anatomique.

Je vois bien qu’elle se retient. Que ce soit de me cracher mes (ou ses, ça revient sensiblement au même vu le contexte actuel) quatre vérités en face ; ou carrément de me sauter au visage pour m’arracher les yeux avec ses petites griffes de chat. Non mais elle croit que ça m’amuse en plus ? Elle connaît probablement la quasi-totalité des blackened qui se trimballent à Downfall, mais je tiens à préciser que moi aussi. Peut-être pas aussi intimement (sans vouloir sous-entendre quoi que ce soit, voyons !), mais suffisamment que pour m’y attacher. Enfin, si on peut parler de la sorte. Toutes les patientes que je reçois en consultation, qu’elle soit volontaire ou non, sont traitées de la même façon. Qu’elle m’en trouve donc une qui a été outrée par mon approche ou par mon attitude professionnelle ! Outre mademoiselle Watkins bien sûr, mais elle est hors concours pour des raisons évidentes. Et encore, elle pourrait bien témoigner en ma faveur. Car ce qui l’insupporte dans l’histoire n’est en rien lié à ce qui se passe entre ces quatre murs (enfin, plutôt ces trois murs et ce voile de rideaux – mais vous comprenez où je veux en venir). Je fais et j’ai toujours, et en toute circonstances, réussi à faire la part des choses. Secret professionnel tout ça, remember ? Oh oui, je suis certaine qu’elle voit ce dont je parle. Mais comme mademoiselle soupe-au-lait a décidé de se la jouer caïd … j’ai juste envie de soupirer en levant les yeux au ciel. Non mais elle a quel âge cette petite fille au juste ? It’s time to grow up chica !

Elle me regarde (ou plutôt, elle me toise – appelons un chat, un chat n’est-ce pas). Je lui rends son regard. Ce n’est ni le lieu ni le moment de se comporter comme une gamine capricieuse. Est-ce qu’elle pense donc vraiment que je lui aurais rendu service en choisissant un autre patient pour débuter la dure loi de la réalité ? Genre une petite vieille atteinte d’un trouble de la mémoire ou d’un début de dégénérescence programmée et qui n’attend que son petit-fils grippe-sous pour rentrer dans son appartement miteux ? Wake up honey, this is reality. Elle devrait le savoir partout. Fichtre, j’ai vraiment l’impression de m’être ramassée la petite nouvelle du service. Son tempérament exotique (et NON je ne suis pas raciste voyons, mon mari est un nazi je vous signale – mais ne parlons pas de lui merci bien beaucoup) n’a pas sa place ici. Si elle insiste, on se donnera rendez-vous à la sortie après mon shift pour mettre les points sur les – i (ou dans la face, si ça peut lui faire plaisir). Mais ce même shift n’est clairement pas sur le point de se finir. Loin de là même.

Elle décide finalement de mettre nos différends temporairement de côté (Spain – one point !) et de se concentrer sur la patiente. Quelque chose me dit qu’elle n’a toujours pas compris pourquoi je fais ça. Pourquoi j’ai choisi ce rideau en particulier. Je sais ce qui se trame derrière les deux autres. Elle en connait au moins un autre désormais. Aurait-elle vraiment préféré un tête-à-tête avec le Ruskov ? Ou avec Alzheimer ? Franchement ?

J’observe la scène sans intervenir. Trisha se détend – autant que faire se peut bien sûr. Elle a même réussi à se détacher de moi. Ce qui est une bonne chose. Non pas que ce contact physique me dérangeait, mais la hiérarchie n’est pas trop adepte de l’approche. Et ce ne serait pas la première fois que je me fais taper sur les doigts. Peu importe, ça en vaut toujours le prix. Ce n’est pas non plus comme si on avait un océan de temps devant nous pour développer une relation de confiance. Vingt minutes montre en main. Dans le meilleur des cas. Et pas certaine de maintenir cela dans la continuité. J’ai dû prendre sur moi pour en arriver là avec mademoiselle Crawford. Et tout peut s’évaporer en un claquement de doigts. Mais ça, bien sûr, tout le monde s’en balance comme de l’an quarante.

Sa voix s’adoucit quelque peu. Elle s’adapte non seulement à la patiente, mais également à ses attentes. Je ne m’attends à rien en particulier. Qu’elle l’en dissuade, qu’elle lui propose une solution alternative, qu’elle essaie de comprendre … ce sont des réactions parfaitement saines et naturelles. Been there. Done that. Hit the wall. Tried again.
Mais nous ne sommes pas là aujourd’hui en tant qu’amie, confidente, sœur … et c’est ça qui rend ce travail si difficile. Et c’est pour ça que Trisha aura été la première patiente de la journée. Parce que ceci est la réalité. Et qu’elle fait mal. Et qu’au plus on essaie de la contourner, au plus fort elle nous revient dans la face.

On ne peut pas sauver le monde Docteur De Souza. Ce n’est d’ailleurs pas ce que le monde attend de notre part. Pas plus que ce que Trisha espère de nous. Pas aujourd’hui du moins. Ni demain. Mais peut-être bien le jour d’après. Alors nous devons entretenir cette petite flamme. Nous devons la protéger de la tempête qui gronde. Jusqu’à ce qu’elle soit prête à brûler d’elle-même. C’est très métaphorique, j’en conviens. Mais visualisez-le comme vous le souhaitez. Tant que ça rentre dans votre petite caboche têtue as hell !

- « Est-ce que vous avez besoin de quelque chose ? »

Elle sait que je peux lui procurer des trucs pas très orthodoxes. Et je sais qu’elle n’a pas encore cafté. Sans quoi j’aurais encore plus de blackened qui viendraient se perdre dans ces couloirs à pas d’heure. Je sais, ce n’est pas ainsi que ça fonctionne. Je pourrais être arrêtée pour x ou telle raison. Je pourrais perdre mon taf (serait-ce vraiment une grande perte ?). J’enfreins tellement de lois que je ferais mieux d’embaucher un avocat direct. Sauf que voilà, on est à Downfall. This is how it works. Si je ne peux pas l’empêcher de repartir avec monsieur Nicolaj, je peux tout du moins l’empêcher d’y passer une deuxième fois ce soir.
Et je ne le propose pas à chaque fois. Sauf que là c’est vraiment flagrant. Il n’y a pas été de main morte. Et elle a riposté. Si elle veut passer la nuit, elle n’a pas vraiment le choix. C’est ici avec moi ou dehors avec lui. À elle de voir. Je propose, elle dispose.

