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 [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron

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India Phillmore
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MessageSujet: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptySam 20 Juin - 21:49




Do you walk in the shadow of men


who sold their lives to a dream?




Fin mars 2020

Elle avait failli oublié en février l’anniversaire de son père, à cause d’un rythme de vie où elle ne s’autorisait qu’à dormir quelques heures, tombant souvent d’épuisement dans son lit. Alors c’était tardivement qu’elle l’appela, n’étant guère surprise de tomber sur sa messagerie pour lui souhaiter, lui promettant de trouver à l’occasion un moment pour le fêter autour d’un repas. Seulement les jours passèrent, ainsi que le mois de février à une vitesse qui donna le tournis à la jeune Phillmore. C’était donc ça grandir ? Ne pas avoir l’impression d’avoir assez de temps pour tout faire ? Avoir plusieurs emplois, une entreprise qui commençait à prendre son envol, les Unbroken et une relation de couple à ne pas mettre de côté, la jeune femme avait fini par céder en décidant de réduire son temps au dispensaire et au bar.

Un soir fut finalement décidé, car, à repousser par un planning chargé indéfiniment, ils ne se verraient jamais. Elle avait son cadeau depuis le début de l’année chez elle. Ce ne fut que fin mars que les Phillmore se retrouvèrent pour un repas en famille. À croire que l’Unbroken avait cherché à repousser cette soirée. A croire qu’elle avait fait exprès. Peut-être. Plus les mois passaient, plus elle sentait un fossé se creuser entre eux. Une sensation, qui la prenait aux tripes qu’elle niait avec talent. Encore plus à présent qu’elle avait découvert une partie de cette vie qui lui avait été caché. Ce demi-frère qui avait fait irruption dans sa vie sans qu’elle ne l’ait demandé, à devoir composer avec mais appréciant quand même le pauvre bougre qui ne cherchait qu’un peu d’affection à travers cette désastreuse annonce. Elle avait fini par arrondir les angles avec lui, même si ce n’était pas encore tout à fait naturel.

India se gara à une centaine de mètres de l’appartement de Palos Verdes. Il devait être aux alentours de vingt heures. Elle était partie un peu plus tôt du dispensaire pour passer par chez elle, remettre un peu de maquillage pour cacher ses traits fatigués et récupérer le cadeau pour son père. Robe cintrée sans manche, bordeaux, au col ras du cou, agrémentée d’une fine petite ceinture à la taille noire qui rappelait le double bracelet fin en cuir offert par Sergeï. Ses éternelles talons haut aux pieds et un trench-coat noir élégant sur les épaules fermés par une ceinture. Ses cheveux détachées ondulées lui tombaient sur les épaules. Elle était perdue dans ses pensées quand, à l’angle dune rue, elle percuta un homme pressé qui tenait un gobelet de café dont une partie vint s’étaler sur son manteau. Elle pesta alors que lui s’excusait tout en la grondant de ne pas regarder où elle allait. Le regard noir qu’elle lui lança n’aida pas la situation. Qui buvait un café aussi tard ?

Furieuse, elle se dirigea vers l’immeuble s’essuyant avec l’aide de quelques mouchoirs trouvés dans son sac à main. Heureusement que ce n’était que du café mais elle fut obligée de l’enlever une fois dans l’ascenseur pour ne pas prendre le risque de tacher sa robe. Seulement, c’était trop tard. Petite mais présente, ce qui la fit soupirer d’agacement. Elle n’avait plus d’affaires chez son père depuis longtemps et cette robe, à l’image d’une armure, elle ne souhaitait pas l’enlever. Une fois devant la porte de l’appartement, elle tourna les clés et entra, voyant la lumière qui annonçait que son père était là. Pas de répit.

L’Unbroken posa son sac à main et un sac en papier contenant le présent pour le vieux Phillmore ainsi qu’une enveloppe sur le canapé de l’appartement. Elle entendit du bruit dans le fond du couloir, ne lui permettant pas de voir d’où il sortait.

Palos Verdes regorge de plus en plus d’abrutis ou c’est juste une impression ? Pesta-t-elle en guise de salutation, sans daigner un regard vers lui, concentrée sur son manteau posé sur le comptoir de la cuisine pour espérer enlever le maximum de la tâche, remerciant le ciel d’avoir mis celui-ci ce soir et pas un clair.



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Dernière édition par India Phillmore le Ven 3 Juil - 19:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyVen 3 Juil - 15:42


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Le souffle régulier, Aaron jeta un énième regard en direction de l'horizon qui s'étendait par delà l'océan. Infini et lointain. Inatteignable. Cette réflexion soulageait et irritait à la fois ses ambitions de grandeur. L'horizon était un seuil infranchissable. Il vous narguait, s'ouvrant sur un monde que jamais l'humanité ne pourrait entièrement saisir. Il vous renvoyait votre insignifiance. Figé comme un instant suspendu, l'horizon était cet éternel avenir qui, sans borne, vous renvoyait à votre insignifiance. Combien d'hommes avant lui avaient observé cette ligne si stable à travers le chaos de l'humanité et réalisé qu'ils n'étaient rien de plus qu'une émulation narcissique que le Temps reléguerait à l'oubli.
Un hoquet de surprise vida brutalement ses poumons gonflés par la brise salée. Le Prayer perdit l'équilibre, son pied ayant buté contre un pavé déchaussé. Il tomba alors au sol, les mains en avant. Son genoux droit s'écrasa contre le béton granuleux et y laissa quelques fins lambeaux de chair. Aaron demeura un instant immobile, à quatre pattes, le souffle court. Un rictus amer fendait ses lèvres. Il adressa un dernier regard à l'horizon, acceptant non sans aigreur sa défaite, puis se releva. Il reprit alors sa course, ignorant les élancements dans le genoux qu'il avait été obligé de poser à terre.

Il était pas loin de 19h45 lorsque Phillmore poussa la porte de son appartement. Après avoir donné un coup de clef derrière lui, il pénétra dans le logement plongé dans l'obscurité. India ne tarderait plus à arriver, et il avait pris du retard. Son regard s'appesantit sur l'ambiance froide dans laquelle s'était figé le séjour depuis le départ de sa fille. Aaron se raidit au point de s'immobiliser. Une mélancolie pudique noya ses pensées d'une noirceur amère. La vie avait abandonné cet appartement qui avait pourtant vibré, des années durant, de tant d'ardeurs. Celles de l'enfance puis de l'adolescence de sa fille. Aujourd'hui, il errait seul tel un fantôme hantant son propre passé. Un malaise épaississait l'atmosphère, et la rendait étouffante. Insupportable.
Aaron s'arracha à sa torpeur et traversa le séjour afin d'atteindre la grande baie vitrée. Il ouvrit les stores et laissa l'une des portes ouvertes dans l'espoir de chasser l'air vicié par la peine qui régnait chez lui. Le Prayer se dirigea ensuite vers la salle de bain. Il laissa la lumière du couloir allumée derrière lui.

Aaron était en train de désinfecter sa plaie au genoux avec un coton quand il entendit la porte d'entrée s'ouvrir puis claquer. Le corps encore trempé par la douche qu'il venait de prendre, il poussa la porte de la salle de bain afin de pouvoir communiquer avec sa fille. Un silence s'imposa d'abord. Puis India fit une remarque concernant la population de Palos Verdes. Phillmore braqua un regard surpris en direction de la porte, ne comprenant pas pourquoi la jeune femme dressait, en guise de prélude à leur soirée, un tel constat. « J'arrive dans deux minutes » se contenta t-il de répondre d'une voix neutre.
Le Prayer respecta le temps indiqué et sortit de la salle de bain vêtu d'un jean sombre et d'un t-shirt blanc. Il traîna la patte jusqu'au séjour où India s'affairait à il ne savait quoi. Son genoux n'avait cessé de gonfler depuis sa chute, et il ressentait à présent une réelle gêne lorsqu'il marchait. Aaron se glissa derrière sa fille et lui demanda de son éternel ton placide : « Qu'est-ce que tu fais ? » La jeune femme frottait avec force son manteau. L'envie de lui demander si elle s'était faite accueillir par les mouettes effleura brièvement son esprit. Or, il ne jugea pas pertinent d'entamer leur soirée avec un nouveau sarcasme. « Je t'offre quelque chose à boire ? »

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyLun 6 Juil - 20:38




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Elle avait pris un chiffon légèrement humidifié pour essayer d'enlever le café dans l’espoir de ne pas aller au pressing pour un nettoyage à sec. La jeune femme n’en avait pas le temps. Heureusement que le vêtement était noir mais l’idée que cette tâche soit présente l’agaçait au plus haut point sans comprendre pourquoi. Alors l’Unbroken frottait avec vigueur, ayant toujours eu un attrait pour la mode, pour l’apparence, soulignant parfois sa superficialité pour cette passion qui lui faisait claquer les sous de son père en sac, vêtements et autres qui portaient le nom de grands marques. India avait eu une période où elle chercha à s’effacer pour ne repartir qu’avec la ferme intention de ne plus jamais se cacher.

La voix rocailleuse de son père sortit du couloir, lui demanda deux petites minutes auquel elle ne s’intéressa guère, trop occupée dans son nettoyage. Entendant du mouvement, elle ne daigna pas lever ses yeux vers lui, ce n’est que la voix du vieux Phillmore qui lui demanda ce qu’elle faisait qui lui fit redresser la tête et la tourner en sa direction pour répondre après un soupir.

Je m'amuse à enlever le reste d’un café qu’un abruti ne pourra plus boire, répondit-elle avec une note de sarcasme dans la voix. Qui boit du café à cette heure ? Et surtout qui marche avec dans la rue sans regarder où il va ?

India était autant en tort que ce pauvre homme qui avait attiré ses foudres, se rendant compte de la situation avant de lâcher un rire silencieux. Elle secoua la tête, se doutant que cette colère était disproportionnée à ce qui se passait. Elle prit le vêtement et le plaça devant elle pour en vérifier les moindres détails. L’apparence était vitale pour elle, allant jusqu’à renifler s’il y avait des relents de café. C’était toujours mieux que rien. Son père lui proposa de boire un verre, lui laissant le choix de la boisson. Elle s’arrêta dans son inspection, faisant quelques pas en direction du canapé pour poser le vêtement de sorte qu’il sèche.

J’ai laissé une bouteille de vin l’autre fois, si elle est encore là.

Fin décembre, elle avait passé une bonne semaine dans l’appartement de Palos Verdes, le cœur en miette, pour passer une semaine loin de l’immeuble du Watts où elle résidait, passant le réveillon ici pour rentrer le lendemain. Tout ça pour dire qu’elle avait ramené des bouteilles de vin et qu’elle avait eu l’occasion de boire quelques bouteilles toutes seule dans son coin, la mine triste. Il devait en rester une si son père n’avait pas décidé de la boire, sinon elle lui prendrait une simple bière. En retournant dans l’espace de la cuisine pour s’appuyer sur le comptoir, elle constata que son père avait pris de la masse musculaire, constat qu’elle avait déjà eu à de nombreuses reprises mais qui la perturbaient toujours un peu.

Tu vas finir par plus rentrer dans tes vêtements si tu continues à prendre du muscle, glissa-t-elle un brin moqueuse en s’attaquant à la petite tache sur sa robe bordeaux.

Elle poussa un soupire silencieux, en laissant rapidement tomber l’affaire pour que son regard balaye l’appartement qu’elle avait longtemps appelé maison, trouvant qu’il était encore plus froid que d’ordinaire. Ses yeux se posèrent sur son père qui dans un mouvement lui montra une légère claudication, la faisant froncer des sourcils.

Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Demanda-t-elle avec un mouvement de tête pour lui indiquer le boitement de sa jambe. Tu veux que je jette un coup d’œil ?

Elle espérait par cette demande retrouvée ce lien qu’elle avait l’impression d’avoir perdu depuis un moment avec lui. Le voulait-elle vraiment ? Dans son attitude, elle laissait une certaine distance, comme s'ils étaient deux étrangers mais pourtant, elle cherchait à retrouver ce père qui avait mis de côté une partie de sa vie, qui avait oublié de lui parler de Sohan, pour des raisons dont elle ignorait tout mais qui trouveront peut-être des réponses ce soir car India ne craindra pas de lui demander, avec l'art et la manière de demander.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyMar 14 Juil - 22:09


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Le centre de l'attention de ce début de soirée étant apparemment le manteau de sa fille, Aaron hasarda un regard par-dessus son épaule, plus par politesse que par intérêt. Il surjoua une moue compatissante qu'India ne vit pas, trop occupée à râler contre le type qui avait eu l'impertinence de croiser son chemin avec un café à la main. Il se retint de lui rappeler les nombreuses fois où, la tronche collée à son téléphone portable, elle était devenue incapable de partager le couloir de l'appartement sans le percuter. L'hypocrisie aimait se parer de déni.
Refusant d'alimenter la colère de sa fille, Aaron glissa en silence jusqu'au réfrigérateur. La jeune femme porta son choix sur du vin, émettant cependant des doutes quant à l'existence d'une bouteille amenée ici pendant les fêtes de fin d'année. Le Prayer saisit une bière dans le frigo, la déposa sur le plan de travail adjacent et s'accroupit pour attraper dans un placard la fameuse bouteille de vin et le verre à pied qui allait avec. Il n'avait jamais été amateur de vin, et n'en buvait que par respect, quand son hôte semblait y tenir. Se redressant non sans un soupir fatigué, il amena la bouteille et le verre jusqu'au comptoir qui séparait la cuisine du séjour. India avait lâché son manteau et y était appuyée. Elle le toisait d'un regard inquisiteur avant d'expliciter ce qui l'intriguait chez son père : sa masse musculaire. Aaron se laissa aller à un rictus amusé. Il plia le cou en avant de façon à mieux pouvoir se voir et lissa son t-shirt d'une main nerveuse. Cela faisait plus de deux ans qu'il s'était mis sérieusement au sport. L'activité physique lui permettait d'évacuer les tensions, l'agressivité et l'anxiété inhérentes à sa nouvelle fonction au sein des Prayers of Insanity. Il s'était même aménagé une petite salle de sport à la Zone 33. Ses efforts étaient devenus visibles l'année dernière. Il avait troqué un charisme soigné pour une allure plus intimidante. En sortant de l'ombre d'Edward Flynn, il s'était affranchi de cette image trop lisse du fils modèle avec laquelle il avait secondé l'Enfant de Downfall. Il affichait à présent sa puissance, sans pudeur, devenu titan parmi les hommes.

India s'était à nouveau laissée distraire par la tâche de café qui maculait également sa robe. Aaron s'avança vers le comptoir, un tire-bouchon à la main, et entreprit d'ouvrir la bouteille de vin. Le bouchon sortit sans difficulté. Il servit un verre à sa fille avant d'aller récupérer la bière abandonnée sur le plan de travail derrière lui. Sa démarche déséquilibrée n'échappa à la jeune soignante qui s'enquit aussitôt de son état. « Ce n'est rien. Je courrais le long de la plage et j'ai buté contre un pavé. Je suis tombé sur le genoux. Ça va passer. » Il revint vers elle, et tendit sa bouteille de bière pour trinquer à cette soirée père-fille motivée par la convention sociale d'un anniversaire à célébrer. Le sien en l’occurrence, pour ses quarante-deux ans. Aaron se sentit soudainement las, et quelque peu abattu. Il n'avait pas envie de faire la revue de ces dernières décennies. Pourtant, ses pensées s'entêtaient à vouloir faire cette rétrospective afin de donner un sens à ce qu'il était là, dans l'instant.
Il tenta d'évider ses réflexions d'un soupir, long et sonore. Coulant un regard en direction de sa fille, il but une gorgée de sa bière et s'accouda au comptoir. Peu loquace, il réalisa cependant qu'il ne pouvait se laisser aller à autant de silences sans créer un malaise. Mais il ne savait pas quoi dire, sa vie se résumant à son implication dans les Prayers of Insanity ; implication étant soumise, d'un commun accord avec India, à l'omerta. Il ne voulait pas non plus poser une question qui serait perçue comme intrusive, les sujets minés étant hélas trop nombreux. Phillmore s'abaissa alors à la facilité des banalités, non sans espérer que sa fille lui offrirait une réponse incarnée, une fenêtre sur ce qu'était sa vie en ce moment. « Alors, ta journée ? »

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptySam 25 Juil - 17:06




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India s’étonnait toujours de constater le changement physique que son père. C’était à se demander qu’elle serait la limite. Bien qu’il se pare d’un bon état de santé, d’une meilleure forme, il en devenait moins abordable, du moins c’était l’impression qui en ressortait, plus impressionnant, qui imposait le respect par la force. A l’époque où il était le second de Flynn, il devait user d’intelligence pour s’imposer. Ce n’était qu’une apparence qui fonctionnait sur les autres. Mais sa fille qui semblait indifférente, constatait sans être touchée par ce changement. Si sa conclusion était juste, elle trouvait dommage ce changement d’aspect et d’objectif. S’il préférait être craint par ce biais-là, c’était un choix. Mais l’Unbroken le savait intelligent, elle l’avait vu agir, jouer avec les Unbrokens pour qu’ils lui mangent dans la main. Elle lui fit tout de même la remarque avant de s’intéresser à sa robe. Elle entendit le bouchon sauter, le verre se remplir et se poser non loin d’elle, ce qui l’arrêta dans sa quête de faire disparaître une tache sombre sur une couleur bordeaux. La jeune femme remarqua la démarche de son père, l’interrogeant à ce sujet. Ce dernier lui expliqua être tombé sur la plage, touchant un pavé du genou. Rien de grave selon lui. Le vieux Phillmore amena sa bière vers elle pour trinquer, ce qu’elle ne se pria pas de faire avec un sourire, amenant le verre à son nez pour en sentir les effluves.

À partir d’un certain âge, une simple chute n’en sera plus une.

Venait-elle de traiter son père de vieux ? Oui. Avait-elle sous-entendu autre chose ? Aussi. Son père venait d’avoir quarante-deux ans. Elle n’ajouta rien de plus et but une gorgée de son verre, appréciant l’arôme du vin sans être capable de les reconnaître en dehors d’un côté très légèrement fruité. Le silence s’installa entre les deux membres de cette famille, un silence bien connu, un peu gênant, celui d’une famille incapable de parler à cœur ouvert car possédant trop de secret, de non-dit. India le regarda en pensant à ce qu’elle avait découvert récemment, en début de mois. Ce demi-frère qu’elle avait revu quelques jours en arrière. Elle s’installa sur un des tabourets pour faire face à son père tandis qu’il osait rompre ce silence par une banalité qui faisait écho à bien des souvenirs. L’Unbroken reprit une petite gorgée de vin, faisant tournoyer le liquide dans le verre, se décidant de jouer ce faux modèle de fille ordinaire. Mais comment l’être quand leur vie était aussi liée. Il était à l’origine de la reconstruction du dispensaire, il maîtrisait le Watts et savait par certains de ses hommes de confiance qu’elle travaillait au Purgatory. Elle se demandait même s’il connaissait l’existence de Sergeï. Pourtant chacun respectait la vie privée de l’autre, sans mettre le nez dedans. Non, India ne mettait que le nez dans les affaires des Prayers et le peu qu’elle avait pu voir, elle n’aimait guère.  

Eh bien, plutôt bonne. La routine. Le dispensaire a rouvert depuis quelques semaines mais ça, je n’ai pas besoin de te le faire savoir, et j’ai été dans l’obligation de mettre Chacha au régime sec parce que je la soupçonne d’aller chez le voisin.

Fermer les fenêtres, la mettre en prison pour qu’elle arrête de ressembler à un patapouf, nouveau surnom qu’elle donnait à l’animal qui la regardait avec nonchalance avec de se lécher l’entre-jambe. Elle laissa poindre un peu de sarcasme quant à l’ouverture de son lieu de travail, son regard ne baissant pas, affrontant celui de son père. En retour, elle ne chercha pas à connaître la conclusion de sa journée, pour ne pas entendre une banalité parée de mensonge afin de ne pas renseigner sa fille sur ses activités. India lui avait fait comprendre le mépris qu’elle avait pour son clan, malgré de rares personnes qui avaient son affection là-bas. Elle se pencha pour attraper le sac en papier qu’elle avait ramené pour le poser sur le comptoir.

Est-ce que tu veux attendre d’avoir mangé ou tu veux l’ouvrir maintenant ?

Libre à lui de l’ouvrir maintenant ou plus tard. Elle le laissera là où il est. L’intérieur contenait un cadeau dont la forme rappelait un livre avec calé dans une pliure une enveloppe blanche bien mystérieuse. À l’intérieur, un dessin qu’elle avait fait à la va-vite d’un bonhomme dont le sexe n’était pas définissable vu la piètre qualité de l’œuvre portant une couronne d’un jaune criard. Le cadeau était un livre dont il lui avait parlé des années en arrière qu’il appréciait, une première édition qui valait son pesant d’or.



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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyDim 9 Aoû - 14:25


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Non sans aplomb, India trinqua à l'âge de son père. Un âge qui, certain, pouvait le précipiter dans une chute dont il ne pourrait se relever. Aaron braqua un regard quelque peu sidéré sur sa fille. Puis une tâche de contrariété obscurcit ses pupilles. Mais sa gamine continuait de feindre l'innocence, portant un intérêt surfait et surjoué à son verre de vin. Le Prayer ne fit cependant aucun commentaire et lui laissa un échappatoire. Il percevait une défiance bien plus assumée que par le passé tendre la voix et le corps de sa fille. Ils décidèrent ensuite, sans se concerter pour autant, de se planter un silence ; un silence qui en disait long. Assourdissant. Saturé par les indicibles et innommables. Serré par un mutisme nécessaire.

Finalement, Aaron rompit l'omerta pour une question anodine. Le genre de question qui rythmait habituellement la vie familiale. Et India entra dans ce jeu de dupes, sans aucune gêne. Elle condensa sa réponse en une « routine » qui coupait court à toute discussion : elle ne voulait rien lui dire de son quotidien. La jeune femme se permit néanmoins une seconde remarque, toujours sur ce ton passif-agressif contracté à l’adolescence et dont elle n'avait su depuis se débarrasser. Elle camoufla rapidement son cynisme par des nouvelles concernant le poids inquiétant de son chat, évoquant ainsi avec un agacement égal l'implication des Prayers dans la reconstruction du dispensaire de Skid Row et la gourmandise déraisonnable d'un chat. Aaron sentit ses lèvres se fendre d'un rictus pincé qu'il fit disparaître avec quelques gorgées de bière.

Leurs regards se séparèrent. India se pencha et saisit un sac en papier au sol qu'elle déposa sur le comptoir : le fameux cadeau de cette convention sociale qui les réunissait ce soir. Le Prayer fit glisser le sac jusqu'à lui et en sortit un objet dont les courbes rectilignes évoquaient un livre. Adressant un sourire doux - bien qu'un peu indolent – à sa fille, il déchira proprement le papier cadeau et découvrit la quatrième de couverture du traité de Sun Tzu, « L'art de la guerre ». Aaron finit de déshabiller l'ouvrage et en caressa avec un enthousiasme franc la couverture. Décidément, India n'avait rien perdu de son insolence. Elle qui condamnait pourtant ses actions lui offrait un texte sur les différentes dimensions de la guerre selon une perspective où la violence n'était pas l'arme, mais l'intelligence. Pour le stratège militaire chinois, il s'agit moins d'anéantir l'adversaire que de lui faire perdre l'envie de se battre. Les stratégies proposées étaient donc d'un style indirect, centrées sur l'économie, la ruse, la connaissance de l'adversaire, et la psychologie. Phillmore avait découvert tardivement cet ouvrage qu'il avait depuis relu des dizaines de fois. Celui-ci avait longtemps trôné dans la bibliothèque du salon avant de rejoindre son bureau à Florence. Or, l'édition offerte par sa fille était finement reliée et possédait des illustrations d'époque. Aaron en feuilleta quelques pages avant de tomber sur une enveloppe blanche, vierge de toute inscription. « Je lirai ça plus tard. » Il ne se sentait pas de parcourir maintenant ce qui devait être une lettre. L'ambiance était déjà suffisamment plombée pour y ajouter une dose d'émotions mal gérées. « Merci beaucoup India. » Le Prayer se pencha au-dessus du comptoir et attira d'une main le visage de sa fille vers le sien. Il déposa un baiser sur son front, savourant autant l'idée qu'elle se laisse aller à cet acte de tendresse qu'elle s'en offusque en mode adolescente outrée et écœurée.