Elle déglutit. Me regarde. Regarde son amie. Reporte à nouveau son attention sur moi. Puis finit par avancer son visage vers moi. Je me penche à son encontre. Elle me murmure sa réponse à l’oreille. Nous restons un instant de plus dans cette position. Aucun mot n’est échangé. Cela n’en reste pas moins important. Elle finit par retrouver sa place assise et essaie de me sourire. Je devine que ça lui fait mal.

- « Sage décision. »

Je lui renvoie un semblant de sourire à mon tour. C’est peut-être bien ma dernière journée dans cette hosto. Mais ça en aura valu la peine.

- « Docteur De Souza, je vous laisse remplir le formulaire de sortie, je reviens dans quelques instants. »

Et sans attendre sa répartie (que je devine toujours aussi cinglante) je quitte la chambre de fortune et ferme le rideau derrière moi. Cela leur laissera quelques instants pour parler. Si tant est que c’est leur souhait. De mon côté, je me rends vers l’infirmière qui gère la pharmacie et lui demande un cachet en particulier. Elle essaie de m’interroger du regard. Cela la rendrait complice de ce qui va suivre. Elle le sait. Moi aussi. Elle finit par acquiescer et part chercher ma commande. Je la réceptionne dans un minuscule petit sachet en carton replié. Elle m’adresse un léger signe du menton avant que je m’éloigne avec mon dû.

Je dépasse le premier rideau et me dirige immédiatement vers le second. Là où notre ami russe commence à perdre patience et manque de s’en prendre à une collègue en lui balançant tout ce qui lui passe sous les doigts.
Je me tiens parfaitement droite et stoïque, une feuille blanche dans les mains vu que le dossier en question se trouve toujours avec docteur caprice (mais il n’est pas obligé de le savoir) et mon petit sachet en carton.

- « Bonjour monsieur Anatoliy, je suis le docteur Andersonn. »

Et si ça ne vous plait pas, c’est le même prix.

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Solveig De Souza
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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyDim 17 Sep - 19:19

Putain…ce que je déteste ça. C’est pas la première fois qu’une sœur passe entre mes mains, évidemment. Que ce soit ici, ou dans ce petit cabinet que j’ai depuis pas mal de temps déjà au Naughty. Et faut pas croire, mais j’ai eu des consultations de tout genre. Des petits bobos, aux frangines qui avaient surtout besoin de parler, à celles qui venaient pour des trucs autrement plus coton. J’ai fait face à des tas de situations donc, comme tout autre membre du personnel soignant d’ailleurs…mais celles que je retiens surtout, sont celles qui ont eu une fin foireuse. J’ai jamais perdu de Blackened, pas une qui serait venue vers moi pour des soins, ici ou à Van Nuys, mais il est déjà arrivé que je puisse pas aider comme je l’aurai voulu, ou comme il l’aurait fallu. Que j’ai dû me contenter de ce que j’avais sous la main, un truc qu’on aurait vaguement pu assimiler à du rafistolage. Que j’ai pas su trouver les bons mots quand la situation l’exigeait. Que j’ai dû me cantonner au rôle d’oreille attentive, d’épaule compatissante, et rien de plus.

Alors ouais…bien sûr que quand Trisha fait un petit signe de tête pour confirmer que ce qu’elle veut, c’est retourner avec ce petit enfoiré de Nikolaj, ça vient grossir le rang de ces fois où j’ai l’impression de m’être loupée. C’est sans doute pas le cas, au fond. Ca n’empêche pas que c’est compliqué d’accepter la décision de quelqu’un, quand on sait que ça va probablement mal finir, et que ce petit passage aux urgences sera sans doute pas le dernier. Pour autant, qu’est ce que je peux faire ? Je peux pas la forcer à prendre une décision qu’elle a clairement pas envie de prendre, ni lui ouvrir les yeux sur le connard qui partage sa vie quand elle a des œillères qu’on doit voir depuis Mars. La seule chose que je puisse faire -difficile, et pénible- c’est accepter. Et ce, même si je comprends pas. Alors…je me contente d’un simple hochement de tête, alors que mes lèvres se pincent dans une fine ligne sévère.

Je réprime difficilement un soupir, et j’ai l’impression d’avoir des rasoirs dans la gorge quand je ravale les paroles qui étaient à deux doigts de m’échapper. Trisha est une adulte, et même si je soutiens pas sa décision, elle est la sienne. Si elle a besoin de quelque chose ? Ouais, clairement, docteur Obvious. D’un mec qui lui foute pas sur la gueule, par exemple. Pour autant, malgré ce pic acerbe qui demande qu’à être verbalisé, je me la ferme, et me contente de rester à ma place, fronçant à peine les sourcils quand la frangine et Mickandersonn se penchent l’une vers l’autre pour échanger des paroles que j’entends pas. Et j’estime que de toutes façons, j’ai pas à les entendre. Si Trisha avait voulu que je sois au courant, elle les aurait simplement formulées à haute voix. Ce qu’elle a pas fait, donc…ça me regarde pas.

Ce “sage décision” balancé par la psy provoque un haussement de sourcils sur mon visage, mais une fois encore, je garde les lèvres closes. On est dans un hôpital, pas un commissariat, et je suis pas là pour faire passer un interrogatoire à la Blackened face à moi. Sans répondre verbalement à la demande formulée par le docteur Ronchonchon, je récupère le dossier de Trisha, et prend le temps de compléter ce qui doit l’être, notant l’heure sur le formulaire de sortie. “-Excuse-moi de te poser la question une nouvelle fois, mais…tu es sûre de ton choix ?” Je vrille mes yeux dans les siens, dans ses prunelles effrayées, et qui pourtant brillent d’une certaine volonté, alors qu’elle renouvelle son désir de sortir, aux bras de Nikolaj tant qu’à faire. “-D’accord. Tu sais que tu peux venir au Naughty quand tu en ressens le besoin. Même si c’est juste…” Pour te planquer ? Pour échapper à ton copain violent qui te refouttra sur la gueule parce que c’est un pauvre mec ? Mouais, on va peut-être pas le présenter comme ça. Je fais une légère grimace, hésite un peu, avant de lever une épaule : “-Pour vérifier tes points et ta cicatrisation, par exemple.” Voilà. Je sais pas trop si ça veut dire de moi que j’ai ce truc là…le syndrome du super héros ou un machin qui y ressemble. J’en ai pas l’impression. Je me dis juste que c’est une frangine, et que c’est ce qu’on fait dans notre sororité…nous serrer les coudes, être présentes quand le besoin s’en fait sentir. Et franchement, j’ai bien le sentiment que par rapport à tout ce qui pourrait être fait pour Trisha, lui offrir simplement la protection du Naughty, c’est que dalle.

Et alors que je finis de remplir le dossier de notre patiente, et son formulaire de sortie, je sens l’impatience de Trisha grimper en flèche, alors que du coin de l'œil, je vois le ballet de ses jambes, qui s’agitent frénétiquement, et ses doigts qui se tortillent. Je retiens pas un froncement de sourcils, et alors que je mets le point final à mes notes, je relève la tête vers la Blackened Beauty : “-Tout va bien ?” Question stupide si l’en est une, puisqu’on se trouve dans un hôpital et qu’elle a la tronche de travers, mais je suis sûre que Trisha pardonnera mes excès de langage. Elle s’agite encore un peu plus, et finit par jeter un regard fuyant au rideau dans mon dos, m’expliquant que c’est long, et qu’elle se demande ce que la psychiatre est en train de dire à ce brave Nikolaj. Bonne question…je sais pas trop ce qu’on peut dire à un type qui bat sa copine, à part qu’il fait partie des plus gros connards que cette Terre ait portée. Et j’ai beau tendre l’oreille, j’entends strictement rien en provenance du box voisin, enfin, à part les injures de ce brave Anatoliy, un chic type s’il en est un. “-Ca ne devrait plus être long maintenant.” que je lui dis dans un sourire, en jetant à mon tour un coup d'œil au rideau.

Franchement…? Je serai bien allée voir ce qui se passe à côté. Déjà, parce que j’aime moyennement les types qui braillent aux urgences, et menacent le personnel soignant de trucs qu’on entend habituellement que dans les films de gangsters à deux balles. Le bruit d’objets qui tombent par terre à intervalles réguliers me laisse penser qu’il doit jeter au visage des infirmières, ou d’Andersonn allez savoir, tout ce qui lui passe par la main, et je serai pas étonnée d’entendre la sécurité débarquer, d’un instant à l’autre. Je serai même pas certaine que ce soit une bonne chose, d’ailleurs. Alors ouais, bien sûr, j’ai absolument aucune envie que l’une de mes collègues soit blessée, même Queen Ronchonchon, mais j’ai surtout peur que l’arrivée des gars de la sécurité énerve encore davantage Nikolaj, et que Trisha soit -une nouvelle fois- son défouloir. Pour autant, et même si ça m’en coûte, je reste bravement assise sur mon tabouret, et, à l’instar de Trisha, je ronge mon frein en silence, et patiente. Mickaëla a bien dit qu’elle revenait dans quelques instants, non…? Et puis, si vraiment elle a besoin de moi à côté, je doute pas qu’elle saura m’appeler avec tout le professionnalisme dont elle sait manifestement faire preuve.

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Mickaëla Andersonn
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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyMer 1 Nov - 21:22

J’esquive de justesse un plateau métallique qui traverse la pièce. Pour cela il m’a fallu à peine me déplacer de quelques centimètres. Ils visent toujours la tête si l’interlocuteur ne leur plait pas ou les pieds pour faire beaucoup de bruit pour ne rien dire. Ici en occurrence, c’était l’option numéro deux. Même s’il va probablement vite regretter son choix. Dommage qu’il ait déjà tout bazardé avant que je n’arrive. Pour lui du moins. Moi je ne vais clairement pas m’en plaindre.

Tandis que je prononce son nom, il me regarde du coin de l’œil et ronchonne un truc entre sa barbe. Je n’aime pas particulièrement les Russes. Personne ne les aime vraiment. Ils ont une sale réputation qui leur colle à la peau. Il faut dire qu’ils font tout pour l’entretenir. Le fait que Love en connait quelques-uns n’aide pas à pencher dans la balance. Même si mon badge est là en non-stop pour me rappeler ma neutralité dans l’histoire. Ne pas juger. Ne pas refuser de soigner. Ne pas glisser. Ce verbe m’inspire une image qui m’aide à relativiser. Avec toutes les saloperies que les junkies s’injectent dans les veines, ils ne trouveraient même pas à comprendre ce qui leur arrive. Mais je ne suis pas comme ça. Même si l’envie me chatouille parfois. Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Sans quoi je ne serais pas (ou plus, as you wish) ici aujourd’hui.

J’attends donc qu’il se décide un minimum à coopérer, faisant mine de parcourir la feuille blanche qui me tient lieu de dossier. J’ai eu l’occasion de parcourir le sien en vitesse avant de le filer à ma consœur. Cela ne lui apportera sûrement guère plus que l’envie d’en faire un avion en papier, mais qu’à cela ne tienne. Il faut des preuves de son passage aux urgences. Et des dégâts causés par la furie plus que docile qui a fini par le traîner jusqu’ici. Question est : pour son bien à elle ou à lui ? Car il n’y a pas à dire, Trisha n’y a pas été de main morte. Notre sympathique petit Nikolaj semble avoir été rétamé par une chatte protégeant ses jeunes. Chatte de la taille d’un lynx. Quelque chose me dit que les faux ongles de mademoiselle Crawford ne vont pas faire long feu. D’un autre côté, sa manucure mérite un super like sur tripadvisor. Malgré la brutalité de la riposte, elle n’a perdu aucun ongle dans l’exploit (œil avisé oblige). Il lui aurait pourtant suffi de viser deux centimètres plus haut pour l’éborgner. Elle le savait probablement …

Je finis par relever mon attention de ma feuille ô combien intéressante (et toujours au combien vierge, à l’exception du petit smiley que je viens d’y gribouiller histoire d’entretenir l’illusion) en sous-entendant bien auprès de monsieur ci-présent que je ne suis pas là uniquement pour faire de la figuration (même s’il va sans dire que de son point de vue, la gente féminine ne sert à guère plus). Il me rend mon regard, me toisant de ses yeux un peu plissés. Et quoi, c’est censé me faire peur ? À d’autres !
Il doit le comprendre. Ou du moins soupçonner quelque part. Limite il est en train de scanner mon portrait pour faire passer un avis dans les ruelles. Qu’à cela ne tienne. Qu’il se fasse donc un torticolis de la rétine au passage. S’il pense que c’est son petit jeu de persuasion qui va m’empêcher de venir bosser (oui parce que c’est un peu la seule raison que j’ai trouvé pour sortir de chez moi, soyons honnêtes un instant). Bref. S’il ne veut pas faire le premier pas, c’est moi qui vais devoir m’y coller.