Alors qu'il retrouvait son siège, Aaron se permit une question : « Est-ce que tu l'as déjà lu ? » Il savait pertinemment que sa fille était déjà entrée en guerre contre lui. India n'avait jamais accepté son implication au sein du cartel et s'était braquée à l'annonce de son accession à la tête du clan. Elle n'avait eu que froideur et mépris pour lui lorsqu'elle l'avait vu à South Gate aliéner les Unbroken à son business, endettant Compton et Skid Row. Aaron était peiné de savoir que de nombreux conflits l'opposaient et l'opposeraient encore longtemps à sa fille. Mais Downfall était une terre de guerre. Un échiquier sur lequel il ne pouvait y avoir qu'un vainqueur. Au fond, il espérait qu'India désirait l'affronter par éthique et non par grief personnel et familial. Il aurait beaucoup plus de respect pour elle si elle souhaitait se dégager de son emprise pour poursuivre des idéaux qu'elle tenait pour primordiaux et absolus, et non pour répondre aux impulsions narcissiques d'un ego encore empêtré dans une adolescence qui l'inscrirait dans une opposition systématique à lui.

« On se commande un japonais ? » proposa le Prayer d'un ton décomplexé, gardant pour l'instant les pensées qui le traversaient pour lui. Pensées qui avaient néanmoins teinté son regard d'une certaine mélancolie.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyDim 23 Aoû - 21:02




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La jeune Phillmore croisa le regard de son père quelque peu sidéré alors qu’ils venaient de trinquer, sous-entendant au passage les possibles conséquences d’une chute. Sous une fausse couche de candeur, India tenait un double discours. L’homme qui avait grimpé les échelons pour arriver au plus haut poste, l’homme qui annexait quartier après quartier la ville, l’homme qui atteignait le sommet ne pourrait que chuter. Et plus haut sera le sommet, plus dur sera la chute. Le silence suivi ses mots, le père n’ayant rien à ajouter. Appréciant le vin, elle le faisait tournoyer doucement dans son verre, laissant ses pensées l’envoyer vers des souvenirs qui lui paraissaient tendres, naïfs, désuets, lorsqu’elle était avachie sur le canapé à regarder pour la énième fois son film préféré, Princess Bride, tenant un coussin contre elle, Abby occupée à faire la vaisselle et entendant les clés annoncer le retour tardif de son père, le regard brillant de joie, innocent qu’elle lui lançait en le voyant, récitant par cœur les paroles du film, s’arrêtant pour bondir du canapé et enlacer son père. Elle n’avait qu’une dizaine d’années et plus grande, elle voudrait travailler avec lui pour passer plus de temps ensemble.

Mais ce temps était révolu. Deux ans en arrière, il l’avait retrouvée dans un piteux état et chacun avait montré une part de fragilité, la jeune femme blottit dans ses bras. Mais ce temps était définitivement révolu. Pourtant, cela lui manquait. Le savoir était le pouvoir mais l’ignorance permettait d’être heureux. Il était temps d’en faire le deuil. Le vieux Phillmore s’intéressa à son quotidien mais son enfant en limita sa curiosité. Il n’avait pas à savoir. Que le strict nécessaire, ces choses qu’il devait déjà savoir. Son chat et les Prayers étaient terriblement gourmands. Mais un régime sec leur fera du bien. Encore fallait-il trouver le régime nécessaire pour les hommes qu’il dirigeait. Atteindre le quartier principal, faire en sorte de leur rappeler qu’ils n’étaient pas intouchables. Mais comment ?  

Ne s’arrêtant pas dessus, elle attrapa le sac qui contenait le cadeau pour son père. Un livre qu’il avait lu à de nombreuses reprises, un livre qui méritait d’être dans la bibliothèque de chaque individu car l’interprétation de ces sages écrits pouvait être transposée au quotidien. Et pour son père, India avait trouvé une belle édition, ancienne, illustrée qui valait son pesant d’or. Un cadeau qui n’était pas innocent. Elle l’observa déballer l’objet, en caresser la couverture, accuser le coup de ce livre. Il ne découvrit l’enveloppe de dans un second temps mais aura l’occasion de voir les talents artistiques qui rasaient les pâquerettes, n’ayant pas l’âme d’une artiste. Le dessin était parlant mais elle avait laissé une courte phrase au dos du papier. « En souvenir de ce que nous étions » qu’il lira. En réponse à ses mots, à son remerciement elle hocha de la tête, un sourire en coin, posant son verre sur la table après une gorgée. Il se pencha pour déposer un baiser sur son front, main tendue pour l’attirer vers lui, accueillant le geste en silence, appréciant ce qui finirait par être un moment rare d’affection. Une fois revenu à sa place, il s’intéressa à nouveau à elle.

Reprenant le verre, elle n’eut le temps que d’une gorgée pour réfléchir à sa réponse. Ne conseillait-il pas de feindre la faiblesse pour pousser l’arrogance de l’autre ? Laisser à l’autre la possibilité de croire qu’il avait le dessus pour surprendre l’ennemi, pour frapper là où cela faisait mal ? En autre. India eut un mouvement d’épaule, une légère moue sur les lèvres.

Lire des conseils d’un vieux chinois qui ne connaît rien à la guerre moderne ? Je passe mon tour. Mais j’ai profité pour lire quelques passages, oui. Ce n’est pas le type de lecture auquel je m’adonne quand j’ai du temps libre, je préfère de loin les livres médicaux et les thrillers mais servir des verres et faire du bénévolat ne me laisse guère de temps.

Cette guerre invisible, cette guerre où les hommes pouvaient tuer des milliers de personne en faisant voler un drone à l’autre bout de la terre, cette guerre où l’informatique pouvait faire des ravages. Une guerre où ce traité était nécessaire pour avoir les armes qui vaincraient l’autre. India l’avait lu plusieurs fois et cherchait à le mettre en pratique depuis l’année dernière. Il traitait de toutes les dimensions à prendre en compte. Mais il valait mieux qu'il pense qu'elle était trop occupée dans son quotidien pour protéger ce qu'elle avait mis en place avec son meilleur ami.

Tu n’as … Commença-t-elle à dire quand son téléphone se mit à sonner, rangé dans son sac à main, s’excusant d’un geste pour aller voir l’émetteur, voyant le nom du hacker apparaître, prenant la direction du balcon pour avoir un conversation privée avec lui. Oui, Tom ?

Elle ferma la porte-fenêtre du balcon, échangea brièvement, retrouvant un petit sourire à la bonne nouvelle qu’il venait lui annoncer, une belle somme d’argent en échange d’informations relativement facile à obtenir. Cela ne dura qu’une petite minute assez pour qu’elle ait des frissons par le vent frais qui se levait. Saluant son meilleur ami, elle rentrait dans l’appartement, prévoyant de se voir demain soir. India raccrocha, entendant la proposition de son père de se commander un Japonais.

Parfait, je commence à avoir faim. T’as gardé les prospectus ?

Parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle prendrait ce soir et qu’elle avait envie de regarder les propositions qu’ils avaient. India connaissait bien les restaurants à force de commander mais elle se laisserait guider selon l’envie. Elle avait plus d’appétit et mangeait volontiers. Elle avait d’ailleurs repris du poil de la bête depuis plusieurs mois, effaçant les joues creusées et les angles osseux de son corps.

Tu n’as pas pensé à vendre cet appartement ? Demanda-t-elle en faisant quelques pas dans l’appartement qui lui semblait sans vie aujourd’hui.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyDim 6 Sep - 15:57


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India ferait donc semblant d'être inoffensive. D'être encore cette adolescente naïve, centrée sur elle-même car incapable de cerner les enjeux du monde qui se déployait autour d'elle. Et Aaron lui laisserait jouer ce rôle et feindrait lui aussi une crédulité hypocrite tout en demeurant dans le périmètre cloisonné de sa paternité. Il resterait dans l'attendu, sans jamais dévier des illusions dans lesquelles leur relation s'était empêtrée. Leur mascarade était d'ailleurs de mieux en mieux jouée, scénarisée dans une affabilité, décor de leurs mensonges et omissions.
Tandis que la jeune femme nia s'être intéressée à l'ouvrage qu'elle venait de lui offrir, le Prayer en caressa une dernière fois la couverture avant de le déposer au bout du comptoir, en attente d'un rangement dans la bibliothèque du salon. India insista une nouvelle fois sur la densité de son emploi du temps qui ne lui permettait pas franchement de s'adonner à la lecture, et encore moins de ce type de littérature. Aaron lui rendit donc son mouvement d'épaule, allant même jusqu'à mimer, sans s'en rendre compte, la moue par laquelle elle avait nié pouvoir accorder le moindre intérêt à « L'Art de la Guerre ».

Alors qu'elle entama une phrase, la sonnerie de son portable se fit entendre et interrompit leur discussion. Sa fille se leva, s'excusant d'un geste, puis sortit sur la terrasse pour plus d'intimité. Aaron eut juste le temps de saisir le nom de l'interlocuteur avec lequel India avait souhaité s'isoler. Tom. Tom Jagger. Ce gamin avait été présent lors de la rencontre entre le leader des Prayers of Insanity et les Unbroken. Phillmore se souvenait de son immaturité mais également de son aplomb. Il s'était cependant couché face au regard de Sheldon et apaisé au contact d'India. Se passant une main fatiguée dans la barbe, le narcotrafiquant se demanda à quel point sa fille était impliquée dans les actions commises par les Silent Rats. Sheldon et sa bande avaient décidé d'interférer dans le business des Prayers of Insanity, afin d'empêcher le cartel de devenir une puissance capable de mettre sous emprise Downfall. Jusque-là, ils avaient surtout contrarié les Capos chargés de l'acheminement des matières premières et des produits terminés. Aaron adoptait pour le moment une posture patiente et dénuée de toutes représailles envers la branche extrémiste des Unbroken. Il ne voulait pas leur répondre sur le même ton. Mais il avait néanmoins la même idée en tête que l'héritier de la Ratière : faire que l'organisation de son ennemi ne soit plus.
Le retour d'India dans le séjour arracha son père à ses pensées. Il lissa rapidement le mouvement chaotique qu'il avait créé dans sa barbe et déposa un regard empreint de douceur sur sa fille. Celle-ci avait retrouvé une corpulence normale. Ses traits n'étaient plus aussi tirés par la douleur et la souffrance causées par... Un déferlement de violence noya soudainement son esprit. Le type responsable des ces atrocités avait été puni. Mais Aaron n'en avait pas été soulagé. Une amertume aigre continuait de pigmenter sa salive à chaque fois qu'il effleurait le souvenir de cette réalité. Pourtant, deux années étaient déjà passées. Le temps était soit-disant un remède contre beaucoup de maux. Or, selon le Prayer, il agissait au mieux comme un sédatif. La douleur s'atténuait parce qu'engourdie par l'habitude, diluée par le déni. Mais la blessure persisterait, même si l'hémorragie avait été maîtrisée : la cicatrice serait toujours là pour rappeler l'impuissance de la chair et de la psyché qui avaient été saignées à vif.

Séduite par la proposition de son père, India demanda s'il avait des prospectus afin d’aiguiller son choix. Aaron saisit une petite panière où étaient entreposés une dizaine de flyers. « Je pensais au Okaasan. Ils font de très bons ramens. Leurs autres plats sont également à tomber. » Le restaurant proposait de la cuisine japonaise et avait relégué les quelques sushis qu'ils proposaient à des entrées.
Or, India ne vint pas directement vers lui. Elle s'égara un instant dans la séjour ainsi que dans ses pensées. Elle lui demanda alors s'il avait déjà pensé à vendre l'appartement. Aaron le fixa un bref moment avant de commencer à chercher dans la panière le prospectus du Okaasan. « Non, pas vraiment. J'y retourne assez souvent en ce moment. Pourquoi donc ? » Phillmore avait une idée de la réponse qui allait lui être donnée : cet appartement ne symbolisait plus la petite famille qu'ils avaient été, tous les deux. Ce n'était plus que des murs et un agencement de meubles, sans plus aucune chaleur. « Tu penses que je devrai vendre ? »

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptySam 12 Sep - 11:48




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Ils n’étaient pas dupes. Ils le savaient. Et rien de ce qu’ils ne diraient pourra les faire changer d’avis. Pourtant, ils gardaient leur rôle, sans dépasser cette limite qui mettrait un frein à leur relation pourtant bancale malgré la sincérité de leurs sentiments voilés. Le père et la fille se ressemblaient malgré la volonté de cette dernière à s’en éloigner aujourd’hui alors que des années durant, elle avait cherché à être comme lui dans ces qualités. Sa force, sa tempérance, son anticipation. Elle en avait pris aussi certains défauts sans qu’elle en ait conscience. Enfin, ce n’était qu’un déni de plus.

À son retour dans l’appartement, la mine satisfaite de la bonne nouvelle annonçait par son meilleur ami, son père lui proposa de commander un repas Japonais, lui proposant un restaurant dont le nom parla immédiatement à la jeune Phillmore.

Ça fait longtemps que je n’ai pas commandé chez eux, bonne idée.

C’était l’accord de sa fille pour qu’il cherche parmi les prospectus amassés pendant de nombreuses années. Beaucoup avaient fermés depuis et un tri finirait par être nécessaire, comme récupérer les nouveaux ou se laisser emporter par la vague numérique dont les habitants n’avaient pas encore l’habitude en dehors des plus jeunes qui semblaient s’adapter plus facilement. Question de génération sûrement. Et tandis qu’elle regardait l’appartement, se perdant un instant dans ses pensées, elle reprit la parole, s’interrogeant sur l’avenir de cet appartement, bon à prendre la poussière en l’absence des deux Phillmore. Peut-être surpris, il laissa un silence avant de lui répondre par la négative. Elle haussa les épaules, faisant claquer ses talons hauts, profitant que le sol était assez épais pour ne pas voir le voisin débarquer en hurlant dans une langue inconnue qu’elle faisait trop de bruits. Cet appartement avait toujours été froid au premier abord, impersonnel au possible mais l’enfant avait grandi dans cette ambiance et elle se sentait en sécurité dans ce lieu. Sa chambre à côté était pourtant bien plus colorée. Mais c’était chez eux. L’endroit où ils se retrouvaient. Si cela avait encore du sens. C’était intéressant de noter, qu’à l’inverse, dans son appartement dans le Watt, les pièces communes étaient chaleureuses par la décoration et sa chambre était de couleur claire, vide en dehors d’une affiche de mode.

Si tu en as encore l’utilité, non, conclue-t-elle pensive.

Que venait-il faire ici alors qu’il avait un pied-à-terre dans son quartier, en sécurité avec ces hommes pour le protéger ? Une idée lui traversa l’esprit et la renfrogna immédiatement, ne se cachant pas de ce changement. Il n’allait pas ramener des femmes à Florence. Mais il ne pouvait pas non plus ramener des pimbêches chez eux ? Pour faire taire ce relent de jalousie acide, elle se rapprocha du comptoir pour reprendre son verre, en boire une gorgée, dans un calme maîtrisé et se rapprocher de lui pour regarder le prospectus du restaurant par-dessus son épaule, se souvenant à présent des plats proposés, mais voyant qu’il manquait une ligne.

Je vais prendre un Kare Raisu au poulet … Et leur dessert aux haricots rouges, j’en ai gardé un excellent souvenir la dernière fois que j’ai mangé chez eux. J’espère qu’ils le font encore.

Elle n’oubliait pas ce qui lui trottait en tête depuis un moment. Sohan. Mais elle ressentait une once de culpabilité à lui en parler alors qu’ils fêtaient son anniversaire. Seulement un regain de courage lui rappela qu’il ne s’était pas gêné pour lui annoncer son rôle au sein des Prayers alors qu’elle fêtait ses dix-sept ans avec lui. Devait-elle lui parler de Sergeï par la même occasion ? Non, ce n’était clairement pas une bonne idée en dehors de chercher une provocation inutile. Elle était plus intelligente que ça. Elle avait passé la crise d’adolescence. Le croyait-elle du moins. Elle avait diablement faim tout compte fait et finirait par fouiller pour trouver quelques cochonneries à grignoter le temps de patienter.

Qu’est-ce que tu vas prendre ? Demanda-t-elle après une nouvelle gorgée de vin.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyVen 18 Sep - 18:58


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Alors qu'India observait froidement l'appartement qui l'avait vue grandir, claquant des talons là où elle avait autrefois crapahuté à quatre pattes, Aaron prit le temps de la regarder. Sa fille était devenue une femme. Elle étirait son visage en de rares expressions avec la même rigidité et maîtrise que son père à présent. Le port fier, elle tentait de dominer un monde qui ne l'avait jamais attendue Elle tentait de dominer l'insignifiance de son existence, avec arrogance et orgueil, parce qu'une fois ici bas, il fallait bien donner un sens au chaos qui nous entourait. Quel sens India donnait-elle aujourd'hui à sa vie ? Que voulait-elle faire de cette existence qu'elle n'avait pas demandé ? De par bien des détails, Aaron se reconnaissait dans sa fille. Elle aussi arborait déjà cette austérité blasée qui s'imposerait comme le paysage émotionnel sur lequel défilerait sa vie. Serait-elle capable de savourer les moments de satisfaction que lui offrirait ses choix et les opportunités ? Ou se condamnerait-elle à toujours attendre plus de ce monde et d'elle-même, et d'être ainsi éternellement lasse et déçue ?
Aaron déglutit douloureusement sa salive, la gorge nouée par un sentiment de malaise. India avait perdu son air pensif pour une grimace écœurée. Il la vit couler un regard tout aussi dégoûté en direction de la chambre de son père. Le Prayer eut un rire qui fit plus de bruit que désiré. Mais, assourdie par une sorte de jalousie exclusive, sa fille ne sembla pas le remarquer. Ils avaient au moins cela de normal dans leur relation père-fille : ils ne voulaient rien savoir de l’intimité de l'autre sous peine d'un haut-le-cœur, d'un spasme d'indignation, car personne ne les méritait.

Sa gamine revint vers lui, les yeux à présent arrimés au menu du Okasaan. Par dessus son épaule, elle parcourut quelques lignes avant de se positionner sur un curry japonais et un dessert dont la description tira une moue dubitative à son père. Aaron acquiesça de la tête, feignant de voir de quoi elle parlait. Il saisit son portable qui trônait sur un plan de travail et composa le numéro du restaurant. La ligne sonnait occupée. Poussant un râle, l'estomac avide de se repaître, il coula un regard navré à l'attention de sa fille. India s'était encore retirée dans ses pensées. Le silence dans lequel elle s'était enfermée était épais, compact. L'éclat dans ses pupilles laissait deviner un enchaînement de réflexions qu'elle tenait encore en secret. Leur communication avait toujours été ainsi : des silences, des omertas et un tapis. Un tapis sous lequel ils cachaient ces non-dits. Un tapis appelé déni, car même quand ils se prenaient les pieds dedans, contre la bute de leurs indicibles, ils tentaient aussitôt de retrouver l'équilibre perdu, et de continuer comme si de rien était.

Aaron sursauta lorsque la voix pincée par un fort accent asiatique sortit de son téléphone. Il avait, sans le faire exprès, rappeler le restaurant. Au même moment, India lui demanda ce qu'il comptait prendre. Dressant un index exigeant quelques secondes de calme, le Prayer répondit au restaurateur : « Bonsoir. Je voudrais que vous nous livriez un Kare Raisu poulet, un dessert aux haricots ve... rouges, un ramen, et deux onigiris saumon ». Il compléta sa commande de deux bières japonaises et donna son adresse ainsi qu'un faux nom, un alias qu'il utilisait pour ce genre de situation.
Estimant inutile de répondre à la question de sa fille puisqu'elle avait assisté à l'appel, Aaron revint vers elle. Il acheva sa bière, déposa le cadavre à côté de l'évier puis entama une seconde tournée. « Toujours pas ? » demanda t-il avant de refermer le frigo, levant légèrement la bière qu'il venait de se prendre. Son estomac se mit soudainement à grogner bruyamment. Phillmore porta une main inutile à son ventre et esquissa une moue impuissante. Puis il réalisa qu'il devait avoir encore un ou deux paquets de chips au fond d'un placard. Après de longues secondes à s'affairer dans la cuisine, il mit la main sur ce qu'il cherchait. Les paquets étaient neufs, mais la date de péremption était passée d'un mois. « Parait qu'il faut bien mourir de quelque chose... » Il posa les biscuits apéritifs sur le comptoir, devant India, l'incitant clairement à la consommation. En effet, l'estomac de sa fille avait rapidement répondu à celui de son père.

L'ambiance décomplexée par quelques craquements de chips, Aaron jugea opportun de se risquer à une question dont il savait que la réponse pourrait être dévastatrice : « A quoi tu penses ? »

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyMer 23 Sep - 14:12




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Occupé. Ou bien fermé ? La jeune femme avait laissé le soin à son père de commander, s’enfermant dans ses pensées, son verre de vin entre les mains, plongée dans le doute. Était-ce seulement utile de le confronter à un choix qu’il avait fait par le passé, alors qu’il n’avait que vingt ans ? Pouvait-on lui en vouloir d’avoir décidé d’assumer seul un bébé de quelques mois seulement, de l’éloigner d’une mère incapable de se prendre en charge malgré toute la bonne volonté du monde ? Oui. Et non. Elle prit une longue et profonde inspiration, ramenant ses yeux vers lui, sentant que la faim était bien présente, s’intéressant à ce qu’il allait prendre, plus par politesse que par un réel intérêt.

D’un geste, il lui demanda le silence et il l’eut, India répondant d’un simple hochement de tête, attendant simplement près du comptoir, ses yeux se perdant dans la contemplation de l’extérieur, par cette baie vitrée qui offrait une belle vue, loin de celle qu’elle pouvait avoir dans le Watts. Elle trempa à nouveau les lèvres dans le vin qui devenait gorgée après gorgée, plus facile à boire, plus agréable en bouche. Son père passa commande sous un faux nom, prenant deux bières pour accompagner le repas. Il raccrocha et lui proposa à nouveau une bière tandis qu’il déposait la première près de l’évier, bien décidé à en ouvrir une seconde.

Non, par contre … Dit-elle en posant son verre dont il ne restait qu’un fond où le tanin s’accumulait, le faisant glisser vers lui, l’invitant à lui servir un nouveau verre de vin.

Peut-être parce qu’il était plaisant de se faire servir au lieu de servir les autres et que ce soit l’un des hommes les plus importants et influents de la ville qui le fasse. India le remercia une fois fait, et laissa un demi-sourire alors qu’elle l’entendait décapsuler la bouteille en verre. Un grondement ramena à une étrange réalité, celle que, même si l’impression d’être au-dessus de tout et des autres notamment était flagrante de par leur statut social, ils n’en étaient rien d’autres que des êtres humains qui ressentaient la faim, la soif, la peur, la colère. Deux gargouillements, coup sur coup, rappelèrent aux Phillmore leur état. Son père se mit à chercher dans les placards pour en sortir des paquets de chips et autres biscuits dont la date de limitation était dépassée. Sa remarque tira un autre sourire, attrapant un paquet pour l’ouvrir après vérification de l’état. Croustillantes et salés. C’était tout ce qu’il leur était demandé.