- « Bien, si c’est ainsi que vous voulez le jouer. »

Jouons !
Allez comprendre mon humeur. Un peu de frustration personnelle par-ci, un peu de provocation professionnelle par-là et un défouloir tout trouvé qui se présente spontanément à moi. À croire que le karma a quelque chose à se faire pardonner. Je me demande bien quoi.

Je referme donc ma farde sur le faux dossier, range mon stylo dans la pochette prévue à cet effet et dépose l’enveloppe sur le chariot à roulettes à mes côtés. Pour une fois que lui aussi se trouve au bon endroit au bon moment. Je me dirige ensuite en ligne droite vers mon patient. Le fait que le rideau soit resté fermé dans mon dos, ne semble pas davantage le rassurer. Il campe pourtant sur ses positions de gros dur. Peu importe, ce n’est pas lui qui me fait peur la nuit.
Il se recule un peu dans son assise tandis que je suis désormais suffisamment proche que pour parler du cercle intime. Il va pour m’interrompre, mais je lui devance dans sa démarche. Bien que le bas de mon corps s’arrête à une distance encore quelque peu respectueuse, mon buste se penche vers l’avant de telle sorte à ce que je puisse murmurer quelques mots à proximité de son oreille gauche. Personne n’en saura jamais rien. Tout ceci est entre lui et moi. Il le sait, à défaut de l’avoir deviné.

Quelques mots à peine. Car déjà je me redresse et le toise depuis mon perchoir divin. Il tourne lentement son attention vers moi. Les yeux encore un peu écarquillés. La bouche entrouverte sans qu’aucun mot n’ait réussi à s’en échapper. Grand bien lui fasse que sa pilosité faciale arrive à masquer un tant soit peu son degré d’étonnement.
J’ai toujours su qu’apprendre le russe en cours du soir s’avèrerait utile un jour. Sans pour autant l’associer au cadre de Downfall. Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre.

Et avant qu’il ne reprenne le dessus de la situation (car c’est voué à arriver, je suis et reste une représentante du sexe dit faible après tout), je lui tends le petit sachet replié qui contient un seul et unique comprimé. Il me regarde. Je le regarde. Nous nous regardons. J’en sais bien plus sur lui qu’il n’en sait sur moi. Du moins, pour l’instant. Je le sais. Et il le sait. Est-ce pour cela qu’il finit par accepter ? Allez savoir.

- « Sage décision. »

J’ai vraiment l’impression de me répéter là. Qu’à cela ne tienne. Je ne m’attendais pas nécessairement à plus de riposte de sa part, mais on n’est jamais à l’abri d’une surprise. Plus encore si elle est mauvaise.
Je m’éloigne déjà, ne le laissant pas l’occasion de revenir sur ses pas.
Je récupère la farde vide et me tourne une dernière fois en sa direction, ma main déjà sur le rideau.

- « Elle vous retrouvera à la sortie. »

Je n’écoute même pas ce qu’il me répond que déjà j’ai quitté la salle d’auscultation. Je retourne deux cases plus loin, là où Trisha doit clairement s’impatienter. Et son interlocutrice également. À force de traîner aux urgences elle doit pourtant savoir que ce sont les deux activités favorites de cet endroit : l’empressement et la patience. Sauver des vies tandis que l’entourage se ronge les os à ne pas savoir ou creuse des sillages dans le sol à force de tourner en rond. Il serait intéressant de tracer un parcours improvisé à même ce sol quand même voué à y passer. Mais ce n’est jamais qu’une idée.

Je tire le rideau et dessine un léger sourire aux coins de mes lèvres que Docteur DS ne doit pas hésiter à qualifier d’adjectifs en tout genre. Ma foi, si cela peut l’amuser.

- « Vous pouvez rassembler vos affaires Trisha. Il va vous attendre. »

Je lis un mélange de crainte et de soulagement dans ses yeux tristes. Fatigués. J’aurais tellement aimé en faire plus. Mais il ne revient pas à moi d’en décider. Tant que la demande n’émane pas d’elle-même, je ne ferais que me battre contre des moulins à vent. Je préfère garder cette énergie pour d’autre. Son heure viendra. J’espère simplement que ce sera avant le point de non-retour.

Elle ne se fait pas prier. Rassemble tout ce qui peut l’être. Reviens sur ses pas pour enlacer une dernière fois sa sœur noire. Veux en faire de même à mon égard, mais se ravise au dernier moment. Ça aussi, j’en ai l’habitude. Je lui souris toujours tandis qu’elle me remercie des yeux larmoyants et du bout des lèvres. Et là voilà déjà qui dévale le couloir en direction de la sortie. Pour ne pas le faire attendre. Pour ne pas qu’il parte sans elle. Pour ne pas …

Je quitte sa course improvisée du regard et reviens à ma stagiaire. Mon sourire évaporée. Il n’y a rien à rajouter.

- « Prête pour votre prochain patient ? »

Trois rideaux, dont deux qui viennent de se libérer.
On a intérêt à se dépêcher.

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyLun 27 Nov - 21:35

Si Bambi est clairement pas connue pour sa patience, et sa capacité à attendre sagement, c’est différent pour le docteur De Souza. Dans le cadre de mon boulot, je sais faire preuve d’une patience à toute épreuve, une patience que je puise je sais même pas où. Il faut dire que parfois, la situation fait qu’il y a pas vraiment le choix. Sauf que là…là, j’ai du mal à rester sagement assise, et à juste…attendre. Rester stoïque alors qu’on entend les éclats de colère à quelques mètres de nous, c’est pas si évident. La nervosité de Trisha semble contagieuse, et mon genou commence à tressauter à son tour, alors que le temps parait s’étirer encore et encore. Et il faut dire qu’entendre ce cher Anatoliy s’égosiller à quelques box de là arrange rien.

Je fais rouler mes épaules pour chasser ce malaise qui s’empare de moi, et glisse un œil vers Trisha qui fixe obstinément le rideau, espérant sans doute sans l’avouer à voix haute que celui-ci s’ouvre sur son cher et tendre connard. Je m’humecte les lèvres, une mimique qui trahit sans doute que je me sens pas hyper à l’aise à cet instant, et quelques secondes plus tard, je me sens tendre la main vers ma frangine, afin qu’elle s’en empare et s’y accroche tandis qu’on attend Dieu seul sait quoi. Mais elle fout quoi, Andersonn ? Il faut tant de temps que ça pour faire la causette à un enfoiré qui mérite pas qu’on lui accorde le moindre regard ? Ouais, je sais…la blouse sur mon dos m’empêche de réfléchir comme ça. Un patient est un patient, même quand il s’agit d’une merde humaine.