Tu mourras sur le trône. Dis comme ça, c’est presque classe. Presque. Tu voudras comme épitaphe une phrase du style : « À vouloir dépasser les limites, le trône aura été mon dernier siège ? » ?

C’était dit sur un ton léger, bien que le sous-entendu était bien présent. Elle piqua dans le paquet une bonne poignée pour les picorer petit à petit, laissant de côté son verre de vin rouge.

Vin, chips, la base, commenta-t-elle après quelques minutes, attrapant un essuie-tout non loin d’elle pour ne pas mettre du gras sur le verre.

Elle avait passé des soirées comme celle-ci à boire et manger des cochonneries quand les deux colocataires avaient la flemme de cuisiner et que les placards étaient vides, ce qui était souvent le cas. Elle pensait aux difficultés de joindre les deux bouts, à sa colocataire qui avait touché le fond quelques mois en arrière en apprenant sa grossesse, bien décidée à assumer cet enfant, l’enfant de l’homme qu’elle aimait pour le faire vivre à travers lui. Et sans se rendre compte qu’elle pensait à nouveau à ce demi-frère qui n’avait pas eu la chance de voir grandir sa petite sœur, de la chahuter, de la protéger des autres, d’avoir une famille. Elle ne se rendit pas compte qu’elle s’était perdue dans ses pensées. Ce fut le vieux Phillmore qui la ramena à la réalité. Le silence qui s’en suivit, alors qu’elle croisait son regard montrait bien le sérieux de ses pensées et pourtant elle répliqua attrapant un des paquets presque vides.

Au fait que ces chips ne suffiront pas. Ils ont dit une heure de livraison ?


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptySam 26 Sep - 21:18


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India fit glisser son verre jusqu'à lui, lui laissant sous-entendre qu'elle souhaitait qu'il soit à nouveau rempli. Aaron eut un rictus en pensant qu'il n'y avait pas si longtemps, partager un tel apéritif aurait consisté à servir du soda à sa fille. Le temps passait à une vitesse indécente. Ses souvenirs se comprimaient, floutés par leur accumulation. Il confondait les dates, tenant pour un et même événement deux scènes qui n'avaient pour dénominateur commun que le fait de les avoir vécues. Récemment, il s'était retrouvé contraint à avouer s'être trompé à Livia alors qu'ils discutaient de leur dernier échange avec le cartel mexicain. Sa mémoire se compressait, cherchant à faire un peu de place à une deuxième moitié de vie. Les années lui faisaient l'effet de mois... Et sa fille avait 21 ans. Elle était majeure et ne dépendait plus de lui à quel titre que ce soit. Une autonomie qu'elle cultivait et protégeait déjà depuis quelques années. L'idée qu'elle puisse ainsi se protéger de lui l’effleura avec le vice d'une lame qui court sur le chair, prête à en crever la surface.

Le vin servit, il s'avança jusqu'à son invitée à la façon d'un serveur, courbant légèrement le dos au moment de déposer le verre à pied devant elle. India avait déjà enfoncé sa main dans le paquet de chips, et s'était laissée aller à une réflexion qui força un silence chez Aaron. Il la fixa sans trahir la moindre émotion, pas bien certain d'où elle voulait en venir. Elle ne cessait, depuis son arrivée, de distiller les sous-entendus en les grimant en remarques humoristiques. Pourtant, un cynisme certain viciait leur apparente innocence, offrant un aperçu plutôt clair quand à leurs réelles intentions. India avait quelque chose à lui dire, mais elle s'astreignait pour le moment à ce jeu de dupes dans lequel elle avait grandi, celui de cette pseudo-normalité où le mensonge est une illusion préférable à la réalité. Parce que contrairement à la vérité, le mensonge est maîtrisable et acceptable. Acceptable pour celui qui le prononce. Acceptable pour celui qui l'entend. Là où la réalité s'impose, faisant chuter les egos de leur piédestal d'arrogance pour les confronter à leur intrinsèque impuissance. Voilà également comment il comprenait la remarque de sa fille : il ne régnait que parce que des symboles lui conférait cette autorité ; des symboles auquel sa mortalité demeurait hermétique, tout comme son animalité. Il crèverait comme tout le monde. Il chiait, comme tout le monde.
Hésitant à garder le silence, Aaron finit par choisir l'option d'une réponse soutenue par un humour de mauvais goût : « Je verrai plus quelque chose comme : Aura tout donner ». Il insista sur ce « tout », une pointe d'amusement dans la voix. « Amen » souffla t-il, avec ce même rire pudique pinçant son timbre alors qu'India énonçait les noms de ce qui était à la base de toute vie sacrée.

Adsorbée par l'ingurgitation frénétique des chips, la jeune femme repartit dans un monde interne dont elle ne voulait rien dévoiler. Le Prayer essaya par une question quelque peu frontale d'approcher cette intimité scellée par une omerta inviolable. Elle lui adressa un regard grave, teinté de reproches dont elle n'osait toujours rien dire, et recentra d'emblée sur un sujet qui ne pouvait que faire cohésion : la nourriture. Aaron tenta de conserver son léger sourire, faisant comme s'il n'avait pas perçu le ressentiment qui resserrait les pupilles de sa fille.

La commande arriva trente minutes plus tard. Pendant ce temps, père et fille réussirent à mener une discussion à peu près classique. Le narcotrafiquant demanda à India des conseils vestimentaires. Il devait prochainement rencontrer Charlie, nouvelle leader des Blackened Beauty. Or, le constat que lui avait fait sa fille au début de la soirée s'était déjà imposé à lui : il ne rentrait plus dans certains vêtements, dont la plupart de ses costumes. Il voulait savoir, selon elle, quelle matière et couleur choisir. Habituellement, Livia se chargeait de ce genre de détails, mais il appréciait toujours autant entendre sa fille réfléchir à comment l'habiller. Déjà gamine elle tentait d'agrémenter les tenues de son père de fantaisies. En grandissant, l'adolescente se contentait juste de lui dire que ça n'allait pas, sans préciser pourquoi. Il faisait confiance à son œil affiné par la lecture de nombreux magazines et livres de mode.
La faim triompha ensuite de leur discussion, et ils se résignèrent à un silence soumis afin de contenter leur estomac. La satiété plomba l'esprit du quarantenaire d'un sentiment de lourdeur. Non sans un gémissement éreinté par ce repas, Aaron se leva et s'avança dans le séjour. Il alluma alors la chaîne hi-fi, et y connecta son téléphone portable. Le morceau We didn't start the fire se lança, arrachant un regard surpris au Prayer qui s'installait dans le canapé, une bière japonaise à la main.

We didn't start the fire. It was always burning. Since the world's been turning. We didn't start the fire. No we didn't light it. But we tried to fight it. Les paroles de Billy Joel raisonnaient avec une ironie quelque peu violente. Aaron braqua un regard en direction d'India, conscient qu'eux, ils avaient allumé ce feu qui les consumait.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyMer 7 Oct - 11:18




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Son regard amusé se posa sur ce père qui courbait légèrement l’échine tandis qu’il posait son verre de vin en face d’elle. Elle le remercia, tandis qu’elle s’attaquait à un des paquets de chips pour faire patienter sa faim, picorant sans retoucher au vin pour l’instant. Mourir sur le trône lui était naturellement venu à l’esprit. C’était peu glorieux, mais rappelait tellement sa situation actuelle, de l’homme qui était au sommet, puissant, craint par les autres, que personne n’arrivait à toucher. India trouva sa réplique parfaitement amusante et laissa un sourire moqueur sur ses lèvres. Tant de sous-entendus en si peu de mots. Un avenir peu glorieux. Elle le voyait tout rafler, elle le voyait s’étendre petit à petit sur les quartiers de la ville. Elle craignait qu’il ne possède à la fin tout Downfall. Un cartel de drogue qui gérait une ville. L’image du quartier expérimental allait être salie une fois de plus. Son père donna sa version, ce qui fit rire la jeune femme, qui ne répondit pas. C’était ce qu’il voudra qu’on retienne de lui. Le sacrifice de sa vie pour quoi ? Pour de l’argent qu’il n’avait pas le temps de dépenser ? Pour la sécurité ? Pour le bonheur alors que décrocher un sourire au quotidien lui était difficile ? Tout donner. Non, il n’aura pas tout donner. Pas aux yeux de sa fille qui avait pris ses distances avec lui mais qui malgré tout ne voulait pas le perdre. Difficile à comprendre, même pour elle. Le constat fait et soutenu par le vieux Phillmore, India replongea dans ses pensées, grignotant le paquet dont elle s’était finalement accaparée pour elle tout seule, trouvant rapidement le fond du bout des doigts. Ce fut son père qui la ramena à l’instant présent, s’intéressant à ses pensées, ce qui l’obligea à réfléchir quelques secondes pour ne donner qu’une réponse peu convaincante. Un sourire presque faux sur les lèvres de son père, elle n’en tint pas compte, n’ayant pas envie de partager ses pensées avec lui. Comment lui dire sans lui cracher au visage son amertume ? Il lui faudrait un peu plus de temps.

Et le temps, ils en avaient. Le repas ne viendrait que dans une demi-heure. Ils reprirent leur rôle, dans une conversation des plus classiques, sans toucher aux sujets sensibles, houleux. Aaron trouva le sujet parfait pour faire parler sa fille. Des conseils vestimentaires. Les marques furent données, les tailles, les coupes, les textiles. Parce qu’elle passait du temps à feuilleter des magazines autant pour femmes que pour hommes, elle passait de longues heures dans les boutiques de Downfall, certes beaucoup moins aujourd’hui, pour rester au courant des nouvelles modes. Internet lui permettait bien plus. Quand elle regardait certains costumes, elle savait qu’ils iraient parfaitement à son père. India s’était toujours permis de lui dire quand les couleurs ou les matières qu’il enfilait n’allait pas, parfois trop tard car il avait déjà passé la journée avec. Si la brune n’avait pas grandi dans cette ville, elle aurait trouvé sa place dans le monde de la mode. Une mode sobre, peu excentrique pour une classe aisée. Bien qu’aujourd’hui, elle s’intéressait aussi à des styles bien moins nobles, comme celui de son petit ami, elle parvenait à en comprendre les codes pour le traîner dans les magasins. Elle aimait tellement ça.

Mais tout sujet finissait par s’étioler et ils en vinrent à bout. Le repas arriva et le silence reprit sa place. Comme dans ses souvenirs, ce fut très bon et elle laissa une partie de son plat principale pour pouvoir manger de ce fameux gâteau aux haricots rouges. Bon mais tellement bourratif. Elle était repue. India avait fini son deuxième verre de vin pour se servir un troisième tandis que son père prenait la direction du salon, allumant une chaîne hi-fi pour laisser un peu de musique effacer ce silence qui semblait le déranger à présent. Il s’installa sur le canapé tandis qu’elle rangeait au frais ses restes, finissant par le rejoindre, écoutant la musique sans grands intérêts, entendant pourtant les paroles sans réagir. Elle vint s’asseoir sur le fauteuil non loin du canapé où était son père, croisant les jambes, gardant son verre en main posé sur l’accoudoir. Elle sentit le regard du leader des Prayers sur elle, ne traduisant pas ses pensées ni ses intentions à cet instant. Sans céder, elle laissa quelques secondes avant de soupirer et dire.

J’ai rencontré mon demi-frère. Sohan. Il m’a raconté sa version de l’histoire. Celle où tu as laissé ma mère mourir de chagrin, la faisant définitivement replonger.

Dans ce ton parfaitement maîtrisé, il n’y avait pas de colère, seulement des points d’amertume que l’on pouvait déduire. Elle avait été en colère, perdue face à une telle histoire. Mais elle avait eu le temps de réfléchir. Sohan avait raison quant au fait de ne pas chercher à savoir comment aurait été leur vie s’ils avaient formé une famille. Le mal était fait. Il avait trouvé sa mère morte d’une overdose, fatiguée par la vie alors qu’elle avait un jeune garçon à prendre en charge. Son père avait décidé pour tout le monde de leur avenir en enlevant un bébé de quelques mois des mains de sa mère pour la protéger d’une femme fragile qui aurait pu donner un triste avenir à cet enfant non désiré. Elle regardait son père avec calme, la tête et le corps bien droit, comme elle avait toujours été lorsqu’elle se protégeait.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyJeu 15 Oct - 15:09


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Il put deviner à son regard qu'elle était enfin prête à prononcer les maux qui la tourmentaient depuis le début de la soirée. Aaron sentit son corps se contracter, tirant alors légèrement sur les coutures de ses vêtements. Cependant, rien de troubla la sérénité placide qui fixait ses pupilles au centre de ses iris. Il porta le goulot de la bouteille à ses lèvres afin d'en éviter le pincement. Il savait que les mots qui allaient être posés crèveraient l'omerta. Or, toute omerta naissait de la nécessité de vouer un sujet au silence, car trop dangereux pour la sécurité des personnes concernées. Cette sécurité pouvait impliquer l'intégrité physique ou morale. L'indicible venait donc protéger ce qui ne saurait être entendu et accepté par tous. Mais l'omerta n'était qu'un voile jeté ; elle dissimulait sans faire disparaître ce qu'elle cachait. Et ce fut d'une voix parfaitement maîtrisée qu'India nomma ce qui avait été longtemps soumis au secret, prenant le risque de menacer ce que le silence avait tenté de protéger.

Aaron laissa la surprise s'emparer des traits de son visage. Les sourcils légèrement froncés, il lui fallut quelques secondes pour rassembler les mots et les souvenirs qu'ils draguaient en une ébauche de compréhension des enjeux que portaient ces déclarations. Le narcotrafiquant s'était attendu à ce que sa fille vienne critiquer son ingérence à peine travestie auprès des Unbroken. Il s'était préparé non pas à discuter avec elle mais à confirmer sans aucune discussion possible les projets d'expansion des Prayers of Insanity. Il avait même accepté l'idée de mépriser son mécontentement, quitte à lui rappeler l'ordre des choses en ce bas monde où les rapports de domination soumettraient toujours certains à d'autres. Un monde où ils y auraient toujours des opprimés, faute d'un consensus, même s'il n'y avait là rien de juste. Il avait, à partir de là, exclu tout débat à ce propos, assumant parfaitement l'idée de subordonner sa fille à ses projets, même de force.
Or, à aucun moment le Prayer n'avait envisagé que le poids qui plombait les silences de sa fille était celui-ci ; celui d'une famille qui n'avait jamais été.

« Et ? » résonna sa voix. Malgré une irritation naissante, Aaron préféra demeurer placide et apathique. Il voulait qu'India formule l'entièreté de sa pensée avant d'y apporter la moindre réponse. S'il pouvait deviner les reproches qui animaient les mots choisis, le narcotrafiquant n'arrivait pas à pénétrer le fond des intentions de sa fille en venant aborder ce sujet. Il était néanmoins certain qu'elle voulait l'entendre en dire quelque chose. Étaient-ce des excuses ? Une explication ? Un mensonge ?
Pinçant les lèvres en une moue austère, le Prayer planta un regard acéré dans celui de la jeune femme. Aucune culpabilité ne s'était éveillée lorsqu'elle avait prononcé le nom de ce gamin qui devait avoir aujourd'hui une petite trentaine d'années. Aucune honte ne noua son estomac quand elle l'accusa d'avoir laissé « mourir de chagrin » sa mère. India ignorait tout de cette relation qui l'avait vue naître. Et elle n'avait aucun droit de le juger sur les propos d'un inconnu qui ne savait rien d'eux non plus.
Serrant la main autour de la bouteille de bière, Aaron sentit le besoin d'évacuer l'agitation psychique qui menaçait son calme affiché. Il se leva alors, un peu trop raide, et s'avança vers la baie vitrée. La nuit étant tombée sur Downfall, il ne vit pas à travers la vitre l'onde indolente de l'océan mais le reflet de sa fille.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyDim 1 Nov - 11:00




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Et. Voilà sa réponse. Et. La surprise avait frappé le visage de son géniteur, conscient tous les deux que le sujet n'était pas celui qu'il s'attendait aborder avec sa fille, Unbroken, bafouée par cette ingérence qu'il imposait au groupe auquel elle appartenait. Chaque chose en son temps. Elle avait simplement mis de côté cela. Et. La brune prit une longue et lente inspiration alors que son père la regardait d’un œil acéré, chacun sur ses positions, le silence plombant la scène malgré une musique que la jeune femme n’entendait plus. Elle craignait le Prayer, elle ne craignait pas le père. Elle respectait le père mais méprisait le leader. Difficile de faire la distinction entre les deux parfois. Rien ne traversait le regard du chef des Prayers, pas même une once de culpabilité, pas même un signe qui aurait pu lui faire comprendre qu’il regrettait son geste à l’époque. De l’indifférence, voilà tout. India eut un rictus à l’idée qu’elle aurait peut-être fait pareil que lui à son âge tandis qu’il se levait et prenait la direction de la baie vitrée où il pouvait observer l’extérieur. La jeune femme put voir que son regard était cloué sur son reflet. Bien assise, elle déposa son verre de vin sur la table basse, sans y toucher.

India se laissa le temps face à cette réponse brève qui n’était pas la réaction qu’elle aurait voulu de la part de son père. Elle ne voulait pas se laisser emporter non plus par l’émotion qui la traversait. Ce sentiment de supériorité face à la surprise qu’elle avait perçu. Elle comprenait sa décision, ne l’approuvait pas mais la comprenait. La jeune femme aurait voulu d’une famille, d’un père, d’un mère, d’un frère qui l’entourent mais elle ne serait pas celle qu’elle était aujourd’hui. Était-ce bien au fond de vouloir être cette personne dont la confiance n’était synonyme que d’hypocrisie où les intérêts étaient calculés à la hauteur de ses besoins ? La jeune Phillmore n’était pas une mauvaise fille au fond, elle se protégeait de ce monde et y faisait sa place à sa manière. Et elle n’avait pourtant pas conscience de tout. L’arrogance de la jeunesse faisait des dégâts et elle en paierait les conséquences un jour ou l’autre.

Et, répondit-elle calmement, une once d’amertume dans la voix. C'est tout ce que ça te provoque comme réaction ? Je n’ai pas le droit à de grands discours pour m’embobiner, chose que tu fais très bien avec les autres. Je t’annonce que je sais pour ma mère, pour mon demi-frère et tu ne me donnes qu’un « Et ». Très bien.

Il avait pris de la distance, il s’était levé, il n’était pas resté assis en face d’elle, chose qu’elle traduisait finalement par une fuite face à la situation. Il avait besoin de recul pour mieux revenir, mieux répondre. India continuait de le regarder à travers le reflet de la vitre. Elle pensait avoir le dessus. Elle en était certaine même. L’Unbroken eut un mouvement d’épaule, avant de conclure sur le même ton.

Ça n’a pas d’importance pour toi, n'est-ce pas ?

Elle ne lui donnerait pas son intention. India ne voulait pas qu’il s’excuse, voulait simplement sa version de l’histoire, avec le minimum de respect qu’il aurait à son égard pour lui éviter de bien piètre mensonge. Parviendrait-elle à toucher quelque chose en lui, lui le maître de l’impassibilité ? Pourrait-elle le déstabiliser ?


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyMer 4 Nov - 18:05


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Certaines choses n’étaient pas faites pour être déterrées. Mais India ressentait le besoin de remuer la terre sèche du caveau familial.
Père et fille se toisaient par reflet interposé, mettant en scène des attitudes et réactions qu’ils ne cessaient d’avoir en miroir, s’ajustant à l’émotion de l’autre plutôt que de se laisser éprouver celle qui les traversait. Alors, la jeune Phillmore répondit à l’irritation voilée de mépris du Prayer par une indifférence quelque peu déçue ; une déception parée d’amertume et d’arrogance. India ne pouvait se satisfaire d’entendre son père répondre à sa question déguisée par une autre un peu trop directe. En évoquant ce demi-frère retrouvé et ce fragment de son histoire de vie découvert, elle venait lui demander pourquoi il en avait été ainsi. Elle l’accusait même d’être à l’origine du malheur de sa mère, certainement afin de susciter une réaction chez lui. La jeune femme savait peser ses mots ; ils avaient été employés à escient. D’une voix toujours maitrisée, elle poursuivit alors son propos, s’interrogeant à présent sur l’attitude actuelle de son père. Celui-ci ravala un peu plus péniblement un agacement néanmoins palpable.

Aaron finit par se retourner et s’adossa contre la baie vitrée. Il rendit à sa fille son mouvement d’épaule faussement nonchalant. Car si elle pensait que le sujet n’avait que peu d’importance pour lui, il en avait pour elle. Et il ne pouvait décemment pas lui reprocher cette curiosité qui touchait à ses origines. Par contre, il pouvait clairement condamner la façon dont elle s’y prenait pour lui arracher une justification. Il ne lui devait aucune explication. Alors, il répondit, toujours aussi bref : « Plus aujourd’hui ». Ce pan de son passé appartenait à l’immuable, rigidifié par le temps, sans modification possible. Donc, non, « ça » n’avait plus d’importance pour lui.

En l’espace d’une minute, deux soupirs passèrent ses lèvres, bruyants, appuyés et las. Si India désirait évoquer ce sujet, ce n’était pas uniquement pour tenter de le dominer. Du moins, l’espérait-il. Car c’était elle qui risquait le plus de souffrir de ce qui pourrait être dit. Parce que « ça » avait de l’importance pour elle. Autrement, elle n’en parlerait pas. Elle se disait prête à entendre sa version de l’histoire, mais l’était-elle vraiment ?
Aaron but une longue gorgée de bière et déposa la bouteille vide sur la table basse. Il rejoignit sa fille dans la partie salon du séjour et s’assit à nouveau dans le canapé. Passant une main pensive dans sa barbe, il cherchait les mots avec lesquels il pourrait nommer ce « ça » sans la violence de l’indifférence. La musique en profita pour occuper quelques instants l’espace sonore, avant d’être recouverte par la voix grave du Prayer : « Je n’ai pas fui. Ce gamin n’était pas le mien, et l’histoire que j’avais avec ta mère n’était pas de celles qui fondent une famille. Nous avons tous les deux été surpris par cette grossesse, et je suis resté auprès d’elle pour subvenir à ses besoins. Mais je ne pouvais pas lui rendre l’amour, ni même l’affection qu’elle me vouait. Elle comblait mes silences par des mensonges, ceux qu’elle aurait aimé que je lui serve. Je n’ai fait qu’une promesse à ta mère : celle de te protéger. » Aaron estimait avoir pris ses responsabilités, sans jamais faire preuve de la moindre lâcheté. S’il n’avait pas déconstruit explicitement les fantasmes de Jessica, c’était pour protéger l’enfant à venir d’une rechute maternelle. Cette femme était fragile, bien trop fragile pour ce monde. Quant à Sohan, il n’était pas son fils. Il n’était qu’une ombre dans un appartement. Phillmore n’avait jamais eu aucun droit sur lui, et il s’était donc abstenu d’en revendiquer.
Le Prayer fixait sa fille avec assurance. Il ne se sentait pas responsable de la chute de Jessica. Elle était malade avant de le rencontrer. Il s’était retrouvé coincé avec une grossesse et avait fait en sorte de stabiliser l’humeur de la jeune femme pour qu’elle ne nuise pas à la vie de cet enfant à venir. Puis il l’avait quittée, lui enlevant ce qu’il refusait qui devienne une nouvelle ombre dans un appartement. « Tu valais mieux que… ça ». Sa voix souffrit d’un léger tremblement. Une pointe de culpabilité perça finalement ses pensées. Il n’aimait pas juger cette femme qui lui avait malgré tout donné une fille, et un autre sens à son existence ici-bas.