Amer constat qui me fera ronchonner plus tard. Là, je me contente de serrer la main de Trisha dans la mienne, la recouvrant de ma paume. Si ça avait été un enfant, je crois que j'aurais eu aucun mal à trouver de quoi discuter pour l’aider à passer le temps, ou pour faire naître un petit sourire sur son minois, lui faire oublier que les urgences ça peut être stressant et ça fait peur. J’ai pourtant fait le constat y’a pas si longtemps que quand il s’agit d’un adulte, j’ai du mal à m’y résoudre. Comme si j’y arrivais pas, que les barrières étaient trop élevées, trop hautes pour les laisser tomber, et être juste moi face à un adulte. Je sais que c’est pas la crainte d’être jugée…nan, ça, ça me passe bien au-dessus de la tête depuis longtemps. Au fond, je crois que c’est juste des restes de Bambi, toujours prête à se dresser pour me protéger d’à peu près la terre entière, et m’éviter les bobos au cœur.

Alors du coup…on reste silencieuses. A rien faire d’autre que partager ce petit espace en se tenant la main. Je prends pas le risque de prononcer le moindre mot…concrètement, si je réfléchissais deux secondes aux paroles à avoir, je lui demanderai ce qu’elle fout avec ce toquard, pourquoi elle reste avec lui, pourquoi elle continue de s’infliger tout ça. Je suis sûre qu’au fond d’elle, elle sait déjà que c’est ce que je pense, et elle a aucune envie de m’entendre prononcer ces mots-là. Alors on se tait. On s’accorde silencieusement sur le fait que rien dire, c’est ce qu’il y a de mieux à faire dans ce cas précis. Rien dire, et juste attendre. Attendre que nos chemins se séparent de nouveau, et que ses pas la précipitent dans les bras de son connard, où il saura lui témoigner tout son amour à coup de poings dans la tronche.

Je me redresse presque brusquement quand le rideau s’ouvre d’un coup, mais c’est juste Docteur jefaislatronche, et pas le taré de copain qui vient finir ce qu’il a commencé. Je sais pas si ce constat me rassure, ou au contraire, si j’aurai pas été contre le fait de lui faire part de mon point de vue, sans la moindre délicatesse. Même si ça aurait clairement été outrepasser mon mince rôle dans cette affaire. Trisha est sur ses pieds si vite que j’ai pas suivi son mouvement, et je secoue légèrement la tête en me disant que vraiment, j’ai du mal à saisir un tel empressement à retrouver son bourreau. Mais qu’est-ce que je pourrais dire…? Pinçant mes lèvres pour m’éviter toute remarque, je me relève à son tour, et ai tout juste le temps d’ouvrir les bras que Trisha s’y précipite, pour me serrer contre elle. Mes bras se referment à leur tour sur sa fine silhouette maltraitée par l’enfoiré, et quand on se détache, je lui passe une main dans le dos, en lui adressant un sourire qui se veut rassurant, peut-être encourageant aussi, et qui contient assurément tous les mots que je peux pas prononcer.

Je glisse les mains dans les poches de ma blouse, et sors du box pour rejoindre cet espèce de couloir dans lequel se trouve Mickandersonn, vers qui la Blackened fait un pas, comme pour la prendre dans ses bras, avant de s’arrêter dans son geste, et de se contenter d’un bref remerciement. Je retiens pas un soupir alors que son dos s’éloigne de nous avec un peu trop d’empressement, alors que Trisha sait sans doute ce qui finira par se répéter, une nouvelle fois, chaque nouveau pas l’éloignant de nous faisant grimper encore davantage ce cuisant sentiment d’échec qui fleurit dans ma poitrine, et me donne envie de lui courir après, de la rattraper, et de l’enfermer dans une pièce, jusqu’à ce qu’elle change d’avis. Ce qui est passablement illégal, ouais…

Trisha finit par sortir entièrement de notre champ de vision, me laissant de nouveau seule avec Mick-Ronchon, qui me demande si je suis prête à passer à la suite. Pour toute réponse, je me contente d’hausser les épaules sans un mot, et de lui emboîter le pas vers un autre box, où un nouveau patient doit nous attendre. En passant devant l’horloge, je peux pas m’empêcher d’y jeter un coup d'œil, manquant de peu de me morfondre à voix haute quand je vois le temps que je suis encore censée passer avec la psy avant que nos gardes respectives prennent fin. Et encore…il est de notoriété publique qu’on finit rarement à l’heure pourtant indiquée sur notre planning, et que je vais donc être coincée avec elle encore un petit moment.

Traînant sans doute plus la cadence que je le fais en temps normal, pour n’importe quel autre service, je marche dans les pas de la plus si jeune femme que ça, déposant au passage à l’acceuil le dossier de Trisha, qui sera archivé comme tant d’autres, et elle redevenue une inconnue parmi la masse de patients qui transitent par l’hôpital de Downfall. Je peux pas m’empêcher instinctivement de traîner quand je distingue un autre rideau fermé, tout en sachant que se trouve derrière un autre patient qui aura besoin des lumières d’Andersonn. J’espère juste que cette fois, on pourra réellement faire quelque chose, et pas être pieds et poings liés, comme on vient de l’être.

Le rideau s’ouvre sur le visage émacié d’une petite mamie qui doit avoir dans les quatre vingt balais, et qui paraît chétive allongée sur son brancard. Elle serre compulsivement contre elle son sac à main en vieux cuir râpé, alors que son regard nous détaille des pieds à la tête. “-Bonjour, Mme…Collins.” que je débute en attrapant le dossier de vieille dame, pour y lire son nom, et ensuite ce qui l’amène ici. “-Voici le docteur Andersonn, et je suis le docteur De Souza.” que je prends le temps de nous présenter, relevant le nez du dossier, alors que je pose un sourire de circonstances sur mon visage, auquel notre patiente ne répond pas, se contentant de serrer un peu plus son sac contre sa frêle poitrine. Hé bah ça promet.

J’avise le seul tabouret de la petite pièce, mais le laisse à Mickaëla, qui vu son âge déjà bien avancé en a plus besoin que moi, et me rapproche plutôt du lit de notre patiente à la place. Mary Collins, quatre-vingt-deux ans, veuve. Ses proches lui ont envoyé les secours quand elle a arrêté de donner signe de vie, de répondre aux coups de téléphone, de rassurer une famille qui s’est visiblement pas donné la peine de vérifier que tout allait bien pour elle. Elle était passablement désorientée quand l’ambulance est arrivée, et si les soupçons penchent en faveur d’une dénutrition et d’une déshydratation, la petite mamie a refusé le moindre soin. Y’a pourtant pas à tergiverser, une bonne perf lui aurait fait le plus grand bien. Ses proches auraient confié à l’opérateur du 911 que Mary supportait mal le décès de son époux, et qu’elle serait un peu trop pressée de vouloir le rejoindre. Après avoir pris connaissance du dossier, je le tends à ma titulaire du jour, sans reprendre la parole. J’ignore comment elle compte aborder la situation, et je voudrais pas m’imposer, attirer de nouveau ses remarques à la con, ou qu’elle s’imagine que je veux piétiner ses plates bandes. Aucun risque, la psychiatrie est la dernière spécialité que je choisirai, et de très loin.

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyJeu 25 Jan - 21:08

Nous regardons toutes les deux dans la même direction, celle-là même empruntée par notre patiente qui s’éloigne beaucoup plus rapidement qu’elle ne le devrait. Elle ne court pas, mais c’est tout comme. Et c’est uniquement parce qu’elle sait qu’on la regarde. Et qu’elle n’a pas intérêt à faire esclandre dans un endroit aussi public qu’un hôpital de bonne fortune (what’s in a name). Il va l’attendre. C’est ce que je lui ai confirmé. Même si je n’ai aucune certitude à ce niveau. Il serait d’ailleurs préférable qu’il ne soit pas là où elle espère si désespérément de le retrouver. Mais il y sera. Il n’a pas le choix. Pas s’il veut qu’elle rentre avec lui. Pas s’il veut continuer à exercer ce pouvoir démesuré sur sa pauvre condition de soumise. C’est elle qui lui accorde le pouvoir qu’il a. Sans elle, il n’y pas de lui. Il le sait, même s’il n’ira jamais jusqu’à l’avouer. Elle, au contraire, l’ignore. Et c’est là tout le tort que porte cette stupide histoire. Stupide car ce n’est pas la première ni la dernière à se la taper. Stupide car tant que la réalisation ne vient pas de l’intérieur, elle ne porte aucun poids avec elle. Stupide car c’est un cercle vicieux qui ne connaît qu’une seule fin heureuse …

On pourrait briser le silence professionnel qui nous relie, le docteur De Souza et moi. On pourrait émettre des hypothèses. Voire carrément lancer des paris. On s’en abstient sagement, autant l’une que l’autre. La situation est ce qu’elle est. Et nous savons toutes deux comment elle va se terminer. Il n’y a jamais que l’indice temps que reste flou dans l’histoire. Et il serait bien peu convenant de lancer à qui mieux-mieux sur son incidence.

Ainsi donc je finis par relancer les hostilités. Celles de notre collaboration de TOUTE la journée. Car oui, il convient de dire que nous venons à peine d’entamer les préliminaires. Une petite mise en bouche avant de passer à l’apéro. C’est qu’on pourrait bien en avoir besoin. Inutile de préciser que ce n’est pas vraiment vers cela que l’on se dirige. Ce serait trop beau. Ce serait trop cliché. Et notre relation n’est clairement pas à ce point établie qu’elle accepterait de boire un verre en ma compagnie. Ni moi en la sienne. Et encore, ça dépend du verre. Et des patients que nous nous apprêtons à rencontrer tout au long de la journée. Ça tombe c’est elle qui finira par m’inviter à sa table en fin de parcours. Enfin, il est là de loin la spéculation la plus absurde du tas. Mieux vaut la mort que le déshonneur, tout ça tout ça. Et je ne parle pas de mon point de vue, à l’évidence.

Pas besoin de mots pour comprendre son état d’esprit actuel. J’ai beau marcher devant, ce n’est pas pour autant que j’ignore ce qui se trame derrière. Déjà il y a le son ô combien caractéristique du pas traînant (the unbearable lightness of being, vous voyez un peu le topo) ; mais – accessoirement – il y a aussi le reflet dans tout ce qui nous entoure. Et pour finir, last but not least, l’attitude des collègues. Il y en a que cela amuse (ce sont les plus faciles à repérer), ceux qui prennent en pitié ma pauvre condition de titulaire (paix à leur âme pseudo empathique), ceux qui se demandent fichtrement ce que j’ai bien pu faire à cette misérable stagiaire pour donner l’impression qu’elle porte le poids du monde sur ses frêles épaules (là on s’aventure sur terrain glissant, mademoiselle risque fort peu d’apprécier le choix des adjectifs utilisés, attention à votre nez chers confrères) et j’en passe. Cela n’impacte en rien mon appréciation de la situation. Ce n’est pas non plus comme si elle avait caché les prouesses qu’elle me vante. Allez savoir pourquoi. Et si c’est vraiment à cause de ce petit mot de rien du tout en début de shift, ma foi …

On passe devant l’accueil pour un changement de dossier. De Souza dépose (probablement un peu à contrecœur) celui de sa sœur tandis que je récupère le nouveau – le changement de rideaux se fait à une de ses vitesses ici. Pourtant on ne peut pas vraiment parler de rentabilité financière vu le côté gratuit de la chose. Cela explique peut-être justement ce système de chaîne d’usine. Ce n’est pas à moi de dicter les règles, alors je me tais et j’avale. Cela ferait bien rire notre ami russe tiens …

Je parcours à la diagonale les quelques informations de base gribouillées sur la feuille avant de passer cette même copie à mon boulet attitré au moment de pénétrer cette nouvelle pièce. Une vieille dame nous fait face, cramponnant un peu plus fort son sac contre son torse tandis que nous nous approchons de son cercle d’intimité. Je laisse à ma consœur le soin des premières présentations tandis que je prends le temps d’observer notre nouvel environnement et, par la même occasion, tout ce que notre patiente raconte déjà sur elle sans avoir à exprimer la moindre parole.

Je récupère le dossier que je fais mine d’examiner une nouvelle fois. Tout est dans l’art et à la manière car ce n’est clairement pas ce bout de papier qui m’apprend le plus sur la situation actuelle. Je prends le temps qu’il faut. Pas nécessairement celui pour lire, ça c’est déjà fait depuis longtemps. Mais plutôt pour poser le climat dans ce qui va suivre. La pointe d’impatience je ne la vois pas, mais je la sens. Toujours suivre son premier instinct, peu importe si la mission semble suicidaire d’entrée de jeu.