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyVen 13 Nov - 15:08




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Cette tension. À couper à la tronçonneuse. India cherchait à ne rien laisser passer. Elle n’avait plus aucune colère à l’évocation de cette histoire. La jeune femme comprenait, plus qu’il ne le pensait mais elle ne lui ferait pas savoir, non, elle ne lui donnerait pas cela. Elle voyait son reflet, voyait qu’il l’observait à son tour à travers ce dernier. L’Unbroken faisait tout pour se rapprocher de cet état imperturbable qu’il avait su montrer à bien des reprises, une qualité mais aussi un défaut face à certaines situations. Face à sa réponse, le Prayer était parfaitement indifférent alors qu’elle se doutait que ce n’était pas la même émotion qui le traversait. Il finit par se retourner, haussant nonchalamment les épaules, montrant l’absence d’intérêt qu’il avait pour ce sujet. Sans le lâcher du regard, elle lui laissa le temps pour répondre. Et ce fut une réponse brève, comme il savait les donner ce soir. Cela aurait eu de l’importance à une époque ? India n’y croyait pas mais elle ne réagit pas pour autant, intégrant l’information sans bouger, sans ciller.

Un silence s’installa à nouveau entre eux et la brune n’avait pas l’intention de le rompre. Elle attendait patiemment une réponse. Des soupirs plus tard, clairement là pour marquer un agacement non feint, elle se réjouissait intérieurement de le sentir ainsi, comme s’il était au pied du mur, même si là, ce n’était qu’une vitre. Il en termina sa bière et revint s’asseoir sur le canapé, là où India n’avait pas bougé, toujours bien assise dans le fauteuil à côté à détailler les mouvements, les maigres réactions sur son père lui donnait pour traduire son état. Joyeux anniversaire.

Et les explications vinrent. Celles d’un homme qui avait assumé un oubli de capote, qui avait conscience de leur histoire sans lendemain. Et une promesse faite, qu’il avait tenu jusqu’à présent. Il ne la lâchait pas du regard, avec cette assurance admirable pour faire face à des accusations sous-entendues. India s’était doutée de cette réponse, en avait imaginé les possibles explications jusqu’aux plus farfelus. Cela n’amenait d’autres questions. Pourquoi ? Pourquoi ne pas décider d’un avortement ? Mais elle ne voulait pas entendre cette réponse, elle ne voulait pas se laisser atteindre par les émotions que cela amènerait. Imperturbable en apparence, elle le laissa terminer sur une note qui montrait une fissure dans l’armure du chef des Prayers.

Bien sûr que je vaux mieux que « ça », répondit-elle avec arrogance, laissant un soupir presque agacé qui n’en était pourtant pas un.

Elle accusait le coup, continuait à réfléchir à ces mots, à la conclusion qu’elle avait donnée. Pendant des années, elle s’était parée d’un doux mensonge, mais son demi-frère avait tout bousculé en débarquant dans sa vie. La photo qu’elle gardait de ses parents, celle où sa mère regardait amoureusement son père prenait tout son sens. Et pourtant, elle en avait toujours eu conscience vu qu’il n’avait jamais laissé la place à une femme dans sa vie. Hayley était celle qui aurait pu apaiser l’animal apeuré des engagements qu’il était. Les histoires de cœur de son père se comptaient sur les doigts d’une main. Mais Aaron Phillmore n’avait pas pour priorité de fonder une famille. C’était un homme d’affaires. C’était un homme qui avait, malgré tout, accepté d’assumer la naissance d’une enfant qu’il aurait pu laisser auprès de sa mère. Quelle aurait été son nom ? Aurait-elle eu du retard à cause de l’absorption de drogues ? Elle renâcla à cette idée avant de lâcher du regard son père pour contempler le verre de vin, laissant une confidence acerbe.

Pendant des années, je t’ai imaginé l’aimer, j’ai même adoré cette idée. Mais je me voilais la face alors que tu n’as jamais été prêt à prendre ce risque.

Aaron séparait tout dans sa vie, c’était ainsi qu’elle le voyait, mettant des murs entre chaque partie de sa vie pour tout cloisonner. En dehors d’Hayley, elle ne connaissait pas les autres femmes qui ont eu de l’importance pour lui, son travail était un sujet qui n’était pas abordé dans les repas de famille, et sa fille n’était pas un sujet qu’il se plaisait à aborder en compagnie de ses hommes. Sauf qu’aujourd’hui les cloisons tombaient et India tenait la masse. Ses yeux verts, comme ceux de sa mère, revinrent se poser sur lui, laissant de côté cette sensibilité qu’elle avait posé là pour toucher à nouveau son père. Elle prit une profonde inspiration, secouant la tête, remettant de l’ordre dans ses idées, claquant sa langue avant de reprendre :

Bien. Maintenant je me retrouve avec un demi-frère sur les bras qui m’a retrouvé, je ne sais comment, quotidiennement défoncé par du LSD et autres drogues, mais de qualité, merci à toi et tes hommes... Je n’aime pas avoir ce genre de nouvelles qui me tombe dessus, sans que je n’y sois préparée. Donc, à l’avenir, j’aimerais être au courant de ce genre de désagrément. Que tu le veuilles ou non, tes décisions passées, présentes et futures ont des répercussions sur ma vie. Alors ... Tu as d’autres surprises, d’autres secrets inavoués à me confesser ?

Sohan était quelqu’un de gentil, clairement dans son monde qui n’avait aucune mauvaise intention derrière cette démarche qu’il avait entrepris en venant la voir. Il voulait simplement d’une sœur dans sa vie. Apprendre son existence, comprendre ce qu’il avait vécu lui permettait d’avoir une vision globale sur son passé, nourri de faux espoirs, d’un imaginaire sur une vie de famille qui n’aurait jamais pu exister. India avait été réticente dans un premier temps mais donnait une chance à ce pauvre homme, même si elle ne se sentait pas encore à l’aise à ses côtés. Elle lui donnerait sa chance même si elle le voyait encore plus comme un patient qu’un frère. Elle avait été dure avec lui, sur la défensive. Elle était la réalité, lui la fuite de celle-ci. Au fond, l’Unbroken voulait qu’ils trouvent tous les deux leur place dans la vie de l’autre. Ils étaient liés par le sang. C’était une première et malgré les différences, malgré les risques, elle lui laissait une chance. Et s’il devait gagner en importance, elle ne voulait pas que son père sache qu’il en avait. Alors, elle mettait Sohan au même niveau qu’un désagrément.


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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyLun 16 Nov - 11:21


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Aaron eut un énième soupir, tout aussi bruyant et las que les précédents. Son corps fut secoué par l'invasion d'un malaise loin d'être fortuit. Alors son regard se durcit et s'acéra, découpant une crête dans la discussion qui les animait, père et fille ; une crête qu'India ne devait pas franchir. Car elle n'avait pas son accord pour fouler ces terres brûlées d'une humanité sacrifiée, immolée dans l'espoir de s'en affranchir. Elle n'était pas autorisée à poser un pied sur ce sol psychique recouvert de cendres, vestiges de souffrances abrasives et d'ambitions consumées.
Aaron renonça alors à cette culpabilité que ni sa fille ni lui étaient capables de voir autrement que comme le stigmate d'une faute, alors qu'elle n'était que la contre-partie des nombreux choix par lesquels nous façonnions ce que nous appelions la vie.
Trônant non sans une fierté déplacée, India le toisait avec mépris, parant les coups avec arrogance. Elle semblait tirer une certaine jouissance des vulnérabilités de son père. Les yeux légèrement plissés, le Prayer tentait de comprendre l'humeur vengeresse qui animait sa fille. Qu'attendait-elle de lui ?

Orgueilleuse, elle revendiqua alors sa valeur. Elle valait mieux que « ça ». Pourtant, Aaron ne vit pas dans cette réponse un accord entre eux, mais plutôt une nouvelle récrimination. Aigre, India voulait renier son histoire, celle qu'elle n'avait pas choisi, pour ne se fonder que sur celle qu'elle s'acharnait à écrire. Son père avait fait le même choix. Et il avait dansé avec de nombreuses illusions, se rassurant dans leur étreinte, embrassant leur duperie pour mieux s'abandonner au fantasme d'une vie qui n'était pas due au hasard, mais portée par une destiné.
Régurgitant un filet de bile amère, India l'accusa de n'avoir jamais su prendre « ce » risque. Aaron se crispa, et laissa à sa fille deviner toute la tension qui parcourait à présent son corps. Des mots butèrent donc la barrière de ses mâchoires fermées. Il les ravala, mais ils restèrent coincés en travers de la gorge.
Avec une patience forcée et mal imitée, Phillmore laissa la jeune femme finir de dégueuler sa haine. Une haine dont elle craignait les brûlures et dont elle s'était protégée en la glaçant d'une indifférence. Or, qu'elle soit chaude ou froide, la colère restait de la colère. Maîtrisée, elle était agressivité. Libérée, elle était violence. India s'était très certainement convaincue que tout cela, finalement, ne l'affectait que peu. Mais son âme vibrait, bien qu'enchaînée par l'orgueil. Blessée, elle refusait de simplement crever de ces révélations qui avaient bousculé son existence ; blessée, elle lutterait jusqu'au bout, pour une dignité qu'elle pensait bafouée.

Alors, les mots qu'il avait contenus jusque-là s'échappèrent. « Ne te trompe pas d'ennemi India. » l'avertit-il d'une voix grave. « Tu me reproches de ne pas avoir pris « ce » risque. Prendre quel risque India ? Celui d'aimer ? » Il l'observait avec raideur. « J'ai accepté ce risque dès que j'ai su qu'un enfant viendrait au monde. Que mon enfant naîtrait. C'est une responsabilité que d'aimer, car, comme tu l'as si justement dit, mes décisions ont des répercussions sur ta vie. Mais ne te leurre pas, je ne suis pas responsable de tous tes maux. J'aimerai avoir cette autorité là, car je pourrai te les épargner. Je crèverai pour toi India. Et ce n'est pas un risque, mais une chance. Je me sentirai chanceux si je le pouvais : je donnerai ma vie sans l'ombre d'une hésitation si elle pouvait sauver la tienne. » Le souffle court, contenant au mieux l'émotion qui tentait pourtant de l'assiéger, Aaron lâcha dans un soupir : « Désolé de n'avoir pu aimer ta mère. Cela aurait été tellement plus simple. Mais certaines choses ne se contrôlent pas. » Était-ce la pièce qu'elle avait voulu orchestrer et jouer ce soir ? Était-ce qu'elle était venu chercher en venant le rejoindre ?

Le narcotrafiquant se releva, les jambes prises d'impatience. Le genoux qu'il avait été contraint de ployer plus tôt pulsa d'une douleur qu'il trouva préférable à celle qui aliénait sa psyché. « Je suis fatigué. Je t'appelle un taxi ».

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyMer 18 Nov - 11:23




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L'agacement. La lassitude était à son apogée. Las de voir cette relation s'étioler petit à petit, las de cette incapacité à communiquer, à s'ouvrir à l'autre, quitte à risquer de se blesser pour l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Non, les rares fois où ils avaient été capables de laisser leurs émotions les guider, elles avaient été trop intenses pour qu'ils souhaitent réitérer la chose. Elle se revoyait dans ce canapé où il était, prostrée face à lui. Elle se revoyait s'effondrer dans ses bras, lui un genou à terre, ses bras l'enlaçant comme jamais il l'avait tenu, véritable force de la nature qui lui permit de ne pas se noyer. India ne voulait plus craquer ainsi face à lui, face à personne.