Je finis par relever mon regard du dossier et le poser sur la femme d’un certain âge qui nous fait face. Je sors mon stylo, fin prête pour l’interrogatoire (car c’est exactement à ça que cela va ressembler).

- « Bonjour madame Collins. Savez-vous où vous êtes ? »

Elle semble réticente à l’idée de coopérer. Rien d’étonnant. On va recommencer. Plus en douceur. Avec un peu plus de tact (ha-ha). Avec plus de précisions. Mais juste parce que je ne peux pas me permettre de zapper quelques étapes obligatoires dans le procès (au sens propre comme figuré) :

- « Madame Collins, ma collègue et moi allons vous poser quelques questions afin de nous assurer de votre état. »

J’aurais pu rajouter : de santé. Mais on ne va pas non plus édulcorer la vérité n’est-ce pas. Je ne lui demande d’ailleurs pas tacitement son autorisation. Croyez-moi, ça ne sert à rien si ce n’est ouvrir la porte à un débat stérile sur le consentement mutuel. Celui qui est indirectement donné dès le moment où on entre dans l’hôpital (rien ne la retient ici, les sangles au lit ce n’est pas cette pièce-ci).

- « Votre famille s’inquiète et a demandé notre aide. »

Foutaises.

- « Selon vos réponses, nous pourrons déterminer dans quel délai vous pourrez rentrer chez vous. »

Immédiatement ou après observation.
Avant ou après perfusion.
Avec ou sans consentement mutuel.

- « On va recommencer : savez-vous où vous êtes ? »

L’hôpital. Bien.
Downfall. Encore mieux.

- « Savez-vous quel jour nous sommes ? »

J’enchaîne quelques questions basiques auxquelles elle prend plus ou moins de temps à répondre. Je note lesdites réponses au fur et à mesure. Cela me chatouille de lui demander quel président se prélasse tout au centre de ce bunker de la Maison Blanche, mais la population de Downfall n’en a tellement rien à cirer (pas plus que le reste du monde d’ailleurs). Même pas certain qu’ils connaissent la bonne réponse (pas plus que le reste du monde d’ailleurs, bis). Ce qui aurait pu être cocasse comme énigme du coup. Je me retiens néanmoins. Déjà que je sens le regard perçant de ma collègue. Elle n’a donc pas encore compris où je voulais en venir ? Pas de panique, ça arrive très chère.

Je pose donc mes questions toutes simples allant du lieu, à la date, à son anniversaire, à celui de son défunt mari. Certes, c’est délicat ; mais je ne juge pas nécessairement le contenu des réponses. Plutôt tout ce qui se trame autour. Et parfois même dedans. Je vous l’accord, dit comme ça, cela peut prêter à confusion.
Je finis par appuyer sur l’extrémité de mon stylo pour signifier la fin de cette première épreuve et lui accorde un semblant de sourire.

- « Merci beaucoup madame Collins. Vous permettez que je m’entretienne avec le docteur De Souza à l’extérieur. »

Ce n’est pas une question. Même si elle acquiesce d’un léger signe du menton.
Je referme le rideau derrière ma consœur et m’éloigne encore de quelques pas supplémentaires. Je me penche ensuite vers elle. ET vu le boucan omniprésent dans un endroit tel les urgences, ET pour le côté confidentiel de la chose.

- « Soit elle cache l’urne de monsieur Collins dans son sac, soit nous avons à voir avec une kleptomane. »

Qui joue parfaitement bien son rôle. Trop bien d’ailleurs. Ça ne colle pas. Et je me trompe rarement à ce sujet. Surtout quand il y a un indice de santé en jeu. Qu’elle vole quelques bricoles à l’épicier du coin, c’est fâcheux, mais compréhensible. Le vol de médicaments par contre, est répressible. Et potentiellement dangereux. Un détail quoi.

- « Que préconisez-vous comme approche ? »

Je suis certaine que vous pensiez vous ennuyer en psychiatrie … avouez.

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MessageSujet: Re: What's in their heads ? x Micka   What's in their heads ? x Micka EmptyMar 30 Avr - 23:23

Trisha a beau s’être éloignée, avoir couru -enfin presque- pour rejoindre son cher et pas si tendre connard, elle est toujours là, dans un coin de ma tête. Même quand on passe à un autre box, à un autre patient, à une autre histoire. La petite mamie installée sur le brancard me met un peu mal à l’aise, parce que j’aime pas ce qui brille dans son oeil, cette espèce de détresse, cette façon de nous dire sans avoir besoin d’utiliser le moindre mot qu’elle est complètement paumée, et qu’elle-même sait pas trop ce qu’elle fait là. Comme ça on est deux Madame Collins, on est deux…

Sauf que ça, bien sûr, je peux pas le dire. Pas le montrer, non plus. Enfin si, concrètement, je me gêne pas pour faire comprendre à Andersonn que je suis tout sauf ravie de partager ces quelques trop longues heures à la saveur de l’éternité avec elle, mais je vais éviter de montrer ça à notre patiente, qui a certainement pas demandé à assister aux tensions dans nos échanges depuis qu’on s’est retrouvées dans ce couloir. Je nous présente brièvement, y’a pas vraiment de raison de se lancer dans de grands discours, et je m’efface finalement pour laisser la psy prendre les rênes de l’entretien.

Sauf que…y’a pas besoin d’avoir un diplôme en psychiatrie pour remarquer que la petite vieille a pas l’air hyper tentée par l’idée de coopérer, ce qu’elle nous fait bien savoir par son attitude renfrognée, alors qu’elle serre encore un peu plus son sac contre sa poitrine. Pendant une seconde, elle me renvoie l’image d’une mamie un peu acariâtre, aigrie au possible, qui supporte les autres êtres humains autour d’elle parce qu’elle a pas le choix. Enfin, je dis ça, mais en même temps, je suis pas vraiment une experte en grand-mère, vu que j’ai à peine connu la seule que j’avais, avant qu’elle disparaisse, elle aussi.

Mickaronchon est obligée de se reprendre, et j’ai l’impression de voir les traits de son visage se lisser pour revêtir…je sais même pas quoi. De la patience ? En tout cas, il semblerait que le changement de tactique soit efficace, et parvienne à arracher à la vieille dame les mots tant attendus pour y voir un peu plus clair. Passive, j’en reste pas moins attentive, écoutant les réponses, observant la façon dont elles sont prononcées, les mimiques qui les accompagne. Madame Collins m’a l’air plutôt réceptive aux questions de ma collègue, même si elle est pas décidée à faire semblant d’apprécier sa présence entre ces murs.

Les réponses sont censées, intelligibles, et il me semble vite clair que notre patiente en est pas forcément une, et qu’il semble qu’il y ai aucune vraie raison pour que la vieille dame soit là, entre les murs de l’hôpital. J’en ai conscience, elle aussi si j’en crois son irritation, et je me demande si Mickandersonn s’en rend compte, elle aussi, qu’on retient cette femme alors qu’elle a strictement aucun désir d’être là.

Quand ma collègue m’invite à la rejoindre dans le couloir, j’adresse un léger signe de tête à Madame Collins, et rejoins la psy qui a quitté le box. C’est l’effervescence autour de nous, et pendant quelques secondes, je me demande si je devrais pas songer à m’allonger, moi aussi, sur le sofa d’Andersonn pour lui expliquer que je vis pas forcément très bien cette absence de sang, d’urgence, d’adrénaline. Puis je me rappelle que j’ai aucune envie de lui en apprendre davantage sur moi, aucune envie de me confier, aucune envie de lui donner accès à la moindre petite parcelle de ma personne.

A cause du bordel autour de nous, je suis obligée de me rapprocher d’elle pour entendre ce qu’elle a à me dire, et je retiens pas un franc haussement de sourcil face à ses hypothèses. C’est marrant, moi j’aurai juste pensé que Madame Collins est du genre hyper précautionneuse, peut-être parce qu’elle s’est déjà fait faucher son sac ou son portefeuille, et qu’elle a pas super envie que ça se reproduise. L’urne de papi ou assez de médocs pour l’envoyer au Nirvana ? J’avoue que je sais pas quelle hypothèse me paraît la plus plausible, parce que j’ai jamais été confrontée à ce genre de situation.

D’habitude, on vire tout ce qui dérange : sac, fringues, pompes,...tout ce qui nous empêche de trouver pourquoi ça pisse le sang et d’arrêter ledit saignement. On a jamais eu à se demander si les cendres d’un être cher se trouvait dans un sac à main. Pour ce qui est des médocs, en revanche… “-Bon…je vous laisse retourner à son chevet, et moi je vais chercher l’infirmière en chef. Elle saura me dire s’il manque des médicaments ou pas. Ça nous permettra d’y voir plus clair dans vos hypothèses.” Et j’attends pas d’avoir l’approbation de Mickandersonn pour m’éloigner et chercher notre collègue. Est-ce que j’y vois une occasion d’échapper un peu à sa présence ? Joker !

Il me faut près d’une dizaine de minutes pour mettre la main sur Walker, et presque autant pour qu’elle m’accorde un peu de son attention, ce dont je peux pas lui en vouloir vu le travail sous lequel elle croule. Il me suffit pourtant d’évoquer notre petite situation pour qu’elle arrête séance tenante tout ce qu’elle fait, et qu’on aille ensemble jusqu’à la pharmacie, dont la porte est fermée à clé, et où tout semble à sa place. Elle prend même le temps de faire le tour des autres infirmières pour checker avec si elles ont rien remarqué de particulier, et la réponse est toujours la même : rien qui sorte de l’ordinaire, dans cet endroit un peu dysfonctionnel qu’est notre hôpital.

Je finis par revenir vers le box de la concernée, et après m’être excusée pour mon absence plus longue que prévue, je fais un signe de tête vers le couloir pour faire part à la psy de ma petite investigation, soit…pas grand-chose. “-Walker et les autres infirmières ont rien remarqué de spécial. Si mamie Collins est une clepto, soit elle est super douée, soit elle vole autre chose que des médicaments.” Et…aux dernières nouvelles, on est pas flics. “-De votre côté, ça a donné quoi ?” que je demande à mi-voix, me plaquant contre le mur quand un brancard passe à côté de nous.

Au final, Andersonn m’explique que notre patiente a fini par se dérider, et par parler un peu plus. Je me sens grimacer aux explications fournies par la psy, par le fait que la vieille dame est plus seule que jamais depuis le décès de son conjoint, et qu’il est possible qu’elle ait un peu refusé les appels de sa famille pour les piquer et obtenir leur attention, même si elle s’imaginait sans doute pas que ladite attention se manifesterait par un appel aux services de secours de la ville, et un passage à l’hôpital. “-Hé bah on dirait que finalement, c’est bien papi Collins, dans le sac à main !” que je lâche dans un sourire de petite conne.

La psy répond à ma remarque par un de ces regards que je sais pas déchiffrer, et je me contente de soutenir le sien, sans broncher. Elle peut bien penser ce qu’elle veut de mon cynisme, on sait bien toutes les deux qu’à la fin de cette garde, nos chemins se sépareront pour, avec un peu de chance, plus se croiser avant un bon moment. Évidemment, je ferai avec si le cas d’un patient nous oblige à collaborer, mais je crois pas qu’on ait besoin d’en discuter pour savoir, presque d’un commun accord, qu’on se contentera de simples échanges professionnels, et que ce sera déjà bien suffisants.

Au final, après ce qui me semble être un interminable échange de regards, la psy et moi retournons dans le box, et échangeons encore un peu avec Madame Collins. On en vient pourtant rapidement à l’évidence que si son mari lui manque terriblement, il y a pourtant aucune raison médicale, clinique, d’imposer à la pauvre vieille femme de rester dans cet hôpital, surtout quand il est évident qu’elle a aucun désir d’y rester. Et je peux la comprendre, elle avait rien demandé à personne, et là voilà à se faire interroger -n’ayons pas peur des mots- et pas par n’importe quel médecin…par une psy.

Madame Collins retrouve un semblant de sourire, rien d’autre qu’un fantôme, pâle, et tout ce qu’il y a de moins convaincant quand on lui dit qu’on a fini de l’embêter, et qu’on lui tend son autorisation de sortie, qui porte la signature d’Andersonn. J’ai jamais vu quelqu’un filer aussi vite sur ses petites jambes frêles. Et si je voudrais pouvoir avoir le loisir d’observer la vieille dame s’éloigner, et disparaître par les portes de l’hosto, j’en ai pas l’occasion, que ma référente du jour m'entraîne vers un nouveau box, sans un mot de plus. Je laisse échapper un léger soupir, mais lui emboîte pourtant le pas avec la certitude que j’ai loupé le coche en demandant pas à Madame Collins de m’embarquer avec elle. Je sais que je me répète, mais bordel…la psychiatrie est vraiment le dernier des choix que je ferai. Si notre collaboration forcée aura bien eu un avantage, c’est de m’avoir conforté dans cette évidence.

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