Elle le voyait se tendre, elle voyait l'homme qui voulait étouffer l'arrogance de sa fille. L'enfant frappait là où le bât blessait et elle se montrait intraitable, insensible, dure face à ce père qui pensait lui avoir tout donné. L'enfant n'est jamais assez reconnaissant du temps qu'il lui était donné avec ces aînés. Les regrets seront pour plus tard. Elle déversa sans l'ombre d'une émotion ces mots, voulant connaître les projets que son père avait en tête, les secrets qu'il lui cachait qui pourrait un jour ou l'autre avoir des conséquences. Toujours dans cette attitude sereine, sûre de soi et maîtresse de la situation, India se pensait au-dessus de tout. Elle tenait le leader des Prayers. Il n'aurait plus qu'à céder face à elle. Sa propre fille.

Elle n'avait pas prévu qu'il puisse rebondir sur cette courte phrase, laissée là, qui n'avait aucune importance à ses yeux. Elle pensait qu'il l'aurait attaquée sur ces décisions qu'il prenait en temps de chef des Prayers et non sur les risques qu'il n'avait pas pris dans sa vie personnelle. D'une voix grave, posé, le corps pourtant tendu, il lui montra toute la force qu'il dégageait, toutes les émotions qu'il était capable d'éprouver, enfermées à double tour derrière une porte blindée. Et là, face à son unique enfant, il ouvrait cette porte, refusant d'entendre qu'il n'avait pas pris le risque d'aimer car cela faisait vingt et un an qu'il aimait un petit bout de femme qu'il avait vu grandir. Vingt et une année qu'il veillait à la protéger, à s'inquiéter pour elle. Vingt et une année de sa vie qu'il serait prêt à donner pour lui permettre de faire perdurer la sienne. Malgré toute la distance qu'elle voulait mettre, tout ce qu'elle lui montrait ce soir, rien ne changeait aux yeux de ce père.

Bien sûr que tu n'es pas responsable de tout, répondit-elle sans laisser de place à l'émotion qui venait de la frapper de plein fouet, lui coupant le souffle, la faisant déglutir pour essayer de faire passer le tout.

Une statue de marbre face à cette porte qui se refermait devant elle, par cette conclusion que son père leur imposait, coupant court à la conversation. La fuite. Le symbole de la réussite de la jeune Phillmore qui voyait cette réaction comme la première d'une nouvelle voie qu'elle venait de se créer. Et elle étouffait les cris, les sanglots qui appuyaient sur sa poitrine douloureusement, elle voulait arracher de sa gorge cet étau qui l'empêchait de respirer. La conversation était close. Elle ne cédera pas, pas devant lui. Elle lui montrera que ces mots n'avaient aucun impact sur sa personne alors qu'ils venaient de bousculer toute la colère qu'elle éprouvait à cet instant. Elle voulait retrouver ses bras quelques instants comme la petite fille qui demandait l'affection de son père, fragile petite chose qui espérait briller à jamais dans les yeux de son aîné. Mais elle ne pouvait pas. Elle était India Phillmore. Elle ne pouvait pas se permettre ce genre de faiblesse. Même si elle aurait tout donné pour seulement quelques minutes sans ces barrières.

Pas la peine, dit-elle froidement en se levant, brusquement, d'une voix un peu trop grave pour ne pas y lire son trouble.

Elle prit le temps de prendre son verre pour le ramener dans l'évier, automatisme des années à vivre ici, revenant pour prendre sa veste. Ils étaient debout tous les deux, à une distance convenable, comme si s'approcher l'un de l'autre n'était pas envisageable. Son regard s'arrêta sur le livre offert qui contenait cette enveloppe et ce dessin de l'enfant qu'elle n'était plus. Et tandis qu'elle se préparait à enfiler sa veste, elle poursuivit avec audace.

Aujourd'hui, tu es l'homme le plus influent de cette ville. Tes décisions, tes actes impactent mon quotidien plus que tu ne le crois. Tu grappilles chaque jour Downfall pour avoir la main mise sur elle, et quand tu l'auras, qu'est-ce que tu croiras qu'il se passera ? Qu'est-ce que cela va t'apporter, vraiment ? Une ville contrôlée par un cartel ... Ce ne sera plus quelques bombes qui nous tomberont dessus mais ils feront tout pour nous annihiler. Downfall tombera à cause de ta mégalomanie.

Elle n'était pas dupe, ces mots ne lui plairont pas mais India pensait avoir l'avantage sur cet homme qu'elle continuait de battre de ses mots alors qu'il avait terminé la conversation, qu'il n'avait pas envie d'entendre de telles paroles venant d'elle. Sac en main, un dernier regard sur cet appartement qui finit par se poser sur le père qu'elle laissait seul, comme il voulait, elle continua tout en prenant la direction de la sortie, ses talons claquant bruyamment sur le sol.

Tu n'es pas un homme de paroles. Tu joues sur les mots. Les Prayers ont mis un pied à Skid Row. Tu le sais. Si tu ne l'es pas aujourd'hui, tu finiras par être l'ennemi de cette ville. Il y a peu de personnes qui peuvent arrêter ton expansion, qui savent qui tu es... Revois ton ambition à la baisse ou rappelle-toi de mes mots.

Elle proférait cette menace le dos tourné, sans crainte, croyant fermement avoir gagné face à lui. Et la main sur la poignée de porte, préférant qu'il ne voit pas son visage se décomposer au fur et à mesure qu'elle comprenait qu'à vouloir être son égal, elle n'en devenait que plus détachée de lui et que cela lui était plus que douloureux.

La porte claqua plus brusquement qu'elle n'aurait voulu, elle s'arrêta quelques secondes avant de prendre la direction de l'ascenseur, attendant quelques minutes avant qu'il ne vienne. Le temps nécessaire pour que des tremblements s'emparent d'elle. La porte s'ouvrit sur un couple qui descendait, elle reprit du poil de la bête pour ravaler tout ce qui la traversait, ne laissant à nouveau rien paraître que des tressaillements qui la raidissaient. Ce ne fut qu'une fois dans sa voiture, dans cette petite ruelle à une centaine de mètres de chez son père qu'elle se mit à pleurer, sa tête enfoncée dans le volant, à pleurer en silence, sans un son, les tressautements de son buste laissaient entrevoir la douleur qui s’était emparée d’elle. Arrivée dans son appartement, elle n’adressa pas une parole à sa colocataire, se dirigeant immédiatement dans sa chambre pour se laisser tomber sur son lit, reprendre ce qu’elle avait laissé dans la voiture, dans cette pudeur qu’elle conservait à pleurer ainsi, souffrant de cette douleur à la poitrine qui ne la lâchait pas, de cet étau qui la prenait à la gorge. Anéantie. L’homme qu’elle aimait au-delà de tout malgré tout ce qu’elle essayait de maîtriser. India se rendait compte qu’à vouloir jouer les grandes, à endosser ce rôle d’arrogante jeune femme, cela lui rappelait qu'un peu plus qu'elle n’était encore qu’une petite fille face à son père. Elle n’avait pas gagné ce soir. Elle avait perdu, perdu une part d’elle.

Pas une seule fois elle n'avait dit le mot "papa" dans leur échange. Pas une seule fois. Et cela lui faisait mal d'en arriver à s'éloigner ainsi de lui. Mais il le fallait.



(c)syndrome

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MessageSujet: Re: [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron   [TERMINE] Do you walk in the shadow of men who sold their lives to a dream? - Aaron EmptyMar 24 Nov - 11:51


Do you walk in the shadow of men

who sold their lives to a dream?


Aaron sentait une fatigue lasse pénétrer l'orgueil avec lequel il ne cessait de s'imposer aux autres et à sa fille. Si India avait plié de nombreuses fois face à cette arrogance qui avait tant meurtri leur relation, elle jouait, ce soir, d'une suffisance qui désarma son père. Aaron avait été blessé par les mots qu'elle lui avait craché, rigide et intraitable. Elle n'avait pas seulement paré les coups ; elle avait aussi conduit l'offensive. Parce que cette fois-ci, elle n'avait pas voulu canaliser cette humeur vengeresse qui électrisait des pensées malades et fiévreuses d'une rancune impossible à solder.
Toujours aussi raide, le Prayer encaissa l'assaut acerbe de sa fille, reculant d'un pas, magnanime. En effet, un ressentiment aigre baignait la psyché de l'homme. Il savait qu'il pouvait la briser, cette fierté déplacée avec laquelle India s'érigeait contre lui. Or, un bref instant de lucidité le contraint à percevoir autrement la scène qui se jouait ce soir : la jeune femme voulait avoir, pour une fois, un sentiment d'ascendant sur lui. Hélas, elle ne pensait pouvoir le faire plier que par la douleur. Et Aaron souffrit en effet de ce constat. Comment en étaient-ils arrivés là ? Qu'avait-il fait ou non pour qu'India ressente un besoin si impératif de le dominer ?

Alors l'homme recracha un soupir. Encore. Les traits du visage tendu, il délivra son enfant de tout regard en perdant le sien à travers la baie vitrée, s'enfonçant dans l'épaisseur de la nuit. India voulait qu'il soit responsable. Il ignorait de quoi, bien qu'il acceptait de reconnaître ses fautes et ses erreurs. Il n'était pas exempt de reproches, parce qu'il avait justement pris ses responsabilités et fait des choix. Un choix est un risque, celui d'explorer une alternative et d'en débouter d'autres. Il avait alors traîné sa fille sur un modèle d'existence qui lui convenait, cloisonnant sa vie privée de sa vie personnelle sans pour autant tomber dans le leurre de l'imperméabilité de ses deux sphères qui n’empiétaient bien plus qu'il ne l'aurait souhaité. Donc oui, il était responsable des choix qu'il avait fait, et de ceux qu'il avait refusé de faire. Et oui, cela avait eu des conséquences sur le déroulement de l'existence de sa fille. Mais lesquels lui reprochaient-elle ?

India s'affaira dans le séjour, préparant son départ sans se précipiter, comme pour asseoir cette aisance avec laquelle elle pouvait le dominer. Mais la jeune femme était dupe. Néanmoins, Aaron ne fit rien pour dissiper ce mirage narcissique qui lui était nécessaire. Car il avait compris qu'elle en avait besoin pour faire à son tour des choix. Alors il lui laissait se gonfler de cette audace magique et mensongère. Et lui cracher une dernière fois au visage ce qui lui pesait.
Encore une fois, elle le dérouta. Il ne comprenait pas le pendant qu'India faisait entre son incapacité à aimer sa mère et son statut à Downfall. Certes, il s'agissait là de conséquences, ou du moins d'effets de choix acceptés ou refusés. India l'accusa ensuite de causer, dans un futur proche, la chute de la ville après s'en être emparé pour une question d'ego. Aaron sentit ses sourcils se froncer. Elle confondait tout. A moins qu'elle ne lui offrait, sans le vouloir, une allégorie. India était Skid Row : elle se sentait empiétée et piétinée par la volonté d'un homme qu'elle voyait comme un adversaire contre qui lutter. Alors, elle le menaça. Parce qu'elle se sentait menacée dans l'existence qu'elle menait dans l'ombre de son père.
Ravalant une salive acide, le narcotrafiquant se contraignit au silence. Il aurait pu l'acculer, ébrécher son raisonnement et briser sa fierté. Or, il se contenta de repenser, non pas à l'avertissement, mais au conseil, qu'il avait essayé de lui donner : « Ne te trompe pas d'ennemi ». Aaron acceptait ce soir ce rôle uniquement pour satisfaire l'envie de sa fille de le savoir un adversaire dont elle pouvait triompher. Alors qu'il aurait pu faire s'effondrer ses récriminations par un simple geste : celui de l'enserrer dans ses bras.

La porte claqua, et India disparut. Phillmore demeura un moment immobile et raide au milieu de son salon, le regard rivé sur un horizon fondu dans les ténèbres. Il décida alors de laisser à la jeune femme le temps nécessaire pour l'accepter comme son père, et non plus un ennemi à défaire. Aaron ne lutterait pas contre sa fille. Mais il endosserait le rôle qu'elle voulait le voir porter. Il n'effleurait plus les illusions sur lesquelles elle s'était construite un sentiment d'existence suffisant acceptable. Il ploierait face à sa colère. Jusqu'à ce qu'elle dégueule toute cette rancœur qui empoisonnait leur relation.

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